samedi 22 novembre 2025

Une belle complicité

Les quelques jolis Prix qu'il a reçus n'ont guère convaincu le public français de s'intéresser à son sort: les 146 copies de Mon ami robot n'auront attiré qu'un peu plus de 57.500 spectateurs dans les salles. Dommage ! Sorti peu après Noël l'an passé, ce petit film d'animation méritait mieux. Même si, a priori, il visait d'abord les jeunes enfants.

Imaginez une ville de New York vidée de tous ses habitants humains. Dog y réside et, parce qu'il vit seul, s'y ennuie, la plupart du temps. La solution ? Le brave toutou va la dénicher auprès d'un fabricant professionnel de robots en kit. Quelques heures d'un montage efficace lui suffiront pour avoir enfin un nouveau compagnon et un bon pote. La machine humanoïde serait-elle à l'avenir le meilleur ami du chien ? C'est la première hypothèse du scénario, jusqu'à ce Dog et Robot passent un après-m' à la plage, si doux qu'ils s'endorment sur le sable. Oups ! Au réveil, le quadrupède est obligé d'abandonner son compère mécanique, tombé en panne sèche sur un site... bientôt inaccessible !

Comment l'un et l'autre s'en sortiront-ils ? C'est à vous de le voir ! Pour cela, l'idéal est d'ouvrir grand vos yeux, ainsi que votre coeur. Vos oreilles, elles, devraient se réjouir de la très chouette bande musicale qui accompagne les images ultra-colorées de cette histoire d'amitié pas-comme-les-autres. "Détail" intéressant: Mon ami robot dure environ une heure quarante et ne repose sur aucun dialogue. C'était aussi le cas, semble-t-il, de la BD dont il est l'adaptation. Logique, à vrai dire: parue aux éditions Dargaud et signée de l'autrice américaine Susan Varon, l'oeuvre originelle est en réalité un roman graphique (que je n'ai pas - ou pas encore ? - eu l'occasion de lire). Vous êtes intéressés ? D'accord. Pour info, il s'appelle Robot dreams. Le film, mignon mais "pas que", donne presque envie d'approfondir...

Mon ami robot
Film franco-espagnol de Pablo Berger (2023)

Le grand enfant que je suis assume cette note très haute, révélatrice d'un plaisir né du caractère "muet" de ce bel ouvrage en couleurs. Notez également que le sujet est un peu plus profond et même adulte qu'on ne peut l'imaginer de prime abord. Parfait pour les familles. Bon... on n'est certes pas au niveau de La tortue rouge ou de Flow. Mais c'est avec joie que j'ai identifié l'homme derrière Blancanieves !

jeudi 20 novembre 2025

Le combat d'une vie

Enfant, j'ai pu effectuer plusieurs séjours à l'étranger, en Allemagne et en Angleterre, principalement, dans le cadre d'échanges scolaires ou d'accueils dans des familles. Je n'ai cependant pas le souvenir d'avoir reçu beaucoup d'enseignements sur nos voisins européens. Pourtant, je les perçois plus comme des amis que comme des rivaux !

Sorti en octobre 2024 en Italie, Berlinguer - La grande ambition n'est arrivé qu'une année plus tard dans les salles obscures françaises. Cet excellent film politique m'a permis d'en apprendre énormément sur la vie publique dans la Péninsule au long de la période 1973-1984. Le récit suit longuement les pas d'Enrico Berlinguer, alors secrétaire général du Parti communiste italien. Un homme qui tenait clairement à ce que son équipe garde ses distances avec Moscou et les pays satellites de l'URSS, tout en étant un adversaire farouche du fascisme et le défenseur constant des classes dites populaires et travailleuses. Sans jamais avoir obtenu de majorité absolue, il constatait justement qu'un Italien sur trois votait alors pour le PC... et pensait que ce poids électoral pouvait favoriser des alliances avec d'autres partis modérés pour obtenir un "compromis historique" établi sur la base d'avancées économiques et sociales. Sa stratégie ne lui valait pas que des amis. Et fut mise à mal par l'action de groupuscules terroristes "politiques" !

Sur le fond, une petite précision: dès l'ouverture du film, un carton souligne que son scénario a été écrit à partir de nombreuses sources véritables tout en admettant que certaines des séquences historiques ont été retravaillées dans une logique dramaturgique. Je tiens à dire que j'ai vraiment apprécié le résultat: les scènes 100% politiques alternent avec d'autres qui permettent de découvrir un Berlinguer intime, marié et père de quatre enfants (trois filles et un garçon). Remarquable, le montage s'enrichit également de nombreuses images d'archives - sans voix off - pour mieux montrer le peuple italien d'alors. Il ne reste donc plus qu'à bien se concentrer sur les dialogues pour comprendre une décennie en seulement deux heures de métrage. Ce que j'ai l'impression d'être relativement bien parvenu à faire. Berlinguer - La grande ambition m'apparaît comme une réussite cinématographique, apte à donner espoir à qui connaît des heures difficiles. C'est aussi une oeuvre empreinte d'une certaine mélancolie. L'intégrité de son "héros" n'a pas toujours suffi pour que ses valeurs triomphent. Il faudra s'en souvenir dès aujourd'hui... et pour demain !

Berlinguer - La grande ambition
Film italien d'Andrea Segre (2024)

Quatre étoiles fort enthousiastes pour un film à la fois mélancolique et porteur d'espoirs: je souhaite bien entendu en retenir le meilleur. Et, décidément, j'ai vu de beaux films italiens, cette année ! D'autres suivront, sans aucun doute. Celui-là me semble un héritier du cinéma social italien, porté aussi par des comédies comme Il boom (1963). Que nos frontières soient ouvertes à ce type d'imports est salutaire...

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Un plaisir très personnel...

J'avais vu et aimé le premier film de Segre: La petite Venise (2011). Et mon chouette souvenir, c'est d'avoir même pu en discuter avec lui !

Un autre point de vue pour conclure ?

Vous pourrez aller lire celui de Pascale. Elle a (beaucoup) aimé le film.

mercredi 19 novembre 2025

Cachez ce film !

Un simple accident, film clandestin, est donc un opus remarquable. Loin de moi l'idée de vouloir relativiser les très nombreuses entraves que le pouvoir, à Téhéran, place dans les pas de "ses" cinéastes ! Simplement, en cherchant à illustrer la censure, j'ai d'abord trouvé beaucoup de photos du sieur Sébastien L. (Premier ministre français).

Faut-il en déduire que "notre" cinéma est libre ? C'est allé un peu vite. N'exagérons rien: je dirais que les diverses contraintes susceptibles d'être imposées aux artistes restent très légères si on les compare avec celles qui existent dans d'autres pays - dont l'Iran, évidemment. Cela dit, je pense qu'il est important de se souvenir des périodes sombres de notre histoire. Et de rester vigilants quant à nos libertés.

Wikipédia explique par exemple qu'après l'armistice de Compiègne signé le 22 juin 1940, Vichy fit interdire les films avec des acteurs juifs, les productions jugées hostiles au Reich allemand, puis celles qui venaient d'Angleterre ou des États-Unis. Des bobines de films d'avant-guerre étaient censées ne plus circuler ou alors simplement pour en extraire des matériaux et contribuer à l'effort de guerre nazi. Est-ce que c'est vraiment arrivé ? Possible. Je dois encore le vérifier !

