vendredi 31 mars 2023

Là-haut

Qui n'a jamais eu envie de tout envoyer promener pour vivre sa vie comme il l'espère vraiment ? C'est la bonne question (existentielle) posée par un film récent et, je crois, passé inaperçu: La montagne. Thomas Salvador, réalisateur et acteur, nous offre un deuxième opus huit ans après la sortie du premier. J'en reparle en fin de chronique...

Avant cela, je veux vous présenter Pierre, ingénieur de bon niveau. Parti faire la démonstration d'une technologie innovante à des clients installés au pied du Mont Blanc, notre ami rêve d'une échappée belle alpine, en solitaire. Ni une ni deux, il s'offre un week-end prolongé dans une station locale. Dans la foulée, il se fait ensuite porter pâle auprès de son patron et s'équipe pour prendre la route des sommets. Il vaut dès lors mieux ne plus raisonner en termes de vraisemblance. Sous ses atours réalistes, La montagne est une fiction assumée. Fiction qui, d'ailleurs, s'autorise un virage décisif vers le fantastique. Vous me direz que d'autres longs-métrages français en ont eu l'audace avant elle, mais cela n'enlève rien au vrai plaisir que je peux prendre face à cette évolution de notre bon vieux cinéma national. Non mais !

Pas franchement bavard, le récit s'appuie en outre sur un casting discret. Sa seule "vedette" ? Louise Bourgoin, ex-présentatrice météo reconvertie au cinéma - sans démériter en aucune façon, cela dit. Bilan: j'aurais presque envie de vous parler d'un film d'atmosphère. J'imagine qu'adhérer à une telle proposition ne sera pas envisageable pour tout le monde et je vous l'avoue: j'ai trouvé certaines séquences un peu longuettes. Double précision: j'étais parti voir La montagne avec un a priori assez favorable... et je n'ai nullement pas été déçu. Les très hautes cimes font partie de mon environnement proche depuis un peu plus de trois ans et, si j'exclus de monter aussi haut que Pierre dans le film, je peux aisément comprendre la fascination qu'elles inspirent. Sur un écran géant, le film parvient à nous plonger dans cet univers méconnu, grâce à de nombreuses superbes images captées de jour comme de nuit. La qualité sonore du long-métrage n'est pas non plus à négliger et vient renforcer l'idée d'immersion. L'altitude se laisse oublier - au profit de l'émotion. Chouette voyage...

La montagne
Film français de Thomas Salvador (2023)

Sans forcément de gros moyens et surtout sans esbroufe, le cinéma bleu-blanc-rouge nous a décidément proposé d'assez belles surprises au premier semestre (cf. Tant que le soleil frappe et L'astronaute). Thomas Salvador m'avait déjà séduit avec Vincent n'a pas d'écailles. Si ce sont davantage les reliefs qui vous ont attiré, Nanga Parbat reste un souvenir fort. Gabriel et la montagne un drame admirable...

mercredi 29 mars 2023

Un lourd secret

C'est un samedi matin, seul et avant tout le monde, que je suis allé au cinéma pour découvrir un beau film du Maroc: Le bleu du caftan. Passé dans nombre de festivals, il a finalement atterri dans les salles de France mercredi dernier. J'avais pu profiter d'une avant-première. Mon objectif alors: en préparer une autre - ouverte au "grand public" !

Dans le dictionnaire Littré, le caftan est défini comme "la pelisse d'honneur qu'offrent les souverains turcs aux personnes de distinction et surtout aux ambassadeurs des puissances étrangères". Ma source parle en outre d'un "vêtement de cérémonie ample porté dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb". Dans le film, il est le luxueux habit qu'un artisan expérimenté confectionne à la demande de ses clientes fortunées, particulièrement exigeantes sur les délais de fabrication. L'une d'entre elles imagine qu'elle pourrait obtenir le même résultat avec une machine à coudre. Heureusement, le couturier peut compter sur l'aplomb de son épouse pour tenir à l'écart les râleuses de service. Le couple cache aussi - et c'est le noeud de l'intrigue - un secret inavoué (et inavouable) dans une société régie par des codes moraux traditionnels. De quoi s'agit-il ? Je vous ne le dirai pas aujourd'hui. Vous devriez vite deviner, je pense. Et sans que cela nuise au récit...
 
Le bleu du caftan
ne repose pas sur un quelconque suspense. Finalement, j'ai même envie de parler d'un film de forme minimaliste. Aux deux personnages déjà évoqués, un troisième va venir s'ajouter pour permettre au scénario de se mettre en place vers un propos inattendu. Les images, concentrées sur la boutique et l'appartement des deux principaux protagonistes, nous entraînent à leurs côtés. Sensation assez rare pour moi au cinéma: c'est tout d'abord par le son que je suis parvenu à m'immerger dans cette histoire en terre inconnue. Salé, la ville où elle est supposée se dérouler, étant située sur le rivage de l'océan Atlantique, quelques cris d'oiseaux marins sont perceptibles avec les dialogues, ainsi que d'autres bruits urbains. C'est un vrai atout pour la crédibilité de ce qui nous est montré. Réalisé par une femme, c'est sans ostentation que le long-métrage fait mouche. Il me faut dès lors saluer la prestation des interprètes des premiers rôles - Lubna Azabal, Saleh Bakri et Ayoub Missioui. Lancement idéal pour le cinéma africain sur les Bobines, cette année !

