vendredi 30 novembre 2018

Dernière ligne droite

La fin de l'année approche à grands pas. La saison des tops aussi. N'allons pas trop vite: demain, il nous restera un mois avant 2019. Pour l'heure, je crois qu'il est temps de faire un petit bilan personnel du Movie Challenge 2018, initié le 5 janvier dernier par Tina et Lily. Motivé au coup d'envoi, j'espère toujours pouvoir le terminer, mais...

Il me reste six catégories à remplir, à savoir... 
9. Le titre du film comporte un verbe à l'infinitif... 
19. Le film est sorti l'année de mon bac... 
22. Le film a remporté l'Oscar du meilleur film... 
25. Le film m'a mis en colère... 
32. Le film dure au minimum trois heures... 
35. Le film est tiré d'une série ou en a inspiré une...

Promis: je ferai un bilan détaillé quand la date limite sera passée. J'avais un temps imaginé compléter le puzzle en jouant stratégique dans la dernière ligne droite, mais j'ai presque renoncé à cette idée. Mon intention est de regarder les films qui me font envie au moment où j'en ai envie: je verrai bien ensuite où tout cela m'aura mené. L'année dernière, j'étais parvenu à cocher 34 des 40 cases proposées. J'ai donc égalé ce score, mais faire mieux n'est pas gagné d'avance. Point d'amertume dans ce constat: ce qui compte, c'est de m'amuser !

mercredi 28 novembre 2018

Dualité américaine

On ne mesure peut-être pas assez le courage qu'il a fallu aux femmes et aux hommes qui, au 19ème siècle, ont quitté la façade atlantique des États-Unis pour aller vers l'Ouest. Certains ont changé de vie. L'homme qui tua Liberty Valance pose la question de leur adaptation à d'autres moeurs et conditions. Et ce classique y répond avec talent !

De nombreux cinéphiles présentent John Ford comme le maître absolu du western américain. Un aveu: j'ai réalisé tardivement que ce film était l'un de ses derniers. Cette pièce maîtresse de sa longue carrière construisit sa notoriété en se présentant comme la première occasion de voir les grands James Stewart et John Wayne ensemble à l'écran. Le premier joue un jeune avocat d'une rectitude absolue, convaincu que le droit est la meilleure des armes, tandis que le second incarne un cow-boy pragmatique, prêt à sortir son revolver quand les choses tournent mal. Après que Ransom Stoddard a été volé et roué de coups par un bandit sans vergogne, Tom Doniphon lui suggère aimablement d'oublier ses principes et d'apprendre à tirer. Présenté ainsi, le pitch peut vous paraître ordinaire, mais le film ne l'est assurément pas ! Construit sur un long flashback, L'homme qui tua Liberty Valance dresse le portrait de l'Amérique et offre une réflexion sur ses idéaux. A-t-on besoin de héros pour bâtir une société juste et égalitaire ? Quel degré de mensonge peut-on accepter ? Je vous laisse répondre...

Si ce western gagne à être vu - ou revu - aujourd'hui, c'est également parce qu'il se penche aussi sur un sujet majeur: celui de la presse. Lors de la scène d'ouverture, nous sommes au début du 20ème siècle et les journalistes occupent déjà une place centrale dans le jeu institutionnel. Même si ce n'est probablement pas le sujet numéro 1 du scénario, ce fameux positionnement des médias face aux hommes politiques et aux citoyens reviendra souvent, en filigrane du récit. Dès lors, L'homme qui tua Liberty Valance demeure d'une modernité étonnante, les sujets qu'il soulève étant toujours pertinents en 2018. L'usage du noir et blanc apporte certes une distance, mais l'empathie que l'on aura pour les divers protagonistes de cette noble histoire joue évidemment en faveur d'une émotion sincère, encore renforcée par l'interprétation sans faille de la distribution (dans son ensemble). Certains parlent d'une oeuvre testamentaire, qui concentrerait donc tout ce que John Ford a voulu exprimer depuis ses débuts... en 1917. Je trouve que sa sobriété formelle la rend particulièrement admirable.

L'homme qui tua Liberty Valance
Film américain de John Ford (1962)
Western tardif, ce long-métrage apparaît donc beaucoup plus réfléchi que de nombreux autres films du genre. Je le recommande volontiers aux amateurs, mais aussi à qui n'aime pas spécialement les histoires du Far West. Quelques années plus tard, des cinéastes venus d'Italie achèveront de dynamiter les grands mythes fondateurs américains. On a le droit de leur préférer La prisonnière du désert, évidemment.

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Une anecdote étonnante...
Elle s'adresse à celles et ceux qui choisiront de voir le film en version française. La version sortie en DVD en 2002 inclut quelques scènes coupées pour l'exploitation cinéma, qui n'ont donc pas été doublées. Résultat: certains dialogues sont restés en anglais (avec sous-titres) !

Et, pour finir, quelques liens...

Le film garde une excellente réputation. Certain(e)s de mes ami(e)s cinéphiles l'ont même évoqué plusieurs fois ! À vous d'aller farfouiller sur les blogs de Dasola, Sentinelle, Ideyvonne, Strum, Eeguab, Vincent et Lui. Avant de réétudier l'idée de légende, vous aurez de la lecture !

lundi 26 novembre 2018

L'amour en danger

De retour de Turin, j'aurais bien volontiers opté pour un film italien. Faute d'en avoir un à leur proposer, j'ai en fait guidé mes parents vers le travail d'un réalisateur italo-américain: Francis Ford Coppola ! Quelques jours plus tôt, ma maman et moi avions pu voir un extrait de Coup de coeur au Museo Nazionale. Un plan B intéressant, donc...

