samedi 24 décembre 2022

En attendant la suite...

Dis donc ! C'est gentil de passer sur Mille et une bobines aujourd'hui ! Je vous préviens aussitôt: c'est la dernière chronique de l'année. Après un 2022 plutôt intense, je vais laisser ce brave blog inactif pendant les Fêtes et même un peu au-delà - une quinzaine de jours...

J'espère que vous passerez cette période en très agréable compagnie. Les cinémas sont ouverts... et pas seulement pour Avatar : La voie de l'eau, annoncé comme LE probable "carton" de la fin du millésime. L'heure du bilan, ici, n'a pas encore sonné: mes traditionnels tops arriveront en janvier, après mes billets sur mes ultimes découvertes filmiques de décembre (sur petit et grand écrans, comme d'habitude). D'ici là, prenez soin de vous ! Des bises à distance et à TRÈS bientôt !

mercredi 21 décembre 2022

Le force des liens

Je n'ai rien lu de très précis sur ce qui a amené Hirokazu Kore-eda, cinéaste japonais, à tourner son tout dernier film en Corée du Sud. Plaçant le réalisateur parmi mes préférés, je suis allé voir cet opus sans hésiter, en toute confiance, au lendemain de sa sortie en salles. Pas besoin de tergiverser: oui, Les bonnes étoiles m'a beaucoup plu !

Tout commence par une scène vraiment tragique: une jeune femme répondant au nom de So-young abandonne son bébé. L'enfant perdu tombe alors entre les mains de Sang-hyeon et Dong-soo, deux types d'apparence sympa, mais qui n'ont d'autre ambition que de revendre le nourrisson au couple le plus offrant. Oui, mais voilà ! La maman éprouve quelques remords et retrouve rapidement les deux hommes. Elle fait capoter une transaction possible et s'incruste dans l'existence des deux trafiquants, revendiquant le droit de prendre part au choix difficile de la famille d'accueil - et de partager le magot ainsi gagné ! Voilà... à partir de là, l'histoire connaîtra bien des rebondissements...

Si j'aime autant Hirokazu Kore-eda, c'est pour son bel humanisme. Scénariste et monteur de ses films, le Japonais affiche un respect manifeste pour ses personnages et, sans cacher leurs défauts petits et grands, conserve assez d'empathie pour ne jamais les condamner. Inversement, quand il évoque leurs qualités, il n'occulte pas leur part d'ombre. J'y vois une humilité et une sensibilité qui me conviennent. Dès lors, le choix d'un cadre coréen et non japonais me touche également - comme tout ce qui veut bien s'ouvrir vers l'étranger. Autant vous dire que j'ai fait le grand écart après mon film de lundi ! Une évidence: Les bonnes étoiles me correspond (beaucoup) mieux...
 
Comme d'autres opus du même réalisateur, il apporte des émotions contrastées. Pas de noirceur, non, mais pas de happy end non plus. J'apprécie que ces nuances ne soient pas seulement perceptibles qu'avec les dialogues, mais aussi avec les seules images. La musique ajoute parfois une couche inutile, mais là, je chipote gentiment. Encore une fois, j'ai apprécié ici certains plans fixes qui disent plus que de longues répliques - une mise en scène que j'imagine travaillée au cordeau, mais dont la précision me laisse très souvent admiratif. Oui, d'après moi, la performance des acteurs, souvent excellente d'ailleurs, en est sublimée. Pas d'exemple: je vous laisserai découvrir.

Question subsidiaire: Les bonnes étoiles est-il un nouveau sommet dans la carrière de Hirokazu Kore-eda ? Je ne l'affirmerai pas, non. Bien que je n'aie rien d'important à lui reprocher, je peux admettre que certains le jugent trop redondant par rapport à d'autres films précédents du même auteur. Je n'y vois toutefois aucune facilité. Sincèrement, je pense que c'est tout simplement un style unique. Pour ainsi dire: une signature. Je suis heureux de m'y "retrouver". Quelques minutes avant le début de ma séance, une dame profitait que la lumière de la salle soit encore allumée pour donner des infos sur l'univers du réalisateur. J'ai cru un instant faire partie d'un club d'initiés... et il m'a plu d'imaginer l'arrivée de nouveaux adeptes. Vivement le prochain film ! D'ici là, j'en verrai d'autres, sûrement. Comme vous l'aurez compris, celui-là, je vous le conseille, sans délai !

Les bonnes étoiles
Film sud-coréen de Hirokazu Kore-eda (2022)

Je me suis précipité pour voir le film et suis heureux de le défendre comme l'un des plus touchants de cette année finissante. J'ose dire que, dans ce monde souvent fou, ce calme et cette belle humanité font du bien. Et réveillent donc ma vieille envie d'un voyage au Japon. Heureusement que le cinéma est là pour tempérer mon impatience ! NB: d'autres pépites se cachent dans mon index "Cinéma du monde"...

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Et ailleurs, on en pense quoi ?

Pascale en a dit beaucoup de bien, deux jours à peine après la sortie. L'attente a été plus longue pour Dasola... mais l'avis positif, là aussi ! (MAJ - 6 janvier, 18h05: ajouts de liens vers Princécranoir et Strum).

lundi 19 décembre 2022

Une idée de l'enfer

Ils s'appellent Rocky, Money et Alex. Une nana, son copain, leur ami. Plus ou moins une vingtaine d'années. Américains, vivant à Detroit. Rêvant du lointain soleil de la Californie. Leur activité ? La cambriole. Leur cible ? 300.000 dollars planqués chez un ex de la guerre en Irak. Devenu aveugle. Qui a perdu sa fille. Et ne garde qu'un (gros) chien...
 
Dans sa langue d'origine, le long-métrage que j'évoque aujourd'hui s'appelle Don't breathe (Ne respire pas). Histoire de rendre le truc explicite pour mes compatriotes, il est sorti dans les salles françaises avec un sous-titre, La maison des ténèbres, un tantinet trompeur. Stooooop ! Je ne suis pas là pour chinoiser. Si vous avez le coeur solidement accroché, le film pourrait vous plaire (ou vous "convenir"). Bon suspense, dose de gore assumée, échos à la situation sociale d'une certaine Amérique pauvre: il y a de vraies qualités là-dedans. Des défauts, aussi: des personnages caricaturaux, une surenchère dans la violence et, contre toute attente, cinq minutes d'un épilogue inutile parce que du genre cul-cul-la-praline. À vous de voir (ou pas) de quel côté votre balance va pencher: pas d'unanimité possible autour d'un tel opus, il me semble. Mon avis ? Je l'ai trouvé efficace en pure mise en scène. Mais abusant d'un ton trop racoleur, parfois...

