samedi 20 décembre 2025

À l'année prochaine !

Certains disent qu'après avoir tout créé, Dieu a décidé de se reposer au septième jour. OK, on n'est pas dimanche, mais vous aurez noté que j'en suis tout de même à ma dixième chronique en douze jours. C'est immodeste, sans doute, de le faire remarquer, mais je profite de l'occasion pour vous annoncer... que je m'octroie une petite pause.

Blague à part, ce simple billet est mon 200ème texte de l'année 2025 ! Je ne sais pas quels films je verrai ces jours prochains, mais je reste convaincu que les Fêtes de fin d'année peuvent être une période propice à l'expérience joyeuse et sans cesse renouvelée du cinéma. L'idéal étant de la partager, évidemment, et, si possible, de l'associer à d'autres bonheurs, que nous soyons seuls ou (bien) accompagnés. 2026 arrivera ensuite - et bien assez tôt pour les bonnes résolutions. Personnellement, sans renier le septième art, je peux vous avouer que j'aimerais bien enfin retrouver durablement le goût de la lecture. Nous en reparlerons - ou pas - à la reprise des Bobines, début janvier. NB: les commentaires restent ouverts à toutes vos envies d'échange. Et voilà... je vous souhaite LE MEILLEUR pour cette fin de décembre !

vendredi 19 décembre 2025

Un autre fleuve noir

Cinq, c'est beaucoup ? Vous trouvez ? C'est le nombre de films chinois que j'ai vus au cours de l'année (un record personnel). Mes escapades cinématographiques s'arrêteront aujourd'hui sur Only the river flows. Filmé en 16mm, il a reçu le Prix du jury au festival Reims Polar 2024. Un détail: l'intrigue, elle, nous invite à revenir trente ans en arrière...

On pourrait parler d'un polar, mais sachez-le: le réalisateur s'y refuse. "Je ne cherche pas à m’inscrire dans un genre particulier", dit-il. N'empêche: c'est bien de meurtres dont il est question dans ce récit retors, aux contours incertains. Impatient surtout de voir sa brigade récompensée pour son efficacité, le chef de Ma Zhe compte sur lui pour boucler rapidement l'enquête lancée après la découverte du corps d'une vieille femme sur le bord d'une rivière. La pauvre grand-mère hébergeait un type à l'esprit dérangé. Le parfait bouc-émissaire ? Oui.

Mais, bientôt, les faits viennent contrecarrer les conclusions hâtives. C'est là que j'ai (un peu) décroché: misant sur un décorum poisseux que j'avais déjà vu dans le cinéma chinois, Only the river flows s'ingénie à brouiller les pistes et suggère alors que son personnage principal, hanté par les images, devient fou à essayer de comprendre. Le fait est qu'il subit une double pression: à celle de sa hiérarchie s'ajoute celle de sa femme - à vous de découvrir les circonstances. Aïe ! Je n'ai pas ressenti beaucoup d'empathie pour ces personnages. Résultat: malgré ses belles qualités formelles, le film m'a laissé froid. L'atmosphère "à la Lynch" du final m'a plu, mais reste insuffisante pour me convaincre d'avoir vu une oeuvre véritablement audacieuse. Ce n'est pas grave: j'en verrai d'autres, venues d'ailleurs ou de Chine !

Only the river flows (边的错误)
Film chinois de Wei Shujun / 2023
Vous l'aurez compris: j'en attendais mieux. D'autres évoquent le poids d'une possible censure, évitée grâce au choix de déplacer le scénario dans le passé (et de situer l'action loin des grandes entités urbaines). Pour ma part, j'ai mieux apprécié Black coal et Une pluie sans fin. De nombreux cinéphiles estiment que la référence du polar asiatique reste coréenne et citent le génial Memories of murder. Et moi aussi !

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En France, mon film du jour a connu un relatif succès critique...

Vous pourrez le vérifier avec les avis de Pascale, Princécranoir et Lui. Au box-office, en revanche, c'est la cata: pas plus de 53.212 entrées. Cela dit, il n'y que deux films chinois qui ont fait mieux cette année...

jeudi 18 décembre 2025

Danses sous l'orage

Le chiffre est effrayant: 246%. C'est le pourcentage d'augmentation des hospitalisations, cette dernière décennie, de filles de 10 à 14 ans atteintes de troubles psychiques, en France. Une statistique révélée au public à la toute fin du premier film d'Isabelle Carré: Les rêveurs. L'adaptation de son livre du même nom (en partie autobiographique) !

Élisabeth est encore une jeune adolescente quand un premier chagrin d'amour la conduit dans un établissement de soins conçu pour la prise en charge d'enfants de son âge, victimes d'une quelconque pathologie mentale ou en situation de détresse psychologique. C'est petit à petit qu'elle sort de sa coquille, sympathise avec une gamine aussi brune qu'elle est blonde, Isker, et un joli coeur d'à peine 12 ans, Arnaud. Ensemble, ils suivent leur thérapie (ou pas) et, une fois la confiance établie, parlent librement de ce qu'ils préfèrent cacher aux adultes. Parfois, et quand ça leur chante, ils participent à un atelier-cuisine plutôt rébarbatif ou sourient à la comédienne venue à leur rencontre. Les rêveurs ? Ce sont les autres, qui s'imaginent que la vie est facile. Je tiens à vous rassurer: le film, lui, parvient à conserver un ton optimiste, même s'il fait état de réalités absolument inadmissibles ! À ce jour, l'hôpital public n'accueille en réalité qu'un enfant sur deux...

Isabelle Carré parle d'elle, certes, mais s'ouvre aux autres et je pense que c'est avant tout ce que je vais retenir de son premier passage derrière la caméra (notez cependant qu'elle a aussi un petit rôle). J'apprécie cette actrice, tant pour sa douceur que pour son humilité. Des valeurs une nouvelle fois mises en avant dans ce long-métrage touchant, qui s'illustre également par quelques belles idées formelles comme l'envol symbolique, à plusieurs reprises, de simili-oiseaux. Dans Les rêveurs, vous entendrez également d'agréables musiques originales, écrites par Benoît Carré (ex-Lilicub et frère aîné d'Isabelle) ou empruntées à Zaho de Sagazan - comme le titre de ma chronique. J'ai bien failli passer à côté de ce très joli témoignage d'empathie collective, encore sublimé par quelques visages familiers du cinéma français: Alex Lutz, Nicole Garcia, Bernard Campan... entre autres. N'oublions pas l'actrice principale: Tessa Dumont Janod fait preuve d'une remarquable sensibilité pour sa première apparition à l'écran. Isabelle Carré l'a souligné: "J'ai eu l'impression de me voir à son âge" !

Les rêveurs
Film français d'Isabelle Carré / 2025
Ce serait a priori une bonne idée d'aller voir ce film avec des ados tourmentés, qui pourraient se dire que, finalement, ils sont normaux et en tout cas pas plus bêtes que les autres. La magie du cinéma. D'autres, affectés d'un handicap physique, devraient aimer Patients. Mes rares films de référence sur la dépression ont des sujets adultes. La preuve par trois: Melancholia - Le complexe du castor - Swallow.

mercredi 17 décembre 2025

Un Danois à Paris

Classer les arts dans un ordre déterminé a longtemps fait débat. J'imagine que vous savez que le cinéma est très fréquemment cité comme le septième. Vous connaissez le premier ? C'est l'architecture ! Un film récent - L'inconnu de la Grande Arche - me donne l'occasion d'y réfléchir. Mais évidemment, je veux surtout en parler avec vous...

