dimanche 24 décembre 2023

Avant le réveillon...

Bon, eh bien... je n'ai pas grand-chose à vous raconter aujourd'hui. Car, contrairement à l'année dernière à la même époque, j'ai du pain sur la planche et suis à mon bureau à l'heure où vous lisez ces lignes. Mon prochain jour de repos sera mercredi: j'irai peut-être au cinéma !

L'information du jour: Mille et une bobines entre en pause hivernale. Elle sera courte: je vous retrouverai, je l'espère, tout début janvier. J'ai encore quelques films de décembre à présenter, avant d'en venir aux traditionnels tops - qui pourraient légèrement innover, cette fois. 2023 aura été une assez belle année sur les écrans. Supérieure à 2022 pour le nombre total d'entrées dans les salles françaises, d'ailleurs. Avant d'en reparler avec vous, je veux vous souhaiter un joyeux Noël et de précieux moments pour achever le millésime. À très bientôt ici !

vendredi 22 décembre 2023

Sous la ville

C'est vers le début des années 90 que j'ai commencé à aller au cinéma sans mes parents. Luc Besson était encore un réalisateur apprécié ! J'ai il y a peu eu envie de revenir à la source d'un parcours artistique mouvementé avec un film que j'avais découvert à la télé: Subway. Bientôt quarante ans plus tard, il est certain qu'il a vieilli. Oui, bon...

Subway
, c'est vraiment un film au look des années 80. Il est sorti pile au mitan de la décennie. Besson voulait Charlotte Rampling et Sting en vedettes, mais n'a eu "que" Isabelle Adjani et Christophe Lambert. Quel casting, tout de même ! Aux côtés du duo principal, on trouve d'autres grands noms comme Richard Bohringer, Michel Galabru, Jean-Hugues Anglade, Jean-Pierre Bacri... et j'en oublie sûrement. Tout ce petit monde s'est donné rendez-vous dans le métro parisien pour raconter l'histoire d'un maître chanteur pourchassé par la police et soudain tombé amoureux de la femme de sa victime. Un scénario minimaliste, l'intérêt du film venant de son cadre relativement inédit. L'histoire retient d'ailleurs que des agents assermentés de la RATP assistèrent au tournage pour contrôler l'image de leur chère société. Aujourd'hui, tout cela semble presque risible, mais il faut se souvenir que, derrière la caméra, notre ami Lucho n'avait guère que 25 ans. Treize nominations aux César et presque trois millions de spectateurs plus tard, sa carrière était lancée et proche d'atteindre son sommet...

Subway
Film français de Luc Besson (1985)

Un incontournable ? Non, mais un marqueur du cinéma hexagonal. Suivant sur la liste, Le grand bleu - le sommet ! - me plaît moins. C'est ensuite, avec Nikita, que j'ai vraiment "mordu" au style Besson. Le fait est que le goût m'est passé depuis: c'est un peu regrettable. 1985, ce n'est pas si loin: l'année du premier Retour vers le futur. Celle de Brazil, aussi, ou de Legend, entre autres. Ah, la nostalgie...

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Vous voulez d'autres avis ?

Je dois reconnaître que celui de Vincent est pour le moins expéditif. Ideyvonne, elle, parle du chef décorateur: le grand Alexandre Trauner. Et "L'oeil sur l'écran" a rédigé une chronique sous la forme classique...

mercredi 20 décembre 2023

Si proches

Le premier film du cinéaste tokyoïte Yasujiro Ozu (1903-1963) diffusé en France y est arrivé en 1978, 25 ans après sa sortie au Japon. Profiter du DVD - comme je l'ai fait en 2010 - est donc un privilège. Désormais familier avec le maître, je n'ai pas hésité bien longtemps avant d'aller voir l'un de ses films repris en salle. Quel grand bonheur !