Chaque époque et chaque pays a ses limites et interdits, je suppose. Je ne vais pas m'étendre sur tout cela aujourd'hui, mais j'y reviendrai sans doute quand une autre occasion se présentera. Je veux rappeler dès aujourd'hui qu'à la Libération, certaines personnalités du cinéma français eurent des ennuis en lien avec leur travail sous l'Occupation. C'était vraiment normal pour quelques-unes - et injuste pour d'autres.

Quatre-vingts ans plus tard, ouf ! Nous ne vivons plus dans un cadre aussi tendu, nos lois ne nous sont plus dictées par un ennemi étranger installé sur notre territoire, et nos élans créatifs ne sont plus bridés. Il reste des bornes, cela dit, et pour le septième art une classification des films qui peut limiter leur budget ou le nombre des écrans auxquels ils auront accès. Oui, c'est un vaste, un très vaste sujet ! Vous intéresse-t-il ? Nous pourrions le développer en commentaires. Demain, c'est avec un film italien que je vous reparlerai de politique. Petite confidence: cela fera aussi un écho à la question de la liberté...

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Et l'image que j'ai choisie, alors ?

Vous aurez peut-être reconnu le petit Danny Lloyd, l'enfant tourmenté des Torrance dans l'implacable Shining (Stanley Kubrick / 1980). Notons au passage que le film demeure interdit aux moins de 12 ans !

lundi 17 novembre 2025

Obtenir justice

Il a effectué plusieurs séjours en prison et mené une grève de la faim pour obtenir sa libération (conditionnelle). Au moment où le cinéaste iranien Jafar Panahi a reçu la Palme d'or en mai, j'ai soudain réalisé que je n'avais vu aucun de ses films et donc mis Un simple accident sur la liste de mes envies. Je confirme: cela valait le coup d'attendre !

Je crois que l'on peut se sentir fier et heureux que des producteurs européens - français et luxembourgeois - aient pris part à ce projet. Cependant, je considère que nous avons d'abord affaire à un film iranien, car tourné sur place, dans la clandestinité. Il raconte l'histoire de Vahid qui, un matin, croit reconnaître celui qui fut son bourreau. On comprend petit à petit que ce type avait en réalité été considéré comme un agitateur par la terrifiante police secrète de son pays. Pourquoi ? Juste pour avoir revendiqué... le versement de son salaire.

L'important n'est pas là: le scénario nous parle avant tout d'une envie de revanche. Vahid, qui souffre de très importants troubles rénaux depuis son incarcération, enlève celui qu'il voit comme le responsable de ses malheurs. Il est absolument déterminé à l'enterrer vivant. Mais, bientôt, sa conviction s'effrite: il n'est plus certain à 100% d'être face au vrai coupable des diverses ignominies qu'il a subies. C'est pourquoi il va faire appel à d'autres victimes pour témoigner. Avec elles, il pourrait déterminer le sort de leur supposé oppresseur...

Certains critiques présentent Un simple accident comme un thriller. Cela se tient: on se demande longtemps ce qui va arriver au final. Évidemment, c'est un film "de débat": l'ensemble des personnages n'affronte pas la situation de la même façon et la réelle pertinence d'une vengeance exécutive pose question - pour le dire sobrement. Jafar Panahi, lui, savait où il allait: il a indiqué avoir écrit son film après en avoir imaginé la fin. En interview, il a d'ailleurs bien précisé que c'est ainsi qu'il procède généralement: il pense d'abord à un début et à une conclusion, avant donc de combler le vide entre les deux. Rappel: il a déjà réalisé douze longs-métrages. Non sans difficultés...

Je ne crois pas que, pour plaire, son travail ait été "occidentalisé". Toutefois, soyez assurés d'une chose: le récit du film est limpide. Franchement, il est inutile de tout savoir des (indéniables) exactions du régime iranien: le propos a, à mes yeux, une valeur universelle. Vous noterez d'ailleurs qu'aucune indication réelle ne nous est donnée sur le lieu de l'action ou même l'époque à laquelle elle se produit. J'imagine que c'est aussi un moyen de contourner la censure officielle. Quoi qu'il en soit, le long-métrage s'avère toujours d'une intelligence remarquable et a le très grand mérite de solliciter celle du spectateur. C'est pour sûr l'une des grandes oeuvres cinéma de cette année 2025 !

Un simple accident
Film (franco-luxo-)iranien de Jafar Panahi (2025)

Je n'ai pas expliqué le titre, mais vous saurez vite de quoi il retourne. Bien des choses dans cet excellent film reposent sur le plus pur hasard et les conséquences des choix que les personnages vont lui opposer. En exil ou pas, le cinéma iranien regorge décidément de pépites ! Parmi mes préférences personnelles, je citerais volontiers Les chats persans, Une séparation ou Un homme intègre - à titre d'exemples.

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Et, avant de passer à autre chose...

Vous trouverez d'autres films iraniens en index "Cinéma du monde". Autre option: lire les avis de Dasola, Pascale, Princécranoir et Strum.

samedi 15 novembre 2025

Au nom du frère

À 44 ans, on pourrait croire qu'il n'avait plus grand-chose à apprendre. Pourtant, à la toute fin du générique, on découvre qu'il dédie son film à son frère aîné August, "mon premier et meilleur professeur" (sic). Comme quoi ! Malgré deux Palmes d'or, trois Oscars et plusieurs prix internationaux, Francis Ford Coppola n'a rien effacé de ses origines...

Certains exégètes affirment que Rusty James, adaptation d'un roman pour ados, est aussi issu de ses souvenirs. Ma seule vraie certitude est qu'en cette année 1983, le maître en est à son deuxième film consacré aux bandes rivales de Tulsa, la capitale de l'Oklahoma. Quelques mois seulement après le précédent, ce nouvel opus étonne néanmoins parce qu'il est presque totalement tourné en noir et blanc. Ce n'est toutefois pas qu'un exercice de style. On s'attache très vite au personnage principal, Rusty, un jeune qui a abandonné ses études et, à l'image de son frère avant lui, se rêve comme un chef de gang. Un beau soir, il apprend qu'un autre petit caïd veut lui faire la peau. Résultat: il rameute ses copains en vue d'un règlement de comptes définitif, sous forme de bagarre générale, et ce au mépris du danger. Heureusement pour lui, alors qu'il est gravement blessé, son frangin jadis disparu sur sa moto revient soudain en ville et lui sauve la vie ! L'occasion de renouer les liens familiaux ? Je vous laisse le découvrir. Échec au box-office, le film est je crois mieux apprécié aujourd'hui...

En son temps, il reçut tout de même un assez bon accueil critique. Après quoi, il obtint deux prix au Festival de Saint-Sébastien 1984. Vous vous intéressez aux acteurs ? Il y aura là de quoi vous satisfaire. Il faut dire que notre ami Coppola a fait confiance à une ribambelle d'interprètes de talent: têtes d'affiche, Matt Dillon et Mickey Rourke côtoient ainsi Nicolas Cage, Diane Lane ou encore Dennis Hopper. Larry Fishburne, Tom Waits et Chris Penn ont chacun un petit rôle. Côté technique, j'ai littéralement été ébahi par la direction artistique de Dean Tavoularis et la superbe photographie de Stephen H. Burum. La baston du début, admirablement chorégraphiée, m'a impressionné. La bande-son du film est tout aussi remarquable, avec une musique de Stewart Copeland (la première au cinéma du batteur de Police). Décidément, le cinéma US des années 80 est d'une grande richesse. Ce n'est plus un scoop, certes, mais j'apprécie toutes les opportunités que je peux avoir de le vérifier - disons, un peu plus "tardivement". J'espère donc que j'en aurais donné l'envie à certain(e)s d'entre vous !

