mardi 15 juillet 2025

Après maintes traversées

On imagine volontiers Ulysse en héros, assez rusé pour prendre Troie grâce à un cheval de bois et suffisamment fort pour écarter les périls qui, après vingt ans de guerre, veulent l'empêcher de rentrer chez lui. En juin, un film est venu raconter une autre version de la légende. Son titre bilingue est très incongru: The return - Le retour d'Ulysse !

Cette désignation tient sans doute au fait que les producteurs du film n'ont pas eu envie de se prendre la tête avec les nationalités multiples de ce fameux opus, américain, français, britannique, italien et grec. Passons ! De mon côté, j'étais plutôt content de suivre Ralph Fiennes dans un rôle qui lui va bien: celui d'un Ulysse revenu à la fois meurtri et désabusé de ses aventures lointaines. Reprendre le trône d'Ithaque n'a même pas l'air d'être sa priorité, ce qui donnerait presque raison aux prétendants qui rôdent autour de sa femme, la fidèle Pénélope, affirmant qu'il l'a abandonnée, s'il n'est pas mort depuis des lustres. Télémaque, son fils, voue aux gémonies ce père toujours absent. D'après le mythe, c'est Argos, le chien d'Ulysse, qui le reconnaîtra avant tout le monde. Bref... les très grandes lignes du récit antique sont respectées, mais c'est à un roi fatigué que nous avons affaire. Après tout, pourquoi pas ? Homère lui-même aurait pu le concevoir...

Le film a un autre atout: Juliette Binoche dans le presque-unique rôle féminin. L'allure hiératique de la comédienne et ses quelques rides apparentes rendent son - beau - personnage de résistante crédible. Rien que pour elle et son premier partenaire, The return... mérite d'être vu. Attention, toutefois: c'est un film assez long (deux heures). Il est possible que vous soyez quelque peu dérouté par les postures quasi-théatrales que prennent les acteurs, voire par leurs répliques. Les scènes intérieures manquent parfois de souffle, malgré la qualité indéniable des décors et des costumes. Je peux dès lors comprendre que l'on s'ennuie devant un tel spectacle, bien peu épique, finalement. Je pense que vous saurez dès les premières minutes si cela convient pour vous... ou même avant, rien qu'en regardant la bande-annonce. Vous n'êtes évidemment pas obligés d'insister si vous le sentez pas. C'est un fait: le jour même de la sortie, j'étais tout seul dans la salle !

The return - Le retour d'Ulysse
Film britannique d'Uberto Pasolini (2024)

Le premier Ulysse que j'ai connu voguait dans l'espace intergalactique et son fils avait pour ami un petit robot rouge, qu'il appelait Nono. Cruel, le temps l'avait moins éprouvé que le héros du film du jour ! Vous cherchez un entre-deux ? Je vous suggère de revoir Kirk Douglas dans ses jeunes oeuvres et donc le Ulysse de Mario Camerini (1954). Vous pouvez aussi attendre 2026 et la version de Christopher Nolan...

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Je vous montre un autre chemin ?

Oui: une seconde chronique (ironique) n'attend que vous chez Pascale.

lundi 14 juillet 2025

À vos titres !

Bonne Fête nationale à toutes et tous, les ami(e)s ! J'ai une question pour vous: toutes époques et tous genres confondus, quel(s) film(s) serai(en)t à vos yeux le(s) plus représentatif(s) de l'esprit français ? Soyez sans crainte: il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. J'espère juste relever quelques titres - pour les découvrir à mon tour !

Vous le savez: j'estime que le cinéma est un plaisir qui se partage. L'été venu, il y a peut-être un peu moins de films très intéressants dans les salles, mais les projections en plein air organisées ici et là sont souvent une alternative agréable (surtout à la nuit tombante). Comme le plein hiver, la belle saison peut ainsi être l'occasion idéale pour s'intéresser à certaines oeuvres que le tout-venant des sorties hebdomadaires tend à dissimuler en temps ordinaire. Selon ses goûts propres et ses opportunités, chacun jugera de l'intérêt de s'adonner aux plaisirs infinis du septième art à cette belle période de l'année. Moi ? Je m'octroierai bien une pause, mais sûrement pas dès demain !

dimanche 13 juillet 2025

La lame et le sang

Écrire une chronique comme on écrirait un haïku paraît difficile. L'extrême concision des poèmes japonais me semble inconciliable avec l'idée même du cinéma, qui raconte des histoires longues. Reste que Tuer ! ne prend qu'une heure dix pour un récit situé dans le Japon féodal du 19ème siècle. Tout cela aura suffi... à attirer ma curiosité !

La mère de Shingo a assassiné la maîtresse du chef de son clan. L'enfant n'est pas resté avec son père: encore bébé, il a été confié aux bons soins d'un samouraï qui l'a élevé comme son propre fils. Devenu grand, le petit rescapé est ensuite parti découvrir le monde pendant quelques années, avant de revenir à son foyer d'adoption. C'est ensuite - et après la découverte de ses véritables origines familiales - que son destin glissera à nouveau sur une pente funeste. Tuer ! exalte de nobles valeurs, mais, comme ses premières images et son titre vous le suggèreront, c'est un film dominé par la mort. J'avoue que je ne m'y attendais pas (ou en tout cas pas à ce point). Malgré sa brièveté, il m'a donc surpris et - à chaud - un peu déçu. Cela dit, après avoir pris un peu de recul, je précise que les plans sont souvent d'une grande beauté, que les séquences soient tournées en extérieur ou en intérieur. Je n'aurai jamais fini de m'émerveiller...

Tuer !
Film japonais de Kenji Misumi (1962)

Je suis ravi d'ajouter aujourd'hui le nom d'un réalisateur (prolifique !) à la liste de mes connaissances liées au cinéma nippon "classique". Bon... j'ai vu mieux et par exemple, cette année, sur un scénario comparable, le superbe L'intendant Sansho, sorti huit ans plus tôt. Côté fresques, Les sept samouraïs fait toujours office de référence incontournable. Et on peut aussi aimer la sobriété d'Après la pluie...

samedi 12 juillet 2025

En l'absence du père

Winter's bone ? Voilà un film que je voulais voir depuis longtemps ! Certains d'entre vous le connaissent et/ou ont pu lire le roman noir dont il est tiré, publié en français sous le titre Un hiver de glace. Personnellement, c'est d'abord l'actrice américaine Jennifer Lawrence que je tenais à (re)voir. Or, ce long-métrage l'a pleinement révélée...