Don't breathe - La maison des ténèbres
Film américain de Fede Alvarez (2016)

Anecdote: originaire d'Uruguay, le cinéaste a travaillé avec Sam Raimi comme coproducteur, trois années après une première collaboration pour le remake d'Evil dead - un classique de l'horreur sorti en 1981. Sachez-le: Don't breathe ne raconte pas du tout la même histoire. D'aucuns le relient volontiers à Seule dans la nuit et/ou Panic room. Cela fait beaucoup de références, non ? Elles sont de valeurs inégales.

samedi 17 décembre 2022

Au féminin pluriel

Moins de 20%: pour l'heure, c'est la part des longs-métrages réalisés ou coréalisés par des femmes parmi l'ensemble de ceux que j'ai vus en 2022. C'est loin de la parité, à l'image de l'industrie du cinéma elle-même, mais la proportion est plus forte qu'au cours des années précédentes. Peut-être parce que je prête plus d'attention à ce sujet !

Le 8 mars, j'avais mentionné quelques réalisatrices dont les travaux récents m'avaient plu. Certaines vraies "pionnières" du septième art mériteraient que je les cite (comme je l'ai fait pour Alice Guy Blaché). Clairement, j'ai l'impression d'un très vaste sujet, en me demandant comment m'y pencher en rendant cela intéressant. Je crois en fait que, dans un tout premier temps, je continuerai parfois à l'expliciter quand je verrai un film réalisé par une femme - bien que j'aimerais que personne ne juge cela comme une incongruité ou une anomalie. Détail amusant: j'ai failli confondre Kamir Aïnouz, la cinéaste évoquée jeudi, avec le réalisateur brésilien Karim Aïnouz, connu comme auteur du superbe - et très féministe - La vie invisible d'Euridice Gusmão. C'est après quelques recherches complémentaires que j'ai alors fini par découvrir que Karim et Kamir étaient en réalité frère et soeur. Raison de plus, je trouve, pour couper court à toutes les idées reçues.

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Et la photo ?

J'ai choisi un portrait de Mary Pickford (1892-1979), une grande dame du cinéma muet et amie de Charlie Chaplin. J'espère avoir l'occasion d'en parler plus en détails... dès l'instant où je la connaîtrai mieux ! Généralement, elle est avant tout citée comme actrice et productrice.

jeudi 15 décembre 2022

Vers la liberté ?

Je n'ai pas assez de recul pour savoir si c'est une véritable tendance. J'ai toutefois l'impression qu'un nombre croissant de films s'intéresse à la "condition féminine". C'est le cas de Cigare au miel, sorti l'année dernière et que j'ai pu rattraper sur une chaîne télé très récemment. Un film franco-belgo-algérien assez riche. Le premier d'une cinéaste !

Selma, 17 ans, vit encore chez ses parents - d'ascendance kabyle - lorsqu'elle entre dans une prestigieuse école de commerce parisienne. Lors du concours d'entrée, la jeune femme a dû expliquer aux profs en quoi elle se pensait unique: elle a dit être double, aussi française qu'algérienne. Une posture difficile à tenir face aux clichés racistes d'une partie de ses camarades... et à la culture de ses parents. Bourgeois installés, ces derniers ne soutiennent pas forcément Selma dans toutes ses envies d'être d'abord  une femme libre, de son temps. Cigare au miel est bien, lui, un film de son époque. Une fiction ancrée dans le réel et portée par Zoé Adjani (la nièce d'Isabelle). Convaincante, la jeune actrice joue avec un talent et un engagement manifestes, ce qui permet d'atténuer les quelques défauts du film. Avec elle, des personnages secondaires bien écrits, dont les parents joués par Amira Casar et Lyes Salem, impeccables. Le scénario rappelle des événements du début des années 90 et évoque l'histoire algérienne sans faux semblant. Et malgré une fin un peu expéditive...

Cigare au miel
Film franco-belgo-algérien de Kamir Aïnouz (2021)

Pas incontournable, mais intéressant, ce film est-il passé inaperçu ? D'après mes sources, il n'a généré qu'à peine 6.700 entrées payantes dans les salles françaises. Je tiens à vous assurer qu'il mérite mieux ! Si c'est l'Algérie qui vous intéresse, je vous conseillerais également d'apprécier Papicha, sans doute plus explicite sur la réalité du pays. Autres pistes à suivre: L'Oranais et Le repenti. Une liste à enrichir...

lundi 12 décembre 2022

Ce bon vieux Steven

J'ai du mal à réaliser que Steven Spielberg va avoir 76 ans dimanche. C'est sans anticiper sur cet anniversaire et après une longue attente que j'ai choisi de regarder l'important documentaire que la chaîne américaine HBO lui a consacré en 2017. Au programme: 45 années d'une épopée de cinéma, de Duel (1971)... au Bon gros géant (2016).

Le principal défaut de Spielberg - le film - vient de son caractère univoque: parents, amis et collaborateurs, l'ensemble des témoins donne du réalisateur l'image d'un vrai génie doublé d'un mec bien. Sincèrement, cela ne m'a pas dérangé: je suis largement d'accord avec cette double description. Et si je trouve parfois ce cher Steven trop sentimentaliste, pas de problème: je le crois tout à fait sincère dans son intention de s'adresser au public le plus large possible. Affirmer qu'il a gardé une part de son âme d'enfant n'a rien d'original en soi, mais je pense que c'est vrai et qu'il le revendique lui-même. Alors, pourquoi regarder ce documentaire ? Pour connaître l'homme en-dehors du cinéma et pour comprendre à quel point son inspiration créatrice est imbriquée dans ce qu'il est. C'en est vraiment touchant ! J'ai compté: il me reste huit longs-métrages du cinéaste à découvrir. Sans compter le prochain, attendu en février 2023. To be continued...

Spielberg
Documentaire télé américain de Susan Lacy (2017)

Quatre étoiles... et je n'ai pas d'autres films à comparer avec celui-là. Il faudrait que je me remette à ma quête d'intégrale, déjà évoquée sur ce blog (un peu après la fin du premier des confinements COVID). Je suis de fait de la génération "enfants de Spielberg": j'assume. Impossible toutefois, à ce jour, de me rappeler mon film-découverte. Pour compenser, je souhaite qu'il puisse en réaliser encore beaucoup !

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Une double précision...
Le film montre aussi Spielberg avec ses pairs - Lucas, De Palma, Scorsese ou Coppola, notamment - au tout début de sa belle carrière. Sans oublier son travail de producteur, évoqué assez succinctement...

