jeudi 30 décembre 2010

Rebelle, rebelle...

Une chronique de Silvia Salomé

Au début, la Warner n’avait pas parié un seul cent sur La fureur de vivre, qu’elle considérait un comme un film de série B. Jusqu’au moment où Jack Warner, le big boss, se rend compte du succès de À l’est d’Eden, mais surtout de l’effet que produit ce beau jeune homme à la fois sur les filles et les garçons. James Dean crève alors l’écran. Ni une, ni deux, la production décide de passer à la couleur et le jeune Jim Stark, le rôle de Dean, portera ce mythique blouson rouge !

Le film est réalisé par Nicholas Ray, un personnage à part dans le monde du cinéma. Ses relations avec Dean sont excellentes: les deux hommes échangent des idées sur leur passion, sur le script, sur le tournage. Mais surtout, Ray laisse Jimmy totalement libre d’improviser et d'exprimer son génie créatif. Au générique de La fureur de vivre, Natalie Wood répond présente: elle incarne là son tout premier rôle d’adulte avec son personnage de Judy, en conflit sévère avec son père. Dennis Hopper est aussi de la partie: il donne vie à Goon et il joue là son tout premier vrai rôle au cinéma - il avait fait une apparition dans Johnny Guitare, toujours de Nick Ray. Sal Mineo est le fragile Plato. Corey Allen devient Buzz, le chef de gang. Pour les Dean addict, on peut également noter la présence de Jack Simmons, qui deviendra un proche de l'acteur.

La légende s’est emparée de ce film, le rendant culte à jamais. Même 55 ans après sa sortie sur les écrans, les ados du monde entier se reconnaissent en Jim Stark. La famille Stark vient d’emménager dans une petite bourgade de Los Angeles, aseptisée comme les aime l’Amérique puritaine des fifties. Le jeune Jim est un adolescent à problèmes et il entend bien profiter de cette nouvelle vie pour rentrer dans le moule. Mais ses premiers pas à la high school vont en décider autrement, d’autant qu’il est en conflit avec son monde: une mère autoritaire, un père en forme de lavette, une société qu’il ne comprend pas, une identité qu’il n’arrive pas à trouver, une girlfriend à épater et des copains à défier !

Le film n’a pas pris une ride: James Dean y est si moderne tant dans ses attitudes que dans sa tenue vestimentaire. Son interprétation est épatante. Ses émotions transpercent l’écran: on ressent tout son désespoir, tout son mal de vivre, toute sa fureur. Un tel réalisme est dû à une impeccable préparation. Par exemple, il se murmure qu’avant de se rendre en haut de la falaise pour voir la carcasse de la voiture de Buzz, Dean a pris une pomme, y a versé du faux sang et l’a regardée un moment. L’acteur a avoué qu’il s’était figuré le visage de Buzz. Et ça marche ! Sur l’écran, on voit cette douleur et ce dégoût. Ou encore, cette colère envers ses parents n’est pas que feinte: la relation avec son père ou plutôt la non-relation avec son père fait que Jimmy/Jim en veut à tous les pères de la terre. La figure paternelle est aussi remise en cause avec le personnage de Judy: son père ne l’a pas vue grandir et on a l’impression qu’il lui en veut d’être devenue une femme. Quelle fille n’a pas vécu ça ? Comment ne pas comprendre la détresse de la jolie Judy ?

Je sais que vous êtes friands des petits secrets de tournage: la célèbre scène aux couteaux a été censurée dans plusieurs pays, jugée trop violente. Pour la petite histoire, c’est Franck Mazzola, un ancien membre d’un gang d’Hollywood, qui a enseigné à Dean l’art de la bagarre au couteau. Mais il faut noter aussi que le film pourrait être un film d’apprentissage (en littérature, il existe un genre particulier: les romans d’apprentissage comme Bel Ami de Maupassant, Le Rouge et le Noir de Stendhal ou encore L’Education Sentimentale de Flaubert). Très vite, Judy et Jim se prennent d’affection pour le jeune Plato, un gosse délaissé par ses riches parents. Au fil de l’histoire, les relations deviennent si fortes que le couple se substitue aux parents de Plato. Ils forment une famille: une famille qu’ils sont tous les trois choisie. Certainement une allégorie du passage de l’enfance, à l’adolescence et enfin à l’âge adulte.

La fureur de vivre
Film américain de Nicholas Ray (1955)

Au delà de la performance de Dean, La fureur de vivre est un hymne pour toute une jeunesse révoltée qui ne comprend plus le monde dans lequel elle évolue. Avec son personnage de Jim Stark, James Dean a donné un statut à tous ces jeunes en perdition. Sal Mineo racontera des années plus tard: «Avant James Dean, on était un enfant et on devenait un adulte. Grâce à lui, on pouvait revendiquer être un teenager». Martin Sheen dira aussi: «Marlon Brandon a changé la façon de jouer, James Dean a changé la façon de vivre». Normal qu’on ait la sensation qu’il nous comprenne. Normal qu’on ait la sensation de le comprendre. Normal qu’on s’identifie à lui. Normal qu’il reste une référence. Pour moi, dans La fureur de vivre, Dean incarne tour à tour le grand frère que l’on aimerait avoir, l’amant que l’on voudrait dans notre lit, l’ami à qui l’on a envie de se confier, le mari que l’on rêve d’avoir. Sacré palmarès pour un seul rôle ! Bien sûr, la sortie posthume du film lui a assuré un succès non négligeable: presque un mois après la tragique disparition de James Dean, qui entre telle une étoile filante dans la légende. À tel point que des jeunes femmes se jetaient des toits des immeubles en hurlant: «Jimmy, je te rejoins !» Pour moi, c’est un des meilleurs films de Dean. Pas assez rediffusé, ni sur le silver screen, ni même dans la petite lucarne...

mardi 28 décembre 2010

S(up)plice

Une chronique de Moko-B

Il y a des soirs comme ça, où on est complètement désoeuvré télévisuellement, et où on se dit "bon sang mais c'est bien sûr ! Si j'me r'gardais un p'tit film ???". Pourquoi pas, après-tout ? Un film, ça peut détendre, amuser, passionner ou..... pas. Alors voilà, j'avais plusieurs films sous la main que je n'avais pas encore vus. Parmi eux, Splice de Vincenzo Natali (Cube). Je ne savais plus trop de quoi traitait ce film, mais après tout, si je l'avais sélectionné c'est que le pitch m'avait donné envie (non?). Le générique de début, très "mystéwieux" (avec l'accent US),me rassurait déjà quand je voyais Adrian Brody au casting (Le Pianiste, Hollywoodland) et Sarah Polley (Mr Nobody). Je me trompais...