Certes, ce n'est pas le film le plus connu de la carrière de son auteur. Alors au faîte de sa gloire, lauréat de deux Palmes d'or et d'Oscars multiples, sans même tenir compte d'une multitude de récompenses annexes, Coppola entame les années 80 avec une oeuvre étonnante. Elle correspond au choix de sa part de tourner à l'ancienne, au coeur d'un studio et en totale autoproduction. Dérouté ou non, le public n'accroche pas et lâche celui qu'il portait aux nues: Coup de coeur connaîtra un échec retentissant et ruinera le maestro, qui prendra une quinzaine d'années, dit-on, pour éponger la totalité de ses dettes. Dommage ! Cet opus a bien des qualités. Il raconte l'histoire (banale) d'un couple qui fête ses cinq ans et, à l'occasion, entame une dispute sur le thème des cadeaux. Aussitôt après, Frannie traîne son chagrin chez une copine, tandis que Hank s'installe chez un copain. Les deux finiront bien sûr par se laisser reprendre par le goût de l'aventure. Bon... le moment est venu de vous dire que toute l'affaire est censée se dérouler à Las Vegas, que l'on surnomme parfois La ville du péché.

Ne craignez rien: il n'est en aucun cas question ici de bondieuseries ! Bien au contraire, le rythme trépidant du récit rend l'idée adultérine presque agréable: elle est à tout le moins le prétexte à une débauche d'effets visuels et sonores, qui ont eu sur moi un effet de fascination. Le constat s'impose dès les toutes premières scènes: Coup de coeur est d'abord un film conçu pour la musique, un nombre très important de chansons de Tom Waits (en solo ou en duo avec Crystal Gayle) alimentant la B. O. et explicitant les sentiments des personnages. Personnellement, le résultat m'a d'autant plus séduit que les images brillent de mille feux, le tournage dans un décor en carton-pâte autorisant un fort impressionnant jeu sur les lumières et couleurs. Pour qui se laisse saisir par l'émotion, il y a de la magie, là-dedans ! Côté casting, Teri Garr et Frederic Forrest, que j'ai en fait découverts pour l'occasion, m'ont convaincu, et je souligne la présence d'un duo promis à un avenir radieux: Nastassja Kinski et Harry Dean Stanton. Serait-ce assez pour vous convaincre ? Je l'espère très sincèrement...

Coup de coeur
Film américain de Francis Ford Coppola (1982)
Un joli film plein de couleurs qui parle avec une certaine emphase d'amour en musique... oui, ça vous dit quelque chose ? Ces images m'ont rappelé celles de La La Land, que j'avais beaucoup aimé aussi. Attention: nous ne sommes pas ici dans le registre de la comédie musicale (les personnages ne chantent pas). Mais l'hommage vibrant rendu au cinéma des studios m'a touché. Une réhabilitation s'impose !

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Si vous voulez aller plus loin...

Vous trouverez une autre chronique du film chez "L'oeil sur l'écran". Ideyvonne, elle, a parlé de Dean Tavoularis, son directeur artistique. 

samedi 24 novembre 2018

Un temple du cinéma

Vous vous souvenez ? Il y a peu, je me suis octroyé une petite pause sans blog. Parmi les choses que j'ai faites loin des écrans, il y en a une que j'avais envie de vous raconter: j'ai passé deux jours à Turin. Avec mes parents, c'était notre tout premier séjour dans cette ville d'Italie. Un peu speed, mais très sympa, malgré une météo maussade.

Près de 900.000 personnes vivent là-bas, d'après Wikipédia. Place forte industrielle, la capitale du Piémont n'a pas un look de carte postale. Pourtant, pour qui y erre sans intention précise, ses charmes sont multiples: traversée par le Pô, la cité dévoile son fort caractère historique grâce à de nombreux beaux bâtiments anciens. Les têtes couronnées qui y ont vécu et régné tour à tour sur la Savoie, la Sicile, la Sardaigne et l'Italie unifiée, ont laissé une empreinte indélébile. Maintenant, au-delà des palais, places de dimensions très généreuses et rues piétonnes, ce qui m'a frappé reste le très grand nombre d'arcades, fort utiles d'ailleurs... pour se protéger du mauvais temps !

Bon... peut-être l'avez-vous compris: si je vous en parle, c'est aussi parce que j'ai profité de ce mini-voyage pour entretenir notre passion commune, en visitant la Mole Antonelliana. Cet édifice majestueux est l'un des symboles de l'Italie toute entière - il apparaît sur la face des pièces de deux centimes d'euros. Commandé par la communauté judaïque en 1863, il devait abriter un lieu de culte et une école. Depuis presque le premier jour, son histoire est riche en péripéties. Finalement, sous sa flèche à 167,5 mètres de haut, il est devenu l'un des grands temples du septième art: le Museo Nazionale del Cinema. C'est un lieu très couru: le mieux est peut-être de s'y rendre assez tôt dans la journée, car il n'est pas exclu de faire la queue pour entrer. Oui, mais vous pouvez me croire quand je dis que cela vaut la peine !

La visite démarre par ce qui est appelé "l'archéologie du cinéma". Théâtre d'ombres, praxinoscopes, premières machines et inventions consacrées à l'optique et au mouvement, la quantité d'objets présentés dans cette (vaste) section est tout à fait impressionnante ! Pour le bonheur et la surprise de tou(te)s, une partie de la collection n'est pas seulement exposée, mais aussi manipulable. Difficile donc de résister à cette proposition de chausser un temps des lunettes stéréoscopiques pour la découverte de la 3D primitive, par exemple. Sans surprise, mais avec justesse, ce premier labyrinthe de salles évoque aussi l'apport des frères Lumière. On y passerait des heures...

Mis en appétit, on rebrousse alors chemin et on emprunte une volée d'escaliers que, dans un premier temps, on avait laissée de côté. Arrivé en haut des marches, je me suis senti un peu comme une star invitée à son premier Festival de Cannes, saisi d'une émotion forte devant la magnificence de la partie centrale du musée: une salle immense à partir de laquelle on accède à d'autres lieux d'exposition. Avant d'entrer dans le vif du sujet, ou après l'avoir fait, il est possible de prendre un temps de pause dans l'une des nombreuses chaises longues (dotées d'écouteurs) mises à notre disposition, pour profiter d'innombrables extraits de films en tout genre, de toutes les époques et de tous les pays. L'atmosphère est, ma foi, absolument magique ! De fait, on ne peut que lever les yeux, vers les écrans et les étoiles...

