samedi 24 décembre 2016

Interruption des programmes

Bon... soyez prévenus: je ne vais pas être très bavard aujourd'hui. Simplement, je voulais vous signaler que Mille et une bobines s'interrompait quelques jours, à l'occasion des fêtes de fin d'année. Quand vous lirez ces lignes, je serai très probablement dans un avion. J'en profite pour vous souhaiter à toutes et tous un très joyeux Noël !

Comme Chihiro, je vous salue et m'éclipse, pour une grosse semaine seulement. Cette pause va me faire du bien, car j'ai dû travailler d'arrache-pied pour partir en vacances l'esprit (à peu près) tranquille. Comme l'an passé, ce n'est donc qu'au mois de janvier que j'évoquerai les quelques derniers films que j'ai vus en 2016. Il est trop tôt encore pour parler de l'année à venir et du possible renouveau de ce blog. Mes ami(e)s, je sais en tout cas pouvoir compter sur votre fidélité. Sincèrement, elle m'est précieuse et je vous donne donc rendez-vous bientôt pour la reprise des chroniques. Je compte également sur vous pour bien profiter du cinéma pendant mon absence. That's all, folks !

jeudi 22 décembre 2016

Noël, du gâteau ?

Mon amie Joss avait beaucoup de travail, ce mois-ci. Elle a tenu cependant à rester fidèle à sa chronique mensuelle, même si un peu en retard. Fidèle à ses habitudes, elle a choisi un film "de saison"...

Avant la trêve de Noël, j'ai fait la mienne ! Et le créateur de ce blog a grelotté de froid en attendant de chauffer son âtre. C'en est fait. Et avec quel combustible de choix ! La bûche absente de sa filmographie ? Impossible. Réchauffons-nous enfin.

Trois soeurs sont réunies autour de leur mère lors de l'enterrement de leur beau-père. La première scène donne déjà le la de tout l'esprit du film: trois portraits féminins éclectiques liés par l'amour d'une mère et celui fédérateur que toutes trois lui  portent, tout comme à leur père d'ailleurs. Louba (Sabine Azéma), Sonia (Emmanuelle Béart) et Milla (Charlotte Gainsbourg), nées de Stanislas, un violoniste tzigane retraité (Claude Rich) et d'une superbe plante qui le rend encore jaloux en la personne d'Yvette (Françoise Fabian), se trouvent toutes trois au point charnière de leur existence.

L'aînée Louba, douce et bienveillante pour chacun, danseuse tzigane pour restos russes chics, est enceinte de Gilbert (Jean-Pierre Darroussin), marié et déjà père de cinq enfants, qui l'aime depuis des années sans avoir le courage de se décider. Louba ne sait si elle doit garder cet enfant ou pas. De son côté, Sonia mène une existence insatisfaisante de bourgeoise aisée auprès de ses deux enfants, d'un mari snob et infidèle, et d'un amant sincère, fleuriste à Rungis. Quant à la jeune Milla, rebelle de la famille, elle cumule les échecs sentimentaux tout en orchestrant avec brio une carrière commerciale autonome. Leurs indécisions respectives trouvent leur point d'orgue dans la montée en puissance de deux lourds secrets couvés par chacun de leurs parents. C'est le crescendo d'une mélopée tzigane: ça monte en force et quelle force !

Les deux révélations apporteront à leurs progénitures la confirmation d'une nécessaire prise de conscience et aussi de décisions respectives. Nous n'y assisterons pas mais nous le pressentons, et c'est déjà bien suffisant pour donner à ce scénario toute sa valeur. Danièle Thomson fait preuve d'un talent fou pour mener trois portraits de jeunes femmes avec toujours une face cachée, tout en introduisant des personnages périphériques goûteux, sans mièvrerie et eux aussi bien plus profonds que d'apparence: Jean-Pierre Darrroussin, Isabelle Carré et Christopher Thomson sont à croquer. La réalisatrice s'est saisie des préparatifs de Noël comme cadre d'un drame à multiples tiroirs dont la particularité est aussi de communiquer entre eux, notamment dans leur dénouement individuel, mais aussi dans une peinture familiale authentique qui pourrait bien faire réfléchir beaucoup d'entre nous. Noël est-il toujours vécu avec joie et douceur ? Ne remet-on pas en cause notre propre parcours dans ce pot où fraternité et amour ne sont pas forcément au rendez-vous ?

En tout cas, la bûche peut parfois s'avérer très lourde à digérer. Celle-ci demeure positive, pleine d'espoir et de vie au fil de dialogues savoureux et jamais dénués d'humour. Dès les premiers instants, dans l'écrasement attendu de l'enterrement au Père Lachaise, la sonnerie du téléphone du défunt au fond du trou fait réaliser à sa veuve qu'elle a oublié de prévenir l'ex-femme avec laquelle le couple conservait des liens. Plus tard, Gilbert, criant son désespoir à un inconnu qu'il a confondu de dos avec sa belle-soeur Milla... tout cela ponctue le rythme de jolis sourires remplis d'esprit. À la façon des pizzicati tziganes, ils viennent poser leurs surprises vivifiantes entre quelques scènes décisives comme Sonia distribuant les riches cadeaux d'entreprise Lancel de son mari aux passants des Tuileries ou encore la mère apprenant de manière anodine au patriarche que sa dernière fille - sa préférée - est le fruit de ses amours avec un autre. Des instants carrément douloureux nous soulèveront vers le dénouement: Joseph faisant face à l'irresponsable mère de ses enfants le soir de Noël en est un bel exemple. Mais tout s'arrange, les angles se polissent. Y'a de la force et aussi de l'amour là-dedans. Ce premier film de Danièle Thomson en tant que cinéaste fut servi par une écriture solide et un casting de valeur. En dix-sept ans, il n'a pas pris une ride. Je vous en sers une part ?

