vendredi 26 février 2021

Un goût d'eau salée

Le premier film d'animation que j'ai vu cette année est l'adaptation d'un manga récent et s'intitule - comme lui - Les enfants de la mer. Un soir de janvier, une très forte envie de m'évader de mon quotidien m'a conduit à le regarder en priorité. C'est à la fois une merveille graphique et une oeuvre vraiment difficile à analyser. Bon, j'essaye...

Ruka, une pré-adolescente, est la meilleure attaquante de son équipe de handball. Vexée par une adversaire, elle s'énerve et, sur l'action suivante, blesse sciemment sa rivale d'un coup de coude au visage. Son entraîneur n'obtient pas les excuses attendues et l'exclut dès lors du groupe. Ruka ronge donc son frein et décide d'aller voir son père sur son lieu de travail: l'aquarium de la ville. Dans l'un des bassins principaux, elle découvre... un garçon élevé par des mammifères marins ! C'est à partir de là que le scénario se complique vraiment. Pour en profiter, j'ai décidé de "débrancher mon cerveau" et essayé de me contenter d'une posture contemplative. Je me répète: j'ai vu des choses superbes. Complexes, oui, mais superbes ! Grand voyage !

Livré sans notice explicative, le film a de quoi dérouter. Les kids amateurs de dessins animés (japonais ou non) pourraient bien avoir du mal à comprendre les personnages - et ce même s'ils ont leur âge. Je parle au conditionnel, parce qu'en fait, je n'en sais fichtre rien ! Par ailleurs, je me dis que ce n'est pas forcément le plus important. De par sa beauté même, Les enfants de la mer délivre un message écologique et spirituel qui suffit largement à le rendre intéressant. Finalement, ne pas avoir tout rationalisé me satisfait: les mondes océaniques gardent une part de mystère et laissent une grande porte ouverte à notre imagination, quitte à ce que la poésie s'engouffre avec elle dans la brèche. Le reste n'est qu'une affaire de sensibilité. Je ne regarderais pas un tel film tous les jours, mais je trouverais désolant de devoir m'en passer. Seuls 67.132 Français ont vu cet opus en salles, où il était sorti en plein été. Ce total faiblard peut grimper !

Les enfants de la mer
Film japonais d'Ayumu Wanatabe (2019)

J'ai hésité à donner ces quatre étoiles pleines, mais la grande beauté de certains plans me pousse vers cette note généreuse. J'insiste toutefois pour vous alerter sur la complexité du scénario, en notant que l'histoire est prolongée de quelques minutes APRÈS le générique ! Autour du monde marin, je conseille de (re)voir Ponyo sur la falaise et La tortue rouge. Car oui, Le monde de Nemo, c'est autre chose...

mercredi 24 février 2021

Une idée du chaos

Elle a un prénom de reine, mais sans les honneurs liés à la couronne. Victoria est avocate et cumule les emmerdements: une vie affective réduite au néant, un ex qui écrit des horreurs sur elle, un ami instable à défendre devant la cour d'assises et deux filles pas-très-sages. Suggestion du jour: la plongée dans un drôle de tourbillon existentiel !

On a demandé à Justine Triet, la réalisatrice-scénariste de Victoria, si son deuxième opus était "un film joyeux sur la dépression" (sic). Elle a plutôt cherché à tourner "une comédie "désespérée" sur la vie chaotique d'une femme contemporaine". Et oui, elle y est parvenue ! Grâce à son interprète principale, bien sûr, l'excellente Virgine Efira. Attention: nous sommes au cinéma et, par conséquent, les péripéties proposées par le scénario paraissent parfois un peu rocambolesques. Quelque chose me fait dire pourtant que chacun pourra se reconnaître dans ce portrait, loin d'être aussi hilarant, à mes yeux, qu'un extrait de Télérama l'avait proclamé... sur l'affiche même du long-métrage. Choisi à Cannes pour ouvrir la Semaine de la critique en 2016, le film révèle plusieurs facettes dignes d'intérêt. Je n'ai jamais ri aux éclats devant mon écran de télé, mais j'ai vu quelques nuances assez fines derrière les personnages caricaturaux. Ce qui rend le tout "réaliste"...

Vous l'aurez compris: plusieurs hommes gravitent autour de l'héroïne. Les acteurs s'illustrent, eux aussi, à commencer par Vincent Lacoste et Melvil Poupaud, duo chic et choc parfaitement complémentaire. Dans leur sillage, tout le casting tient la route, avec une mention spéciale pour Laure Calamy, rigolote dans son petit rôle de juriste agitée. La fantaisie du film vient aussi qu'il laisse certaines clés narratives à des animaux, comme s'il était plausible qu'un chien puisse être expertisé par un tribunal ou qu'une guenon y soit entendue comme témoin dans un dossier criminel. Le récit étant d'une fluidité impeccable, je me suis donc accroché à cette histoire sans difficulté. Victoria n'invente rien sur le plan de l'image, mais se classe aisément dans la catégorie des divertissements malins (et sans prétention). Surprise: il n'a reçu aucun des cinq César auxquels il était nommé. Dommage ! Et tant pis: cela n'enlève évidemment rien à ses qualités !