Le bleu du caftan
Film marocain de Maryam Touzani (2023)

Un long-métrage intimiste, beau à regarder et intéressant sur le fond. C'est à peine la quatrième fois que le cinéma marocain est représenté sur ce blog... et Le miracle du saint inconnu paraît déjà bien loin ! Précisons également que le film est produit par Nabil Ayouch, le mari de la réalisatrice, connu pour être l'auteur du saisissant Much loved. Côté algérien et toujours relié à la couture, Papicha vaut le détour...

lundi 27 mars 2023

Décadrage

Est-ce sa très courte durée (1h10) ? Ou bien le fait que j'ignorais tout du travail de son réalisateur ? L'envie m'est venue de voir Calendar. Cinquième long-métrage d'Atom Egoyan, il a pour cadre le pays d'origine de la famille du cinéaste canadien: l'Arménie. Destination inconnue à mes yeux, à plus ou moins quatre heures de vol de Paris...

Ami(e)s citadin(e)s, je crois que nous voilà à l'écart de toute ville ! C'est semble-t-il au beau milieu de la campagne et des montagnes arméniennes que le personnage principal du film est parti déambuler pour faire une série de photos destinées à illustrer un calendrier. Thématique imposée: les églises. L'artiste en découvre ainsi plusieurs avec sa femme, qui est aussi son interprète auprès du guide chargé d'accompagner le couple au cours de ses pérégrinations sur le terrain. Un homme qui, barrière de la langue oblige, vient titiller sa jalousie. Quelques séquences montrent le photographe à table avec une femme ou une autre, qui n'est pas la sienne - on devine qu'il y a eu rupture. Que vous dire ? Tout cela tourne en boucle et ne surprend pas trop. J'ai toutefois été sensible aux qualités esthétiques de Calendar. Trente ans après le tournage, il n'est certes pas évident que les sites demeurent à l'identique. Un jour, peut-être, je pourrai aller vérifier...

Calendar
Film (germano-canado-)arménien d'Atom Egoyan (1993)

Une curiosité. Et, en prime, un petit drapeau ajouté à ma collection ! Pour comparer, l'idéal serait maintenant que je puisse revoir un film apprécié en salle: Le voyage en Arménie (Robert Guédiguian / 2006). J'ose à peine vous re-recommander J'irai mourir dans les Carpates pour le - complet ? - dépaysement qu'il est supposé nous procurer. Autant voir du pays avec La terre éphémère ou Utama, je suppose...

----------
Un dernier mot sur mon film du jour...

Je note qu'il suscite des réactions contrastées chez "L'oeil sur l'écran".

samedi 25 mars 2023

La peau des autres

Léo Karmann n'en a pas fait mystère: il voulait que son premier film prenne ses racines dans ceux des années 80 avec lesquels il a grandi. Le jeune cinéaste cite Spielberg, Cameron et Zemeckis en références. Pour autant, je suis certain que La dernière vie de Simon peut plaire aux adultes comme aux ados. Ce serait bien dommage de s'en priver !

Simon a une petite dizaine d'années. Orphelin, il vit dans un foyer. Vrai coup de chance: le hasard lui permet de rencontrer deux enfants à peine plus âgés, un frère et une soeur, Thomas et Madeleine. Invité dans leur famille un week-end, Simon s'attache vite à cette famille accueillante. Une nuit, il partage l'un de ses secrets les plus intimes avec ses tous nouveaux amis: il est en mesure de prendre l'apparence physique de toute personne qu'il a touchée, quels que soient son âge et son sexe. Et l'intrigue va bientôt l'inciter à le faire définitivement ! Vous l'aurez compris, non ? La dernière vie de Simon est un film fantastique. Il se risque à explorer un imaginaire rare dans le cinéma français. Une audace qui s'avère payante, car elle porte une histoire aboutie et touchante, grâce aussi à Sabrina B. Karine, coscénariste. Qu'elle se déroule en Bretagne est plutôt anecdotique, mais j'admets que retrouver ces paysages de bord de mer m'a toutefois fait plaisir. Les jeunes acteurs (Camille Claris, Benjamin Voisin, Martin Karmann) jouent juste et sont bien entourés. Résultat: un bilan plus que positif.

La dernière vie de Simon
Film français de Léo Karmann (2020)

J'apprécie notre bon vieux cinéma national quand il s'aventure ainsi hors des sentiers battus. Il a beaucoup été dit que les films de genre sont désormais nettement mieux considérés qu'à une époque récente. Vincent n'a pas d'écaille est un autre (bon) exemple de production capable d'ajouter une dose de fantastique dans un récit du quotidien. J'aurais pu revenir sur Chronicle, Thelma ou Les bonnes manières...

----------
Je ne suis pas là le seul à avoir aimé le film...

Il me faut ajouter que c'est grâce à Pascale que j'en ai entendu parler.

mercredi 22 mars 2023

Au plus haut

396 jours, 11 heures et 34 minutes: en deux missions, c'est le temps que Thomas Pesquet a passé dans l'espace - et également un record pour un spationaute français. Nicolas Giraud, acteur et réalisateur discret, a pour sa part porté pendant dix ans l'idée de L'astronaute. Un très joli "petit" film dont j'aimerais vous dire un mot aujourd'hui...

