lundi 15 septembre 2025

Tout, partout, etc...

Voir quelque chose d'encore plus dingue en 2025 ? Ce sera difficile. Escape from the 21st century est un film chinois que j'ai découvert un peu par hasard, en commençant par sa bande-annonce déjantée. Ensuite, son pitch et une mini-critique positive des Fiches du cinéma auront suffi à me convaincre de lui donner sa chance. Et c'était parti !

Chengyong, Wang Zha et Paopao sont trois amis, adolescents. Ensemble, ils n'hésitent pas à faire le coup de poing contre tous ceux qui regardent d'un peu trop près la petite copine du premier nommé. Après une bagarre qui tourne mal, ils sont projetés dans une mer polluée et, une fois de retour au sec, développent un super-pouvoir inattendu: celui de débarquer dans le futur... après avoir éternué ! C'est en constatant l'évolution de leur lieu de vie vingt ans plus tard qu'ils pourraient démanteler un réseau criminel et sauver le monde. Tout ceci est censé se dérouler en 1999 et 2019 sur une planète appelée K et dont l'apparence ressemble beaucoup à celle de la Terre. Suffisamment en tout cas pour vous donner 2-3 repères dans ce film agité qui part littéralement dans tous les sens. Vous serez prévenus...

Autant insister: Escape from the 21st century ne laisse aucun répit. Constamment en mouvement, avec de nombreuses touches de cinéma d'animation au milieu des images réelles, il fonce à 2.000 km/h ! Parvenir à le suivre dans ses innombrables virages est un exploit d'autant plus remarquable qu'il ose allégrement mélanger les genres. Au tout premier abord, j'ai cru avoir affaire à une comédie futuriste complètement folle, mais quelques séquences vraiment mélancoliques ou dramatiques sont venues tempérer cette impression de pur délire. Bien que foutraque, il semble que le film ait aussi des choses à dire sur notre monde à nous, choses que vous entendrez donc peut-être dans l'hypothèse où vous vous y montrerez attentifs et sensibles. Sinon ? Rien ne vous interdit de prendre cet OFNI au premier degré. L'expérience a de quoi réjouir tout cinéphile un tant soit peu curieux. De là à la dire incontournable, il y a un pas - que je ne franchirai pas !

Escape from the 21st century
Film chinois de Li Yang (2024)

Ce maelström d'images et de sons m'a laissé "vidé" sur mon fauteuil ! J'aurais presque envie de le revoir, mais... je vais attendre un peu. Certains l'estiment réussi là où Everything everything all at once leur apparaît finalement comme une tentative ratée de cinéma total. D'autres le comparent avec Scott Pilgrim et/ou Ready player one. Côté cinéma chinois, j'avais aimé parcourir Le royaume des abysses.

samedi 13 septembre 2025

Le temps d'un été

Incroyable mais vrai: j'ai bien failli passer à côté de mon film du jour simplement parce qu'à sa sortie, je trouvais son titre très moche. Sandrine Kiberlain l'a réalisé et dit avoir voulu "s'exprimer autrement" que comme actrice, exauçant un rêve longtemps jugé inaccessible. Elle parle de légitimité. D'une histoire "valant le coup". Voyons cela...

Une jeune fille qui va bien
: de quoi camper un personnage singulier. Difficile d'ailleurs de ne pas s'y attacher, voire même de s'y identifier. Irène, 19 ans, arpente les rues de Paris avec l'enthousiasme naturel de sa jeunesse et les mille envies qui lui sont associées. Son groupe d'amis et elle ne rêvent que d'une chose: entrer au Conservatoire. Chaque jour, inlassablement, ces adolescents et jeunes adultes répètent donc L'Épreuve, comédie en un acte de Marivaux (1740). Cela se passe pour le mieux, en apparence, mais c'est l'été 1942 ! Toute à son insouciance, Irène en a  presque oublié qu'elle est juive...

Moche ou pas ? Vous jugerez. Une jeune fille qui va bien: un titre conçu en trompe-l'oeil. Je veux ici saluer l'audace d'une mise en scène fondée sur ce qu'elle ne montre pas: cette menace à peine perceptible et pourtant constante pour l'héroïne du récit. Pas de croix gammée visible à l'écran, pas de cris, pas de rafle... juste une génération remplie d'espoirs et qui vit (presque) normalement en ces heures sombres. Le contraste avec ce qu'on imagine de la réalité quotidienne de la vie à cette époque est évidemment un fort vecteur d'émotions. J'ai envie de retenir le meilleur: en dépit de quelques maladresses largement pardonnables à une cinéaste débutante, Sandrine Kiberlain fait mouche. Certaines idées sont très belles - je pense aux lunettes pour voir flou et à un premier baiser donné dans le noir, notamment. J'ai vu un beau film et des acteurs convaincants: Rebecca Marder, André Marcon, Françoise Widhoff, Anthony Bajon... merci ! Et bravo !

Une jeune fille qui va bien
Film français de Sandrine Kiberlain (2022)

Rebecca Marder a finalement été nommée au César du meilleur espoir féminin, mais il me semble que l'accueil réservé à ce long-métrage est resté plutôt froid (à peine 161.303 entrées dans toute la France). Il est vrai, comme je l'ai lu, que le récit est ténu. Je vous renvoie vers un chef d'oeuvre - Le jardin des Finzi Contini - pour le sujet. Autre option: La chambre de Mariana, une merveille de cette année.

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Et pour vérifier que mon film du jour ne fait pas l'unanimité...

Vous pouvez lire la chronique de Pascale et celle de "L'oeil sur l'écran".

jeudi 11 septembre 2025

Un autre Robin ?

Né de la tradition orale, il ne serait devenu un personnage d'oeuvres écrites qu'au 14ème siècle. Robin des Bois n'a jamais existé, dit-on. Nul n'ignore pourtant le nom de cet Anglais, chef d'un petit groupe bataillant contre les puissants pour restituer aux pauvres l'argent qu'on leur aurait volé. Une belle âme et un vrai modèle chevaleresque.

Dans La rose et la flèche, Robin a déjà passé vingt ans de sa vie derrière Richard Coeur de Lion, son roi, en croisade. Le monarque étant devenu sanguinaire, il refuse de lui obéir et est alors condamné pour cela à la mort par pendaison. Contre toute attente, le souverain accorde finalement son pardon - je passe allégrement sur les détails - et c'est ainsi que Robin peut ENFIN rentrer en Angleterre, accompagné par Petit Jean, le plus fidèle de ses anciens compagnons de jeunesse. L'important pour lui ? Reconquérir Marianne, son amoureuse de jadis !