Et un rappel pour finir...
Trois fictions de ce cher Steven sont sorties après le documentaire. J'ai nommé Pentagon papers, Ready player one et West Side story !

samedi 10 décembre 2022

La non-famille

Autant le dire: je n'ai jamais lu le moindre livre de Christine Angot. J'ai tout d'abord eu du mal à supporter l'attitude erratique de l'autrice lors des (rares) plateaux télé qui me sont tombés sous les yeux. Certaines critiques m'ont ensuite paru très salées ou insultantes. C'est alors que j'ai enfin pu voir Un amour impossible. J'avais hâte...

Le roman éponyme, sorti en 2015 chez Flammarion, a reçu un accueil enthousiaste dans certains médias et vraiment rude auprès d'autres. Selon Wikipédia, il se serait vendu à quelque 150.000 exemplaires. Une petite précision: en bien ou en mal, Christine Angot est réputée pour ses autofictions. Je n'ai  pas cherché à démêler le vrai du faux devant le film, mais je dois vous dire que cette histoire de femme m'a vraiment "embarqué". Virginie Efira y est pour beaucoup: le rôle de la mère de la romancière lui permet de déployer toute sa palette de jeu. Elle passe, sans difficulté apparente, du visage resplendissant de la femme passionnée à la triste mine de celle qu'on a délaissée. Cela dit, Un amour impossible est en fait un titre en trompe-l'oeil. L'héroïne tragique de ce terrible récit ne subit pas la seule violence révélée par le film (et le bouquin, je suppose). La clé de l'intrigue réside dans la grande ambiguïté d'un père que Niels Schneider incarne avec une force et un aplomb que je ne lui connaissais pas jusqu'alors. Bon ! Je préfère tenir secret ce que vous pourriez déjà avoir deviné...

Un amour impossible
Film français de Catherine Corsini (2018)

Quelle histoire ! Et quel beau film ! Je m'attendais à quelque chose d'assez puissant, mais pas véritablement à ce que j'ai vu, au final. Résultat: j'ai désormais bien envie de m'offrir le roman, à l'occasion. Et pourquoi pas un diptyque maternel avec La promesse de l'aube ? Le cinéma offre mille autres visages à celles qui donnent la vie. Exemple: je me souviens avec une grande émotion de Valley of love !

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Il me semble que la blogosphère a plutôt apprécié le film...

Vous pouvez en juger en parcourant les avis de Pascale, Dasola et Lui.

mercredi 7 décembre 2022

Son dernier voyage

Je sais la peine causée par la mort de Gaspard Ulliel aux admirateurs de la jeune garde du cinéma français. Il me reste objectivement beaucoup de ses films à découvrir. Je commence aujourd'hui par la fin en évoquant le dernier: Plus que jamais, que j'ai très vite eu envie d'aller voir. Et même si cela s'annonçait plutôt du genre dramatique...

Hélène souffre d'une fibrose pulmonaire idiopathique. Son système respiratoire fonctionne de plus en plus mal. Son espoir de survie repose uniquement sur la vague perspective d'une double greffe. Lasse de rester enfermée chez elle, la jeune femme se lie d'amitié avec un blogueur norvégien, lui aussi atteint d'une grave maladie. Une relation platonique qui l'incite à entreprendre un dernier périple vers les fjords et la nature, au grand désarroi de Mathieu, son mari. Que dire ? Plus que jamais n'est bien évidemment pas un film rigolo. Par la grâce du duo Vicky Krieps / Gaspard Ulliel, c'est un beau film triste que j'ai aimé pour cela, pour sa pudeur, oui, et sa délicatesse. C'est aussi un film d'amour, évidemment, que ses deux interprètes principaux rendent crédible et bouleversant. Bien qu'omniprésente sous ces latitudes nordiques, la lumière est d'une douceur apaisante. Face aux images, j'ai adopté sans peine une posture contemplative...

La réalisatrice dit avoir conçu "un film sur une femme qui s'émancipe en acceptant de mourir comme elle le veut". Au-delà de son réalisme cru, Plus que jamais s'autorise parfois de brèves incises poétiques bienvenues: la caméra saisit des oiseaux marins survolant les vagues. Ces pauses dans la narration, très belles, permettent de souffler entre deux scènes difficiles. Il y a en outre quelques petites touches d'humour dans ce récit tendu, principalement liées au léger décalage entre ce qu'Hélène imaginait de la Norvège et la réalité de l'existence dans ce pays si différent du nôtre. Il serait plus que tentant ensuite d'embarquer sur un bateau - ou de faire un très long voyage en train - pour aller y voir de plus près, sans attendre qu'il ne soit trop tard. Avant de céder à cette tentation, je voulais ajouter que la fin de vie n'est pas abordée ici sous un angle macabre. Je ne sais pas dire comment je percevrai les choses une fois que tout cela aura "infusé" dans mon esprit, mais je veux croire que je serai ravi d'en reparler. Auparavant et quitte à me répéter, j'insiste sur le talent des acteurs !

Plus que jamais
Film franco-germano-luxembourgo-norvégien d'Emily Atef (2022)

Une longue liste de nationalités, mais tout se tient dans cet opus international, tourné en français et en anglais. Même si le contexte peut expliquer ce ressenti, je dirais que j'y ai aimé Gaspard Ulliel comme jamais auparavant. Vicky Krieps, elle, confirme l'impression favorable qu'elle m'avait laissée avec le très beau Serre moi fort. Autour du deuil, je conseille aussi Mia madre et/ou Vers l'autre rive.

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Et si jamais vous vouliez rester encore un peu...

Je vous encourage à revenir sur la chronique de Pascale, citée lundi.

lundi 5 décembre 2022

Une mère

Rappel: Mahsa Amini, 22 ans, est morte dans un hôpital de Téhéran après avoir été contrôlée par la police pour "port de vêtements inappropriés". Les émeutes qui ont suivi ce drame ont ramené l'Iran sur le devant de la scène internationale - et ce de la pire des façons. Impossible pour moi de l'oublier en vous présentant Juste une nuit...

Feresteh est étudiante. Ses parents vont passer une soirée chez elle avant d'aller rendre visite à un cousin. Seul problème: la jeune femme leur cache qu'elle a un enfant, né tout juste deux mois auparavant. Or, si elle parvient à dissimuler biberons, jouets et couches culottes auprès de ses voisines solidaires, elle peine à identifier quelqu'un pour garder le bébé. Avec une amie de son âge, la voilà donc lancée dans une course rapide contre le chronomètre et l'opprobre familial ! Juste une nuit témoigne d'un épouvantable obscurantisme social. Pourtant, il s'agit bien d'un film du 21ème siècle. Il me faut préciser qu'il est interdit de diffusion dans son pays d'origine. Il me semble que c'est au Festival de Berlin que l'on doit sa venue jusqu'en Europe. On ne dira jamais assez l'importance de ces événements de cinéma...