À ce stade, plusieurs petites salles thématiques nous sont accessibles pour en savoir encore davantage sur les différents types d'histoires que le cinéma peut nous raconter. Mieux: longue de plusieurs dizaines de mètres, une rampe hélicoïdale nous ouvre la voie vers les espaces supérieurs, où une belle partie de l'exposition nous initie à la manière de fabriquer un film. Intelligemment, un court-métrage est utilisé comme support pour une explication de toutes les composantes artistiques et techniques d'une oeuvre filmique. Quatre longs couloirs remplis de photos et d'objets emblématiques favorisent l'immersion dans ce making of grandeur nature, le résultat final restant à portée de vue, sur des écrans diffusant des extraits des meilleurs classiques. Là encore, on trouvera également quelques installations interactives !

Juste un étage au-dessus, on en prend à nouveau plein les mirettes grâce à une incroyable collection d'affiches originales. Le Musée n'expose qu'une partie de ses richesses, un autre lot restant à l'abri dans ses réserves, mais à découvrir également grâce à une vitrine interactive... que je n'ai pas vue. J'ai néanmoins pris un plaisir indéniable à arpenter cette partie de l'établissement, en m'amusant parfois d'un visuel un peu kitsch et en jouant à reconnaître les titres originaux (ou français) derrière les libellés en italien. D'une manière générale, je suis resté admiratif devant la grande qualité du travail des anciens illustrateurs. Il est indéniable que les temps ont changé...

Heureusement pour les passionné(e)s, le Museo Nazionale del Cinema est un lieu en mouvement, qui donne donc à voir des expositions temporaires de grande qualité, en vis-à-vis de son fonds permanent. Quand j'y suis allé, une multitude d'écrans ornait la fameuse rampe hélicoïdale pour parler des liens entre le septième art et la musique. Avis aux amateurs: tout cela restera accroché jusqu'au 7 janvier. Autre aspect des lieux que j'ai négligé: un ascenseur en verre permet aux courageux de défier leur vertige en rejoignant une plateforme située à 70 mètres de haut, en extérieur, sur la Mole Antonelliana. Rien interdit de commencer la visite par cette étape. L'expérience vaut même à elle seule le détour, offrant la possibilité d'admirer Turin depuis l'un de ses points les plus hauts: un véritable décor de cinéma !

Au sortir de cette escapade, je suis bien évidemment très heureux d'avoir découvert ce musée, d'autant que, venu sans idée préconçue ou renseignement préalable, je me suis largement laissé surprendre par ce qu'il choisit de mettre en avant. Pour tout dire, je m'attendais à ce que le cinéma italien occupe davantage le devant de la scène. Naturellement, les films (et artistes) transalpins ont toute leur place parmi les milliers de pièces exposées, mais c'est bien un panorama élargi de la création d'images en mouvement qui attend le profane. L'incroyable nombre de films iconiques mis en valeur fait que chacun peut probablement en apercevoir quelques-uns qui lui sont familiers. Pas besoin, en réalité, d'être un expert pour en profiter pleinement. La suite est affaire de curiosité et d'endurance, une visite intéressée nécessitant au moins, à mon très humble avis, deux ou trois heures. Pour terminer, j'ai pris une grave décision: celle d'y replonger un jour.

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Un tout dernier mot sur les images...
Je reconnais que j'ai pioché la première et la quatrième sur Internet. Ami photographe, si tu y as reconnu son travail, je peux tout retirer sur simple demande. Enfin, tout sauf la vue générale sur Turin, saisie par mon papa, et les cinq autres photos... que j'ai faites au passage !

jeudi 22 novembre 2018

Plouf plouf

Je trouve toujours assez compliqué de dire du mal des gentils films. Évacuons cette difficulté tout de go: Le grand bain est un gentil film qui ne m'a pas totalement convaincu. J'aurais aimé l'aimer davantage. Je ne suis pas vraiment parvenu à "entrer dedans". Trop de monde sur l'écran et pas assez de feeling dans la salle de cinéma. Navrant...

Je vais tenter de mieux m'expliquer. Film de groupe, Le grand bain repose sur cette idée un peu dingue de faire d'une bande de paumés l'équipe lauréate d'une grande compétition de natation synchronisée. L'intention comique initiale serait justement de parier sur des mecs pour s'illustrer dans un sport de gonzesses (d'après les machos, oui !). Sitôt lancé, le long-métrage nous parle d'incongruité: une séquence introductive file allégrement la métaphore du cercle non insérable dans le rectangle. Ensuite, on nous invite à rencontrer un nouveau dans le clan des habitués de la piscine, pour admettre du même coup que la fréquentation du milieu aquatique a des vertus thérapeutiques sur les déglingués de la vie sociale. OK. Cela peut être drôle, oui. Seulement, le récit passe beaucoup de temps sur certains, bien moins sur d'autres et ne parle finalement que tardivement du collectif. Aucun acteur ne tire la couverture à lui: c'est tout à leur honneur. Seulement voilà: le film de potes attendu n'est pas au rendez-vous...

Las ! L'autre promesse du pitch n'est également qu'à moitié tenue. Les bandes-annonces du film m'avaient laissé entendre que les gars auraient la vie dure avec leurs coachs: des nanas ! Bon... je n'ai rien à redire sur la prestation de Virginie Efira et pas davantage sur celle de Leïla Bekhti, mais leurs personnages sont vraiment caricaturaux ! Plus enquiquinant encore, je me suis finalement dit que les garçons s'en seraient sortis sans elles, qui ne les accompagnaient en réalité que pour panser leurs propres blessures intimes. Bref, en un mot comme en cent, j'ai trouvé Le grand bain franchement déséquilibré. Attention: tout n'est pas à jeter pour autant. Voir Philippe Katherine jouer les neuneus m'a bien plu, de même que certaines des scènes avec un Benoît Poelvoorde un peu canalisé ou un Jean-Hugues Anglade sobre et touchant. Mathieu Amalric ? Fébrile... comme d'habitude. Guillaume Canet, Alban Ivanov, Félix Moati ? Corrects, sans plus. Reste l'inconnu Thamilchelvan Balasingham: petit rôle, belle présence.

