Une chronique de Martin
Cette fois, c'est bon: en différé d'une petite journée, j'ai eu le temps de préparer ma chronique sur les Oscars. Je répète à toutes fins utiles que le principe de cette "analyse" est parfaitement identique au concept même du blog: donner mon point de vue et, éventuellement, l'envie de voir les films de la liste que j'ai appréciés. Ce que j'écris est subjectif, assumé comme tel et ouvert au débat. Je réponds rarement aux commentaires, mais je lis avec plaisir d'autres opinions. Même muet, je demeure donc à portée de souris !
C'est peut-être d'ailleurs le seul avantage que j'ai sur l'autre homme silencieux de cette saison cinéma, j'ai nommé Jean Dujardin. Et lui encore, je peux comprendre que, si prolixe d'habitude, il reste désormais sans voix: The artist, le long-métrage dont il est le héros et dont j'ai déjà tant... parlé, vient d'achever sa collecte de prix internationaux avec cinq Oscars. L'Académie récompense le film comme le meilleur de l'année ! Elle offre également une statuette dorée à Michel Hazanavicius, réalisateur, à Jean Dujardin catégorie premier rôle masculin, à Mark Bridges pour les costumes et pour finir à Ludovic Bource pour la musique. Un triomphe que je juge largement mérité, même s'il a fallu passer par un peu de lobbying. Outre les qualités intrinsèques du film, c'est vraiment l'enthousiasme de l'équipe que je trouve agréable à voir et vraiment communicatif.
On pourrait presque en rester là avec un peu de mauvaise foi franchouillarde. Ce serait toutefois dommage, je trouve, de parler d'échec pour les autres films présentés cette année aux suffrages académiques. En ce qui me concerne, je ne parviens pas à laisser dire que Hugo Cabret n'a pas bien marché. Si son succès public reste effectivement discutable, il a quand même obtenu la reconnaissance de la profession, avec pas moins de cinq Oscars, lui aussi. Je sais bien qu'il est habituel de considérer les différents Oscars techniques comme de rang inférieur à ceux qui viennent consacrer les hommes et femmes de cinéma, acteurs et réalisateurs. Je constate toutefois que le film de Martin Scorsese s'est donc lui aussi offert un joli tir groupé, récompensé pour sa direction artistique, sa photo, ses sons, son mixage et ses effets spéciaux. Tout ça pour une oeuvre que j'ai négligée et qui rend hommage aux pionniers du cinéma... français !
Je reviens aux hommes et femmes à l'écran, maintenant. Honneur aux dames, d'abord, et à La dame de fer qui vaut à Meryl Streep d'empocher un nouvel Oscar - son troisième toutes catégories confondues. Il n'est pas dit que je n'irai pas voir le film. J'en ai lu beaucoup de critiques assez négatives, arguant que la réalisatrice aurait dressé un portrait trop complaisant de Margaret Thatcher. Reste que j'ai également le sentiment que l'Académie a le devoir d'honorer une prestation remarquable, même quand elle se manifeste dans un film médiocre. Ce qui m'étonne ici, c'est qu'elle ait choisi d'offrir au long-métrage un doublé, couronnant à la fois son actrice principale... et son équipe de maquillage. J'y vois un petit paradoxe. Peut-être que finalement, j'irai vérifier. Ce n'est pas ma priorité.
Je ne suis pas pressé non plus de voir La couleur des sentiments, film qui vaut à Octavia Spencer l'Oscar du meilleur second rôle féminin. Certains critiques taxent déjà l'Académie de conservatisme bien-pensant pour avoir attribué cette récompense à une actrice noire, qui plus est pour un long-métrage qui parle de ségrégation raciale. Je ne sais pas si c'est injuste ou fondé. Je crois franchement que ça peut être les deux. Je constate toutefois que, chez nous aussi, les acteurs "de couleur" ont encore souvent du mal à se faire une place au soleil. Je note également que, quand ils y arrivent quand même, ça paraît aussi suspect à certains. Le plus sage restera sans doute de ne pas juger avant de voir le(s) film(s) concerné(s).
Parmi mes lacunes, il y a aussi Beginners, pour lequel le vétéran Christopher Plummer - 82 ans - a eu l'Oscar du meilleur second rôle masculin. C'est un doublé pour le Canadien qui s'était déjà vu décerner le Golden Globe dans la même catégorie. Une consécration tardive qui lui a valu de s'adresser à sa statuette en lui demandant où elle était passée, elle qui n'avait jamais que... deux ans de plus que lui ! J'aime cette distinction des vieilles gloires hollywoodiennes et presque honte du coup à parler d'un acteur dont je ne connais rien. En cours de rattrapage, je pourrais commencer par ce long-métrage et ce personnage de vieillard acceptant enfin son homosexualité. Faute de certitude, j'espère en avoir prochainement l'occasion.
Celle de découvrir enfin The descendants devrait être plus proche. Plusieurs raisons me poussent vers ce film, même si je traîne encore pour aller le voir. George Clooney est la plus évidente. What else ? J'ai vu un autre film du réalisateur Alexander Payne, que j'avais plutôt bien aimé. Je vous laisse consulter les archives pour retrouver de quoi je parle exactement. Autre possibilité: attendre la chronique de son dernier opus. Je n'ai pas de date précise à vous donner. Simplement l'information principale: c'est l'Oscar du scénario adapté que l'Académie a donné au long-métrage. On y découvre Hawaï, lieu de vie d'un père et de sa femme adultère tombée dans le coma...