1983. La France est placée sous la présidence de François Mitterrand. Ignoré des radars médiatiques, un certain Johan Otto von Spreckelsen vient juste de remporter le concours international d'architecture lancé pour la construction d'un grand immeuble de bureaux dans le quartier de la Défense, à Paris. Attention: il lui faudra respecter la perspective historique, dans l'axe notamment du Louvre et des Champs-Élysées. Au départ, il s'agit en fait de bâtir le siège du Carrefour international de la Communication (CICOM), un établissement public que la droite refusera finalement de créer après son retour au pouvoir, en 1986. Soutenu par le président, Von Spreckelsen s'accrochera à la volonté manifeste de ce commanditaire pour lui donner entière satisfaction. Naturellement, ce ne sera pas aussi simple qu'il avait pu l'imaginer. L'inconnu de la Grande Arche fait écho aux très nombreux obstacles placés sur sa route. Et qu'il affrontera avec une réelle intransigeance !

Un acteur que je ne connaissais pas - Claes Bang - m'a paru très juste dans ce rôle d'honnête homme, contrarié et entravé par des enjeux politico-économiques qui le dépassent. Le film dit une chose exacte sur son parcours: avant le chantier parisien, il n'avait guère dessiné que sa propre maison et quatre églises au Danemark, loin des regards neutres ou hostiles de ses confrères français. En évitant tout pathos inutile, L'inconnu de la Grande Arche montre qu'il a dû composer avec des partenaires ambigus, porteurs d'injonctions contradictoires. Pour l'artiste qu'il était, la situation est vite devenue insupportable. C'est ce qui donne de la force et de la pertinence aux personnages qu'incarnent Xavier Dolan et Swann Arlaud, excellents en conseillers officiels et presque rivaux. C'est peut-être également ce qui explique pourquoi le scénario donne aussi une telle importance à Liv, la femme de l'architecte, un beau rôle confié à la Danoise Sidse Babett Knudsen. Je vous rassure: pas besoin de comprendre l'art de bâtir pour suivre. Et, si vous êtes paumés, vous pourrez toujours consulter Wikipédia...

L'inconnu de la Grande Arche
Film français de Stéphane Demoustier / 2025

Avec un Michel Fau dans le costume de "Tonton", ce long-métrage nous replonge avec bonheur dans cette douce France des années 80. C'est un film sur l'art, sur la politique et sur les relations complexes qu'ils entretiennent parfois. Un fait dont on avait eu un autre aperçu en 2024 avec Megalopolis, film controversé de Francis Ford Coppola. J'aurais en outre pu citer The brutalist et son héros (très) tourmenté.

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D'autres avis sur la question ?

Oui, tout de suite ! Vous pouvez consulter ceux de Pascale et Dasola. Celui de Benjamin est arrivé plus tard et mérite aussi qu'on s'y arrête.

mardi 16 décembre 2025

Marivaudages ?

Je me suis rendu compte il y a peu que le nombre des films allemands que je découvre chaque année augmente constamment depuis 2021. Ma germanophilie s'arrêtera aujourd'hui sur la case Le ciel rouge. Autant vous en aviser tout de suite: cet opus ne m'a guère séduit. Pire encore, après les vingt premières minutes, je m'ennuyais déjà...

Deux amis s'installent dans une maison au bord de la mer Baltique. Felix doit préparer le portfolio qui complètera son dossier d'admission aux Beaux-Arts. Leon, lui, a besoin d'un endroit calme pour corriger les épreuves de Club Sandwich, son nouveau roman. Un "problème" survient lorsque les deux garçons comprennent que le havre de paix qu'ils ont rejoint est déjà occupé par Nadja, une fille de leur âge. Insouciante saisonnière, elle y invite même Devid, un maître-nageur sauveteur avec qui, deux nuits durant, elle fait bruyamment l'amour. Comme je vous le disais d'emblée, tout cela m'a paru peu intéressant. À vrai dire, ce que ce film est supposé raconter m'a en fait échappé...

Je n'ai pas compris - ou su comprendre ? - à quel point Le ciel rouge était ancré dans une réalité concrète ou, au contraire, une dimension fantastique. Ses personnages se confrontent à une menace tangible représentée par des feux de forêts, mais un dialogue explique vite que, de par son emplacement géographique, leur lieu de retraite devrait demeurer à l'abri des flammes. C'est sans inquiétude réelle que nous pouvons donc observer les très vagues interactions sociales entre Nadja, Felix, Leon et Devid (avec un E est-allemand, paraît-il). D'aucuns ont affirmé qu'il s'agissait de jolis marivaudages: j'en ai vu de plus intéressants ! Et l'optimisme censé ressortir de cette histoire lors de sa conclusion ? Il n'est pas flagrant. Bref, malgré mon intérêt pour ce qui nous arrive d'Allemagne, je ne ressens qu'une déception...

Le ciel rouge
(Roter Himmel)
Film allemand de Christian Petzold / 2023

C'est vrai: ma note est très sévère. J'aurai peut-être dû me méfier d'un opus comparé à ceux de feu Éric Rohmer, qui plus est applaudi par Télérama et Cahiers du cinéma (entre autres médias laudateurs). J'ai un peu retrouvé le ton distancé de Septembre sans attendre. Phoenix, également réalisé par Christian Petzold, me convient mieux par son aspect romanesque, je pense. J'y reviendrai, oui, peut-être...

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Et en attendant que j'y revienne, donc...

Vous pouvez lire les avis (mitigés) de Pascale et de "L'oeil sur l'écran".

lundi 15 décembre 2025

Un problème de taille

J'ai changé d'avis. Au départ, quand j'ai entendu parler de la sortie d'un remake de L'homme qui rétrécit, je me suis dit qu'il serait bien de voir d'abord le film de 1957, lui-même adapté d'un livre... de 1956. Et, finalement, après quelques jours, la version 2025 m'a fait envie. C'est mon premier Jan Kounen - avec Jean Dujardin dans le rôle-titre !

Paul, la cinquantaine, vit avec sa femme (Élise) et leur fille (Mia) dans une jolie maison au bord de la mer. Famille heureuse, histoire ordinaire d'une routine agréable. Seul nuage à l'horizon: le chantier naval que dirige Paul n'a qu'un client - qui tarde à payer ses factures. Soucieux, le chef d'entreprise commence à psychoter sévère un matin quand il se rend compte qu'il flotte dans sa belle chemise bleue. Madame suppose qu'il a maigri, mais lui constate que ses membres sont visiblement trop courts pour remplir ses vêtements. Un examen médical confirme qu'il est moins lourd et plus petit qu'il le supposait. Et le phénomène s'amplifie: bien qu'en parfaite santé, Paul rapetisse.

