lundi 30 septembre 2019

Comme on se retrouve...

Elle aurait voulu que les siens ne parlent que de choses joyeuses. C'est son anniversaire, après tout, et après avoir réuni ses enfants autour d'elle dans la grande maison commune, Andrea s'était imaginé passer un bon moment sous le soleil de l'été. C'était avant l'arrivée d'un orage et le retour de sa fille aînée, après trois années d'absence !

Fête de famille ne m'a qu'à moitié séduit. Je ne suis pas convaincu que je serais allé voir le film s'il n'y avait pas eu Catherine Deneuve. Fidèle à elle-même, l'actrice est excellente et le rôle de grand-mère qui lui a été confié ne la vieillit guère. En fait, sans que notre regard reste scotché à elle, elle occupe tout naturellement la première place de la distribution de ce long-métrage intéressant, mais assez inégal. Puisqu'il sera bientôt question de règlements de compte familiaux entre membres de plusieurs générations, j'aurais aimé que le scénario fasse preuve de cohérence et évite les allers-retours émotionnels. Lucide, je suis sûr qu'il existe de telles "tribus", promptes à se fâcher aussi vite qu'elles se sont réconciliées (et inversement). C'est juste que je ne suis pas forcément désireux de m'y confronter au cinéma...

La troupe réunie par et autour de Cédric Kahn n'est pas en cause. Même si je ne suis pas fan de son jeu hystérique, Emmanuelle Bercot respecte la logique de son personnage: je n'ai rien à lui reprocher. C'est peut-être Vincent Macaigne qui m'a le plus surpris: son look d'ours mal léché trouve ici à s'employer, mais j'ai trouvé prometteur de constater qu'il pouvait aussi accepter des rôles moins bisounours. Fête de famille n'est pas un mauvais film: c'est un film qui démarre bien, mais que je juge imparfait et sans doute un peu trop long. Parmi les choses qui m'ont plu: la gestion de l'espace. Les scènes intérieures sont filmées avec justesse: il arrive ainsi que la caméra laisse l'un des protagonistes sortir du champ pour mieux attirer l'attention sur un autre et rattraper le premier ensuite, par le dialogue ininterrompu. Il y a là un talent, un regard, auquel je suis sensible. C'est d'autant plus savoureux que le récit crée un certain mystère autour d'un film dans le film, dont la leçon serait peut-être justement de ne pas jamais négliger ce qui peut se passer en dehors du cadre...

Fête de famille
Film français de Cédric Kahn (2019)

Ma note est sévère et j'aurais sans doute pu ajouter une demi-étoile. Au moins, le film n'est pas aussi longuet que Les petits mouchoirs ! Derrière Catherine Deneuve, les acteurs secondaires tiennent la route et apportent bien assez de substance pour qu'on s'attarde avec eux. Bon... sur la famille, Une affaire de famille est beaucoup plus subtil. Et franchement, pour un règlement de compte, je préfère Carnage...

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Une anecdote musicale pour finir...
La BO du film tourne pour beaucoup autour de deux belles chansons. C'est ainsi avec plaisir que j'ai entendu Françoise Hardy et Mon amie la rose, ainsi que Mouloudji et L'amour, l'amour, l'amour. Bon choix !

Ah ! J'ai un lien à vous proposer, aussi...
Vous verrez: Pascale et moi sommes sensiblement du même avis.

samedi 28 septembre 2019

Retour sur la Lune

1969-2019: cinquante ans après, on a suffisamment parlé de l'arrivée de l'homme sur la Lune pour que je croie utile d'en ajouter. L'exploit continue cependant de susciter mon admiration sincère et fascinée. C'est pourquoi je suis content d'avoir vu Apollo 11, un documentaire récent sur cette formidable épopée. Three... two... one... décollage !

Je dirais que l'originalité de ce film est d'avoir été tourné à hauteur d'homme. Le long-métrage se déroule sans le moindre commentaire pontifiant: la voix off habituelle est remplacée par les sons originaux de l'époque, avec extraits d'interviews des astronautes, échanges d'information entre leurs ingénieurs, commentaires des médias, etc. Sincèrement, le jargon scientifique est un peu abscons, mais la magie des images suffit à rendre le voyage tout à fait plaisant. Il est clair que le distributeur du film surfe allégrement sur le côté événementiel d'un tel programme: il n'est resté en salles que du 4 au 8 septembre. Une deuxième fenêtre d'exploitation serait-elle prévue ? Je l'ignore...

Ce que je sais, c'est qu'il vaut mieux voir cela sur un écran géant. Cela favorise l'immersion, a fortiori lorsque l'on se retrouve plongé dans le noir. Pour le reste, c'est finalement à de tous petits "détails" que l'on mesure la prouesse réalisée par Neil Armstrong et consorts. Attention: il est préférable de ne pas vous attendre à revoir la Lune comme dans un blockbuster de science-fiction. La réalité historique est parfois moins spectaculaire, ce qui ne veut pas dire qu'elle efface toute émotion. Apollo 11 rappelle à quel point la mission éponyme portait les espoirs d'un peuple et, bien au-delà, d'une assez large part de l'humanité ! Dès lors, cela valait assurément un petit flash-back...

Apollo 11
Documentaire américain de Todd Douglas Miller (2019)

Bon... je suis satisfait d'avoir vu dans des conditions optimales. Diffusées à la télé, ces scènes n'auraient pas le même impact. Maintenant, je suis un peu en peine pour vous dénicher un film comparable, sauf à retourner vers la fiction (et... Seul sur Mars !). Rappel: j'ai consacré toute une chronique à la Lune, en juillet dernier. Vous êtes libres de préférer revoir First man ou La voce della luna...

mercredi 25 septembre 2019

L. A. 1969 (ou pas)

Je voulais voir le dernier film de Quentin Tarantino. Comme la plupart de ceux qui l'ont précédé, Once upon a time in... Hollywood titillait ma curiosité, mais me laissait sceptique sur sa capacité à me plaire. J'ai tenu à dépasser les préjugés et les incertitudes. Je me suis dit qu'il serait encore possible d'en débattre après coup, de toute façon...