Pourtant ingénieur en aéronautique, Jim vit seul avec sa grand-mère dans un village isolé. Il se juge capable de construire sa propre fusée afin de réussir avec elle le premier vol habité amateur de l'histoire. En fait, obnubilé par ce fantasme, il se fait souvent livrer des pièces destinées à Arianespace, son employeur, qu'il réaffecte à son usage personnel. Un contact avec un jeune retraité des expéditions au-delà des limites de l'atmosphère lui fait comprendre que ses chances d'aboutir sont extrêmement minces. Il lui faudrait bien s'entourer avant de penser triompher de la totalité des complications techniques liées à son objectif. Allez... je ne vous en dis pas plus sur le scénario. L'astronaute est assez long à démarrer, même si d'une durée réduite. C'est un film qui prend son temps, comme son personnage principal...

Nicolas Giraud incarne lui-même ce grand garçon lunaire. Il a expliqué que, de son côté, la création de ce très sympathique long-métrage aura représenté un défi presque comparable à celui d'un vol spatial. Pas étonnant dès lors que l'histoire soit véritablement touchante ! L'émotion m'a attrapé, petit à petit, grâce également à une troupe d'acteurs talentueux et convaincants dans tous les rôles secondaires. L'impeccable Hélène Vincent et un étonnant Mathieu Kassovitz méritent probablement d'être cités les premiers, mais je dois préciser que les autres sont très bien aussi, à l'image d'Hippolyte Girardot, Bruno Lochet ou Ayumi Roux - cette dernière étant une découverte personnelle. La mise en scène est sobre et belle à la fois, sublimée par la musique de Superpoze, qui fait de L'astronaute un trip planant et une production franchement originale dans le panorama du cinéma français. Le mieux est que j'ai trouvé la fin vraiment bouleversante. Elle nous rappelle aussi que nous avons tous besoin d'autres personnes pour nous accomplir vraiment. Un propos en phase avec notre temps !

L'astronaute
Film français de Nicolas Giraud (2023)

Le réalisateur-scénariste l'a dit: "Quoi que j'entreprenne, que ce soit jardiner ou écrire, il faut que je m'implique totalement et que j'aille jusqu'au bout". Ce qui donne donc vie en ce début d'année à un film atypique et tout à fait abouti en dépit de son apparence modeste. Après Tant que le soleil frappe, le second feel good movie inattendu de 2023 ! Et je suis encore loin d'être lassé des voyages dans la Lune !

----------
Je conclus en vous envoyant ailleurs...

Vous verrez: Pascale a a-do-ré le film et en a parlé aussi (avant moi).

lundi 20 mars 2023

Les bizarres

N'avais-je pas promis de revenir dès aujourd'hui ? Je vous propose d'attaquer la semaine en toute simplicité avec La famille Addams. Gomez, Morticia, Mercredi, Pugsley et les autres se réinventent ici dans une version animée (sous l'estampille Metro-Goldwyn-Mayer). Cela étant dit, les habitués seront en terrain connu. Pas de surprise...

Je rappelle aux autres que les Addams ont ceci de très particulier qu'ils vivent exactement à l'inverse des gens ordinaires. Leurs plaisirs sont morbides et ils laissent régner la peur, la folie et le chaos. Menacés des pires sévices et chassés de chez eux comme les envoyés du Diable qu'ils sont peut-être, les voilà obligés de trouver un refuge entre les murs d'un ancien asile de fous désormais désaffecté ! Problème: leurs nouveaux voisins ne les supportent qu'à distance raisonnable, ce qui complique singulièrement la bonne organisation d'une fête de famille. Bon... je vous épargne volontiers les détails. Vous savez mieux que moi si ce type de délire vous intéresse ou non. Ce que je peux dire, c'est que le film est un "vide-neurones" correct. Ne lui en demandez pas plus, hein ? C'est vite vu, vite oublié, ouais...

La famille Addams
Film américain de Conrad Vernon et Greg Tiernan (2019)

Je n'ai pas parlé des voix. En VO, c'est pas mal: Charlize Theron, Oscar Isaac, Bette Midler, Chloe Grace Moretz et même Snoop Dog ! Je vous avoue toutefois que j'ai zappé la suite et que je continuerai de préférer les films (et surtout Les valeurs de la famille Addams). Pas de série originale ou revisitée à la sauce Netflix à ma portée ! Vous voulez un plan B ? Le mieux est d'opter pour Hôtel Transylvanie.

----------
Pas de lien intéressant à proposer ?

Si, si: celui d'Ideyvonne, qui revient en images sur le film de... 1991 !

dimanche 19 mars 2023

Trois jours

Pas grand-chose à vous dire si tôt, ce dimanche ! Cette chronique matinale est là pour vous informer / rappeler que c'est aujourd'hui que commence l'édition 2023 du Printemps du cinéma. Une occasion de profiter de séances à prix réduit pendant trois journées entières...
 