Victoria
Film français de Justine Triet (2016)

Un chouette film ! La réalisatrice se dit inspirée par plusieurs auteurs comiques, comme Howard Hawks, Billy Wilder ou Blake Edwards. Bon... la barre est haute, tout de même, même si certains critiques mentionnent une parenté avec Woody Allen et/ou John Cassavetes ! Par le côté psy, pourquoi pas ? Il y en avait un aussi dans Deux moi. Sur le tourbillon de la vie, Frances Ha est bien aussi, côté américain.

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Le film a plutôt eu un bon accueil public...

Il a également été chroniqué chez Dasola, Princécranoir, Strum et Lui.

Attention toutefois à ne pas tout confondre...
En 2015, un autre film - allemand - est sorti sous le titre Victoria. Très bien aussi, ce thriller policier a pu être filmé en une seule prise !

lundi 22 février 2021

Contrastes australiens

C'est un fait: le nombre de films océaniens que je vois chaque année se compte sur les doigts d'une seule main. Goldstone fait donc figure d'exception dans ma cinéphilie voyageuse, mais j'avais repéré ce film australien comme étant la suite de Mystery road, vu l'année dernière. Prendre des nouvelles de Jay, le personnage principal, m'a fait envie !

Regardez-le, à gauche: le flic du premier opus a changé de look. Désormais, il a les cheveux longs et une fâcheuse tendance à boire beaucoup. Ce qui n'arrange pas son cas, sachant que ses origines aborigènes lui valent le mépris des notables blancs de la petite ville où il enquête sur la disparition... d'une jeune Chinoise. On découvrira avec lui combien ces mêmes notables sont racistes et corrompus. Précision: ceci n'est pas forcément un spoiler ! Goldstone est un film policier, certes, mais ce n'est pas ce que je trouve le plus intéressant. C'est plutôt la manière dont il dissèque une petite communauté humaine qui me fascine ici. Et les acteurs paraissent très impliqués...

Oui, une nouvelle fois, Aaron Pedersen impose son charisme minéral. Il est bien accompagné... et je tiens à citer Jacki Weaver, l'actrice présente sur ma première photo, parfaite dans un rôle ambivalent. Mention spéciale également pour David Gulpilil, que j'avais découvert il y a longtemps dans... Crocodile Dundee (un film très différent) ! C'est tout un petit monde qui se déploie - lentement - sous nos yeux. Goldstone joue sur les contrastes, à rebours d'une certaine image préconçue que, pour ma part, j'ai de l'Australie. S'agirait-il d'un film réaliste pour cette même raison ? Je manque d'infos pour en juger. Cela étant, je peux vous assurer que j'ai passé un chouette moment devant ma télé, non sans noter que le film n'a jamais eu la chance d'être projeté dans les salles françaises. Il s'est toutefois prolongé d'une série, récemment diffusée sur Arte, mais que je n'ai pas vue. Cette fois, c'est peut-être vous qui m'en direz davantage sur le sujet !

Goldstone
Film australien d'Ivan Sen (2016)

Ce deuxième volet m'a moins surpris que le premier, mais autant plu. C'est du cinéma "brut de décoffrage", comme je préfère les polars présentés sur grand écran. Je réitère ce que je vous disais au cours du mois de mai dernier: La isla mínima et Memories of murder m'apparaissent dans cette veine. La part d'inconnu inhérente au pays étranger compte, bien sûr, dans ma comparaison ET ma satisfaction !

samedi 20 février 2021

Façon puzzle

"Le cinéma reste un art secondaire en Roumanie". Ce n'est pas moi qui le dis, mais Corneliu Porumboiu, un cinéaste que j'ai découvert récemment avec le dernier de ses cinq longs-métrages: Les siffleurs. Son pays, assure-t-il, aurait perdu deux générations de spectateurs. "Mon" film d'aujourd'hui a donc des producteurs français et allemands.

Il raconte l'histoire de Cristi, un policier qui est aussi un petit truand. Difficile d'être serein: ses collègues se méfient de lui et les mafieux qui l'emploient ne lui accordent guère plus de confiance. La situation s'avère tendue, d'autant que Gilda, une très jolie femme (fatale ?), l'attire sur une île des Canaries, où il est censé apprendre un langage sifflé bien utile pour communiquer avec ses complices et faire libérer un entrepreneur véreux coincé par les flics. Vous trouvez mon résumé improbable et compliqué ? Voyez donc le film: totalement déstructuré sur le plan chronologique, il est bien loin d'être facile à comprendre ! Pire, je l'ai senti un peu "artificiel" et pour cette raison, il m'a déçu...

Jusqu'au prénom de l'héroïne, Les siffleurs reprend une bonne partie des codes du film noir, les triture dans tous les sens et accouche alors d'un récit souvent trop abscons pour être honnête. Je trouve vraiment que c'est dommage: pour avoir intégré d'autres références visuelles au cinéma classique, et notamment au western, cet "objet" hybride aurait sans doute davantage pu me parler. Son indéniable originalité a évidemment plu à d'autres et tant mieux, donc, pour la Roumanie ! Je peux - presque - comprendre ceux qui n'y voient qu'une comédie. Disons que Corneliu Porumboiu a de bonnes références, en tout cas. Je suis resté sur ma faim, mais respecte son travail. À vous de juger.