Oups ! Ce ne sera pas facile, vu que la belle est devenue... abbesse. L'intérêt du récit tient justement à ce que le principal protagoniste, qu'on imagine invulnérable, est loin d'avoir la partie gagnée d'avance. Il se débat dans un monde dont les codes semblent lui échapper. Même lui juge bien naïfs ceux qui croient aux chansons à sa gloire. D'autres veulent sa peau, à commencer par le shérif de Nottingham. J'avoue: au début du film, j'ai eu peur, car le ton comique adopté m'apparaissait peu en adéquation avec ce que j'attendais du film. Heureusement, petit à petit, Robin change de visage: son altruisme s'efface et laisse place à une forme d'orgueil plutôt dévastatrice. Marianne, elle, ne supporte que très difficilement cette évolution. Conséquence: plutôt léger au début, le long-métrage adopte un ton bien plus grave par la suite. Le résultat ? Imparfait, mais intéressant. Le must ? Retrouver Audrey Hepburn et Sean Connery, im-pec-cables !

La rose et la flèche
Film américano-britannique de Richard Lester (1976)

Il y a quelque chose d'assez magique dans ce film, qui paraît capable de renforcer le mythe de Robin des Bois en commençant par l'affaiblir. Résultat: je le trouve modeste et plus beau que le Robin des Bois revisité par ce bon vieux Ridley Scott (un peu trop lisse à mon goût). Bon... il est vrai que je n'ai pas revu cette version depuis quinze ans. Prochaines étapes: Errol Flynn et Disney. Mais non, pas tout de suite !

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Envie de lire d'autres avis sur le film du jour ?

Parfait ! Je vous suggère de faire un petit tour chez Benjamin et Lui.

lundi 8 septembre 2025

Vers sa liberté

Alors, vous avez deviné ? Pour fêter dignement le 18ème anniversaire de Mille et une bobines, j'ai tenu à voir - et chroniquer - un autre film du premier grand réalisateur évoqué ici: le maestro Federico Fellini. Parmi plusieurs choix possibles, j'ai fini par retenir son premier opus en couleurs: Juliette des esprits ! Fraichement accueilli à sa sortie...

Dans la version originale et à l'état civil, Juliette s'appelle Giulietta. Giulietta degli spiriti est en fait le cadeau d'un nouveau rôle principal de Fellini à sa muse, la géniale Giulietta Masina. La comédienne incarne cette fois une femme au foyer de la bourgeoisie romaine. Quand le film démarre, elle prépare une surprise à son mari Giorgio pour leur 15ème anniversaire de mariage: un dîner aux chandelles entre amoureux. Oui, mais... l'époux débarque avec tous leurs amis. Après la fête, la pauvre Giulietta comprend soudain qu'il la trompe ! Déterminée à tout savoir et à comprendre, elle s'oriente rapidement dans une étrange aventure intérieure, avec l'aide de psys, médiums et autres détectives privés. Ce qui permet alors au divin Federico d'entrer dans le vif du sujet et un imaginaire sans équivalent connu pour le cinéma italien (et même non-italien, en fait) de cette époque. Faut-il s'accrocher pour suivre ? Moi, je dirais plutôt se laisser aller...

Porté et enrichi par la musique de Nino Rota, cet univers baroque impressionne par sa diversité aux couleurs vives. Arriver à distinguer ce qui relève de la réalité quotidienne de Giulietta de la fantaisie débridée de son créateur n'est pas évident, a fortiori quand le récit évoque le passé et nous y renvoie par le biais de flashbacks rêveurs. Ainsi que je le suggérais, le mieux est peut-être de s'abandonner. Juliette des esprits n'est pas un film facile, non, mais c'est un film formidable, qui raconte une histoire banale en utilisant le cinéma comme un très vaste champ d'expérimentation poétique et sensible. Guilietta Masina a un petit air d'Alice au pays des merveilles, entrée dans un monde qu'elle ne connaît pas, mais qui était en fait dissimulé derrière son existence très ordinaire. Ce monde, nous y pénétrons avec elle et c'est un bonheur: il nous invite à être totalement libres. Mieux encore: à constater qu'il suffit parfois de pousser les battants d'un portail pour sortir du carcan que d'autres voudraient imposer. Une "leçon de vie"... que je crois toujours valable, au temps présent !

Juliette des esprits
Film italien de Federico Fellini (1965)
Quatre étoiles d'enthousiasme, même si je suis un peu moins emballé qu'avec d'autres longs-métrages dans la très riche filmo du maeastro. Certains voient cet opus comme un 8 1/2 au féminin: cela se tient. Pour ma part, j'ai également pensé à une comparaison admirative possible avec l'Alice de Woody Allen (1990). L'émancipation féminine était passée par la case Emmanuelle, disent certains esthètes. Euh...

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Je préfère rester avec Fellini et Masina...

Ce sera l'occasion de vous renvoyer illico vers deux de leurs films précédemment chroniqués: La strada, vrai chef d'oeuvre et référence absolue, et le non moins sublime Les nuits de Cabiria. Oui, à revoir !

Et pour le film du jour, une dernière info...

Il est aussi (brièvement) présenté du côté de "L'oeil sur l'écran". Eeguab, si tu viens par ici... j'espère lire un commentaire de ta part !

samedi 6 septembre 2025

Deux fois neuf...

567.993.600 secondes. Soit 9.466.560 minutes. Ou 157.776 heures. 6.574 jours. 936 semaines. 216 mois. 18 années, dont 4 bissextiles. "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans", écrivait Rimbaud en 1870. J'avais oublié de le relever l'année dernière, mais je réagis à temps cette fois pour fêter avec vous l'anniversaire de Mille et une bobines. Étonné - et ravi - que ce bon vieux blog atteigne l'âge de la majorité !

