samedi 20 octobre 2018

Un refuge en montagne

Il l'a indiqué en interview: "Mes projets de cinéma démarrent toujours avec une rencontre dans la vraie vie". Âgé de 43 ans, le photographe et réalisateur franco-suisse Germinal Roaux s'est intéressé au sort des jeunes migrants que l'on appelle des mineurs non-accompagnés. C'est ce qui lui a inspiré Fortuna, une fiction... nourrie de faits réels.

Le titre du film est aussi le prénom de son héroïne, une adolescente éthiopienne accueillie dans un monastère installé au coeur des Alpes. D'emblée, nous sommes frappés par l'idée que l'on se fait du contraste entre la terre natale de cette jeune fille et l'endroit où elle a trouvé refuge. Du passé, nous ne verrons rien, si ce n'est quelques plans éphémères d'une mer agitée ô combien évocatrice. Cette retenue visuelle est, à mon humble avis, la principale qualité de Fortuna. Concentré sur son personnage principal, le scénario a la bonne idée d'éviter toute reconstitution hasardeuse: il est de toute façon évident que la situation de la gamine est des plus précaires. Pas de miracle...

Inutile de tout révéler sur le récit: je pense en avoir dit suffisamment pour vous faire comprendre si le film peut vous intéresser (ou non). Sur le plan formel maintenant, je vous avoue que c'est le noir et blanc qui m'a d'abord donné envie de voir le film. Ce choix esthétique ambitieux s'est avéré pertinent: les images sont souvent très belles. Un petit bémol malgré tout: parfois, l'émotion paraît presque coupée dans son élan. Si ce n'est austère, le long-métrage est un peu froid. Fortuna maintient une forme de distance, avec de bonnes intentions sans doute, mais cela pourrait en dérouter certain(e)s parmi vous. Heureusement, les acteurs sont impeccables et concernés: aux côtés de la jeune Kidist Siyum Beza, j'ai ainsi pris grand plaisir à retrouver des visages familiers, tels ceux de Patrick d'Assumçao et Bruno Ganz. Deux scènes au moins nous offrent de riches échanges philosophiques sur l'engagement et la solidarité. La cerise sur le gâteau, si j'ose dire.

Fortuna
Film suisse de Germinal Roaux (2018)

J'ai failli enlever une demi-étoile à ma note, car le long-métrage manque parfois d'un peu de vigueur pour embarquer le spectateur "ordinaire". Cela reste pourtant une oeuvre digne sur un sujet difficile et, je tiens à le souligner, certainement assez proche de la réalité. Sur les migrations, je suggère aussi Welcome, Harragas, La pirogue, Rêves d'or, L'autre côté de l'espoir ou Eden à l'ouest, entre autres !

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je viens de voir Bruno Ganz chez Lars.
Je dis ça juste pour faire avancer le schmilibilibili...

Martin a dit…

Le nouveau Lars von Trier ne me tente pas du tout.
Je suppose, par conséquent, que tu n'as pas vu "Fortuna".

Pascale a dit…

Le Lars est... Larsien.

Pas vu et pas trop tentée.

Martin a dit…

Je peux comprendre.