Rusty James
Film américain de Francis Ford Coppola (1983)

Il n'est assurément pas trop tard pour découvrir ce petit bijou noir ! Moins clinquant que Le parrain et financièrement moins gourmand qu'Apocalyse now, il est l'un des films plus modestes de son auteur comme L'idéaliste (sorti, quant à lui, en 1997). Ses bandes rivales peuvent rappeler celles de West Side story et de Shotgun stories. Soyez prudents: souvent, ces histoires-là se terminent dans le sang...

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Un petit complément ?

Je n'ai malheureusement pas trouvé de chronique sur mes blogs-amis. Cela dit, Ideyvonne avait rendu un bel hommage... à Dean Tavoularis.

jeudi 13 novembre 2025

De pâles étoiles

Avez-vous déjà entendu parler de la "diagonale du vide" ? Ce terme peu flatteur désigne une bande du territoire français qui, de la Meuse aux Landes, accueille une population moins dense qu'ailleurs. Auteur d'un court-métrage reprenant cet intitulé dès 2012, Hubert Charuel nous emmène jusqu'en Haute-Marne avec son nouveau long: Météors.

Nous rencontrons Mika et Dan, deux bons copains un peu paumés. Ensemble, ils rêvent de partir un jour à la Réunion pour travailler dans un chenil. En attendant, Mika est serveur dans un fast food quand Dan, lui, apparaît totalement désoeuvré. Les garçons s'attirent des ennuis un soir où, après une fête bien arrosée, ils volent un chat de race, qu'ils pensent pouvoir revendre quelques centaines d'euros. Rattrapés par la justice, ils doivent dès lors trouver un emploi durable et se tenir à carreau pendant six mois pour échapper à l'incarcération.

Autant le souligner: Météors s'apparente tout d'abord à une comédie autour de ces deux "loulous" qui n'ont certes pas inventé l'eau tiède. Mais, soudain, leur bonne entente vole en éclats et le sourire se fige devant un récit qui, petit à petit, prend une coloration dramatique. Évidemment, je ne vais pas tout vous raconter: disons que la réussite du film tient aussi à ce changement de ton, que les deux acteurs principaux - Paul Kircher et Idir Azougli - assument remarquablement. J'ai apprécié aussi la présence à leurs côtés du talentueux Salif Cissé. La sobriété de la mise en scène nous rend les personnages attachants et l'histoire crédible. Recommandé aux adultes et aux adolescent(e)s !

Météors
Film français de Hubert Charuel et Claude Le Pape (2025)

Un duo homme-femme pour un film centré sur des protagonistes masculins... et pourquoi pas ? Je note que les figures de l'autorité s'avèrent toutes féminines: une toxicologue, une avocate, une juge. Rappel: Hubert Charuel, c'était Petit paysan, il y a (déjà) huit ans. Loin des campagnes, son nouvel opus évoque Les trois fantastiques ou, à la rigueur, en introduisant une dimension de conte, Les géants !

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Et pour approfondir le sujet...

Vous pouvez céder à l'envie de lire (ou relire) la chronique de Pascale.

lundi 10 novembre 2025

JLG dédoublé

Donner au cinéma le statut d'un art à part entière: certains critiques estiment que c'est ainsi que l'on pourrait résumer l'ambition première des réalisateurs de la Nouvelle Vague. La mise en scène elle-même apparaît plus importante que le scénario: le cinéaste devient auteur. Y reviendrai-je ? Oui, mais je veux d'abord vous parler de deux films !

Nouvelle Vague
Film français de Richard Linklater (2025)

Première destination: le Paris de 1959, aux côtés d'une "bande à part" bientôt appelée à révolutionner le septième art. Truffaut, Chabrol, Rivette, Demy, Rozier: ils sont tous là, et surtout Godard, plume agile des Cahiers du cinéma, impatient de tourner son tout premier opus. Ce sera À bout de souffle, avec Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo en vedettes, mis en boîte en vingt jours seulement et sorti à l'aube du printemps 1960. C'est sur le tournage-éclair que revient ce film imaginé par un Américain, heureux de valoriser l'héritage d'un JLG qu'il considère visiblement comme un brillant précurseur. Bien entouré par des comédiens méconnus, mais ressemblant aux protagonistes réels, Linklater nous présente ainsi un hommage ludique et souriant. Spéciale dédicace à mon pote Benoît, grâce à qui je suis allé le voir...
 
Avant la séance, j'étais à mille lieues de parier sur une telle réussite. C'est impossible de savoir ce qu'en auraient pensé ses sources d'inspiration, bien sûr, mais Nouvelle Vague m'est de fait apparu comme un film charmant. Certains plans reproduisent des images iconiques que, peu ou prou, tous les amateurs de cinéma ont en tête. Amusé, j'en ai pratiquement oublié qu'elles avaient désormais 65 ans. Qu'elles soient recréées par de jeunes interprètes dont j'ignorais tout jusqu'alors aura fait de la projection un moment des plus agréables. Aucune fausse note à déplorer: la reconstitution (décors et costumes) s'avère elle aussi particulièrement soignée, la photo noir et blanc permettant de s'imaginer en train d'arpenter les rues de cette capitale reconstituée. Un plaisir qui, partout dans le monde, fait des envieux !

(+) En complément...
Vous lirez les avis de Dasola, Pascale, Vincent, Strum et Benjamin. L'occasion de constater que je ne suis pas le seul à avoir aimé le film.

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À bout de souffle
Film français de Jean-Luc Godard (1960)
Même si Nouvelle Vague n'est pas un making of, je crois très logique qu'il suscite à lui seul l'envie de voir - et même de revoir - l'oeuvre originelle. La qualifiant volontiers de fondatrice, c'est ce que j'ai fait depuis mon canapé, deux jours à peine après ma séance au cinéma. Bonne nouvelle pour ceux qui le verront d'abord: le film de 2025 assume bel et bien sa filiation, mais n'en dit pas trop sur le scénario de son prédécesseur. Il ne gâche donc pas le plaisir de la découverte. Après coup, je dois dire que je comprends déjà mieux ce que ce film avait de moderne en son temps. Son "héros" est un jeune homme fauché, qui a abattu un flic qui l'avait pris en filature sur la route entre Marseille et Paris. Il retrouve alors une vendeuse de journaux dont il dit être amoureux ! Son espoir: qu'elle parte à Rome avec lui...

Étudiante américaine, la belle résiste, cependant, profite de l'instant quand elle en a envie, mais reste assez peu réceptive aux techniques d'approche de son French lover supposé. On est très loin de l'imagerie du couple traditionnel de cette époque - celle d'un Charles De Gaulle revenu aux affaires et des premières heures de la Vème République. Détail révélateur: À bout de souffle n'a pas échappé à la censure. Interdit aux moins de 18 ans à sa sortie, il fut élagué de scènes "historiques", l'une d'entre elles montrant le général, son homologue américain Dwight D. Eisenhower et notre Bébel national, tout jeunot. Le film a également été vilipendé pour "la nature du dialogue". Logique: le garçon exprime à de très nombreuses reprises son désir de mettre la fille dans son lit et exerce sur elle "une influence croissante". Godard, paraît-il, a hésité entre plusieurs fins possibles. Et atteint une étape majeure de l'histoire du cinéma dans notre pays !

(+) En complément...
Je vous suggère de lire l'avis de "L'oeil sur l'écran" et celui d'Eeguab. Benjamin a su me précéder de quelques jours en publiant le sien. Princécranoir, enfin, fait coup double: il évoque le film et sa musique.