Une petite précision: comme d'habitude, la ristourne ne se cumule pas avec d'autres avantages et n'intègre pas le surcoût éventuel de la 3D. Bref... si vous n'êtes pas des habitués, je vous conseille simplement de vous renseigner sur la manière dont les choses vont se dérouler dans la salle obscure à côté de chez vous (ou juste à peine plus loin). Et dès demain, à midi, je vous reviens avec un autre film à analyser !

vendredi 17 mars 2023

Au plus profond

C'est une évidence: certains soirs, je n'ai aucune envie de voir un truc compliqué. Il m'arrive alors de me contenter d'un blockbuster lambda. Un exemple parmi (beaucoup) d'autres: Underwater, film de survie en milieu subaquatique, censé se dérouler en l'an de grâce 2050. J'étais ravi d'y croiser Kristen Stewart. Et Vincent Cassel ? Également !

Dans ce futur proche, l'humanité continue d'exploiter les ressources fossiles de notre bonne vieille Terre. Pire: elle va même les chercher au plus profond des océans et, donc, dans la fosse des Mariannes. Rappel: ce site du Pacifique s'étale à 10.984 mètres sous la surface. Cela posé, le film commence dans une station de forage sous-marine soudain secouée - et en large partie détruite - par un supposé séisme. Résultat: les quelques hommes et femmes envoyés pour y travailler doivent évacuer. Certains ont d'ailleurs pu le faire assez rapidement. Pour d'autres, ce sera plus difficile... ou peut-être bien impossible. Très clairement, côté scénario, Underwater n'invente RIEN d'original. Oups ! Le casting semble même avoir été bâti sur un plan marketing pour que tout le monde y aperçoive un personnage qui lui ressemble. Reste que la forme m'a plu: la simple satisfaction d'un geek assumé. Hé, trois anglicismes en quelques lignes ! C'est tout pour aujourd'hui !

Underwater
Film américain de William Eubank (2020)

Méfiance ! Kristen Stewart, Vincent Cassel et leurs petits camarades risquent de vous ennuyer ferme si vous n'êtes pas un peu "ouverts". J'ai évité de citer un point important du film pour ne pas divulgâcher. SPOILER. SPOILER. Aïe, un quatrième anglicisme ! SPOILER. SPOILER. C'est bon ? Vous êtes encore là ? OK ! J'ose donc le comparer avec Life et Cold skin. Dans le noir intégral, ça peut vous faire un petit effet...

mercredi 15 mars 2023

Cheffes

Quelle chance ! L'actualité récente des films visibles dans les salles obscures françaises m'a offert un diptyque thématique sur un plateau. C'est avec enthousiasme que j'en reparle sur Mille et une bobines. Deux longs-métrages au sujet, l'un et l'autre, d'une femme cheffe d'orchestre: l'occasion était trop belle pour que je ne la saisisse pas...

Tár
Film américain de Todd Field (2022)

Un peu plus de deux heures et demie: la durée du film impressionne. D'emblée, le portrait de ce maestro (imaginaire) exige une attention soutenue: de longues scènes de dialogue dressent le portrait précis d'une femme parvenue au sommet de son art, tout en délaissant quelque peu sa compagne - une grande violoniste - et leur petite fille. Lumineux d'abord, le personnage s'assombrit petit à petit, le scénario plaçant de gros bâtons dans les roues de son parcours exemplaire. Progressivement, Tár devient dès lors le récit d'une inexorable chute.

L'intérêt de le suivre ? Il laisse un certain nombre de zones d'ombre quant à ce qui va entraîner ce déclin. Placé sous l'influence d'images saisissantes, chacun(e) est alors libre de juger des comportements ambigus de la protagoniste. Et Cate Blanchett excelle dans ce rôle multiple, si fière d'abord qu'elle en devient hautaine, et vite tombée de son piédestal, à l'heure d'affronter les conséquences de ses actes. Ces deux facettes sont-elles vraiment inscrites dans la même réalité ? La deuxième partie du film peut aussi s'apparenter à un cauchemar infini: celui d'une femme égotique que sa paranoïa finit de dévorer. C'est un châtiment cruel, mais peut-être est-il juste, aussi. J'y trouve assez de matière, en tout cas, pour débattre de ce que les femmes doivent faire pour réussir. En revenant de facto à la notion de mérite.

Pour info: vous pourrez retrouver d'autres avis chez Pascale et Strum.

----------------------------------------------------------------------------------
Divertimento
Film français de Marie-Castille Mention-Schaar (2023)
Sorti le même jour, cet autre film au sujet d'une cheffe d'orchestre pourrait être l'exact inverse du précédent. Car le personnage principal est toujours une femme, mais encore en formation au conservatoire. Issue d'une famille plutôt modeste et solaire dans son ambition. Foncièrement collective et bien décidée à s'affranchir des préjugés. Inspirée d'une vraie musicienne - Zahia Ziouani, née à Paris en 1978. J'aime autant vous le confier: je ne la connaissais absolument pas avant de voir Divertimento. Et j'ai dès lors fait une belle "rencontre" !

