lundi 16 août 2010

Work in progress

Rayon presse écrite, je n'ai pas toujours apprécié les critiques cinéma de Télérama. L'honnêteté m'oblige toutefois à admettre qu'Ulysse, le petit personnage qui les accompagne depuis des temps immémoriaux, est resté fixé sur ma rétine. Je me souviens même vaguement qu'enfant, j'avais constaté avec un certain étonnement qu'il avait perdu la plus violente de ses expressions caractéristiques pour résumer son point de vue sur les films. C'est également à lui que j'ai songé quand j'ai pensé à introduire une notation sur ce blog. Comme vous pouvez le voir sous la chronique précédente et l'avez peut-être déjà remarqué, j'ai opté pour un smiley - nos amis québécois, eux, diront une émoticone. Un nouveau point de repère pour savoir vite ce que je pense d'un film et... en découvrir d'autres.

Chacun d'entre vous est libre de donner son avis sur la pertinence d'introduire cette petite originalité - et la manière dont je l'ai fait. Sans attendre vos éventuels commentaires, j'aimerais toutefois préciser une chose: si j'ai intitulé ce message de début de semaine Work in progress (Travail en cours, pour les non-anglophones), c'est bien que je compte progressivement peaufiner cette nouvelle manière d'écrire. Il m'a déjà été dit - avec justesse, me semble-t-il - que cette "conclusion du smiley" ne devrait pas redire ce que j'ai déjà exprimé dans la chronique dans sa forme habituelle. Cela suppose sans doute de revoir un peu l'organisation de mes messages. D'accord. Je compte me donner un peu de temps avant d'y parvenir tout à fait et, en fait, ça tombe bien: il fallait aussi que je vous dise aujourd'hui que le blog va "fermer" pour cinq semaines au moins. Coupure estivale avant de revenir en pleine forme, c'est en tout cas ce que j'espère. En attendant mon retour, profitez-en pour voir quelques films, et si possible au cinéma ! Prochaines mises à jour ici programmées au cours de la deuxième quinzaine de septembre.

samedi 14 août 2010

Cette fille-là

Ce soir, changement total de registre: je vous propose de découvrir une comédie romantique... coréenne. My sassy girl, c'est un risque que j'ai pris: acheter le DVD sans rien savoir du film, donc au feeling. Bien m'en a pris, je crois, car cette production asiatique me paraît un petit bijou d'humour et de tendresse. J'avoue avoir craint le pire quand, quelques minutes après les premières images, l'héroïne titube dans les couloirs du métro et finit par vomir sur l'un des passagers. C'est sans aucun doute le moment le plus trash du long-métrage. D'autres scènes bizarroïdes suivront, mais rien d'aussi radical. Vraiment, j'en assure les plus réticents: l'effort de ne pas se laisser rebuter par ce passage est largement récompensé par la suite.

L'intrigue ? Elle suit les pas de Kuyn-woo, un jeune étudiant coréen, qui rencontre donc, vous l'aurez deviné, une fille ivre dans le métro et la sauve d'un accident mortel. Célibataire, le jeune homme va tomber amoureux de cette fille-là, demoiselle qui lui mène la vie dure et qu'il commence donc... à fuir. C'est un peu curieux exprimé ainsi, mais je vous conseille de voir le film pour mieux comprendre l'étrange relation qui va se tisser entre ces deux-là. Une relation d'autant plus particulière que le personnage féminin est franchement décalé, à toutes sortes de point de vue, un peu fou et également très éloigné de l'image classique qui colle aux femmes asiatiques. Rien que pour cela, My sassy girl est une oeuvre surprenante. Immédiatement, sa nationalité m'a attiré: c'était aussi le plaisir rare de découvrir un cinéma méconnu. Un bonus plus qu'appréciable.

Signe de son succès en Occident, le scénario de Kwak Jae-yong a fait l'objet d'une adaptation américaine pour un remake sorti exactement sous le même titre en 2008. Or, même si c'est Yann Samuell, réalisateur français (actuellement à l'affiche au cinéma !) qui a signé cette nouvelle version, je me suis contenté l'autre jour de revoir l'original coréen. Le fait qu'il n'ait pas été doublé - et que ce soit donc une version originale sous-titrée qui circule chez nos revendeurs - n'enlève rien au plaisir, bien au contraire: c'est en fait un gros plus pour l'authenticité de ces deux heures de cinéma. Il y a objectivement bien peu de films comme My sassy girl. Tant mieux ! Moi, je suis tombé sous le charme de cette histoire et de la manière dont elle est interprétée. Le risque s'est bel et bien avéré payant.