Du haut de ses vingt ans, JLaw tient le rôle principal de ce thriller planté au milieu des Monts Ozarks, une vaste région des États-Unis couvrant 122.000 km² entre Missouri, Arkansas, Kansas et Oklahoma. Ree, courageuse adolescente, doit s'occuper seule de sa mère malade, de sa soeur et de son frère (6 et 12 ans), en l'absence de son père. Sorti de prison, mais en attente d'un procès pour trafic de drogues dures, ce dernier n'est pas rentré chez lui et a totalement disparu. Conséquence: Ree et les siens se retrouvent dans une situation extrêmement précaire, d'autant que la maison familiale fait l'objet d'une hypothèque et pourrait être saisie rapidement. Il est nécessaire et urgent que Ree retrouve son père pour débloquer cette situation ! Vous l'aurez sûrement compris: ce ne sera pas une partie de plaisir. Déterminée, la jeune femme ne comptera que de maigres soutiens pour l'aider. Et devra au contraire affronter une menace, insidieuse...

Cette image, apparue dans les premiers instants du long-métrage, donne le ton: Winter's bone est un grand film d'atmosphère, tendu jusque dans ses derniers instants. En réalité, à partir d'une énigme digne de la meilleure littérature policière, c'est l'effrayant portrait d'une communauté repliée sur elle-même et gangrénée par le crime que l'on découvre. Mais rien de trop invraisemblable: exception faite d'une scène liée à un cauchemar, ce que nous voyons pourrait exister. C'est ce réalisme brut qui, à mon avis, nous permet de nous attacher au personnage de Ree. Face à l'absence du père, nous avons envie qu'elle comprenne ce qui se passe et parvienne à sauver sa famille. Résultat: le scénario nous fait alors frissonner à maintes reprises. Tout cela m'a donné envie de revenir à la source littéraire un jour prochain et à dénicher, peut-être, d'autres films du même genre. J'imagine qu'il est mieux de ne les apprécier... qu'au compte-gouttes !

Winter's bone
Film américain de Debra Granik (2010)

Attention: ce très bon film contient - au moins - deux scènes "choc" susceptibles d'épouvanter les âmes les plus sensibles. Son héroïne adolescente ne garantit pas qu'il convienne aux jeunes du même âge. Cette réserve posée, je le comparerais bien à Trois jours et une vie. Pour l'aspect enfermé au sein d'une petite communauté, Le village reste une bonne référence. Son petit plus: une dimension fantastique.

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Et aujourd'hui, en complément de programme...

Je vous recommande de lire les chroniques de Pascale, Dasola et Lui.

vendredi 11 juillet 2025

Débrouille et propreté

Un petit film avec Amy Adams et Emily Blunt: c'est ce que j'ai regardé dernièrement entre deux productions - a priori - plus "ambitieuses". J'apprécie ces actrices et constate que leurs carrières respectives étaient déjà bien lancées l'année de la sortie de Sunshine Cleaning. Précision: Amy avait alors 36 ans, Emily seulement 27. Le temps file !

Mère célibataire, Rose Lorkowski travaille comme femme de ménage et vit une relation peu épanouissante avec Mac, un vieux copain d'école devenu flic, sympa, mais incapable de quitter sa femme. Norah, sa jeune soeur, a perdu son job de serveuse et tire le Diable par la queue. Les deux frangines vont finalement trouver un terrain d'entente, s'associer et devenir nettoyeuses de scènes de crime ! Voilà... Sunshine Cleaning n'est que cela: la description (amusante) des galères de deux frangines et donc de leur manière de s'organiser pour s'en sortir. On découvrira également leur père, un type farfelu embarqué dans de drôles de combines commerciales, et le pourquoi de l'absence d'une mère pour compléter la famille américaine lambda. Rien de très folichon, mais pour une soirée télé, ça convient encore...

Sunshine Cleaning
Film américain de Christine Jeffs (2009)

Vous l'aurez compris: je n'ai pas grand-chose à raconter, cette fois. Divertissant, le film n'a rien d'un incontournable, mais sa modestie joue pour lui et les comédiennes font bien leur job, tout simplement. Chose étonnante: je suis persuadé que le talent pour la débrouille demeure un argument de scénario récurrent, mais ne vois aucun opus comparable à recommander ! Vous, oui ? Direction les commentaires !

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Et en remontant le fil du temps...

Vous pouvez toujours retrouver cette histoire chez Pascale et Dasola.

jeudi 10 juillet 2025

Ennio

Cinq ans (et quatre jours) après sa disparition, il n'est pas trop tard pour évoquer l'immense Morricone. Je n'ai pas encore fixé de date précise, mais soyez-en assurés: je compte bien voir le documentaire que Giuseppe Tornatore - encore lui ! - a consacré à ce vrai magicien. Pas de doute: de nombreux artistes de cinéma lui doivent beaucoup...

Je n'ai pas forcément grand-chose à vous apprendre sur le musicien, compositeur et chef d'orchestre né à Rome en 1928, la même année que mes grands-parents maternels. Il occupe une place privilégiée dans mon propre Panthéon lié au cinéma, ses créations symphoniques venant bien souvent sublimer les images des meilleurs réalisateurs. Sergio Leone, disait-on, le laissait composer avant même de tourner !

Mario, le père d'Ennio, était trompettiste dans des orchestres de jazz. Cinéphiles, vous savez sûrement que l'instrument est très présent dans les bandes-originales de certains classiques du cinéma italien. Morricone fils n'a toutefois pas écrit que pour le septième art. Wikipédia m'a appris en juin qu'il avait même fait quelques incursions dans la chanson, collaborant ainsi avec des artistes francophones comme Mireille Mathieu ou Richard Cocciante, à titre d'exemples. Tout ne m'intéresse pas avec la même intensité et c'est normal, non ?

Vous vous sentez plus investis, vous ? Je serais heureux de le savoir. J'admets volontiers que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre sur le maestro. Et bien sûr beaucoup de choses à écouter, également. D'une manière générale, je crois être trop peu attentif à la musique des films que je visionne. J'hésite encore un peu à placer Morricone parmi les meilleurs des meilleurs, pour la simple raison que je connais trop mal les autres, morts ou vivants, retraités ou toujours actifs. C'est pourquoi je reviendrai sûrement sur le sujet, un jour prochain...

En attendant, voici la liste complète des films présentés sur le blog et dont le grand Ennio a signé la bande-originale. De quoi se régaler !
- I Basilischi / Lina Wertmüller / 1963,
- Et pour quelques dollars de plus / Sergio Leone / 1965,
- Le bon, la brute et le truand / Sergio Leone / 1966,
- Colorado / Sergio Sollima / 1966,
- Le dernier face à face / Sergio Sollima / 1967,
- Il était une fois dans l'Ouest / Sergio Leone / 1968,
- Le grand silence / Sergio Corbucci / 1968,
- El mercenario / Sergio Corbucci / 1968,
- L'oiseau au plumage de cristal / Dario Argento / 1970,
- Compañeros / Sergio Corbucci / 1970,
- Il était une fois la révolution / Sergio Leone / 1971,
- Sans mobile apparent / Philippe Labro / 1971,
- Mon nom est Personne / Tonino Valerii / 1973,
- Peur sur la ville / Henri Verneuil / 1974,
- Un génie, deux associés, une cloche / Damiano Damiani / 1975,
- 1900 / Bernardo Bertolucci / 1976,
- Les moissons du ciel / Terrence Malick / 1978,
- Le ruffian / José Giovanni / 1983,
- Mission / Roland Joffé / 1986,
- Frantic / Roman Polanski / 1988,
- Cinema Paradiso / Giuseppe Tornatore / 1988,
- Ils vont tous bien ! / Giuseppe Tornatore / 1990,
- La cité de la joie / Roland Joffé / 1992,
- The best offer / Giuseppe Tornatore / 2013,
- Les 8 salopards / Quentin Tarantino / 2015.