Démarrons avec le positif: pour retracer la carrière d'un acteur américain de seconde zone à la fin des années 60, QT a bien fait d'appeler Leonardo DiCaprio. On ne l'avait plus aperçu au cinéma depuis un moment et on le retrouve en pleine forme ! Un premier rôle "partagé": le Rick Dalton qu'il interprète est lui-même indissociable d'un deuxième larron - sa doublure cascades, Cliff Booth. Petit miracle d'équilibre: Leo est en binôme avec Brad Pitt et les deux comédiens se donnent la réplique sans jamais que l'un n'ose supplanter l'autre. Tout le début du film est à leur gloire quasi-exclusive et je dois dire que j'ai jubilé devant cette vraie-fausse reconstitution de la machine hollywoodienne. Tout cela est très documenté... et très divertissant. Bavard aussi, bien entendu, car il est évident que Quentin Tarantino regarde cet univers avec les yeux d'un enfant rêveur. Et j'y trouve largement mon compte, même s'il en fait un poil trop par moments...

Le vrai grand soleil du film s'appelle Margot Robbie. La jeune actrice n'est plus une débutante, mais je la vois encore comme un visage nouveau du cinéma américain d'aujourd'hui. Lui confier la mission d'incarner Sharon Tate, véritable actrice âgée de 26 ans en 1969, était une idée intéressante. Et le fait est qu'elle l'assume avec talent ! Cela étant, c'est aussi ce personnage qui cristallisait mes inquiétudes autour de Once upon a time in... Hollywood. La vraie Sharon Tate ayant été assassinée, je me demandais comment Quentin Tarantino allait traiter ce drame. Je retiens qu'il donne de la comédienne l'image d'une fille sympa, heureuse dans sa vie d'artiste et d'une humilité certaine. Pour critiquer, on pourrait dire aussi qu'il la limite à cela. Est-ce du machisme ? Je ne crois pas, mais je m'attendais à un rôle moins "secondaire" et/ou moins fantasmatique. Bref. Ça reste fun...

L'évidence qui me saute aux yeux, c'est que Quentin Tarantino travaille ses films pour se faire plaisir, quitte à s'offrir parfois quelques séquences inspirées, mais sans grand intérêt pour l'avancée de l'intrigue (laquelle se déroule déjà ici sur deux heures quarante). C'est ce qu'on peut appeler "faire monter la tension", j'imagine. L'honnêteté m'oblige à souligner que le garçon a du savoir-faire. Étirée comme un duel de western italien, l'une des grandes séquences du film voit Booth/Pitt rencontrer une bande de hippies dans un ranch apparemment abandonné, ex-décor de cinéma, sans Dalton/DiCaprio cette fois. Je me disais que ça allait mal finir, mais je me suis laissé surprendre. Bravo ! À d'autres instants, j'ai trouvé que l'empilement d'éléments anecdotiques pouvait finir par être un peu lourd à digérer. C'est une question de dosage, effectivement. À chacun ses limites. Malgré ce bémol, je veux ajouter que je ne me suis jamais ennuyé...

Le truc, c'est que je me doutais bien qu'un film de Quentin Tarantino ne pouvait pas s'achever sans irruption de la violence. L'avalanche d'émotions avait toutes les chances de retomber sur Sharon Tate. Bingo... mais je ne vous dirai pas comment ! Mon ressenti personnel est ambivalent: la conclusion de Once upon a time in... Hollywood reste dans la cohérence de ce que le réalisateur nous avait montré jusqu'alors et je respecte cette vision d'auteur, mais je suis aussi mal à l'aise devant la représentation presque cartoonesque de ce sang versé (surtout lorsque la réalité des faits est clairement altérée). Certes, cela reste du cinéma, mais ce n'est pas tout à fait anodin. Tâchons de retenir les bonnes choses: la - courte - scène gore n'effacera pas toutes les autres, bien foutues et souvent jubilatoires. Oui, je verrai sans doute, à l'avenir, d'autres films de ce satané QT ! Celui-là est le neuvième. Je crois qu'il avait dit vouloir en faire dix...

Once upon a time in... Hollywood
Film américain de Quentin Tarantino (2019)

Même lorsqu'il étale ses innombrables références, le style du cinéaste reste en vérité unique, pour le pire ou pour le meilleur, bien sûr ! Aujourd'hui, je booste un peu ma note: j'ai pris un plaisir indéniable dans la partie "redécouverte de l'industrie cinéma à la fin des sixties". Le reste est du Tarantino assez ordinaire, à mes yeux. Plus mature sûrement qu'un Kill Bill 2 et plus sexy que Les 8 salopards. Ouais... 

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Je n'ai pas tout dit et vous laisse approfondir...

Vous pouvez notamment le faire chez Pascale, Princécranoir et Strum.

mardi 24 septembre 2019

Il bouge encore...

Jean-Pierre Mocky est mort, mais son cinéma va lui survivre. Un film posthume - Tous flics ! - devrait sortir sous peu (en décembre ?). Difficile d'être sûr de mes sources, mais il semblerait que le cinéaste se soit inspiré du mouvement des Gilets jaunes. J'ai d'ailleurs appris qu'il avait prévu une scène avec Emmanuel Macron ! On verra bien...

Si je suis prudent avant d'affirmer quoi que ce soit, c'est simplement parce que JPM n'était pas le dernier à alimenter sa propre légende. Lorsqu'il nous a quittés, il y avait toujours des doutes sur son année de naissance: c'était en 1929, une date que le cinéaste lui-même avait modifiée, afin de pouvoir continuer à bénéficier d'un contrat d'assurance professionnel ! Il était aussi prévu qu'il tourne un film avec Gérard Depardieu, mais le projet aura donc finalement capoté. Vrai ou pas, il se disait également en attente d'un soutien financier pour un autre long-métrage pour lequel il savait déjà pouvoir compter sur deux acteurs de choix, à savoir... Woody Allen et Clint Eastwood !