My sassy girl
Film sud-coréen de Kwak Jae-yong (2001)
Suivant les conseils de mon amie Céline qui espérait que j'enrichisse mes chroniques d'une notation, j'inaugure ce soir ce qu'on pourrait appeler "la conclusion du smiley". Bilan positif, donc: bientôt dix ans après sa sortie, le long-métrage coréen garde toute sa fraîcheur. Conclu sur un étonnant - et ma foi très romantique - renversement de situation, le film est emballant et, malgré quelques petits temps morts, comporte son lot de scènes marquantes. Si vous souhaitez voir un autre film du même genre, je vous recommande également Le come-back, avec Hugh Grant dans le rôle principal de l'amoureux transi et Drew Barrymore dans celui de la fille indépendante et un peu barjo. Une comédie que j'ai présentée ici l'année dernière, le 14 juin.

jeudi 12 août 2010

Dans la tête !

Vous jugerez du résultat. Je ne crois pas inutile que dix-neuf jours soient passés depuis que j'ai vu Inception. Il aurait bien sûr été possible de réagir à chaud - d'autres (et nombreux) internautes cinéphiles l'ont choisi ou ont dû le faire. Pour ma part, je ne suis pas mécontent que ma volonté de parler des films en suivant scrupuleusement l'ordre de visionnage m'ait obligé à prendre un peu de recul. La première analyse critique de ce long-métrage qui m'est venue est de fait quelque peu alambiquée. N'étant pas spécialement inconditionnel de ce genre d'histoires et ayant trouvé que le travail de Christopher Nolan méritait largement le détour, je me suis dit qu'on tenait peut-être là un classique instantané pour celles et ceux qui apprécient les scénarios de ce type. Je crois tout de même bon de dire deux mots pour prévenir ceux d'entre vous qui seraient (encore ?) passés à côté de ce que d'autres définissent d'ores et déjà comme le film de l'année: l'histoire ici contée est des plus tortueuses. En quelques mots, il s'agit pour quelques hommes et une femme d'accéder, presque physiquement, aux pensées intimes du patron d'une très grosse entreprise par l'intermédiaire du rêve et, non pas d'y détruire tel ou tel souvenir, mais au contraire d'introduire en lui une idée qu'il n'a pas encore. Objectif: induire un comportement déterminé à son réveil, à savoir démanteler ladite entreprise. N'hésitez pas: vous avez le droit de relire les phrases précédentes. J'admets bien volontiers que je n'avais encore jamais vu de film basé sur un point de départ aussi complexe. L'originalité: c'est sans doute le tout premier atout de cette grosse production américaine. Il y a certains cinéastes - de tous pays, cette fois - qui auraient incontestablement quelques leçons de scénario à prendre. Et ce d'autant qu'il faut encore ajouter une histoire de passion amoureuse.

Dès la bande annonce, Christopher Nolan annonçait la couleur et, dans la bouche de Leonardo DiCaprio, présentait franchement l'idée comme le plus tenace de tous les parasites. Quand on y pense ouvertement, ce n'est pas bête: en effet, et à moins d'être victime de pertes de mémoire, il semble bien difficile de se débarrasser totalement d'une pensée donnée. De là à en induire une dans l'esprit d'une tierce personne, c'est un autre défi - admissible au cinéma. Franchement, si je me suis senti perdu dans les premières minutes du film, j'en ai ensuite admis le concept de départ assez facilement et je suis donc "entré dedans", et même finalement presque aussi aisément que dans d'autres intrigues infiniment plus simples. C'est sans doute la première réussite d'Inception: partir d'un point de vue digne d'un roman de science-fiction et parvenir à le faire admettre rapidement à un public - moi, par exemple - qui n'est pas immédiatement réceptif. Je dirais même plus: j'ai pensé que j'avais bien fait de ne pas attendre la sortie DVD dès les premiers instants de la projection. Grâce à ces images grandioses et cette musique omniprésente, véritables vecteurs d'émotions, la réalisation nous fait vite oublier notre réalité tangible pour nous plonger dans la fiction. Si c'était sans doute une nécessité vitale pour cette histoire particulière, je crois pouvoir affirmer que c'est une pleine réussite. La distribution, qui combine immenses stars et jeunes comédiens déjà nantis d'une belle popularité, contribue aussi à créer un produit cinématographique particulièrement attractif. Et qui, s'il impose bel et bien de rester assez concentré pendant deux heures et demie, mérite absolument qu'on le fasse sans état d'âme, j'irais même jusqu'à dire en s'abandonnant totalement au spectacle.