La musique est bien évidemment un ingrédient essentiel du plaisir que l'on peut prendre à découvrir ce parcours ô combien remarquable. Cinématographiquement parlant, elle est d'ailleurs très bien intégrée aux images, présente quand il faut, sans jamais relever du lyrisme facile. Avec quelques petites redondances au tout début, le scénario avance gaiement vers un happy end prévisible, mais dont l'optimisme vient réchauffer le coeur en ces temps difficiles (et/ou cyniques). J'adresse ici, sans délai, un grand coup de chapeau aux comédiens. Dans le rôle principal, Oulaya Amamra est vraiment parfaite: du haut de ses 26 ans, elle ne commet aucune fausse note avec ce personnage complexe. Autour d'elle gravite un joli groupe d'actrices et d'acteurs prometteurs - j'espère au moins retenir le nom de Lina El Arabi. N'oublions pas les pointures comme Niels Arestrup, Zinedine Soualem ou Ariane Ascaride... toutes et tous au service d'un propos admirable. Cerise sur le gâteau: ici, tout angélisme m'a paru laissé de côté. Preuve s'il en fallait que la réalisatrice a le sens de la mesure. Bravo !

Nota bene: Pascale et Dasola ont apprécié le "spectacle", elles aussi...

----------
Un dernier mot...

Juste... si vous avez d'autres films à suggérer autour de la musique classique, il me plaît de vous dire que je suis bien entendu tout ouïe !

lundi 13 mars 2023

Être le dernier

Il y aurait des centaines d'anecdotes à dénicher sur Internet au sujet de la saga Highlander, mais je ne veux pas m'y attarder aujourd'hui. Fidèle cependant à mon envie de voir - ou revoir - les blockbusters des années 80, je me suis offert une séance canapé avec l'épisode 1. NB: 4,1 millions de spectateurs l'avaient vu dans les salles françaises !

New York, 1985. Soirée de catch au célèbre Madison Square Garden. Deux hommes s'affrontent à l'épée au coeur du parking souterrain. L'un finit décapité, l'autre, soi-disant antiquaire, arrêté par la police. En réalité, le prétendu Russell Nash a pour nom Connor MacLeod. Écossais, il est né en 1518 et, depuis lors, trimbale son immortalité comme un fardeau. Entre deux guerres claniques, sa première famille l'a banni parce qu'il avait osé revenir d'entre les morts d'une bataille sans merci. De quoi le voir illico presto comme l'incarnation du Diable.

Depuis, le pauvre bougre a survécu à toutes les femmes qui l'ont aimé et se retrouve systématiquement pourchassé par d'autres immortels susceptibles de lui trancher le cou. Une très ancienne prophétie indique qu'il ne pourra en rester qu'un, sans daigner fixer l'échéance. Vous jugez cela ridicule ? Moi, je trouve au contraire que Highlander est un bon popcorn movie de son époque (pas si lointaine, d'ailleurs). J'ai pris plaisir à le regarder avec ses flashbacks, ses effets spéciaux efficaces, l'engagement sincère de ce bon vieux Christophe Lambert et, en prime, la musique originale de Queen pour emballer le tout. C'est un autre temps du cinéma d'action, mais ça reste un bon délire. Et je ne vous ai même pas fait part de la présence de Sean Connery ! Ne m'attendez pas pour les suites, OK ? Là, je vais passer mon tour...

Highlander
Film américano-britannique de Russell Mulcahy (1986)

Une anecdote: l'épisode 2 est censé se passer en 1999 et... 2024. Cela précisé, je pense me contenter durablement de cet opus fondateur - à moins que je sois moi aussi immortel, allez savoir. J'imagine que, pour l'Écosse, je reverrai d'abord Braveheart (1995). M'enfin... d'autres films des eighties lui passeront peut-être devant. Vous en cherchez un looké médiéval ? Essayez Excalibur. Ou Willow !

----------
Sur mes blogs-références, j'ai trouvé des choses...

Ideyvonne a publié toute une galerie des images de ce film "rétro". Quant à Laurent, il avait présenté sa suite, sans grand enthousiasme.

samedi 11 mars 2023

Dolorosa

Un petit Espagnol est parti en vacances sur la côte basque française. Son père divorcé l'a laissé seul sur une plage: l'enfant appelle sa mère avec le téléphone qu'il a laissé derrière lui. Une discussion tendue s'instaure entre deux êtres réunis à la fois par le sang et l'effroi. Soudain, la communication est coupée. Et la peur a traversé l'écran...

Le moins que je puisse dire, c'est que la scène d'ouverture de Madre est d'une efficacité redoutable. Rappel: cet incroyable plan-séquence d'une bonne quinzaine de minutes était d'abord un court-métrage. Devenu le lancement d'un long, il m'a d'emblée "scotché" au fauteuil. Fondu au noir: dix ans se passent. On retrouve la mère, sans l'enfant. Elena travaille dans un bar-restaurant, installé sur cette même plage !

Quand, un jour, elle croise un ado, elle croit reconnaître son fils disparu. Se trompe-t-elle ? Et si c'est le cas, en a-t-elle conscience ? Serait-elle folle, comme le prétendent certains des touristes alanguis sous le soleil de ce superbe bout de France ? Peut-être. Peut-être pas. C'est à chacune et chacun d'entre nous d'en juger ou de le ressentir. Idem quand Jean, le jeune qu'Elena a remarqué, s'approche d'elle comme le ferait un homme amoureux: la question de ses motivations réelles se pose... et les réponses nous appartiennent. Très beau film pour la mise en scène et ce traitement de maints sujets sensibles. Marta Nieto livre de fait une prestation incroyable dans le rôle-titre. L'actrice est bien entourée, y compris par le père de son enfant derrière la caméra. Madre vibre donc d'une humanité peu commune. C'est typiquement le genre d'histoires que je préfère ne pas dévoiler dans ses moindres détails. Juste dire que j'ai pris une bonne claque...