Comme eux, Jean-Pierre Mocky avait la peau dure, mais la maladie est finalement venue contrarier ses derniers rêves d'artiste. J'imagine que j'aurai bien mille autres occasions de revenir sur la carrière incroyable d'un homme qui, à partir de 1999, se jugeait underground. C'est que le succès n'a pas toujours été au rendez-vous, loin de là. Propriétaire d'un cinéma parisien entre 1994 et 2011, Mocky disposait encore d'un bon carnet d'adresses, mais le public le boudait copieusement - son dernier relatif "succès", Le furet, sorti en 2003 avec Michel Serrault et Jacques Villeret, ne fit que 57 000 entrées. Cela dit, au moins aura-t-il eu le courage de travailler jusqu'au bout...

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Bon... il y aurait sans doute beaucoup à ajouter..

J'ai encore tout à apprendre et suis donc preneur de vos suggestions !

lundi 23 septembre 2019

Tous pourris !

Avais-je déjà vu l'un de ses films ? Pas sûr. Il se peut donc tout à fait que Y a-t-il un Français dans la salle ? soit mon premier Mocky. Pleurerai-je désormais le réalisateur disparu le 8 août ? Non. Disons que je serai assez curieux de voir quelques autres de ses oeuvres. Mais commençons par évoquer celle que j'ai découverte récemment...

Y a-t-il un Français... colle plutôt bien à l'idée que je m'étais faite du style Mocky. J'imaginais du cinéma sans concession avec la morale et "brut de décoffrage". Tiré d'un roman de Frédéric Dard et adapté avec lui, le scénario nous entraîne ici dans les pas d'un homme politique visiblement sûr de lui, mais que la mort d'un vieil oncle semble fragiliser. Dans le rôle, Victor Lanoux m'a d'emblée surpris. Cela dit, ce n'est qu'un seul des visages connus de ce long-métrage particulièrement riche côté casting: en têtes d'affiche, on retrouve aussi Jacqueline Maillan, Dominique Lavanant, Andréa Ferréol, Emmanuelle Riva, Jacques Dutronc, Michel Galabru, Jean-Luc Bideau, Jean-François Stévenin, Jacques Dufilho ou François Cavanna. Ouf ! Avoir su fédérer cette incroyable troupe est déjà un bien bel exploit...

Le résultat ? Un fameux pudding de cinéma. Les adeptes de la retenue passeront le chemin, sauf s'ils tiennent absolument à s'encanailler dans les grandes largeurs. La France de 1981-1982 ici reconstituée n'est presque qu'une accumulation de pervers sexuels et d'arrivistes minables, hommes et femmes confondus. Si le personnage principal ne découvrait pas soudainement l'amour et du même coup l'envie furieuse de s'extraire du marigot, on verrait de la merde partout. Pardonnez-moi cette expression, mais elle est plutôt dans le ton. Maintenant, mon point de vue: dans l'outrance, le film est réussi. Toutefois, devant le défilé des horribles et des crétins, je vous avoue que j'étais parfois proche de la saturation. Y a-t-il un Français... n'est ni cynique, ni dénonciateur: juste froid face à la vulgarité ambiante. Cela en déroutera certain(e)s et en détournera d'autres. Mais, sincèrement, je comprends tout à fait que l'on puisse aimer ça !

Y a-t-il un Français dans la salle ?
Film français de Jean-Pierre Mocky (1982)

Avec ce titre qui semble s'adresser au public, le long-métrage secoue férocement les consciences et semble s'en faire une joie. Démarche politique ? Peut-être, mais alors en mode anar sans illusion collective et potentiel coupeur de tête. On a le droit de préférer les charges moins vitriolées, comme celle de Jean Gabin dans Le président. L'exercice de l'État est un autre des bons films sur la geste politique.

vendredi 20 septembre 2019

Chez le voisin

Alex, mon voisin de palier, est un vieux monsieur très sympathique. Au début de Barracuda, Guillaume Canet se prépare à emménager dans son nouvel appart et est invité à dîner par son voisin de palier qui est, lui aussi, un vieux monsieur très sympathique. J'ai plongé dans le film, tête baissée, pour le plaisir de revoir Jean Rochefort...

Une seule image dans cette chronique, afin de ne rien dévoiler d'essentiel. Vous noterez sa bizarrerie, je suppose: Jean et Guillaume sont donc attablés, en "compagnie" d'un mannequin de magasin. Autant vous le dire: Barracuda est un film tout à fait singulier. C'est le premier long de son auteur: jusqu'alors, Philippe Haïm était connu comme compositeur de cinéma, avec une petite dizaine de BO derrière lui. Son passage derrière la caméra n'est pas indigne d'intérêt dans la mesure où, justement, l'intrigue est tout à fait inattendue...

Très sincèrement, je crois que tout cela est à double tranchant. Barracuda vous accroche d'emblée ? Il devrait alors vous intéresser jusqu'au bout et, je pense, vous plaire. Il nous ouvre en fait la porte d'un imaginaire, avec ce que cela comporte d'original et de déroutant. Si cela ne mord pas aussitôt, il se peut que vous traversiez le film comme un moment pénible. Pour ma part, j'ai trouvé Guillaume Canet correct, mais sans plus, comme d'habitude, finalement. La prestation de Jean Rochefort rattrape tout: un impressionnant numéro d'acteur !

Franchement, j'aimerais entrer dans les détails, mais je crois préférable d'aborder tout cela sans a priori. Un indice: le scénario traite - entre autres - de l'ultra-moderne solitude des citadins. Attendez-vous à être secoués ! Pour ma part, je l'ai été avec plaisir. Je regrette simplement que le casting se réduise rapidement à un duo certes complémentaire, mais qui ne devient jamais vraiment un trio avec le personnage féminin principal. Il manque un peu de sève. Reste qu'un tel film de genre n'arrive pas si souvent sur nos écrans...