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Vous avez d'autres références ?

Je suis tout ouïe, qu'elles aient été composées pour le cinéma ou pas. Idem si vous avez des infos sur la musique d'Andrea, un fils d'Ennio. NB: Marco, l'aîné, estime... à 6.000 le nombre d'oeuvres de son père !

mardi 8 juillet 2025

Un autre étrange voyage

Une fois n'est pas coutume: c'est un bref extrait de sa bande originale qui m'a donné envie de découvrir un film. Le fait que le rôle principal ait été confié à Marcello Mastroianni a ensuite fini de me convaincre que la reprise d'Ils vont tous bien ! au cinéma serait l'occasion idéale pour découvrir ce film. Je n'en avais pas entendu parler auparavant...

Méconnaissable derrière ses très grosses lunettes et sa moustache blanche, l'acteur italien avait presque 66 ans quand cet opus est sorti dans les salles françaises (en avance d'un mois sur les transalpines). Toujours au mieux de sa forme, il incarne cette fois un vieux Sicilien dénommé Matteo Scuro, retraité du service de l'état civil d'une mairie de sa région et père de cinq enfants - deux filles et trois garçons. Alvaro, Guglielmo, Tosca, Norma et Canio: ce passionné d'art lyrique a donné à chacun de ses descendants le prénom d'un personnage d'opéra. Et, sans les prévenir, il a décidé d'aller leur rendre visite successivement pour les inviter à un grand rassemblement familial. Ainsi débutera un long voyage qui, parti de Palerme, passera d'abord par Naples, puis par Rome, Florence, Milan et Turin. Les touristes passeront leur chemin: je vous laisse à présent découvrir la manière dont ces grandes villes sont abordées, présentées et/ou contournées !

Une certitude: Giuseppe Tornatore, le réalisateur, s'est bien entouré. Et pas seulement par le grand Ennio Morricone, même si c'est donc lui qui a composé la musique du film. Je donne raison à une critique aperçue avant la projection: le cinéaste est aussi sous l'influence d'autres maîtres du cinéma italien, Ettore Scola et Federico Fellini. Rassurez-vous: Ils vont tous bien ! reste un film très compréhensible et tout à fait tenu. C'est avec plaisir que j'y ai retrouvé le côté aigre-doux des meilleures comédies du pays et un certain regard tendre sur ces gens que l'on juge trop souvent "très ordinaires". Surprise: Marcello Mastroianni est incontestablement le personnage central de cette histoire, mais il n'y a pas toujours le beau rôle. Franchement, quel plaisir de découvrir tout cela, un peu par hasard ! Les deux heures de métrage sont vraiment passées à toute vitesse. Elles confirment mon intérêt encore croissant pour le cinéma italien...

Ils vont tous bien !
Film italien de Giuseppe Tornatore (1990)
Un rappel: deux ans plus tôt, le réalisateur signait un autre classique des films tendres italiens, à savoir le joli Cinema Paradiso. Son nom entre petit à petit dans mon Panthéon, même s'il reste en retrait d'auteurs plus "importants" - qui l'ont précédé en haut de l'affiche. Pour apprécier un second périple étonnant, je suggère de retourner vers Un étrange voyage (avec Jean Rochefort). Une autre perle rare !

lundi 7 juillet 2025

Des flingues et du sucre

Ce n'est pas aujourd'hui que je vous offrirai une analyse pertinente sur les étapes historiques du cinéma chinois. Un hasard - malicieux - m'a toutefois permis de découvrir Moonlight Express, un film produit à Hong-Kong (avec également quelques subsides japonais) en 1999. Rappel: en 1997, le Royaume-Uni rétrocédait le territoire à la Chine...

Loin des considérations géopolitiques, j'ai décidé de regarder ce film simplement parce que son pitch évoquait... une jeune femme en deuil après la mort soudaine de son petit ami dans un accident de voiture. Je pensais qu'après Another end, un tel "doublé" pouvait se justifier. Malheureusement, j'ai assez vite déchanté: cet opus made in Asia m'est vite apparu moins captivant que son prédécesseur (sur le blog) !
 
Ivre de tristesse, Hitomi, l'héroïne, est ébranlée par une rencontre improbable avec le sosie de feu son compagnon. Elle s'étonne un peu de cette ressemblance et, même si l'inconnu la traite presque aussitôt comme une paumée (voire pire), elle s'attache très rapidement à lui. Ce qui va la conduire à vivre dangereusement, le dénommé Karbo exerçant le joyeux métier de flic infiltré dans un réseau mafieux. D'après ce que j'ai lu ensuite, Moonlight Express s'inscrit en réalité dans une veine classique du cinéma de Hong-Kong: le film policier romantique. Le gros problème pour moi: cet opus dégouline de sucre ! Je n'ai pas réussi à croire aux personnages, ni même à leur évolution.

Moonlight Express
Film hongkongais de Daniel Lee (1999)

Je ne descends pas sous deux étoiles, non: je me dis que ce machin mal fagoté peut correspondre au goût d'un certain public (asiatique ?). Je fais le même bilan que devant les Japonais de First love, donc. Pour un bon film policier en Asie, je préfère vous renvoyer en Corée et vers le génial Memories of murder - un exemple parmi d'autres. Vous y êtes ? Restez-y avec My sassy girl et les aspects romantiques !

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Un (dernier) mot sur l'acteur principal du film du jour...

À défaut de liens amis à vous proposer, je crois que Leslie Cheung mérite bien un petit hommage. Il avait 43 ans quand le film est sorti et donc (presque) seize de plus que sa partenaire, Takako Tokiwa. Acteur et chanteur, son rôle le mieux connu et apprécié en Europe reste sûrement celui d'Adieu ma concubine, co-Palme d'or en 1993. D'après une rumeur folle de la Croisette, il aurait alors manqué le Prix d'interprétation à une voix près, un juré l'ayant pris pour une femme. Star dans son pays, il souffrait de dépression et s'est suicidé en 2003.

samedi 5 juillet 2025

Un dernier adieu

Sal refuse toujours de danser s'il n'est pas d'abord un peu éméché. C'est la conviction de Zoe, sa compagne, avec qui il boit un verre avant de sortir faire la fête. Erreur: le couple a un accident, mortel pour la jeune femme. Quelque temps plus tard, le tout dernier recours d'un homme désespéré pourrait venir... de l'innovation technologique.