Il arrive parfois que les films iraniens qui parviennent jusqu'à nous soient un peu caricaturaux, car destinés à émouvoir les bonnes âmes occidentales. Pour être franc, je ne crois pas que Juste une nuit puisse se voir reprocher une telle ambivalence. Sa relative aridité formelle plaide plutôt pour l'idée d'un long-métrage saisi sur le vif. J'ignore tout des conditions du tournage, mais j'imagine volontiers qu'il doit être difficile de faire ce type de cinéma en Iran aujourd'hui sans s'attirer les foudres des autorités. D'où, en fait, mon soutien discret à ces artistes - et techniciens - qui prennent de gros risques pour s'exprimer. Je n'ai pas vu un film superbe, mais une oeuvre sensible qui, à bien y regarder, véhicule une forme de revendication silencieuse. Rien que pour cela, je vous encourage à la découvrir. Dans le rôle principal, la nièce du réalisateur côtoie des comédiens non-professionnels. Je n'ai pas constaté de fausse note dans leur jeu !

Juste une nuit
Film iranien d'Ali Asgari (2022)

En 2011, c'est l'épatant Une séparation qui avait un temps tenu lieu de porte-étendard du cinéma iranien en France: le film avait attiré plus de 976.000 spectateurs en salles - un record qui tient toujours. Ma proposition d'aujourd'hui n'a pas la même intensité, mais reste pertinente pour qui s'intéresse à ce qui peut se passer sur le terrain. Je vous suggère aussi Les chats persans et/ou Un homme intègre...

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Pour finir, un renvoi d'ascenseur...

Je veux dire que c'est à Pascale que je dois la découverte de ce film.

vendredi 2 décembre 2022

À corps perdu

Pourquoi le nier ? J'ai un gros faible pour Fernandel. Sa seule présence aura dès lors suffi à me motiver pour regarder L'armoire volante. Même si elle ne casse pas des briques, cette comédie d'après-guerre possède assez de qualités pour proposer un divertissement honnête. J'ajoute qu'avant de la regarder, je n'en avais JAMAIS entendu parler !

Modeste percepteur de son état, Alfred Puc partage un appartement avec Mme Lobligeois, sa vieille tante. Laquelle refuse obstinément d'écouter les consignes de prudence de son neveu: malgré une météo exécrable, elle compte bien effectuer un aller-retour Paris-Clermont afin de récupérer quelques affaires laissées à son ancien domicile. Problème numéro 1: elle décède subitement sur le chemin du retour. Problème numéro 2: les déménageurs décident d'enfermer son corps dans l'un des meubles qu'ils doivent transporter jusqu'à la capitale. Problème numéro 3: leur camion est volé sitôt arrivé à destination. Décidément, rien ne se passe normalement dans cette folle histoire ! S'agit-il bien d'une comédie ? L'air constamment ahuri de Fernandel contribue à le faire croire, mais L'armoire volante a un côté macabre que bien d'autres films de l'acteur n'ont pas. Ce qui est réjouissant. Musique et mise en scène évoquent parfois les films muets du courant expressionniste allemand. Résultat: on tremble, oui, mais en riant. Sitôt après la guerre, je suppose que les Français en avaient besoin...
 
L'armoire volante
Film français de Carlo Rim (1948)

J'ai passé un bon moment avec cet OFNI imaginé par un réalisateur dont j'ignorais tout jusqu'alors - l'ami d'un certain Marcel Pagnol. Parmi mes (p)références, ce sont Les valeurs de la famille Addams qui dominent au rayon des farces lugubres depuis bientôt 30 ans. D'aucuns vous parleront de Delicatessen, qui s'inscrit au patrimoine français dans le registre bizarre. Si vous avez d'autres suggestions...

mercredi 30 novembre 2022

Côte d'usure

C'est indéniable: un casting de haut vol peut parfois sauver un film médiocre. Dans le cas de Mascarade, la présence d'excellents acteurs demeure insuffisante à faire oublier un long-métrage peu intéressant. De mauvaises critiques presse m'en avaient éloigné, mais une sortie familiale m'a ramené face à l'écran. J'aurais dû proposer autre chose !

Adrien, victime d'un accident de moto, voit sa carrière de danseur s'achever brutalement. Il devient alors le gigolo d'une star de cinéma à la notoriété déclinante. Un soir, au cours d'une énième soirée arrosée chez sa "protectrice", il rencontre Margot, une jeune femme d'une beauté incendiaire. C'est le début d'une relation débridée. Bientôt, les (pseudo-)tourtereaux montent ensemble des arnaques destinées à plumer les riches qu'ils fréquentent sur la Côte d'Azur. Avouons-le: Mascarade, au début, m'a paru plutôt enthousiasmant. Sans être des plus originaux, son scénario s'avérait assez accrocheur pour offrir un bon moment de cinéma. Las ! Une certaine vulgarité dans les dialogues a soudain douché mes espoirs tout juste naissants. Et la distribution de prestige elle-même n'a pas réussi à me séduire...

Seule la très belle Marine Vatch s'en tire ici avec quelques honneurs. Isabelle Adjani, pour sa part, fait peine à voir en has been dépassée par les événements: elle mérite bien mieux que ce rôle pathétique. J'ai envie de dire la même chose au sujet de Pierre Niney, capable d'emballer quelques scènes, mais presque jamais à son avantage. François Cluzet ? Cruel constat: je l'ai trouvé mauvais comme un pou. Et le pire dans ce marasme, c'est que ce n'est pas la première fois ! Mascarade me reste vraiment en travers du gosier et sa durée excessive - deux heures et quart - n'arrangera rien à mon amertume. Quelques jolies images, la mise en scène correcte et le montage relativement chiadé passent finalement inaperçus, malheureusement. D'après moi, le film est bouffi de prétention et relève de la caricature bêtasse. J'aurais vraiment aimé revoir Nice et la Riviera française sous une autre lumière, moins dévalorisante pour leur vraie nature. Là, à mon corps défendant, j'ai supporté le caprice d'un enfant gâté qui méprise jusqu'à ses meilleures références. Une forme d'obscénité.

Mascarade
Film français de Nicolas Bedos (2022)

Vous avez le droit de me trouver particulièrement sévère. J'assume. Quelque chose me dit qu'il y avait beaucoup mieux à faire avec l'idée de départ et la troupe réunie pour lui donner de la consistance narrative. Pour le côté arnaque, Rien ne va plus et Quatre étoiles avaient bien plus d'allure - je dirais même "de tenue", pour être clair. C'est Nice qui vous attire ? Je suggère plutôt Sans mobile apparent...