Pour finir, un grand merci à Joss pour ses différentes chroniques ! Puisqu'il m'a été conseillé de les rendre accessibles plus facilement pour les lecteurs tardifs, j'ajoute un lien vers les précédentes:
- L'avenir / Mia Hansen-Løve / 2016,
- Aya de Yopougon / Marguerite Aboué et Clément Oubrerie / 2013,
- Camille redouble / Noémie Lvovsky / 2012,
- The station agent / Thomas McCarthy / 2003,
- Journal intime / Nanni Moretti / 1993.

mardi 20 décembre 2016

Une longue filature

Le cinéma avance au rythme de 24 images par seconde. Deux heures de film correspondent donc à un enchaînement de 2.073.600 photos ! C'est pourtant une image relativement précise que j'avais en tête quand j'ai décidé de voir - ou revoir ? - La prisonnière du désert. Inutile d'attendre longtemps: elle est en fait issue... du premier plan.

Cette image, la voici: une femme sortie de sa maison pour découvrir un homme à cheval, son beau-frère, au coeur du Texas de 1868. Moins d'une minute de projection et, déjà, John Ford plante le décor de ce que beaucoup considèrent comme son meilleur western. L'histoire elle-même n'est pas d'une originalité folle: un ancien soldat de la Guerre de Sécession retrouve les siens après de longues années d'absence. Puis, le ranch de son frère étant  attaqué par une tribu d'Indiens, il entame une longue traque aux Peaux rouges, bien décidé qu'il est à délivrer les deux femmes qui ont été capturées. J'imagine que vous aurez déjà remarqué que La prisonnière du désert s'écrit au singulier: pas question pour moi d'en dire davantage sur le sujet ! Maintenant, ce dont je suis sûr, c'est qu'on tient là un western classique au possible, d'une grande beauté plastique. En vrai amateur du genre, je dois dire que j'en ai vraiment pris "plein les mirettes"...

Assez curieusement, pourtant, j'ai ressenti quelques imperfections. Sans doute le mot est-il un peu fort: je vais me contenter d'indiquer que, par brefs instants, le film ne m'a pas totalement convaincu. L'idée, c'est qu'il est censé dérouler son intrigue sur cinq ans environ. Or, parfois, j'ai trouvé les ellipses un peu brutales et il m'a fallu quelques minutes pour relier une scène à sa devancière, par exemple. Bref... tout bien considéré, ce ne sont que de tous petits détails. Chose intéressante, en revanche: le ton de La prisonnière du désert m'est apparu un peu moins consensuel que ce à quoi je m'attendais. Sur ce point, le traitement du personnage interprété par John Wayne est franchement parvenu à me surprendre. J'aurais parié avoir affaire à un héros au coeur pur, sans peur ni reproche, défenseur acharné des petites gens... mais en fait, il s'est avéré que sa personnalité était bien plus complexe - et pas forcément exempte de racisme ! Rien que pour ça, le film vaut le détour et mérite son statut d'oeuvre maîtresse du cinéma américain. Et à vous de (re)découvrir le reste...

La prisonnière du désert
Film américain de John Ford (1956)

C'est un fait: mes westerns préférés sont le plus souvent spaghetti. Pourtant, face au talent des grands maîtres américains, je m'incline volontiers. La vérité est que la comparaison demeure fort discutable. Cela faisait un bon moment que j'avais pas eu l'occasion d'apprécier un tel standard du cinéma US. J'en reverrais bien quelques autres quand l'occasion se présentera, tels par exemple Rio Bravo ou Alamo.

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Envie de rester dans le grand Ouest ?
D'autres avis sont à lire chez Elle et Lui, Chonchon et Princécranoir. Strum et Eeguab, eux, vous reparleront de John Ford plus en détails.

dimanche 18 décembre 2016

Disparue

Gregg avec deux G: jusque dans son prénom, Gregg Araki surprend. Je suis dernièrement entré dans l'univers du cinéaste en regardant son dernier film à ce jour, White bird, adaptation cinéma du roman presque éponyme de Laura Kasischke. Je n'avais guère d'autre info quand j'ai allumé ma télé pour cette nouvelle séance de rattrapage...

Se lancer ainsi dans la découverte d'un long-métrage sans en avoir lu le pitch, je trouve que ça peut être intéressant. Cette fois, j'avais quand même deux points de repère, à savoir les deux actrices principales, Shailene Woodley et Eva Green. Sachant qu'onze années les séparent, il n'est pas très crédible que la seconde incarne la mère de la première, mais peu importe: en passant sur cette incongruité toute relative, on peut sans doute se satisfaire de ce White bird. L'intrigue repose sur la disparition soudaine d'une femme au foyer dans la classe moyenne américaine. Le film scrute les conséquences de cet événement et nous fait constater... qu'il n'y en a presque pas !

Parce qu'elle n'aimait pas son mari, parce que sa relation avec sa fille devenait de plus en plus tendue, parce que sa vie se limitait finalement à ses tâches ménagères quotidiennes, Eve Connors laisse derrière elle non pas un grand vide, mais une totale indifférence. Maintenant, c'est à vous de savoir si ce récit autour d'une absence peut vous intéresser. Objectivement, Gregg Araki a un talent certain pour instiller le doute et nous faire nous demander ce qui s'est passé. Je ne sais pas l'expliquer en peu de mots, mais ses seuls cadrages dégagent une impression de malaise, accentuée par une photo relativement sombre et le détachement dont les divers personnages font preuve. Entrecoupé de flashbacks et de cauchemars, White bird s'ouvre aussi à un certain onirisme, en se montrant assez intelligent pour éviter d'en faire des caisses. Deux défauts viennent pour moi altérer le bilan: un ton assez froid et une conclusion-résolution plaquée, qui dévoile le fin mot de l'histoire de manière un peu bêta. Bon, c'est peut-être fidèle au roman, mais je demeure un peu déçu...