Le synopsis du film selon (le très sérieux) Allociné est le suivant : "Clive et Elsa sont des superstars de la science : ils ont réussi à combiner l’ADN de différentes espèces animales pour obtenir de fantastiques hybrides. Ils sont amoureux l’un de l’autre autant que de leur travail et veulent à présent passer à l’étape suivante : fusionner de l’ADN animal et de l’ADN humain. Lorsque le laboratoire pharmaceutique qui les finance refuse de les soutenir, Clive et Elsa décident de poursuivre leurs expériences en secret. Ils créent Dren, une créature étonnante dont la croissance rapide la fait devenir adulte en quelques mois. Alors qu’ils redoublent d’efforts pour préserver leur secret, leur intérêt scientifique pour Dren se mue peu à peu en attachement. Dren finira par dépasser les rêves les plus fous du couple… et leurs pires cauchemars." Ce synopsis, c'est un peu Madonna avec son maquillage spécial "Confessions Tour". Laissez-moi vous parler du film façon "Madonna au saut du lit"...


Effectivement, les premières minutes du film nous introduisent dans l'environnement professionnel de Clive et Elsa, deux scientifiques qui mettent au point une nouvelle espèce vivante (et non pas une fantastique créature hybride, hein ?) issue de la combinaison de l'ADN de plusieurs animaux. Celle-ci est informe, peu avenante et créée, non pas juste pour le plaisir ou pour peupler un nouveau parc à thème, mais dans un but purement industrio-pharmaceutique. Leurs résultats sont salués par la directrice du laboratoire privé où ils travaillent. Mais celle-ci bride leurs ambitions en leur demandant de stopper là la phase "recherche" pour passer à une production de masse afin de lancer de nouveau médicament (pour le secteur agro-alimentaire notamment). Les 2 scientifiques, amoureux et rebelles (oh yeah !) voudraient eux pouvoir expérimenter la phase d'introduction de l'ADN humain. "Que nenni", leur répond-t-on fermement. Nous avons droit entre-temps à une petite phase d'immersion intime dans le couple pour comprendre qu'Elsa est la plus ambitieuse et opportuniste des deux, qu'elle veut un nouvel appart deux fois plus grand que l'actuel et qu'elle ne veut pas d'enfant. Un élément fondamental pour la suite (smile !). Et voici qu'entre les murs du laboratoire de leur employeur, les apprentis sorciers se livrent à un exercice dangereux, aux yeux et au sus de tous. Ils continuent leur expérience et lance la gestation d'un nouvel hybride. Nous avons droit à une scène "so cliché" avec des écrans "style commande MS-DOS" qui défilent en "freestyle", couplés à des poses fatiguées des deux acteurs, le tout sur fond de musique "geek ultime" (métal): moins convaincant et pathétique, tu meurs !


Alors évidemment, leur plan ne va pas se passer comme prévu. Bien entendu, ils n'ont pas le temps d'étouffer la créature dans l'oeuf et l'hybride naît et à l'air "twé twé méchant". Bien sûr, il y a une "couille" dans le processus qui aurait dû logiquement se dérouler. Ainsi, Elsa la "femme-qui-ne-veut-pas-d'-enfant" se découvre un instinct maternel et protecteur au-delà de la raison. Elle insiste, sans consience du cataclysme qui la guette pour garder le nouveau-né. Que se passe-t-il ensuite ? Le "bébé" grandit et l'illogisme d'Elsa - et du scénario - aussi. Elle baptise la créature Dren, la stimule cognitivement, l'éveille, la fait jouer et commence à (trop) sérieusement s'y attacher. Elle l'habille comme une petite fille (ou une petite poupée) et tente de convaincre Clive que cette utopie va pouvoir continuer. Son jusqu'au-boutisme scientifique est surjoué et franchement pas crédible. Quand à Clive, son "scientifisme" n'est pas convainquant et on finit même par sentir qu'Adrian Brody se doute qu'il a fait là un mauvais choix de rôle. Car si tant est qu'il en existe, l'un des fils conducteurs de Splice, c'est le traitement des différents paramètres qui gérent ce couple de scientifiques, partagés entre leur côté boit-sans-soif d'expériences irréalistes et leur amour, mis à l'épreuve de leurs ambitions et des risques professionnels qu'ils prennent. Ils nous prouvent ici que la science, c'est dangereux quand c'est aux mains d'immatures aux mains déliées et qu'aucun couple n'est à l'abri de l'égarement sentimental et émotionnel en situation perturbante.


Revenons à nos moutons. Dren le bébé moche continue de pousser. Et si certains ne l'avaient pas vu venir à des kilomètres, je le précise : oui, le scandale va être à deux doigts d'éclater... ou d'éclabousser, terme plus précis vu le développement de l'intrigue. Voilà donc notre petite famille qui s'en va dans la campagne pour rejoindre la vieille ferme où Elsa a été élevée. Et c'est le début de la fin. Là encore se profile une intrigue grosse comme un éléphant au milieu d'un couloir: Clive qui était le plus réticent des deux à garder Dren au départ, est finalement celui qui lui casse le moins les bonbons. Et ce n'est pas fini: il s'en rapprochera encore et encore. Bref...


Splice

Film franco-canadien de Vincenzo Natali (2010)

Vincenzo Natali avait notamment réalisé Cube et c'était quand même un argument de poids pour se dire que Splice pouvait être autre chose que ce que j'ai vu. Scénario peu inspiré, cliché, abusif... une déception en longueur et en largeur. Quand aux acteurs, on les plaint d'avoir enduré un tel tournage. Une seule petite mention pour Delphine Chanéac, que j'avais entre-aperçue dans la mini-mauvaise-série Lola, qui es-tu Lola ? sur TMC, et qui ici offre une prestation vraiment pas mal dans le rôle de Dren. Splice, traduit de l'anglais, signifie littéralement "épissure", soit la jonction entre 2 éléments. J'ai vu beaucoup de jonctions farfelues et improbables dans ce film, mais celle entre le talent qu'a pu avoir son réalisateur par le passé et l'inconsistance de ce scénario... non, je ne vois pas. Déconseillé aux amateurs de bon cinéma !

dimanche 26 décembre 2010

On rêve tous d'un petit quelque chose

Une chronique de L u X

Ah, les films d’amour ! On en a vu, lu, revu, relu, des histoires tristes, des gaies, des qui finissent bien, des qui finissent mal... comment pouvons-nous encore être étonnés ou charmés par ces histoires ? Toujours les même créneaux, les mêmes clichés, et ce, que ces films soient anglais (malgré le flegme), français (malgré le charme) ou
américains (malgré le casting). De quoi laisser choir des générations de nouvelles romantiques. Si vous êtes dans ce cas, je vous propose de vous plonger dans un nouvel univers, une nouvelle cuisine cinématographique portée par ses propres clichés, mais qui saura réveiller vos papilles d’amoureuses alanguies. Bienvenue dans le cinéma de Bollywood !

Fort d’une production de près de 300 films par an (pour 5 milliards de tickets de cinéma vendus chaque année), le cinéma indien se caractérise surtout par ses films musicaux et ses histoires romantiques. Dans ce pays où l’amour se cache - encore aujourd’hui - derrière les mariages arrangés, les différences de milieux sociaux et les dots, il est étonnant de voir la faculté romanesque des scénaristes en la matière. Je m’en vais vous proposer quelques exemples de ces bijoux d’émotion, où le jeu théâtral des acteurs revêt une saveur massala inexistante dans notre cinéma occidental. Aujourd'hui: Kuch Kuch Hota Hai !