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Et je ne suis pas le seul à le dire...

Vous pourrez que Pascale et moi sommes sensiblement du même avis.

lundi 28 novembre 2022

Comme un frère

Je commence avec une citation: "Il découle du principe de fraternité la liberté d'aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national". Une phrase issue d'une décision du Conseil constitutionnel (prise en juillet 2018). Je vais à présent vous parler d'un film sorti récemment: Les engagés.

Sur la route de Briançon, David, un jeune kiné, percute un migrant africain qui vient tout juste de franchir la frontière franco-italienne. Sans trop réfléchir, il l'embarque dans sa voiture et lui permet alors d'échapper à un contrôle de police. Ce n'est qu'après cette péripétie qu'il réalise qu'il a affaire à un adolescent - Joko affirme avoir 15 ans. Pourra-t-il le sauver et, dans le même temps, mener une vie normale avec Gabrielle, la femme qu'il aime, et les deux enfants qu'elle a eus avec un autre homme ? Cette question est bien sûr au coeur du film. En somme, Les engagés évoque à la fois les terribles conséquences de l'exil forcé et le tiraillement intime que pourra parfois ressentir celui qui a décidé de venir en aide aux autres qui n'ont plus rien. J'estime qu'il le fait de manière intelligente, c'est-à-dire sans sombrer dans le pathos et sans édulcorer la réalité. Ce traitement en nuances d'un sujet sensible m'a paru très judicieux. Pas besoin d'en rajouter...

Du côté du casting, voir le rôle principal confié à Benjamin Lavernhe m'avait d'emblée mis en confiance: je dois dire que ce jeune acteur me plaît beaucoup et qu'une fois de plus, il m'a semblé très juste. Julie Piaton et lui forment ici un couple convaincant, dans le bonheur comme dans les moments de tension que leur réserve le scénario. Autour d'eux gravite toute une galaxie de personnages secondaires portés par des comédiens inspirés, une troupe dont Catherine Hiegel et Bruno Todeschini pourraient également être les têtes d'affiche. J'aimerais aussi citer Youssouf Gueye dans le rôle (ingrat ?) du mineur isolé et Luna Bevilacqua, belle représentation de la jeunesse française consciente et solidaire. Tout ce petit monde m'a fait plaisir à voir. Naturellement, sur le fond, il se peut qu'un film comme Les engagés ne puisse convaincre que celles et ceux qui sont déjà convaincus. Certaines critiques se montrent d'ailleurs particulièrement virulentes pour dénoncer sa naïveté ou sa complaisance. Je les juge infondées. La réalisatrice, elle, assume une forme d'engagement. Et tant mieux !

Les engagés
Film français d'Émilie Frèche (2022)

Aussi attrayante que dangereuse, la montagne semble un personnage à part entière dans ce beau long-métrage que son autrice présente comme non-militant - ce qui peut surprendre. J'ai vu plusieurs films sur le sujet des migrations, dont Fortuna, avec un autre adolescent. La jeunesse est également au coeur de Welcome et de Rêves d'or. Conseil d'ami: ne pas oublier La traversée, un superbe dessin animé !

samedi 26 novembre 2022

Chercheur d'or

Nicolas Cage n'a pas vraiment le même charisme que Harrison Ford. N'empêche: au cours des années 2000, Disney a fait de lui un héros aventurier à la Indiana Jones - sans rencontrer toutefois un succès comparable. Benjamin Gates et le trésor des Templiers reste un film divertissant. Il ne m'a donc pas dérangé de le revoir... dix-huit après.

D'immenses richesses ont été accumulées au fil des siècles et cachées dans un lieu secret par les Francs-Maçons contemporains des pères fondateurs américains. Notre ami Nick est l'héritier d'une lignée d'initiés parti à la chasse à la fortune, convaincu que les informations parvenues jusqu'à lui ne relèvent pas seulement d'une vieille légende. Vous aimez ce type d'histoires ? Benjamin Gates... vous conviendra sûrement si vous ne cherchez pas un film trop crédible ou profond. Autant insister sur ce point: c'est un popcorn movie, au rythme soutenu et efficace, mais qui s'oublie assez vite après visionnage. Parmi les autres acteurs, j'ai été ravi de retrouver une Diane Kruger encore toute jeunette (28 ans !) et Sean Bean en traitre de service. Pas grand-chose d'autre à signaler. Les amateurs du genre jugeront...

Benjamin Gates et le trésor des Templiers
Film américain de Jon Turteltaub (2004)

Un film honorable, américain en diable, mais de fait assez énergique pour ne pas nous endormir. Le mieux, c'est d'éviter tout a priori. Évidemment, Les aventuriers de l'arche perdue reste un bon cran au-dessus: on serait plutôt dans la logique du dernier Tomb raider. Aux assoiffés d'aventure, je recommande plutôt un retour aux sources avec Le secret des Incas... ou le plaisir animé de Tad l'explorateur !

mercredi 23 novembre 2022

Du feu, peu de flamme

Aviez-vous vu Au revoir là-haut, il y a cinq ans ? Adapté d'un roman de Pierre Lemaître, ce beau film avait rencontré un succès d'estime franchement mérité. Parlons de sa suite: Couleurs de l'incendie. Jusqu'alors, elle est bien loin d'attirer autant de monde dans les salles obscures. Peut-être faut-il ne plus faire référence au film antérieur...

Paris, 1929: Madeleine Péricourt enterre son père, un grand banquier, devant le gratin parisien. Soudain, elle est le témoin - impuissant - d'une tentative de suicide de Paul, son (très) jeune fils. L'enfant survit, mais le duo fait alors face à un autre péril: l'avidité d'un oncle qui s'estime lésé par le testament du défunt... et qui fait alors affaire avec un conseiller de la famille, du genre véreux et tout aussi cupide. Sur fond de crise économique et au travers d'investissements douteux, de très nombreuses péripéties s'ensuivront, la vile attitude des "méchants" légitimant pour ainsi dire la vengeance des "gentils". Soyons honnêtes: Couleurs de l'incendie n'est pas aussi manichéen que je peux le laisser supposer. Son scénario est plutôt bien écrit. Grâce à cela, on ne s'ennuie jamais devant les images qui défilent. Juste un petit bémol: le contexte historique m'a paru sous-exploité...