Barracuda
Film français de Philippe Haïm (1997)

Un conclusion sous forme de satisfecit: je me suis plutôt bien amusé. 99% du film se déroule à huis-clos: si ce type d'ambiance sait titiller votre fibre cinéphile, un Panic room ou un Paranormal activity pourrait vous plaire également (dans des univers bien différents). Côté français, désolé, je ne trouve pas d'équivalent. Je reste ouvert aux propositions de votre part, avec si possible un peu de frissons...

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Ah ! Une précision sur les acteurs...
Je parle de "vieux monsieur", mais Jean Rochefort n'a ici que 67 ans. Guillaume Canet, lui, seulement 24, mais une carrière déjà lancée...

mercredi 18 septembre 2019

Soyons solidaires !

Un tout petit mot aujourd'hui pour vous encourager à aller au cinéma. Depuis aujourd'hui et jusqu'à mardi prochain inclus, les instances représentatives du septième art en France ont décidé d'offrir un euro aux Restos du coeur pour toute place achetée. Cette somme modeste n'est en rien dérisoire: elle correspond en effet à un repas entier. L'année dernière, les Restos en ont distribué 130 millions: c'est dire combien ils restent utiles, 34 ans après leur lancement par Coluche. Pour lire un max d'infos, il suffit d'un clic sur www.restosducoeur.org !

lundi 16 septembre 2019

Les deux du musée

Parce que le théâtre ne lui a jamais vraiment réussi, Franck décide d'en finir avec sa carrière de metteur en scène. Ses amours culturelles le poussent alors à devenir... gardien de musée ! Plutôt bien accueilli par ses collègues, il s'attire pourtant - et sans raison - les foudres d'une autre agente: Sibylle. Mais, au final, la belle va le surprendre...

Bon... je n'avais rien lu de très élogieux sur Je promets d'être sage. C'est en fait la perspective de retrouver le sympathique Pio Marmaï dans le rôle principal qui m'aura finalement poussé à franchir le pas pour une séance cinéma en compagnie de mes parents. Et ? Le bilan n'est pas très bon: le film s'avère assez dispensable, même si le fait qu'il s'agisse d'un premier long-métrage m'incite à la mansuétude. D'une manière générale, j'ai trouvé que tout cela était bien trop long à se mettre en place avant une conclusion précipitée (sinon bâclée). Autre bémol: les personnages secondaires sont quasi-fantomatiques. Vous l'aurez compris: la déception pointe du coup le bout de son nez...

La folie douce du personnage de Léa Drucker aurait mérité mieux. Plusieurs critiques que j'ai pu lire analysent le film comme le récit d'une rencontre - fort improbable - entre deux inadaptés sociaux. Admettons: il y a effectivement une part de vérité. Il est regrettable que le scénario n'aille pas plus loin et... reste sage, effectivement. Après, je n'ai rien vu de honteux là-dedans, hein ? Je veux dire aussi que j'ai apprécié la toute fin, avec quelques belles images tournées quelque part sous le soleil du Portugal (chuuuuut, pas de spoilers !). Dans l'ensemble, l'accueil réservé à ce modeste projet franco-français n'est pas mauvais. Et, l'ai-je déjà dit ? Le duo vedette tient la route. L'alchimie n'était pas gagnée d'avance, mais oui, cela fonctionne. Parfois, il faut, je crois, savoir ne pas trop en demander au cinéma...

Je promets d'être sage
Film français de Ronan Le Page (2019)

Ma note est un peu sévère, mais je crois qu'elle est également juste. Encore une fois, tout cela manque de rythme (et de consistance). D'aucuns ont cru pertinent de tracer un parallèle entre les personnages ici présents et ceux des films de Pierre Salvadori. Cela se tient ! J'aimerais revoir Les apprentis pour mieux en juger. Je vous renvoie pour l'instant à d'autres opus: Cible émouvante, Dans la cour, etc...

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Si ma chronique ne vous a pas convaincus...

Je vous rappelle que vous n'êtes plus qu'à un clic de celle de Pascale.

dimanche 15 septembre 2019

Un tableau volé ?

Zut ! J'ai vite oublié les détails de L'affaire Chelsea Deardon. Ce film se déroule dans l'univers des galeries artistiques (et les années 80). La jeune héritière d'un peintre décédé dans un incendie redécouvre dans une galerie un tableau qui lui avait été offert. Son avocate convainc le procureur de collaborer pour que puisse surgir la vérité...

Bon... la vérité, c'est que j'ai regardé le film pour Robert Redford. Heureusement que ce n'était pas dans l'espoir de voir une chronique judiciaire réaliste ! L'affaire Chelsea Deardon m'est en fait apparu comme un divertissement honnête, sans éclat, mais sans prétention. Avec amusement, je me suis dit qu'il avait été imaginé pour la gloire de sa vedette masculine: sur l'affiche française, ce très cher Bob affiche un sourire bien plus resplendissant que celui des comédiennes installées avec lui, la brune Debra Winger et la blonde Daryl Hannah...

La nostalgie des eighties n'est plus (toujours) ce qu'elle était. Sorti temporairement de l'oubli, ce long-métrage pourrait y retourner illico sans que ce soit un scandale. Pourtant, je ne veux pas être méchant avec lui: ma passion pour le cinéma s'accommode très bien, de temps à autre, de ce genre de "petits" films. L'affaire Chelsea Deardon conserve tout de même quelques qualités pour une soirée relax. Wikipédia le classe parmi les "comédies policières". Je précise juste qu'il n'est pas utile de connaître le droit américain pour comprendre...

L'affaire Chelsea Deardon
Film américain d'Ivan Reitman (1986)

C'est une évidence: arrivé après Out of Africa dans la longue carrière de Robert Redford, ce modeste long-métrage n'a pas le même impact. C'est vrai que j'espérais mieux, mais je ne suis pas VRAIMENT déçu. Vous cherchez un meilleur plan pour infiltrer les prétoires américains ? Je conseille plutôt L'idéaliste ou le classique 12 hommes en colère. Avec le respect que je dois à Ivan Reitman, depuis S.O.S. fantômes !

samedi 14 septembre 2019

Tout un fromage

Un enchevêtrement de fils de pêche translucides. De petits morceaux de miroir. En complément: du ruban adhésif et du polytéréphtalate d'éthylène. Des rideaux de douche pour enrober le tout. Il paraîtrait qu'avec ces divers ingrédients, on peut fabriquer une fausse rivière. La recette émane des animateurs de mon film du jour: Les Boxtrolls !