Le grand bain
Film français de Gilles Lellouche (2018)

La première fois que j'ai entendu parler de ce film, c'était il y a plus d'un an, grâce à un dossier de douze pages dans un mag cinéma. Sélectionné hors-compétition à Cannes, il a eu une belle exposition ! Disons donc que, respectable, il n'est pas à la hauteur des attentes. The full monty, auquel il est comparé, était meilleur, de mémoire. Une autre option chorale rigolote ? Pride - ou bien le méconnu Sumô

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Maintenant, un bémol à mon propos...
Le film fait un carton: il avait déjà attiré 3,5 millions de spectateurs après quatre semaines d'exploitation. Si vous voulez lire d'autres avis que le mien, Pascale, Dasola, Princécranoir et Strum vous attendent !

mardi 20 novembre 2018

C'était Freddie

J'ai découvert le groupe britannique Queen avec le dernier album sorti du vivant de son leader - Innuendo (1991). Je me suis ensuite pris d'une véritable passion pour Freddie Mercury et ses trois comparses musiciens, écoutant chaque pièce de leur incroyable oeuvre musicale commune et me renseignant sur ce qu'ils furent en tant qu'hommes...

Queen a accompagné mes années d'étudiant et je suis bien content d'avoir acheté chacun de leurs albums studio, même si je l'ai donc fait avec jusqu'à une quinzaine d'années de retard, même si les CD avaient remplacé les vinyles, même si je ne les écoute plus beaucoup. Bien que je ne me considère pas vraiment comme un fan, apprendre qu'un film allait être tourné pour revenir sur cette carrière artistique de premier plan ne pouvait évidemment pas me laisser indifférent ! Je suis allé voir Bohemian Rhapsody le jour de sa sortie française ! J'ai lu depuis lors toutes les anecdotes sur sa production compliquée. Et j'essaye de ne pas trop y repenser pour juger du film, tel qu'il est...

Malgré tout, deux éléments de la coulisse me paraissent importants pour bien (mieux ?) le comprendre. 1) Il porte le titre de la chanson emblématique du groupe, une oeuvre folle écrite par Freddie Mercury himself, objet de la rupture entre le groupe et sa maison de disque d'alors. Nous étions en 1975 et Queen tout entier chanterait bientôt sous un autre label. 2) Le film Bohemain Rhapsody a été co-produit par deux des membres survivants du groupe, le guitariste Brian May et le batteur Roger Taylor - le bassiste, John Deacon, étant en retrait depuis maintenant une vingtaine d'années. Voilà... ce long-métrage qui nous est proposé aujourd'hui, je veux le voir comme un hommage tardif de May, Taylor et Deacon à leur pote Mercury. Le chanteur occupe encore le devant de la scène. Et avec toute son extravagance !

Autant vous le dire: des choix radicaux ont été faits du point de vue scénaristique. Cela peut décevoir: un pan important de leur parcours reste dans l'ombre (essentiellement les dernières années, en fait). Plus étonnant à mes yeux, la vie privée du charismatique Mercury paraît parfois "simplifiée", si ce n'est aseptisée. En y repensant quelques jours plus tard et en parlant autour de moi, je n'y ai pas vu d'auto-censure de la part des autres membres du groupe. Leur ami était homo ? Bisexuel ? Toxicomane ? Oui, et alors ? C'était Freddie. Bohemian Rhapsody s'intéresse moins à sa personnalité tourmentée qu'à son génie créatif. Au passage, l'évocation de ses origines sociales modestes et, bien sûr, la révélation de sa séropositivité finissent par le rendre plus attachant encore. Mouchoirs non exclus...

Certains regretteront sans doute que le film se destine principalement aux fans du groupe et de son incroyable meneur: je peux l'admettre. Personnellement, je dois dire que j'aurais bien aimé réentendre certaines chansons méconnues... mais la BO ressemble à un Best of. Tant pis ! Bohemian Rhapsody reste toutefois une très belle réussite dans la mesure où les quatre acteurs s'avèrent à la fois respectueux de leurs modèles... et convaincants ! Rami Malek, qui n'a jamais été le tout premier choix pour jouer Mercury, entre pourtant dans la peau du personnage avec vigueur et talent, bien au-delà d'un mimétisme désincarné. En équipe, Gwilym Lee, Ben Hardy et Joseph Mazzello brillent, eux aussi, en May, Taylor et Deacon. Un vrai casting rock ! Je salue d'autant plus ces comédiens que je ne les connaissais pas auparavant: c'est ainsi que se révèle la magie du cinéma, parfois. Juste après, c'est comme pour la musique: une fois qu'on y a goûté...

Bohemian Rhapsody
Film américano-britannique de Bryan Singer (2018)

Mon bilan est donc largement positif, même si le film reste fort sage. Les amateurs de rock en anglais qui chercheraient une alternative pourront se rabattre sur Control autour de Joy Division, découvrir Killing Bono (et en apprendre de belles sur U2) ou appréhender l'avant-Beatles par la grâce du très sympathique Nowhere boy. Comment ? Vous préférez la pure fiction ? Soit. Bien des options possibles, jusqu'au méconnu Frank. Ma préférence à moi ira à Once !

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Sans plus de cérémonie, je suis allé voir ailleurs...
J'ai ainsi trouvé une autre chronique très positive chez l'amie Pascale.

lundi 19 novembre 2018

Une improbable rencontre

Était-ce Quentin Tarantino ? Les deux ? Ou juste lui ? Il me semble que Luc Besson avait dit un jour qu'il ne réaliserait que dix films. D'aucuns lui suggèrent de s'arrêter, puisqu'il en est à dix-sept longs aujourd'hui... et encore, c'est sans compter ceux qu'il a produits. Depuis le début des années 80, ça fait malgré tout une belle carrière !