Celles et ceux d'entre vous qui apprécient les distributions généreuses seront toutefois ravis du casting. Léa Drucker est une Madeleine convaincante - en fait, je ne crois pas l'avoir déjà vue à pareille fête. Autour d'elle, Clovis Cornillac, présent devant et derrière la caméra comme réalisateur-acteur, joue les factotums au grand coeur. Il livre un travail honnête et monte ainsi dans mon estime de quelques crans. Sa troupe secondaire assure: la jolie Alice Isaaz est dans le ton juste et, en face du génial duo belge Olivier Gourmet - Benoît Poelvoorde, n'a vraiment pas à rougir. Nils Othenin-Girard, qui joue un Paul tombé amoureux d'une cantatrice, fait un peu moins d'étincelles à mes yeux. Bon... c'est peut-être parce que cette sous-intrigue m'a laissé froid. Désolé pour Fanny Ardant, une actrice que je n'apprécie guère ! Visuellement, Couleurs de l'incendie nous offre une reconstitution soignée de la France des années 30. Je resterai sur cet argument positif pour éviter de chipoter sur des détails. J'ai déjà vu bien pire...

Couleurs de l'incendie
Film français de Clovis Cornillac (2022)

De la belle ouvrage, oui, mais il lui manque un petit je-ne-sais-quoi pour m'émouvoir davantage. J'avoue: j'ai préféré Au revoir là-haut. Difficile maintenant de trouver un film comparable à ces deux-là. Pourtant, ce ne sont pas les histoires de vengeance qui manquent ! Vous cherchez un film sur l'entre-deux-guerres ? La vie et rien d'autre garde ma préférence ! Et Cessez-le-feu est très poignant, lui aussi...

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Pour être tout à fait complet...

Il me reste à vous recommander de lire les avis de Pascale et Dasola.

lundi 21 novembre 2022

L'amour en couleurs

Le rapport de Mathieu Kassovitz au cinéma français m'étonne encore. J'imagine qu'il aurait préféré qu'on écoute davantage son discours plutôt que d'admirer son talent, mais tout est imbriqué, pas vrai ? Récemment, j'ai regardé son premier long-métrage: Métisse. L'oeuvre d'un garçon de 26 ans qui sait saisir quelque chose de l'air du temps...

Le scénario imagine un trio composé des jeunes Lola, Félix et Jamal. Elle est enceinte. Eux apprennent - de sa bouche - qu'elle est sortie avec l'un et l'autre, sans se poser alors la moindre barrière morale. Résultat: elle ne sait pas qui est le père de son enfant. Et s'en fiche. Sauf qu'évidemment, les garçons, eux, ne sont vraiment pas prêts. Devenir papa, à la rigueur, mais avec un rival ? Ce n'est pas sérieux. Métisse l'est pourtant, qui dresse un mini-portrait d'une jeunesse française aux couleurs multiples et possiblement complémentaires. Cette mixité surprend et, d'après moi, rend le film très agréable. Pourquoi attendre des conflits ? Auteur, réalisateur et acteur, Kasso' choisit de traiter son joli sujet sous l'angle de la tendre comédie. Impeccable dans le rôle du p'tit Juif de service, il a eu l'intelligence d'attribuer le second rôle masculin à son pote Hubert Koundé, génial en fils de diplomate africain. Et bien sûr, il y a Julie Mauduech ! L'impeccable comédienne est le soleil de ce film énergique et joyeux. Évidemment, je ne veux surtout pas révéler comment il se termine...

Métisse
Film français de Mathieu Kassovitz (1993)

Une vraie réussite. Sa bande-originale la replace dans son époque d'une telle façon que le film a presque des allures de (gentil) OVNI dans le paysage actuel. Il faut dire que trente ans ont passé, aussi. Auriez-vous des suggestions pour un Jules et Jim des années 2020 ? Moi, je reste avec Kasso': le film est arrivé juste avant La haine. Bien sûr, on peut lui préférer Le fabuleux destin d'Amélie Poulain...

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Des amateurs, dans la salle ?

J'en ai trouvé un: l'ami Laurent, porté disparu depuis quelque temps. J'espère que lui et d'autres pourront se manifester en commentaires !

samedi 19 novembre 2022

Hégémonie ?

Je viens d'enchaîner quatre films américains et ce n'était plus arrivé depuis... longtemps. D'ailleurs, sans vouloir entrer dans des calculs complexes, je remarque que j'en vois de moins en moins depuis 2019. Est-ce un effet d'une offre post-crise sanitaire plus faible ? Possible. J'imagine aussi que mes goûts ont pu évoluer et ma curiosité grandir.

Je connais des gens qui ne jurent guère que par le cinéma américain. D'autres qui le rejettent très massivement. La nationalité d'un film importe-t-elle vraiment ? Et est-il tout à fait logique de considérer qu'elle est celle de ses producteurs ? Même les meilleurs connaisseurs n'ont pas de réponse unanime à ces deux questions. Mon opinion personnelle consiste à dire que le septième art est une fenêtre ouverte sur l'autre. C'est pourquoi je m'intéresse aux pays d'origine des films que je regarde. Je constate que l'hégémonie des États-Unis est réelle, mais limitée, dès lors que je parle bien de "mes" écrans. Sincèrement, cela ne me désole pas: j'ai d'autres pays à observer. L'Ukraine a notamment rejoint la liste cette année - dans le contexte international que vous connaissez. Quel sera le prochain ? Je l'ignore. Pour l'instant, la France est dominante. Et il se peut que cela dure ! Sans pour autant que j'oublie alors le reste du monde. Ou Hollywood...

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Et comment illustrer ce propos ?

J'ai opté pour Les marches du pouvoir de et avec George Clooney. Un film américain, oui. Sorti en 2011, mais que je n'ai pas encore vu.

mercredi 16 novembre 2022

L'innocence en lambeaux

Eh bien dis donc ! Martin Scorsese va avoir 80 ans demain ! Le hasard a voulu que je tombe, il y a quelques jours, sur son tout premier film commandé par un studio: Bertha Boxcar - qui, lui, en a cinquante. Cette oeuvre "de jeunesse" a été tournée grâce au célèbre producteur américain Roger Corman. Dont je reparlerai peut-être un autre jour...

Cette fois, je confirme juste que je m'intéresse à ce cinéma fabriqué aux States dans les années 70. Bertha Boxcar n'est pas le pionnier d'un nouveau genre, mais s'inscrit bien dans une tendance d'époque. Parmi d'autres longs-métrages porteurs d'idées sociales "innovantes" !