Les soeurs Munakata
contient tout ce que je peux attendre d'un film signé Ozu. Il s'inscrit dans le Japon de l'après-guerre, un pays meurtri qui s'apprête à vivre de profondes mutations sociétales. Le scénario s'inspire d'un roman et nous raconte l'histoire de deux frangines complices, mais très différentes du point de vue du comportement. Setsuko, l'aînée, est une femme mariée discrète, qui s'habille souvent d'un kimono et se montre de ce fait proche du modèle traditionnel. Mariko, à l'inverse, n'a pas d'homme dans sa vie, porte des vêtements occidentaux, fume et n'a rien contre l'idée de boire du Coca-Cola ! C'est d'ailleurs ce qu'elle fait un jour avec Hiroshi, un jeune homme attirant, tout juste revenu de quelques années passées en France. Progressivement, à mesure qu'apparaissent les diverses interactions entre ces protagonistes, le récit prend une belle ampleur dramatique. C'est alors sans difficulté qu'il nous emporte au coeur de son propos...
 
Comme d'autres cinéastes japonais de son temps, Ozu se caractérise par son humanisme et la vaste étendue de sa palette émotionnelle. J'imagine qu'il y a au moins un peu de lui dans le personnage du père qu'incarne le magnifique Chishu Ryu, l'un de ses acteurs fidèles. Cependant, ainsi que son titre le laisse supposer, c'est bien du côté féminin que le film penche le plus - et c'est tout à fait admirable. Passés les premiers instants, j'ai oublié que Les soeurs Munakata datait d'il y a bientôt trois quarts de siècle. Oui, car il m'a enchanté. J'ose dire que c'est en fait grâce à sa modernité, mais il est évident que l'empathie que j'ai ressentie pour Setsuko, Mariko et les autres compte aussi pour beaucoup dans cette très positive impression. J'aurais attendu longtemps avant de regarder mon premier film japonais en images réelles cette année, mais je l'ai fort bien choisi. Désormais, je veux en voir un muet: j'y reviendrai le moment venu. Suggestion: d'ici là, ne snobez surtout pas le cinéma d'Asie classique !

Les soeurs Munakata
Film japonais de Yasujiro Ozu (1950)

Quatre étoiles légitimes et une demie "bonus" pour le coup de coeur ! Si vous n'avez jamais rien vu du cinéaste, Voyage à Tokyo s'impose comme LE long-métrage idéal pour une séance de rattrapage d'hiver. Vous pourrez ensuite aller voir chez Kurosawa, Mizoguchi et Naruse. Et "l'héritier" Kore-eda ? Son nouvel opus sort dans pile une semaine. Après Une affaire de famille et Les bonnes étoiles, je vais foncer...

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Une dernière info pour la route...

La plateforme Internet d'Arte propose actuellement dix films d'Ozu. Un court documentaire consacré au maître est également disponible.  Le tout offert en consultation libre et gratuite jusqu'au 29 avril 2024. 

lundi 18 décembre 2023

Les airs de la mer

Vous aimeriez voyager en Cornouailles britannique ? C'est très simple. C'est le territoire le plus au sud-ouest de l'Angleterre - et un duché confié aux bons soins du prince William, fils aîné du roi Charles III. Point de têtes couronnées dans mon film du jour: les anglophones auront déjà compris que Fisherman's friends parle de pêche en mer !

C'est (un peu) plus compliqué. Énième représentant d'un cinéma social anglais élevé au rang de référence, ce très aimable long-métrage s'installe dans un petit port, auprès de travailleurs de la mer habitués à occuper leur temps libre en reprenant des chants de marins traditionnels. Or, un beau jour, quatre Londoniens n'ont d'autre choix que de passer dans le coin lors d'un enterrement de vie de garçon. L'un d'eux est le patron d'une firme musicale: il fait alors semblant d'aimer les airs qu'il découvre et met au défi l'un de ses copains salariés de "signer" le groupe pour l'enregistrement d'un album. Imaginez-vous la suite ? Fisherman's friends est un feel good movie des plus prévisibles et, sans surprise, s'inspire d'une histoire vraie. Cela ne le rend pas antipathique... et j'ai donc passé un bon moment devant ce qu'il est convenu d'appeler "un petit film sans prétention". Ou "une variation sur un air connu", comme l'aurait dit un musicien...