Je dis "malgré tout", car il me semble que le cinéaste est controversé depuis toujours et pour chacune de ses réalisations. Je dois avouer que son travail ne m'enthousiasme jamais follement, même si j'aime m'y frotter parfois pour en juger en meilleure connaissance de cause. C'est dans ce contexte que j'ai eu l'occasion de découvrir Angel-A. Neuvième création made in Besson, il entre dans les clous explicités précédemment. Son scénario tourne autour d'un jeune gars, menacé par ses dettes non remboursées à quelques types peu fréquentables. Ce gars, c'est André, alias Jamel Debbouze, avec son phrasé habituel. Comme toujours chez Besson, une femme ne va pas tarder à entrer dans le jeu, sauvée du suicide d'abord, possible bienfaitrice ensuite. La façon dont Luc Besson la filme reste de fait vraiment... discutable.

Pourtant, j'ai accroché à cette histoire. Bon... je n'ai pas l'intention d'affirmer qu'elle exprime tout le génie de son inventeur, mais juste de dire que j'ai passé un assez bon moment devant ce conte citadin. Objectivement, la subtilité est restée au vestiaire, mais j'ai vu d'assez belles choses quand même et défendrai notamment la photo noir et blanc de Thierry Arbogast (même si elle frôle parfois le cliché). Arrivé par hasard dans ma collection DVD, Angel-A m'a donc surpris positivement, en somme. Après, la signature Besson est toujours là et l'actrice principale, Rie Rasmussen, ne devient pas une révélation formidable, mais demeure... un mannequin qui s'essaye au cinéma. Le regard porté sur elle est assez naïf et parfois bien peu valorisant. C'est du cinéma geek, en fait, à la limite de l'immaturité et bien loin des références classiques auxquelles il peut sembler faire référence. Cela aura suffi à me satisfaire ! Je devais être bien luné, ce soir-là...

Angel-A
Film français de Luc Besson (2005)
Vous hésitez ? Je comprends. Je note généreusement, mais j'admets que ce programme puisse aussi rebuter. Ce n'est pas un GRAND film. Sincèrement, si vous aimez les contes modernes, La vie est belle reste toujours un incontournable absolu, 71 ans après sa sortie. J'aime autant préciser que c'est Luc Besson qui le cite... et pas moi. Autant l'ajouter: lui est bien loin d'atteindre la grâce de Frank Capra !

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Et si on parlait du Movie Challenge ?

Hop, case n°4: "Personne ne s'attendait à ce que j'aime le film" ! Franchement ! Je ne m'y attendais pas moi-même ! C'est vous dire...

Je vous propose de finir en contrepoint...
Ce sera l'occasion de constater que Pascale, elle, a détesté cet opus.

dimanche 18 novembre 2018

L'enfant perdu

Guillaume Canet ne m'est pas antipathique, mais je le trouve fadasse comme acteur. J'ai toutefois regardé Mon garçon, un film avec lui sorti l'an dernier, pour remettre en question cette idée préconçue. Malheureusement, j'ai trouvé le résultat assez peu probant. Honnête sans doute, mais sans génie. Comme je perçois le comédien, voilà...

Pour ainsi dire, Guillaume Canet se trouve ici sur un terrain familier. C'est en effet son troisième film avec le cinéaste Christian Carion. Cette fois, il s'agit pour l'interprète d'entrer dans la peau d'un père divorcé dont l'enfant, confié aux bons soins de la maman, a disparu lors d'un camp de vacances. Le récit débute sans image, par la voix éplorée de cette mère laissant un message sur un répondeur téléphonique. L'idée n'est pas originale, mais le "concept d'ensemble" l'est davantage: Guillaume Canet n'avait eu droit qu'à quelques pages pour se faire une idée de ce qu'il allait devoir jouer, le scénario complet ne lui étant révélé qu'au fur et à mesure. Mystère, mystère...

Le problème, c'est que cette technique ne débouche sur rien de neuf. Assez prévisible dans son déroulé, le film se laisse certes regarder sans difficulté, mais sans passion non plus. Mon garçon m'est apparu beaucoup trop linéaire pour faire monter une vraie et forte tension. Après, encore une fois, Guillaume Canet est correct, mais se contente d'un registre assez sage pour exprimer des émotions complexes. Franchement, je ne lui en veux pas: le peu d'inventivité du scénario cantonne son jeu à ce qu'on a déjà vu ailleurs (et parfois en mieux). Tourné rapidement, monté au cordeau, le film a au moins le mérite de ne pas trop délayer son propos et de rester constant sur ce côté brut de décoffrage: il dure moins d'une heure trente - un vrai atout. Cela étant, il paraît avoir un peu sous-exploité son cadre montagnard.

Mon garçon
Film français de Christian Carion (2017)

Faut-il parler de déception ? Non, car je n'attendais pas grand-chose. Comme je l'ai dit, la brièveté du film lui sauve la mise. Si le thriller montagnard peut vous intéresser, L'amour est un crime parfait pourrait être un plan B acceptable. Mouais... à propos d'enfant disparu, tout cela n'égale pas la noirceur de Prisoners. Est-ce le genre qui "coince" ? Ces deux films-là n'ont pas davantage fait l'unanimité...

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Je vous livre un lien pour en savoir plus...

Vous pourrez dès lors confronter mon avis à celui de l'amie Pascale.

vendredi 16 novembre 2018

Toubib or not toubib

Connaissez-vous la PACES ? La Première Année Commune aux Études de Santé est l'une des premières étapes possibles pour être médecin en France. Après de longs mois d'intense bachotage, les étudiants rescapés passent un concours qui les classe et, à son terme, les reçus peuvent choisir leur filière... selon, of course, les places disponibles !

Extrêmement sélectif, ce système pourrait évoluer prochainement. Avant cela, le film Première année se propose de de nous immerger dans le maelström estudiantin, comme pour dénoncer l'absurdité fondamentale d'un dispositif qui, au final, n'empêche pas notre pays de manquer de professionnels de la santé. Pour ce faire, le scénario concentre son propos sur deux garçons, l'un tout jeune bachelier, l'autre inscrit en PACES pour la troisième fois. Benjamin et Antoine sympathisent et travaillent ensemble pour entretenir leur motivation. Non sans humour, le récit nous montre qu'ils restent en concurrence ! Derrière la caméra, Thomas Lilti sait quelque chose du défi XXL auquel ils se confrontent: le réalisateur est aussi médecin généraliste diplômé et, paraît-il, consulte toujours entre deux projets cinéma. Cela rend son propos pertinent et crédible, si ce n'est 100% objectif. D'aucuns ont de fait pu lui reprocher d'être (un peu) trop caricatural...