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Je crois avoir tout dit, mais j'ai encore à dire...

Une chose est sûre: je n'en ai pas terminé avec la Nouvelle Vague. Plusieurs films de ce courant sont déjà chroniqués sur les Bobines. Parmi ceux que la Cinémathèque juge indispensables, je peux citer quelques classiques: Ascenseur pour l'échafaud, La Baie des Anges ou Cléo de 5 à 7, par exemple. Je peux vous promettre que d'autres suivront. Autant le dire: je reste désormais à l'écoute de vos conseils.

samedi 8 novembre 2025

Malades d'amour

Le cadre géographique de mon film d'aujourd'hui a des allures de bout du monde. Ce n'est en fait qu'une petite ville poussée à proximité d'une exploitation minière, dans le nord du Chili. Ceux qui l'habitent sont des mineurs, donc, mais aussi des artistes de cabaret travestis. Et, parmi ces derniers, la toute jeune fille qu'ils ont recueillie, Lidia...

Le mystérieux regard du flamant rose
... j'ai pu découvrir un film atypique, censé se passer courant 1982, sous ce titre (magnifique). Une certaine tension oppose ses deux communautés, la rumeur voulant que les hommes de la seconde transmettent une maladie mortelle à ceux de la première après un simple échange de regards. C'est faux, évidemment, mais cela illustre aussi que l'homosexualité de quelques-uns est encore systématiquement rejetée par d'autres. Vous l'aurez compris: le scénario parle de "peste", mais son vrai sujet est bien sûr le Sida, en cette décennie funeste pour tant de malades. Le choix d'une pré-adolescente comme personnage principal du récit apporte un peu de lumière. Les discriminations et comportements violents que l'on observe sont tempérés par la solidarité, la tolérance et une forme inattendue du vivre-ensemble, même si le bonheur véritable vient peut-être de la mise à l'écart - à l'abri ? - volontaire. D'après moi, le film laisse tout de même une belle place pour l'amour. D'une certaine façon, je dirais qu'il demeure même au centre de tout !

Le mystérieux regard du flamant rose
Film chilien de Diego Céspedes (2025)

Après deux courts, c'est le tout premier long-métrage d'un réalisateur âgé de 30 ans (il est né à Santiago le 5 janvier 1995). Il s'est entouré de producteurs européens - allemands, espagnols, belges et français. Résultat: le Prix "Un certain regard" du dernier Festival de Cannes. D'aucuns comparent ce cinéma avec ceux de Fassbinder et Almódovar. Des travestis rigolos ? Revoyez Tootsie. Et Certains l'aiment chaud !

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Vous avez envie de le voir ?

Comme celui de mardi, Le mystérieux regard... est un film récent que j'ai découvert au 25ème festival Vues d'en face, un événement consacré au cinéma LGBTQIA+. D'après Allociné, les salles françaises ne pourront le programmer qu'à partir du 18 février 2026 ! Patience...

jeudi 6 novembre 2025

Planète Terre(ur)

Me voilà très étonné ! Il apparaît qu'Adam Driver ait connu un succès au box-office français plus important avec mon film d'aujourd'hui qu'avec ses personnages dans Logan lucky, Annette ou Megalopolis. Pourtant, 65 - La Terre d'avant n'est pas franchement folichon ! J'imagine que je vais bien vite oublier ce blockbuster très ordinaire...

Mills vit sur Somaris avec sa femme et sa fille. L'adolescente souffre d'une grave maladie inconnue, ce qui oblige son père à s'embarquer pour une expédition intergalactique de deux ans, le temps d'amasser assez d'argent pour couvrir les frais médicaux. Vous devinez la suite ? Le vaisseau spatial de Mills est en réalité une sorte de taxi géant qui, pris dans un champ d'astéroïdes, subit une lourde avarie et s'écrase sur une planète isolée: la Terre ! L'aventurier y croise une gamine prénommée Kao. L'unique rescapée parmi tous ses anciens passagers.

La petite, sortie d'un sommeil artificiel, a évidemment besoin d'aide. Pas besoin que j'épilogue, si ? 65 - La Terre d'avant a la main lourde sur les clichés du genre, d'où une très nette impression de déjà-vu. L'unique (petite) originalité du scénario tient à la nature de la menace qui pèse sur les deux naufragés - je vais vous laisser la découvrir. Bon... sur la forme, le film a quelques qualités et oui, j'ai vu pire. Adam Driver n'est d'ailleurs pas le premier bon acteur à cachetonner ! Sa jeune partenaire, Ariana Greenblatt, semble expédier les affaires courantes, mais je suppose que le septième art saura s'en remettre. Quant à moi, je vais oublier, donc, après un autre film plus sérieux...

65 - La Terre d'avant
Film américain de Scott Beck et Bryan Wooods (2023)

Fringants quadras, les deux réalisateurs ont quelques expériences derrière eux et sont notamment les coscénaristes de Sans un bruit. L'opus présenté aujourd'hui vaut bien d'autres films d'exploitation similaires comme Cold skin ou, perdu dans les galaxies, Prospect. Autant de longs-métrages corrects pour des séances 100% pop corn. Qu'en dire encore ? Qu'il est bien sûr préférable de ne pas en abuser...

mardi 4 novembre 2025

2 + 1 = 4 ?

Quelle place votre cinéphilie laisse-t-elle au pur hasard ? La mienne suit souvent des chemins balisés, mais il arrive qu'elle s'accommode d'un film dont je ne sais quasiment rien en amont, choisi "au feeling". Dernièrement, c'est ainsi que j'ai découvert Tierra firme, resté inédit dans les salles françaises et programmé dans un festival à Grenoble...

Eva et Kat s'aiment et cohabitent sur une péniche, en Angleterre. Cette relation harmonieuse est à peine perturbée par Roger, un ami que Kat a connu à Barcelone et que les deux femmes ont accepté d'héberger quelques jours. Las ! Les choses vont vite se compliquer quand Kat exprime le souhait d'avoir un enfant avec sa compagne. Enfant qu'elle a l'intention de porter après avoir identifié un père biologique et organisé sa propre scène d'insémination clandestine ! Résumé ainsi, Tierra firme vous paraît peut-être bien trop glauque. Soyez rassurés: ce n'est absolument pas le cas. C'est en fait un film subtil, qui pose de bonnes questions sur l'amour, le couple et le fait d'être parents. Femmes ou hommes. Seul, à deux... ou à trois. Résultat: on rit souvent, on s'étonne aussi, et on est ému, parfois. Plusieurs ruptures de ton rendent le récit intéressant et très agréable à suivre, sans temps mort malgré presque deux heures du métrage. Quelques beaux plans fixes et un amusant découpage en chapitres accompagnent les transitions. Un opus joli, doux et je crois sincère...

Tierra firme
(ou Anchor and hope)
Film anglo-espagnol de Carlos Marques-Marcet (2017)

La présence parmi les actrices de Geraldine et Oona Chaplin, la fille et la petite-fille de Charlie, a bien sûr joué dans le plaisir que j'ai pris à découvrir ce charmant petit film bilingue. J'ajoute que le réalisateur m'était familier: j'avais vu - et bien aimé - son 10.000 km (2014). D'autres films sur la parentalité ? Je peux vous recommander Madre, La fille de son père ou Ninjababy, dans des registres très différents.

lundi 3 novembre 2025

Jeux d'artifice

Elle semble prendre une place croissante dans le monde du cinéma comme sujet de scénario. L'intelligence artificielle (I.A.) ira-t-elle jusqu'à piquer le boulot des artistes et techniciens du septième art ? Faut-il dès lors la bannir de nos vies ? Est-ce simplement possible ? Comment répondre ? Ce sont là autant de questions que je me pose...