White bird
Film américain de Gregg Araki (2014)

Qui dit "femme disparue" pense forcément à Gone girl, je suppose. Attention: le film du jour est retors, mais celui de David Fincher développe une tension beaucoup plus forte... et quelques surprises frappantes ! La comparaison ne tient donc pas vraiment la distance. Maintenant, les ami(e)s, je vous écoute pour d'autres suggestions cinéma sur le thème des disparitions. Moi, je vous conseille Frantic !

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Un dernier constat: Gregg Araki fait recette...

Vous le vérifierez chez Pascale, Tina, Sentinelle et Princécranoir

vendredi 16 décembre 2016

La beauté du Diable

C'est sans doute tout à fait absurde, mais je crois les Japonais capables de toutes les excentricités. En fait, je suis surtout étonné par la façon dont certains artistes abordent ce qui m'est familier. Belladonna - animé sorti en 1973 et récemment restauré - illustrera aujourd'hui mon propos. Allez, en route vers un délire psychédélique !

Littré tome 16, page 29: Psychédélique, adjectif. Se dit des effets résultants de l'absorption de drogues hallucinogènes. Les définitions suffisent parfois à planter le décor. Aujourd'hui, je vous emmène découvrir Jeanne et Jean, un couple d'amoureux français, à l'époque féodale. Faute de pouvoir s'acquitter de la somme que son seigneur juge nécessaire à la bénédiction de son mariage, Jean est banni. Jeanne, elle, est violée et, de retour dans ses foyers, vend son âme au Diable pour inverser le cours des choses et peut-être se venger. L'intervention d'un petit démon de forme allongée - phallique, oui ! - lui conférera un super-pouvoir d'influence sur ses voisins villageois...

Vous craigniez de ne pas suivre ? Je comprendrais cette inquiétude. D'ailleurs, je ne suis pas du tout certain d'y être parvenu ! Belladonna est un film foutraque, qui file parfois à deux cents à l'heure, inspiré paraît-il de La sorcière, l'essai de l'historien Jules Michelet (1862). Techniquement, c'est une oeuvre assez surprenante: l'animation nait surtout des mouvements de caméra, la plus grosse partie des dessins restant figés - y compris quand les personnages parlent, sans bouger les lèvres donc. Parce que les couleurs claquent et que la musique explose fréquemment, ce long-métrage paraît un digne représentant de son époque, en mode sexe, drogues et rock'n'roll si je puis dire. Question subsidiaire: y a-t-il encore un public pour un tel programme aujourd'hui ? Moi, ça ne m'a pas ému, mais intéressé. Une curiosité...

Belladonna
Film japonais de Eiichi Yamamoto (1973)

Pour info, cet opus vient clôturer une série de trois longs-métrages d'animation. C'est aussi un film maudit, puisque le studio qui l'a créé n'a pu survivre que peu de temps après sa première sortie. L'idée émise alors de concurrencer l'offre de télévision aura fait long feu ! Désormais, il nous reste donc cet OVNI de cinéma. Notez qu'au rayon de l'inspiration moyenâgeuse, j'ai préféré La jeune fille sans mains.

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Une double précision...
Le film a aussi été connu sous les titres La belladone de la tristesse ou La sorcière, tout simplement. Je l'ai découvert lors d'une soirée associative, conçu comme le premier volet d'un diptyque sur le désir féminin (pourquoi pas ?). Le lendemain, je présentais Mademoiselle.

mercredi 14 décembre 2016

Savoir et choisir

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passerait si vous appreniez subitement quelque chose de très important sur votre passé ? Chercheriez-vous à en savoir davantage ? Préféreriez-vous passer tout de suite à autre chose ? C'est une question que pose Ida, oeuvre couronnée de l'Oscar du meilleur film en langue étrangère l'an dernier.

Ida nous ramène dans les années 60. Une toute jeune femme prépare son entrée au couvent. Peu avant, l'une de ses tantes lui explique alors qu'elle a des origines juives et que ses parents ont été assassinés pendant la guerre. Choc sans bruit. La nonnette orpheline hésite un peu quant à la conduite à adopter, mais s'intéresse finalement aux méandres encore inconnus de sa propre histoire. Sortie (provisoirement ?) de sa congrégation, elle renoue un lien ténu avec le monde extérieur et entame une sorte de voyage initiatique. Je ne suis pas sûr qu'il faille préciser que c'est touchant, mais je crois devoir dire que le film n'est jamais larmoyant. Un "bon point" pour lui.

En réalité, le long-métrage se distingue particulièrement par sa mise en scène et, plus spécifiquement encore, sa belle photo noir et blanc. J'ai été très sensible également aux cadrages: le format 4:3 a su d'emblée capter mon attention et j'ai souvent trouvé les images magnifiques (et, je tiens le souligner aussi, parfaitement éclairées). Paradoxe peut-être, le résultat d'ensemble m'a paru d'une sobriété rare, parfaitement adaptée au sujet. Vous pouvez comprendre qu'Ida n'a rien d'une franche partie de rigolade, mais c'est un film juste. Assez froid par moments, il enveloppe pourtant son personnage principal d'une empathie particulière, qui m'a convaincu. Cette heure et quart de cinéma dresse également le portrait d'une jeune femme déterminée et libre de ses choix. Cruels, sans doute, mais humains...

Ida
Film polonais de Pawel Pawlikoswki (2013)

Il serait intéressant de voir ce film en diptyque avec Lore, qui traite également, à sa manière, des conséquences de la guerre sur la vie d'une toute jeune femme. Il a rencontré plus de succès, cela dit. Malgré le noir et blanc, il ne faudrait pas vous attendre à un récit universaliste, du type La liste de Schindler. Au contraire, on touche cette fois à des ressorts bien plus intérieurs. La puissance demeure...