Je ne veux pas entrer dans le débat du vrai, de l'exagéré et du faux. Si j'ai voulu voir le film, c'est par intérêt pour le sujet, c'est un fait, mais aussi parce que j'avais des espoirs sur son potentiel comique. L'absurde est souvent générateur de drôlerie, non ? Première année est plutôt réussi, de ce point de vue, d'autant que les deux comédiens principaux, Vincent Lacoste et William Lebghil, 25 et 28 ans, rendent leurs personnages attachants (et ce malgré leurs âges "avancés"). Finalement, on n'est pas passé loin d'un excellent programme ! Histoire de chipoter un peu, je déplore quelques défauts d'élocution chez les acteurs et, surtout, des personnages secondaires insipides ou, à tout le moins, très peu développés. Le tout reste sympa, hein ? J'aurais juste bien aimé que la forme, soignée, soit plus aboutie. Qu'on quitte les rivages confortables du feel good movie à la française pour profiter de quelques plans construits avec davantage d'audace. Bon... Thomas Lilti raconte des choses intéressantes: c'est déjà ça. Après quatre longs-métrages et à 42 ans, il pourra encore s'améliorer.

Première année
Film français de Thomas Lilti (2018)

Un aimable divertissement, comme on le dit parfois de ces films dispensables, mais sympathiques. Je l'avais repéré un peu en avance et... j'ai failli le louper au cinéma (ce qui n'aurait pas été très grave). J'insiste sur un point: c'est davantage un film sur un cursus étudiant que sur la jeunesse étudiante. Cédric Klapisch me semble plus à l'aise dans le second registre. Et 13 semestres ? Sympa, mais très discret ! 

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Je vous recommande mes confrères blogueurs Tina et Princécranoir.

jeudi 15 novembre 2018

Dans la tourmente

J'ose supposer que vous serez d'accord: l'Histoire avec un grand H entraîne parfois les êtres là où ils ne voulaient pas aller. Dans le cas de Tom Dobb, c'est la guerre qui a suivi la Déclaration d'indépendance américaine qu'il faut mener, même sans se sentir vraiment concerné. Mais comment ne pas se rebeller quand son fils a été enrôlé de force ?

Porté par un Al Pacino pourtant malade lors du tournage, Révolution fait le portrait d'un homme pris dans la tourmente des événements. Malgré sa distribution "alléchante", avec également Nasstasja Kinski et Donald Sutherland, le film est longtemps resté sous mes radars. Sans doute peut-on en partie l'expliquer par le très mauvais accueil qui lui a été réservé à sa sortie en salles. Or, comme Michael Cimino avant lui, le réalisateur, Hugh Hudson, dut affronter des producteurs exigeants et fut même contraint de filmer un final différent de celui qu'il avait imaginé. J'ai ainsi déniché une très intéressante interview datant de juin 2015, trente ans après, où il témoigne de sentiments contradictoires à l'égard du long-métrage, jugeant comme une erreur possible d'avoir accepté de le tourner, mais en le présentant aussi comme son oeuvre préférée, la plus atypique, la plus aventureuse ! Personnellement, j'aime autant rester sur cette seconde appréciation. En effet, malgré quelques maladresses, cette fresque m'a embarqué. Disons à tout le moins qu'elle a parfaitement répondu à mes espoirs...

Je crois que c'est essentiellement l'humanisme des personnages positifs de ce que j'ai vu qui m'a touché. Même si ce n'est pas le sujet principal, j'ai également apprécié ce qui m'a semblé être un message politique sous-jacent - et même s'il n'est pas franchement optimiste. Révolution était peut-être un film un peu trop ambitieux pour briller réellement et/ou durablement au panthéon des grandes oeuvres populaires. Sans snobisme aucun, je veux vous dire que ses qualités réelles me l'ont rendu attachant. Je souhaite donc parvenir à garder en mémoire quelques scènes fortes et plans d'une grande beauté. Bon... évidemment, cela vient encore confirmer mon intérêt spontané pour les films en costumes, sur un fond d'événements historiques reconstitués (fidèlement ou pas, je m'en moque un peu, cette fois). Je sais bien que ces productions font rarement l'unanimité critique ! Un conseil, du coup: si vous avez l'occasion de découvrir cette oeuvre fragile, le mieux serait peut-être bien de ne pas trop en attendre. Pris au jeu, vous pourriez bien être séduits. Je l'espère, en tout cas...

Révolution
Film américano-britannique de Hugh Hudson (1985)

Une oeuvre un peu bancale, oui, mais qui mérite (re)considération. J'ai parlé de Michael Cimino plus haut: une façon de vous inciter également à (re)voir La porte du paradis... pour juger de sa manière encore plus radicale d'écorner les mythes fondateurs américains. Maintenant, vous avez bien le droit de préférer les choses plus soft ! Sur le même sujet, The patriot, avec Mel Gibson ? Un souvenir flou...

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Pour finir, un contrepoint critique à ma lecture du film...

Ou plutôt deux: je vous laisse les consulter chez Laurent et chez Lui.

mercredi 14 novembre 2018

Gaulois en goguette

Est-ce la faute de la bande dessinée ? La figure du Gaulois revient régulièrement dans le débat public comme le symbole du Français moyen fier de ses traditions et, de facto, hostile au changement. J'avoue franchement que je n'y ai pas réfléchi en découvrant Astérix et Cléopâtre, dessin animé sorti en 1968 et tiré de l'album de 1965...

Cette histoire, je pense que nous sommes nombreux à la connaître aussi grâce à Astérix & Obélix: Mission Cléopâtre, son adaptation filmée, signée Alain Chabat et carton du box-office français en 2002. Sans surprise véritable, on retrouve donc ici nos braves amis gaulois du côté de l'Égypte, venus en aide à un architecte local assez nul, mais désigné en haut lieu pour construire un palais à vitesse grand V. L'objectif de la pharaonne est en réalité de prouver à César himself que le peuple égyptien est supérieur à son voisin et occupant romain. Vous imaginez sans doute la suite (bagarreuse) et la fin (heureuse). Je ne vais rien démentir, mais je n'en dirai pas plus sur le scénario...