Qui ne se souvient de son premier amour ? Ces sentiments nouveaux qui naissent en nous, en la personne d’un inconnu, ou bien souvent d’un ami. Si Rahul (Sharukh Khan) et Anjali (Kajol) sont les meilleurs amis du monde, l’arrivée de Tina (Rani Mukherjee) à l’université va ouvrir le cœur du jeune Dom Juan, et les yeux de sa fidèle amie, qui préférera s’effacer au profit de cet amour naissant. Quand Tina meurt en couche quelques années plus tard, elle confie à sa fille une mission à accomplir lors de son huitième anniversaire: réunir Rahul et celle qui l’aimait à l’époque.

S’imaginer tenir près de trois heures de films sur une base scénaristique aussi simple peut paraître d’emblée effrayant. Et pourtant ! Scindé en deux parties, le passé contant le temps de l’université, et le présent à la recherche de la jeune femme, ce sont presque deux films côte à côte, dont les rebondissements n’ont d’égal que le kitsch de l’image, des costumes, et l’émotion qu’ils dégagent. Les couleurs omniprésentes dans le film sont l’envers de notre cinéma grisé, et le jeu souvent exagéré peut paraître déroutant au premier abord, tout comme les numéros musicaux réguliers. Comme l’on s’offre à ce nouveau cinéma, ce sont de nouvelles émotions qui nous envahissent, sous forme d’enchantement, de pieds qui ne demandent qu’à se mettre à danser, le rythme indien étant très communicatif, ou de migraine selon votre aptitude à supporter autant de chant, de danse et de couleurs flashy.

Kuch Kuch Hota Hai - Laisse parler ton coeur
Film indien de Karan Johar (1998)
Probablement un film très abordable pour se glisser dans le cinéma de Bollywood, puisqu’il allie habilement la modernité (exposition d’une culture indienne très américanisée) et tradition (mariage, coutumes et cette qualité d’image qui semble dater des années 80). De quoi ravir les romantiques en mal d’originalité, qui cherchent inlassablement un Kuch Kuch Hota Hai, un petit quelque chose…

vendredi 24 décembre 2010

À usage unique

Une chronique de Killaee

Ne vous méprenez pas, ce n'est pas un film "kleenex". Le nombre 23 fait juste partie de ces films à usage unique car, une fois la fin dévoilée, son intérêt perd de sa valeur. Je pense que vous avez une longue liste en tête de ce genre cinématographique. Inutile de tous les énumérer...

Le nombre 23 met un roman de détective au cœur de l'histoire. Cet objet, offert pour son anniversaire par la femme du héros principal, Jim Carrey alias Walter Sparrow, sera pour lui sa nouvelle raison de vivre. En effet, ce roman semble être écrit pour lui. Beaucoup de similitudes sur son enfance et surtout sur un chiffre: 23. Le nombre hante le héros du livre, il est partout... jusque dans la vie de Walter: lieu d'habitation, jour de rencontre avec sa femme, naissance de son fils, entre autres. Petit à petit, le roman devient une obsession pour Walter, qui part à la recherche de son auteur: le meurtrier de Laura Tollins. La suite, je la laisse pour vos mirettes !

Bon point du Nombre 23, le casting: Jim Carrey y est comme je l'aime. Touchant, poignant, et sérieux ! J'ai beaucoup de mal avec Jim version The Mask. je le préfère en version Eternal sunshine of the spotless mind. C'est un peu comme Will Smith: un jeu de rôle tellement plus intéressant dans Sept vies que dans Men in black. Je crois que je suis entrée dans le film directement grâce à Carrey (et pas seulement pour le nom de famille qu'il incarne - private joke !). Pas mal de frayeur - je suis une grande peureuse - et une intrigue haletante, bien ficelée. Quant aux défauts, je crois que dans ce type de film, la chute peut être devinée. Personnellement, j'ai été surprise par le bouquet final.

Le nombre 23
Film américain de Joel Schumacher (2007)
Un petit mot d'abord sur le réalisateur Joel Schumacher. Inconnu au bataillon pour moi. On lui doit Twelve (décidément, un adepte des chiffres !), Town Creek, Inland Saint et Breaking News. Je n'ai jamais entendu parler de ces films. Je compte peut-être me pencher sur Twelve, sorti en septembre 2010, qui met en exergue l'univers de la drogue: je suis assez fan de ce genre de drame. Il faut dire aussi que le beau Chace Crawford est de la partie, mais pas que pour faire plaisir à mes yeux. Je dois dire que les plans du Nombre 23 m'ont particulièrement plu. Très "blood contemporain". En le voyant, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à La chambre 1408. Largement un cran au-dessus, il fera l'objet d'une future chronique.

mercredi 22 décembre 2010

Début du film… entrée immédiate…

Décembre 1982. J’ai eu mon tout premier choc sur grand écran… en première année de maternelle ! Mon école faisait une sortie cinéma: à l’affiche, un classique de Disney, Blanche-Neige et les sept nains. Je garde un très vague souvenir de cette escapade, mais ce qui est resté marqué à jamais dans ma mémoire, c’est l’émotion ressentie ! Je me souviens d’avoir raconté à mes parents le film dans ses détails. Perchée sur une chaise dans la cuisine, je captivais un auditoire tout acquis ! Enfin, jusqu’au passage où Blanche-Neige croque la pomme: gorge serrée, crise de larmes ! Le destin de cette princesse me prenait aux tripes ! Seul le cinéma procure de telles sensations.

Depuis, je suis accro aux images du silver screen (et aussi à celles de la petite lucarne, je le confesse volontiers). Les films, je les dévore: j’ai eu la chance d’avoir des parents qui n’ont jamais rechigné à me payer mes billets et un collège qui possédait un ciné-club (ah, les projections du jeudi soir !). Quelques années plus tard, le virus continue de me gagner et ne me quittera jamais.

Décembre 2010. Mon ami Martin, cinéphile averti, me propose de collaborer à son blog au titre évocateur de Mille et une bobines. Il faut dire qu’on en a passé des soirées à tchater sur nos coups de cœur, nos coups de gueule, nos prochaines expéditions dans les salles obscures. Déjà lectrice de ses chroniques, me voilà propulsée rédactrice. C’est pour moi une jolie façon de rendre hommage au 7ème art, à celles et ceux qui rendent cette magie possible... et de les égratigner aussi un petit peu au passage !

Prochaine séance… dans quelques jours…

Silvia Salomé au service du cinoche d’hier et d’aujourd’hui !

lundi 20 décembre 2010

Prête-moi ton blog...

À la veille de Noël, voici que Martin, ami et auteur de votre blog préféré, Mille et une bobines, me fait un cadeau inattendu: participer à ses chroniques cinoche !