Le film dresse le portrait d'une jeune femme, en plaçant son propos dans un État du Sud et au cours de la crise économique post-1929. Soudaine, la mort du père de Bertha l'entraîne dans une dérive criminelle aux côtés d'un travailleur anarchiste et d'autres parias. Toute la force de ce vrai-faux biopic réside, je crois, dans son impact émotionnel. Ne voir en l'orpheline que la simple victime d'un système me semble très hasardeux, mais je n'arrive pas à légitimer l'attitude brutale des puissants face à l'envie de révolte de sa (petite) bande. Formellement parlant, j'ai senti un film aux moyens financiers limités et, à vrai dire, je l'ai justement trouvé plutôt attachant pour cela. Dans le rôle-titre, Barbara Hershey se donne à fond, avec une dose d'érotisme qui ne trouverait plus du tout sa place dans le cinéma d'aujourd'hui, à mon avis. Je n'oublie pas les principaux personnages masculins, qui m'ont paru portés par le talent et la sincérité du trio formé par David Carradine, Barry Primus et Bernie Casey. À re-voir...

Bertha Boxcar
Film américain de Martin Scorsese (1972)

J'ai lu un bon nombre de critiques qui parlaient d'une oeuvre mineure dans la filmographie du cinéaste: c'est dur, pour un quasi-débutant. J'aimerais bien désormais voir le Bonnie et Clyde d'Arthur Penn, film de référence du genre, paraît-il, qui est sorti en 1967. Je fais un lien thématique avec d'autres plus récents: Les moissons du ciel (1978) devant La porte du paradis (80) et, du côté anglais, Comrades (87) !

lundi 14 novembre 2022

Une, deux, trois...

OK... David O. Russell s'est sans doute fait plaisir avec Amsterdam. Est-ce un problème ? Je ne crois pas. Toutes les critiques que j'ai lues sur le film mettent en avant son casting prestigieux: c'est logique. Autant le reconnaître: c'est aussi cette troupe qui m'a d'abord attiré. Oui, elle et le réalisateur lui-même. Dont j'avais vu cinq autres opus !

Un trio assure la tête d'affiche: la jolie Margot Robbie prend ses aises aux côtés de Christian Bale et John David Washington (fils de Denzel). Ces trois-là sont censés s'être connus lors de la Première guerre mondiale. Blessés sur le front français, les garçons ont été soignés par la fille, infirmière collectionneuse des petits bouts de métal délogés du corps de ses patients - une lubie que le film justifiera. Quand la paix revient finalement en Europe, Valerie, Burt et Harold s'engagent à rester solidaires et mènent la grande vie aux Pays-Bas. Malheureusement, cela ne dure pas... et on retrouve les ex-soldats dans l'Amérique de 1933, chargés d'enquêter sur la mort d'un homme respecté et bientôt accusés - à tort - d'un meurtre des plus sordides. C'est bon ? Vous suivez ? Amsterdam est un film très bavard et dense.

C'est peut-être le principal reproche qu'on puisse lui faire, en réalité. Visuellement soigné, le long-métrage ne nous laisse aucun répit narratif pour bien assimiler ses enjeux et comprendre une intrigue complexe. Le temps passé à regarder les stars (dont Robert de Niro !) est perdu pour le suivi du scénario, ce qui peut être assez déroutant. Amsterdam s'inspire d'une histoire vraie et peut trouver des échos dans notre monde d'aujourd'hui, mais sa dimension très américaine suppose du spectateur européen une attention soutenue, deux heures durant. Pour ma part, je me suis accroché... et j'ai plutôt apprécié. J'ai envie de vous dire que le film est ambitieux et un peu excessif parfois. La médaille et son revers, en somme, et c'est vrai également que, le plus souvent, le cinéma contemporain est moins "gourmand". Même Hollywood ne déploie pas systématiquement pareille artillerie. D'aucuns en concluent dès lors que David O. Russell s'est fait plaisir. D'autres jugent qu'il court après les Oscars. Tout cela est possible. Faudrait-il donc lui reprocher ? Je préfère n'en retenir que le positif...

Amsterdam
Film américain de David O. Russell (2022)

Je ne sais pas dire si le récit est optimiste ou non: il me faut préciser qu'il contient une certaine part d'ombre, mais en dévoiler davantage serait sûrement trop en révéler (et, du coup, vous gâcher la surprise). Ma certitude: pareil film ne déboule pas tous les jours sur nos écrans. Le traitement de l'histoire rappelle l'aspect débridé d'un P.T. Anderson comme Inherent vice. Un peu foldingue, oui. Et vous voilà prévenus !

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Si vous cherchez une critique très enthousiaste...

Ne cherchez plus ! Vous n'aurez qu'à aller lire celle de l'amie Pascale.

samedi 12 novembre 2022

Sales gosses !

Une fois n'est pas coutume: aujourd'hui, je vais présenter un remake. Les grands connaisseurs sauront qu'il s'agit également du dernier film de Christopher Reeve avant l'accident qui le laissa tétraplégique. L'acteur aurait 70 ans aujourd'hui: dans ce film plutôt mal accueilli lors de sa sortie, il succède à George Sanders dans un rôle-clé. Good !

À la vue de l'image ci-dessus, certain(e)s d'entre vous auront compris que c'est Le village des damnés - 1995 - que j'évoque aujourd'hui. Comme dans le premier, l'histoire tourne autour d'une communauté villageoise frappée soudain d'un mal étrange: un évanouissement simultané de l'ensemble de la population. On découvrira par la suite que toutes les femmes en âge d'avoir des enfants... sont enceintes. Et que les bébés, bien loin d'être d'adorables poupons, sont capables d'explorer les pensées des adultes, au point de leur devenir nuisibles. Ce que j'apprécie ici, c'est que l'angoissant scénario ne livre au fond qu'une partie des réponses aux questions qu'il pose au long du récit. Pour le reste, l'intrigue reste très proche de celle de l'opus de 1960. Quelques scènes spectaculaires viennent rappeler que le réalisateur n'est pas un manchot, même si je dirais qu'il a également fait mieux. Allez... je ne regrette pas mon choix de regarder ce film pour autant !

Le village des damnés
Film américain de John Carpenter (1995)

Le simple fait d'un peu mieux connaître ce ponte du cinéma de genre suffit à mon bonheur du jour - même si ce n'est pas une fin en soi. Évidemment, les esthètes pourront (ou devront ?) se rapporter au film originel: en noir et blanc, Le village des damnés 1960 est superbe. J'ai quelques autres longs-métrages effrayants en attente, aussi ! Vous pourrez patienter avec Massacre à la tronçonneuse et Suspiria.

mercredi 9 novembre 2022

Le même... ou l'autre ?

C'est amusant: j'ai revu un film intitulé Illusions perdues un an pile après celui qui a adapté le roman éponyme de Balzac. Les passionnés de la littérature française du 19ème siècle découvriront une histoire différente de celle du fameux Lucien de Rubempré: celle de Jill Baker. Cette jeune femme choisit de voir un psy pour soigner... son hoquet !