Dans une Angleterre victorienne de fantaisie, les habitants de la ville imaginaire de Cheesebridge se délectent des fromages les plus variés et tâchent de protéger leurs enfants d'étranges créatures nocturnes censées vivre sous terre. Ils se souviennent qu'un bébé fut kidnappé voilà longtemps déjà et font confiance aux notables qui leur assurent que tout danger n'est pas nécessairement écarté. Cet argument scénaristique se déroule sans grande surprise, mais sans réel temps mort: sur environ cent minutes, Les Boxtrolls ne m'a jamais ennuyé. J'ai apprécié ce récit, tiré des Chroniques de Pont-aux-Rats, un roman d'aventures du britannique Alan Snow. Voilà, je n'en sais guère plus...

Si ! Je peux vous dire que l'animation est réussie selon la technique toujours très utilisée du stop motion. En clair, l''image de synthèse cède sa place à des objets bien réels, dotés de volumes. Ces derniers sont légèrement déplacés entre deux prises de vue pour créer l'illusion du mouvement. À raison de 24 images par seconde, c'est du boulot ! Du boulot payant, en fait, puisque, comme d'autres films d'animation d'inspiration voisine, Les Boxtrolls possède un charme bien à lui. Plutôt destiné aux enfants, il n'a connu en France qu'un succès modeste, avec un peu plus de 470.000 entrées lors des trois semaines de son exploitation en salles (97ème place du millésime). Dommage...

Lex Boxtrolls
Film américain de Graham Annable et Anthony Stacchi (2014)

Un bel exemple de ce qu'on peut faire de sympa avec le stop motion. Sans en ajouter, c'est ce que je retiendrai de ce divertissement familial de bonne facture. Vous voudriez en voir d'autres ? Il y en a ! De mémoire, Coraline (du même studio Laika) est un peu plus dark. Je préfère L'étrange Noël de Monsieur Jack ou Wallace et Gromit. Un dernier tuyau: ne négligez pas Chicken run et Fantastic Mr. Fox !

jeudi 12 septembre 2019

Un peu de piquant

Il faut croire qu'écrire des choses drôles conserve. Auteur de théâtre français né en 1923, Pierre Barrillet n'est décédé qu'en janvier dernier. Jean-Pierre Gredy, son associé, vit le jour en Égypte en 1920 et est toujours vivant ! Fleur de cactus, une pièce de 1964, triompha à Paris et Broadway, juste avant d'être adaptée au cinéma !

Parce qu'il ne veut pas se marier, Julian Winston, dentiste réputé, prétend à sa jeune amante... qu'il l'est déjà. La belle, bien plus jeune que lui, supporte mal d'être délaissée, tente un suicide au gaz, s'endort vaguement et est finalement sauvée par son voisin de palier. Pourtant, elle reste accrochée à ses illusions avec Docteur Quenottes. Lequel tente de convaincre sa secrétaire dévouée de l'aider à prouver qu'il a bel et bien déjà un engagement ferme avec femme et enfants. Bon... voilà un bon petit vaudeville. Rien d'absolument incontournable sans doute, mais un petit bonbon charmant et vintage, à l'immoralité douce. J'y ai pris un plaisir certain. Conseil: ne boudez pas le vôtre...

Si le couple premier formé par Walter Matthau et une Goldie Hawn débutante vous laisse froid, je précise que le rôle de la blondinette convint l'Académie de lui donner un Oscar dès son premier essai, tout de même ! Toujours hésitants ? Vous serez peut-être ravi de croiser Ingrid Bergman dans un parfait contre-emploi de "vieille fille". Pourquoi ai-je mis des guillemets ? Parce que c'est plus compliqué. Rassurez-vous: c'est toujours divertissant et, de fait, assez enlevé. Fleur de cactus accuse le poids des ans, mais reste très regardable pour qui ne s'attend pas à voir la meilleure comédie hollywoodienne classique. Vous l'aurez compris, non ? Je n'ai nulle envie de chipoter...

Fleur de cactus
Film américain de Gene Saks (1969)

J'ai vu tout cela sur une proposition de ma maman: bon plan ! Franchement, j'ai passé un moment sympa et j'ai souvent souri. Anecdote amusante: il existe une autre adaptation de la pièce originelle, sortie en 2011 sous le titre Le mytho (ou Just go with it). Sur l'adultère, Sept ans de réflexion est quand même plus savoureux. Vous préférez une autre dose de Barillet / Gredy ? (Re)voyez Potiche !

lundi 9 septembre 2019

Vers la lumière

Vous vous méfiez des biopics ? Moi aussi. Un film "issu d'une histoire vraie" m'a tout de même séduit cet été. Je le défendrai aujourd'hui comme une oeuvre cinématographique passée (un peu) inaperçue. D'ailleurs, moi-même, je ne me suis pas précipité pour voir Yuli. J'ignorais TOUT du personnage-clé: le danseur cubain Carlos Acosta...

Avant de devenir un grand nom de l'art chorégraphique, cet artiste désormais âgé de 46 ans était un enfant d'origine modeste. Fasciné par le Brésilien Pelé, il se rêvait footballeur, mais son indiscipline conduisit finalement son père à l'inscrire dans une école de danse. Avec très probablement quelques facilités, mais sans angélisme d'aucune sorte, Yuli nous rappelle que son jeune personnage découvrit donc son talent... sous la contrainte ! Ce parcours étonnant valait bien qu'on s'y arrête deux petites heures durant: il est source d'émotions indiscutables, d'autant que le film accorde un large espace à la danse elle-même, sans céder donc toute la place aux dialogues...