Sur le plan formel, cet Astérix et Cléopâtre, parce que de facture "classique", pâtit évidemment de la comparaison avec les productions animées d'aujourd'hui. Techniquement dépassé, il reste regardable comme un plaisir d'enfance, d'autant plus proche de l'oeuvre originelle qu'Albert Uderzo, dessinateur, et René Goscinny, scénariste, signent eux-mêmes cette modeste adaptation de leurs travaux. Un doublage talentueux et l'ajout de scènes chantées (!) apportent quelque chose de neuf pour l'époque, qu'on a bien le droit d'apprécier encore aujourd'hui, cinquante ans plus tard. Le duo des méchants m'a plu. Objectivement, je préfère le film, mais bon... on ne va pas chipoter !

Astérix et Cléopâtre
Film français d'Albert Uderzo et René Goscinny (1968)

Bon... si vous aimez les Gaulois animés, en dessins ou images réelles, mon index des films vous permettra d'en retrouver d'autres. L'opus d'aujourd'hui est assez brut de décoffrage, mais se montre vraiment respectueux de la tradition "astérixienne"... et pour cause ! Cela ne doit pas vous décourager de voir les autres, avec une mention pour celui d'Alexandre Astier: Astérix - Le domaine des dieux (2014).

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Et un pas de plus pour le Movie Challenge...
Hop, case n°15: "Le réalisateur du film n'est ni acteur, ni cinéaste" !

Et, tant qu'à faire, un petit clin d'oeil à rebondissement...
L'occasion de vous signaler que Vincent nous initie aux joies du bain.

lundi 12 novembre 2018

Un petit pas ?

Neil Armstrong n'est pas à la place attendue dans le vrai-faux biopic que Damien Chazelle lui consacre. Avec un bel aplomb, le scénario aborde le premier homme à avoir marché sur la Lune par sa face cachée. L'exploit de la mission Apollo 11, au matin du 21 juillet 1969, passe (presque) au second plan. Il est vrai que les faits sont connus...

Soyons clairs: cette incroyable aventure n'est sûrement pas négligée. D'aucuns reproche(ro)nt au film d'avoir osé éluder l'image du moment historique où l'astronaute plante le drapeau américain dans le sol lunaire. C'est vrai, mais est-ce grave ? À vrai dire, je ne le pense pas. First man démarre au début des années 60 et s'intéresse aux aspects humains de cette incroyable épopée, bien plus qu'à ses objectifs politiques. Il est alors bien difficile de ne pas tenir compte de l'audace des pionniers de la conquête spatiale. Beaucoup y ont laissé la vie. Aucun n'a réellement eu ce que l'on appelle "une existence ordinaire". Et dire qu'à l'époque, les avions n'avaient même pas encore un siècle !

First man revient constamment sur l'envers du décor: la confiance relative des équipes restées au sol, la volonté des pouvoirs publics américains d'aller plus haut, plus vite et plus loin que l'ennemi soviétique, la fierté légitime des familles, leur angoisse aussi. L'essentiel du propos du film repose justement sur cette dichotomie entre l'image héroïque de Neil Armstrong et la réalité de son quotidien auprès de sa femme et de ses enfants. C'est l'occasion de se souvenir que l'homme portait le deuil de sa fille, disparue à l'âge de deux ans. Annoncée dès le début du long-métrage, cette tragédie est le moteur noir du récit: elle replace aussitôt l'enjeu à un niveau très... "terrien".

Ce qui nous est présenté transcende donc les codes du blockbuster classique. Pour autant, rien à redire sur la forme: tourné sur pellicule et sans abuser d'effets spéciaux, le film comprend son lot de scènes spectaculaires et nous immerge en profondeur dans une autre réalité. C'est évidemment sur l'écran géant d'un cinéma que First man révèle toute sa puissance émotionnelle: il m'a très souvent pris aux tripes ! Les acteurs, concernés, ont l'immense mérite de ne pas surjouer. Ryan Gosling est très bon, sur un registre qui lui est assez familier. Claire Foy, que j'ai ainsi découverte, est parfaite en épouse-courage. Et j'ai apprécié de revoir Kyle Chandler, Jason Clarke, Ciaràn Hinds...

Autre point intéressant: le film nous montre - ou suggère - une partie de la contestation montant alors aux États-Unis tandis qu'une poignée d'ingénieurs travaillaient aux préparatifs de la grande expédition. Certaines séquences font ainsi écho à ce que peuvent être nos débats d'aujourd'hui quant à l'opportunité économique d'une telle démarche périlleuse, dans un pays où demeurent de lourdes inégalités sociales. First man ne relève sans doute pas du brûlot politique, mais il pose d'intelligentes questions pour titiller un peu notre bonne conscience citoyenne. Chacun y pensera... ou pas: on peut se contenter de faire un voyage à nul autre pareil. 138 minutes aller/retour: ça passe vite !

First man
Film américain de Damien Chazelle (2018)

Je ne serais pas très surpris de voir le film gagner quelques Oscars techniques en début d'année prochaine. Au petit jeu des parallèles cinéphiles, il s'inscrit, dit-on, dans la lignée de L'étoffe des héros. Pour la relation père/fille, il arrive qu'il soit comparé à Interstellar. Moins ludique que Seul sur Mars, il est sûrement aussi documenté. Certains plans m'ont rappelé ceux de... 2001: l'odyssée de l'espace !

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Vous êtes prêts à décoller vers d'autres cieux ?

Je vous laisse donc vous poser chez Pascale, Strum et Princécranoir. Vous pouvez aussi mettre le cap vers les pages de Tina ou Benjamin.

dimanche 11 novembre 2018

Un reste d'espoir

Il est important pour moi aussi de célébrer le centième anniversaire de la fin de la Première guerre mondiale. Tant d'hommes sont partis se battre en 1914 que je n'ai pas de fierté particulière à souligner ici que mon grand-père paternel en faisait partie, mais la paix retrouvée mérite qu'on se souvienne. Dans ce cadre, le cinéma peut être utile...