Les siffleurs
Film roumain de Corneliu Porumboiu (2019)

Pour l'aspect puzzle, Pulp fiction reste - à mes yeux - plus accessible. Ce méli-mélo policier aurait pu être ludique: je suis "passé à côté". Reste la possibilité de découvrir d'autres horizons: la froide Bucarest d'abord, puis La Gomera (île canarienne et titre original du film), avant d'atterrir à Singapour: avis, donc, aux amateurs de voyages. Bon plan: (re)voir un classique du noir au féminin, Laura ou... Gilda !

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Et qu'en pensent mes petits camarades ?

Je vous laisserai aller le découvrir chez Pascale, Dasola, Strum et Lui.

jeudi 18 février 2021

Deux avec Jean-Pierre

La récente (et soudaine) disparition de Jean-Pierre Bacri m'a attristé. Il avait dit: "On ne s'évade jamais aussi bien qu'avec des paysages humains". Les "hommages" rendus à la télé m'auront au moins permis de revoir deux de ses films et de vérifier alors que ce prétendu râleur invétéré savait et tenait à partager la lumière. L'humilité des grands !

Un air de famille
Film français de Cédric Klapisch (1996)

Henri est le patron d'un petit bistro hérité de son père. Les affaires vont mal. Mais puisque c'est l'anniversaire de Yolande, sa belle-soeur, Henri voit débarquer sa mère, son frère et sa soeur, le groupe souhaitant aller au restaurant pour une petite fête. Cette soirée rituelle vire rapidement au jeu de massacre, les rancoeurs familiales ressortant toutes d'un coup. Petit miracle: ce film pathétique et cruel sait également se montrer drôle et tendre, sans moralisme excessif. Auteur du scénario avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri brille avec elle et fédère une jolie troupe d'abord née au théâtre: Catherine Frot, Claire Maurier, Wladimir Yordanoff et Jean-Pierre Darroussin (serveur au grand coeur, mais assez maladroit) sont vraiment tous excellents. Je vous laisse découvrir seuls l'importance d'un chien appelé Caruso. La mise en scène de Cédric Klapisch ajoute de bonnes trouvailles visuelles pour transformer ce quasi-huis clos en joli film de cinéma. Parmi elles: trois beaux mini-flashbacks sur le Come prima de Dalida. Toute ressemblance avec des personnes existantes n'est pas fortuite !

Le goût des autres
Film français d'Agnès Jaoui (2000)

Première réalisation pour Agnès Jaoui... et César du meilleur film ! Cette fois, Jean-Pierre Bacri est le patron d'une entreprise en passe de signer un très gros marché avec des partenaires iraniens. Un deal qui l'oblige à apprendre l'anglais, ce qu'il fait auprès d'une comédienne de théâtre - qu'il découvre sur scène et qui le fascine complètement. Autant le dire pour être clair: la confrontation des deux milieux industriel et artistique sera ravageuse, même pour les personnages secondaires - la femme au foyer, le chauffeur, le jeune peintre homosexuel, le garde du corps, la serveuse de bistro dealeuse de shit à ses heures perdues... une certaine lecture du "vivre ensemble" cher à notre vieille République. Bilan: de bonnes choses, mais un peu d'outrance aussi, ainsi qu'un découpage en toutes petites séquences parfois un peu fastidieux. La distribution est cependant un régal absolu, avec par exemple Anne Alvaro, Alain Chabat, Gérard Lanvin, Anne Le Ny ou encore - à nouveau - le regretté Wladimir Yordanoff. Pour elles et eux, mes trois étoiles sont (peut-être) un rien sévères...

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Oui, mais encore ?

Je suis encore bien loin d'avoir vu tous les rôles de Jean-Pierre Bacri. J'ignore totalement le titre de ma prochaine "séance de rattrapage". Rappel: Cuisine et dépendances, Grand froid et Le sens de la fête sont, eux, déjà chroniqués sur Mille et une bobines. Le génial bougon est aussi apparu dans Santa & Cie ! Mais je tiens à garder le secret...

Et les liens ?
Un air de famille et Le goût des autres sont sur "L'oeil sur l'écran". Dasola s'était montrée vraiment lapidaire avec le deuxième nommé ! Sur d'autres blogs, vous lirez un hommage et retrouverez une vidéo chez Pascale. Princécranoir, lui, a évoqué le récent Place publique. Tout ajout et/ou complément d'info est le bienvenu en commentaires.

mercredi 17 février 2021

James à jamais ?

J'ai dit et répété que Sean Connery avait éprouvé de vraies difficultés à quitter le costume de James Bond. L'Écossais a créé le rôle en 1962 dans James Bond contre Docteur No et y est revenu plusieurs fois jusqu'en 1983 (et le bien nommé Jamais plus jamais). Le film d'hier m'a donné envie de vérifier... comment les autres s'en étaient sortis !