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Un constat pour finir...
Primé un peu partout dans le monde, le film a une belle réputation. Sur la blogosphère, sa notoriété est incontestable, même si les avis ne sont pas unanimes. J'ai retrouvé des chroniques chez Elle et Lui, Pascale, Dasola, Chonchon, Tina et Princécranoir. À vous de cliquer !

lundi 12 décembre 2016

Une vie meilleure ?

C'est un fait: bon nombre de westerns américains paraissent flatteurs pour la bannière étoilée. Faut-il pour autant en conclure que le genre est le plus univoque d'entre tous ? Surtout pas ! Certains se tiennent résolument à l'écart de ce modèle: ils sont désanchantés ou critiques. Parmi ceux-là, il arrive que l'on trouve aussi de vrais chefs d'oeuvre !

Ne nous emballons pas... Bad company n'est pas le film du siècle. C'est grave ? Non ! Il m'a permis de passer un excellent moment. L'histoire est à la fois simple et plutôt originale: au cours de la guerre de Sécession, un jeune homme parvient à fuir l'armée, au moment précis où il risque d'y être incorporé de force. Pas à pas, le scénario suit les débuts de sa vie de déserteur, jusqu'à ce qu'il rencontre finalement une bande de gamins des rues, âgés de 10 à 22-23 ans. Après quelques coups de poing, cette petite troupe se découvrira assez solidaire pour tenter de s'offrir une nouvelle vie, avec l'espoir de jours heureux dans l'Ouest inexploré. Rêve américain, you know...

Le coup de coeur que j'ai eu pour ce film, c'est d'abord une histoire d'empathie à l'égard des personnages. Le duo principal est extra ! Ouaip... Jeff Bridges joue vraiment à merveille la petite frappe attachante, tandis que j'ai découvert en Barry Brown un acteur impressionnant de justesse, passant allégrement du visage du garçon éduqué strictement à celui d'apprenti voyou (un peu) mieux instruit que les autres. Bad company, à mes yeux, se distingue également par la qualité de sa reconstitution et, en fait, ses choix esthétiques au sens large. Les paysages - ou quasi-déserts - que la caméra visite sont somptueux... et Dieu sait combien les lieux ont de l'importance dans un western ! Tout est à l'avenant, sans fioriture, mais efficace. En moins d'une heure et demie, je dirais que j'ai fait un beau voyage.

Bad company
Film américain de Robert Benton (1972)

Même si The revenant est passé par là cette année, il est vrai aussi que le western montre peu les risques encourus par les pionniers. Devant celui-là, j'ai donc repensé au très épuré La dernière piste. Finalement, compte tenu de la progression de l'intrigue, j'ai songé également à l'un de mes grands films cultes: Butch Cassidy et le Kid. Un conseil: faites-vous avec eux une autre idée du cinéma américain.

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Pour finir, direction la Wallonie...
Là-bas, il paraît que le film est sorti sous le titre: Les rebelles viennent de l'enfer. Oh... my... God ! Quelqu'un peut-il m'expliquer ?

samedi 10 décembre 2016

Le monde avant Harry

Qu'est-ce que j'attendais au juste quand je suis allé voir Les animaux fantastiques ? Rien d'autre qu'un blockbuster facile à comprendre après une semaine chargée ? Hum... pas sûr. Je suis plutôt de ceux qui ont été attirés par le concept du préambule à la saga Harry Potter. Sans la moindre garantie alors d'y trouver le même plaisir d'enfant...

Bon... pour justifier qu'on les compare, le film d'aujourd'hui et les huit qui l'ont précédé partagent un élément-clé: la créatrice de l'univers magique, J. K. Rowling. L'auteure à succès des romans originels continue en outre, et depuis cinq films désormais, de faire confiance au même David Yates pour leur adaptation ciné. Je note cependant que, cette fois, un seul livre court devrait déboucher sur... une série de cinq longs-métrages - sauf si l'écrivain veut terminer son oeuvre écrite d'abord, ce dont je ne suis pas sûr à ce stade. Les animaux fantastiques n'est bien, pour l'heure, qu'une histoire inachevée. Concrètement, elle se déroule à New York, au début du 20ème siècle. Un sorcier anglais, Norbert Dragonneau (ou Newt Scamander en VO), s'efforce de récupérer toutes sortes de bestioles échappées du monde parallèle de ceux qui maîtrisent la magie. La métropole américaine traverse quant à elle des heures sombres, en proie à la fureur destructrice d'une force occulte. Précision: j'ai mis un bon moment avant de me plonger véritablement de ce récit. C'est un peu confus...

En fait, tout en trouvant le film de plus en plus clair au fil des minutes passées devant l'écran, il m'a semblé aussi qu'il courait trop de lièvres à la fois. L'enjeu dramatique numéro 1, ce serait, sauf grosse erreur de ma part, de préserver la non-connaissance par le monde humain connu de tous de celui des sorciers "initiés". Là, je dis: pourquoi pas ? Problème: j'ai eu le sentiment persistant que la trame narrative avançait à pas comptés et se perdait dans une foule de digressions. Or, parmi ce que j'aimais dans les Harry Potter, il y a surtout le fait que la saga marchait droit, en étant créative, mais sans explorer mille chemins de traverse. Patatras ! Les animaux fantastiques explose en tous sens et oublie un peu de doter ses personnages principaux d'un caractère fort. Ce n'est pas nul, mais c'est frustrant ! Après, pas question de jeter le bébé avec l'eau du bain: il ne s'agit finalement que du premier d'une nouvelle collection de films. J'attendrai donc - au moins - l'épisode deux pour me faire une idée plus juste. Et côté divertissement pur ? Mon bilan reste assez positif.