Dans le New York chic des années 40, le couple modèle que l'héroïne forme avec son mari Larry est mis à mal. Après six ans d'un amour sincère, Madame est contrariée par quelques habitudes de Monsieur et, dans la salle d'attente de son thérapeute, rencontre un pianiste aussi ouvertement misanthrope qu'il en deviendrait presque attirant. Pas de doute: au cinéma, le triangle amoureux demeure un argument de comédie particulièrement efficace - s'il est traité avec finesse. Comme je l'espérais, c'est bien le cas dans ce film d'Ernst Lubitsch qui, malgré (ou grâce à) son âge avancé, reste tout à fait savoureux. Oui, Merle Oberon, Melvyn Douglas et Burgess Meredith m'ont régalé ! Ici et là, Illusions perdues flirte avec les limites de la bienséance cinématographique de son temps et c'est bien sûr ce qui fait son sel. La forme, elle aussi, est soignée: l'une des scènes les plus inspirées nous montre un plateau vide, l'homme et la femme qui l'occupaient jusqu'alors ayant cru bon de s'embrasser hors du champ de la caméra. Ce genre de petits détails est très souvent l'apanage des grands films.

Illusions perdues
Film américain d'Ernst Lubitsch (1941)

Surprise: tout ceci est l'adaptation d'une pièce de théâtre française signée Victorien Sardou (1831-1908), l'auteur de Madame Sans-Gêne. Au besoin, je vous laisse vous reporter à mon index des réalisateurs pour y piocher d'autres Lubitsch parmi les meilleurs. Ce Hollywood frivole reste hautement recommandable. Et Vacances, Mon épouse favorite et L'impossible Monsieur Bébé pourraient vous plaire aussi !

lundi 7 novembre 2022

Fils à maman

Ce n'est plus un scoop: l'année est très difficile pour les cinémas français. Aïe ! Neuf des dix plus gros succès du box-office national sont des films américains. Je ne pense certes pas que L'innocent parviendra à inverser la tendance, mais cette sympathique comédie mériterait qu'on s'y attarde un instant. Vous m'en direz des nouvelles !

C'est l'histoire d'un jeune type, Abel, qui s'inquiète pour sa mère. Sylvie donne des cours de théâtre en prison et choisit de se remarier avec Michel, un détenu dont elle voudrait également faire son associé pour l'ouverture d'un magasin de fleurs. Or, le fiston le croit indigne de cette confiance et, avec son amie Clémence, se met à l'espionner. Et qu'arrive-t-il alors ? "Une autre histoire", ainsi que Gérard Blanc l'affirmait en chantant dans un tube consacré disque d'or en 1986. Rassurez-vous: le scénario est bel et bien orienté sur la rigolade. D'aucuns ont pu dire que cela n'empêche pas les scènes romantiques ou un certain suspense policier: c'est vrai aussi. On s'y retrouve bien !

Pour le casting, c'est un sans-faute, au moins pour les quatre rôles principaux. Louis Garrel, acteur-réalisateur, n'aura pas à rougir. Longtemps sceptique sur ce comédien, je commence à l'appréhender sous un jour nouveau... et cela me plaît plutôt. Il faut bien noter qu'ici, il peut s'appuyer sur le vrai Stradivarius qu'est Roschdy Zem pour lui donner une bonne réplique: improbable, le duo fonctionne. Côté féminin, j'attendais mieux d'Anouk Grinberg, mais me réjouis tant de son retour à l'écran que je ne veux pas faire la fine bouche. Cette fois, c'est surtout Noémie Merlant qui m'a épaté: L'innocent révèle un caractère comique que je n'avais pas soupçonné jusqu'alors. Quel abattage, mes aïeux: la belle part vraiment au quart-de-tour ! Cela dit, ainsi que je l'ai suggéré, c'est au cours d'une séquence émouvante que le film donne véritablement le meilleur de lui-même. Seul bémol à mes yeux, la fin, elle, est un peu expéditive. Un détail...

L'innocent
Film français de Louis Garrel (2022)

Ma note aurait dû être un cran en-dessous: j'ai arrondi pour saluer une douceur made in France éloignée de la tendance pipi-caca-prout de cetains de nos chers contemporains. Une preuve supplémentaire que le cinéma français se défend bien quand les moyens suivent. Pierre Salvadori (Cible émouvante, Hors de prix, En liberté ! ...) serait un bon chef de file pour les comédies de ce genre, à mon sens !

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Une anecdote...
Louis Garrel a choisi de dédier le film à sa propre mère et à son fils.

Vous hésitez encore ?
Je peux comprendre. Je vous encourage donc à lire l'avis de Pascale.

samedi 5 novembre 2022

Double je(u)

Le temps file ! Cela faisait déjà plus de huit ans que je n'avais pas vu de film israélien. Le dossier Mona Lina a également des producteurs allemands, mais je préfère retenir la nationalité de son réalisateur. D'une certaine façon, le long-métrage navigue entre les deux pays. L'essentiel du propos se concentre autour de deux femmes "rivales"...

Lina, bien intégrée dans la société libanaise, a livré des informations décisives au Mossad pour déjouer les plans terroristes du Hezbollah. Après avoir été exfiltrée de Beyrouth, elle a subi une opération chirurgicale pour changer de visage et reprendre une vie "normale" dans son exil forcé. À Hambourg, il lui faut encore vivre quinze jours sous la protection de Naomi, jeune agente des services secrets israéliens. Bon... je regrette, mais tout cela ne m'a pas passionné. Sans être mauvais, Le dossier Mona Lina s'avère assez frustrant. Bavard, le film repose sur un suspense relatif et en oublie les scènes d'action pure que j'avais d'abord espérées au vu de la bande-annonce. Certains critiques estiment que sa sécheresse est son plus bel atout. Personnellement, j'ai trouvé que les deux personnages principaux arrivaient à se rapprocher pour une raison bien trop peu crédible. Résultat: à peine plus de 24.000 entrées en France. Un bon gros flop !

Le dossier Mona Lina
Film germano-israélien d'Eran Riklis (2018)

Ce n'est qu'en relisant le titre après coup que j'ai fini par comprendre qu'il ne serait jamais question de la Joconde: fâcheuse confusion ! Même si les deux comédiennes (Golshifteh Farahani et Neta Riskin) font ce qu'elles peuvent, le long-métrage est plombé par son rythme indolent. Autant le dire: je préfère Un homme très recherché. Trouver de bons films d'espionnage peut être difficile: Les patriotes reste l'un des rares bons exemples en France. Et Espion(s) m'a déçu...

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Un échec public, donc...

En fouillant chez Pascale, j'ai trouvé une autre critique TRÈS mitigée !