Madre
Film franco-espagnol de Rodrigo Sorogoyen (2019)

Vous le lirez peut-être ailleurs: le film n'est pas parfait et une scène particulière dans une voiture peut paraître franchement excessive. Pour ma part, je trouve tout le reste filmé au cordeau: une réussite ! Sur la question de la parentalité, j'ai cité d'autres drames puissants comme La chambre du fils, À perdre la raison ou encore Mommy. Comparé à ceux-là, 20th century women apparaît bien plus apaisé...

----------
Si vous voulez et osez aller plus loin...

Vous pouvez trouver d'autres chroniques à (re)lire chez Pascale et Lui.

jeudi 9 mars 2023

L'idée d'un jardin

Il est trop tôt pour parler de tendance, mais les films que je regarde en ce début d'année 2023 sont (un peu) moins variés que d'habitude en termes de nationalités - avec un léger regain du cinéma américain. Aujourd'hui, un opus made in France: Tant que le soleil frappe. Découvert en salle, après avoir vu la bande-annonce... sur Facebook !

Ne partez pas ! Pour une fois, l'algorithme a su trouver quelque chose d'intéressant. Tant que le soleil frappe raconte l'histoire "ordinaire" de Max: ce (jeune) paysagiste a repéré un terrain vague abandonné en plein centre-ville et souhaite le transformer en jardin ouvert. Derrière cette ambition, son idée est d'offrir aux habitants un lieu calme et apaisant, une antithèse à tout ce qui relève du tumulte urbain. Évidemment, vous vous doutez bien que ce ne sera pas facile. D'ailleurs, le film commence quand Max est le dernier à y croire encore: avec un associé, ils n'ont pas obtenu la prime d'un concours qu'ils pensaient pouvoir gagner. Je n'en dirai pas plus sur le scénario ! Soyez sûrs d'une chose: retrouver Swann Arlaud dans le rôle principal de ce long-métrage intelligent est un plaisir. Qui en appelle d'autres...

Ce n'est pas un hasard si, au cours d'une séquence, on parle d'utopie. Pour moi, ce qui est raconté ici est à la fois très concret et optimiste. Personnellement, je suis donc allé voir le film pour l'acteur en tête d'affiche, mais aussi parce que le sujet des démarches citoyennes m'intéresse de plus en plus (notamment pour l'aménagement citadin). J'ai trouvé qu'ici, le récit ne cédait jamais au manichéisme pur et dur. C'est à noter: le lieu où tout est censé se passer n'est jamais cité. Évidemment, vous pourriez reconnaître Marseille, mais ce non-dit suggère que ce qui est montré pourrait également arriver ailleurs. J'ajoute que, sur le plan du seul cinéma, Tant que le soleil frappe s'avère une franche réussite, avec à la fois de très belles séquences et un montage efficace, ainsi qu'une bande-originale de bonne tenue. Le plus fort, c'est bel et bien que je n'avais pas vu venir ce bon film. Effet de surprise démultiplié et, de ce fait, coup de coeur particulier !

Tant que le soleil frappe
Film français de Philippe Petit (2023)

Une note qui traduit mon enthousiasme, mais que j'ai aussi "dopée" pour marquer le coup - une forme de militantisme pour le cinéma intelligent, disons. Il pourrait être très intéressant de (re)voir le film dans un duo avec Night moves, qui parle d'écologie d'une autre façon. Et Swann Arlaud ? Subtil et bien entouré, il est ici aussi convaincant que dans Une vie et Petit paysan. Un talent humble, mais précieux...

mercredi 8 mars 2023

De la distinction

Salut ! Je suppose que vous savez toutes et tous que le 8 mars correspond à la Journée internationale des droits des femmes. Étonnamment, cela m'a donné envie de rendre hommage aux actrices lauréates du César du meilleur espoir féminin (décerné depuis 1983). Nous pourrons débattre, ensuite, de la valeur symbolique de ce prix...

Bon... je n'ai pas vu Les Amandiers, le film de Valeria Bruni-Tedeschi qui, il y a deux petites semaines, a permis à Nadia Tereszkiewicz d'inscrire son nom au palmarès. C'est avec amusement que j'ai noté que la comédienne jouait dans Mon crime, le dernier François Ozon en salles depuis aujourd'hui ! Elle aura 27 ans en mai et est apparue dans douze longs-métrages. Je vous oriente bien volontiers vers ceux que je connais: La danseuse, Persona non grata et Seules les bêtes. Durera ? Durera pas ? Il me semble que sa carrière est sur une pente ascendante, en tout cas. Ce que j'ai vu me fait dire que c'est mérité. NB: un autre de ses films, La dernière reine, arrive le mois prochain.

Et maintenant, d'autres petites infos en vrac...
Jusqu'en 2004, on ne parlait pas d'espoirs, mais de "jeunes espoirs". J'ignore si une limite d'âge est fixée désormais. Le règlement prévoit depuis 2017 qu'il est impossible d'obtenir le César du meilleur acteur et celui de l'espoir pour un même film. Cela me paraît assez logique...

