mercredi 15 mai 2024

Un combat intime

Le saviez-vous ? L'hirsutisme touche de 5 à 10% des femmes en âge d'avoir des enfants. Celles qui sont affectées par cette pathologie hormonale développent dès lors une pilosité sur les joues, la poitrine ou le ventre, aussi drue et abondante parfois que celle des hommes. Un sujet qui a émergé dans l'actualité avec la sortie du film Rosalie...

Retour en 1870, aux premières heures de la Troisième République. Veuf, le père de Rosalie choisit de la marier au propriétaire d'un café de village, submergé par les dettes. La jeune Bretonne et ce garçon plus âgé qu'elle ne se sont encore - évidemment - jamais rencontrés. Abel n'est pas un mauvais bougre, non, mais c'est un homme fruste. C'est délicatement qu'il approche son épouse, mais lorsqu'il découvre que son torse est velu, il tressaillit et la rejette aussitôt, violemment. Le scénario invite à observer le combat d'une personne "différente" pour s'intégrer dans une communauté qui lui est d'abord étrangère. Escarpé, le chemin de vie de Rosalie est fait de progrès considérables pour la compréhension de ce qu'elle est, mais aussi de reculs soudains vis-à-vis de ceux qui ne voient en elle qu'une créature monstrueuse. Autant le dire: dans le rôle-titre, Nadia Tereszkiewicz est magnifique. Benoît Magimel, qui l'accompagne, est d'ailleurs tout aussi admirable !

Le grand et beau film féministe que j'espérais voir s'est matérialisé devant mes yeux. Et la reconstitution de la France post-Napoléon III s'avère irréprochable ! Je savais le récit inspiré par un personnage réel ayant vécu dans les Vosges, mais cette délocalisation de l'intrigue en Bretagne n'enlève rien aux qualités esthétiques du long-métrage. Qualités qui, bien entendu, viennent encore sublimer le jeu d'acteurs inspirés, avec aussi une très intéressante galerie de seconds rôles interprétés par Juliette Armanet, Benjamin Biolay, Gustave Kervern ou Guillaume Gouix... entre autres. J'ai également aimé Rosalie parce qu'il me semble qu'il va bien au-delà de son postulat initial. Concrètement, j'estime que c'est aussi une véritable histoire d'amour entre des êtres que l'existence est venue placer l'un en face de l'autre sans qu'ils l'aient prévu, avec tous les tumultes et instants de grâce que cela peut supposer. Ce qui offre à la fois un drame et une leçon d'optimisme ou, comme le dirait Truffaut, une joie et une souffrance. Maintenant, j'aime autant laisser la conclusion à votre appréciation...

Rosalie
Film français de Stéphanie Di Giusto (2024)

D'une grande humanité, ce long-métrage est par ailleurs le deuxième de sa réalisatrice, huit ans après La danseuse (que j'ai bien aimé). Au moins ne relève-t-il pas uniquement du point de vue masculin ! Eugénie Grandet pourrait vous plaire pareillement si les portraits féminins du 19ème siècle vous intéressent. Celui de Mary Shelley s'inscrit dans un autre cadre, mais oui, il peut aussi valoir le détour...

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Et ailleurs sur la Toile, qu'en dit-on ?

Il paraît tout à fait clair que Pascale est moins enthousiaste que moi.

mardi 14 mai 2024

Cannes, femmes

C'est très curieux: le titre de ma chronique d'aujourd'hui m'est venu en pensant à un film de Paul Vecchiali... que je n'ai pas (encore ?) vu. Je réalise aussi que Femmes, femmes date de l'année où je suis né. Coïncidence troublante, à l'heure de revenir sur l'ouverture du Festival de Cannes. Que j'ai, ma foi, très envie d'observer au prisme féminin !

Je l'ai déjà mentionné: le jury de la Sélection officielle pour la Palme d'or est cette année présidé par une femme - Greta Gerwig. L'Américaine a fait un carton en 2023 en réalisant Barbie, un film recréant l'univers rose bonbon de la célèbre poupée, a priori éloigné des standards cannois. Je ne juge  pas: je ne l'ai toujours pas vu. Mais j'apprécie Greta Gerwig et espère qu'elle s'avérera audacieuse...