Another end
s'appuie sur l'idée qu'une opération permet l'implantation complète (et provisoire) du caractère et des souvenirs d'une personne décédée dans le corps d'une autre, volontaire, qu'on appelle l'Hôte. L'objectif est de permettre aux vivants de mieux faire leur deuil quand ils y parviennent mal et/ou quand ils n'y étaient pas préparés. Après examen du demandeur, ce sont les scientifiques eux-mêmes qui déterminent ce qui est possible et combien de temps l'expérience peut durer. Avec Sal et pour Zoe, son Absente, le procédé "marche". Autant vous le dire: ce film de SF que certains critiques de la presse spécialisée jugent trop référencé ou même balourd m'a beaucoup plu. J'ai notamment été très satisfait d'y retrouver Gael Garcia Bernal dans le rôle principal, ainsi que Bérénice Bejo (Ebe, la soeur de Sal). Venu d'Italie, ce film parle anglais et espagnol: ce n'est pas gênant. Les beaux cadres urbains et la musique créent l'atmosphère parfaite !

Et puis, il y a Renate Reinsve, cette remarquable actrice norvégienne que vous connaissez peut-être... et que je viens juste de découvrir. Elle hérite du rôle le plus complexe et s'en tire admirablement. Comprenez bien une chose: Another end ne repose pas sur des effets spéciaux spectaculaires: c'est pour ainsi dire une oeuvre d'ambiance. J'imagine qu'on peut être dérouté par son côté explicite par les mots. C'est vrai que les images, elles, sont essentiellement fonctionnelles. L'ensemble du métrage n'en vient pas moins nous solliciter sur le plan émotionnel: cette histoire est bien, au départ, d'une grande tristesse. Mais derrière le rideau des larmes, une réflexion sur ce qui fait la vie humaine enrichit bien sûr le scénario d'une dimension philosophique que je veux croire universelle. À la portée de toutes et tous, donc. Bien entendu, ce n'est pas forcément pour affronter ce genre de récits que vous aimez aller au cinéma: je peux comprendre cette réserve. Apparemment, le film reste très confidentiel: je ne suis pas surpris. Je l'ai regardé un après-midi de grand soleil et je ne le regrette pas...

Another end
Film (franco-britannico-)italien de Piero Messina (2025)

Je suis vraiment exigeant avec la science-fiction et j'ai été happé. Sans conteste, les trois acteurs principaux y sont pour quelque chose. Tout a fonctionné pour moi dans ce récit situé dans un cadre urbain moderne et que cet opus aura choisi de conjuguer au futur proche. Pour comparer, Bienvenue à Gattaca, A.I. : Intelligence Artificielle et Eternal sunshine of the spotless mind sont des joyaux à (re)voir !

vendredi 4 juillet 2025

Des îles et elles

Blandine, une quadra divorcée, avait perdu de vue Magalie, sa copine des années lycée. C'est par hasard et grâce à l'entremise de son fils qu'elle retrouve cette amie. Un premier resto et les deux adultes s'envolent vers des vacances communes sous le soleil de la Grèce. L'occasion parfaite pour se découvrir des caractères bien différents...

Disons-le: au départ, Les Cyclades est conçu comme une comédie. Laure Calamy impose une fois de plus sa grande pétulance naturelle face à une Olivia Côte plus effacée - ce que son rôle exige, bien sûr. Dans cette opposition de styles, le film n'est pas d'une originalité folle. Il se complexifie un peu avant la fin, quand les rires s'effacent. Vient le temps d'une (courte) réflexion sur les femmes "vieillissantes".

Et apparaît un troisième personnage, Bijou, que Kristin Scott Thomas défend dans un contre-emploi assez savoureux, avec le grand talent qu'on lui connaît. Est-ce qu'à Santorin, Mykonos et Amargos, tout finit toujours par s'arranger ? Ce sera à vous, désormais, de le découvrir. Personnellement, j'ai trouvé le voyage vers les îles plutôt agréable. Ces dames ne sont qu'à peine dérangées par les présences masculines et, même réalisé par un homme, le long-métrage reste très féminin. Vous aurez noté que je ne parle pas de féminisme: rien de militant dans cette histoire, dépaysante mais en réalité tout à fait classique. Pas de crainte: elle ne vaut pas - seulement - pour la beauté du décor.

Les Cyclades
Film français de Marc Fitoussi (2023)

Un bon moment que cet opus récent, qui s'est d'ailleurs avéré capable d'attirer quelque 380.000 spectatrices/teurs dans les salles de France. Un détail amusant: trois ans plus tard, le duo d'actrices est identique à celui d'Antoinette dans les Cévennes (un film un peu plus réussi). Pour information, Le grand bleu apparaît souvent dans les dialogues en référence. Ce n'est certes pas la Grèce de Canine ou de Blind sun.

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En complément du jour, deux liens...

Cela vous permettra de retrouver aussi les avis de Pascale et de Lui.

mercredi 2 juillet 2025

Magouilles à répétition

Non, Wes Anderson ne fait pas toujours le même film ! C'est Allociné qui l'affirme dans un article récent, afin de dissiper tout malentendu ou cliché persistant à l'égard du plus français des réalisateurs texans. Je ne l'avais pas lu quand je suis allé voir The Phoenician scheme. Resté bredouille à Cannes, cet opus est le douzième long du cinéaste !
 
Anatole Zsa-Zsa Korda est un industriel à l'aise avec les magouilles. C'est de justesse qu'il échappe à une sixième tentative d'assassinat. Remis de ses blessures, il fait de sa fille (une nonne !) son héritière unique "à l'essai" et l'embarque dans une tournée de ses partenaires financiers. Son objectif est double: lancer un tout nouveau projet d'envergure et définir un pacte d'actionnaires suffisamment solide pour répartir les dettes qui surviendraient au cours de son exécution. Sur cette base étonnante, vous aurez droit à une comédie d'aventures assez loufoque, en compagnie de très nombreux acteurs déjà aperçus dans l'univers Anderson et de quelques "petits nouveaux" motivés. Objectivement, sur le plan de la mise en scène, c'est du classique. Pour ce qui est de l'intrigue, en revanche, The Phoenician scheme conserve une originalité de bon aloi, dont, à mon avis, le cinéma américain d'aujourd'hui demeure - un peu - trop souvent dépourvu. Avis aux amateurs et à ceux qui découvriraient ce type d'histoires. Ma mère a vu le film avec moi et l'a trouvé déjanté. À vous de juger !

The Phoenician scheme
Film américain de Wes Anderson (2025)

J'avais laissé passer le précédent film du cinéaste et le retrouve égal à lui-même - ce qui n'est pas véritablement un reproche, sachez-le ! Parmi ses créations en images réelles, je préfère Moonrise Kingdom et The Grand Budapest Hotel (sans parler des films d'animation). Chaque film est différent, c'est vrai, mais il y a une patte Anderson. Et visiblement, les professionnels de la profession l'aiment toujours...