Ma joie est immense, d'autant que j'aime, que dis-je ? J'adore parler cinéma. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n'ai pas grandi dans une famille de cinéphiles confirmés. Mais j'ai toujours eu un oeil qui louchait fermement en direction de la petite lucarne, sans oser rêver (pendant plusieurs années) de voir le "grand écran". Biberonnée avec résumés et critiques ciné des magazines spécialisés, j'ai enfin pu me faire ma propre idée en grandissant. Ah, il est loin le temps où j'enregistrais les films qui passaient à la télé en VHS et où je les regardais en six fois le matin avant d'aller en classe (quand je commençais à 9-10 heures). L'avènement du DVD et des formats associés m'a permis de découvrir sur le tard nombre de films qui avaient attisé ma curiosité.

J'en ai à vous dire sur le cinéma d'hier et d'aujourd'hui, sur les acteurs, les réalisateurs, les évolutions technologiques, les trucs qui me chiffonnent et ceux qui me réjouissent. Bref, parler ciné, ça me botte et pas qu'un peu. J'espère que mon style vous plaira, que mes critiques vous donneront envie de réagir et de commenter. Et surtout n'oubliez pas que sans nous, spectateurs passionnés, jamais le cinéma ne vivrait !

À bientôt pour mes premiers billets !

Moko-B

samedi 18 décembre 2010

Let the show begin

Tel Obélix et sa potion magique, il est des gens tombés dans le cinéma tout petits, poussés par leur papa dans un grand chaudron d'images en couleurs qui gigotent, et qui n'en sont jamais vraiment ressortis. C'est qu'il faut être habitué à l'obscurité pour tant ressentir le besoin de capter les lumières du cinématographe.

Je suis un peu de ceux-là. Comme une couleur de cheveux, un milieu social ou une fossette, le cinéma, je ne l'ai pas choisi. Il m'a été transmis, inculqué de façon naturelle, comme on m'a appris à coudre, à écrire et la recette du bourguignon familial. À se demander si le cinéma peut être génétique...

L'avantage de la culture, c'est qu'on a beau vous transmettre une base extraordinaire, vous êtes seuls maîtres de ses limites. On m'a appris la Nouvelle Vague, la Hammer, Chantons sous la pluie et Christopher Lee. J'ai découvert Lucas Arts, Bollywood et Tony Leung.

J'aime parler du cinéma comme j'aime parler du beau temps, comme quelque chose de familier. Jamais je ne me vanterai d'avoir le mot final et absolu en la matière, non non non. Mais c'est comme un vieil ami que l'on fréquente depuis longtemps: on est plus exigeant avec lui qu'avec d'autres, mais rien ne nous émeut plus que quand il parvient encore à nous étonner. J'espère pouvoir partager cette vieille connaissance avec vous. Mais chut, la salle s'éteint, le film commence.

Enchantée, je m'appelle L u X.

jeudi 16 décembre 2010

Bien le bonjour !

Tout d'abord, je tiens à remercier Martin de m'inviter à participer à ce blog, mais une petite présentation personnelle s'impose. Je m'appelle Killaee. C'est un pseudo, bien entendu. Pour les curieux, il provient d'un mélange entre deux villes irlandaises: Trallee et Kilkenny. À l'époque des débuts de MSN, j'étais assez fan de l'Irlande et l'idée m'est venue...

Certains se demanderont pourquoi signer par pseudo. J'ai raccroché mes stylos de journaliste depuis un an environ et ne souhaite pas me remettre dans le bain. Mais il est vrai que l'écriture commence à me chatouiller les doigts...

Pourquoi le cinéma ? Mes conversations cinématographiques avec Martin m'ont mis l'eau à la bouche. Je dois dire que souvent, nous ne voyons pas les mêmes films. J'ai des goûts, peut-être, assez particuliers. Vous le verrez au fil des chroniques.

J'espère que mon humble avis vous intéressera et vous donne rendez-vous très prochainement pour la première chronique.

mercredi 15 décembre 2010

Une fin, des débuts

20h00 ! C'est l'heure idéale pour vous faire part d'une information capitale. Est-ce un scoop ? Objectivement, pas pour tout le monde. Une précision, pour commencer: ce sera ma dernière chronique 2010. Je vous retrouverai au début de l'année prochaine, si vous le voulez bien, et je sais déjà plus ou moins ce que je vais raconter au cours de la première quinzaine de janvier. En attendant, et pour faire durer le suspense pour ceux qui ignorent la grande nouvelle dévoilée aujourd'hui, je souhaite évoquer aussi... quatre quatuors de cinéma.

Et d'abord, comme vous le voyez, Les trois mousquetaires, faux trio incarné, de gauche à droite, par Oliver Reed, Richard Chamberlain, Michael York et Frank Finlay, en l'an de grâce 1973. Un exemple parmi d'autres: depuis la glorieuse époque du muet, le roman d'Alexandre Dumas a connu une petite vingtaine d'adaptations orientées grand écran ! Sans doute précurseur, le romancier français avait prévu une suite, certes moins populaire. J'ai quelques lacunes, je dois dire, côté bouquins d'abord, mais aussi côté films. Mais j'ai tout de même prévu de vous parler tôt ou tard d'une version américaine que j'aime beaucoup, avec Gene Kelly et Lana Turner.

D'ici là, évoquerai-je ici Les quatre fantastiques ? Pas dit, en fait. Ce n'est pas faute d'avoir eu ma période comics, mais, en laissant porte ouverte à l'exception, le fait est que, jusqu'à présent, je n'ai jamais particulièrement apprécié les films de super-héros. Disons donc que, si l'occasion se présente, pas sûr que je zappe, mais aussi que je ne cours pas après. L'image ci-dessus ne m'encourage pas davantage: si les trois premiers personnages me paraissent crédibles dans leur représentation, j'avais imaginé La Chose, tout à droite, nettement plus massive. Bon, sur ce, qui vivra verra... ou pas.

Ce qui est sûr à 100%, c'est que j'ai en revanche la ferme intention de revoir - et relire - un jour la trilogie Le seigneur des anneaux. L'occasion de retrouver les hobbits, Pippin, Merry, Frodon et Sam. Pour le coup, l'adaptation cinéma ne m'a absolument pas déçu. Spectaculaire et épique, elle a répondu à mes attentes de lecteur quasi-simultané. Tout au plus puis-je regretter que Peter Jackson ait gommé la deuxième partie du dernier volet, mais il faut savoir admettre que ce n'était pas la plus spectaculaire. Bref, je promets donc de vous en reparler ! L'année prochaine ? Peut-être bien.

Voilà, pour conclure, j'ai choisi un quatuor féminin que je ne connais que de nom: Les quatre filles du docteur March. De Jo, Amy, Beth et Meg, j'ignorais encore tout il y a juste quelques instants. Forcément, je me doutais bien qu'un film avait été tiré du roman, mais sans savoir davantage, pas même l'année de publication: 1868 ! Mon image sort du long-métrage de 1949, je crois, mais il en existe un autre nettement plus récent, sorti en 1994, avec des actrices illustres, Winona Ryder, Susan Sarandon, Claire Danes ou encore Kirsten Dunst. Allez savoir, tiens ! Peut-être finirai-je par le voir...