Les animaux fantastiques
Film américain de David Yates (2016)

En écrivant cette chronique, j'ai pensé qu'elle serait un peu complexe pour ceux qui n'ont pas les références Harry Potter antérieures. Hormis quelques petits détails, les néophytes devraient pouvoir comprendre le film, cela dit. J'y regrette un léger manque d'émotion. On reste dans le blockbuster, du type Miss Peregrine pour n'évoquer qu'un autre film de l'année. Bref... j'attends mieux la prochaine fois !

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Parmi les quelques avis lus ailleurs...

Je constate que celui de Pascale est même plus négatif que le mien. Inversement, Dasola fait pour sa part plutôt preuve d'enthousiasme. 

jeudi 8 décembre 2016

Génération désenchantée

Le nom de Peter Bogdanovich vous est-il familier ? Moi, avant d'avoir l'occasion de découvrir l'un de ses films, j'avais lu deux/trois choses assez favorables sur ce cinéaste américain né en 1939. En souvenir des soirées passées avec Eddy Mitchell quand j'étais môme, je tenais absolument à voir La dernière séance. C'est chose faite, désormais !

Alors ? J'ai beaucoup aimé ce film, sorti six ans avant que Schmoll n'interprète pour la première fois sa chanson mythique et onze ans avant les débuts de son émission télé sur les classiques du cinéma américain. Le scénario est minimaliste, au moins en apparence. L'idée est de filmer la vie de quelques jeunes (20-25 ans) dans un bled paumé du Texas, dans l'immédiate après-guerre. Hormis un billard dans un bistro et leur solidarité de bande, ils n'ont pas grand-chose pour se divertir et à peine un boulot minable à espérer pour la suite. Filles et garçons vont bien au cinéma, mais l'ultime salle du coin risque fort de tirer le rideau définitivement. Tout ça n'est pas drôle. Pourtant, La dernière séance touche quelque chose auquel je suis sensible. Il développe une certaine idée de la mélancolie, je dirais...

En arrière-plan, l'idée est que le passage à l'âge adulte est un cap difficile à franchir, voire une étape très ingrate. J'interprète peut-être exagérément ce qui est montré, mais La dernière séance évoque timidement la guerre de Corée - et il est sorti pendant celle du Vietnam ! Quelque chose me dit que c'est tout sauf un hasard. Attention: je ne veux pas dire que le film est militant et pacifiste. Simplement, il semble désabusé de tout "rêve américain" et porteur du désenchantement d'une partie de la jeunesse. J'y vois un film moderne, du coup, et franchement touchant, dans le même temps. L'usage du noir et blanc renforce cette impression de désolation. Quant aux acteurs, ils sont tous excellents. Une mention personnelle pour Ellen Burstyn, Cybill Sheperd, Jeff Bridges et Randy Quaid, connus de moi grâce à des films plus récents. Confirmation: j'aime plonger dans le passé du septième art pour y retrouver pareille perle !

La dernière séance
Film américain de Peter Bodganovich (1971)

Les jeunes, la glande, la musique, le ton désenchanté... ça vous dit quelque chose ? Certains voient une parenté avec American graffiti. Ami(e)s au coeur tendre, soyez prévenus: le film de George Lucas s'avère plus léger... mais je préfère celui de Peter Bogdanovich. Pourquoi ? Parce que capter ainsi l'humeur incertaine de la jeunesse me paraît assez peu évident. Même si d'autres y parviennent aussi...

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Vous voulez un autre avis ?

J'en propose trois: ceux du duo "Elle et Lui" et celui de Princécranoir.

mardi 6 décembre 2016

Á la découverte de Sentinelle

Nous revoilà au 6 du mois ! Fil rouge oblige, il est temps pour moi d'évoquer un autre blog que je visite souvent: celui de Sentinelle. J'avoue que j'ai un peu oublié depuis quand nous nous lisons réciproquement. Ce que je sais, c'est que les archives de Sentinelle remontent à 2008. Depuis, elle a déjà dépassé les 1.100 chroniques !

Bien qu'appuyé sur la même plateforme Blogger, "Chez Sentinelle" s'avère un blog bien différent du mien. Dans un style très personnel caractérisé par sa fluidité rédactionnelle, notre chroniqueuse présente (plus ou moins) régulièrement ses passions artistiques et raconte ponctuellement ses voyages. Souvent très illustrées, et pas seulement de photos d'ailleurs, ses pages sont toujours pour moi un régal à lire. Sentinelle ne dénigre rien ni personne, mais fait des choix: elle met surtout en valeur ce qu'elle aime et ce sont souvent de belles choses. Du cinéma, elle fait un usage assez gourmand, en "picorant" des films venus de tous les horizons et de toutes les époques. Et j'aime cela...

Toujours curieux d'en savoir (un peu) plus, j'ai soumis à Sentinelle mes questions embobinées. Elle m'a fait le grand plaisir de répondre volontiers à quelques-unes. Ce qu'elle confie me paraît très révélateur de son esprit curieux et ouvert. À vous donc de la lire et d'en juger...

Sentinelle, je te propose de voir un film. Qu'est-ce qui te fera accepter ?
Que tu me dises que le réalisateur est important pour toi et que tu as envie de me le faire découvrir. Ce n'est jamais anodin, le choix d'un réalisateur qu'on aime particulièrement, c'est une rencontre dans notre vie. Il y a comme des résonances et des échos qu'on ressent au plus profond de soi, sans toujours pouvoir le mettre en mots. Je serai en tout cas attentive à ta proposition, car tu me révèleras aussi des choses de toi par ce choix, peut-être sans que tu t'en aperçoives.