Une question que je me pose: après Justine Triet l'année dernière pour Anatomie d'une chute, une autre femme a-t-elle des chances d'accrocher la Palme d'or au terme de cette édition 2024 ? Mystère ! Ce serait alors la troisième depuis 2021 et Julia Ducournau (Titane). Toute première lauréate en 1993, Jane Campion (La leçon de piano) n'a jamais été réticente à l'idée de partager sa gloire, il me semble...

Et si on s'intéressait d'emblée à Agathe Riedinger ? Cette ex-diplômée de l'École nationale supérieure des Arts décoratifs a la chance d'entrer en compétition officielle avec son tout premier film, Diamant brut. D'après ce que j'ai lu, il s'agirait de l'histoire d'une adolescente ambitieuse, prête à intégrer le casting d'une émission de téléréalité. Pas ma came a priori, mais Cannes offre parfois de belles surprises...

Pour finir, un p'tit aveu: je ne me suis pas penché sur la personnalité d'Iris Knobloch, arrivée l'année dernière à la présidence du Festival. L'Allemande imprime-t-elle sa marque ? Et comment ? Je l'ignore. Thierry Frémaux, lui, est toujours là, en tant que délégué général. Apparemment, elle et lui s'entendent bien: pour moi, c'est l'essentiel. Et aucun doute: à Cannes, ce sont d'abord les films qui m'intéressent !

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Comment vais-je conclure cette chronique ?

Simplement: en vous invitant au débat dans la section commentaires.

lundi 13 mai 2024

Avant Cannes

Nous y voilà ! L'édition 2024 du Festival de Cannes s'ouvre demain. Jusqu'au samedi de la semaine prochaine, le "petit" monde du cinéma tournera autour de la Croisette... et je vais suivre tout cela d'un oeil. Objectif: repérer quelques prochaines sorties jugées prometteuses. J'ai toujours une vive curiosité pour les films un peu moins attendus !

L'idée de cette chronique m'est venue après avoir cité Julianne Moore vendredi. Le saviez-vous ? L'actrice américaine a été récompensée pour des longs-métrages lancés à Cannes (2014-Maps to the stars), Venise (2003-The hours) et Berlin (2002-Loin du paradis). Bingo ! Cela a réveillé mon intérêt pour les deux autres festivals européens...

Avant d'éventuellement y revenir, j'ai fait une petite liste exhaustive des films chroniqués sur le blog et ayant obtenu la récompense suprême à Venise ou Berlin. Oui, j'espère qu'elle vous inspirera aussi !

Voici donc "mes" Lions d'or de la Mostra de Venise :
- 2020 : Nomadland / Chloé Zhao,
- 2019 : Joker / Todd Phillips,
- 2017 : La forme de l'eau / Guillermo del Toro,
- 2010 : Somewhere / Sofia Coppola,
- 2008 : The wrestler / Darren Aronofsky,
- 2005 : Le secret de Brokeback Mountain / Ang Lee,
- 2003 : Le retour / Andreï Zviaguintsev,
- 1980 : Gloria / John Cassavetes,
- 1967 : Belle de jour / Luis Buñuel.

Avec une précision...
La première Mostra date de 1932 et, sous divers noms, le Lion d'or existe depuis 1949. Il n'a pas été décerné de 1969 à 1972, ni en 1979. De 1973 à 1978, il n'y a pas eu de Mostra. J'en reparlerai... peut-être.

Et voici "mes" Ours d'or de la Berlinale :
- 2014 : Black coal / Diao Yinan,
- 2011 : Une séparation / Asghar Farhadi,
- 2007 : Le mariage de Tuya / Wang Quan'an,
- 2002 : Le voyage de Chihiro / Hayao Miyazaki,
- 2000 : Magnolia / Paul Thomas Anderson,
- 1995 : L'appât / Bertrand Tavernier,
- 1973 : Tonnerres lointains / Satyajit Ray,
- 1971 : Le jardin des Finzi Contini / Vittorio de Sica,
- 1957 : 12 hommes en colère / Sidney Lumet,
- 1953 : Le salaire de la peur / Henri-Georges Clouzot,
- 1951 : Cendrillon / C. Geronimi, W. Jackson et H. Luske.