Cela étant dit, l'heure est venue de dévoiler l'info du jour: si j'ai évoqué ces quatre quatuors plus ou moins illustres, c'est surtout dans l'idée d'en introduire un cinquième, composé pour le coup d'amies que je connais bien. Le but de la manœuvre: vous informer qu'après 382 chroniques, 329 présentations de film et 1.193 jours d'écriture en solitaire, j'ai pensé essayer d'apporter un souffle nouveau en ouvrant "mes" Mille et une bobines à quatre plumes nouvelles. Ce qui me réjouit et, accessoirement, me donne peut-être aussi une allure de chef indien. Je vous donne donc désormais rendez-vous en janvier pour d'autres aventures. Ne soyez pas triste de me voir partir: il n'y a pas de coupure pour les braves et, à partir de demain, les autres membres de la tribu se présenteront. Attention, hein ? Je compte sur vous pour leur réserver bon accueil !

lundi 13 décembre 2010

La DeLorean en seconde

L'envie de revoir un film tient parfois à peu de choses. Ce qui m'a motivé pour un nouveau visionnage de Retour vers le futur 2 ? Simplement une anecdote pas piquée des hannetons. Je vais y venir. D'abord vous dire que le long-métrage de Robert Zemeckis est l'une des exceptions qui confirment la règle selon laquelle les suites multiples ne valent jamais vraiment le coup, et en tout cas très rarement l'oeuvre originelle. Il faut bien reconnaître aussi qu'à la fin du premier épisode de leurs aventures, Marty McFly et Emmett "Doc" Brown nous avaient laissés sur une conclusion plutôt ouverte. Constater qu'ils rempilent pour un second opus n'a finalement rien d'étonnant. Et cette fois, la DeLorean, la voiture qui les fait voyager dans le temps, les conduit droit vers l'avenir, de 1985 à... 2015 !

Présenté par Doc au début du métrage, l'enjeu est simple: empêcher la progéniture de Marty, baptisée de manière très originale Marty Jr, de faire de grosses bêtises compromettant la famille et plus encore. Le tout en évitant de croiser son double dans ce temps pré-composé. Vous suivez ? Je l'espère. Sinon, je vous conjure de donner sa chance au film: je le vends peut-être mal, mais son scénario est d'une clarté lumineuse. Je le dis comme je le pense: Retour vers le futur 2, c'est un vrai moment de bonheur cinématographique. La preuve qu'on peut divertir sur la base d'une intrigue intelligente et sans effets spéciaux "branchouilles". Qu'importe si la technique employée, innovatrice pour l'époque, paraît désormais dépassée: l'ensemble reste tout à fait efficace. Il est très facile de se prendre au jeu.

Le plus drôle, là-dedans, c'est peut-être l'anecdote que j'évoquais dans le premier paragraphe. Oh, une précision: ça ne modifie vraiment rien à l'histoire elle-même. En fait, c'est d'un changement d'interprète dont il s'agit. Après le premier opus, Claudia Wells, l'actrice qui joue Jennifer, la petite amie de Marty, est tombée malade. Elle n'a donc pas pu participer à Retour vers le futur 2 et a dû s'y faire remplacer par Elisabeth Shue. Oui, d'accord mais voilà ! La fin du premier film est aussi le début du deuxième: il a donc fallu retourner la scène quasiment à l'identique. Je l'ai appris tout récemment et croyez-moi si je vous dis que, jusqu'ici, je n'avais jamais prêté attention à ce détail pourtant plus que visible ! J'y vois une preuve supplémentaire de la réussite de ce pop corn movie résolument haut-de-gamme. Si ce n'est déjà fait, je ne peux encore une fois que vous encourager à vous offrir une bonne (re)diffusion !

Retour vers le futur 2
Film américain de Robert Zemeckis (1989)

Même si l'introduction risque alors de vous paraître quelque peu elliptique, je crois jouable d'aborder la trilogie par ce morceau. Cela dit, ne vous y trompez pas: ce serait tout de même bien dommage de se priver du premier. Comme son très digne successeur, Retour vers le futur premier du nom tient aujourd'hui du film culte, au moins pour ma génération. Ce n'est pas pour rien qu'on a dignement célébré cette année le 25ème anniversaire de la saga. Il y a là quelques (bonnes) idées qui ont pu grandement influencer le cinéma de divertissement. Pas de nom particulier à citer, mais, aux côtés des films de Spielberg période 70-80, c'est véritablement l'archétype des ces madeleines que je savoure toujours avec le même plaisir.

samedi 11 décembre 2010

Une nuit en enfer

Ami(e)s insomniaques... ou pas, bonsoir ! Prévoyant un week-end plutôt speed, j'ai pensé que j'aurais aussi bien fait d'écrire maintenant que de prendre du retard sur les autres choses que j'ai l'intention d'avoir bouclées d'ici lundi. Et en fait, ça ne tombe pas mal du tout: c'est de Eyes wide shut, un film dont l'essentiel de l'intrigue se déroule de nuit, que j'avais l'intention de parler. Une oeuvre jouée sur un rythme relativement lent et qui dure, sachez-le, deux heures et demie. Le point névralgique de ce drôle de récit est un couple. Dans une harmonie apparente, Alice et Bill Harford vivent à New York et y élèvent une petite fille d'une dizaine d'années. Lui est médecin hospitalier, elle amatrice d'art et désireuse d'ouvrir une galerie.

Si vous l'ignoriez encore, il est fort probable que vous les ayez reconnus: Nicole Kidman et Tom Cruise incarnent les personnages. Très vite, le duo fonctionne bien, probablement parce qu'à l'époque, l'Australienne et l'Américain n'étaient pas mariés qu'à l'écran, mais également à la ville. Pas question pour autant d'admirer l'image paisible de deux amoureux: un soir, après qu'elle a partagé un joint avec Bill, Alice lui demande des comptes sur sa fidélité et, grisée, raconte qu'elle a rêvé qu'elle le trompait. Une dispute s'ensuit: Bill quitte le foyer et entame une nuit d'errance dans les rues de la ville. Eyes wide shut devient glauque et le restera en fait jusqu'au bout. Très honnêtement, c'est en fait un peu ce à quoi je m'attendais.

Ce film est un cauchemar baroque. Il s'intéresse d'abord longuement aux agissements de Bill, lequel va notamment participer à une soirée costumée pourtant bien peu fréquentable. Il n'oublie pas pour autant Alice, qui dort du sommeil du juste après ses confidences, semble n'éprouver aucun remords vis-à-vis de son époux, mais n'a même pas le courage d'en tirer toutes les conséquences. Ce qui peut encore réunir ces deux-là ? Probablement le sexe, ce que le scénario n'hésite pas à exprimer de manière plutôt frontale. Cette marche en avant vers la déliquescence des sentiments s'achève certes assez crûment, mais, surprise, sur une note plus évocatrice que vraiment explicite. J'en suis ressorti un peu sonné, pas fasciné, mais surtout admiratif de la performance des deux acteurs principaux. Tout ramène à eux, même s'il y a aussi de bons seconds rôles dans Eyes wide shut. Chose sûre et certaine: personne n'est là pour amuser la galerie.