Comment choisis-tu les films que tu vas voir ?
Les influences sont très nombreuses. Une interview, un sujet, un réalisateur, un acteur, une émission de télé ou de radio, un magazine. Les blogs aussi, bien évidemment. Ceci dit, je ne vais jamais voir un film les yeux fermés pour la seule raison que j'aime bien le réalisateur. Il faut qu'il me donne envie... sinon, je passe. Tiens, voilà quelque chose qui est très important pour moi: je dois absolument avoir envie de voir le film ! Je ne suis pas "movies addict". Je ne ressens pas le besoin ni l'envie de voir tous les films d'un réalisateur ou la majorité de ceux qui sortent en salle. J'évite aussi de voir plus d'un film le même jour. Quand j'en ai aimé un, j'aime aussi qu'il m'accompagne quelques heures encore, qu'il continue à m'habiter en quelque sorte. Je n'ai donc aucune envie de passer à un autre dans l'immédiat. Quand j'ai détesté un film, il me faudra parfois quelques jours avant de m'en remettre. Je veux dire par là que je ne verrai probablement plus de films dans les jours qui suivent. Le cinéma est un art qui m'apporte le plus de déception, alors parfois il m'arrive de le bouder.

Quels sont tes cinq derniers vrais coups de coeur de cinéma ?
On parle bien des films vus au cinéma ? Mes coups de coeur au cinéma ne sont pas souvent de "grands films qui passeront à la postérité". Mais ils ont "ce petit quelque chose en plus" qui fait la différence pour moi. Et je pense que leurs maladresses ou leurs imperfections, s'il y en a, y contribuent également. Alors, mes choix:
- Boris sans Béatrice de Denis Côté,
- Viva de Paddy Breathnach,
- L'effet aquatique de Sólveig Anspach,
- L'étreinte du serpent de Ciro Guerra,
- Les premiers les derniers de Bouli Lanners.

Qu'est-ce qui te décide à parler d'un film sur ton blog ?
Je parle très peu des films que je n'ai pas aimés. Et je ne vais pas forcément parler d'un film pour lequel j'ai eu un coup de coeur, par manque de temps souvent. Je crois que ce qui me motive le plus, c'est parler d'un film passé un peu inaperçu d'un réalisateur pas forcément connu, un film qui n'a peut-être pas eu une grande diffusion, un peu oublié, que je n'ai pas adoré mais que j'ai aimé malgré ses faiblesses et qui mérite selon moi d'être (re)découvert. C'est mon syndrome Chiens perdus sans collier, ou encore Défenseur de la veuve et de l'orphelin.

Dix personnalités de cinéma à choisir... qui retiens-tu ?
Andreï Tarkovski,
François Truffaut,
Luchino Visconti,
Jane Campion,
Elia Kazan,
Werner Herzog,
Akira Kurosawa,
Orson Welles,
Clint Eastwood,
Ken Loach.

Quels seraient les dix films que tu me conseillerais ?
Facile !
1/ Ninotchka (1939) d'Ernst Lubitsch...
Parce que Greta Garbo rit, puis surtout parce que Lubitsch.

2/ Ève (1950) de Joseph L. Mankiewicz...
Parce que tu aimes quand le cinéma parle de cinéma.

3/ Convoi de femmes (1951) de William A. Wellman...
Parce que c'est un western.

4/ Les ensorcelés (1953) de Vincente Minnelli...
Idem qu'au point 2.

5/ Andreï Roublev (1966) d'Andreï Tarkovski...
Parce que c'est un grand film.

6/ Le messager (1970) de Joseph Losey...
Parce qu'il a été Palme d'or au Festival de Cannes 1971. Tu pourras l'ajouter à ta liste !

7/ Samson & Delilah (2009) de Warwick Thornton...
Parce que l'Australien Warwick Thornton est aussi un aborigène et qu'il est intéressant de découvrir son point de vue sur sa culture.

8/ Le jour des corneilles (2011) de Jean-Christophe Dessaint...
Parce que c'est un très bon dessin animé français.

9/ Les fraises des bois (2012) de Dominique Choisy...
Parce que c'est un film français à petit budget mais au ton décalé qui mérite d'être découvert.

10/ Baby Balloon (2013) de Stefan Liberski...
Parce que c'est un film belge à petit budget mais tellement sympathique.

Quelle place sur ton blog pour autre chose que le cinéma ?
Mon blog n'est pas un blog de cinéma, mais d'art et de culture en général, comme la peinture, la littérature, la photographie, la sculpture, la musique. Je publie parfois quelques photos de mes voyages. Bref, c'est très ouvert et en fonction de l'intérêt cela suscite en moi.

Avec le cinéma, quel art préfères-tu ?

Il m'est totalement impossible de choisir un art par rapport à un autre. J'aime tout type d'art susceptible de m'enthousiasmer ou de m'émouvoir. J'ai presque envie de dire que l'art me permet de me réconcilier avec le genre humain (particulièrement la peinture et la musique). Oui, je sais, c'est pompeux comme phrase mais c'est comme cela que je le ressens. Je suis carrément accro à la culture et en manque si je n'ai pas ma dose.

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Il me reste à remercier Sentinelle...
Après ses réponses, son petit message de sympathie m'a touché. Maintenant, je vous laisse (re)lire le bien nommé "Chez Sentinelle"...

lundi 5 décembre 2016

Juste un imposteur

Il m'a fallu un peu de temps pour me rendre compte que j'avais vu consécutivement deux films où les personnages... jouent un rôle. Remarquez, pas étonnant: les faux semblants sont une valeur sûre pour bâtir une intrigue et le cinéma est lui-même art d'illusion. Aujourd'hui, je souhaite en fait vous parler d'Un héros très discret...

Ce film aussi plonge ses racines dans la littérature et un roman originel de Jean-François Deniau (1928-2007), ancien diplomate français connu pour avoir été commissaire européen, secrétaire d'État et député. L'histoire qui est racontée ici nous ramène au temps incertain de la Libération. Albert Dehousse, un encore jeune homme rêvant d'être célèbre, vit seul avec maman, au milieu de la France profonde. Un environnement toxique qu'il finit par fuir, tombant alors sous la coupe d'un drôle de capitaine pour s'inventer progressivement un passé glorieux dans la Résistance. De très gros mensonges qui, assénés avec aplomb, lui permettront de se faire une place dorée parmi le gratin des anciens combattants, boulot de prestige à la clé ! Est-ce que j'ai tout dit ? Que non ! J'en ai simplement dit beaucoup...