S'il n'en a pas l'air, c'est peut-être parce que ma chronique inaugurale du 6 septembre 2007 n'avait été publiée qu'à 23h17. Allez savoir ! Est-il sérieux de continuer ? Je le pense et j'y prends du plaisir. Malicieusement, je note que le poète lui-même a vécu deux décennies après ses 17 ans. C'est court pour un homme, mais long pour un site Internet, et il est donc tout à fait possible que j'arrête avant 2045. J'ignore bien évidemment ce que nous réserve l'avenir technologique et, de toute façon, à la retraite, j'aurais sans doute d'autres envies. Allez, d'ici là, je vous propose de nous retrouver ici même lundi midi autour d'un film ! Et je vais vous laisser deviner celui que j'ai choisi...

Merci à vous toutes et tous qui contribuez, en venant lire ce blog et en commentant mes chroniques, à tout mon bonheur de cinéma !

vendredi 5 septembre 2025

Déterminée

Je le dis assez régulièrement à mes proches: il y a biopic... et biopic. Cela veut dire qu'à mon humble avis, la sinistre réputation des films biographiques n'est pas toujours justifiée. Celui qu'une réalisatrice suédoise vient de consacrer à sa compatriote Sally Bauer (1908-2001) mérite le détour. Même s'il prend de grandes libertés avec la vérité...

Soulignons-le: la véritable Sally Bauer est un personnage fascinant. Cette mère célibataire s'était fait connaître dans les années 30 comme nageuse en eau libre. Elle reste notamment dans les livres d'histoire pour avoir traversé la Manche quelques jours seulement avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Le film récemment sorti en France - Sally Bauer, à contre-courant - s'autorise à ajouter un contexte fictif, suggérant que la jeune héroïne n'agit pas que pour assouvir une lubie, mais pour sortir de la misère. Dans le même temps, sa famille lui reproche de négliger son fils. Enfant qu'elle aurait eu hors-mariage avec un journaliste sportif danois, qu'elle ne parvient pas à "arracher" à son épouse légitime. Vous l'aurez compris: le film est subtilement féministe. Et pertinent...

Je ne crois pas nécessaire de vous faire la liste de tout ce qui pèse sur les épaules de cette pauvre Sally - beaucoup de choses, en effet. Le scénario a le grand mérite de nous dire qu'une détermination forte n'écarte pas toujours les obstacles à un accomplissement personnel. Sans caricaturer: il dit aussi qu'on en surmonte parfois quelques-uns quand on fait tout à la fois preuve de patience et de confiance en soi. L'idée de la cinéaste: "Montrer une femme vivante, pas une légende figée". D'après moi, le côté positif l'emporte (de justesse, parfois). Petit bémol: certaines passages sont un peu étirés et/ou répétitifs. Rien de tout à fait maladroit, cela dit, la mise en scène témoignant objectivement d'une certaine ambition - lors d'incroyables séquences tournées en mer, par exemple, qui nous rapprochent des faits réels. Après tout, ce destin atypique méritait aussi d'être remis en valeur. Bien interprété, et notamment par une impeccable Josefin Neldén dans le rôle-titre, le film est passé en festivals (Toronto et Les Arcs). Je vous le recommande vivement s'il passe encore près de chez vous !

Sally Bauer, à contre-courant
Film suédois de Frida Kempff (2024)
Un coup de coeur pour ce film imparfait, mais dont le personnage principal est vraiment aussi complexe qu'attachant: l'équilibre trouvé au fil du récit fait que j'occulte volontiers les quelques petits défauts. On est un cran au-dessus d'un (bon) film comme Eddie the Eagle. Loin des sports, vous pouvez vous tourner vers Au rythme de Vera. Ou bien aussitôt, pour le féminisme, vers L'une chante, l'autre pas !

jeudi 4 septembre 2025

La reine des steppes

C'était au début du printemps, l'année dernière: en visitant le Musée dauphinois de Grenoble, je découvrais la toute nouvelle scénographie de sa riche exposition permanente, Alpins - 7.000 ans d'histoires. Fasciné, j'ai toutefois vite renoncé à faire le compte des guerres. Hommes et femmes n'ont jamais fini de combattre pour le territoire !

J'y repensais l'autre jour en regardant Tomiris, un film kazakh inédit dans les salles de France, mais sorti en VOD. Un blockbuster asiatique qui évoque le destin d'une princesse des steppes, tel que l'historien grec Hérodote a bien voulu le raconter au cinquième siècle avant l'ère chrétienne. Avec un décalage possible de plusieurs décennies, voilà...

Cette femme serait devenue un mythe à la tête de plusieurs peuples vainqueurs des armées du roi et conquérant perse Cyrus II le Grand. Un exploit militaire jugé retentissant du fait de l'asymétrie supposée des forces en présence. Bilan: au cinéma, c'est du pain béni et du spectacle garanti pour les amateurs de grandes batailles antiques. Le film dure deux heures et demeure largement prévisible dans son déroulé. Cela dit, ce n'est pas un problème: la flamboyance et la grande lisibilité de sa mise en scène le rendent très efficace. L'idéal est encore de le regarder comme un simple divertissement costumé et sans trop d'exigences de vraisemblance: je ne suis pas sûr qu'à l'époque, tout ce petit monde parlait une seule et même langue. Qu'importe, en fait: en VO, on oublie vite ce détail et on y croit. Enfin, vous m'avez compris: à condition d'aimer ce genre de fresques. C'est mon cas et j'ai passé un chouette moment. Bref, coup de coeur !

Tomiris
Film kazakh d'Akan Satayev (2019)
Je suppose qu'il y a dans ce film quelques échos du patriotisme kazazh, mais bon... rien de bien méchant vu d'Europe occidentale. Vous avez vu Braveheart, de et avec Mel Gibson ? Même tonneau ! Alexandre d'Oliver Stone ? Gladiator de Ridley Scott ? Presque pareil. Parcourir les steppes a un avantage supérieur: le dépaysement. Après, pour être honnête, je n'ai AUCUN souvenir précis de Mongol...

mercredi 3 septembre 2025

Juste une nuit...

J'ai au fond de ma mémoire quelques notes éparses d'I got you babe et de The Shoop Shoop song, mais je ne prétends pas connaître Cher aussi bien que sa longue carrière d'actrice et chanteuse l'autorise. C'est néanmoins avec grand plaisir que j'ai pu la retrouver dans Éclair de lune, une comédie romantique des années 80 rediffusée sur Arte !

