samedi 30 novembre 2024

Lui... ou l'autre

Je suppose que nous sommes nombreux à rêver d'un jumeau ou sosie acceptant d'assumer nos activités les plus ingrates à notre place. Dans le bien nommé La gueule de l'autre, un homme politique véreux se sent menacé par une relation ancienne. Pour mener une campagne électorale, l'un de ses collaborateurs décide d'en appeler à son cousin !

Scénariste et producteur, Jean Poiret se tourne vers Pierre Tchernia pour réaliser cette comédie bouffonne et confie à l'ami Michel Serrault le double rôle du leader des Conservateurs indépendants progressistes et de son parent, un acteur à la petite semaine. C'est drôle ? Oui. C'est désopilant ? Euh... non. Au temps de Giscard, je peux admettre que l'histoire avait un petit quelque chose de corrosif, mais sa force semble bien effacée désormais, 45 ans après la sortie dans les salles obscures. Vous noterez que, même en 1979, La gueule de l'autre n'avait rencontré qu'un succès d'estime, avec à peine plus d'un million de spectateurs (32ème rang du box-office / 19ème film français). Aujourd'hui, reste tout de même le plaisir de revoir des acteurs familiers dans leurs oeuvres, parmi lesquels Roger Carel, Michel Blanc ou, du côté de ces dames, Bernadette Lafont et Dominique Lavanant. Très décent, ce casting élève un  peu le niveau du film: c'est déjà ça !

La gueule de l'autre
Film français de Pierre Tchernia (1979)

Du même réalisateur, très franchement, je préfère Le viager (1972). Le film d'aujourd'hui - son troisième (sur quatre) - est un bonbon nostalgique, au goût quelque peu passé. Bon, il y a pire comédie ! C'est le thème du double qui vous a intéressé ? Je vous recommande de (re)découvrir deux films: Président d'un jour et Second tour. Sérieux ou pas, je suggère aussi Le dictateur, Kagemusha, Enemy...

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Et pour prolonger le plaisir...
Vous pouvez toujours accorder un peu de temps à "L'oeil sur l'écran".

mercredi 27 novembre 2024

Une forêt à défendre

J'avoue: je ne sais pas exactement où nous en sommes aujourd'hui. Je me souviens cependant de campagnes contre le groupe Ferrero pour l'utilisation de l'huile de palme dans son produit-phare: le Nutella. Une huile végétale qu'on peut extraire des fruits d'arbres indonésiens ou malaisiens, plantés en lieu et place de la forêt primaire. Une folie !

Huit ans après le triomphe public et critique de Ma vie de Courgette au Festival d'Annecy, le réalisateur suisse Claude Barras nous conduit sous les tropiques, à Bornéo. Là-bas, la production de l'huile de palme représente clairement une menace pour plusieurs espèces végétales et animales: l'orang-outang, l'éléphant pygmée et le tigre de Sumatra. Notez qu'elle en constitue également une pour les Penans, le peuple local. C'est ce que montre ce nouveau film: Sauvages. Le scénario s'articule autour du personnage de Kéria, une petite fille qui a adopté un bébé singe dont la mère a été tuée par des ouvriers de la forêt. Citadine, elle rencontrera bientôt son cousin, Selaï, et sa famille toujours installée au coeur même de la nature - bien qu'aussi équipée avec quelques-unes des technologies dites modernes, téléphones portables ou panneaux solaires, par exemple. Accessible aux gosses dès 8-10 ans, cette histoire s'adresse aussi aux plus grands. Oui, oui !