*** ATTENTION, POSSIBLES SPOILERS ***
L'homme qui rétrécit
brode alors deux fils narratifs. Le premier s'appuie - avec une voix off parfois un peu insistante - sur la psyché d'un type lambda qui s'interroge sur ce qu'est véritablement la vie humaine. Conclusion: devant l'immensité, nous sommes minuscules. Vous auriez tout à fait raison de penser que c'est loin d'être un scoop ! Je dirais même que, là-dessus, le film évolue en terrain ultra-balisé...

Un beau jour, les choses évoluent (un peu) lorsqu'un bête accident laisse croire à Élise et Mia que Paul a fini par totalement disparaître. Erreur: il est toujours tout proche, dans leur cave, mais les escaliers qui permettent d'en sortir sont devenus beaucoup trop hauts pour lui. Commence alors la deuxième partie du long-métrage: tout en gardant son orientation métaphysique, il devient aussi un vrai film de survie. Je préfère ne pas vous citer l'ensemble des périls que le héros affrontera et, bien sûr, je ne dirai rien du résultat de ses efforts. L'homme qui rétrécit me paraît tout à fait digne de votre attention. Bon... sans mauvais jeu de mot, je vois bien que c'est un petit film. Son grand mérite à mes yeux est de ne pas prétendre le contraire. Esthétiquement soigné, il s'appuie aussi sur des effets spéciaux réussis (et des incrustations apportant une touche rétro bienvenue). Vous voulez chipoter ? Quelques incohérences émaillent le scénario. Qu'importe: avec la musique d'Alexandre Desplat, son final m'a cueilli. Il replace une parole réconfortante face au grand mystère de l'univers.

L'homme qui rétrécit
Film franco-belge de Jan Kounen / 2025

Il n'y a pas de pur génie dans cette histoire, mais un sens du cinéma fantastique qui me plaît bien, malgré les grosses ficelles et coutures apparentes. Certes omniprésent, Jean Dujardin me semble meilleur dans ce registre que dans d'autres rôles où il enchaîne les pitreries. Bref... j'ai préféré ce film à Downsizing, un peu trop "scientifique". Pour Matt Damon en super-débrouillard, autant revoir Seul sur Mars !

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Parlerai-je un jour du film de 1957 ? Oui, peut-être...

D'ici là, si vous voulez un autre avis, je vous suggère celui de Pascale.

samedi 13 décembre 2025

De feu et de glace

19 mai 1942. Albert Camus n'a que 29 ans quand son premier roman paraît chez Gallimard. Je n'ai pas ressenti de plaisir à sa lecture. Aujourd'hui, c'est bien du film L'étranger que je veux vous parler. Enfin... de celui qui est sorti fin octobre, puisque Luchino Visconti avait réalisé une première adaptation, dès 1967. Retournons à Alger !

Dans cette version, c'est Benjamin Voisin qui prête son détachement et ses traits à Meursault, ce jeune anti-héros que Camus lui-même avait refusé de voir apparaître à l'écran. Je trouve presque logique que son prénom reste inconnu, comme si rien ne le rendait unique. Meursault, en fait, est un banal employé de bureau, en 1938. Sa mère vient de mourir: c'est un télégramme du directeur de son asile (oui !) qui lui apprend. Sans émotion apparente, il fait un aller-retour rapide dans une autre ville - Marengo, l'actuelle Hadjout - pour la cérémonie religieuse, la veillée mortuaire et l'enterrement. Il refuse de dîner malgré une proposition en ce sens, boit un café, fume une cigarette et reste insensible au chagrin des autres, avant de très vite repartir dans la capitale. Le lendemain, il va à la plage et y croise une femme avec qui il travaillait trois ans auparavant. Le début d'une liaison. Marie dit qu'elle l'aime. Et Meursault, lui, juge cela "sans importance".

L'étranger
... même après avoir vu le livre, je dois bien reconnaître que le sens de ce titre m'échappait encore. Je l'ai longtemps entendu au tout premier degré: dans cette Algérie encore sous domination française, Meursault se trompait totalement en croyant être chez lui. Le film m'a éclairé: abandonnant la narration à la première personne du roman, il montre un personnage étranger... à tout. Sa mère morte ne l'émeut pas. L'envie de mariage de sa compagne ? Pas davantage. Bientôt, il va "tuer un Arabe". Et alors ? C'est "à cause du soleil". Ressent-il seulement des remords ? Ou des regrets ? Non: "De l'ennui". À beaucoup des questions à son sujet, il répond: "Je ne sais pas". Meursault suit le mouvement. Quand il n'y en a pas, il reste statique. Cette "tendre indifférence du monde" décrite par Camus lui suffit. Hiératique, Benjamin Voisin incarne intelligemment ce personnage peu aimable, mais plus complexe qu'il n'y paraît ! À vous de le juger...

Si le film a attiré mon attention, c'est aussi parce que je suis curieux de ce que François Ozon, le réalisateur, peut nous offrir au cinéma. Dix autres de ses films ont été chroniqués sur les Bobines: son travail m'intéresse, donc, et me fait presque toujours me déplacer en salles. Cette fois, j'étais d'avance enchanté à l'idée de retrouver des acteurs que j'aime beaucoup - Rebecca Marder, Pierre Lottin et Swann Arlaud. En prime, Ozon a su réunir d'autres talentueux visages familiers comme Denis Lavant, Christophe Malavoy et Jean-Charles Clichet. Sans en oublier d'autres, dont j'ignorais tout jusqu'alors, à l'image d'Abderrahmane Dehkani (en photo ci-dessus) et Hajar Bouzaouit. Tout ce beau monde est encore magnifié par la photo en noir et blanc du Belge Manuel Dacosse - sa cinquième collaboration avec Ozon. J'insiste: c'est l'une des plus belles images que j'ai vues cette année. Quand la forme rejoint à ce point le fond, je suis toujours extatique !

Je ne serai pas étonné que L'étranger récolte quelques César 2026. D'aucuns lui reprocheront peut-être un certain "académisme", le fait d'adapter un tel classique de la littérature étant peut-être plus simple que de partir d'une page blanche du côté du scénario. Bien des articles que j'ai lus expliquent toutefois que Camus était jugé inadaptable. Certains disent que même le maestro Visconti a "raté son coup". N'ayant pas pu voir cette version italienne, avec Marcello Mastroianni dans le rôle-titre, je ne peux guère conclure sur ce point aujourd'hui. Restons-en au film de 2025: il m'a paru riche des idées de sa source écrite, qu'il cite d'ailleurs abondamment - et souvent littéralement. Malgré cela, il m'est apparu comme une oeuvre toujours pertinente dans notre 21ème siècle, abordant frontalement des sujets majeurs comme la justice, le racisme, la violence, la sexualité... et d'autres encore, largement transposables dans notre époque. Le fait même que l'intrigue se déroule en Algérie fait sens, compte tenu de ses liens étroits (et parfois douloureux) avec la France. Il est bien d'en parler...

L'étranger
Film français de François Ozon / 2025

J'ai été bavard, OK, mais c'est à la hauteur de mon enthousiasme. Même s'il ne sera pas forcément MON film de l'année, il est certain que j'ai pris un grand plaisir (sensoriel et intellectuel) avec cet opus. Je trouve désormais très difficile de le comparer avec un autre. J'aimerais aller à Alger et peut-être ensuite revoir de très bons films tels Des hommes et des dieux, Les roseaux sauvages ou Le repenti !