Vous avez repéré la jolie fille au-dessus ? Eh bien... elle n'existe pas. Tilly Norwoood a une page Wikipédia, mais cette jeune actrice britannique n'est rien d'autre qu'une personne virtuelle créée à 100% par un système I. A. "génératif". Et elle a réussi à faire le buzz ! J'ignore si nous la verrons prochainement dans un film, mais le tollé qu'elle provoque montre bien que certains s'en inquiètent beaucoup. Personnellement, en dehors de l'aspect ludique, je ne lui prête guère qu'un intérêt limité, mais je me dis qu'elle pourrait être une menace pour les comédiens réels - ceux qui sont rémunérés pour leur travail. J'ironise un peu, oui... mais je compte surveiller cela du coin de l'oeil.

Histoire de tester la pertinence de l'I. A. qui peut discuter avec nous sous le nom ChatGPT, je lui ai demandé de résumer, en trente mots environ, mes cinq dernières chroniques liées à un film vu au cinéma. Bluffé par le résultat, je n'ai pas pensé à sauvegarder ces mini-avis. Mais j'y suis revenu: je vous propose donc de lire ce que cela donne...

Une bataille après l'autre
= Une bataille après l'autre, film politique et spectaculaire de Paul Thomas Anderson, mêle action, engagement et émotions. Porté par DiCaprio, il impressionne par sa mise en scène audacieuse et ses acteurs inspirés.

L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme
= Il y a 28 ans, Pierre Richard réalisait un film. En 2024, il sort L'homme qui a vu l'ours..., un conte poétique tourné à Gruissan, abordant l’amitié, la différence et l’écologie avec tendresse.

Sirāt

= Avec Sirāt, Óliver Laxe signe un film sensoriel et bouleversant sur la quête d’une fille disparue, entre rêve et chaos, dans un monde au bord de l’effondrement.

Dalloway
= Dans Dalloway, thriller d’anticipation signé Yann Gozlan, Cécile de France incarne une romancière guidée par une IA inquiétante. Un huis clos tendu, futuriste mais crédible, porté par une tension croissante.

Ciudad sin sueño

= Ciudad sin sueño est un film de fiction ancré dans la réalité de la Cañada Real, bidonville près de Madrid. Il suit Toni, adolescent marginal, dans une œuvre poétique, réaliste et profondément humaine.

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Je n'ai pas grand-chose à ajouter aujourd'hui...

Juste... je n'ai pas modifié les textes de ChatGPT et vous laisse juges de leur pertinence. Je n'utilise pas d'I.A. pour écrire mes chroniques ! En fonction de l'inspiration, il se pourrait que je revienne sur le sujet.

vendredi 31 octobre 2025

Un rêve américain

Je me souviens qu'aux premiers jours de ce blog, je pensais évoquer à chaque chronique un cinéaste différent. Sur Facebook, l'ami Vincent essaye de citer un grand film par an - avec cette même contrainte. Tout cela pour dire que j'aurais pu "zapper" Paul Thomas Anderson après une première impression défavorable ! J'ai bien fait d'insister...

D'autres amis - Céline, Cédric et Franck - m'y ont d'ailleurs encouragé. C'est aussi un peu cela qui m'aura conduit à aller voir Une bataille après l'autre, le dixième long-métrage du talenteux Californien. J'avoue que Leonardo DiCaprio y était aussi pour quelque chose. Résultat: j'ai rejoint ma salle préférée sans grande info préalable. Bingo ! Je n'ai pas attendu longtemps avant de me régaler. Le film s'ouvre de manière spectaculaire, sur une scène où des militants libertaires envahissent un centre de rétention et laissent les migrants mexicains qu'il "abritait" prendre rapidement la poudre d'escampette. Qu'importe cette fuite: la caméra se concentre surtout sur la meneuse du groupe, une dénommée Perfidia Beverly Hills, et la menace armée qu'elle fait peser sur Steven J. Lockjaw, le G. I. en charge du centre. Rondement menée, cette attaque nous permet d'identifier les camps opposés. Comme vous le devinerez, les choses n'en resteront pas là...

La première surprise, c'est peut-être de considérer Leonardo DiCaprio comme un personnage subalterne, Ghetto Pat, qui ne doit sa présence dans la bande des French 75 qu'à sa parfaite maîtrise des explosifs. Autre rebond inattendu: il va devenir le principal protagoniste du récit au moment où, déjà en couple avec sa cheffe, il aura... un enfant. Maman - très efficacement incarnée par la chanteuse Teyana Taylor - refusera d'abandonner la lutte quand Papa, lui, préfèrera se ranger pour s'occuper de la petite. Et le film fera alors une ellipse de 16 ans ! Bref... je ne veux pas en dévoiler davantage, si ce n'est que l'un comme l'autre auront bien sûr affaire avec le redoutable antagoniste qu'incarne Sean Penn (dans son meilleur rôle depuis bien longtemps). Pour le plaisir, Une bataille après l'autre est, entre autres, un film d'acteurs. Oui, les plus connus d'entre eux s'en donnent à coeur joie...

Et les autres ? Ils suivent le mouvement avec un entrain manifeste. Une mention spéciale pour Chase Infiniti, la grande révélation du film dans la peau de Willa, une adolescente au tempérament... affirmé. Maintenant, je vais vous laisser découvrir seuls TOUT ce qui arrive ! J'aime autant vanter la qualité de cet "objet de cinéma" particulier qu'est le film en disant qu'il m'a tout de suite emballé et beaucoup plu sur la longueur. Rappel: il dure tout de même deux heures quarante. Une bataille après l'autre est parfois présenté comme une oeuvre "facile" - la plus accessible de son auteur. Euh... oui, c'est possible. N'empêche: je l'ai trouvée jubilatoire, de parti pris pour les idées politiques de gauche, mais justement, pour cela, assez réconfortante au milieu du trumpisme ambiant. J'ai noté que le tournage du film avait eu lieu du temps de Joe Biden, mais il s'inscrit dans un contexte américain très contemporain. Il interroge sur les évolutions sociétales et la bonne façon de défendre / transmettre ses idéaux. Les scènes d'action s'enchaînent sans temps mort. Elles font tout le sel du récit...

Je veux souligner que la mise en scène m'a vraiment impressionné. Certains la jugent tape-à-l'oeil, mais c'est à croire que le cinéma américain livre chaque semaine d'excellents films: je crois vraiment qu'il faut arrêter de faire la fine bouche dès qu'une production x ou y assume un peu de démesure. Compte tenu de ce qu'Une bataille après l'autre veut raconter, j'estime que son emphase a du sens. Surtout qu'à mon avis, Paul Thomas Anderson et sa troupe d'acteurs s'amusent à mélanger les genres, nous offrant ainsi un film "copieux". Et la violence ? Elle est présente, évidemment, mais jamais gratuite. En clair, je préfère ce cinéma à celui des omniprésents super-héros ou à celui d'un auteur comme Quentin Tarantino, excellent créateur d'images, certes, mais que je juge souvent bien plus complaisant. Maintenant, faudrait-il déjà graver le nom de Paul Thomas Anderson sur quelques Oscars 2026 ? Non: mieux vaut attendre la fin de l'année. Ce que je tiens à affirmer, en revanche, c'est que son dernier opus mérite que vous sortiez de chez vous pour le voir sur un écran XXXXL !