L'actrice avait 41 ans à la sortie officielle dans les salles américaines. C'était lors des fêtes de Noël 1987, millésime où le film fut cinquième de son box-office national, avec 80,64 millions de dollars de recettes. Cette bluette repose sur la rencontre entre Loretta, jeune femme issue de la communauté italienne, et Ronny, le frère de son fiancé. Ces deux-là auraient pu ne jamais se connaître: c'est le futur mari qui, fâché avec son cadet, demande à sa promise de prendre contact avec lui pour l'inviter aux noces. Il est alors bien loin de se douter qu'un amour va soudain naître entre les deux ! Il y a d'autres adultères envisageables ou bien réels dans Éclair de lune, un feel good movie gentiment vintage. On y croise un Nicolas Cage tout jeunot (23 ans) dans un film classé à la neuvième place de ses 72 longs-métrages personnels. Tout cela n'est pas folichon, mais mignon comme tout. Une occasion de faire un tour à New York, quartier de Brooklyn, aussi. Et, pour tout dire, je ne vois aucune raison pour bouder son plaisir. Ne pas confondre avec Clair de lune, une série télé avec Bruce Willis !

Éclair de lune
Film américain de Norman Jewison (1987)

Un opus assez caractéristique du cinéma hollywoodien de son temps. Considéré comme tel, il est parfait pour une petite soirée tranquille emplie de nostalgie (comme Flashdance et Splash à leurs manières). Juste auparavant, Cher s'était illustrée dans Les sorcières d'Eastwick avec Jack Nicholson et Nick Cage dans Arizona Junior des Coen Bros. Toute une époque... et assurément, je n'ai pas fini de la redécouvrir !

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Pour conclure, une anecdote savoureuse...

Dans une scène de boulangerie, j'ai cru reconnaître Martin Scorsese parmi les clients. Erreur: ce n'était pas lui, mais... son père, Charles. Avec lui et par la suite créditée au générique: Catherine, son épouse !

mardi 2 septembre 2025

En eaux troubles

Il se peut que je revienne vous parler d'Érick Zonca, cinéaste méconnu que certains présentent comme un tyran sur un plateau de tournage. Cela pourrait expliquer qu'après un premier long couronné d'un César suivi d'un autre film dès l'année suivante, il ait dû attendre neuf ans pour en sortir un autre... et dix de plus avant de signer le quatrième !

Fleuve noir
m'inspirait toutefois confiance avec sa distribution XXL. Vincent Cassel, Romain Duris, Sandrine Kiberlain, Élodie Bouchez, Charles Berling, Hafsia Herzi, Jérôme Pouly passé par la Comédie française: vous admettrez sans nul doute que ce casting a belle allure. Tout ce petit monde est réuni autour d'un fait divers - imaginaire - lié à la disparition d'un adolescent. Le flic en charge de l'enquête (Cassel) rassure la mère (Kiberlain) et, entre deux verres d'alcool, a des ennuis avec sa propre progéniture, auxquels s'ajoutent ceux de son boulot. Petit à petit, il se dit qu'un ancien prof (Duris) du possible fugueur pourrait bien être responsable des malheurs des uns et des autres. Bref... le film a un souci: plus il avance, moins il est vraisemblable. Correctement joué, il chemine à tous petits pas vers une double fin plutôt bâclée et que je juge - aïe ! - tout à fait abracadabrantesque. Dommage: il y avait mieux à faire. On verra peut-être dans dix ans...

Fleuve noir
Film français d'Érick Zonca (2018)

Des long-métrages glauques, j'en ai vu. Et de bien meilleurs, aussi. Sans être franchement honteux, celui-là ne peut nullement rivaliser avec des perles noires comme Zodiac, Prisoners ou Les Ardennes. Devant mon écran, j'ai parfois pensé à un - excellent - film français consacré à la disparition d'un jeune enfant: Trois jours et une vie. Amateur du genre, j'en verrai sûrement d'autres. Et j'en reparlerai...

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Vous n'avez pas envie d'attendre ?

OK. Prenez au moins un temps pour lire les avis de Pascale et Dasola !

lundi 1 septembre 2025

Une sacrée tuile

Un drôle de paradoxe: j'entame cette semaine importante pour le blog en vous parlant d'un film tout à fait dispensable. Au cours d'une soirée passée chez mes parents le mois dernier, c'est à vrai dire par hasard que j'ai découvert Le médecin imaginaire. Molière n'y est pour rien ! Et d'ailleurs, pas sûr qu'il aurait trouvé cette histoire très amusante...

Alex connaît un succès international grâce à la musique électronique qu'il joue sous le pseudonyme DJ Wethu. Son tout premier album devrait sortir après une tournée XXL, dont l'ultime étape est prévue sur l'Arc de Triomphe. Sauf qu'Alex, fatigué, fait une mauvaise chute lors d'un concert au Maroc et risque de ne pas être rétabli à temps. Inquiets et fâchés, son agent et son promoteur ont déjà un plan B ! Rocambolesque ? Pas forcément: j'imagine bien que certains artistes populaires ont pu connaître pareille mésaventure. Elle est le prétexte d'une comédie de cinéma assez peu originale, dont certains critiques jugent l'humour "nauséabond" et "très poussiéreux" (cf. Télérama). Bon... c'est un fait: Le médecin imaginaire n'est pas d'une subtilité folle. J'ai déjà vu Alban Ivanov plus à son avantage et je suis d'accord pour dire que l'abattage de Fatsah Bouyahmed n'est qu'un pis-aller quand on entretient l'espoir d'exciter ses zygomatiques durablement. Meilleure chance la prochaine fois, alors ? Peut-être. Reste le charme naturel des décors autour d'Agadir et deux-trois situations rigolotes...

Le médecin imaginaire
Film français d'Ahmed Hamidi (2022)

Je suis généreux avec ma note et vous confirme que ce long-métrage devrait sortir de ma mémoire presque aussi vite qu'il a su y entrer. Dans le genre, j'ai préféré La vache de... Mohamed Hamidi, le frère d'Ahmed (également connu en tant que fondateur du Bondy Blog). C'est le Maroc qui vous attire ? Je vous conseille plutôt d'autres films comme Much loved, Animalia ou Le bleu du caftan. Et pas pour rire.

dimanche 31 août 2025

Récidivistes ?

Autant le dire: je n'ai pas hésité longtemps à voir Les bad guys 2. J'avais aimé le premier volet et ce second épisode était prometteur dans la catégorie un peu fourre-tout des divertissements estivaux. Aucune déception à l'arrivée: ce nouvel opus des studios Dreamworks répond aux attentes que j'avais placées en lui - et il a plu à ma mère !