Je n'ai pas lu le livre et suis donc incapable de vous dire déjà si le film lui est fidèle. Ce que j'ai ressenti, c'est que l'histoire de Dehousse n'intéressait qu'assez peu Jacques Audiard réalisateur, qui signait alors son deuxième long-métrage (avant ses grands succès aux César et à Cannes). Et puis, le texte le dit aussi: "Les plus belles histoires sont celles qu'on invente". J'ai plutôt été sensible à la mise en scène et au montage, en fait. La caméra virevolte ou pose des cadres déroutants, parfois, en enchaînant images du passé et du présent. Histoire d'encore brouiller les pistes, Un homme très discret s'appuie aussi sur les vrais/faux témoignages de personnes susceptibles d'avoir croisé la route du mystificateur en chef. Il faut s'accrocher ! Bien que virtuose, ce style peut finir par lasser, à force de confusion. On a tout à fait le droit de ne pas être touché par l'exercice de style. Moi, je l'ai plutôt savouré, mais je n'en ferai pas mon pain quotidien.

Un héros très discret
Film français de Jacques Audiard (1996)

Vous l'aurez remarqué: je n'ai rien dit de la kyrielle de bons acteurs engagés dans cette histoire. Mathieu Kassovitz est très convaincant et parfaitement secondé par Albert Dupontel, Sandrine Kiberlain, François Berléand, etc. Bon boulot de Jean-Louis Trintignant, aussi ! Sur une intrigue similaire, Pierre Niney ne fait pas vraiment le poids avec Un homme idéal. Mais voilà, je ne crie pas non plus au génie...

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Vous voulez en savoir plus ?
Je vous renvoie donc vers "L'oeil sur le grand" et "Le blog de Dasola". 

samedi 3 décembre 2016

Arnaques (au pluriel)

Que savons-nous des autres ? Quand j'y réfléchis, je me dis que l'un des mérites du cinéma est de sans cesse nous poser cette question. Ainsi, moi qui me crois assez ouvert à la différence, je constate également qu'il m'arrive de ménager des petites cases pour y ranger mes découvertes. Les Asiatiques seraient ainsi "subtils et raffinés"...

Pourtant, subtil et raffiné, ce ne sont pas forcément les adjectifs appropriés pour évoquer Mademoiselle, le premier film du réalisateur coréen Park Chan-wook depuis son retour des États-Unis. Je vais dire deux mots seulement de l'intrigue pour vous donner une petite idée des enjeux: dans la Corée des années 30, en pleine période d'occupation japonaise, une bande de brigands convoite la fortune d'une jeune noble nipponne et, pour mieux la dépouiller ensuite, place auprès d'elle une complice, sous l'apparence d'une simple domestique. Depuis cette idée assez banale, le film déploie ensuite son scénario en un triptyque narratif franchement vénéneux et deux heures vingt environ. Les deux premières parties se répètent, mais en abordant l'histoire d'un point de vue différent. La troisième y met le point final... et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est assez "costaud" ! J'imagine que certains trouveront le film outrancier. Ou déplaisant...

Pour ma part, j'ai pris un vrai plaisir à découvrir ce "puzzle" cinématographique. Aussi gros soient-ils, je n'avais pas vu venir certains rebondissements. À la réflexion, je me dis en fait qu'il faut laisser l'idée de vraisemblance de côté pour apprécier Mademoiselle. Park Chan-wook semble avoir pris un malin plaisir à nous en mettre plein la vue pour mieux nous endormir. La seule approche esthétique du film a été pour moi un ravissement: actrices, acteurs, costumes, décors, mouvements de caméra... j'ai été embarqué tout du long. Comme devant un pudding: au gré de son appétit, on savourera chaque nuance de sucre, on s'en rassasiera ou on s'en sentira finalement écoeuré. Plus que pour beaucoup d'autres productions cinématographiques, je crois bien qu'il est difficilement possible d'avoir une vision unique de celle-là. Surprise: elle s'inspire librement de Fingersmith, un roman signé de la Britannique Sarah Waters, publié en 2002 et inscrit dans le cadre de l'Angleterre victorienne. Bref, je vais continuer à m'interroger sur ce que je sais des autres...

Mademoiselle
Film sud-coréen de Park Chan-wook (2016)

Présenté à Cannes cette année, le long-métrage a fait chou blanc. Pourtant, je l'ai trouvé plus marquant que Old boy, reparti en 2004 avec le Grand Prix du jury... alors présidé par Quentin Tarantino. L'aspect explicite (voire fétichiste) de leur cinéma respectif rapproche les deux réalisateurs, mais je crois bien que je préfère le Coréen. Disons en tout cas que j'espère voir d'autres de ses films pour juger...

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Je vois aussi que notre ami fait parler...

Son dernier opus est ainsi présenté chez Pascale, Dasola et Strum. L'opportunité de constater qu'il ne fait pas (exactement) l'unanimité.

vendredi 2 décembre 2016

D'autres soleils

C'était inévitable (ou presque): avoir accepté de la présenter au cours d'une soirée de mon association m'a conduit à voir deux fois La mort de Louis XIV en l'espace d'une petite semaine. Je me suis interrogé ensuite sur la figure du roi-soleil au cinéma. J'ai ainsi pu constater qu'il avait porté des dizaines de visages. En voici quatre exemples...