Une bataille après l'autre
Film américain de Paul Thomas Anderson (2025)

Une sortie cinéma après l'autre: je ne livrerai pas mon top annuel aujourd'hui, mais je pressens déjà que ce film sera (très) bien classé. Le précédent Anderson, Licorice Pizza, avait atteint le sixième rang de mon palmarès 2022... mais c'est un autre genre de long-métrage ! Intéressés par le militantisme ? Voyez le sublime À bout de course. Ou, nettement plus sombre, Night moves. Une liste non exhaustive...

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Bon...
Je ne vous ai même pas parlé du personnage de Benicio del Toro. Franchement, l'acteur est excellent dans ce film. Comme d'hab', quoi !

D'autres avis vous intéresseraient ?
Tant mieux ! Pascale, Princécranoir et Strum ont aussi publié le leur.

Ah, et au fait, une dernière petite chose...
Je vous souhaite à toutes et tous un bon week-end de la Toussaint. J'avais pensé publier quelque chose dimanche 2, mais je me suis dit que le film méritait bien... une journée de plus "en haut de l'affiche" !

mercredi 29 octobre 2025

Le musicien oublié

L'oeuvre d'art peut-elle être assimilée à un bien de consommation courante ? Je ne crois pas, mais il me paraît tout à fait indiscutable que beaucoup de ce qui est créé finit par disparaître ou être oublié. C'est ce à quoi j'ai repensé le mois dernier en regardant Il Boemo. Une séance de rattrapage qui m'a ramené en Italie, tout début 1781...

La Bohême ? Avec un accent circonflexe, ce terme désigne une région de l'actuelle République tchèque - celle de la capitale du pays, Prague. C'est le lieu de naissance du personnage qu'on voit... mourir au début d'Il Boemo, un dénommé Josef Mysliveček, compositeur né en 1737. Aviez-vous déjà entendu parler de lui auparavant ? Euh... pas moi. J'ignorais tout de sa courte existence (et a fortiori de son parcours) avant de voir le biopic qu'un de ses compatriotes lui a consacré. L'occasion était donc belle de découvrir cet homme et sa musique. D'origine modeste, il fut d'abord membre d'une confrérie de meuniers. Ses premiers succès artistiques infléchirent le cours de sa destinée. Notre homme choisit de laisser son frère jumeau gérer seul l'héritage de leur père. Il s'installa finalement à Venise pour se perfectionner encore et y signa un premier opéra remarqué, Semiramide (1766). Bon... je vous épargne les détails et vous invite plutôt à voir le film. Ses premiers atouts sont la qualité de sa reconstitution et l'attention portée au travail de Mysliveček. Ouvrez bien vos yeux et vos oreilles !

Le scénario laisse également une part importante à l'environnement dans lequel l'artiste évoluait. Il nous permet de suivre son ascension sociale, en quelque sorte, et de constater qu'elle est étroitement liée aux femmes qu'il a fréquentées. Sans surprise, il y en eut plusieurs. Dans ce registre, il est d'ailleurs possible que le récit de cinéma s'écarte parfois de la stricte réalité historique, ajoutant une couche romanesque à une histoire relativement ordinaire (si ce n'est banale). Un petit regret personnel: Il Boemo nous suggère que le musicien restait largement soumis au bon vouloir de ses commanditaires, issus d'un milieu plus huppé - jusqu'à Ferdinand IV, roi de Naples et Sicile. La jalousie qu'il pouvait susciter risquait de lui porter préjudice. Malheureusement, tout cela ne nous expliqué qu'au travers du prisme des relations amoureuses - ou simplement "amicales" - compliquées que Mysliveček entretenait avec certaines femmes de son entourage. C'est dommage: certaines séquences semblent un peu caricaturales. Presque tout le reste est heureusement d'une beauté fort appréciable.

Il Boemo
(ou Le divin de Bohême)
Film italo-slovaquo-tchèque de Petr Václav (2022)
En un peu plus de deux heures de métrage, le réalisateur-scénariste gagne son pari de nous intéresser à un musicien largement méconnu. Il nous rappelle au passage qu'il était admiré du jeune W. A. Mozart ! Bref... malgré mon bémol final, pas de doute: j'ai vu un bon film. Amadeus reste indépassable, mais on est au niveau d'un Farinelli. Vous aimez la musique plus récente ? Bolero pourrait vous convenir...

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Si vous n'êtes pas pressés de changer de disque...

Je peux aussi vous recommander de lire les avis de Pascale et Dasola.

lundi 27 octobre 2025

Damnation

J'ai cherché l'info: il faut compter trois heures pour rallier l'Islande depuis le Danemark en avion et plus du double pour faire l'équivalent en bateau. Dans Godland, Lucas, un pasteur danois, rejoint les côtes islandaises en voilier et, ensuite, poursuit son long périple à cheval. Mais il faut dire aussi que ce film se déroule à la fin du 19ème siècle !

Le jeune homme est chargé de superviser la construction d'une église dans un petit village isolé. Lui compte en outre profiter de sa mission pour découvrir un territoire méconnu et photographier ses habitants. C'est ce qui explique qu'il trimballe avec lui un imposant matériel. Arrivé à destination après avoir connu de très nombreuses difficultés sur le chemin, Lucas ne s'adapte guère à son nouveau cadre de vie. Accueilli avec chaleur au départ, il ne fait pas énormément d'efforts pour s'intégrer au sein de la communauté, étant par ailleurs vite privé des services de l'interprète avec lequel il était parti. Il est possible que vous vous attachiez à lui au départ, mais je dois vous confirmer que le personnage m'est finalement apparu franchement antipathique. Godland mérite toutefois d'être applaudi pour sa superbe direction artistique. Elle s'appuie sur des choix astucieux, dont celui d'un cadre carré - et donc proche de ce que devaient être les photos, à l'époque. Adopter une démarche contemplative est peut-être la meilleure façon d'apprécier le "voyage". Et, à l'évidence, j'en ai fait de moins beaux...

Godland
Film (franco-dano-)islandais de Hlynur Pálmason (2022)

Quelque part entre Jauja et Silence, ce long-métrage venu du froid tempère son austérité en nous montrant comment une terre lointaine et si différente de la nôtre, plus au sud, évolue au fil des saisons. Soyez bien assurés d'une chose: c'est un véritable régal pour les yeux. De manière étonnante, le personnage m'a parfois remémoré Aguirre pour sa folie jusqu’au-boutiste. Le suivre ? Ce n'est pas sans risques !

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Si vous avez besoin d'y réfléchir encore...

Parfait: je vous conseille la lecture des avis de Pascale, Dasola et Lui.

samedi 25 octobre 2025

Les amis du plantigrade

Que faisiez-vous il y a 28 ans ? Pierre Richard, lui, fêtait le lancement de son dernier film de réalisateur. Ou plutôt, non... l'avant-dernier. En septembre, il en a sorti un autre, avec un titre long comme un jour de pluie sans cinéma: L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme. Une gourmandise tournée dans l'Aude, à Gruissan, sa ville d'adoption !