Fisherman's friends
Film britannique de Chris Foggin (2019)

Ai-je raison de penser que c'est The full monty qui a lancé la mode des films sociaux de cet acabit ? Il faut que je me décide à le revoir pour l'affirmer en connaissance de cause (et mieux qu'au "feeling"). Mais avant cela, je vous confirme mon affection pour le cinéma social britannique, a fortiori quand il est comme ici d'une humeur joyeuse. Vous êtes motivés ? J'ai deux suggestions: Pride et The singing club.

samedi 16 décembre 2023

Pour sa pomme

Elle s'est fait connaître sous un pseudo fruité et une large mèche blanche dans ses cheveux noirs. Auteure, compositrice et interprète née en 1996, Claire Pommet - alias Pomme - a été sacrée artiste féminine de l'année 2021 aux Victoires de la Musique. Sa gamme s'étend désormais jusqu'au cinéma - qu'elle a abordé à contre-emploi !

Dans La Vénus d'argent, la jeune femme endosse le costume rigide d'une apprentie tradeuse (euh... c'est ça, le féminin de trader ?). Jeanne, 24 ans, est l'aînée des trois enfants, deux filles et un garçon, d'un gendarme que sa femme a quitté. Elle avait elle aussi envisagé une carrière militaire, avant de renoncer, et souhaite s'émanciper pour enfin quitter une caserne où son ambition est un peu à l'étroit. Et puis, il y a Augustin, l'homme qu'elle côtoyait quatre ans auparavant. Bref... sur une trame relativement classique, le film construit un portrait féminin complexe et, de fait, plutôt intéressant. Pour sa première apparition à l'écran, Claire Pommet se montre convaincante et a la chance d'être entourée d'acteurs estimables comme Niels Schneider, Grégoire Colin ou encore Sofiane Zermani. Bémol: le casting féminin est moins fourni, la seule Anna Mouglalis donnant la réplique à Pomme dans ce qui est aussi un film de femme. Côté technique, rien à signaler, si ce n'est quelques beaux plans nocturnes et une bande-son parfaite avec les images. Un bilan positif.

La Vénus d'argent
Film français d'Héléna Klotz (2023)

Entendons-nous bien: oui, le monde de la finance est l'un des cadres de ce film, mais non, il ne faut certainement pas l'y laisser enfermé. Pour cela, voyez plutôt Margin call ou à la limite Money Monster. Maintenant, si un portrait féminin dans un environnement atypique peut vous intéresser, c'est parfait: vous avez frappé à la bonne porte. La voie royale et Le théorème de Marguerite avaient ouvert la voie !

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Maintenant, je dois vous avouer un truc...

Je suis navré: j'avais conseillé le film à Pascale et elle ne l'a pas aimé.

jeudi 14 décembre 2023

Perdus

J'avais depuis longtemps l'envie de voir Gerry... et m'étais imaginé que je découvrirai alors ce que j'appelle parfois un film expérimental. Mon manque d'inspiration (sémantique) ne doit pas occulter le fait que j'ai effectivement eu affaire à un long-métrage des plus curieux. Sans être franchement malhonnête, puisque je le savais par avance...

Gerry
, donc. Ce n'est pas le nom du personnage principal, mais celui des deux personnages principaux. Deux bons copains partis randonner dans le désert californien, en quête d'un possible monument iconique que la caméra ne nous montrera jamais. C'est après quelques minutes de métrage seulement que le duo renonce et fait donc demi-tour. Après quoi, nous voilà embarqués avec lui dans une longue errance pédestre au beau milieu de nulle part ! Le seul point d'accroche éventuel pour le spectateur ? La présence de deux stars du cinéma hollywoodien au mieux de leur forme: Matt Damon et Casey Affleck. Dans leur sillage, nous sommes invités à ce genre de trip hypnotique dont l'Amérique accouche parfois entre deux grosses productions standardisées. Autant le dire: il faut être réceptif pour vivre la chose avec toute l'intensité souhaitée (ou souhaitable) sur un écran géant ! J'ai eu la chance, pour ma part, de profiter d'une version ciné-concert signée par le groupe breton Ô Lake, dont j'ai apprécié la prestation. De fait, ce n'est pas tous les jours qu'un tel spectacle est accessible...

Gerry
Film américain de Gus van Sant (2002)

Cela m'a fait plaisir de "retrouver" un cinéaste que je connaissais pour d'autres films plus conventionnels (Paranoid Park, Restless...). Ici, il nous embarque dans un projet différent: certains critiques jugent même qu'il aurait sa place dans un musée d'art contemporain. Le parallèle avec Kelly Reichardt (Old joy ou First cow) est fondé. Leave no trace permet une autre exploration du territoire américain !