Quatre actrices sont parvenues à être en lice trois fois pour le César du meilleur espoir - Isabelle Carré, Virginie Ledoyen, Elsa Zylberstein et Déborah François, qui est... la seule à l'avoir finalement obtenu. Autre "statistique": pour l'heure, cinq comédiennes cumulent le César du meilleur espoir et celui de meilleure actrice. Sandrine Bonnaire réalisa le tout premier doublé en 1984 et 1986, avant Élodie Bouchez en 1995 et 1999, Sylvie Testud (2001+04), Sara Forestier (2004+11) et Sandrine Kiberlain (1996+2014). De grandes interprètes, c'est vrai !

Voici aussi les lauréates du meilleur espoir présentes sur le blog...
1993 - Romane Bohringer pour Les nuits fauves,
2005 - Sarah Forestier pour L'esquive,
2009 - Déborah François pour Le premier jour du reste de ta vie,
2011 - Leïla Bekhti pour Tout ce qui brille,
2012 - Clotilde Hesme pour Angèle et Tony,
2014 - Adèle Exarchopoulos pour La vie d'Adèle,
2015 - Louane Emera pour La famille Bélier,
2018 - Camelia Jordana pour Le brio,
2019 - Kenza Fortas pour Shéhérazade,
2020 - Lyna Khoudri pour Papicha.

----------
Pour finir, bien évidemment, je vous tends désormais le micro...

Si vous voulez revenir sur le combat féministe au cinéma ou un sujet voisin, je vous laisse rebondir en commentaires. Oui, ça m'intéresse !

lundi 6 mars 2023

De retour aux affaires

Je ne prétends pas que le cinéma ne m'apprend plus rien. Je dis juste qu'il est rare qu'il me surprenne avec des informations inattendues. Résultat: et vlan ! L'autre jour, j'ai réalisé que l'acteur qui joue l'amoureux transi d'Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé devint, 22 ans après, le chef... de l'Agence Tous Risques, la série TV !

Vous avez reconnu Hannibal, avec son cigare ? Sur ce photogramme évocateur, nous sommes en 1971 et George Peppard n'a que 43 ans. Tout sourire, il joue Harker Fleet, un bandit qui s'attaque aux convois ferroviaires dans la Californie de la fin du 19ème siècle. Le film s'appelle Le dernier train pour Frisco et, trahi par son cher complice alors qu'il partageait avec lui un butin, ce chic type qu'est le malfrat passe illico par la case prison, sans avoir profité du moindre dollar. Deux ans plus tard, libéré pour bonne conduite, il réapparaît soudain dans les pattes de son ex-ami et prend la défense d'une communauté chinoise que l'intéressé rançonne avec malice, mais sans vergogne. Bref... l'ex-bad boy est plus calme, mais il a une revanche à prendre. Sur cette trame on ne peut plus classique, j'ai vu un western au ton goguenard, plutôt agréable à regarder, mais sans éclat particulier. Que manque-t-il pour un plaisir plus grand ? Un peu d'action, je crois. Las ! Sa relative indolence joue parfois en défaveur de ce petit film...
 
Le dernier train pour Frisco
Film américain d'Andrew V. McLaglen (1971)

J'ai lu des choses assez féroces à l'égard de ce réalisateur, à vrai dire. Comment le juger ? Je n'ai pour l'heure vu que deux de ses films. L'autre ? C'était Les prairies de l'honneur, antérieur et plus sombre. Pour le très léger humour que cet opus diffuse, je le rapprocherai plutôt d'En route vers le sud... mais c'est un tantinet pifométrique. Pas question cela dit d'en venir aux "excès" d'un On l'appelle Trinita !

samedi 4 mars 2023

1 + 1 + 1

Bon... aujourd'hui, non pas un, non pas deux, mais bien trois films ! J'ai choisi de les regrouper car je les crois destinés au divertissement et aisément accessibles à toutes les générations de spectateurs. Argument discutable, bien sûr, comme tout ce que j'écris sur ce blog. En attendant vos (éventuels) avis, voici donc trois mini-chroniques...

Aladdin
Film américain de Ron Clements et John Musker (1992)

Le 31ème classique d'animation de chez Disney ! Il raconte l'histoire d'un jeune voleur dans une ville moyen-orientale fictive, Agrabah. Tombé amoureux d'une princesse qui refuse de se marier sans sortir d'abord de son palais et vivre sa vie, il croit n'avoir aucune chance d'attirer son regard. Sauf que... il va aussi rencontrer un génie capable d'exaucer certains de ses voeux. Ce qui ne sera pas inutile pour affronter le poids des traditions séculaires et les vils complots d'un vizir ambitieux. Que vous dire ? Le film est aujourd'hui affublé d'une mention préalable mettant en garde contre son influence néfaste. Pour sûr, les héros ont la peau presque blanche et le méchant est plutôt "basané". Cela noté, Aladdin m'a bien plu: assez prévisible sur le fond, il est tout de même très inventif (et franchement drôle). Son atout majeur: le regretté Robin Williams dans le casting voix original. De quoi mieux supporter des chansons un peu "mielleuses"...

En bonus...
Des billets d'Ideyvonne sur le génie / le tapis volant / les décors !