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Et qu'en dit-on ailleurs ?

Pascale serait-elle lassée ? Sa chronique est en tout cas très mitigée. Quant à l'ami Princécranoir, il ne se montre guère convaincu non plus. Au besoin, vous pourriez également vous référer à l'analyse de Strum.

mardi 1 juillet 2025

Quelques chiffres

Comment débuter ce second semestre 2025 ? J'ai beaucoup réfléchi avant de vous proposer un petit bilan chiffré des six mois écoulés. Hier midi, je vous ai présenté le 70ème film que j'ai vu cette année. Pas mal: c'est trois de plus que l'an passé, pile à la même époque ! Mais je reste trèèèès loin du score qu'atteignent d'autres cinéphiles...

Si on découpe ce chiffre, ça donne...

33 films vus au cinéma / 37 films vus sur ma télé
66 films en images réelles / 3 films d'animation / 1 film "hybride"
65 films en couleurs / 5 films en noir et blanc
58 films d'hommes / 12 films de femmes
41 films des années 2020 / 39 films des décennies précédentes

Et du point de vue des nationalités...
25
films français / 14 films américains / 6 films italiens
3 films argentins / 3 films britanniques / 2 films belges
2 films brésiliens / 2 films espagnols / 2 films japonais
1 film allemand / 1 film canadien / 1 film chinois
1 film iranien / 1 film irlandais / 1 film letton
1 film somalien / 1 film sud-coréen / 1 film suisse
1 film tunisien / 1 film uruguayen

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Rien d'aussi passionnant que le cinéma, mais...

J'aime bien faire ce genre de chronique sous forme de récapitulatifs. Si vous avez envie de lire d'autres infos dans le genre... dites-le moi !

lundi 30 juin 2025

Sean et c'est tout ?

Je savais avant même de le regarder que La ligue des gentlemen extraordinaires avait mauvaise réputation. Cette adaptation cinéma d'une série de comics d'Alan Moore et Kevin O'Neill (lancée en 2001) réunit plusieurs héros charismatiques: Allan Quatermain, Dorian Gray, Tom Sawyer, le docteur Jekyll, le capitaine Nemo et d'autres encore...

1899. De violentes attaques successives laissent craindre une guerre prochaine entre l'Allemagne et l'Angleterre. Un groupe d'aventuriers est constitué pour identifier le véritable coupable de ces crimes. Rapidement, l'équipe découvre qu'ils sont le fait d'un "Fantôme" déterminé, avec son armée, à déclencher une apocalypse planétaire. Avouons-le: si j'ai daigné me frotter au film, c'est parce que le rôle principal a été confié à Sean Connery. L'Écossais avait alors 73 ans. Impeccable, il affiche une santé de jeune homme derrière sa barbe blanche et sa vitalité fait de lui le leader naturel de toute la bande. Sans vraie surprise, le générique le crédite aussi comme producteur. La ligue des gentlemen extraordinaires est sa dernière apparition au cinéma, 48 ans après ses débuts, et lui valut quelques critiques salées. Ses effets spéciaux paraissent un peu old school aujourd'hui. Rien de scandaleux, mais rien de follement enthousiasmant non plus !

La ligue des gentlemen extraordinaires
Film britannique de Stephen Norrington (2003)

Coproduction internationale, cet opus affiche aussi les nationalités américaine, tchèque et allemande: un gloubi-boulga un peu frelaté. Peut-être est-il arrivé un peu tôt: la série dessinée s'est développée sur plusieurs tomes jusqu'en 2020 (USA, Delcourt et Panini Comics). Dans un genre assez proche, je préfère Les aventures de Rocketeer. Et si vous voulez vous marrer, vous pouvez le faire avec Guardians...

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Peu de chroniques sur le film du jour...

Je souligne toutefois que Laurent lui avait donné une seconde chance.

dimanche 29 juin 2025

Tarifs réduits

Je n'ai pas grand-chose à dire aujourd'hui, si ce n'est que ce dimanche marque l'ouverture de la Fête du cinéma. De nombreux exploitants nous proposeront donc, jusqu'à mercredi inclus, des places à 5 euros. C'est une aubaine pour rattraper certains films négligés jusqu'alors. Parmi les sorties récentes, je vise F1 - Le film et 13 jours 13 nuits !

C'est la quarantième fois que l'opération est organisée dans les salles françaises. L'édition de l'année dernière avait établi un record historique en attirant 4,65 millions de spectateurs, soit deux fois plus que sa devancière. Un "exploit" qu'il faut nuancer: ce millésime 2024 pouvait en effet compter sur l'apport de grands succès populaires confirmés tels Un p'tit truc en plus ou Le comte de Monte Cristo. Principal bénéficiaire: Vice-versa 2, avec une fréquentation repartie à la hausse après un plafonnement constaté en deuxième semaine. Mais oubliez les chiffres: la Fête du cinéma, c'est avant tout une fête. Chacun(e) reste libre de ses choix sur le(s) film(s) à ne pas manquer !

jeudi 26 juin 2025

La vie (et l'héritage) d'Adèle

1895 n'est pas seulement l'année de la première projection publique du cinématographe, mais aussi celle qui a vu naître ma grand-mère paternelle. Cédric Klapisch, que je considère comme l'un des cinéastes emblématiques de ma génération, a choisi d'y situer toute une partie de l'action de son dernier film. Son beau titre ? La venue de l'avenir.

Résumons. 2025: tous les membres encore en vie d'une même famille héritent d'une bicoque oubliée au fin fond de la campagne normande. Sachant qu'ils ne se connaissent pas tous entre eux, le notaire chargé de leur dossier mandatent quatre cousins pour découvrir la masure. Après l'avoir visitée, ils pourront la conserver ou choisir de la vendre à un promoteur qui envisage de la détruire pour implanter un centre commercial et un parking sur le terrain. Une décision lourde de sens pour des parents - Guy, Abdelkrim, Séb et Céline - qui ignoraient tout d'Adèle, leur aïeule, et n'ont pas forcément les mêmes valeurs de vie. Apiculteur, prof, créateur de contenus ou femme d'affaires, leurs jobs divergent, eux aussi, et leur donnent donc des regards très différents sur ce qu'il convient de faire de la manne d'une succession inattendue.