Rappel: Loup et son équipe (Requin, Piranha, Serpent et Tarentule) étaient connus comme les auteurs de vols ultra-spectaculaires. Seulement voilà ! Le chef de meute est soudain tombé amoureux d'une renarde honnête et la bande s'est dès lors sagement rangée derrière son chef. Problème: ses nombreux écarts de conduite passés suscitent encore la méfiance et privent les mauvais sujets repentis d'une véritable possibilité de reconversion dans une activité légale. Faudra-t-il qu'ils rempilent ? Ils pourraient de fait y être contraints. Après la première scène d'anthologie en Égypte, c'est cette hypothèse qui tient lieu de véritable point de départ pour ce très chouette film d'animation qu'est Les bad guys 2, à 99% orienté action et 100% fun. Nous pourrions ensuite avoir droit à un numéro 3. C'est à confirmer...

Sans toutefois affoler les compteurs du box-office, les aventures 2025 de ces drôles de bestioles introduisent bien sûr de nouveaux individus dans la ménagerie initiale, dont cette peu farouche et jolie tigresse. C'est tout près d'un ring de catch qu'aura lieu le premier rendez-vous. Plus tard, je vous révélerai simplement que nos amis les animaux prendront de l'altitude. Comment ? Je préfère vous laisser la surprise. Les bad guys 2 ne s'embarrasse évidemment d'aucune vraisemblance. J'ai pris l'habitude de dire que l'animation permet toutes les fantaisies et j'ajoute donc que vous en aurez ici une nouvelle démonstration. Conseil d'ami: débranchez votre cerveau analytique et amusez-vous ! C'est en fait le mal que je vous souhaite devant un tel programme. Quelques jours avant la rentrée, ça ne pourra pas vous faire de mal...

Les bad guys 2
Film américain de Pierre Perifel et Juan Pablo Sans (2025)
Les plus chauvins auront noté que l'un des réalisateurs est français. Pierre Perifel fait coup double après avoir été le premier Frenchie responsable  - en solo - d'un long-métrage animé made in USA. Dreamworks résiste ainsi plutôt vaillamment à l'empire Disney-Pixar. J'attends donc la réplique (Zootopie 2 ?) d'ici la fin de cette année faiblarde pour les entrées en salles. Le premier approche des dix ans !

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Oups ! Je n'ai rien dit des voix...

En VF, vous pourrez notamment entendre Pierre Niney, Alice Belaïdi ou Jean-Pascal Zadi. Et ces "non-spécialistes" ont fait du bon boulot...

vendredi 29 août 2025

Le seul fils

Sa belle bande-annonce nimbée de mystères et sa provenance turque m'ont poussé à découvrir de The things you kill à sa sortie en salles. J'imaginais que le réalisateur, iranien, n'avait pas pu tourner son film dans son pays et il semble en effet que les autorisations nécessaires aient (au moins) mis trop de temps à arriver ! Il s'est donc expatrié...

C'était aussi le cas d'Ali, son personnage principal, revenu en Turquie après 14 années passées aux États-Unis. Ce professeur de littérature comparée (une option à l'université) a bien des ennuis: son contrat d'un semestre devrait ne pas être renouvelé, sa vie d'homme marié souffre de l'impossibilité d'avoir un enfant - des examens médicaux révélant une stérilité qu'il ne peut admettre - et, plus grave encore pour lui, il est le seul fils d'un père qui le méprise d'être un jour parti. Résultat: quand sa mère décède, Ali est persuadé que son géniteur est coupable et mène alors une contre-enquête sur l'accident supposé. Ambiance ! Cette froideur scénaristique se maintiendra tout au long du métrage. En un mot, The things you kill est bel et bien un thriller des plus tendus, sur fond de profondes dissensions intrafamiliales. Vous aurez remarqué que j'ai opté pour des images plutôt sibyllines pour vous le présenter. Ce n'est, bien sûr, pas tout à fait un hasard...

Je ne veux pas vous priver de la surprise, mais le (très bon) scénario se développe vite vers autre chose qu'une banale intrigue policière. L'apparition de Reza, un personnage de jardinier amené à épauler Ali dans ses tâches quotidiennes, fait sortir l'histoire de son cap initial. J'admets qu'il m'a fallu lire quelques critiques ensuite pour être sûr d'avoir bien compris ce que j'avais vu et entendu. Les journalistes spécialisés confirment souvent que le réalisateur est très honnête quand il cite David Lynch parmi ses références. Sa version originale en langue turque renforce le trouble que suscite The things you kill. D'aucuns laissent par ailleurs entendre que l'homme derrière la caméra raconte son histoire via la fiction - le film étant dédié à ses soeurs. Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé l'expérience tout à fait fascinante ! Disons qu'elle est aussi exigeante et réclame dès lors d'être concentré sur ce qui se passe et se dit à l'écran, à la lumière, dans la pénombre ou même dans l'obscurité. Et pas toujours de manière très audible. J'imagine que cela pourrait m'inciter à m'y plonger une seconde fois...

The things you kill
Film turc d'Alireza Khatami (2025)

Sans délai, je conseille vivement cet opus aux âmes bien accrochées ! Après cela, il sera naturellement toujours possible de le comparer avec Lost highway, souvent fixé comme un possible point de repère. Bref... un exemple de cinéma stimulant comme on en voit (trop) peu. Du côté iranien, un film comme Valley of stars est plus mystérieux encore. Mon explication ? L'intention du cinéaste n'est pas la même...

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Vous en redemandez ?

Un conseil de lecture: la chronique de Pascale, elle aussi très positive.

mercredi 27 août 2025

Emprises multiples

Je n'aime pas être sévère avec les premiers films d'un(e) cinéaste. Ainsi qu'on me l'a dit un jour, il est logique qu'ils soient "chargés" d'intentions, puisque leur auteur - ou autrice - n'a aucune certitude préalable de faire carrière (ou au moins de réaliser un second opus). J'aimerais être moins exigeant avec Aux jours qui viennent. Mais...

Laura, la trentaine, vit seule avec sa fille Lou depuis qu'elle a rompu avec le père, Joachim. Sa situation financière est vraiment difficile. Son ex ne la soutient absolument pas... et son ancienne belle-mère compatit vaguement, en ouvrant son porte-monnaie dans un soupir. Joachim, lui, fréquente désormais Shirine, et vit à ses crochets. Comme avec Laura auparavant, il témoigne d'un comportement jaloux, possessif et franchement instable. Aux jours qui viennent relève d'abord de l'étude de moeurs, actuelle... et plutôt bien ficelée !