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Besoin d'autres éclairages ?

Vous trouverez peut-être quelques pistes chez Pascale, Vincent et Lui.

lundi 11 décembre 2023

Elle, lui et l'océan...

Son premier long-métrage lui a valu le Grand Prix du jury du Festival de Cannes (une récompense que lui avait remise Sylvester Stallone). C'était en 2019 et, depuis cet Atlantique, Mati Diop n'a plus tourné d'autre fiction comme réalisatrice. Navré: j'ignore tout de son actu. Mais, par bonheur, j'ai un beau film à évoquer avec vous aujourd'hui !

Ada est une jeune femme de la banlieue de Dakar. Il a été décidé qu'elle serait mariée à Omar, un bon parti qu'elle ignore superbement. Au désespoir de ses parents, la post-adolescente est plutôt sensible au charme de Souleiman, un simple ouvrier du bâtiment, sans salaire versé depuis quatre mois. Problème: frustré par sa situation sociale précaire, ce garçon décide de quitter le Sénégal et, aux côtés d'amis concernés par les mêmes ennuis financiers, embarque sur un bateau dans l'espoir de rallier l'Espagne. Vous ne serez sûrement pas surpris si je vous dis qu'Atlantique s'inspire de faits réels. Je dois ajouter que, pour autant, il n'y a pas lieu d'y voir un documentaire. Le drame attendu se teinte vite d'une très intéressante dimension fantastique. Certains ont pu l'apprécier aussi en tant que manifeste féministe. Quant à moi, je retiens le portrait nuancé d'une jeunesse africaine. Même si le récit pourra tendre à une forme d'universalité, à mon avis.

Autre élément qui m'a intéressé: l'ancrage du film sur son territoire. Étant donné qu'Ada reste à terre, nous découvrons son cadre de vie en la suivant. Or, les occasions de faire un tel voyage sont rares ! D'une certaine façon, on pourrait dire que Mati Diop mystifie le public européen, puisqu'au bord de l'océan, elle montre une gigantesque tour urbaine, projet de l'ex-président Abdoulaye Wade... finalement resté dans les cartons. En interview, la réalisatrice parlait de la conception de Diamniadio, une nouvelle cité bâtie à proximité de la capitale. L'idée ? "Une ville dédiée au mode de vie haut de gamme, construite par des hommes qui n'y auront pas leur place", d'après ses propos. Atlantique est donc bien un film politique, même si c'est en filigrane. Bon... il est tout à fait permis de ne s'intéresser qu'à l'histoire d'amour qui forme sa trame principale: elle est vraiment touchante ! C'est sûrement l'aspect que je vais le mieux
garder en mémoire. Croyez-moi: même soutenu par des producteurs français, le cinéma d'Afrique mérite bien le détour. A fortiori quand il est aussi féminin...

Atlantique
Film (franco-)sénégalais de Mati Diop (2019)

Peut-être pas une merveille, mais j'insiste: une oeuvre remarquable. Jusqu'à présent, du cinéma de ce pays, je ne connaissais qu'un film également digne d'intérêt et plutôt ancré dans le réel: La pirogue. Maintenant, pour faire un vrai pas de côté vers d'autres horizons artistiques, j'ose un lien avec deux longs-métrages récents où Éros côtoie Thanatos: Vers l'autre rive et Vif-argent. Deux perles rares...

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Et au hasard d'Internet, cette confirmation...

Vincent, lui aussi, avait aimé le film. Il ne fait cependant que le citer.

samedi 9 décembre 2023

Journées de campagne

Je ne crois pas indécent d'affirmer qu'Albert Dupontel s'est assagi. J'ignore si son nouvel opus lui vaudra les quelque deux millions d'entrées de ses trois films précédents, mais je tenais à le voir. Second tour vaut bien qu'on s'y intéresse, d'ailleurs, car le cinéaste reste très fidèle à lui-même. Capable d'être doux et féroce à la fois...