"Nous n'héritons pas de la Terre. Nous l'empruntons à nos enfants". Rappelée en ouverture du long-métrage, la célèbre maxime écologiste illustre parfaitement son propos. Si on adhère aux idées développées dans ce joli film, on passera à l'évidence un bon, un très bon moment. Je ne rejoindrai pas aujourd'hui le camp de ceux qui jugent Sauvages comme un pamphlet manichéen, bons d'un côté, méchants de l'autre. Engagé, assurément, il ne semble pas pour autant trop caricatural. Claude Barras explique qu'il souhaite encourager le passage à l'acte des personnes sensibles à la cause et assure qu'il est possible d'opter pour une consommation "responsable, plus locale et plus sobre". D'après lui, "c'est là que réside l'acte politique le plus efficace". Didactique, il donne quelques clés pour avancer, sans prêchi-prêcha. Petite perle sur le plan technique, cette agréable "leçon de choses" brille aussi par des choix sonores et musicaux d'une efficacité certaine. Avec également des surprises du côté voix: Laëtitia Dosch ou Benoît Poelvoorde, notamment. Un bon plan pour TOUTE la famille.

Sauvages
Film suisse de Claude Barras (2024)

J'ai déjà cité l'admirable Ma vie de Courgette comme une référence importante du cinéma d'animation francophone (sur un autre sujet). Pour renouer avec la nature, je reverrai Princesse Mononoké, le chef d'oeuvre du grand maître japonais Hayao Miyazaki. Une émotion d'intensité comparable pourrait vous traverser devant Le peuple loup ou Le jour des corneilles. Et je reste à l'écoute de vos suggestions...

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Vous voulez en savoir plus ?
Le film s'accompagne d'un site Internet pédagogique très complet. Bilingue français-anglais, il devrait aussi être disponible en allemand.

Et vous voulez lire un autre avis ?
Cela tombe bien: celui de Pascale était disponible bien avant le mien !

dimanche 24 novembre 2024

Des vies et la musique

Vous cherchez un film pour ce dimanche ? Celui que je vous présente aujourd'hui ne sortira que mercredi prochain: une avant-première festivalière m'a permis de le découvrir dès la fin du mois d'octobre. J'avoue qu'avant cela, je n'avais pas entendu parler d'En fanfare. Désormais, je crois donc pouvoir vous le recommander grandement...

Chef d'orchestre international, Thibaut enchaîne voyages et concerts dans les plus belles salles du monde. Au cours d'une répétition difficile, il perd connaissance: on lui diagnostique alors une leucémie. Seule une greffe de moelle osseuse lui offrirait une - infime - chance de guérison. Problème: sa sœur n'est pas compatible. Une solution alternative apparaît, grâce à Jimmy, l'employé d'une cantine scolaire dans le Nord de la France. Les deux hommes se rencontrent assez vite et... je vous laisserai évidemment découvrir la suite dans un cinéma.

Interrogé sur ses intentions, le réalisateur du film dit aimer "concilier les contraires et trouver une forme d'équilibre". Son film en témoigne avec éclat, constamment sur une ligne de crête entre comédie populaire et drame social. En fait, En fanfare est d'abord humain. Benjamin Lavernhe y fait une nouvelle preuve de son talent d'acteur dans un registre un peu différent de ce qu'il peut proposer d'habitude. Pierre Lottin partage joliment la tête d'affiche avec lui et le casting secondaire est à l'unisson. Conseil d'ami: ne boudez pas votre plaisir !

En fanfare
Film français d'Emmanuel Courcol (2024)

De la belle ouvrage, incontestablement, et un coup de coeur personnel pour ce long-métrage aux personnages aussi crédibles qu'attachants. J'avais déjà apprécié le réalisateur avec le sensible Cessez-le-feu porté par le trio Romain Duris / Céline Sallette / Grégory Gadebois. Pour un parallèle avec le film du jour, je conseille plutôt un détour vers le cinéma social made in Angleterre: La part des anges, Pride...

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Un autre avis enthousiaste, déjà ?

Oui: celui de Pascale, qui a vu le film dans un autre festival, à Mâcon.

jeudi 21 novembre 2024

Sept films, une question

Aujourd'hui, une vraie reprise ! Je veux vous proposer une chronique autour de sept films plus ou moins récents, vus à la télé ou en VOD. Cherchez (ou plutôt lisez) bien: il y a quelques perles dans le lot. J'imagine que, la semaine prochaine, je vous en présenterai d'autres !