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Maintenant, si vous voulez aller plus loin...

Je vous conseille de lire les avis de Pascale, Dasola et Princécranoir. Et le roman ? Oui, bien sûr - j'ai l'impression de mieux le comprendre.

jeudi 11 décembre 2025

Déraison et sentiments

Aujourd'hui, deux films qui ne se ressemblent pas, mais ont un point commun: la liaison entre une femme - d'un âge adulte - et un garçon adolescent. Avis aux pudibonds: il sera question d'amour ET de sexe. Ce n'est pas tous les jours que ces situations sont placées au coeur d'un scénario de cinéma ! Et on a le droit de préférer s'en détourner...

May December
Film américain de Todd Haynes / 2023
Vous lisez toujours ? Parfait. Je vous parle d'abord de Gracie et Joe. Elle approche de la soixantaine et lui a "seulement" 36 ans. Vingt ans plus tôt, ils ont été surpris dans l'arrière-boutique du magasin d'animaux où ils travaillaient, en pleine relation charnelle. La presse s'est emparée de l'affaire, qui a valu à Gracie une peine de prison. Après cela, hop ! Joe et elle... se sont mariés et ont eu trois enfants !

L'histoire de May December commence quand Elizabeth, une actrice de sitcoms qui incarnera bientôt Gracie à l'écran, vient la rencontrer pour mieux la connaître. Bon... je vous laisse découvrir la manière dont le coucou va ainsi s'intégrer au quotidien de sa famille d'accueil. Intelligent, le film repose bel et bien sur un suspense enthousiasmant. Orienté autour de ses personnages féminins, il bénéficie des talents conjugués de Natalie Portman et Julianne Moore, assez remarquables. Problème: le côté sulfureux prend progressivement le pas sur l'aspect troublant et, d'un point de vue moral, le film s'avère assez racoleur. Ce qu'il montre à la fin laisse imaginer que le réalisateur se croit au-dessus d'un certain cinéma - une posture plutôt condescendante. Dommage, sachant qu'au départ, il avait bien réussi à m'embarquer...

(+) D'autres avis chez Pascale / Strum / Benjamin / Elle et Lui. Constat d'évidence, a posteriori: tout cela est loin de faire consensus.

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The reader
Film (germano-)américain de Stephen Daldry / 2008

Cette histoire-là est adaptée d'un roman (publié en 1995) de l'écrivain allemand Berrnhard Schlink, né en juillet 1944. Le réalisateur anglais maintient le récit dans son environnement premier et nous faisons avec lui la connaissance de Michael, un ado de la fin des années 50. Malade au retour de l'école, il reçoit l'aide d'Hannah, une trentenaire. Sitôt guéri, il la retrouve pour la remercier... et en tombe amoureux.

L'appétit sexuel des deux personnages aurait alors pu orienter le récit vers quelque chose de très scabreux, autour d'une passion interdite. Seulement voilà... un beau jour, Hannah disparaît, corps et biens. Michael, devenu un étudiant en droit, ne la retrouve que des années plus tard, lorsqu'un prof emmène sa classe assister à un procès criminel. Je n'en dirais pas plus ici: ce serait atténuer la portée philosophique de The reader, fiction basée sur des faits historiques particulièrement sensibles. Sachez-le: c'est un bel ouvrage. L'occasion de découvrir David Kross, un jeune acteur allemand d'une justesse admirable, mais aussi de revoir à l'oeuvre des comédiens confirmés comme Ralph Fiennes et Bruno Ganz. Et c'est bien sûr Kate Winslet qui aimante la caméra, son rôle ici lui offrant trois récompenses majeures en 2009: le Golden Globe, le BAFTA et finalement l'Oscar ! De petites scories "hollywoodiennes" n'atténuent en rien la puissance du film. Mon seul regret: la version originale est, bien sûr, en anglais.

(+) D'autres avis chez Pascale / Dasola / Benjamin / Lui (tout seul). Vincent, quant à lui, avait choisi d'en retenir une image particulière...

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Pas grand-chose à ajouter aujourd'hui...

Je vous laisse donc reparler de votre opinion sur ces longs-métrages. Et en suggérer d'autres comparables - si vous jugez la chose possible !

mercredi 10 décembre 2025

Bates repetita

Certains films d'Alfred Hitchcock me mettent vraiment mal à l'aise. Ce n'est pas le cas de Psychose (1960), un thriller que je considère comme un superbe classique, mais aussi et surtout un très grand film d'épouvante. Aujourd'hui, j'évoquerai Psycho, son remake "officiel" sorti presque quatre décennies plus tard. Il m'a bien moins emballé...

Un mot sur l'histoire (identique). Jeune femme frivole, Marion Crane fréquente un homme endetté et rêve d'une vie nouvelle. Son patron l'apprécie et la charge de déposer à la banque 400.000 dollars en cash. Marion décide alors de fuir avec l'argent pour rejoindre son amant. Chemin faisant, elle s'arrête au motel Bates: un choix mal inspiré ! Ceux qui ont vu le Hitchcock savent, bien entendu, de quoi je parle...

Qu'on l'ait aimé ou non, je suis convaincu qu'on n'oublie pas ce film originel une fois qu'on l'a découvert. Et on peut bien s'en contenter ! Psycho est réputé le reproduire plan par plan et je dois reconnaître que l'exercice de style m'avait rendu curieux. Le passage à la couleur allait-il rendre le récit encore plus éprouvant à suivre ? Eh bien... non. Le casting est bon, dans son ensemble: Anne Heche, Vince Vaughn, Julianne Moore, Viggo Mortensen et William H. Macy font leur job. J'ai juste trouvé qu'ils étaient un peu caricaturaux, avant de me dire que c'est peut-être pile ce qu'on leur avait demandé. Le copier-coller supposé n'a en tout cas pas été de mise ! On peut d'ailleurs s'amuser au jeu des sept différences avec le travail de leurs prédécesseurs. Tout cela demeure toutefois d'un intérêt fort discutable, je trouve. Par moments, cette version 1998 m'a même paru un brin vulgaire. Comme si on voulait se moquer du maître du suspense ou démontrer que son talent pour susciter la peur n'était en fait que très limité. Reste l'impact du scénario qui, lui, résiste encore au temps qui passe.

Psycho
Film américain de Gus van Sant / 1998

Un bilan en demi-teinte. C'est avec joie que je défends d'autres films malaimés du cinéaste, mais cette fois, je ne perçois pas sa logique. Historiquement, il a d'ailleurs dû batailler pour imposer ses vues ! J'insiste: autant voir le Psychose de 1960 - au moins pour débuter. Les thrillers haletants sont nombreux et j'aime aussi les films parano tels Conversation secrète et Blow out. Un vaste pan du cinéma US...

mardi 9 décembre 2025

Du collectif à l'intime

Je n'ai aucun doute: sur le papier, le monde du travail et les inégalités sociales peuvent nourrir bien des scénarios de cinéma. Je dois dire que j'avais eu l'idée de rapprocher deux films sur ces thématiques. L'envie m'est finalement passée et je n'en ai donc vu qu'un seul. Partie remise (peut-être) pour l'autre. Et voici d'abord... Les braises !