Pierre-Henri Mercier est candidat à la présidence de la République. Dans son programme, il a retenu les grandes lignes d'un capitalisme assumé. Une posture qui lui vaut d'être "en même temps" le favori des sondages et le chouchou des médias. Sauf qu'une journaliste différente des autres va bientôt s'incruster dans son champ de vision politique ! Son rédacteur-en-chef avait exigé de ladite Nathalie Pove qu'elle couvre l'actualité du foot pour la punir pour son impertinence. Faute d'autre solution, il la charge finalement du suivi de la campagne électorale, sur la base de questions inoffensives, validées à l'avance. Second tour apparaît d'emblée comme un film très "dupontellien". Honnêtement, j'en ai vu d'autres et des plus fins, mais ce sentiment d'évoluer en terrain familier n'est pas désagréable ! Enfin, pour moi...

Avis à ses fans: Albert Dupontel revient à l'écran en tant qu'acteur principal de cette vraie-fausse comédie - sa première tête d'affiche depuis trois ans. Et bien sûr, il sait toujours parfaitement s'entourer ! Je passe sur les caméos de ses amis pour saluer la bonne prestation d'un habitué, Nicolas Marié, parfaitement convaincant en cameraman attachant, un peu benêt et malgré tout plutôt efficace dans son poste d'équipier. Cela dit, plus que lui, c'est évidemment Cécile de France qui attirera ici l'essentiel de la lumière. Je dois dire que l'actrice belge le mérite amplement, ne serait-ce que pour son humilité dans le jeu. À nouveau, elle place ses partenaires à égalité - et c'est agréable. Quelques très jolies scènes la mettent ainsi parfaitement en valeur. L'homme placé derrière la caméra n'est pas manchot, à l'évidence. Son regard sur la société française est plein d'acuité, mais il dispose également d'un talent consommé pour la mise en scène. La tendresse déployée pour ses personnages apparaît alors comme une qualité supplémentaire et la marque de son style. Ce dont je ne me lasse pas.

Second tour
Film français d'Albert Dupontel (2023)

Quelques faiblesses et peut-être une histoire bien trop rocambolesque pour faire l'unanimité... mais des qualités qui prennent le dessus. Pour comparer, il serait intéressant de voir ce long-métrage en duo avec Président, où le personnage d'Albert Dupontel s'avère glacial. Bref, la chose publique sait inspirer de bons films. Un exemple: celui que j'ai chroniqué tout début mai, De grandes espérances. À suivre !

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Je termine avec un hommage...

Albert Dupontel entend dédier ce nouveau film à Bertrand Tavernier, Jean-Paul Belmondo et Michel Deville. On a connu de pires références.

Et, pour être complet, un autre avis...
Pas d'hésitation à avoir: vous pouvez aussi consulter celui de Pascale.

jeudi 7 décembre 2023

Un secret bancaire

Jodie Foster. Denzel Washington. Clive Owen. Willem Dafoe. Christopher Plummer. Chiwetel Ejiofor. Cette distribution de prestige m'a encouragé à regarder Inside man, le deuxième plus gros succès du réalisateur américain Spike Lee dans nos chères salles françaises. J'avais également constaté qu'il jouissait d'une excellente réputation !

Déguisés en peintres, un groupe de malfrats s'introduit sans difficulté dans une grande agence bancaire de Manhattan. Une bonne trentaine d'innocents sont pris en otage et menacés du pire en cas de rébellion. Histoire de démontrer qu'il ne plaisante pas, le chef des braqueurs passe à tabac un membre du personnel et n'est pas loin de le tuer. Malgré l'entrée en jeu rapide d'un négociateur chevronné, la situation semble pouvoir dégénérer à tout moment. Or, passées les scènes d'exposition, Inside man déroule un scénario nettement plus retors que je n'avais pu l'imaginer dans un premier temps - et c'est heureux. Je me suis alors demandé à qui pouvait profiter le crime commis devant mes yeux, les bad guys semblant ne pas s'intéresser à l'argent. Seul "problème": j'ai rapidement compris ce qu'il en était au juste. Cela n'a pas totalement altéré mon plaisir, mais un suspense éventé est parfois vecteur de frustration pour les gourmands de cinéma comme moi. Soyez-en assurés: le film d'aujourd'hui a d'autres qualités largement compensatrices. Pas question, donc, de bouder son plaisir !

Inside man - L'homme de l'intérieur
Film américain de Spike Lee (2006)

Elle est redondante, c'est certain, mais la seconde partie du titre d'exploitation du film en France permet de le distinguer d'un opus diffusé sur Netflix à l'automne 2019 et d'une série produite en 2022. Cela précisé, je vous recommande Bandits, mon film de braquage(s) préféré. Mélodie en sous-sol, c'est vraiment un tout autre genre ! Idem pour La grande attaque du train d'or, un classique plutôt fun...