Seul problème: quand le scénario rapproche les deux jeunes femmes dans une même peur liée à l'homme, le film prend des airs de thriller et oublie qu'il nous parlait d'emprise, au point de trouver des excuses au personnage masculin (manipulateur, oui, mais malade avant tout). Je vous avoue que j'ai eu un peu de mal à croire à cette histoire. Dommage, car ses interprètes sont bons, à commencer par les têtes d'affiche, Zita Hanrot et le désormais incontournable Bastien Bouillon. Le même éloge doit être fait à Alexia Chardard, que la promotion officielle du long-métrage néglige un peu trop, à mon humble avis. Mentions spéciales enfin pour saluer le petit rôle de Marianne Basler et l'incroyable prestation d'une formidable petite fille, Maya Hirsbein. Il y a de jolis moments dans ce film, y compris dans la représentation d'un amour naissant (et merci, notamment, à Aurélien Gabrielli !). Qu'il se passe à Nice n'apporte pas grand-chose, malheureusement. Aux jours qui viennent restera donc pour moi une petite déception. Cela dit, je souhaite le meilleur à sa jeune réalisatrice pour l'avenir...

Aux jours qui viennent
Film français de Nathalie Najem (2025)

Trois étoiles, c'est peu. Il est entendu que le sujet du long-métrage reste vraiment important (et donc pleinement légitime au cinéma). Mon vrai regret tient surtout au fait qu'une certaine invraisemblance entoure le parcours des protagonistes, un peu caricaturaux parfois. Peut-être ressortirai-je mon DVD de Darling, qui parle d'une femme battue. Autres idées: Jusqu'à la garde et/ou L'amour et les forêts...

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Et pour conclure...

Vous pourrez voir que Pascale et moi sommes presque du même avis.

lundi 25 août 2025

Dans la ville

Et si c'était lui ? Oui... et si c'était Cédric Klapisch le premier cinéaste dont j'aurai présenté tous les films ? Je me suis rapproché de la cible en revoyant Chacun cherche son chat (qui aura bientôt 30 ans). Tourné à Paris, dans le quartier Bastille, ce long-métrage énergique respire l'amour des gens et d'une certaine ville en voie de disparition !

Avant de prendre une semaine de vacances, Chloé cherche quelqu'un pour garder Gris-Gris, son chat (noir). C'est compliqué, mais elle finit par rencontrer une mamie habituée à ouvrir son petit appartement aux matous de tous poils. Seul problème: quand la jeune femme revient de sa pause estivale, son cher félin a totalement disparu. Débute alors une quête pour le retrouver, toutes les vieilles dames des environs se mobilisant vite pour aider Chloé, du mieux possible. Pas toujours efficaces, certes, mais d'une indéniable bonne volonté...

Avec elles, il y a également Djamel, un type plus jeune, d'un niveau intellectuel disons limité, depuis sa chute - accidentelle - d'un toit. Grand révélateur de talents, Cédric Klapisch retrouvait un comédien fidèle à son cinéma: l'excellent Zinedine Soualem. L'improbable duo formé avec Garance Clavel, que je connais moins bien, fonctionne parfaitement. D'autres visages incontournables dans la galaxie CK apparaissent au détour d'un plan ou bien sûr pour une participation plus importante: je citerais Romain Duris, Hélène de Fougerolles, Simon Abkarian ou encore Nicolas Koretzky. Une famille à ses débuts. J'ai aimé la voir évoluer dans une capitale changeante, dans la foulée de la première élection de Chirac à la présidence (52,64% vs. Jospin). Je vous l'avoue: trois décennies ont passé, mais j'ai eu l'impression de faire un lointain - et ma foi très agréable - voyage dans le temps. Les nombreuses scènes de rue ressemblent parfois à un documentaire saisi sur le vif et auquel on n'aurait pas souhaité ajouter de voix off. Les images, elles, disent beaucoup. D'où ce (nouveau) coup de coeur !

Chacun cherche son chat
Film français de Cédric Klapisch (1996)

Je sais: ma note est vraiment haute. Je l'explique par l'harmonie d'une fiction parfaitement assumée comme telle avec l'environnement urbain qui accueille ses personnages et lui permet donc de s'épanouir. Même avec Paris, sorti en 2008, Cédric Klapisch n'a pas fait mieux ! Pour faire écho à un autre de ses films, je choisis Deux moi (2019). Ni pour ni contre (bien au contraire) est de fait bien plus sombre...

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Et donc, une intégrale Klapisch en vue ?
Mon index des réalisateurs est un bon moyen de retrouver ses longs chroniqués sur Mille et une bobines. Il ne manque à cette belle liste que Peut-être (1999) et L'auberge espagnole (2002), deux jalons importants de mon parcours avec le cinéma. Mais un jour reviendra...

Je termine avec un lien vers un autre blog...
C'est l'occasion de revenir sur la Kinopithèque de notre ami Benjamin.

vendredi 22 août 2025

Fuite et fin ?

Fin de l'hiver 1944-1945. Hitler a reculé, mais la guerre s'éternise. Exemple en Asie: je viens de découvrir le "coup de force" japonais initié le 9 mars. Les troupes de l'empereur, en Indochine française depuis 1940, en prennent le contrôle total. 3.000 militaires et civils originaires de la France métropolitaine sont tués en 48 heures. Commence alors une bataille, mais aussi un grand repli vers la Chine !

En la romançant et de manière frontale, le film Les derniers hommes nous narre cette histoire encore méconnue. Il concentre son attention sur des soldats de la Légion étrangère basés à Khan Khaï, un camp situé dans le sud de l'actuel Laos. Ceux-là vivent une situation épouvantable: blessés et fort mal soignés, il est douteux d'envisager qu'ils puissent survivre à une dispersion dans la jungle environnante. Les longs kilomètres qui les attendent sont bien, eux aussi, un danger mortel. Reste qu'une colonne se met en mouvement, parce que l'ordre lui en est donné, mais sans autre espoir pour certains que d'en finir enfin avec leurs souffrances. Ce qui révèle aussitôt des sentiments variés au sein de l'escouade, ainsi qu'une divergence entre l'officier de commandement et un soldat "de base", privé de toute munition. Attention: j'ai choisi des images générales pour ne pas vous spoiler. Elles vous donneront une idée de l'esthétique du film, le déroulé exact de son scénario restant - je vous le promets - largement à découvrir. Vous n'avez pas devant vous un film de guerre ordinaire, à vrai dire...