Eyes wide shut
Film américain de Stanley Kubrick (1999)

Le dernier long-métrage du maître prête le flanc à la controverse. D'aucuns jugent ainsi que la version cinéma - que j'ai pour ma part découverte en DVD - ne correspond pas à la vision du réalisateur, mort quelques semaines avant la sortie de son oeuvre sur les écrans. Allez savoir ! Ce qui est certain, c'est que le tournage à lui seul aura déjà duré plus d'un an: on peut donc penser que le montage n'était pas entièrement terminé. Je n'irais pas jusqu'à dire que ça se voit. Si, compte tenu simplement de sa complexité, il m'est difficile d'affirmer qu'il m'a plu, il est patent que le film m'a au moins intéressé. Il est de ceux qui se plaisent à casser le mythe du rêve américain. À ce titre, je crois pouvoir le rapprocher de Macadam cowboy ou même de Requiem for a dream. D'autres illustrations frappantes et radicales de la sauvagerie de la vie en milieu urbain.

jeudi 9 décembre 2010

Bruce tout puissant

J'enchaîne ce matin avec un autre film d'espionnage, d'un style néanmoins très différent. C'est alléché par la perspective de m'offrir une bonne séance de rigolade que je suis allé voir Red, petit projet qui vaut surtout pour les retrouvailles avec ses quatre têtes d'affiche - au sens propre. La liste: Helen Mirren, Morgan Freeman, John Malkovich et, dans la posture du héros inoxydable qui lui va toujours aussi bien, Bruce Willis himself. Ce que raconte l'histoire qu'ils jouent en groupe ? Rien de bien original. En gros, les quatre ont connu leur heure de gloire en tant qu'espions et, bien que désormais à la retraite, en savent trop sur certains dossiers pour pouvoir simplement partir à la pêche. Un ennemi invisible veut les liquider !

En marche avant pour deux petites heures de grand n'importe quoi ! La première partie du métrage est assez jubilatoire: Bruce y croise (enfin) la route d'une donzelle dont il s'est épris... au téléphone. Hein ? Oui, tant pis pour le mythe: le néo-retraité drague à distance, en faisant semblant de porter réclamation pour non-versement répété de ses chèques de pension. Ensemble, et sous la contrainte pour la demoiselle, les deux improbables tourtereaux retrouveront alors le reste de la bande: Morgan en Don Juan des maisons de repos, John toujours paranoïaque d'avoir été shooté au LSD et Helen, classe, follement classe, en tant que digne Britannique de service. Évidemment, c'est son casting qui donne à Red toute sa saveur.

Ne vous y trompez pas: pour le reste, ça défouraille sec, exactement comme dans un film d'action lambda. Ce n'est pas un mal, d'ailleurs, puisque c'est aussi ce qu'on est venu chercher: un juste mélange d'explosions et de répliques ironiques, dans la pure tradition Willis, vingt ans passés après des débuts dans le même registre, en un peu moins décalé tout de même. Seul souci: une fois la dream team réunie, j'ai trouvé Red moins percutant, moins efficace, à vrai dire. La distance que le scénario avait su créer entre les personnages présentés et les archétypes du genre s'estompe: le long-métrage retombe dans un certain nombre de clichés et redevient un produit de consommation cinématographique courante. Dommage ! Reste donc le plaisir de la première heure, assez grand pour m'encourager quand même à aller voir une hypothétique suite... en Moldavie ?

Red
Film américain de Robert Schwentke (2010)

Le plus amusant restera d'être allé voir Bruce Willis à contre-emploi et de finir par se dire que c'est bien davantage les autres qui le sont. Autre sourire après coup en constatant que du haut de ses 55 ans fêtés en mars, le chauve est le jeunot de la troupe. Morgan Freeman, lui, fait le malin et se déclare encore plus vieux qu'il ne l'est réellement. Note pour les cinéphiles: le film offre aussi 2-3 dialogues sympa à ce bon vieux Ernest Borgnine, 94 ans en janvier ! En quête d'un film comparable ? Je vous aurais bien proposé Salt, mais c'est finalement... beaucoup trop sérieux. Sauf à vouloir d'un autre film d'espionnage, je vous recommande plutôt Ocean's 11 et ce côté décalé de la bande de potes en goguette. Et s'il faut que les potes soient des papys, un Space cowboys me paraît encore le plus indiqué.

mardi 7 décembre 2010

Des hommes d'influence

Le cinéma est parfois injuste. Pourtant pourvus d'un certain nombre de qualités, des films tombent dans l'oubli sans que ça puisse totalement se justifier. Les patriotes d'Éric Rochant me semble(nt) s'inscrire dans cette catégorie des longs-métrages mésestimés. Loin d'être parfaite, cette - double - histoire d'espionnage méritait probablement plus d'attention que celle des 321.000 spectateurs venus la découvrir sur grand écran. Elle avait d'ailleurs su capter l'intérêt du comité organisateur du Festival de Cannes 1994, apparaissant en sélection officielle pour mieux repartir bredouille, décision du jury présidé cette année-là par Clint Eastwood. J'entreprends donc ce matin une petite entreprise de réhabilitation.

Le film tourne autour d'Ariel Brenner, jeune Juif parisien un peu idéaliste, qui parvient à intégrer le Mossad, les services secrets israéliens, puis l'unité 238, un corps indépendant servant à peu près les mêmes desseins. Ce sont, eux, je crois, Les patriotes du titre. Leur mission - et ils l'ont acceptée - est de gagner toute la confiance d'un physicien français probablement impliqué dans la construction d'une centrale nucléaire dans un pays arabe. Un argument de scénario qui se développe jusqu'à la moitié du métrage, une autre opération réclamant alors du jeune espion et de ses hommes qu'ils portent assistance à un agent double américain pour exfiltrer des documents confidentiels. Deux idées inspirées de l'actualité de cette époque.

Les patriotes aurai(en)t pu être un long-métrage très conventionnel. Ma seule vraie déception est d'avoir eu l'impression de suivre plutôt deux petits films qu'un grand: en fait, les intrigues ne s'entremêlent pas suffisamment à mon goût. J'ai apprécié leur intelligence, portée plus haut encore par la réalisation, bien sûr, et le fait qu'au départ, on a du mal à croire à la métamorphose d'un jeune homme ordinaire en parfait espion au service d'une puissance étrangère. Acteur malin que je trouve trop rare, Yvan Attal s'en tire bien, à l'image d'ailleurs du reste de la distribution, où l'on appréciera Emmanuelle Devos, Bernard Le Coq ou Jean-François Stévenin (entre autres). J'ai gardé Sandrine Kiberlain pour la fin: méconnaissable avec ses cheveux courts, la comédienne illumine le film de sa beauté, dans un rôle marquant et ambigu. Elle en est presque le fil conducteur inattendu. Mais vous devez bien vous douter que je ne vous ai rien dit...