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D'autres regards vous intéresseraient ?

Je vous suggère d'aller voir chez Pascale, Ideyvonne, Benjamin et Lui.

mercredi 6 décembre 2023

Chemins de traverse

Tiens ! Découvrir consécutivement deux films en projection unique me donne une idée: évoquer d'autres façons d'aborder les salles obscures. Faute d'avoir déjà fréquenté un drive-in, j'en compte quatre à ce stade de ma ciné-folie. Et je suis sûr de ne pas être exhaustif ! Mais qu'importe: je serais déjà content de susciter quelques envies...

... de projections uniques

À dire vrai, la bizarrerie indienne dont j'ai parlé samedi fait figure d'exception: habituellement, je vais plutôt voir des films ordinaires joués à plusieurs reprises, avec la joie d'ainsi remplir mon agenda. Mais j'essaye de ne pas manquer les reprises d'opus patrimoniaux intéressants, qui peuvent n'être projetés qu'une seule fois. C'est peu !

... d'avant-premières

Je le reconnais: je prêche, mais je pratique fort peu. Il est très rare que je cherche à découvrir un film avant sa vraie sortie officielle. Cela dit, si l’occasion se présente, je finirais peut-être par renouer avec la formule des avant-premières surprises. Le côté imprévu ajoute du piment ! Et, jusqu'à ce jour, je ne suis jamais mal tombé...

... de festivals
Pour le coup, j'ai de la chance: il en existe plusieurs dans ma ville actuelle et d'autres dans ses environs immédiats. Cela m'aura permis d'appréhender des cinématographies rares et étonnantes, africaines ou sud-américaines par exemple. Et oui, je le referais très volontiers. Qui devinera le prochain drapeau sur le blog ? Je l'ignore moi-même...

... de ciné-concerts
Aïe ! J'ai oublié le titre du premier film que j'ai vu sous cette forme. Parfois, jouer la bande-originale live suffit à enthousiasmer le public. J'en ai vu aussi d'un autre type (au moins un par an depuis 2019). Hybrides et donc ambitieux, ces spectacles revisitent le septième art en faisant défiler les images sur une partition musicale 100% inédite !

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J'ai tout dit... non !
L'image ? Vous avez reconnu ?

Ce photogramme est issu de Wild, un film de Jean-Marc Vallée sorti en 2014, avec Reese Witherspoon dans le premier rôle. Impossible pour moi d'en dire plus: je n'ai pas encore vu cet opus du cinéaste québécois, décédé fin 2021. Je voulais juste faire écho à mon titre...

Et vous, alors ? Vous faites comment ?
Je n'ai peut-être pas fait le tour de toutes les méthodes alternatives pour "consommer" du cinéma. Bons plans et commentaires appréciés !

lundi 4 décembre 2023

C(h)oeurs d'Italie

C'est un constat que je fais depuis longtemps: l'Italie et le Japon alternent à la quatrième place des pays producteurs de cinéma représentés sur ce blog. Aujourd'hui, je vais vous emmener à Rome pour évoquer un petit film découvert lors d'un festival: Settembre. J'ignore s'il a un distributeur pour s'assurer une sortie "tous publics"...

Pire: je ne sais même pas si on parle encore de film choral fin 2023. C'est en tout cas l'expression que je vais retenir pour résumer l'esprit de cette modeste production. Quelques personnages archétypaux, ignorant tout les uns des autres, vivent néanmoins des situations comparables et, au gré du seul hasard, finissent par se rencontrer. Parmi eux, vous vous attacherez peut-être au vieux médecin divorcé, à sa patiente négligée par son mari, au boulanger tombé amoureux d'une jeune prostituée, à l'ado qu'un très dévoué camarade de classe aide à préparer sa première expérience sexuelle... ou alors à chacun d'entre ces personnages, tous crédibles à mes yeux. Et c'est un atout !