George Lazenby (1969)

Il faut savoir que le dernier 007 interprété par Connery est considéré comme un épisode "indépendant" et qu'il s'agit en réalité d'un remake d'Opération Tonnerre sorti, lui, en 1965. N'empêche: dans la liste des Bond officiels, Lazenby vient s'intercaler entre deux films joués par son très illustre prédécesseur. Au service secret de Sa Majesté sera le premier rôle de l'Australien au cinéma et fut son seul Bond ! L'histoire retient qu'il était à l'époque le plus jeune interprète du rôle. Ensuite, il a fait une carrière discrète, sur petits et grands écrans. Aujourd'hui, à 81 ans, il apparaît loin de la lumière des projecteurs...

Roger Moore (1973 - 1985)
Il fut, au printemps 2017, le premier James de cinéma à nous quitter. Après sept épisodes, il avait sans doute plus que rempli sa mission ! J'avais de la sympathie pour ce type, que j'ai croisé au moins une fois dans ma vie. Ses films, en revanche, me laissent plutôt indifférent. Cela dit, je reverrai bien son dernier 007: Dangereusement vôtre. J'avoue que je n'ai vu aucun autre des longs-métrages qui ont suivi. Cela dit, j'imagine que, pour beaucoup, Moore était un acteur de télé et le grand complice de Tony Curtis dans la série Amicalement vôtre. En 1991, l'Unicef l'avait nommé "ambassadeur des droits des enfants".

Timothy Dalton (1987 - 1989)
Deux épisodes "seulement" pour ce nouvel interprète, mais j'en garde un souvenir marquant: celui d'un James Bond dévalant une piste enneigée sur l'étui d'un violoncelle - c'était dans Tuer n'est pas jouer. D'autres ont en outre noté que cet opus est le dernier mis en musique par l'immense John Barry, lequel apparaît pour la toute première fois à l'écran et devait encore signer une quinzaine de bandes originales avant de prendre une retraite méritée. Dalton, lui, n'est plus visible au cinéma depuis 2010 et devrait fêter ses 75 ans le mois prochain. Apparemment, il a encore un (petit) rôle dans une série: Doom Patrol.

Pierce Brosnan (1995 - 2002)
C'est peut-être injuste, mais j'associe l'acteur irlandais aux blagues lourdingues qui ont quelque peu plombé la franchise James Bond. D'après certaines sources, lui aussi a souhaité casser son image d'espion après les quatre volets auxquels il a participé - de GoldenEye à Meurs un autre jour. Je ne suis pas certain qu'il y soit parvenu. Cela dit, à 67 ans, il tourne encore, au cinéma et à la télévision. Fait notable: il a été le premier à prêter sa voix... pour des jeux vidéo autour de 007. Il a adopté la nationalité américaine et s'est engagé pour plusieurs causes, dont la lutte contre le cancer du sein. Respect !

Daniel Craig (2006 - 2021 ?)
Lui doit être James Bond une dernière fois cette année... si la crise sanitaire l'y autorise, la sortie en salles de Mourir peut attendre ayant déjà été reportée à plusieurs reprises ! Avec cinq épisodes derrière lui, il inscrirait alors son nom dans l'histoire de la saga comme l'un des interprètes les plus prolifiques. Une vraie revanche pour celui qu'au départ, certains avaient surnommé "James Blonde". Craig aurait touché 25 millions de dollars grâce à cet ultime oups. Jeune papa de 52 ans, il a la vie devant lui pour jouer autre chose. C'est bien ce qu'il a toujours fait lors de sa carrière, débutée en 1992.

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Une petite précision s'impose...
Avant le cinéma, c'est à la télévision que James Bond est né à l'écran. C'était en 1954 dans une adaptation de Casino Royale, le tout premier des romans de Ian Fleming, avec un certain Barry Nelson dans le rôle principal. 007 y était un agent américain ! Une série devait suivre sous l'intitulé Commander Jamaïca. Mais ce projet finit par capoter...

Et vous, vous avez une préférence ?
Je vous laisse me dire ce que vous pensez des Bond en commentaires.

lundi 15 février 2021

Un shérif dans l'espace

Sean Connery n'avait pas complètement tourné la page James Bond l'année où il accepta le premier rôle de Outland : Loin de la Terre. L'Écossais avait toutefois assez de poids pour obtenir que ce film américain soit tourné aux studios anglais de Pinewood. Il se dit aussi qu'avant d'y aller, il avait pu retravailler le script avec le réalisateur...

En l'état, Outland... m'est apparu comme un honnête divertissement. Il nous emmène dans le futur: les hommes ont su coloniser l'espace jusqu'à Jupiter et exploitent une mine sur Io, l'un de ses satellites. Sur ce (très gros) bout de caillou, les rendements des activités d'extraction progressent régulièrement, au bénéfice des actionnaires de la compagnie, et alors même que plusieurs accidents successifs laissent penser que la situation des salariés n'est pas aussi idyllique. C'est là que notre ami Sean intervient: en tant que chef de la police locale, il souhaite comprendre ce qui se passe et arrêter les criminels qu'il imagine cachés derrière les dysfonctionnements de la station. Qu'importe alors si, pour cela, il faut faire des vagues: le shérif O'Niel reste persuadé que c'est précisément la mission qui lui a été confiée. Et, vu l'acteur choisi pour incarner le personnage, on y croit aussi ! Est-ce que ce serait en lien avec le prestige de l'uniforme ? J'en doute.