L'un des plus insolites pourrait bien être celui de Thierry Lhermitte. Tout à gauche sur la photo, l'ex-Bronzé est sûrement sous le charme de Sophie Marceau, que guigne aussi Bernard Giraudeau / Molière. Sorti en 1997, Marquise, un film de Véra Belmont, bénéficiait alors d'un casting XXL, avec également - et entre autres - un trio secondaire hétéroclite: Anémone, Lambert Wilson et Patrick Timsit. Quelqu'un parmi vous a-t-il pu juger du résultat ? Je suis curieux. Wikipédia assure qu'à l'époque de son exploitation en salles, le film suscita une vive polémique entre Sophie Marceau et sa réalisatrice. Bilan: il n'aurait fait qu'un peu moins de 490.000 entrées. Faiblard...

Porté par une autre dynamique fictionnelle, Le roi danse s'en sortit encore moins bien, Benoît Magimel et son personnage de Louis XIV passionné de ballet n'attirant en 2000 qu'environ 425.000 spectateurs. Cette fois encore, Molière n'est pas très loin, et vous savez peut-être combien cet autre grand homme a parfois été magnifié au cinéma. Bref... cet film particulier ne rencontra qu'un succès d'estime, appuyé notamment par trois nominations aux César. Sans l'avoir vu, je note qu'il est révélateur de la passion d'esthète de son auteur, le cinéaste belge Gérard Corbiau, pour les arts et les grands films en costumes. Je ne suis pas sûr que ce soit très moderne, mais bon... peu importe.

La vision de Randall Wallace (qui ?) de L'homme au masque de fer n'apporte pas forcément un bien meilleur film. Cette grosse machine américano-britannique autour d'un personnage mystérieux popularisé par Alexandre Dumas père envoie toutefois du lourd côté casting. J'imagine que vous aurez reconnu Leonardo DiCaprio en Louis XIV ! J'ajoute que vous y retrouverez aussi Jeremy Irons, John Malkovich, Gérard Depardieu et Gabrielle Byrne en mousquetaires, sans parler des rôles féminins confiés à Anne Parillaud et Judith Godrèche. Distribution royale, oui, et le film, sorti en 1998, dépassa en France les deux millions d'entrées. Je n'en garde aucun souvenir marquant...

En fait, vous savez quoi ? J'ai l'impression qu'en plus de le regarder mourir chez Albert Serra, le cinéma fait faire un peu n'importe quoi au roi-soleil. J'ignore s'il se trouvera un amateur assez "courageux" pour distribuer en France The king's daughter - connu également sous le titre The sun and the moon. Ancien James Bond très moyen dans quatre des épisodes de la saga, l'Irlandais Pierce Brosnan y joue un Louis XIV soucieux d'acquérir... l'immortalité ! Et que fait-il donc pour cela ? C'est évident, non ? Il cherche à récupérer l'énergie vitale... d'une sirène ! Le film est censé sorti aux États-Unis l'année prochaine. Pas sûr que ça soit une très bonne nouvelle, à vrai dire...

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Bon, allez, petit bilan provisoire...
Je n'ai pas cherché très loin pour écrire cette chronique (incomplète). Au final, un nanar et quelques longs-métrages peu mémorables ! Drôle d'image de la monarchie... je reste donc preneur de tous vos conseils.

jeudi 1 décembre 2016

Marty dans l'Ouest

Quand on y réfléchit, on constate aisément que toutes les trilogies n'autorisent pas à regarder chacun de leurs épisodes individuellement. J'ai même tendance à penser que, dans un monde où les producteurs de cinéma imaginent d'emblée les suites, un premier opus n'a de sens qu'après visionnage des deux autres. Il y a toutefois des exceptions...

Un exemple: quand j'ai revu Retour vers le futur 3, il s'était passé presque six ans (!) depuis ma dernière soirée avec l'épisode deux. Est-ce parce que je connais par coeur les aventures de Doc et Marty ? Possible, mais je constate que j'ai facilement raccroché les intrigues entre elles. Pour les néophytes, je souligne qu'il s'agit ici de suivre principalement les pérégrinations dans le temps d'un jeune Américain "ordinaire" et de son aîné et ami, un savant aussi fou que génial. Partis de 1985, nos deux compères s'étaient déjà évadés en 1955, puis dans un 2015 très peu conforme au vrai. Ils se retrouvent finalement en 1885, en plein far west, pour un ultime tour de piste...

Bonne nouvelle: sauf à chipoter, cette fin est aussi drôle et sympa que ce qui l'a précédé. Les quelques voyages temporels y ont toutefois un impact moins significatif sur le déroulé de l'intrigue, mais l'idée demeure qu'une action dans le passé a des conséquences immédiates sur ce qui se passera à l'avenir. Logique, non ? Si vous en doutez encore aujourd'hui, demandez-vous ce qui se serait passé pour vous si vos parents ne s'étaient jamais rencontrés. Le fait est que Retour vers le futur 3 continue de rire de cette situation, en obligeant Doc et Marty à intervenir pour préserver un destin auquel ils sont tous deux attachés - à tous les sens du terme ! Ce film réveillera forcément la nostalgie de ceux qui, comme moi, étaient encore ados au moment de sa sortie. Je peux vous le dire: ses rides lui vont bien.

Retour vers le futur 3
Film américain de Robert Zemeckis (1990)

Le réalisateur est toujours actif aujourd'hui, avec moins de succès toutefois. Avec Richard Donner, Joe Dante et d'autres, il fait partie d'une génération dorée, souvent suivie de près par Steven Spielberg producteur. Du cinéma américain de divertissement, mais du bon ! Toute la trilogie Retour vers le futur se tient en elle-même. Inutile donc de chercher mieux, si ce n'est au gré... des épisodes un et deux.

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Pour d'autres regards, je peux toutefois vous orienter...

Chonchon a aussi vu toute la trilogie... et elle l'a aimée également. Ideyvonne, elle, préfère comme toujours mettre en avant les images.