S'agit-il d'évoquer un feu qui couve et qui ne demande qu'à repartir ? Ou bien de parler d'un autre, qui s'éteint doucement ? Il est possible que j'aie mal compris le titre de ce film, sorti début novembre. Virginie Efira incarne une employée d'usine, que l'on découvre mariée depuis vingt ans et mère de deux ados. Sa petite famille ne roule pas sur l'or, mais elle semble avoir une vie paisible et assez confortable. Karine, cependant, rejoint et fédère un petit groupe de Gilets jaunes. Sa situation dégénère un jour, après quelques frictions avec la police. La jeune femme voit son mari, amoureux, mais chef d'une entreprise en difficulté, s'inquiéter des risques encourus à (trop) se "radicaliser".

C'est, il me semble, le sujet du long-métrage, intelligent et bien joué. Arieh Worthalter prend de fait une place de plus en plus importante dans ce rôle d'époux préoccupé par la situation. D'où une question essentielle qui vient relayer celle de la justice sociale: un couple sincère peut-il véritablement perdurer si l'une et l'autre des personnes engagées suivent des chemins différents pour chercher le bonheur ? Chacun jugera de la manière dont Les braises répond. Ma déception personnelle, relative, vient du fait que cette interrogation légitime efface l'approche sociétale que le film semblait privilégier au départ. Le résultat n'est donc pas inintéressant, mais disons... un peu bancal.

Les braises
Film français de Thomas Kruithof / 2025

Bon... j'en attendais autre chose, mais je n'ai rien vu de déshonorant. Une semi-réussite, en résumé: il manque un je-ne-sais-quoi de fort et/ou de percutant pour me toucher vraiment. Un peu plus d'attention portée aux personnages secondaires, sûrement, et donc aux Gilets jaunes que j'imaginais être collectivement les personnages du film. Dans ce genre, Les neiges du Kilimandjaro est une bonne référence !

lundi 8 décembre 2025

Aux origines

Trois jours... c'est le temps écoulé depuis ma précédente chronique. Et aussi celui que j'ai pris pour voir un autre film (très différent) après Les aventures du prince Ahmed. J'aime faire durer l'émotion ressentie à chaque fois que je découvre un film muet et juge parfois que le cinéma "non-parlant" reste trop rare sur Mille et une bobines...

En cette période de fin d'année, ces pensées me ramènent également vers le bon souvenir de l'expo Enfin le cinéma ! - organisée au Musée d'Orsay (Paris) et dont je vous avais parlé... il y a bientôt quatre ans. Le septième art nous a depuis bien longtemps habitués aux images mobiles, mais je suis toujours ravi de m'instruire et de m'émerveiller sur les techniques "primitives", y compris d'avant les frères Lumière. Avis aux érudits: toute info est vraiment susceptible de m'intéresser. J'aime beaucoup partager ce que j'ai pu apprendre dans ce domaine. Quand le ferai-je la prochaine fois ? Je suis incapable de répondre. Promis: si une occasion se présente, c'est avec joie que je la saisirai. Je doute qu'une telle opportunité survienne avant 2026, à vrai dire. Je sais déjà en revanche que mon film de demain n'aura rien à voir...

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Bon... et ma photo du jour, alors ?

Elle émane d'un précurseur anglais du cinéma: Eadweard Muybridge. Vous l'avez peut-être vue dans Nope de Jordan Peele (2022). Un film récent qui raconte N'IMPORTE QUOI à son sujet. Vérifiez vos sources !

vendredi 5 décembre 2025

Un voyage en féérie

Toute cinéphilie est je crois faite d'agréables surprises, d'impressions confortées et de belles retrouvailles. Mon film d'aujourd'hui entrera dans la deuxième catégorie: j'avais d'emblée un bon feeling à l'idée de découvrir Les aventures du prince Ahmed... et cela s'est vérifié. Il faut dire que je l'ai vu sur grand écran ! Et en version ciné-concert !

J'étais de plus très bien accompagné pour découvrir cette perle rare conçue il y a presque un siècle. Ses admirateurs la présentent parfois comme le tout premier long-métrage d'animation - au niveau mondial ou européen, selon leur niveau d'expertise (et/ou d'enthousiasme). Plongés dans l'univers des Mille et une nuits, nous sommes invités dans un royaume imaginaire dont le calife célèbre son anniversaire. Pour l'occasion, un étonnant mage africain lui offre un cheval volant. Le fils du calife, le prince Ahmed, est ébahi et grimpe sur l'animal. C'est ainsi qu'il scelle le sort de sa soeur, la "richesse" que le mage réclame en échange, et se trouve lui-même projeté dans les cieux. Après quelque temps, le voilà arrivé au lointain pays de Wak-Wak ! C'est là qu'il rencontre Pari Banu, une reine dont il tombe amoureux...

Vous verrez: cet icroyable univers est par ailleurs peuplé de monstres gigantesques et de démons prêts à traquer les intrus. Il y en a assez pour nous fasciner pendant une heure et six minutes, à la condition d'accepter de retrouver un peu de notre âme d'enfant. Je veux revenir sur le fait que Les aventures du prince Ahmed demeure un film impressionnant sur le plan technique, compte tenu de son ancienneté. Sa conception aurait demandé plus trois ans d'un travail titanesque ! Tout ou presque est fait à partir de silhouettes de papier découpées et sur le principe des ombres chinoises - la grande Chine impériale étant d'ailleurs l'un des pays que les personnages auront à arpenter. C'est peut-être là que se joue le miracle: nous sommes en territoire fantastique, mais aussi en terrain connu. Bref, en plein rêve éveillé...

Aux côtés d'Ahmed et au gré des cinq courts épisodes d'une narration magique, vous aurez notamment la joie de rencontrer une sorcière bienveillante, ainsi que sa soeur Dinarsade et le noble Aladin, équipé de sa lampe. Cet Orient idéalisé compte aussi son lot de bons génies. Même s'il est effrayant parfois, il pourrait encore plaire aux marmots du 21ème siècle ("à partir de cinq ans", d'après les Fiches du cinéma). Il faut bien sûr se réjouir que cette fantasmagorie leur soit accessible aussi longtemps après qu'elle a été créée et alors que les vicissitudes de la guerre ont bien failli la voir disparaître dans le Berlin bombardé des années 40. Une copie fut heureusement retrouvée entre les murs du British Film Institute, en 1954, et restaurée / complétée en 1999. Une année-symbole, où sa géniale créatrice aurait fêté ses cent ans...

Il y aurait beaucoup à raconter sur Lotte Reiniger, cette Allemande née sous le règne de Guillaume II, hostile aux Nazis et contemporaine de l'éphémère République de Weimar, devenue citoyenne britannique. Elle s'était liée d'amitié avec Louis Jouvet et Jean Renoir, paraît-il. Ce n'est pas mon sujet aujourd'hui, mais j'en reparlerai certainement si j'ai d'abord l'occasion de voir d'autres oeuvres de celle qui fut prof de cinéma d'animation, en Europe et aux États-Unis, avant sa mort survenue dans son pays d'origine, à l'aube du beau printemps 1981. Pour l'heure, je me contente de voir Les aventures du prince Ahmed comme son héritage le plus précieux. Sous réserve, donc, d'un avis différent après l'examen du reste de son travail (sur six décennies). Rien ne doit vous interdire d'user et d'abuser de cette force féérique !