Ce qui est sûr, c'est que le film porte fièrement ses quarante ans. Évidemment, les techniques modernes donnent aux images virtuelles une force peu commune, mais, ici, l'allure vintage de certains plans confère au long-métrage un charme certain, encore appuyé bien sûr par le charisme de l'interprète principal. Les techniciens ont bossé dur pour construire un décor crédible, en prenant sans aucun doute un peu de leur inspiration dans d'autres films de science-fiction antérieurs. Ce qu'ils ont bâti semble immense et, pourtant, on peut vite s'y sentir enfermé, ce qui renforce largement le caractère anxiogène du récit. Tout cela n'échappe pas à quelques clichés, mais je suis convaincu que les amateurs de cinéma de genre à l'ancienne s'en satisferont. Parmi les bonnes surprises: la présence d'un personnage féminin fort et qui s'avère tout à fait déterminant pour la conclusion de l'intrigue. Bref, si Outland... tient de la série B, le bilan est plutôt satisfaisant !

Outland : Loin de la Terre
Film américain de Peter Hyams (1981)

J'ai une tendresse particulière pour ce cinéma sans grande prétention. Les années 70-80 en ont offert beaucoup et, dans d'autres cadres narratifs, j'ai bien apprécié Les grands fonds, Runaway ou Rambo. Je cite aussi New York 1997 et vous laisse choisir vos space operas. Notez au passage que la longue séquence finale de mon film du jour permet un certain rapprochement avec... Le train sifflera trois fois !

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Et maintenant, avant de prendre la navette retour...

Je vous informe qu'une autre chronique existe sur "L'oeil sur l'écran".

samedi 13 février 2021

Marginaux

Laisser une place à l'imprévu: c'est, à mon avis, la clé d'une cinéphilie épanouie. Un soir de janvier, à l'instant où je tergiversais sur le film à choisir pour la soirée, j'ai retrouvé mes ex-camarades d'association sur une plateforme Internet et on m'a conseillé La vie de bohème. L'idée était de le regarder sur le site d'Arte et d'en débattre ensuite...

Avis aux amateurs: c'est en fait jusqu'à fin avril qu'Aki Kaurismäki reçoit les honneurs de la petite chaîne franco-allemande, qui a choisi d'alimenter son site Arte.tv en diffusant plusieurs oeuvres du cinéaste finlandais. Celle dont je vais vous parler aujourd'hui est en français ! Logique, en fait, puisqu'elle se passe à Malakoff, joyeuse bourgade des Hauts-de-Seine. On y rencontre Rodolfo, un peintre albanais dépourvu de permis de séjour, Marcel, un écrivain expulsé de chez lui faute d'avoir payé son loyer, et Schaunard, un Irlandais musicien porté sur la bibine. Les trois amis adoucissent leur grisâtre quotidien grâce à quelques repas partagés et autres expériences sympathiques. Et, évidemment, il y a les femmes, Musette et Mimi, aussi fauchées qu'eux, mais dont la seule présence tempère les rigueurs de l'hiver. Tout cela devrait mal finir pour respecter le roman quasi-éponyme d'Henry Murger (1851) et son adaptation lyrique par Giacomo Puccini !
 
Vous le verrez: les miroirs d'Aki Kaurismäki ne sont pas déformants. Pourtant, le Scandinave m'épate toujours pour sa capacité à inventer des images qui sont décalées et à la fois proches de la réalité brute. C'est assez difficile à expliquer: l'aspect "carton-pâte" des décors n'empêche pas le film d'apparaître très vrai, comme saisi sur le vif. L'implication et le talent des acteurs nous permettent d'y croire. Certains de ces comédiens ne parlaient même pas un mot de français avant le tournage: ils ont donc dû apprendre leur rôle en phonétique. Sincèrement, ils ont bien travaillé et s'avèrent tout à fait crédibles. C'est l'un des atouts de La vie de bohème, dont la qualité première reste sans doute d'apporter de la poésie à un environnement glauque. La superbe photo noir et blanc y est pour quelque chose, bien sûr. Peut-être faut-il y voir un héritage tardif du réalisme poétique propre au cinéma français des années 30 (entre autres références affichées). C'est ainsi que, sans l'avoir trop anticipé, je me suis laissé émouvoir. N'oublions pas qu'ici, quelque chose parle également... de notre pays !

La vie de bohème
Film franco-finlandais d'Aki Kaurismäki (1992)

J'ai d'autres opus du cinéaste en vue, mais celui-là était déjà réussi ! Il m'a rappelé le premier que j'ai vu en salle: Le Havre (en couleurs). Leningrad Cowboys go America, que j'avais également découvert avec mon association ? C'est une autre veine, mais très bien aussi. Avec sa fibre sociale, Ken Loach n'est pas loin, sans être aussi rieur. Vous pouvez vous mesurer à Looking for Eric ou à La part des anges.

vendredi 12 février 2021

Ce désarroi...