Avec une autre précision...
L'Ours d'or a toujours été décerné depuis 1951, année de la création du Festival international du film de Berlin. Au passage, un petit rappel historique: deux Allemagne ont coexisté entre 1949 et 1990, le Mur coupant l'actuelle capitale du pays réunifié dès 1961 et jusqu'en 1989. Des conséquences pour le cinéma ? J'en reparlerai aussi ! Peut-être...

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On en discute, alors ?

Ce serait (au moins) une occasion d'évoquer l'importance des prix festivaliers. Ou des festivals auxquels nous avons déjà pu participer !

vendredi 10 mai 2024

La proie des dinos

Il n'a que rarement eu envie de donner une suite à ses créations. "Vous êtes sommé de faire mieux que dans l'épisode précédent, dit-il. Rien n'est plus angoissant". Il paraît cependant que Steven Spielberg a vite acheté les droits du livre de Michael Crichton dans l'idée d'adapter Le monde perdu au cinéma, deux ans après sa publication...

Le film, lui, a pour titre Le monde perdu - Jurassic Park, le public des salles obscures pouvant dès lors le rattacher au premier volet. Mais l'effet de surprise est passé: Spielberg (et Crichton avant lui) nous emmène(nt) à nouveau sur une petite île au large du Costa Rica. John Hammond, l'homme qui avait su redonner vie aux dinosaures dans le récit initial, est toujours là. Il explique à Ian Malcolm, scientifique chevronné également de retour, que les créatures méritent d'être préservées dans cet environnement qui leur convient. Ce faisant, il oublie à la fois leur dangerosité et les ambitions mercantiles de son neveu, qui a l'intention de les montrer au public ! Autant le dire: ce blockbuster recycle des concepts - très - connus. Résultat: il m'a moins plu que celui qui l'a précédé. Son montage alterné m'a même paru plutôt maladroit, au détriment de l'intensité dramatique. Restent de bons acteurs (Julianne Moore, Jeff Goldblum) et des scènes assez bluffantes, surtout de nuit: je m'en suis contenté.

Le monde perdu - Jurassic Park
Film américain de Steven Spielberg (1997)

Un opus un peu "à l'ancienne": l'usage modéré des images de synthèse ne nuit en rien à l'efficacité des effets spéciaux, la technologie moderne étant complétée par des animatroniques grandeur nature. D'où ma note relativement généreuse. Et bien sûr, je vous conseille de (re)voir Jurassic Park premier du nom, meilleur à mes yeux. Autres bons plans: Quand les dinosaures... et La vallée de Gwangi.

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Et si vous tenez à découvrir d'autres images...

Vous pourrez en trouver sur le blog d'Ideyvonne. Attention aux spoils !

mercredi 8 mai 2024

Âmes soeurs

Dans la famille Miyazaki, je voudrais... le fils ! Souvent présenté comme le maître de l'animation japonaise, le grand Hayao Miyazaki est aussi le père de Goro, avec lequel il a pu être extrêmement dur. Vous voulez des détails ? Vous en trouverez facilement sur le Web. Aujourd'hui, je veux parler du fiston en présentant l'un de ses films...

La colline aux coquelicots
est en fait le deuxième des trois films d'animation réalisés par Goro. Hayao, lui, a travaillé sur le scénario. Pour info, le film adapte un manga publié 31 ans plus tôt, en 1980. L'histoire, elle, est censée se dérouler en 1963, à une époque cruciale pour le Japon (le pays devait accueillir les Jeux olympiques d'été l'année suivante, une occasion pour tourner une page de son histoire en oubliant un peu tout ce qui s'était passé au cours de la guerre). Nous découvrons deux ados, Umi et Shun, élèves du même lycée. Ensemble, et avec beaucoup d'autres camarades, ils vont s'associer pour la défense de la vieille maison qui abrite les clubs associatifs scolaires. Je vous épargne les détails: comme je l'ai lu, ce joli récit s'avère à la fois poétique et réaliste - de quoi garder un bel équilibre !