L'éternel grand blond incarne Grégoire, un type modestement installé dans une cabane de pêcheurs au bord de la Méditerranée. Ses amis suffisent à son bonheur et, en particulier, Michel, un jeune autiste que sa mère espère voir embauché dans une mairie du voisinage. "Grégoire, c'est quoi, un fonctionnaire ?" "Ce que tu ne seras jamais. On met pas un oiseau en cage". Je retiens cet extrait de dialogue pour vous donner une idée du ton poétique de ce joli long-métrage. Rapidement, l'ours du titre fait son apparition: il devient alors crucial pour Grégoire et Michel d'agir pour le sauver de la folie des hommes ordinaires. Ordinaire, cette histoire ne l'est pas, pour sûr. Sa poésie fait la part belle aux personnages, le générique nous ayant confirmé d'emblée que, malgré la fiction, ils ont tous existé - ou existent encore. Il en est ainsi du garagiste voleur de voitures et du boucher fan de Johnny, je suppose, du Che (!) et peut-être aussi des Indiens d'Amazonie croisés au détour d'une scène au message écolo-rigolo. Sur ce thème, Pierre Richard m'a semblé plus que concerné: sérieux...

L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme
Film français de Pierre Richard (2025)

L'une des critiques que j'ai lues - a posteriori - soulignait que le film oubliait certaines de ses sous-intrigues en cours de route. C'est vrai. Mais est-ce que c'est vraiment important ? Je n'en suis pas convaincu. Évidemment, le sous-texte politique était plus appuyé dans Le jouet.  Mais Paris pieds nus me régale tout autant, dans un autre registre. C'est un plaisir inaltérable de retrouver un grand enfant de... 91 ans !

jeudi 23 octobre 2025

Un enlèvement

Il dit qu'au cours des années 1990, alors que le terrorisme islamique sévissait en Algérie, la police avait des difficultés à faire son travail parce qu'elle était souvent ciblée par une partie de la population. Chakib Taleb Bendiab s'est souvenu d'affaires d'enlèvement d'enfants dont il avait entendu parler à 16-17 ans. Assez pour inspirer son film !

Reconnaissons-le: Alger - sorti en Algérie sous le titre 196 mètres - m'est "tombé dessus" un peu par hasard (j'en reparlerai peut-être). Avec, d'emblée, une bonne surprise: celle d'y retrouver Nabil Asli. J'avais en effet fait une interview de l'acteur... il y a douze ans déjà !
 
Bref... c'est une toute autre histoire. Cette fois-ci, il incarne un flic chargé d'enquêter sur l'enlèvement d'une fillette, un soir, au coeur d'un quartier populaire de la capitale. Avec lui, un adjoint désabusé soucieux de boucler le dossier au plus vite et une jeune psychiatre persuadée que le premier suspect n'est en fait qu'un bouc-émissaire. Sur cette base, il est clair que j'espérais découvrir un thriller efficace et prendre un plaisir d'autant plus sincère que le contexte algérois promettait d'apporter une petite touche d'originalité supplémentaire. Las ! Alger n'est pas un mauvais film, mais il ne sort pas des sentiers battus. Si l'intention était de témoigner des souffrances d'une société encore fragile, je crois pouvoir vous dire qu'il manque quelque chose. Possible aussi qu'il n'y ait pas besoin d'en ajouter pour que le public algérien, lui, perçoive et comprenne mieux tout ce qui nous échappe. Ce serait logique, non ? Je n'ai pas tout saisi... et ce n'est pas grave !

Alger
(ou 196 mètres)
Film algérien de Chakib Taleb Bendiab (2024)
Une scène explique (rapidement) pourquoi les rues de la capitale algérienne ne sont pas toujours aussi longues que d'autres: passons ! Puisqu'il est donc question d'enlèvement d'enfants, comparer ce film avec Prisoners peut s'entendre (j'ai préféré cet opus anglo-saxon). Nabil Asli, quant à lui, m'avait paru mieux inspiré dans Le repenti. Pour l'Algérie, je recommande aussi Harragas et/ou Omar la fraise...

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Et pour information...
C'est encore grâce aux Fiches du Cinéma que j'ai pu découvrir le film. Vous pourrez retrouver les articles de cet éditeur sur le site Actu.fr. Je ne dirais que du bien de ce qu'il publie sur le Web... et sur papier !

lundi 20 octobre 2025

Aux âmes égarées

Il l'avoue: "Le cinéma me rend excessif. Je suis un junkie de l'image". Âgé de 43 ans, le Franco-Espagnol Óliver Laxe affiche un certain sens de la démesure et paraît l'assumer pleinement. Il en faut à coup sûr pour écrire et tourner Sirāt, Prix du jury du Festival de Cannes 2025. La quatrième couronne du cinéaste sur la Croisette - en quatre films !

Dans la tradition musulmane, le mot Sirāt est le nom donné à un pont tendu entre l'enfer et le paradis, où l'âme se confronterait à sa vérité. Le film, lui, suggère qu'il est facile de se perdre dans un entre-deux rempli d'incertitudes, qui n'est plus la vie, mais pas encore la mort. Nous arpentons d'abord ce vaste espace indéfini avec Luis, un père parti à la recherche de sa fille disparue. Avec lui, son fils, Esteban. Inquiet, il espère obtenir des renseignements auprès des participants d'une rave au coeur du désert marocain, à qui il distribue des tracts avec la photo de l'absente. Mais, soudain, l'armée disperse la foule. Pris dans le mouvement, Luis et Esteban décident de suivre un groupe déterminé à rouler vers le sud. Qui sait ? S'ils rallient une autre fête organisée à la frontière de la Mauritanie, ils reverront peut-être celle qu'ils sont venus chercher. Rapidement, nous partageons cet espoir avec la petite dizaine de personnages concernés par cette "aventure". Il nous réconforte, tandis que le film suggère qu'une guerre mondiale vient d'éclater et montre, déjà, des hommes privés de presque tout...

Quel choc esthétique ! J'insiste: certains des plans de ce long-métrage figurent sans conteste parmi les plus beaux que j'ai vus cette année. Plus que logique, il est bien évident qu'ils ont été élaborés pour l'écran géant des cinémas, de même que la musique (techno) et la bande-son l'ont été pour leurs installations XXL. C'est la meilleure des garanties possibles pour vivre un grand moment, au-delà même d'un scénario éprouvant et imparable, qui exige de nous, public, un engagement absolu sur les méandres du chemin qu'il entend nous faire parcourir. Dès lors, autant vous avertir: Sirāt n'est JAMAIS un film confortable. Il risque en réalité de vous secouer, non sans une certaine violence. Par ailleurs, il pose maintes questions, mais ne répond pas à toutes. Ainsi, pourquoi deux des protagonistes sont-ils estropiés, l'un privé de son avant-bras droit, l'autre unijambiste ? Ce n'est pas expliqué. Unique certitude: Óliver Laxe a fait appel à d'authentiques "teufeurs". Les associer à Sergi López, seul acteur pro, est un autre bon choix. Son lointain périple est de ceux dont on ne revient jamais vraiment...

Sirāt
Film franco-espagnol d'Óliver Laxe (2025)

J'avais vu un autre opus du réalisateur, Viendra le feu, sorti en 2019. Sa nouvelle création me paraît encore plus forte, sous l'influence probable de films aussi puissants que Le salaire de la peur, Mad Max ou encore Gerry. De quoi "expérimenter sa petitesse", d'après Laxe. Notons autre chose: lui affirme n'avoir aucune référence spirituelle. Et ajoute: "L'art m'a un peu réchauffé le coeur". Je peux l'admettre...

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Vous voulez creuser le sujet ?