1001 pattes
Film américain de John Lasseter et Andrew Stanton (1998)

Le deuxième opus sorti des studios Pixar, trois ans après Toy Story. De sympathiques fourmis y sont rackettées par des sauterelles belliqueuses, elles-mêmes menées par un chef à l'allure dictatoriale. Tilt, la plus gaffeuse d'entre elles, quitte alors la petite colonie ouvrière pour chercher des secours. Sans surprise, mais divertissant.

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Les complices
Film franco-belge de Cécilia Rouaud (2023)

L'excellent François Damiens incarne ici un tueur à gages, handicapé par les évanouissements qu'il subit... à la seule vue du sang. Stéphanie et Karim, ses nouveaux voisins, ignorent évidemment tout de ses activités illicites. Le payeront-ils de leur vie ? Faux suspense. Cette aimable comédie parle aussi du monde du travail. Avec acidité !

→ À lire aussi :
Sur la route du cinéma / Le tour d'écran

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L'auberge rouge
Film français de Gérard Krawczyk (2007)

Outche ! Trois des membres du Splendid (Balasko, Clavier et Jugnot) cachetonnent allégrement dans ce remake d'un vieil Autant-Lara. Autre vedette du casting: Anne Girouard, la Guenièvre de Kaamelott. Tout ce beau monde nous embarque dans un très vilain estaminet campagnard. Des commerçants y assassinent leurs clients ! Atroce...

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Flubber
Film américain de Les Mayfield (1997)

À réserver aux plus jeunes d'entre nous et/ou aux amoureux (endeuillés) du grand Robin Williams. Cette petite production Disney fait de lui un savant fou oublieux... de la date de son mariage ! Abandonnée à l'autel, sa promise pourrait dès lors préférer un bellâtre quelconque. À moins qu'une miraculeuse invention lui sauve la mise...

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Circulez y'a rien à voir !
Film français de Patrice Leconte (1983)

Vue pour Michel Blanc, cette pochade typique "années 80" m'a permis de retrouver d'autres chers disparus: Jane Birkin et Jacques Villeret. L'histoire ? C'est celle d'un flic qui tombe amoureux d'une femme inconnue, au point de la suivre partout où elle va (et jusqu'au Brésil). C'est léger comme tout et très bien interprété. À redécouvrir, donc...

→ À lire aussi : L'oeil sur l'écran

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Le roi de coeur
Film français de Philippe de Broca (1966)
Un long-métrage pacifiste, incompris à sa sortie. Adapté en comédie musicale et, à la fin des années 1970, passé (48 fois) à Broadway. Octobre 1918: un soldat écossais est chargé de désamorcer la bombe que les Allemands ont laissée derrière eux dans un village de Picardie. Et les pensionnaires d'un asile d'aliénés s'échappent ! Un air de Fellini.

→ À lire aussi :
L'oeil sur l'écran / Newstrum / Inisfree

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Coup de théâtre
Film américain de Tom George (2022)

Ambiance Agatha Christie dans ce whodunnit qui se moque gentiment de ce genre littéraire suranné. Toute la question est en fait de savoir qui a tué Leo Köpernick, un réalisateur de cinéma - américain - décidé à adapter à sa sauce la pièce policière qui triomphe à Londres. Dans la lignée d'À couteaux tirés, un long-métrage correct, sans plus.

→ À lire aussi :
L'oeil sur l'écran / Le blog de Dasola

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Et j'avais donc une question, par ailleurs...

Elle est toute simple: appréciez-vous ce type de chronique "multiple" ?

mardi 19 novembre 2024

Bon...

Un mois complet: je trouve que ma "pause" (imprévue) a assez duré. C'est pourquoi je reviens vous parler de cinéma, dès ce jeudi midi. Merci à vous si vous avez patienté et/ou pris de mes nouvelles. J'espère que nous connaîtrons une fin d'année radieuse en salles. Prochaine étape: des films d'hier... et d'aujourd'hui. Comme toujours.

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Un dernier mot...

J'ai enfin répondu à vos derniers commentaires. Et je vais continuer !