L'année dernière, le 8 mars, je suis allé voir Le cas Richard Jewell au cinéma. Et j'ai opté pour Un divan à Tunis le 27 juin qui a suivi. D'une date à l'autre, 111 jours auront passé. Depuis que mon blog existe, je l'ai vérifié: jamais un temps aussi long ne se sera écoulé entre deux de mes séances dans une salle obscure. Ce triste "record" est égalé aujourd'hui, fermeture des établissements culturels oblige. Depuis Adieu les cons le 24 octobre 2020, quel sentiment de disette ! Bon, pas de stress: je vous parlerai d'un autre film dès demain midi...

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Une précision...

En illustration, vous aurez reconnu Tristesse, du génial Vice-versa. Cette merveille made in Pixar vaut sans doute tous les anxiolytiques !

mercredi 10 février 2021

Avant tout des pilotes

Il fut un temps où je voyais chaque Grand Prix de Formule 1 télévisé. Cette passion ancienne s'est (un peu) réveillée devant Rush, plongée dans l'univers de la course automobile au mitan des années 70. L'occasion de retrouver James Hunt et Niki Lauda, si cela vous tente. Je n'ai pas connu cette époque sportive que beaucoup jugent dorée...

Sans grande subtilité, le film joue d'emblée sur l'opposition de style entre l'Anglais hédoniste et le - très ! - austère Autrichien. Le premier assume son fier comportement de bad boy, fume, boit, baise et pilote en se souciant peu du lendemain. Le second, lui, est une mécanique réglée au quart de tour, se lève/couche tôt et travaille tout le temps. Naturellement, sur la piste, les deux n'ont qu'une ambition: gagner. Aucune surprise: ils se détestent cordialement, la morgue de Lauda n'ayant finalement pas grand-chose à envier à l'arrogance de Hunt. Maintenant, si vous n'en savez pas déjà plus, je vais éviter d'entrer dans les détails de leur bagarre. Le film est on ne peut plus complet...

Hunt est décédé d'une crise cardiaque en 1993, à 45 ans seulement. Lauda, lui, a vécu jusqu'en mai 2019, assez donc pour être consultant sur le tournage de Rush. Il a indiqué avoir jugé cette représentation fidèle à ce qu'il avait connu, ce qui est sans doute l'argument premier pour faire confiance au récit. Je regrette, moi, que les autres pilotes soient un peu passés à la trappe... et je ne parle pas des à-côtés. Certes, la vie hors-circuits est présente, mais abordée d'une manière très fade. Exemple: les personnages féminins sont presque sacrifiés. Chris Hemsworth et Daniel Brühl, quant à eux, paraissent à leur aise dans le baquet de leur bolide: je suppose qu'ils ont aussi été choisis pour leur ressemblance avec leur modèle - ce qui n'a rien d'infamant. Aujourd'hui, le p'tit monde de la Formule 1 paraît bien plus aseptisé...

Rush
Film américain de Ron Howard (2013)

Avec en outre des producteurs anglais et allemands, le long-métrage s'avère solide sur ses bases, sans éviter les clichés "chevaleresques" propres à cet univers de bruit et de fureur. Une demi-réussite, donc. J'imagine que les images ont plus d'impact sur écran géant: l'année dernière, je m'étais ainsi laissé embarquer au volant de Le Mans 66. Et Jours de tonnerre reste un plan B honnête pour éviter les biopics !

lundi 8 février 2021

La terre retrouvée

Un taxi s'arrête à proximité d'une ferme de la Drôme. Un homme seul descend et s'adresse à un petit garçon: "Il est là, ton grand-père ?". Douze ans après en être parti, Thomas revient chez ses parents. L'enfant est en fait son neveu. Son frère est mort, sa mère à l'hôpital. Il ne reste sinon qu'un vieux père fâché et une belle-soeur inconnue...

Revenir
est un premier film court: une heure quinze minutes environ. On peut dire qu'il aborde plusieurs thèmes: les difficultés du monde rural, la relation de chacun(e) à sa famille, la solitude et le deuil. Beaucoup de choses, donc, et peut-être trop - cela reste discutable. Personnellement, de prime abord, j'ai été surpris que cette histoire nous soit exposée sous la lumière crue du soleil de l'été en Provence. Mais au fond, les sujets retenus sont universels et la sobriété du jeu des acteurs ne prête le flanc à aucune autre critique trop véhémente. J'ai dès lors pris plaisir à redécouvrir Niels Schneider, qui, dans le rôle principal, offre une prestation solide et crédible. Ce que j'attendais...
 