----------------------------------------------------------------------------------

Astérix & Obélix - L'Empire du milieu
Film français de Guillaume Canet (2023)

L'archétype du blockbuster clivant, à la française. Bien des cinéphiles détestent ce film et la critique professionnelle est presque unanime pour le considérer comme un étron de la pire espèce possible. Si, si ! Pourquoi tant de haine ? Parce qu'il empile les "stars" surpayées venues cachetonner plutôt que les bonnes blagues ? Parce qu'il a coûté quelque 65 millions d'euros tandis que chacun se serre la ceinture ? Parce que la BD est bien plus rigolote, sans même reparler cette fois de ses adaptations par Messieurs Alain Chabat et Alexandre Astier ? Ce sont des arguments valables, mais cette nouvelle aventure gauloise n'est pas si abominable que j'ai pu le lire. Je dirais même qu'elle respecte les codes, même si elle le fait sans grande subtilité. Qu'elle arpente la Chine, pays encore inédit pour les consommateurs de potion magique, ne me choque pas. Seule la promo bulldozer chatouille un peu mon côté réfractaire. Mais il y a pire, par Toutatis !

En bonus...

Un renvoi pour relire mes avis sur Chabat et Astier. Et Tirard, allez ! NB: si vous êtes insatiables, il y en a d'autres dans l'index des films...

----------------------------------------------------------------------------------

Le chat potté 2 - La dernière quête
Film américain de Joel Crawford et Januel P. Mercado (2022)

Là, c'est étrange: le premier opus des aventures du copain de Shrek m'avait plutôt laissé de marbre. Cette suite (et fin ?) m'est apparue d'une qualité supérieure, sans aller jusqu'à révolutionner le genre. L'habile félin est confronté à plusieurs adversaires du genre féroce. Parmi eux, le plus important: la peur. On rappelle en effet au minou que, s'il a bien neuf vies, il en a déjà épuisé... huit ! L'insouciance relative de sa nature s'efface donc face à des préoccupations "adultes". J'ai mis des guillemets, vous voyez: Il me semble en effet que cette - énième - variation sur contes de fée traditionnels s'adresse prioritairement aux plus jeunes. Moi, j'ai vraiment apprécié l'un des personnages secondaires, représenté comme un loup géant. D'autres choix étaient possibles. Exemple: celui de la famille des ours conduite par Boucles d'or, parmi d'autres protagonistes déjà aperçus précédemment. Bref, du plaisir, à défaut de très grande originalité...

En bonus...
Un petit mémo-lien vers l'épisode initial - sorti il y a déjà douze ans !

----------------------------------------------------------------------------------

En conclusion...

Vous l'aurez compris: j'ai vu deux de ces trois films au cinéma. J'hésite, parfois, à me tourner vers ce genre de "grosses machines". Oui, je préfère les choses plus complexes et/ou moins boursouflées. Cela ne m'empêche pas d'avoir satisfaction à baisser mon niveau d'exigence pour répondre aussi à mon appétit de popcorn movies. Avant de revenir ici pour vous en parler et titiller votre esprit critique avec la citation d'un (vrai) film culte sur fond de paillettes. J'assume !

jeudi 2 mars 2023

Une place à prendre

Je suis allé vérifier: même lors des années qui ont précédé la crise sanitaire, très peu de films mexicains ont été distribués en France. Sur Mille et une bobines, jusqu'à présent, il n'y en avait que quatre ! Celui que je vais présenter aujourd'hui est plus vieux: il date de 1946. En ce temps-là, paraît-il, le cinéma mexicain était en grande forme...

Il m'a également été expliqué que Double destinée (alias La otra) pouvait être apparenté aux films noirs dont les studios de Hollywood avaient fait l'une de leurs spécialités, à peu près à la même époque. Concrètement, il est ici question de Maria, une pauvre manucure coincée dans une vie sans grand éclat. Ironie du sort: elle est la soeur jumelle d'une dénommée Magdalena, mariée à un richissime industriel récemment décédé. De quoi donner des envies de crier à l'injustice sociale et/ou de se débrouiller pour rétablir un semblant d'équilibre. Non, non... vous ne pourrez compter sur moi pour en dire davantage. Simplement, un indice: avec cet opus, j'ai plutôt vu un mélodrame flamboyant qu'un thriller "à l'ancienne". Et je l'ai vraiment apprécié ! D'autres que moi sauront sans doute mieux vous présenter l'actrice principale, Dolores del Rio, grande star de son temps. Si on peut dire que la caméra n'a d'yeux que pour elle, j'ajoute qu'elle le mérite bien. Autre atout du film: un noir et blanc digne des meilleures productions expressionnistes allemandes. Je ne suis sorti de la séance qu'à regret.

Double destinée
Film mexicain de Roberto Gavaldón (1946)

C'était ma première rencontre avec un cinéaste classique de ce pays. Résultat: je vais au moins essayer de retenir son nom, étant confiant dans l'idée que d'autres pépites sont cachées dans sa filmographie. Dans mon répertoire des genres au cinéma, Le faucon maltais (1941) apparaît comme le premier film noir, mais je préfère Laura (1944). Pour une tonalité mélo, je dois bien admettre... que je sèche un peu !

----------
Un petit mot de plus ?

Bonne surprise: j'ai trouvé une autre chronique du film chez Pascale. On notera qu'il avait été projeté au Festival Lumière de Lyon en 2015.