Les aventures du prince Ahmed
(Die Abenteuer des Prinzen Achmed)
Film allemand de Lotte Reiniger / 1926

Nous avons vraiment de la chance que ce film ait traversé le temps. Je courais depuis longtemps après cette merveille et je suis heureux de l'avoir enfin rattrapée ! Ses filtres colorés sont vraiment propices au rêve, tels ceux de Jo Limonade - sans autre comparaison possible. J'ai aussi repensé au réalisateur Karel Zeman (cf. Le baron de Crac). Georges Méliès n'est pas loin. Et Alice Guy, autre pionnière, non plus !

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Pour finir, une mention spéciale...

Je félicite et remercie Marie et Erwan, de la compagnie Intermezzo. Avec la complicité de Florent, un autre musicien, et de leur équipe technique, ce sont eux qui ont permis ce grand moment que j'ai vécu. Vous voulez rencontrer de beaux artistes ? Ceux-là méritent le détour.

mercredi 3 décembre 2025

Et soudain, l'horreur...

J'ai lu dernièrement un article qui estimait à environ 4.000 le nombre de films tournés à Hollywood et évoquant les peuples amérindiens. J'ignore en revanche quelle proportion repose sur des clichés racistes. Soldat bleu, censé les éviter, ne le fait toutefois pas complètement. Disons qu'il vient peut-être rétablir une certaine forme "d'équilibre"...

J'utilise des guillemets ? Oui, parce que le film s'ouvre sur une attaque conduite par des Cheyennes contre une colonne de l'armée américaine convoyant de l'or à destination d'un fort isolé. Une vraie boucherie. N'en réchappent qu'un jeune troufion peu expérimenté et une femme supposément partie pour rejoindre son fiancé. Cette violente scène inaugurale laisse alors place au récit picaresque de la longue errance commune de deux êtres que tout (ou presque) semble devoir opposer. Surprise: Soldat bleu nous offre même quelques scènes assez drôles !

Candice Bergen et Peter Strauss (photo) s'en sont donné à coeur joie. Reste qu'avant même les premières images, un carton nous a permis d'anticiper une suite moins joyeuse, où l'homme blanc venu d'Europe s'avérera au moins aussi barbare que celui qu'il appelle Peau rouge. Au moment de la sortie du film, certains critiques ont fait un parallèle avec le massacre de Mÿ Lai, un crime de guerre dont les troupes US se sont rendues coupables au Vietnam. Ce n'est pas tout: le scénario de Soldat bleu s'appuie aussi sur des actes commis un gros siècle auparavant, à l'automne 1864, à Sand Creek, dans l'actuel Colorado. Une horreur qui ne fut jamais sanctionnée à la hauteur de sa gravité. Je ne vous apprendrai pas qu'une partie de l'Amérique d'aujourd'hui prospère sur un cimetière indien ! Cela porte malheur, dit-on. Mais...

Soldat bleu
(Soldier blue)
Film américain de Ralph Nelson / 1970
Un opus imparfait, dur à regarder sans frémir, mais je crois sincère. Inutile de le nier: je vous vois venir, avec Danse avec les loups. Promis: je reviendrai un jour sur cette référence de mon adolescence. D'ici là, pour la culture amérindienne, voyez les films de Chloé Zhao comme Les chansons que mes frères m'ont apprises ou The rider ! Hostiles peut être un plan B. À moins de remonter à Little big man...

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Et en complément, sur le film d'aujourd'hui...

Sa chronique est notamment disponible du côté de "L'oeil sur l'écran". Et quelques mots aussi chez Pascale, côté pile, et Vincent, côté face.

lundi 1 décembre 2025

Deux filles en fuite

Ruben Amar et Lola Bessis, ça vous dit quelque chose ? Ce couple avait cosigné un premier long-métrage sorti il y a déjà onze ans. Après Swim little fish swim, on le retrouve actuellement en salles avec un tout nouvel opus (du même format): j'ai nommé Silver star. Un film qui compte non pas UNE, mais bien DEUX héroïnes féminines !

Bonnie sort de prison et, pour gagner de quoi vivre, ne peut compter que sur sa participation comme figurante à de vagues reconstitutions de la guerre de Sécession. Franny, enceinte, est l'une des monitrices d'un club d'aquagym pour les seniors, mais se retrouve sans ressource quand elle en est licenciée. Les chemins des deux jeunes femmes restent relativement éloignés jusqu'à ce que la première nommée braque une banque et couvre sa fuite en prenant la seconde en otage. Commence dès lors une cavale, aux conséquences imprévisibles. Enfin... c'est simple, au fond: Silver star n'est pas d'une originalité folle, mais il pourrait vous plaire si vous vous attachez aux filles. L'une est mutique, l'autre volubile, mais sortir de leur vie de galère réclame probablement de la confiance et une solidarité réciproque. Arriveront-elles à s'entendre ? Le scénario repose sur cette question. C'est à vous de le découvrir, désormais. Ou pas, selon vos envies. Grace van Dien et Troy Leigh-Anne Johnson sont les meilleurs atouts de ce petit road movie indé que je n'avais vu venir. Eh oui, ça arrive !

Silver star
Film français de Ruben Amar et Lola Bessis / 2025

Oui... le titre reprend l'intitulé d'une prestigieuse décoration militaire américaine et le tournage (en anglais) a eu lieu dans le New Jersey. Pourtant, il me semble que la production du film est 100% Frenchie. Qu'importe, en fait: c'est le sujet qui compte et il a su m'intéresser. Dans l'évidente lignée de Thelma & Louise, sans atteindre ce niveau. Je rejoins plutôt ceux qui ont fait le parallèle avec American honey...

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Vous devez commencer à en avoir l'habitude...

Je tiens à remercier les amis des Fiches du Cinéma qui m'ont permis de découvrir ce film. Leurs écrits sont à lire "chez eux" et sur Actu.fr.

dimanche 30 novembre 2025

La venue de l'avenir

Que faisiez-vous le 18 octobre dernier ? Moi, je suis allé voir Météors et j'ai ainsi dépassé le nombre total de mes séances projo de 2024. Bon... mon record (78 films vus en salles en 2017) tient toujours. Sera-t-il battu cette année ? C'est jouable, mais rien n'est encore sûr. En décembre, l'an passé, je n'ai vu "que" trois films dans un cinéma...

Conclave
, Vingt dieux et Saint-Ex me semblent déjà loin, désormais. C'est devant ma petite lucarne que j'avais terminé mon millésime d'images en mouvement, avant d'ouvrir 2025 face aux écrans géants d'Un ours dans le Jura et Planète B, jeudi 2 et samedi 4 janvier. Attendez ! Ceci N'EST PAS une chronique rétrospective anticipée ! Simplement, le signe de mon interrogation sur ce que le septième art me et nous réservera pour les 31 jours à venir. Vous avez une idée ? De mon côté, promis: une autre chronique arrive dès demain midi. Quelques semaines avant un probable bilan, j'estime que cette année aura été - et demeure - plutôt bonne pour Mille et une bobines. J'écrirai dès lors encore un peu avant la traditionnelle pause hivernale que la période des Fêtes de fin d'année devrait m'inciter à prendre. Avec, bien sûr, du cinéma au milieu, dont je reparlerai début 2026. Rien que de très habituel, en réalité. Je vous dis donc: "À très vite"...