Cela dit, c'est d'abord Adèle Exarchopoulos qui m'a attiré vers le film. Elle y est aussi belle que d'habitude, un peu décalée de son registre habituel, mais de fait plutôt touchante. Le reste de la distribution convainc pleinement, avec notamment Patrick d'Assumçao, mutique comme l'exige son personnage, et Hélène Vincent pour une scène rapide, mais mémorable. Et je n'oublie pas de saluer le petit garçon évoqué au début: Roman Coustère-Hachez, six ans, est très juste. Bref, même si le propos est parfois convenu, je n'ai eu à déplorer aucune faute de goût dans ce récit simple et dépourvu d'esbroufe. J'ajouterai qu'il y a quelques "trous" dans le scénario, mais ils laissent au spectateur la possibilité de les combler lui-même et ne nuisent pas à la bonne compréhension de ce qui est raconté. J'aime cet équilibre !

Revenir
Film français de Jessica Palud (2020)

Je ne suis pas convaincu qu'il faille voir ce film comme le drame contemporain annoncé par certains médias spécialisés. Il me semble plus judicieux de s'intéresser aux personnages plutôt qu'aux situations complexes qu'ils traversent. Établir un lien avec Le démantèlement n'est pas la plus absurde des idées à suivre. Je conseille aux curieux de (re)voir aussi Petit paysan afin d'aller un peu plus loin sur la route.

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Bien sûr, d'autres points de vue se défendent...

Vous verrez par exemple que celui de Pascale est un rien plus nuancé.

samedi 6 février 2021

Le look, coco !

Il y a quelque chose de fascinant dans le cinéma de Quentin Dupieux. "J'ai l'étiquette d'un réalisateur qui fait des films fous", admettait-il courant 2019, lors de la campagne de promotion de son film Le daim. Et de pointer un paradoxe: "Je n'avais jamais vraiment filmé la folie en face". D'où son envie de se frotter "à un personnage qui déraille"...

Chose faite avec ce drôle de machin ? Oui, d'un certain point de vue. Le cinéaste juge ainsi que Le daim est "(son) premier film réaliste". Synopsis: "Georges, 44 ans, et son blouson 100% daim ont un projet". Faire plus court paraît difficile. Sur cette base, QD invente l'histoire d'un mec d'apparence ordinaire, parti de chez lui (Dieu sait pourquoi) et qui arrive dans un village de montagne pour y acheter le vêtement de ses rêves. Parce que le vendeur lui a aussi offert un caméscope numérique, le bougre passe bientôt pour une sommité du cinéma. Débute alors un simili-tournage, dans lequel Georges / Jean Dujardin embarque Denise / Adèle Haenel, apprentie monteuse et serveuse dans un bar du coin. Et tout cela va franchement partir en sucette ! Bien malin qui pourra deviner ce qui arrive ensuite: à vous de juger...

Le daim
n'est pas l'un de ces films qui donnent une explication rationnelle à ce qu'ils disent de la dinguerie de ces drôles d'animaux que l'on appelle les hommes. Soyons clairs: ça passe... ou ça casse. Voilà en tout cas un style qui n'a guère d'équivalent dans le cinéma français, voire mondial ! Bref, une bonne partie du capital-sympathie de ce type de projet tient au fait qu'il reste foncièrement atypique. Certains crieront au génie, d'autres à la fumisterie pure et simple. Pour ma part, je dois avouer que je me situe un peu entre les deux. Que ce type de cinéma existe me réjouit: j'ai une affection sincère pour toute création qui ose sortir des cases et formats préétablis. C'est encore plus le cas lorsque cette forme d'expression artistique s'inscrit dans la durée - ce qui semble avéré pour Quentin Dupieux. Maintenant, je continue à m'interroger sur le sens, sans avoir trouvé de réponse à mes questions. C'est peut-être que j'intellectualise trop !

Le daim
Film français de Quentin Dupieux (2019)

Je me trouve sévère avec mes trois étoiles, mais je ne vois pas trop de raisons d'en accorder davantage. Je continue de trouver la logique du réalisateur sympa, tout en n'étant cette fois qu'à moitié convaincu par le résultat. On notera la brièveté du métrage: une heure et quart. J'avais davantage été séduit par Rubber et Wrong, pour être franc. Ce qui ne veut surtout pas dire que je suis lassé de l'humour absurde !

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Vous voulez approfondir le sujet ?

Un p'tit conseil: la lecture des avis de Pascale, Princécranoir et Strum.

mercredi 3 février 2021

Tempête intérieure

On dit des unions solides qu'elles peuvent traverser les tempêtes. Celle de Jessica Chastain (Samantha) et Michael Shannon (Curtis) dans Take shelter confère à l'expression un sens particulier, littéral. Leur famille serait très ordinaire s'ils n'élevaient pas une petite fille sourde. Mais même ce handicap ne paraît pas affecter leur bonheur...

Si la mécanique se détraque, c'est que Curtis est soudain victime d'hallucinations. Il entend gronder le tonnerre au cours d'un après-midi ensoleillé, constate que des nuages s'accumulent dans le ciel et reçoit quelques gouttes d'une pluie chargée d'une substance visqueuse. Personne d'autre, ni sa compagne, ni sa fille, ni ses amis et collègues de travail, ne remarque rien. Bientôt, pourtant, la situation s'aggrave encore: le jeune père est alors la proie d'éprouvants cauchemars. Est-il en train de devenir fou ? Ou ces rêves seraient-ils prémonitoires et dès lors annonciateurs d'une catastrophe à venir ? C'est la question angoissante que pose Take shelter, qui ne lâche pas son personnage principal d'une semelle et nous expose ses tourments au plus près. L'amour de Samantha changera-t-il la donne ? Ce sera à vous de voir. Je veux rassurer les inquiets: bien qu'explicites, les images du film sont rarement violentes. Malgré, certes, quelques sensations fortes...