Je n'ai pas lu Les chiens jaunes, d'Alain Gandy, le roman ici adapté. Le générique du film cite sept coscénaristes, dont son producteur emblématique, feu Jacques Perrin, décédé avant la sortie en salles. Cette histoire sans vrai héros ressemble à ce que j'ai connu de lui. Elle nous place devant la folie des hommes et les grandes difficultés qu'ils éprouvent parfois à l'heure de faire des choix pour eux décisifs. J'indique au passage que le récit prend ponctuellement une tournure métaphysique, ce qui ne conviendra pas forcément à tout le monde. Les derniers hommes a toutefois l'intelligence d'intégrer sa réflexion sur le divin dans une dimension plus large, démontrant une diversité de croyances (et de non-croyances) au coeur même de la troupe. L'idée d'un Dieu m'étant tout à fait étrangère, je me suis contenté d'observer - et de réfléchir à - comment les hommes peuvent agir pour se raccrocher, justement, à leur humanité dans des conditions extrêmes. Le film les met à nu, loin de l'Éden, mais comme immergés dans la nature presque primitive. Oui, c'est une très belle réalisation !

Les derniers hommes
Film français de David Oelhoffen (2024)

Vous lirez ailleurs des infos sur le tournage, dantesque, en Guyane. Concentré sur le film, j'ai aimé qu'il parle des horreurs de la guerre sans nous asséner un discours préformaté. J'y vois un lien possible avec d'autres opus (récents et remarquables): Onoda et Mosquito. David Oelhoffen m'avait déjà tapé dans l'oeil avec Loin des hommes et Le quatrième mur. Je vais donc essayer de continuer à le suivre...

mercredi 20 août 2025

Venue de loin pour...

J'ai appris (et vite compris) que beaucoup des tous premiers films mettant en scène des extra-terrestres parlaient d'une menace réelle d'une manière détournée - afin de "ménager" le public, par exemple. J'ignore si c'est le cas pour ma curiosité du jour: Une Martienne diabolique. Un film dont je n'ai entendu parler que très récemment...

Venu de Grande-Bretagne, cet étonnant long-métrage nous conduit jusqu'au fin fond d'un petit village écossais, au cours de la saison hivernale. De rares personnes se rassemblent dans l'auberge locale. Outre les tenanciers, il y a là leur petit personnel, une mannequin cherchant à oublier ses amours malheureuses, ainsi qu'un scientifique réputé et un journaliste, l'un et l'autre intrigués par la chute annoncée d'un météore. Il y a aussi un enfant... et un homme évadé de prison. Et une femme, affirmant venir de Mars, rejoint alors le petit groupe !

Je passe sur les détails du pourquoi du comment, mais comme le titre l'indique, cette femme sera bien sûr un réel danger pour les autres. Honnêtement, tout cela s'avère plutôt risible: de la science-fiction cinéma, un peu balourde et de fait dépourvue de moyens techniques importants. Cet opus garde malgré tout un certain charme vintage ! Tourné en noir et blanc, je crois qu'il peut aussi être vu en version colorisée - cela dit sans le moindre regret de ne pas y avoir eu accès. Je vous recommande d'être prudents: le Web est truffé de spoilers. D'une durée d'une heure 14 minutes, le film a le mérite d'être concis. Raison de plus, je dirais, pour lui donner une chance de vous plaire...

La Martienne diabolique
Film britannique de David MacDonald (1954)

Une demi-étoile bonus pour le côté "insolite" de cette découverte tardive: il faut replacer le film dans son contexte artistique d'époque. Il a deux ans de plus qu'une référence: l'amusant Planète interdite. Bien sûr, bien des réalisateurs ont créé des situations et des mondes beaucoup plus spectaculaires encore. Mais en partant dans l'espace ! Rester sur Terre, c'est bien aussi, non ? Enfin, en bonne compagnie...

lundi 18 août 2025

Prise au piège

Le sexisme... Je vous propose un lien vers le rapport du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, publié en début d'année. Je le fais ce midi pour m'inscrire dans la continuité d'un film espagnol sorti en 2024: L'affaire Nevenka. Il revient quant à lui sur des faits survenus, entre 1999 et 2001, dans une ville de la province de León...

Née à Ponferrada, Nevenka Fernández, 25 ans, y revient avec joie après de brillantes études à Madrid et est élue au conseil municipal. Le maire, Ismael Álvarez, la choisit comme adjointe aux Finances. Malgré une
importante différence d'âge, l'édile et sa jeune collègue entament une liaison. Cela ne dure pas: le comportement dominateur de son amant déstabilise et inquiète Nevenka. Elle décide de rompre. Ismael se met alors à la harceler, niant ses qualités professionnelles ou multipliant les appels, à toutes les heures du jour et de la nuit. Aucune esbroufe: c'est très sobrement que le film expose la réalité crue de cette terrible situation, d'autant plus intenable pour la victime que son oppresseur avait l'aura d'un chef mafieux dans sa commune. Le plus dingue dans cette histoire, c'est qu'il a toujours été soutenu...

J'avais l'espoir que la production ait fait appel à de très bons acteurs. Que vous dire ? Chacun dans son rôle, Mireia Oriol et Urko Olazabal sont excellents. Je suis même étonné qu'ils soient repartis bredouilles des Goya en février, lui ayant tout de même été nommé pour le Prix d'interprétation, mais elle absente de la brève liste des prétendantes. L'idée désormais, ce serait au moins d'essayer de retenir leurs noms. Petite précision: avant de découvrir le film, je connaissais déjà celui de sa réalisatrice, régulièrement citée pour ses talents liés au cinéma et ses engagements militants (elle est une proche de Ken Loach). J'estime qu'il est indispensable que des longs-métrages comme le sien existent pour maintenir les consciences éveillées et pour les secouer. Aujourd'hui, je parle de l'Espagne, mais des faits de cette nature existent aussi en France, j'en suis plus que sûr: intimement persuadé. Tout comme je suis certain que la culture peut être un outil efficace pour donner l'alerte et combattre ainsi toutes les formes d'injustice. Elles sont nombreuses, mais je n'y vois pas une raison pour renoncer !