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PS: un dernier petit détail...

Mes lecteurs les plus avisés auront reconnu ma photo d'illustration d'aujourd'hui, issue du dernier film de Cédric Klapisch, sorti le 22 mai et dont j'ai cru bon de reprendre le beau titre pour ma chronique. L'avenue de l'avenir vaut-il le détour si vous ne l'avez pas vu ? Oui...

vendredi 28 novembre 2025

Le père, le fils

C'est l'histoire d'un homme dont l'opération du coeur a mal tourné. Après une belle carrière de chef opérateur au cinéma, il voit son fils revenir vers lui et, malgré la fatigue de son âge, accepte de réaliser un film à ses côtés. Pierre-William Glenn reçoit ainsi un hommage unique. Il est mort l'an dernier, dans un Ehpad de Nogent-sur-Marne...

Dis pas de bêtises
- c'est le titre du film-souvenir de son fils Vincent - n'est pas un biopic documentaire comme il en existe tant d'autres. Ainsi la carrière de ce grand nom des coulisses du cinéma français n'est-elle évoquée que par bribes, de même d'ailleurs que sa vie familiale, sa passion pour la moto ou ses convictions trotskystes. Glenn fils rend plutôt compte des derniers jours de son "vieux" au fil de plusieurs de leurs discussions sur la manière de bâtir un récit commun qui dise quelque chose de leur relation. C'est une démarche sensible inattendue et ma foi assez émouvante, de la part d'hommes qui, avant que la santé du plus âgé décline, ne se parlaient plus trop. Selon vos propres orientations, vous pourrez en tirer une leçon de vie et/ou un nouveau regard sur le septième art. Tout est bon à prendre !

Dis pas de bêtises
Documentaire de Vincent Glenn (2025)

Personnel ? Ou intime ? Et peut-être un rien confidentiel ? Ce film étonnant correspond sans nul doute à l'ensemble de ces qualificatifs. Je n'y vois cependant pas une raison pour le snober. Je suppose même que les amateurs de cinéma y retrouveront largement leurs petits. Pile: une forme soignée qui fait vraiment honneur au septième art. Face: le portrait d'un grand pro méconnu. Euh... vous hésitez encore ?

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Parmi les noms avec lesquels Pierre-William Glenn a travaillé...
On peut citer ceux de Joseph Losey, André Téchiné, Jacques Rivette, François Truffaut, Alain Corneau, Bertrand Tavernier, José Giovanni, Maurice Pialat, Yves Boisset, Samuel Fuller ou encore Philippe Labro. Sans oublier Jacques Rouffio, Yannick Bellon et Michel Deville, hein ? Vous savez quoi ? Cette longue liste n'est pas exhaustive pour autant !

Et avant de passer à la suite, une toute dernière précision utile...
Le film doit être diffusé dans les salles françaises depuis mercredi. C'est grâce aux Fiches du Cinéma que j'ai pu le voir un peu avant. L'occasion de rappeler que cet éditeur publie aussi sur le site Actu.fr !

mercredi 26 novembre 2025

Fatima (en cinq saisons)

Elle s'appelle Nadia Melliti et, à juste 23 ans, elle a décroché le Prix d'interprétation féminine lors du Festival de Cannes, en mai dernier. Fatima - qu'elle incarne dans La petite dernière - est le premier rôle de la jeune femme, étudiante STAPS à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Depuis six mois, j'étais curieux de la découvrir (sur un écran géant)...

Autant vous l'annoncer tout de suite: je n'ai pas été déçu, loin de là ! Comme vous l'avez peut-être déjà lu, le long-métrage évoque la vie d'une ado de banlieue, originaire d'Algérie et musulmane pratiquante. Dans une famille plutôt ouverte, Fatima est une lycéenne travailleuse et brillante, qui passera bientôt le bac avant d'étudier la philosophie. Elle a un petit ami, mais se trouve soudain attirée par les femmes. Petit à petit, elle va admettre (et comprendre) son homosexualité. Film délicat, La petite dernière est en somme le récit d'une éclosion. Je n'ai pas lu le roman éponyme qu'il adapte, mais c'est partie remise. J'espère que j'y retrouverai une forme de subtilité et une douceur auxquelles je suis sensible. Malgré quelques scènes "banlieusardes" parfois discutables, il est ici davantage question de questionnements intimes que de grandes déclarations enflammées ou de rejets violents d'amours jugées intolérables. Être soi n'est pas si facile pour autant...

D'un printemps à un autre, c'est donc une année entière que la caméra suit Fatima dans son quotidien. Personne n'est alors obligé d'accepter comme une évidence le fait qu'elle puisse être libre d'aller au restau ou de sortir en boîte de nuit, alors même que sa mère est paniquée simplement à l'idée qu'elle fasse un footing matinal dans son quartier. OK, il y a deux ou trois invraisemblances dans La petite dernière. Oui... et alors ? Sincèrement, cela n'a nullement gâché mon plaisir. Aux commandes, Hafsia Herzi parvient bel et bien à traiter d'un sujet intéressant et sensible, sans s'égarer dans une rhétorique politicienne ou militante. Certaines scènes sont explicites, mais je trouve aussi que, dans l'ensemble, elle filme avec pudeur. Une qualité perceptible devant l'usage ponctuel de très beaux fondus au noir, par exemple. Souvent avare de mots, son héroïne ne débite donc aucun discours convenu sur les réelles difficultés d'une vie liée à sa situation sociale. Toute en retenue et non-dits, la fin s'avère suffisamment évocatrice. Pas de doute: l'écoute et l'empathie sont des mots du genre féminin...

La petite dernière
Film français de Hafsia Herzi (2025)

Impossible de ne pas citer le cinéma d'Abdel Kechiche: la réalisatrice était l'actrice du cinéaste niçois dans La graine et le mulet (2007). Son - troisième - film à elle n'est évidemment pas qu'un copier-coller hésitant de La vie d'Adèle (le film palmé d'or à Cannes, en 2013). L'homosexualité féminine n'y est pas abordée de la même façon. Certain(e)s d'entre vous pourraient bien privilégier la classe de Carol.

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Une précision d'ordre littéraire...

Signé Fatima Daas, le roman originel a été traduit... en huit langues !

... et, en guise d'éventuel contrepoint...
Je vous suggère de lire aussi la chronique (très négative) de Pascale.

lundi 24 novembre 2025

Vers d'autres futurs

Il paraît qu'un film de Steven Spielberg sortira en salles en juin l'année prochaine. Or, toute fin octobre, j'ai eu envie de remonter le temps avec deux de ses anciens opus - que je vais donc évoquer aujourd'hui. Avant cela, une précision: j'ai revu le premier et découvert le second. Une nouvelle "escapade" dans le genre anticipation - science-fiction...