L'autre excellente idée, c'est d'avoir collaboré avec un Carlos Acosta brillant dans son propre rôle, à l'âge adulte évidemment. La réalité réécrite s'écarte parfois des événements véritables, mais qu'importe. Finalement, les choses vraies reconstituées sont assez nombreuses pour offrir un beau souffle au récit, sans écarter toutefois la poésie profonde des quelques très belles séquences chorégraphiées. J'ajoute que la musique emporte le tout et qu'il est bon d'entendre ainsi quelques morceaux originaux d'Alberto Iglesias, un grand compositeur espagnol (et le complice régulier de Pedro Almodovar depuis 1995). Dans sa construction même, Yuli m'est apparu comme une oeuvre singulière. Le fait est que j'en garde un souvenir profond et durable. Un petit clin d'oeil conclusif aux trois personnes qui l'ont vu avec moi !

Yuli
Film hispano-cubain d'Icíar Bollaín (2018)

Vous vous souvenez de Billy Elliot ? Vous aviez aimé ce joli film britannique ? Celui d'aujourd'hui lui est comparé, mais je le trouve meilleur encore (sans aucun doute parce qu'il est "authentique"). J'ajoute avec bonheur son nom derrière ces grands films dansés référentiels: Chantons sous la pluie, Les chaussons rouges ou Le roi et moi. Au rayon cinéma récent, on devance largement Black swan...

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Si vous voulez suivre d'autres pas...

Je vous recommande de prolonger votre tour de piste chez Pascale.

vendredi 6 septembre 2019

Encore une bougie !

L'avez-vous lue ? Y avez-vous répondu ? En février dernier, Dasola publiait sur son blog une chronique évoquant son rapport à la lecture. Je l'ai adaptée au cinéma pour célébrer avec vous... les douze ans atteints ce vendredi par Mille et une bobines. Je veux remercier chaleureusement celles et ceux d'entre vous qui y participent parfois !

Non sans humour, interrogeons-nous sur le côté maladif de la chose ! Voici donc douze symptômes d'origine littéraire repris chez Dasola...

1 - Refus d'abandonner un film à la moitié...
Je regarde toujours les films jusqu'au bout. Générique compris.

2 - Acheteur de films compulsif...
En DVD, je me suis calmé. Je continue d'aller beaucoup au cinéma.

3 - Amnésie associée au visionnage de films...
Je ne crois pas que cela m'arrive, malgré quelques "trous" possibles.

4 - Tenir un journal de films...
C'était en fait la toute première fonction de ce blog. Ça continue...

5 - Être rebuté par le battage médiatique...
Cela peut m'arriver, mais généralement, le buzz ne me dérange pas.

6 - Culpabilité associée au temps de cinéma...
Culpabilité, non, mais conscience que ça m'occupe beaucoup... oui !

7 - Prêter des films qu'on ne me rend pas...
C'est le risque à courir, mais il va... dans les deux sens. Hum...

8 - Tendance à regarder des films plutôt que de vivre...
N'exagérons rien !

9 - Être séduit par de nouveaux films...
Inévitablement. Encore et encore. Et en restant curieux des anciens.

10 - Submergé par le nombre de films chez moi...
Pas quand même ! Mais ça peut donner cette impression, c'est vrai...

11 - Incapacité à retrouver un film...
Cela m'arrive rarement: ma collection est assez bien organisée.

12 - Ne pas savoir quels films apporter en vacances...
Faute de DVD dans mes valises, je me contente des sorties cinéma...

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Vous souhaitez prolonger le débat ?
Pas de problème, au contraire: ce serait avec grand plaisir. Maintenant, de mon côté, je m'arrête là jusqu'à lundi. Bon week-end !

jeudi 5 septembre 2019

L'amour ou l'oubli

Je n'aime pas les films larmoyants, mais je peux aimer un film triste. Vous voyez la nuance ? Tout est question de "dosage", en réalité. Parfois, je me décide presque à pile ou face et je fais donc confiance au film d'un soir pour tomber du bon côté, malgré mes hésitations. Bonne nouvelle du jour: c'est ce qui s'est passé avec Coming home...

Je vous épargnerai donc mon habituel couplet sur la banalité absolue du titre anglais de ce beau film chinois. Clairement, la traduction littérale - De retour à la maison - n'apporte rien de plus. Autant dire tout de suite que le scénario de ce long-métrage tourne effectivement autour d'un retour: celui d'un homme enfermé dix ans dans un camp de prisonniers lors de la période maoïste et qui s'efforce de rentrer chez lui après s'être évadé. Problème: si son épouse paraît troublée lorsqu'elle apprend la nouvelle, sa fille, danseuse, s'imagine dénoncer cet homme qu'elle a peu connu... et qui risque dorénavant d'attirer sur elle les foudres du parti unique. J'ai trouvé Coming home étonnant de liberté (et de courage !) pour une oeuvre chinoise. Précision: s'il a échappé à la censure et a failli représenter son pays aux Oscars, rien n'a finalement été simple. À vérifier sur Wikipédia car, pour ma part, je souhaite n'en parler que sur le plan artistique...

Cela peut aller assez vite, du coup: j'ai vu un très beau mélodrame. Sans vous expliquer tout en détail, je veux vous dire que le scénario rebondit après l'évasion, d'une façon que je n'avais pas anticipée. C'est à partir de ce rebond, qui fait suite à de longues minutes d'exposition, que Coming home est le plus vibrant, le plus intéressant aussi. Les acteurs, très inspirés, y sont pour beaucoup. Gong Li dessine un portrait de femme avec une impressionnante sensibilité. Pour vous convaincre, je dirai en outre que ses deux partenaires principaux - Chen Daoming qui joue le mari et Zhang Huiwen la fille - sont eux aussi excellents. Sur le plan formel, la qualité du travail effectué saute aux yeux: c'est bel et bien une sublime reconstitution. La musique, elle, ajoute un gros plus à l'émotion: mention spéciale pour une scène de piano sans parole, qui m'a laissé sans voix ! Retenez que je chronique ce film le 5 du mois et découvrez la suite...