Si j'en viens à oublier les acteurs, cela n'a pas d'importance, au fond. Mes attentes d'avant-séance n'étaient pas très hautes, cette fois. Soyez informés d'une chose: Settembre est un film doux, bienveillant. J'imagine qu'au goût de certains, il paraîtra donc beaucoup trop sucré. Ma mansuétude me pousse à en dire du bien. Les touches d'humour qui parsèment le métrage ne redéfiniront certes pas l'art du cinéma mondial, mais rien ne dit que la réalisatrice en avait l'ambition. Honnêtement, le montage aurait gagné à être un peu plus resserré. C'est un détail: le calme des images produit un contraste agréable lorsque tout s'agite autour de vous. Une affaire de ressenti, en fait...

Settembre
Film italien de Giulia Louise Steigerwalt (2022)

Quelques infos sur la cinéaste: elle a 41 ans et est diplômée de philo. De nationalité américaine, elle exerce également comme comédienne et romancière. Settembre est son premier film derrière la caméra. Bon... sa manière d'observer un échantillon de la société italienne d'aujourd'hui n'a pas l'acuité d'un Moretti (Mia madre, Tre piani). Aucune polémique, hein ? Rome non plus ne s'est pas faite en un jour.

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Une précision pour finir...

C'est le seul film que j'ai vu du festival (Dolce Cinema / Grenoble). J'ai appris ensuite qu'il en était reparti récompensé du Prix du public !

samedi 2 décembre 2023

Le réveil du tigre

La crise sanitaire l'a freinée, mais l'Inde garde la tête pour le nombre de films produits chaque année. Très peu arrivent dans les salles françaises. Je n'en avais moi-même pas vu depuis près de cinq ans quand un copain m'a proposé une séance cinéma en mode Bollywood. Et, avant de sauter le pas, j'ai cru bon de regarder la bande-annonce !

Surprise: alors que je pensais tomber sur une interminable comédie musicale, j'ai en réalité eu affaire à un film d'action ultra-musclé. Tiger 3 - qui paraît n'avoir été diffusé que le 12 novembre dernier - est, comme son nom l'indique, le troisième épisode d'une franchise extrêmement populaire dans son pays d'origine. J'ai cru comprendre que cela va encore plus loin: la saga aurait rencontré un si vif succès que ses producteurs l'auraient intégré dans un "univers" plus large. Quoi qu'il en soit, cet opus n'a rien à envier aux blockbusters américains qui, eux, déferlent en nombre sur l'Europe. Le scénario imagine un sale type prêt à tout faire pour empêcher la réconciliation de peuples que les dirigeants de l'Inde et du Pakistan veulent bâtir. Heureusement, il reste un espoir: un certain Avinash Singh Rathore devrait pouvoir écarter la menace avec ses gros bras et ses armes lourdes. Un peu comme le ferait un James Bond revisité, en somme...

Ici, pourtant, point de girls, mais une demoiselle qui a des ennuis sérieux... et qui s'implique sur le terrain pour qu'ils soient résolus. Prière de ne pas espérer de Tiger 3 la moindre once de crédibilité ! Au moins traite-t-il les femmes et les hommes à égalité: l'histoire qu'ils portent toutes et tous est invraisemblable, de toute façon. Cette faculté à raconter absolument n'importe quoi a un avantage certain: elle nous offre quelques grands morceaux de bravoure. Puisqu'il s'agit au fond d'éviter un coup d'État, les personnages n'hésitent jamais à "mouiller la chemise" lors de virevoltants combats au corps à corps, quitte ensuite à rejoindre un hélicoptère en vol après avoir sauté dans le vide. Bref, plus c'est gros, mieux ça passe. Précision: ma séance était organisée par une association spécialiste de ce cinéma et qui avait aussi invité une danseuse à se produire avant la projection. Et trois heures plus tard, c'est sur un autre ballet un peu kitsch que s'est déroulé le générique. Des applaudissements copieux ont finalement accueilli le premier des teasers de l'épisode 4 !

Tiger 3
Film indien de Maneesh Sharma (2023)
C'est le septième opus de cette nationalité chroniqué sur les Bobines. Pour le Bollywood dansé et chanté, voyez plutôt Devdas... et retenez le nom de The lunchbox si vous cherchez une belle histoire sociale. Désolé: je n'ai pas (encore ?) vu d'autre film indien comparable à celui d'aujourd'hui. Mes "références" bourrines sont plutôt américaines. Cela se jouerait entre Machete, Expandables et Fast and furious 8 !