Un conseil: lire les avis de Pascale, Dasola, Princécranoir et Benjamin.

samedi 18 octobre 2025

Deux coeurs

Promis: ce samedi, ma chronique sera plus courte que la précédente. Je vous y parlerai d'un film japonais, sorti en 2022 dans son pays d'origine, mais diffusé depuis seulement dix jours en France: Egoist. Une première précision: le titre est en quelque sorte un trompe-l'oeil. N'allez donc pas imaginer qu'il qualifie l'un ou l'autre des personnages !

Pas d'égoïsme, au contraire: il est question d'une relation amoureuse. De nobles sentiments unissent rapidement Kosuke, salarié embauché dans un magazine de mode, à Ryuta, jeune homme d'origine modeste devenu son coach sportif. Je parle bien d'une relation homosexuelle. C'est la possible surprise du début du film: il évoque une situation encore largement taboue dans le cadre rigide de la société nippone. Et comment procède-t-il ? En nous montrant les grandes difficultés qu'affrontent Kosuke et Ryuta pour vivre leur histoire, malgré un coup de foudre réciproque. Bon... Egoist ne fait pas dans la demi-mesure. J'aime autant vous en prévenir: il adopte d'emblée le ton d'un drame sans concession (ce qui est peut-être sa manière à lui d'être réaliste). Je vous avoue que j'ai trouvé certaines situations un peu too much. Les âmes sensibles garderont quelques mouchoirs à portée de main. Tout est affaire de sensibilité, bien sûr. Il n'est pas interdit d'aimer...

Egoist
Film japonais de Daishi Matsunaga (2022)

L'adaptation d'un livre, lui-même tiré de l'expérience de son auteur. J'ignore en revanche si ce roman d'un dénommé Makoto Takoyama peut être disponible dans une version traduite en français (ou autre). Ce que je peux dire, c'est que, pour parler des grandes figures gays au cinéma, je préfère largement Le secret de Brokeback Mountain. Sans négliger La vie d'Adèle ou encore Carol pour la parole féminine !

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Vous voulez un autre avis ?
Cela tombe bien: celui de Pascale est en ligne (et clairement positif).

Je vous en ressers un peu ?
Ce sont les Fiches du Cinéma qui m'ont permis de chroniquer le film. Cette maison d'édition signe de nombreux articles sur le site Actu.fr. Elle publie aussi pour son propre compte - sur supports Web et papier.

jeudi 16 octobre 2025

In love with cinéma

Un bonus à ma chronique de lundi: c'est la Cinémathèque de Grenoble qui m'a permis de découvrir un "nouvel" Antonioni sur grand écran. Explication: le mois dernier, l'institution fêtait sa rentrée officielle avec cinq autres associations locales de promotion du septième art. J'en reparle plus bas et d'abord, un mot sur quatre courts-métrages ! Eux aussi ont été présentés au cours de cette soirée exceptionnelle...

La cena
Jesus Martinez Nota - Espagne - 2023

Dans ce petit film, un homosexuel fait son coming-out lors d'un dîner avec ses parents. Mais Papa et Maman n'y comprennent rien ! Comment imaginer qu'un homme puisse faire l'amour avec un autre ? Ce n'est pas que cela les choque, mais ils pensent la chose impossible sur le plan pratique, aucun des deux partenaires n'ayant de vagin conçu pour être pénétré. Les diverses révélations qui s'ensuivent amuseront celles et ceux qui ont l'esprit ouvert sur ces sujets intimes. Rien de scandaleux à l'horizon, mais peut-être un brin de caricature...

RAmén
Rubén Seca - Espagne - 2019

Connaîtriez-vous le pastafarisme ? Considérés comme les adeptes d'une religion dans certains pays, ses fidèles croient en l'existence d'une divinité sous l'apparence d'un monstre de spaghettis volant ! Après tout, la foi se passe allégrement de preuve tangible, pas vrai ? Bon... ce n'est pas exactement ce que raconte ce court, qui s'ouvre sur la "communion" d'une petite fille, devant sa grand-mère ulcérée. Je vous laisse découvrir vous-même comment les choses s'arrangent. Vous comprendrez que tout cela n'est pas très sérieux, évidemment...

Sacrées nonnes
Étudiants de l'école ISART-Digital - France - 2018

Pas sérieux non plus, ce court commence aussi avec une cérémonie religieuse. L'officiant impressionne grandement les petites soeurs dont il semble être le directeur spirituel. Or, pour une bonne raison que je ne dévoilerai pas, deux d'entre elles sortent de leur couvent. Une surprise les attend dans ce monde extérieur encore peu connu ! Croyant ou non, le spectateur, lui, est supposé en rire sans retenue. C'est possible, à condition de ne pas attendre un sketch désopilant. Comme l'aura souligné quelqu'un ce soir-là, "les jeunes ont du talent".

Où vont les sons
Florent Gouëlou - France - 2021
Je ne pourrai pas vous donner une vision très complète de ce court sensible, pour la simple raison qu'il n'a pas été projeté en entier. Malgré un timing serré, il était tout de même facile de comprendre qu'il était question de la réunion de six jeunes ados-adultes au chevet d'une de leurs amies, agressée dans la rue pour son orientation sexuelle. Un message bien utile pour rappeler que nos sociétés occidentales ne sont pas toujours aussi tolérantes qu'on le proclame. J'espère à présent avoir l'occasion de le réentendre dans sa globalité !

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C'est 24 heures durant que cette initiative de la Cinémathèque grenobloise a permis de mettre en avant les associations spécialisées de la commune. L'image composée ci-dessous vous donnera une idée de ce que j'ai pu voir. On pourra y revenir en commentaires, bien sûr.

Autre association, le Ciné-Club de Grenoble existe depuis 1967. Objectif annoncé: "Promouvoir la culture populaire et l'éducation permanente en s'inspirant de l'idéal laïc". Variés, les films qu'il défend sont regroupés par thèmes. Actuellement: Les machines au pouvoir...

Au coeur de ses activités, Vues d'en face promeut le festival international du même nom, 100% orienté sur le cinéma LGBTQIA+. Sa 25ème édition s'achève demain par (je cite) "une soirée queer, inclusive et désinvolte". Au programme: DJ sets... et ambiance drag !

Fa Sol Latino est, elle aussi, l'organisatrice d'un remarquable festival annuel, Ojoloco, consacré au cinéma ibérique et sud-américain. Majoritairement composée d'étudiants, elle favorise la découverte d'oeuvres fortes et rares: fictions, docus et classiques du patrimoine.

Cet éclectisme prévaut aussi chez Dolce Cinema, en bonne spécialiste reconnue du cinéma italien de toutes les époques. Son festival 2025 débutera le 8 novembre: je dois avouer que je suis plutôt impatient ! Surtout qu'il pourrait aussi y avoir quelques causeries intéressantes...

Et Terreur Nocturne, dans tout ça ? J'ai déjà mentionné son travail quand je vous ai parlé du Maudit Festival, dédié aux films de genre. Pour moi, c'est l'un des rendez-vous incontournables du début d'année. On y rit et on y tremble. Sensations fortes - et... bizarres - garanties.

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Il en manque une ? Exact ! Je suis heureux de voir que vous suivez. La Cinémathèque de Grenoble conserve, étudie et présente des films de toutes les époques et de tous les horizons. Elle est l'organisatrice d'un grand festival annuel, entièrement consacré aux formats courts. Elle vient d'entamer un cycle de projections sur le thème de la folie. Prochaine étape dès ce soir avec le Wanda de Barbara Loden (1970). La suite du programme se déroulera ensuite jusqu'au 14 décembre. Aucune info n'a encore circulé sur la programmation prévue en 2026...