Admettons-le: les personnages de Cédric Klapisch nous ressemblent. Le cinéaste reste un observateur avisé de la France contemporaine. Oui, mais... cette fois, il nous offre aussi un voyage dans le passé. Une bonne moitié de La venue de l'avenir a ainsi pour décor le Paris de la fin du 19ème siècle (après un voyage en bateau sur la Seine). J'aime particulièrement la façon dont le film est monté: le monde d'hier et celui d'aujourd'hui s'entremêlent naturellement, de manière fluide. Les scènes se font ainsi joliment écho les unes aux autres. Cela permet notamment au spectateur de découvrir toute une galerie de protagonistes attachants, confiés à des comédien(ne)s de talent. Certains membres de la joyeuse troupe émergent tout juste, à l'image de Suzanne Lindon, Paul Kircher ou Abraham Wapler, quand d'autres affichent davantage d'expérience - Julia Piaton et Vincent Macaigne. Avec eux, quelques habitués - Cécile de France, Zinedine Soualem - et/ou de vieux briscards du cinéma que je vous laisserai découvrir. Bonus pour les amateurs: La Nuit, une (nouvelle) chanson de Pomme !

La venue de l'avenir
Film français de Cédric Klapisch (2025)

Une pleine réussite ? Non, mais un long-métrage très honorable. Étrangement, je l'ai trouvé quelque peu en décalage avec les autres du réalisateur. Mes préférés ? Le péril jeune et Les poupées russes. Une mention spéciale pour la très bonne idée d'alterner les époques. Bon... ce n'est pas aussi trépidant que dans Retour vers le futur. N'empêche: j'ai passé un chouette moment avec un cinéaste familier !

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Et vous verrez que je ne suis pas le seul...

Il me semble que Pascale est encore plus enthousiaste que moi. Dasola, elle, se montre plus mesurée, mais reste clairement positive.

MAJ (samedi 27, 10h48)
: sous l'insistance de Pascale, j'augmente ma note et l'arrondis donc à quatre étoiles pleines - et bien méritées !

lundi 23 juin 2025

Come-back en cuisine

Il ne reste que peu de temps avant l'ouverture de son restaurant gastronomique. Boule de stress, Cécile se sent obligée de retourner auprès des siens quand elle apprend que son père a eu un infarctus. Elle se donne quelques jours pour le convaincre de fermer son relais routier. Et, à nouveau, partir à Paris pour enfin vivre sa propre vie...

Je vous l'avoue: je fais partie de ceux qui s'étonnent que ce petit film qu'est Partir un jour ait pu ouvrir le dernier Festival de Cannes. Aucun(e) cinéaste dans le monde n'avait eu cette chance auparavant pour son premier long-métrage ! Une explication possible: cet opus arrive après un court-métrage éponyme, sorti en 2022 et couronné d'un César. Amélie Bonnin, la réalisatrice, a donc fait "coup double". Certains acteurs, Juliette Armanet et Bastien Bouillon en tête, aussi. Personnellement, je m'en réjouis plutôt: ce que j'ai vu au cinéma correspond assez à mes attentes en matière de divertissement. Conseil d'ami: ne pas attendre de l'histoire qu'elle soit très originale. Elle est celle de gens ordinaires dans un milieu ordinaire. S'identifier à l'un - ou l'autre - des protagonistes n'est dès lors pas très difficile...

Outre les deux comédiens déjà cités, j'ai aussi apprécié le jeu du duo parental (Dominique Blanc et François Rollin) et l'interprétation subtile d'un acteur que je n'avais pas identifié jusqu'alors (Tewfik Wallab). L'intérêt de Partir à jour ne se limite toutefois pas à la présence d'une troupe bien inspirée. Comme vous l'aurez peut-être remarqué avant que j'en fasse écho, le film porte le même titre... que l'hymne d'un boys band des années 1990, les fameux 2Be3 - dispo sur Youtube. Cet improbable tube et d'autres classiques de la chanson populaire rythment le long-métrage et sont même, je crois, sa raison d'être. Détail intéressant: ils sont tous chantés, non pas par leurs interprètes premiers, mais par les personnages eux-mêmes. Et ça fonctionne ! Certes, d'autres réalisateurs ont eu cette idée avant Amélie Bonnin. Soyez-en assurés: cela ne m'a pas empêché de trouver sa création plaisante. Bon, de là à en faire une nouvelle référence, il y a un pas...

Partir un jour
Film français d'Amélie Bonnin (2025)

J'ai aimé la simplicité de ce projet et la modestie du film terminé. Bien accueilli par la presse, il n'a cependant pas fait de vrai "carton" auprès du public au cours de ses premières semaines d'exploitation. On est loin, très loin de l'envergure et du résultat d'un La La Land. Tout cela pourrait me motiver à revoir On connaît la chanson, l'opus musical d'Alain Resnais, César 1998 du meilleur film ! J'y reviendrai...

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En attendant, pour un contrepoint...

Je vous recommande de lire la chronique - très négative - de Pascale. En n'oubliant pas de jeter un oeil aux commentaires qui s'y attachent !

samedi 21 juin 2025

À mains armées

L'anecdote est plutôt cocasse: née au Moyen-Âge, la pratique du duel aurait perduré en France jusqu'en avril 1967 et l'opposition à l'épée entre deux députés, René Ribière et Gaston Deferre. Mon film d'aujourd'hui, quant à lui, se passe peu avant la fin du 19ème siècle. Inspiré de quelques personnages réels, il s'agit pourtant d'une fiction !

Conçu par Vincent Perez, alias Christian dans le Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, ce beau film en costumes qu'est Une affaire d'honneur a pour héros un maître d'armes réputé, que le Tout-Paris admire également en sa qualité de vétéran de la guerre de 1870-71. Napoléon III mort et enterré, cette toute jeune Troisième République pousse certaines femmes à revendiquer la stricte égalité des droits avec les hommes - le film ressuscite Marie-Rose Astié de Valsayre. Stop ! Désormais, c'est à vous de découvrir comment le cinéma permet la rencontre entre cette (authentique) pionnière des combats féministes et l'ancien soldat (imaginaire) que j'ai précédemment cité. Est-ce que cela vaut le coup ? Si vous appréciez les acteurs, oui ! Doria Tillier et Roschdy Zem forment assurément un duo convaincant. Et ils sont bien entourés, par Vincent Perez lui-même, et un casting intéressant, avec notamment Guillaume Gallienne et Damien Bonnard. La reconstitution soignée peut compenser les petites failles du récit. Je crois tout de même avoir vu ce qu'on appelle un film d'homme(s)...

Une affaire d'honneur
Film français de Vincent Perez (2023)

Mention... honorable pour ce quatrième long de l'acteur-réalisateur suisse. Je n'ai rien vu de superbe, mais j'ai passé un bon moment devant ma téloche (un support "suffisant" pour ce long-métrage). L'époque vous intéresse ? J'accuse mérite toute votre attention. Toujours au 19ème, mais au début, j'avais bien aimé Vincent Cassel dans L'empereur de Paris. Des recommandations ? Je reste preneur !

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Il faut reconnaître que le film ne fait pas l'unanimité...