Sur le plan esthétique, la patte Miyazki s'impose et, déjà treize ans après sa sortie, le film reste vraiment des plus agréables à regarder. La ville portuaire de Yokohama est le cadre de la plupart des scènes principales, mais nous passerons aussi un court instant dans Tokyo. Ces arrière-plans ne sont pas à négliger: il me semble tout à fait clair que la volonté des artistes impliqués dans la création de La colline aux coquelicots est aussi d'illustrer plusieurs facettes de leur pays. D'ailleurs, autant le signaler: je crains que les plus jeunes enfants éprouvent des difficultés à suivre ce que le long-métrage raconte. Pour les grands ados et les adultes, c'est sans nul doute plus simple. Et, bien sûr, cela vaut le coup, du fait notamment du dépaysement qu'offrent les images. Un conseil amical: ayez les yeux grand ouverts !

La colline aux coquelicots
Film japonais de Goro Miyazaki (2011)

L'absence de toute dimension fantastique dans cette petite merveille n'entache en rien la réputation du studio Ghibli. Il serait honnête d'ajouter que d'autres de ses productions m'ont semblé plus réussies encore, à l'image de l'un de mes films cultes: Le voyage de Chihiro. Mais pas question de faire la fine bouche ! L'animation japonaise mérite toute votre attention. Un exemple: Dans ce recoin du monde.

lundi 6 mai 2024

Menace chinoise

Ce soir-là, j'ai eu envie d'un film léger, sans lien avec l'actualité anxiogène que nous connaissons toutes et tous. J'ai hésité longtemps avant de choisir Le masque d'or, vendu comme un film d'aventures parmi les plus populaires de son temps: le tout début des années 30. En vedette: Boris Karloff, grand nom de l'épouvante et du fantastique.

Pas d'emballement: je vous parle aujourd'hui d'une pure série B. L'histoire ? C'est celle d'un groupe de fiers archéologues britanniques partis en expédition dans le désert de Gobi, en quête du tombeau sacré de l'empereur mongol Genghis Khan (13ème siècle). Leur but consiste à s'emparer du trésor qu'il est censé renfermer pour enrichir les collections d'un musée londonien... avant qu'un redoutable Chinois dénommé Fu Manchu s'en empare et sème la terreur sur le monde. Clairement, Le masque d'or développe des théories suprémacistes pour présenter les Asiatiques comme une menace. Et les images parlent d'elles-mêmes: elles véhiculent de nombreux clichés racistes ! Malgré cela, le film est assez libre et quelques allusions sensuelles rappellent qu'à l'époque, Hollywood ne se fixait pas encore les limites morales qui viendraient vite ensuite, avec le fameux code Hays. Conclusion: avec un peu de recul, ce "machin" m'a plutôt bien amusé. Sur la forme, ses décors et costumes le rendent même séduisant. Comme un possible témoin des premières heures du cinéma parlant...

Le masque d'or (
ou La maison des supplices)
Film américain de Charles Brabin (1932)

On peut avoir oublié l'intensité du combat que se livraient les studios hollywoodiens et noter alors qu'avec ce film, la Metro Goldwyn Mayer confirmait sa très bonne santé face à des concurrents déficitaires. L'aventure au cinéma dans ces années-là, c'était aussi des héros positifs, comme Tarzan, l'homme singe ou Capitaine Blood. Un rêve hollywoodien qu'il peut être intéressant de revisiter à petites doses...

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Et si l'expérience vous tente...

Je peux vous suggérer la lecture des avis de Vincent, Benjamin et Lui.

samedi 4 mai 2024

À l'arrêt

Nous sommes quelques-uns - euphémisme... - à craindre le retour possible de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Une voix off radiophonique rappelle ses positions ultra-droitières sur l'immigration mexicaine au tout début de Border Line. Ce film-là est espagnol. L'occasion d'adopter un (autre) point de vue sur ces sujets ? Mouais...

J'ai découvert Border Line à l'occasion d'une avant-première surprise. La salle pleine ou presque. Un public de trentenaires, dans l'ensemble. Je n'avais pas entendu parler du film avant et c'est sans info préalable que j'ai donc rencontré Elena et Diego, elle barcelonaise, lui installé avec elle, mais venu du Venezuela. Une fille et un garçon ordinaires souhaitant s'installer durablement à Miami et y entamer une vie nouvelle. Oui, mais... à l'aéroport de New York, les voilà alors bloqués pour un rigoureux contrôle d'identité et, bientôt, un interrogatoire policier. Malaise. Inquiétude. Comme les protagonistes, le spectateur va se demander ce qui coince - et si cela va  durer encore longtemps !

