L'histoire est assez ordinaire. Wendy et Jon, un frère et une soeur quadragénaires, n'ont subitement plus d'autre choix que de s'occuper de leur père. Sa compagne décédée, Lenny doit quitter la maison qu'ils occupaient tous deux et, pour ne rien arranger, le pauvre vieux est atteint de démence sénile. Toute la question est de savoir comment ses enfants, dont il ne s'est jamais réellement soucié, vont s'organiser pour lui assurer une fin de vie décente. Cette situation très quotidienne, à laquelle sont sans doute confrontées des milliers de familles, c'est aussi le point de départ d'un film que j'ai vu samedi dernier en DVD: La famille Savage. Sorti au cinéma en 2007, j'avoue qu'il m'avait totalement échappé. Je suis donc parti sans a priori.
Une fois de plus, c'est donc sur le feeling du moment que mon choix s'est porté sur cette oeuvre totalement inconnue. Lire la jaquette a aussitôt suffi à me donner envie de la découvrir et, cette fois, je n'ai pas eu à regretter d'avoir suivi mon impulsion. J'ai en effet trouvé que La famille Savage était un très beau film. Même si le thème général n'est à l'évidence pas "aisé", Tamara Jenkins, réalisatrice, s'en sort admirablement pour l'aborder sans tomber dans l'émotion facile. C'est au contraire avec beaucoup de finesse que ce film parle de la mort, comme quelque chose qui finalement vous tombe dessus et qu'il faut en quelque sorte gérer "sur le tas", sans avoir appris, sans qu'une méthode soit réellement applicable. Désemparés, Wendy et Jon le sont à l'évidence. Cruels et égoïstes, peut-être aussi. Mais au fond, leurs imperfections s'expliquent: ils sont juste humains...
Pour parvenir à amener un peu de positif dans ce ressort dramatique, il me semble évident qu'il fallait de très bons acteurs. C'est le cas ici. Dans le rôle du père, j'ai découvert Philip Bosco, absolument impeccable. Les enfants, eux, joués par Laura Linney et Philip Seymour Hoffman, sont exactement dans le bon ton aussi. Autour de ce trio gravite évidemment une série de protagonistes secondaires, membres de la famille, infirmiers ou bien pensionnaires de maison de retraite. Autant de petits rôles et aucun pour plomber le film d'une quelconque façon. Ce qui fait que vous ne le serez pas davantage en regardant La famille Savage. Pas question bien entendu de rire aux éclats devant cette réussite cinématographique, ni même d'y passer ce que j'appelle généralement un bon moment. J'insiste toutefois: pour ouvrir sa réflexion à un thème social sérieux, le film est vraiment à conseiller. Sans doute parce qu'il a finalement beaucoup de tendresse pour ses personnages. Des êtres auxquels chacun de nous peut, un jour ou l'autre, ressembler...