Vous le savez (ou pas): j'aime prendre des gifles cinématographiques. J'apprécie que le cinéma me secoue par ce qu'il montre et/ou raconte. C'est sans doute d'abord dans une recherche de sensations nouvelles que je tâche de repousser toujours un peu plus loin mes frontières. Dernièrement, c'est ainsi que j'ai vu Omar, un film passé au Festival de Cannes 2013, sélection Un certain regard, originaire de Palestine.
De la Croisette, le film est même reparti avec un Prix du jury. J'ai vu des oeuvres plus puissantes, mais celle d'aujourd'hui est assez forte pour m'avoir attrapé très vite et tenu en haleine sur toute la durée. Ce qu'elle raconte ? Le quotidien de trois jeunes Cisjordaniens, amis d'enfance, révoltés du comportement d'Israël à l'égard du peuple palestinien. Pas question ici pour moi de prendre parti: je signale simplement qu'Omar montre notamment le haut mur qui a été édifié par les Israéliens pour séparer physiquement les territoires. L'intelligence du long-métrage consiste justement à ne pas tomber dans un manichéisme ordinaire. Ainsi, les trois personnages centraux des toutes premières scènes - et notamment celui qui donne son nom au film - ne sont pas des anges: une nuit, bien cachés, ils abattent froidement un garde-frontière. Ce geste est montré comme un acte purement gratuit, voire une décision irréfléchie. Rien d'héroïque...
Il n'y a ni bon, ni méchant, dans Omar. Juste une situation de guerre civile qui ne dit pas son nom, parce que les camps qu'elle oppose radicalement se croient systématiquement dans leur bon droit. L'idée que les choses puissent s'arranger, le scénario ne l'aborde jamais. C'est même tout le contraire: les personnages sont pris dans un étau destiné à les broyer tous. À défaut d'un climat de suspense, le film fait donc naître une véritable tension... et bien des réflexions. Personnellement, je me suis senti incapable de me détacher complètement de ce que j'imagine être la réalité du Proche-Orient. D'où cette gifle dont je parlais au début: je me suis dit une fois encore combien j'avais de la chance d'être né en France et d'y vivre aujourd'hui. Après avoir "digéré" mes émotions, j'ai pensé que j'avais aussi de la chance d'avoir pu découvrir un tel film. J'aime ce cinéma qui éclaire la marche du monde sans négliger la dimension artistique. J'en redemande ! Et si je suis heureux de pouvoir voir autre chose que de telles fictions, j'estime qu'elles participent de mon éducation.
Omar
Film palestinien de Hany Abu-Assad (2013)
Je l'ai dit, je le répète: j'ai vu des films plus marquants encore. J'aimerais insister sur le fait qu'il existe aussi des réalisateurs israéliens qui n'hésitent pas à présenter les facettes les plus sombres de leur pays, à l'image de Nadav Lapid dans Le policier. Je change désormais d'horizon pour vous dire qu'en termes de réconciliation impossible, j'avais été très marqué par Le repenti, un film algérien.
De la Croisette, le film est même reparti avec un Prix du jury. J'ai vu des oeuvres plus puissantes, mais celle d'aujourd'hui est assez forte pour m'avoir attrapé très vite et tenu en haleine sur toute la durée. Ce qu'elle raconte ? Le quotidien de trois jeunes Cisjordaniens, amis d'enfance, révoltés du comportement d'Israël à l'égard du peuple palestinien. Pas question ici pour moi de prendre parti: je signale simplement qu'Omar montre notamment le haut mur qui a été édifié par les Israéliens pour séparer physiquement les territoires. L'intelligence du long-métrage consiste justement à ne pas tomber dans un manichéisme ordinaire. Ainsi, les trois personnages centraux des toutes premières scènes - et notamment celui qui donne son nom au film - ne sont pas des anges: une nuit, bien cachés, ils abattent froidement un garde-frontière. Ce geste est montré comme un acte purement gratuit, voire une décision irréfléchie. Rien d'héroïque...
Il n'y a ni bon, ni méchant, dans Omar. Juste une situation de guerre civile qui ne dit pas son nom, parce que les camps qu'elle oppose radicalement se croient systématiquement dans leur bon droit. L'idée que les choses puissent s'arranger, le scénario ne l'aborde jamais. C'est même tout le contraire: les personnages sont pris dans un étau destiné à les broyer tous. À défaut d'un climat de suspense, le film fait donc naître une véritable tension... et bien des réflexions. Personnellement, je me suis senti incapable de me détacher complètement de ce que j'imagine être la réalité du Proche-Orient. D'où cette gifle dont je parlais au début: je me suis dit une fois encore combien j'avais de la chance d'être né en France et d'y vivre aujourd'hui. Après avoir "digéré" mes émotions, j'ai pensé que j'avais aussi de la chance d'avoir pu découvrir un tel film. J'aime ce cinéma qui éclaire la marche du monde sans négliger la dimension artistique. J'en redemande ! Et si je suis heureux de pouvoir voir autre chose que de telles fictions, j'estime qu'elles participent de mon éducation.
Omar
Film palestinien de Hany Abu-Assad (2013)
Je l'ai dit, je le répète: j'ai vu des films plus marquants encore. J'aimerais insister sur le fait qu'il existe aussi des réalisateurs israéliens qui n'hésitent pas à présenter les facettes les plus sombres de leur pays, à l'image de Nadav Lapid dans Le policier. Je change désormais d'horizon pour vous dire qu'en termes de réconciliation impossible, j'avais été très marqué par Le repenti, un film algérien.