J'ai longuement hésité pour décider de mon film-support de mémoire et, finalement, j'ai choisi de revoir Un long dimanche de fiançailles. Adaptation d'un roman de Sébastien Japrisot (1991), ce long-métrage sensible dresse le portrait de Mathilde, une jolie jeune orpheline élevée par son oncle et sa tante, à 100% convaincue que le garçon qu'elle aime n'est pas mort au front, même s'il n'en est pas revenu. Opiniâtre, la demoiselle s'appuie sur quelques vagues superstitions pour garder l'espoir et, malgré le pied-bot qui la handicape, mène vaillamment l'enquête afin de connaître la vérité. Dans cette France résiliente du début des années 20, ses échanges avec d'anciens Poilus et leurs femmes l'aident à en savoir plus. Le moins qu'on puisse dire sur ce point, c'est que le film propose tout un défilé de visages connus et appréciés: outre Audrey Tautou dans le rôle principal, le casting rassemble Julie Depardieu, Marion Cotillard et même... Jodie Foster chez les dames, tandis que l'on retrouve notamment Gaspard Ulliel, Albert Dupontel, Clovis Cornillac et André Dussollier du côté masculin !

Cette distribution en or massif est la toute première chose qui saute aux yeux au moment d'aborder le récit. Selon les goûts de chacun(e) d'entre vous, elle sera un élément décisif pour le suivre avec plaisir ou, au contraire, l'écarter sans ménagement. Il me semble probable qu'il en soit de même pour la forme: je retiens que Bruno Delbonnel est reparti avec un César, mais je reste persuadé que la photographie qu'il a conçue pour le film ne fera pas l'unanimité des cinéphiles exigeants. Le gris de ses tranchées est réaliste, mais la teinte sépia du reste des images crée parfois un décalage important, au détriment peut-être de l'émotion - cette idée n'est pas mauvaise en soi, cela dit. Du point de vue scénaristique, Un long dimanche de fiançailles raconte des choses intelligentes sur ce que peut être la condition humaine dans un immédiat après-guerre, aux heures où les soldats rescapés sont censés vite panser leurs plaies pour avancer gaiement vers des lendemains qui chantent. Ce n'est évidemment pas si facile. Et cent ans plus tard, il n'est sûrement pas vain de nous le rappeler...

Un long dimanche de fiançailles
Film français de Jean-Pierre Jeunet (2004)

Un joli film qui, dans la filmographie du réalisateur et de son actrice principale, arrive juste après Le fabuleux destin d'Amélie Poulain. Pas étonnant dès lors que l'on détecte quelques similitudes visuelles et que l'on retrouve un tonalité assez positive. La vie et rien d'autre est plus sombre, mais parle merveilleusement de l'après 1914-1918. La chambre des officiers est très bien aussi. Liste non exhaustive...

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Et hop ! Un pas de plus pour le Movie Challenge...

Je peux cocher la case n°36: "C'est l'adaptation d'un livre que j'ai lu".

Pas question pour autant de négliger mes petits camarades...
Plusieurs d'entre eux ont fait une allusion au film dans leurs colonnes. Mais seul "L'oeil sur l'écran" s'est aussi fendu d'une (mini-)chronique !

samedi 10 novembre 2018

Saddam dépouillé

J'ai souvent admiré cette faculté du cinéma américain à s'emparer presque en temps réel de l'histoire du pays pour la transformer illico en matière première scénaristique. Bon... j'ai fait le calcul: huit ans ont passé entre la fin de la Guerre du Golfe et la sortie sur les écrans du film que j'évoque aujourd'hui, Les rois du désert. C'est allé vite...

Gates, Barlow, Elgin et Vig servent donc dans l'armée américaine quand les troupes irakiennes envahissent le Koweït. Des circonstances précises de cet acte de guerre, nous ne verrons rien, puisque le film commence au moment où le conflit s'arrête, d'où une fête dantesque organisée par les GI. L'argument du film n'est pas là: il tient plutôt aux ambitions des quatre larrons précités, découvreurs d'une carte censée les entraîner vers des lingots d'or appartenant au dictateur qu'ils ont contribué à ridiculiser, militairement parlant. On fermera les yeux sur le fait que la trouvaille vient d'un rouleau de papier caché... entre les fesses d'un prisonnier ennemi. Ah, quelle subtilité !

De fait, Les rois du désert ne donne pas exactement dans la finesse. La caméra elle-même virevolte un peu trop pour être honnête. Traiter d'un conflit majeur sur le ton de la comédie peut donner un film intéressant entre de bonnes mains, mais, en l'espèce, je dois avouer que ce choix m'a plutôt mis mal à l'aise. Une question de morale ? Peut-être. Une fois admise l'idée (un peu dingue) que George Clooney, Mark Walhberg, Ice Cube et Spike Jonze puissent ainsi déambuler entre les dunes, on peut certes s'en amuser, ainsi que de la manière dont est décrite la relation entre le gros de la troupe et les médias. Reste que, derrière tout ça, les Irakiens sont négligés: le scénario choisit d'en faire soit des mercenaires sans scrupule, soit des brebis égarées au milieu d'une meute de loups. Et il ne tient finalement qu'aux valeureux Américains qu'ils s'amendent et/ou soient sauvés. Mouais... tout ça est peu too much pour que je l'avale sans sourciller !

Les rois du désert
Film américain de David O. Russell (1999)

Peut-être ai-je pris au sérieux un récit qui n'en demandait pas tant. En réalité, la mise en scène ne m'a pas spécialement aidé à entrer dans le délire: plutôt que devant un film de cinéma, on se croirait parfois face à un clip vidéo... sans que cela soit d'un grand intérêt. Pour rire avec George Clooney soldat, Les chèvres du Pentagone m'apparaît un meilleur choix. Ou alors, solution B: il y a In the loop...

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Et maintenant, pour la défense du film...
Je vous suggère d'aller faire un tour sur la Kinopithèque de Benjamin.