Minority report (2002)
L'adaptation d'une nouvelle de l'Américain Philip K. Dick (1928-1982). Dans le Washington de 2054, la police peut se targuer de statistiques flatteuses: six ans se sont écoulés sans le moindre crime de sang. L'incroyable bilan a en fait été rendu possible grâce à un procédé technologique innovant qui, connecté aussi à trois cerveaux humains alimentés par des drogues, permet aux agents de repérer les victimes avec précision. Et surtout avant que les suspects ne passent à l'acte ! Sauf que les choses vont se compliquer du côté des forces de l'ordre...

Un brillant inspecteur se retrouve à son tour pré-accusé de meurtre. La caméra ne lâchera plus Tom Cruise / John Anderton d'une semelle. Elle lui adjoindra juste un pseudo-rival (Colin Farrell) et un protecteur supposé (Max von Sidow), qu'on pensera dépassé par les événements. Minority report joue de faux semblants, mais reste assez prévisible. C'est toutefois un film d'action efficace et très honnêtement réalisé. Bilan: l'un des Spielberg les plus adultes - si ce n'est le plus sombre. J'aurais plutôt tendance à NE PAS le montrer à de très jeunes enfants.

Mais aussi...
3.709.488 entrées en France (dixième du box-office 2002)
► Plans B: Blade runner / Tron l'héritage / Ghost in the shell
► Et sur d'autres blogs de référence: Ideyvonne - Vincent - Elle et Lui.

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La guerre des mondes (2005)
Un autre Spielberg qu'il vaut mieux épargner à vos chers bambins. D'emblée, on sait bien à quoi s'attendre: une voix off - caverneuse - nous explique que l'humanité se trompe en se croyant invulnérable. Depuis l'espace, une autre forme de vie observe la Terre avec l'envie d'en prendre possession, non sans avoir massacré sa population. Après le 11-Septembre, l'allégorie est bien plus qu'évidente: assumée.

Zoom avant sur New York, où un dénommé Ray Ferrier (Tom Cruise) travaille comme docker. Divorcé, il s'occupe mal de ses deux enfants quand son ex a la drôle d'idée de les laisser sous sa surveillance exclusive. Cela devient un vrai gros problème quand un drôle d'orage géant dissimule en fait la toute première attaque des extraterrestres. Tiré d'un roman de H.G. Wells sorti en 1898, La guerre des mondes déploie la grosse artillerie technique dès une première demi-heure placée sous haute tension. Mais ce n'est que le début des hostilités ! La mise en scène joue aussi avec nos nerfs lors d'une longue scène silencieuse, où le héros triomphe... en perdant un peu d'humanité. Moins inventive et très consensuelle, la fin m'a quelque peu déçu. J'avoue que je l'ai même trouvée un peu trop expéditive à mon goût. Elle a cependant un vrai mérite: celui de respecter l'esprit du bouquin.

Mais aussi...
3.910.795 entrées en France (sixième du box-office 2005)
► Plans B: La version sortie en 1953 / Cloverfield / Underwater
► Et sur d'autres blogs de référence: Vincent - Benjamin - Lui (seul)

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Parce que j'espère un jour boucler mon intégrale Spielberg...

Il faut que je revoie trois de ses films: La liste de Schindler (1993) en premier, puis Arrête-moi si tu peux (2002) et Le terminal (2004). En plus de Firelight, son premier long disparu, j'en ai compté cinq encore jamais visionnés: Empire du soleil (1987) est le plus ancien d'entre eux, devant Always (1989), Amistad (1997), Munich (2005) et Le bon gros géant (2016). Bref, il me reste donc un peu de boulot !

J'ai encore une info, tombée (presque) à la dernière minute...
Lundi dernier, cette longue double chronique me paraissait bouclée depuis déjà quelques jours lorsque j'ai appris qu'un Oscar d'honneur avait été remis à Tom Cruise. Et pourquoi pas ? On le cite souvent comme une référence: le numéro 1 des acteurs américains de films d'action. Les voir tous ne me tente guère. Mais c'est un autre débat...

dimanche 23 novembre 2025

Deux enfants, un espoir

Je commence avec une citation: "Il nous faut croire que le meilleur est possible. Il nous faut l'imaginer pour qu'il advienne". Son auteur s'appelle Ugo Bienvenu et il est l'auteur d'un beau film d'animation sorti en octobre dernier: Arco. Un film qui regarde l'avenir: l'histoire est en effet supposée se dérouler dans juste cinquante ans, en 2075 !

Iris, une fillette d'une dizaine d'années, voit un garçon de son âge tomber du ciel. Elle le soigne, aidée par Mikki, son robot domestique. Quand l'enfant reprend enfin connaissance, sa jeune bienfaitrice apprend qu'il vient du futur et qu'il a donc osé voyager dans le temps pour atterrir sur une planète où il espérait observer des dinosaures. Pour cela, il a bravé un interdit parental. Son seul souhait et objectif est donc de rentrer chez lui au plus vite, mais cela s'annonce difficile. Vous l'aurez compris: Arco - c'est aussi, bien sûr, le prénom du môme égaré - mise sur l'idée de la solidarité enfantine pour nous charmer. Une bonne nouvelle: oui, cela fonctionne plutôt bien, dans l'ensemble. J'ai vu des animés plus jolis, mais dès l'instant où le récit est entré dans le vif du sujet, je n'ai plus focalisé mon attention sur l'aspect graphique. Je me suis attaché aux personnages et les ai alors suivis dans leurs aventures avec un grand plaisir ! Émerveillé, c'est le mot...

C'est tellement vrai que je n'ai pas envie de détailler les techniques employées pour arriver à un tel résultat. Il me paraît plus judicieux d'en rester au tout premier degré émotionnel. On peut aussi parler d'Arco comme d'un film écologique, proche donc de la ligne artistique d'un Hayao Miyazaki. C'est une référence assumée d'Ugo Bienvenu. Parmi les oeuvres qui l'ont marqué "au fer rouge", le jeune réalisateur français en a en effet cité quelques-unes du vieux maître japonais. "Sous des allures légères, elles nous arment pour le réel", juge-t-il. J'apprécie beaucoup cette approche, d'autant qu'elle semble s'appuyer sur un relatif optimisme que je partage (au moins en partie, disons). Je me dis dès lors que le film s'adresse aux enfants ET aux adultes. Le voir et en rediscuter entre générations est une très bonne idée. Après tout, notre avenir commence dès aujourd'hui et il se construit. Mon grand-père le disait aussi: "Il n'est pas interdit de rêver un peu" !

Arco
Film français d'Ugo Bienvenu (2025)

Un ravissement, vraiment ! Je l'ai vu dans une salle remplie d'enfants venus avec leur famille, mais aussi d'adultes, seuls ou en groupe. Vous savez quoi ? Cela m'a fait du bien, vraiment, parmi les films complexes - et/ou dramatiques - que j'ai l'habitude de privilégier. Notons la participation de Natalie Portman en qualité de productrice. Et (re)voyons d'autres perles comme Nausicaä, Patéma ou Sauvages !

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Le long-métrage du jour ? Une promesse...

Certains se risquent même à en faire leur favori pour le César 2026 du meilleur film d'animation. Il a déjà remporté le Cristal du Festival d'Annecy et la Cigogne d'or du Festival européen du film fantastique de Strasbourg. Il est attendu dans les salles allemandes et espagnoles.