Je vous propose donc de lire d'autres avis chez Pascale, Dasola et Lui.

jeudi 19 juin 2025

Un père et manque

Le célibat est-il plus facile à vivre... quand on est avec son enfant ? C'est la question que pose le réalisateur et scénariste Erwan Le Duc dans son second long-métrage: le bien nommé La fille de son père. Céleste Brunnquell - 22 ans - et Nahuel Pérez Biscayart - 39 ans - tiennent les rôles principaux de cette petite comédie au coeur tendre.

Tout débute par un coup de foudre réciproque entre Étienne, joueur de football, et Valérie, étudiante, qui se retrouvent dans une manif' dispersée par la police. C'est en échappant ensemble à un contrôle que nos deux protagonistes se découvrent amoureux l'un de l'autre. Patatras ! Pile-poil neuf mois plus tard, Rosa déboule dans leurs vies empressées. Un bébé qui conduit sa maman à fuir, laissant le papa tout triste et bien seul face aux obligations parentales. Fondu au noir et avance rapide: nous retrouvons Rosa adolescente, à quelques jours d'un déménagement à Metz, la ville de son école d'art. Un événement qu'Étienne voit arriver avec une bonne dose d'angoisse existentielle. Bon... je suppose que vous aurez compris l'idée générale du scénario. Le film fait mouche notamment grâce à une galerie de personnages secondaires, des dialogues ciselés et des situations amusantes. Souvent crédible, il se fait parfois loufoque - ce qui ne gâche rien. C'est avec un certain brio qu'il évite tout ce que son point de départ pouvait avoir de trop sucré. Résultat: un feel good movie très réussi !

La fille de son père
Film français d'Erwan Le Duc (2023)

Une preuve parmi d'autres que le cinéma français recèle de talents comiques plus intéressants que ceux de certaines têtes d'affiches. Vous en doutez encore ? Je vous conseille humblement de jeter un oeil du côté de Perdrix, le premier film du même (jeune) réalisateur. Après avoir tourné une série policière, j'ignore si Le Duc conservera ce cap. Mais j'aimerais le suivre, si j'arrive à avoir de ses nouvelles...

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Et en attendant d'en savoir plus...

Je vous suggère de lire également la chronique de Pascale sur le film.

lundi 16 juin 2025

Après le crime

Dans une région de la Tunisie, on dit de quelqu'un qu'il est rouge quand on le juge vaillant, résilient, capable de faire face à l'adversité. C'est ce que j'ai appris le mois dernier quand je suis allé au cinéma pour voir Les enfants rouges, le second long-métrage d'un auteur dont le premier film reste inédit en France. Une très belle découverte.

Âmes sensibles, accrochez-vous ! Cet opus revient sur un drame effroyable: l'assassinat de Mabrouk Soltani, un adolescent de 17 ans qui était berger dans les montagnes du centre de son pays. Un acte survenu en novembre 2015 et qui fut revendiqué par l'État islamique. Cet abominable crime accompli, les tueurs ont battu le jeune cousin présent avec le supplicié et exigé qu'il ramène sa tête à la famille. Tout cela est montré de manière directe lors des premières minutes du long-métrage - seul le visage des meurtriers reste alors invisible. C'est ensuite que Les enfants rouges débute vraiment: pas question d'enquête policière ou de vendetta, mais d'observation rapprochée des suites et conséquences d'un telle horreur sur la vie quotidienne d'une petite communauté rurale. On découvre alors la beauté sauvage de cette partie du monde dont, en France, nous ne parlons guère. D'emblée, quelque chose m'a frappé: au lendemain des faits, le décor reste identique ! Comme si, sous ce soleil, rien ne pourrait changer...

Vous pouvez l'imaginer: Les enfants rouges est un film très aride. Minéral comme le cadre dans lequel il s'inscrit, il ne sombre jamais dans le pathos. Au contraire, il témoigne d'une remarquable retenue. Pas de reconstitution racoleuse: ce que le scénario a de plus sombre est exprimé en pleine lumière, sans larmes, sans cris, sans violons. C'est l'occasion aussi d'en apprendre davantage sur l'organisation sociétale d'un pays assez proche du nôtre, géographiquement parlant. Comme d'autres traitant de sujets douloureux, le metteur en scène s'autorise quelques apartés oniriques, sans rien retirer à la puissance de son récit. Pas de doute: nous sommes bien au cinéma. Un cinéma vecteur de mémoire et que je juge de ce fait important car porteur de valeurs universelles. "C'est la dimension intime de cette tragédie que je voulais explorer", a indiqué le réalisateur dans une interview. J'ajoute qu'il y est parvenu sans pourtant tenir à l'écart le spectateur. Il vous faudra sans doute un peu de temps pour reprendre vos esprits.

Les enfants rouges
Film tunisien de Lofti Achour (2024)

Ce long-métrage puissant a été présenté dans plusieurs festivals internationaux et mérite à mes yeux une reconnaissance plus large. J'ai envie de le rapprocher d'un film algérien: Le repenti, une oeuvre tendue où Merzak Allouache évoquait les années noires de son pays. Le terrorisme islamique est aussi l'un des sujets forts de Timbuktu. Fermer les yeux sur ces beaux films serait tout de même regrettable !

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Une dernière précision...
La plupart des acteurs sont amateurs et ils sont tous charismatiques. Une jeune fille incarne même un espoir, le temps de quelques scènes.

Vous voudriez lire un autre avis ?
C'est bien entendu tout à fait possible: je vous relie à celui de Dasola.

dimanche 15 juin 2025

Quel ennui !

Je vous prie de ne pas douter que j'aime beaucoup Catherine Frot. C'est pour elle que j'ai regardé La dilettante, un film plutôt apprécié. Or, malgré sa présence constante, cette histoire m'a vite enquiquiné. En réalité, je n'ai ressenti d'empathie avec aucun des personnages. Trop peu de liant collectif et bien trop d'invraisemblances à mon goût.

Catherine Frot n'y est pour rien et la justesse de son jeu est un atout évident pour ce film bancal à plus d'un titre. La comédienne - 43 ans - s'amuse à incarner Pierrette Dumortier, une bourgeoise très BCBG partie de Suisse pour vivre à Paris et se rapprocher de ses enfants. Qu'importe si Éric travaille et si Nathalie se passionne pour ses études égyptologiques: leur mère leur explique qu'ils auraient mieux à faire. Nous avons donc droit au portrait (à peine vitriolé) d'une quinqua dirigiste et plutôt pénible, malgré la candeur de sa nature profonde. Elle sera tour à tour surveillante dans un collège en zone prioritaire, serveuse dans un bistro et complice "malgré elle" d'un marchand d'arts aux pratiques douteuses. Le tout en étant très frivole côté coeur. Serait-ce une comédie ? Possible, mais cela ne m'a jamais fait rire. Faiblard sur le fond, j'ai trouvé que le long-métrage l'était également sur la forme. Je ne retiens guère que les points négatifs. Dommage...