Coming home
Film chinois de Zhang Yimou (2014)

Depuis l'Occident, on dit parfois que ce réalisateur est l'artiste officiel du régime chinois, car il semble en général plus soutenu qu'inquiété pour ses créations. Je ne polémiquerai pas aujourd'hui, vu que le film est parvenu à me toucher (ce qui est, je crois, sa vocation première). Après, Adieu ma concubine est certainement plus fort. Et ce film méconnu qu'est 11 fleurs vaut probablement un détour, si possible...

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Un petit mot encore...
Vous en lirez d'autres chez Pascale. Les images sont chez Ideyvonne !

mercredi 4 septembre 2019

Un tigre en prime

Restons encore un peu à Manhattan, d'accord ? La ville (imaginaire ?) de Comme des bêtes 2 ressemble énormément à la Grosse Pomme. Hein ? C'est New York ? Possible, mais j'ai déjà oublié si c'est précisé dans le film ou non. Et, très franchement, on s'en moque un peu ! L'essentiel n'est pas là, en réalité, et je ne veux guère m'appesantir...

Cette suite donnée au premier épisode - sorti il y a trois ans - regroupe plusieurs petites histoires en une. Il y est toujours question d'animaux intelligents: Max et Duke, les braves cabots du volet précédent, voient Katie, leur propriétaire, se marier et avoir un bébé. Bientôt, ils vont découvrir une terre inconnue dans une campagne jugée fort peu hospitalière, tandis que Gidget, chienne esquimau, s'associera avec Chloé, une chatte obèse, et Snowball, un lapin nain plutôt excité, pour retrouver un jouet perdu et sauver un jeune tigre blanc des griffes d'un méchant propriétaire de cirque à l'accent russe et lui-même secondé par... une meute de loups ! Vaste programme...

Soyons clairs: je pense que tout cela s'adresse plutôt aux enfants. Inutile donc d'aller y chercher un second degré quelconque en mesure d'emballer les plus grands: ce serait, je le crains, tout à fait vain. Comme des bêtes 2 ne dépasse guère la promesse de son titre programmatique. L'avantage, c'est que l'on sait d'avance qu'attendre du spectacle proposé: un simple divertissement à la saveur popcorn. Pour qui accepte ce postulat, tout se passera dans des conditions décentes: il n'y a absolument pas tromperie sur la marchandise. Détail amusant: en VO, on entend, entre autres, la voix de Harrison Ford ! En VF, on se contentera de Philippe Lacheau et Karine Le Marchand...

Comme des bêtes 2
Film américain de Chris Renaud et Jonathan del Val (2019)

Pas grand-chose de plus à signaler (ou à montrer) sur ce film basique et extrêmement prévisible: c'est l'un de ces dessins animés estivaux ordinaires dont j'ai parlé hier. Allez... je vous précise quand même que j'ai rédigé une chronique sur Comme des bêtes premier du nom. Le studio Illumination me séduit davantage avec ses productions barrées (cf. Moi, moche et méchant 2). Et Le Grinch reste sympa...

mardi 3 septembre 2019

Plume agile

Il ne faut pas désespérer de l'été ! Les habitués des salles obscures savent qu'à la saison chaude, les blockbusters "inondent" les écrans. Cela en arrive au point qu'il est parfois difficile de voir autre chose qu'un dessin animé ou qu'un énième film de superhéros. La sortie estivale d'un film comme Les faussaires de Manhattan est à saluer...

Sous ce titre français un peu foireux se cache une étonnante histoire vraie: celle de Lee Israel. Cette auteure américaine (1939-2014) s'est spécialisée dans les biographies. Son relatif succès a fait long feu quand le scénario commence: elle se décide alors à rédiger des textes plus faciles à vendre, à savoir de fausses lettres d'écrivains célèbres. Une combine d'abord menée en solo, mais à laquelle elle va associer un type encore plus paumé qu'elle, homosexuel et alcoolique. J'avoue humblement qu'avec Melissa McCarthy en tête d'affiche, j'ai bien failli me détourner de ce que je pensais être une comédie lourdingue. J'aurais alors commis une erreur: si certaines séquences sont drôles et pour tout dire caustiques, le ton général du long-métrage l'oriente plutôt vers le drame. Les faussaires de Manhattan a su me cueillir...

L'actrice principale n'est pas seule, bien sûr: dans le premier rôle masculin, Richard E. Grant restera pour moi l'une des révélations marquantes de cette année de cinéma. La minutieuse reconstitution du New York du début des années 90 apporte aussi un supplément d'âme à cette production extrêmement soignée (je n'ai pas dit lisse). Clairement, Les faussaires de Manhattan est également un film intimiste ou disons un film d'ambiance, qui distille son charme délicat par petites touches et sans jamais sombrer dans le vulgaire pathos. Nommé trois fois aux Oscars le 24 février dernier, il est reparti bredouille et n'est ensuite sorti que très tardivement dans les salles françaises. Croyez-moi: il aurait assurément mérité un meilleur sort. Oui, cette "true story" est tout à fait digne d'une audience plus large !

Les faussaires de Manhattan
Film américain de Marielle Heller (2018)

Vous l'aurez donc compris: cette histoire d'escroquerie m'a bien plu. Évidemment, ce n'est pas la première fois que le cinéma américain nous propose de nous attacher à de tels personnages "ambigus". L'arnaque aurait-il défini le genre ? Euh... il faudrait que je le revoie pour être catégorique. Du côté des films français, Au revoir là-haut reste un (bon) exemple récent de l'association tromperie / tragédie...

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Si vous voulez d'autres arguments positifs...

Je vous invite à aller les chercher du côté de chez Pascale ou Dasola.

lundi 2 septembre 2019

Chasse au monstre

La Palme d'or qu'il a reçu cette année nous invite à nous pencher aussi sur ses autres films. Courts-métrages exceptés, Bong Joon-ho en est aujourd'hui à sept... et, depuis un moment, je voulais voir The host. Au rayon du cinéma de genre, cet opus vient s'ajouter à la longue liste des films de monstre. Il le fait même avec une indéniable efficacité...