L'affaire Nevenka
Film (italo-)espagnol d'Icíar Bollaín (2024)

Mon petit doigt me souffle qu'aborder un tel sujet de manière honnête et percutante n'est pas forcément à la portée du tout premier venu. C'est si facile de tomber dans le pathos "bon marché" et le racolage. Rien de tel ici... et j'ai hâte de pouvoir comparer ce long-métrage avec d'autres consacrés au même sujet et/ou à des thèmes voisins. Et d'ici là, je vous conseille vivement El reino pour l'aspect
politique !

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Pour finir, deux avis féminins...

Je vous assure: vous pouvez lire Pascale et Dasola en toute confiance.

samedi 16 août 2025

Flammèches

Je retourne vers l'Asie aujourd'hui pour vous parler d'un film chinois accueilli en France début juillet: Des feux dans la plaine. Il semble que Pékin ait longtemps bloqué son exportation, car il date de 2021. Qu'importe: il n'est jamais trop tard pour une séance de rattrapage. Présenté comme un polar, l'opus m'apparaissait riche de promesses...

Au final, je dois l'admettre: c'est une petite déception qui domine. J'attendais un peu mieux de cette histoire autour d'un serial killer ciblant exclusivement les chauffeurs de taxi. Que l'action se déroule dans le nord industriel de la Chine m'avait par ailleurs laissé espérer que ce cadre ajouterait une dimension sociale à l'intrigue policière. Finalement, ce serait plutôt l'observation d'une société ultra-sclérosée que le film propose, en se focalisant surtout sur un duo fille-garçon. Douée pour le dessin, Li Fei voudrait partir refaire sa vie dans le Sud. Shu, à l'inverse, entend bien rester, quitte alors à ne plus fréquenter que les petites frappes que sont ses amis. Des feux dans la plaine déploie son récit en deux parties: en 1997 d'abord, puis en 2005. L'énigme n'est pas élucidée à l'issue de la première, mais le scénario prend un virage important à mi-parcours - ce qui peut être frustrant. Tout cela n'est pas forcément très vraisemblable et le côté sanglant de certaines séquences risque de vous mettre mal à l'aise (ou pire). Ma note est relativement haute de par la nationalité chinoise. Mais...

Des feux dans la plaine
Film chinois de Zhang Ji (2021)

Attention: je vous suggère de ne pas confondre ce film encore récent avec Feux dans la plaine, un film (de guerre) (japonais) de 1959. Cela étant précisé, vous pourrez choisir en connaissance de cause. Pour ma part, je vous invite à rester en Chine en voyant des films mieux équilibrés, tels Black coal ou Une pluie sans fin par exemple. Autre valeur sûre: le mémorable Les éternels, du grand Jia Zhang-ke.

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Et si vous cherchez d'autres avis...

Je vous signale que Dasola aura été la première à "dégainer" le sien. Pascale l'a imitée un peu plus tard et avoue ne pas avoir tout compris.

vendredi 15 août 2025

No stress

Vous êtes là ? Une bonne nouvelle: les après-midis qui restent en août sont plus nombreux que ceux écoulés. J'espère que vous en profitez. Pour ma part et depuis dix jours, j'ai ENFIN pris (un peu) de distance avec le Web - et cela devrait durer jusqu'à jeudi prochain, au moins. Mais pas de pause prévue pour Mille et une bobines... à court terme !

La raison est simple: j'ai encore quelques chroniques "en stock". Suffisamment pour être serein d'ici septembre et l'approche des films automnaux. On dit parfois que la saison est appréciée des cinéphiles parce qu'elle permet la sortie de productions jugées plus ambitieuses. J'ai failli faire une liste de mes attentes: j'ai repéré quelques pépites potentielles, dont la Palme d'or et le nouveau film de Pierre Richard. Je peux déjà vous assurer que je ne renoncerai pas à l'éclectisme. Qu'en est-il de votre côté ? Avez-vous des anticipations positives ? Allez ! Si vous êtes toujours en vacances, nous aurons bien le temps d'en reparler, naturellement, à la fois de visu et par le biais du blog. Certains me lisent depuis très longtemps: je tiens à les en remercier. Rien ne vous oblige toutefois à quitter aussitôt vos chaises longues...

mercredi 13 août 2025

Un éveil à la vie

C'est Wikipédia qui l'affirme: peu connu sous nos latitudes, le cinéma mongol serait "grandement influencé par son homologue russe". J'avoue que ce n'est pas flagrant quand on regarde Un jeune chaman. Ce film sorti l'an passé a vu son jeune acteur décrocher un Prix d'interprétation à la Mostra de Venise 2023 ! Et il vaut le coup d'oeil...

Zé, 17 ans, est donc chaman. Ce qui veut dire qu'il détient le pouvoir de convoquer l'esprit des morts pour obtenir des infos sur les vivants et leur avenir, ce qui permettra de les rassurer et/ou de les protéger. Un jour, il est contacté par la mère de Maralaa, une fille de son âge en passe d'être hospitalisée et opérée pour une pathologie du coeur. D'abord sceptique, la toute jeune femme finit par trouver le garçon attachant et, comme en écho, éveille en lui des sentiments inédits. Jusqu'alors très sage, l'adolescent sort progressivement de sa coquille pour découvrir la vie telle qu'elle est vraiment, sa potentielle douceur et ses aspects beaucoup plus âpres. Je ne crois pas qu'il soit possible de présenter Un jeune chaman comme un étonnant feel good movie venu de la très lointaine Asie, mais c'est un film pétri de qualités. Bien que dépaysant, il n'en est pas moins accessible à tous les publics. Et vous donnera l'envie de tourner le regard... vers d'autres horizons !

Un jeune chaman
Film mongol de Lkhagvadulam Purev-Ochir (2023)

Je vous épargne la longue litanie des nationalités des producteurs officiels de ce long-métrage et me concentre donc sur son origine mongole. Il montre la capitale Oulan-Bator comme un assemblage d'immeubles "modernes", complété par des yourtes traditionnelles. C'est le cas aussi d'un autre opus: Si seulement je pouvais hiberner. Deux films que j'associe donc, l'un et l'autre réalisés par une femme...

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Et puisqu'on parle de femmes...

Vous aurez peut-être envie de connaître l'avis de notre amie Pascale.