Les patriotes
Film français d'Éric Rochant (1994)

Une grande réussite ? Peut-être pas. Disons un film bien assez retors pour mériter qu'on lui consacre une soirée plateau télé - ce que j'ai fait il y a quelques semaines. Il est vrai que les "concurrents" possibles ne manquent pas: autant cet exemple ne fait pas l'unanimité, autant l'espionnage reste une valeur sûre des scénarios cinéma. Dans le genre, je vous recommanderais plutôt le Spy game de Tony Scott, avec Robert Redford et Brad Pitt, sauf à lui préférer un énième James Bond, dont l'ultime aventure, Quantum of solace, m'avait passablement déçu. Ceux qui auront apprécié ici Yvan Attal pourront également le retrouver avec plaisir dans un autre film porté par le suspense, dont j'ai parlé en août: Rapt, de Lucas Belvaux.

lundi 6 décembre 2010

L'horreur sauce coréenne

Découvrir le cinéma asiatique n'est pas toujours évident. Ayant eu l'occasion de récupérer une série de dix films sud-coréens, j'en ai regardé un il y a quelques semaines, tâchant d'abord de ne trop rien en savoir avant pour partir "à blanc", sans préjugé. J'avais en fait juste lu qu'il était question d'un film d'horreur en milieu hospitalier. Après coup, je ne peux aujourd'hui prétendre y avoir tout compris. Comme éclatée en plusieurs morceaux, cette histoire de fantômes constitue un puzzle un peu complexe pour mes yeux. Son origine géographique y est-elle pour quelque chose ? Peut-être. Il faut probablement revoir le film (plusieurs fois ?) pour bien tout saisir.

L'oeuvre ici présentée s'appuie sur un flash-back, son narrateur s'avérant être un vieux médecin à la retraite dont l'ancien hôpital va être détruit. Il revient donc aux heures de la seconde guerre mondiale, au cours desquelles la Corée était occupée par les troupes japonaises. À partir de là, il mêle plusieurs récits: celui d'un interne fasciné par la beauté d'une jeune fille suicidée, celui d'une petite fille qui provoque la mort de sa mère et de son nouveau compagnon, celui enfin d'un médecin qui découvre que sa femme n'a pas d'ombre. Même en aimant l'irrationnel, tout cela est un peu déroutant. Certainement pas banal ou mal filmé, mais quelque peu abscons...

Je fais la part des choses: Epitaph est sans aucun doute un bon film. Si j'ai quelque difficulté à juger du talent d'acteurs que je ne connais pas, je peux dire que je n'ai relevé aucune fausse note dans leur jeu, chacun jouant sur le registre de la peur ou de l'effroi de manière plutôt convaincante. Graphiquement, à présent, le long-métrage est d'une grande beauté: on en sortirait presque frustré de ne pas avoir saisi plus de références. Quant à sa durée, moins de deux heures, elle n'est pas assez longue pour que je me sois ennuyé. Mon incursion en territoire cinématographique étranger m'a donc plutôt plu. J'espère que d'autres opérations du genre me permettront d'être progressivement plus réceptif pour mieux apprécier le spectacle.

Epitaph
Film sud-coréen de Shik et Byeong-shik Jeong (2007)
Un nouveau smiley parce qu'objectivement, l'oeuvre des frangins est parvenue à me faire sursauter une paire de fois. Réussie sur le plan strictement plastique, elle reste relativement imperméable à un oeil profane côté scénario, mais n'est pas inintéressante pour autant. Comme je l'ai dit, je crois simplement qu'il me manque encore quelques clés. Pour la peur au cinéma, je juge toujours Sixième sens et Les autres plus efficaces. Quitte à rester en Asie, je suggère l'effroyable thriller japonais qu'est Dark water, dont a d'ailleurs été tiré un remake américain. J'en reparlerai probablement un jour.

samedi 4 décembre 2010

La mutation de Suzanne

Un pavillon bourgeois dans une ville de province, un mari cadre stressé qui est le seul à avoir un salaire, deux grands enfants blonds qui ne savent pas bien quoi faire de leur vie: dans sa tenue rouge cerise, Suzanne a toute la panoplie de la ménagère des années 70. Ce matin-là, quand elle rentre de son footing, elle ne sait pas encore que son destin va basculer. Le bon Robert parti dans l'idée de briser la grève de ses ouvriers ne revient qu'après une courte séquestration et subit une attaque cardiaque. Envolé en cure de repos forcé, il n'a d'autre choix que de confier les rênes de l'entreprise à sa femme. Suzanne à l'usine ou la révélation d'une Potiche. Où il est démontré que le plus cruche n'est pas nécessairement celui qu'on pense...

Pour peu que le septième art vous intéresse, j'ai du mal à imaginer que vous soyez passés à côté de la déferlante Potiche. On a dû parler de ce film dans tous les journaux, sur toutes les chaînes et les ondes diverses et variées. Je le fais moi-même avec plaisir, pour saluer non pas une oeuvre capitale, mais un vrai bon moment de cinéma. Ironie du sort, c'est aussi l'adaptation d'une pièce de théâtre, signée Barillet et Grédy. Catherine Deneuve y reprend le personnage créé par l'inénarrable Jacqueline Maillan. Une star du grand écran succède à un mythe des planches: sur ce premier point, essentiel, aucune fausse note à déplorer. Et le reste de la partition est à l'avenant. Derrière la caméra, il est vrai que le chef tient bien la baguette.

La grande qualité du film est en effet, non pas sa vraisemblance, mais son talent pour être caricatural et crédible à la fois, et donc franchement drôle. Potiche, c'est d'abord une incroyable brochette d'acteurs, tous justes et au service de dialogues ciselés: les rôles principaux sont en outre tenus par d'impeccables Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, Karin Viard, Judith Godrèche et Jérémie Renier. C'est aussi - et j'allais dire surtout - une très chouette reconstitution de l'après-mai 68, tables formica, papiers peints fleuris et moumoute sur les téléphones à cadran. Quelques répliques savamment distillées rappellent au passage que, si elle n'est revenue en arrière, la France n'a pas forcément beaucoup changé non plus. Pas toujours rassurant. Bref, ce n'est jamais vraiment impertinent, mais c'est souvent malin. Bilan général: je n'ai pas ri aux éclats, j'ai même été un instant déçu par le dernier tiers du métrage, mais j'en suis sorti avec le sourire.

Potiche
Film français de François Ozon (2010)
La mutation du titre de cette chronique n'est pas qu'une promotion sociale, mais bel et bien une modification substantielle de la nature même de l'héroïne du film. Vous finirez par comprendre que Suzanne cache bien son jeu. Un mot encore sur le soin qu'Ozon et son équipe ont apporté aux plus petits détails. L'hommage à Jacques Demy paraît évident: le seul fait que l'époux de Suzanne gère une fabrique de pébroques ramène immédiatement vers cette merveille de film qu'est Les parapluies de Cherbourg, Catherine Deneuve reliant d'emblée les deux oeuvres et les deux époques. Second parallèle possible, avec Oscar, une autre pièce de théâtre de ce genre adaptée au cinéma. À voir surtout pour l'excitation de Louis de Funès et la roublardise de Claude Rich, l'humour y étant un peu moins fin.

vendredi 3 décembre 2010

Shakespeare en Chine

Souvenez-vous: l'année dernière, le 19 novembre exactement, j'ai parlé ici du cinéaste chinois Chen Kaige. Depuis, je l'ai entendu interviewé dans le documentaire dont je parlais mercredi et, il y a quelques jours, j'ai revu l'un de ses films: L'empereur et l'assassin. Le cinéaste nous invite à la cour de Ying Zhen, souverain du royaume de Qin, l'une des sept provinces de ce qui n'est pas encore la Chine. Le monarque a justement cette ambition d'unifier l'empire ou, comme il est dit beaucoup plus joliment au cours du métrage, "tout ce qui existe sous le ciel". Pour cela, peu à l'aise avec la diplomatie, il mène la guerre et fomente des complots. L'idée du dernier lui vient de la dame de Zhao, une amie d'enfance devenue sa concubine.