Bon... l'ennui, pour moi, c'est que cela m'a vite paru tourner en rond. Je comprends l'idée et la trouve bonne, mais ce film n'invente pas grand-chose d'original et nous emmène vers une fin assez banale. Concrètement, j'ai donc plutôt vu une histoire de couple "tourmenté" qu'un véritable pamphlet politique sur l'absurdité des frontières. Attention: je ne crie pas au scandale et je suis même bien convaincu que Border Line pourrait convenir à d'autres attentes - il a été primé dans des festivals et Le Monde le dit à la fois "virtuose et anxiogène". Vrais bons points: sa courte durée (1h17 à peine) et sa nationalité espagnole, encore relativement peu courante dans les salles obscures de France. Il est bien entendu tout à fait permis de s'en contenter ! Simplement, j'insiste: sur un sujet voisin, j'ai vu de meilleurs films...

Border Line
Film espagnol de J. S. Vasquez et A. Rojas (2023)

Ma note moyenne s'explique par mon intention de vous laisser décider si cet opus vaut la peine d'être vu ou pas (il est sorti mercredi). Franchement, je n'ai aucune envie de l'accabler ou de m'en moquer. C'est juste que le côté sordide de la réalité de certaines migrations m'atteint plus devant des films comme Rêves d'or ou Moi capitaine. Et il y en a beaucoup d'autres, sans même parler des sources média...

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Une petite mise à jour (mardi 7, 12h35):

L'occasion de mettre en avant les avis de Pascale et Princécranoir.

jeudi 2 mai 2024

... et pour le pire !

"Une jeune sauvageonne arrachée à la forêt scandinave, d'une beauté naturelle si exquise qu'elle se passe même de maquillage": ces mots auraient pu être ceux du producteur David O. Selznick au moment d'introduire Ingrid Bergman à Hollywood. 1939 marquait alors l'envol d'une brillante carrière, qui s'étendrait sur près de quatre décennies...
 
Sans même tenir compte de son parcours suédois, on peut affirmer qu'Ingrid Bergman a déjà une certaine expérience quand elle accepte de jouer le premier rôle de Hantise, le remake d'un film britannique. Nous sommes en 1944. Son personnage, Paula Alquist, quitte Londres dans l'espoir de faire le deuil de sa tante, sauvagement assassinée. C'est en Italie que la malheureuse reprend goût à la vie: un pianiste de son entourage la convainc très rapidement de se marier avec lui. Mais le bonheur est éphémère: le comportement de ce Gregory Aston change presque aussitôt que le couple revient sur le sol britannique. Disons-le: Charles Boyer est excellent dans la peau de ce personnage ambivalent, capable ainsi de toujours souffler le chaud et le froid. Perversion narcissique, dirait-on aujourd'hui, et je ne m'étonne pas que le film fasse autorité dans certains cercles féministes. Son titre premier (Gaslight) est désormais utilisé pour parler d'une technique de manipulation extrême - que le long-métrage illustre "à merveille". Mon seul regret ? De ne pas avoir pu l'apprécier en version originale...

Hantise
Film américain de George Cukor (1944)

J'insiste: d'une autre époque, ce thriller garde toute sa pertinence ! Son emphase, propre au jeu hollywoodien, lui donne certes un aspect quelque peu suranné, mais cela fait également partie de son charme. Notez-le: tout cela est censé se passer dans l'Angleterre victorienne. Deux autres films me sont venus à l'esprit en comparaison: Rebecca et Soupçons, l'un comme l'autre de Hitchcock. Il n'y a pas de hasard...

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De justes récompenses...
Ingrid Bergman remporta son premier Oscar de la meilleure actrice. L'équipe technique, elle, repartit avec celui de la meilleure direction artistique. À mon humble avis, c'était bien mérité dans les deux cas !

Et pour d'autres regards contemporains...
Vous pouvez lire aussi les avis de Sentinelle, Strum, Benjamin et Lui.