On dirait du Woody Allen, vous dites ? Un peu, c'est vrai. Je précise alors que le grand névrosé du cinéma US a lui aussi su séduire l'Académie cette année. Sauf erreur, c'est la quatrième statuette obtenue au cours de sa longue carrière. Minuit à Paris est venu prendre la récompense du scénario original. Son auteur, lui, est resté chez lui, fidèle à son image de grand inquiet devant l'éternel. Dommage qu'il ne se force pas un peu, mais bon... c'est son travail qui demeure le plus important. Et je dois admettre que de mon point de vue, ce Woody millésime 2011 restera plutôt comme un bon cru.
En revanche, j'avoue également que je n'ai pas donné à Millenium cette chance qu'il aurait pu mériter. J'ai même été un tantinet dépité que David Fincher ne trouve rien d'autre à réaliser que le remake immédiat d'un film suédois, lui-même tiré d'une trilogie de polars littéraires - la fameuse série éponyme de Stieg Larsson. J'entretiens d'ailleurs un rapport étrange avec toute cette histoire. Avec un héros journaliste menacé par les puissances financières, elle me semblait tout avoir pour me plaire, mais, même sur papier, elle ne m'a pas franchement emballé. Je la laisse donc revenir vers moi (ou pas). Tout en constatant que c'est pour le montage que le film de Fincher a convaincu l'Académie. De fait, là-dessus, Fincher sait s'entourer.
En bref, maintenant. Pour Rango, je n'ai rien de plus à dire aujourd'hui, si ce n'est que je trouve mérité qu'il se soit vu offrir l'Oscar du meilleur film d'animation. J'avais vraiment apprécié l'abattage du duo Gore Verbinski / Johnny Depp sur cette petite perle ultra-référencée. J'aimerais même bien y replonger une seconde fois en VO. En attendant leurs projets suivants, communs ou individuels.
Pour Une séparation non plus, je n'ai pas grand-chose à ajouter désormais. Je vous reparlerai d'un long-métrage qui aurait pu faire un autre Oscar du meilleur film en langue étrangère, mais, avant ça, je me contente de saluer une nouvelle fois le travail du réalisateur iranien Asghar Farhadi. Il est très probable que des raisons politiques aient conduit certains académiciens à lui accorder leur suffrage. Qu'importe, au fond: ancrée dans la réalité de son pays, sa fiction est une oeuvre forte, à portée universelle. Je dirais la confirmation d'un vrai talent, doublé d'un grand courage. Vivement la prochaine !
Éclectisme des catégories oblige, j'en viens maintenant à présenter un projet dont je ne suis pas sûr qu'il sortira en France: la version filmée de The Muppets. Je connais très mal la série-culte des années Dieu-sait-combien. J'ai juste quelques images en mémoire... Kermit la grenouille, Piggy la cochonne, les deux vieux qui jugent la totalité des autres habitants du monde "la-men-table", le Cookie Monster couleur bleue... et c'est tout. L'Oscar obtenu par ce bestiaire ? Celui de la meilleure chanson. Elle n'a même pas été jouée sur scène !
J'ai très peu d'informations également sur l'Oscar du documentaire. Simplement, je sais qu'il a été décerné à trois réalisateurs différents, dont un dénommé TJ Martin, et que ce dernier rentrerait du coup dans l'histoire comme tout premier cinéaste noir récompensé par l'Académie américaine ! Le titre de son film ? Undefeated. Apparemment, ça parle de football US et d'un groupe de losers magnifiques, qui se mettent à tout gagner. Je ne suis pas persuadé de pouvoir bientôt être plus précis, faute d'opportunité pour voir ça.
Même constat pour les courts-métrages. J'illustre mon petit topo avec une photo de l'Oscar 2012 du meilleur court-métrage de fiction, The shore, de Terry et Oorlagh George - inconnus à mon bataillon. Désolé, mais je n'ai pas plus d'infos sur les deux autres lauréats. Juste qu'un certain William Joyce fait valoir ses talents d'animateur avec The fantastic flying books of Mr. Morris Lessmore. J'ajoute simplement que Sharmeen Obaid-Chinoy et Daniel Junge, eux, s'illustrent avec Saving face, Oscar du meilleur court-métrage documentaire. L'histoire du chirurgien plastique de femmes blessées.
Vous voilà parvenus au terme de ma chronique des Oscars: bravo ! Récompense ultime de votre ardeur à la lecture, je souligne rapidement pour finir que deux statuettes d'honneur sont venues récompenser les belles carrières de James Earl Jones et Dick Smith. Je connais mieux le premier: acteur cinéma et télé depuis le milieu des années 60, aujourd'hui âgé de 80 ans, il s'est rendu inoubliable pour avoir été la voix originale de Dark Vador dans Star wars, première trilogie du nom. Le second, maquilleur, doit fêter en juin ses 90 étés: il a notamment oeuvré dans de nombreux classiques comme Macadam cowboy, Little big man, Le parrain ou Amadeus. Voilà: avec ça, je crois n'avoir rien oublié. Ah si, pardon: l'initiative de Jodie Foster qui, bien que privée de compétition, a offert le DVD de son film, Le complexe du castor, aux membres de l'Académie. J'en redirais peut-être un mot ou deux, à l'occasion. Il me faut désormais conclure cette longue tirade. See you next year, Oscar !