Incarnée par la ravissante Gong Li, la possible future impératrice choisit de se présenter à un prince rival le visage marqué au fer rouge. Elle espère ainsi susciter à la fois la pitié et la haine, conduire son chevalier servant à réclamer réparation à Ying Zhen et alors offrir à son vrai amant le prétexte d'une nouvelle annexion. Oui ? Vous avez tout compris ? Je le reconnais: L'empereur et l'assassin repose sur un scénario un peu compliqué, dont ce que je viens juste de dévoiler n'est que le point de départ. Ces somptueuses images partent visiblement d'abord d'une histoire très écrite, on pourrait même dire littéraire - d'où le titre de ma chronique, en fait. Il faut aimer. Pour ma part, cette densité de l'intrigue n'est pas un obstacle au plaisir pris à la découvrir. Bien au contraire, j'apprécie toujours autant ces grandes fresques historiques, même si elles se déroulent dans un univers étranger. Précision: celle-ci se découpe en chapitres.

Sur la forme, L'empereur et l'assassin n'a pas grand-chose d'un film d'action. S'il montre bien quelques scènes de bataille, c'est plutôt dans les alcôves des palais que se déroule l'essentiel de son intrigue. Pourtant, débarrassée des effets numériques jugés incontournables en Occident, l'oeuvre garde un indéniable souffle épique, celui qu'apporte une formidable galerie de personnages. Je ne suis pas sûr qu'elle soit apte à séduire tous les publics, mais j'affirme qu'il y a là un style, un vrai, encore magnifié par des décors et des costumes d'une incroyable beauté. Origine du long-métrage oblige, la plupart des membres de sa distribution reste méconnue. C'est certainement une raison supplémentaire d'apprécier le travail qu'ils proposent ici. Une escapade dans le lointain passé dont je suis revenu charmé.

L'empereur et l'assassin
Film chinois de Chen Kaige (1998)
Bien que sans doute un peu plus accessible que d'autres, le film fait aussi partie, je crois, de ces oeuvres pour lesquelles il vaut mieux abandonner toute référence occidentale. C'est en s'y plongeant tête en avant, sans préjugé ni retenue, que l'on en tire toute la saveur. Amateur du genre, je me suis régalé - la première fois, bien sûr, mais presque autant à la deuxième vision. Le comparatif s'impose naturellement avec Hero: le film de Zhang Yimou s'appuie en effet sur le même argument et élément historique. Il me faudrait le revoir pour en juger avec plus de pertinence. Le souvenir que j'en ai est celui d'une création onirique et colorée, qui m'avait moins convaincu.

jeudi 2 décembre 2010

Les soldats de mon enfance

Désolé, Michel Sardou. Quand j'étais petit garçon, je ne repassais pas mes leçons en chantant. Ou peut-être que si, mais j'ai oublié. Peu importe. Ce dont je suis sûr, c'est que j'ai longtemps collectionné de petites figurines animées qui pourraient valoir cher aujourd'hui conservées sous blister. Cette armée de mon enfance, je l'ai retrouvée il y a peu dans un film: G.I. Joe - Le réveil du cobra. Rien d'autre qu'un blockbuster américain découvert de manière impromptue au cours d'une soirée crêpes chez des amis. Ce n'est pas (ou plus) mon genre préféré, mais il faut bien aussi se montrer ouvert quand on se prétend prêt à presque toutes les expériences cinématographiques. D'ailleurs, là, je ne me suis pas ennuyé.

Entendons-nous bien: film pyrotechnique assez convenu, G.I. Joe... n'apporte rien de franchement imaginatif au septième art contemporain. Mais qu'importe ces pompeuses considérations: il a pour lui le mérite d'annoncer la couleur et de ne pas se présenter pour ce qu'il n'est pas. Une fois le DVD lancé sur la platine, je savais déjà grosso modo à quoi m'attendre... et j'ai été servi. Deux heures plus tard, je n'ai pas regretté d'être resté devant l'écran. L'avantage des productions de ce type, c'est qu'à condition tout de même d'accrocher aux quelques lignes qui servent de scénario, on n'a peu de risque de trouver le temps long. C'est McDo sur pellicule: pas franchement savoureux, mais ça cale toujours les petits creux.

Après, les acteurs, le réalisateur... pour tout dire, je m'en moquerais presque. Je note malgré tout que j'ai retrouvé ce qui me plaisait jadis, à la glorieuse époque des figurines: la galerie de personnages sympa et typés, tant chez les bons que chez les méchants. Séquence émotion et petit bonheur: il y a même Storm shadow, le ninja blanc au service du mal que j'avais véritablement mis BEAUCOUP de temps à dénicher en magasin (Titi, si tu me lis, merci encore !). L'argument développé ici reste assez classique: un sale type entend devenir rapidement le maître du monde et croit s'en donner les moyens grâce à une menace militaire de grande ampleur. Et fort heureusement pour le monde, l'armée (américaine, bien sûr) dispose d'une escouade secrète, aussi surentraînée qu'efficace sur le terrain. G.I. Joe... offre au moins quelques morceaux de bravoure sur le plan des effets spéciaux. J'ajoute d'ailleurs que l'action est en flux tendu tout au long du métrage. C'est peu, ça ne suffit pas toujours, mais c'est déjà ça.

G.I Joe - Le réveil du cobra
Film américain de Stephen Sommers (2009)

Le titre et la fin laissent imaginer une suite. OK, si vous goûtez peu aux explosions en tout genre, ce qu'on vous propose ici en qualité d'épisode numéro 1 risque de vous lasser très vite. Hé, les garçons ! Pour le plaisir des yeux, il y a aussi Sienna Miller et Rachel Nichols dans des costumes moulants ! Souriez, les filles: dans la troupe, il y a encore quelques p'tits mecs, dont un certain Marlon Wayans, auteur d'une vanne à chaque apparition et que j'ai pris pour Thierry Henry. Bon, OK, tout ça ne suffira peut-être à vous convaincre de regarder ce film logiquement produit par... Hasbro, la marque de jouets. Disons quand même que ça peut être sympa pour une séance orientée pop corn. Dans le genre, cette année, j'avais vu L'agence tous risques. Niveau fun, l'oeuvre du jour est un ton en-dessous.