Dans un laboratoire (secret ?) de l'armée américaine, un scientifique exige de son collaborateur qu'il vide un stock de produits chimiques dans le tout-à-l'égout, alors qu'il est bien conscient qu'ils vont aboutir au fond d'une rivière voisine. Six années plus tard, l'heure est venue de payer l'addition de ce crime contre l'environnement: une créature sort de l'eau et s'attaque à un groupe de curieux, après que certains lui ont jeté de la nourriture depuis les berges du fleuve pollué. Bientôt, c'est le chaos et la zone est - mal - sécurisée par une armée assez inefficace. Le scénario se resserre alors autour d'une famille unique, dont la plus jeune représentante a été enlevée par la bête. Commence alors une course-poursuite dont je vais évidemment taire le déroulé: c'est à vous de le découvrir ou non, selon votre affinité possible pour ce type d'histoires. C'est également avec cette volonté de ne pas gâcher votre surprise que j'ai choisi d'illustrer mon propos par des images peu explicites. Le film fait le contraire: le monstre apparaît en effet en pleine lumière dès les toutes premières minutes !

Je l'ai dit et je le répète: The host est un film efficace. Les effets spéciaux sont réussis et je dois dire que j'aurais aimé voir le résultat sur écran géant pour mieux ressentir le frisson que procure généralement ce type de programmes. Bien des critiques soulignent que l'un des talents de Bong Joon-ho est de mélanger les genres. Assertion que je peux confirmer: le film que j'ai choisi de présenter aujourd'hui n'est pas exactement ce que j'appellerais un blockbuster ordinaire. Ainsi, au coeur de la peur qu'il est censé susciter, il reste de la place pour d'autres émotions et même... pour le (sou)rire ! C'est avec justesse qu'on remarquera que les protagonistes ici mis en scène sont issus d'une classe sociale peu favorisée, ce qui n'est pas anodin pour un film qui montre également une présence militaire étrangère dans un pays souverain et des militants étudiants écolos en colère. Chacun reste alors libre de prendre tout cela au degré de son choix ! Évidemment, les geeks devraient se délecter, mais je crois vraiment qu'il y a là de quoi convaincre un public plus large et prêt à trembler...

The host
Film sud-coréen de Bong Joon-ho (2006)

Pari réussi pour ce long-métrage, même s'il n'atteint pas les sommets de Memories of murder (2003) et Parasite (2019), les deux chefs d'oeuvre du réalisateur. D'autres monstres sont à retrouver du côté des États-Unis avec Cloverfield et sa non-suite, 10 Cloverfield Lane. Par souci d'originalité, vous préférerez peut-être l'étonnant Colossal ! Sauf si vous privilégiez Sans un bruit, dans l'attente d'un numéro 2...

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Attention à ne pas confondre...
The host est également le titre original d'un film de science-fiction avec Saoirse Ronan. En France, il s'appelle Les âmes vagabondes.

Vous voudriez en savoir davantage ?
Pas de souci: vous avez le choix, tant le film a su faire parler de lui. Parmi ses exégètes: Pascale, Sentinelle, Princécranoir, Strum et Lui

dimanche 1 septembre 2019

Vengeance ouvrière

Une même thématique réunit le film que je vais évoquer aujourd'hui et celui que j'ai présenté hier: le profond ressentiment des employés d'une entreprise à l'égard de leur patron. Nous changeons d'horizon géographique: cette fois, nous partons en Russie, auprès des ouvriers d'une usine condamnée, à très court terme, à l'arrêt de la production !

Sous l'impulsion soudaine d'un dur à cuire revenu de toutes les guerres passées, un groupe de six hommes se forme et choisit de faire bloc dans son refus de ce destin funeste. La solution alors envisagée consiste à kidnapper le big boss et à demander une rançon suffisante pour ensuite pouvoir couler une retraite paisible, à l'abri du besoin. Vous imaginez bien que ce ne sera pas si simple: dans la petite bande qui s'est formée, certains ne sont nullement habitués au maniement des armes, que d'autres estiment indispensables à la bonne exécution du plan commun. Factory ne se développe donc pas comme un film social: c'est en fait un thriller sur fond de crise économique, doublé d'une oeuvre coup-de-poing sur le fléau de toutes les corruptions. Notons donc qu'il s'inscrit dans un genre habituel pour le réalisateur...

Yuri Bykov ne souhaite pas voir son travail exploité à des fins politiques. Dans l'index dédié, à droite, vous pourrez aussi retrouver la référence de ses deux autres longs-métrages sortis dans les salles françaises (son tout premier restant à ce jour inédit). Au petit jeu des comparaisons, je dirais que Factory est un peu moins intense. Possible aussi que ce soit parce que je suis désormais plutôt habitué à ce type de scénario que j'ai trouvé ce nouvel opus plus convenu. Cela étant dit, je me suis pas ennuyé une seconde: le long-métrage reste généreux en rebondissements et son excellente mise en scène parvient sans difficulté à rendre toute l'affaire vraiment crédible. Côté décors, c'est bien simple: on s'y croirait ! Logique: le tournage s'est déroulé sur un véritable site industriel, en périphérie de Moscou. Le récit n'est pas daté, mais on pense inévitablement à la situation actuelle de la Russie, un pays où ce type même de cinéma "critique" n'est plus subventionné par les autorités publiques. Le film a obtenu cependant l'appui de producteurs à l'étranger - français et arméniens !

Factory
Film russe de Yuri Bykov (2019)

Le (relatif) manque de surprises ne m'empêchera pas de vous parler de ce film comme d'une réussite. J'ai notamment aimé que la fin ressemble au début, comme pour mieux "boucler la boucle". J'insiste pour dire que The major et L'idiot ! du même Bykov valent le détour. Sur les conséquences d'un licenciement, Les neiges du Kilimandjaro ou Deux jours, une nuit témoignent d'une autre vision. Encore que...

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D'autres retours à trouver sur la Toile ?
Oui, au moins un: celui de Pascale, qui se montre très enthousiaste ! Dasola est venue juste après: elle exprime sa satisfaction, elle aussi.