La dilettante
Film français de Pascal Thomas (1999)

Oui, deux étoiles, c'est fort peu, mais vraiment, j'ai trouvé le temps long ! J'aurais sans doute mieux aimé le film si le personnage principal avait été un peu malmené par les autres. Bon... tant pis. Amateurs de "boulets", je vous recommande plutôt L'emmerdeur. Vous avez d'autres casse-pieds de cinéma à me conseiller ? J'écoute. Et on se retrouvera lundi midi, autour d'un film d'un tout autre genre !

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Et si vous alliez voir ailleurs ?

Vous pourrez lire d'autres avis sur le film - proposés par Dasola et Lui.

Vous pourrez aussi retrouver Catherine Frot en...
- 1996 dans Un air de famille de Cédric Klapisch,
- 2003 dans Chouchou de Merzak Allouache,
- 2009 dans Le vilain d'Albert Dupontel,
- 2011 dans Coup d'éclat de José Alcala,
- 2015 dans Marguerite de Xavier Giannoli,
- 2019 dans Qui m'aime me suive ! de José Alcala,
- 2020 dans Sous les étoiles de Paris de Claus Drexel,
- 2020 encore dans La fine fleur de Pierre Pinaud.

vendredi 13 juin 2025

De l'âme des animés

Je n'avais pas prévu ça très à l'avance, mais je trouve que cela tombe au bon moment: après vous avoir présenté un film d'animation primé à Annecy en 2024, je publie à la veille du palmarès de l'édition 2025. C'est l'occasion de reparler du cinéma de cette nature, si populaire aujourd'hui... et qui, d'après moi, autorise toutes les extravagances !

Féru de chiffres, je me suis souvent demandé quels étaient les pays classés parmi les principaux producteurs de cinéma d'animation. Apparemment, la France est au pied du podium, loin derrière le trio principal que constituent les États-Unis, le Japon et le Royaume-Uni. Et la Lettonie, que j'évoquais mercredi ? Je l'ignore, mais j'ai appris qu'au siècle dernier, assez discrète côté fictions, elle sortait du lot pour la qualité de ses films documentaires - sans plus de précisions. Quand ma soif de statistiques se réveille, je me dis qu'il serait bien de noter le nombre, le genre, l'origine ou encore l'année des animés que je découvre au gré de ma cinéphilie compulsive ! Je reste sage et, face à l'ampleur supposée de la tâche, laisse ces longs-métrages mêlés au grand tout. Ils apparaissent juste en bleu dans mes index...

Pour votre gouverne et/ou votre plaisir, je me suis dit qu'il serait intéressant de pointer les films qui ont reçu le Cristal du long-métrage au Festival d'Annecy parmi ceux qui animent Mille et une bobines. Apparue sous le nom de Grand Prix, cette récompense était attribuée tous les deux ans entre 1985 et 1997. Elle l'est annuellement depuis. Une exception: le millésime 2000, où elle n'a pas été décernée. Bref...
- 1993 : Porco Rosso / Hayao Miyazaki,
- 2009 : Coraline / Henry Selick,
- 2009 (ex-aequo) : Mary et Max / Adam Elliot,
- 2010 : Fantastic Mr. Fox / Wes Anderson,
- 2011 : Le chat du rabbin / Joann Sfar et Antoine Delesvaux,
- 2014 : Le garçon et le monde / Alê Abreu,
- 2016 : Ma vie de Courgette / Claude Barras,
- 2019 : J'ai perdu mon corps / Jérémy Clapin,
- 2020 : Calamity - Une enfance de M. J. Cannary / Rémi Chayé.

Avec ces neuf films, vous avez déjà une bonne base de découverte pour le cinéma d'animation - si vous ne vous y intéressez pas encore. Bon... c'est à vous de bosser, maintenant. La partie "commentaires" accueillera volontiers vos suggestions, critiques et autres remarques autour de ce vaste champ du septième art international. Je suis sûr qu'il me reste beaucoup à découvrir et à partager. Alors, lâchez-vous !

mercredi 11 juin 2025

Un règne animal ?

Mon film du jour était sorti dans les salles françaises à la fin du mois d'octobre, l'année dernière, et je l'ai vu dans un cinéma... le 13 mai. Flow - Le chat qui n'avait plus peur de l'eau mérite l'écran géant. C'est un animé imaginé par un réalisateur letton, d'une grande beauté visuelle. Aucun être humain à l'image. Du son ? Oui. Et pas de parole !

Il est donc question d'un chat. On le découvre isolé, puis vite effrayé par une meute de chiens de différentes races. Ce possible danger écarté, un autre surgit: celui d'un groupe de cervidés, tous lancés dans une course effrénée, mais bien peu soucieux de la petite boule de poils qui essaye de ne pas se faire écraser par leurs pattes. L'ensemble de ces animaux paraît se déployer au coeur d'une nature luxuriante et calme quand soudain, une brusque montée des eaux menace de les engloutir tous. Il sera donc bien question de combats pour la survie et, principalement, de celui du félin en "tête d'affiche". Attention: cela ne veut surtout pas dire que Flow... déplaira à ceux qui s'intéressent avant tout aux histoires d'hommes et de femmes. C'est mon cas et pourtant, ce très joli film a très vite su me fasciner !

J'avais raté le premier film du réalisateur, qu'il avait fabriqué en solo. Cette fois, il s'est aussi appuyé sur des partenaires français et belges. Je vous laisse chercher les détails et j'insiste sur les grandes qualités de ce travail collectif. J'ai vite oublié que rien de ce que je voyais n'était réel - ce qui est pour moi le premier gage d'une animation réussie. À vous désormais de découvrir comment l'intrigue évolue après la séquence inaugurale... et pourquoi il m'a paru pertinent d'illustrer ma chronique avec un voilier. Sachez-le: Flow... ne dure qu'une (petite) heure et demie, mais est riche en rebondissements. Certains critiques l'ont présenté comme un film délivrant un message écolo et je suis assez d'accord, même si je considère qu'en l'absence de tout commentaire en ce sens, il laisse chaque spectateur libre d'avoir une interprétation différente de ce qui est montré, en fonction de sa propre sensibilité. Prévoyez juste un petit kleenex. Au cas où...

Flow - Le chat qui n'avait plus peur de l'eau
Film (franco-belgo)-letton de Gints Zilbalodis (2024)

Une très belle réussite, qui a d'ailleurs reçu plusieurs récompenses prestigieuses (et notamment un César, un Oscar et quatre des Prix remis au Festival du film d'animation d'Annecy). N'hésitez plus: l'occasion de découvrir une inspiration tout droit venue de Lettonie est trop belle pour la laisser filer ! Vous pourrez toujours revenir ensuite à d'autres opus "au naturel". Exemple: Le jour des corneilles.

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Et sur le film du jour, d'autres avis ?

Il y en a pléthore. Je vous suggère un saut chez Pascale et/ou Dasola.