On a tous plus ou moins en tête l'image traditionnelle du western américain, où le pater familias, armé d'un fusil, défend la maisonnée des divers dangers venus du monde extérieur. Cette représentation classique est en quelque sorte inversée dans le cas qui nous occupe aujourd'hui: la femme prend les choses en main et pousse l'homme jusqu'au bout de sa logique pour enfin venir à bout du péril supposé. Avant sa superbe fin, Take shelter offre ainsi une première scène d'une grande intensité, jouée dans une pièce faiblement éclairée. L'intelligence du dispositif donne l'impression que ce temps fort contient à lui seul l'intégralité de ce que le long-métrage veut dire. Pour autant, il n'est pas conclusif: la véritable puissance de ce récit tient justement à ce que chacun reste libre de l'interprétation donnée aux images qui suivront, le réalisateur n'ayant qu'à moitié tranché. Une chose me semble acquise: le scénario en appelle à vos qualités d'observation, mais aussi à votre coeur. Grâce aux talents conjugués des comédiens, l'émotion est garantie et les pièges du pathos évités !

Take shelter
Film américain de Jeff Nichols (2011)

C'était grand et beau: j'ai de fait hésité à accorder une demi-étoile supplémentaire. Comme je l'avais espéré, le duo Chastain / Shannon fait vraiment des merveilles: c'est un superbe tandem de cinéma. Certains ont comparé le film à Melancholia, une autre perle noire sortie la même année. Ce n'est pas idiot, mais j'aime autant revenir sur un autre opus cité comme précurseur: La dernière vague (1977) !

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Et si mes arguments ne vous suffisent pas...

Je vous signale la présence de chroniques chez Pascale, Strum et Lui. L'occasion de vérifier que le film (dont le titre signifie mettre à l'abri) peut être lu de plusieurs façons. Et mérite d'être abordé sans a priori.

lundi 1 février 2021

Au pays des licornes

1985. Tom Cruise a 23 ans. Legend, son septième film déjà, apparaît sur les écrans. Ma tante dit lui trouver une certaine ressemblance physique avec mon oncle, son frère, d'ailleurs lui aussi né en 1962. C'est en me souvenant de cette anecdote familiale que j'ai eu envie de revoir ce long-métrage oublié. Réussie, ma soirée télé  ? Bof bof...

Dans un monde imaginaire, la princesse Lily rencontre un garçon charmant au beau milieu de la nature: Jack. Tout l'environnement semble vivre un éternel printemps. Une harmonie... qui ne dure pas. Bientôt, une créature diabolique décide d'envoyer l'une de ses âmes damnées chasser les licornes sur lesquelles repose la paix de l'univers. L'hiver s'impose alors et il est à craindre que le soleil disparaisse définitivement sous la ligne d'horizon, marquant alors la victoire absolue des ténèbres. Vous l'aurez compris: Legend est à classer parmi les premiers représentants du genre heroic fantasy au cinéma. Las ! En dépit de gros efforts, il m'a semblé qu'il manquait d'ampleur !

En réalité, toute l'affaire tourne autour de moins de dix personnages. C'est peu. Le monstre est réussi, mais les autres un peu trop fades pour que le spectacle attendu soit véritablement au rendez-vous. D'aucuns ont par conséquent parlé (je cite) de "chef d'oeuvre raté". L'expression m'apparaît un peu sévère, surtout qu'il est question ici d'une oeuvre 100% originale et pas de l'adaptation d'un matériau littéraire antérieur. Bien qu'imparfait, donc, Legend peut bénéficier de quelques circonstances atténuantes: il n'a été réalisé qu'en studios et une partie de son gigantesque décor a brûlé pendant le tournage. Autre handicap: au fil du temps passé, son scénario et son montage auront été remaniés plusieurs fois, ce qui n'est jamais bon signe. Résultat: c'est plutôt un léger sentiment de frustration qui domine. Pour l'anecdote, le grand Shigeru Miyamoto dit toutefois s'être inspiré du film au moment de créer son jeu vidéo culte: The legend of Zelda !

Legend
Film américano-britannique de Ridley Scott (1985)

Trois étoiles pour le cinéma et un p'tit bonus pour saluer mon tonton ! Sans être foncièrement mauvais, cet opus entre plutôt dans la liste des films moyens de son auteur (qui a donc fait pire... et mieux). Évidemment, face à la saga Le seigneur des anneaux, on s'incline. Mais comparé à un Eragon, on soutient davantage la comparaison ! Est-ce moi ? Aurais-je passé l'âge pour ce type d'histoires ? Possible...

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Le mieux est encore de croiser les avis...

Vous noterez que Vincent ne donne pas le sien, mais parle brièvement du film. Laurent, pour sa part, lui a consacré une chronique détaillée.