Personnellement, je crois d'autant plus fort à la notion d'idée inexpugnable qu'il y a juste quelques jours, j'ai appris la fin d'un film à suspense que je n'ai toujours pas vu et que je constate aujourd'hui que je n'arrive pas à me débarrasser de cette pénible révélation. Christopher Nolan raconte qu'il lui a fallu dix ans pour concevoir l'écheveau d'Inception. Je n'en suis pas surpris: préparez-vous d'emblée à voyager dans le rêve, puis dans le rêve du rêve, et ensuite dans le rêve du rêve du rêve, et plus loin encore, au cœur même des derniers recoins d'une pensée humaine. Le chemin n'étant pas toujours parfaitement balisé, je dois reconnaître qu'il est arrivé que je décroche quelque peu. Pour autant, je n'en ai pas été frustré. J'indique d'ailleurs qu'en dépit d'une structure narrative labyrinthique, le film offre des scènes d'action classiques, mais aussi suffisamment de dialogues explicatifs pour permettre au public un peu moins affûté de ne pas perdre totalement le fil. En résumé, je n'en parlerai pas comme de la meilleure des choses que j'ai vues cette année, mais salue très franchement la démarche du réalisateur: je peux imaginer qu'il n'a pas forcément été évident de convaincre un groupe d'acteurs et, moins encore, des producteurs de le suivre dans ce qui peut tenir lieu de bon gros délire. Je lisais d'ailleurs que Christopher Nolan avait pour habitude d'alterner entre blockbusters formatés et créations plus personnelles. Voilà qui m'a donné envie de m'intéresser d'un peu plus près au reste de sa filmographie, avec déjà quelques films identifiés et gardés... en tête. Et la toupie, alors, dans tout ça ? Non ! Je n'en dirai pas plus. C'est à vous d'aller voir pour comprendre. Ou pas. Simple conseil: attendez-vous à vous poser des questions !

mardi 10 août 2010

La traque

Aujourd'hui, un film que je pensais voir au cinéma et que j'ai finalement loupé, le rattrapant en DVD quelques mois plus tard. Désormais, que dire de Public enemies ? D'abord que, s'il m'a attiré, c'est par un casting trois étoiles: aux côtés d'un Johnny Depp toujours au top et de notre Marion Cotillard nationale, on retrouve notamment un acteur que je connais moins bien mais qui commence à avoir lui aussi sa petite notoriété, j'ai nommé Christian Bale. La période choisie pour l'intrigue, elle, a déjà été de très nombreuses fois source de scénarios: il s'agit des années 20-30, époque où la guerre des gangs régnait aux Etats-Unis. La spécialité de John Dillinger, personnage réel ici ressuscité sur écran ? Non pas le trafic d'alcool, mais le braquage de banques, avec armes mais sans violence inutile. De quoi, d'après lui, rester maître de son destin. Voilà pour la théorie.

Une chose qui marque aussitôt les esprits, dans Public enemies, c'est la minutie de la reconstitution opérée par le réalisateur, spécialiste du genre, Michael Mann. L'Américain s'est fait connaître pour ses films d'action, mais l'amateur de productions en costumes que je suis ne peut manquer d'apprécier le travail mené ici en termes historiques. Sans être à vrai dire un connaisseur érudit, j'ai trouvé ça particulièrement réaliste et beau, tout simplement. Le métrage marche très fort d'emblée, grâce à cet aspect strictement technique. C'est d'autant plus flagrant que le cinéaste a fait le choix de tourner en numérique, ce qui n'est pas vraiment raccord avec ce qu'il a voulu montrer. Pourtant, et alors même que j'aime surtout les images cinéma un peu grainées, ça ne m'a jamais dérangé. Plutôt révélateur.

Si je suis aussi facilement entré dans le jeu, je crois que c'est aussi grâce aux interprètes. Je vous ai cité les trois principaux et j'aurais également pu évoquer les rôles secondaires, tous plutôt bien campés. Revenons une minute sur la star numéro 1. Johnny Depp m'a une fois encore scotché: bête traquée d'une expressivité parfaite, il est exactement dans le ton de son personnage, sûr de lui et malgré tout faillible, à cause des femmes notamment. Le duo à forte valeur glamour qu'il forme avec Marion Cotillard est me semble-t-il l'argument principal à retenir pour la promotion du film. Sans être mauvais, bien au contraire, le reste est à vrai dire plus convenu. Public enemies est un spectacle efficace, sans émotions démesurées, mais pas sans âme pour autant. Un bon compagnon pour une soirée DVD anti-prise de tête. L'aspect biopic renforce l'intérêt de la chose. Entre les coups de feu, un équilibre plaisant.

lundi 9 août 2010

Journal d'un enlèvement

Gabriel Garcia Marquez me pardonnerait-il de choisir de reprendre ainsi le titre d'un de ses romans pour une de mes chroniques cinéma ? Je ne sais pas. Le fait est que c'est là ce qui m'est venu après quelques moments de réflexion. Je crois que c'est, au moins partiellement, fidèle au film dont j'ai choisi de vous parler aujourd'hui: Rapt, du Belge Lucas Belvaux. Un long-métrage inspiré d'une histoire vraie, celle du baron Empain. Le démarrage colle pratiquement trait pour trait à la réalité de ce personnage emblématique de la fin des années 70. Résumons: alors qu'il sort tranquillement de son très chic appartement parisien, Stanislas Graff est enlevé par des individus en cagoule. Vite enfermé dans le coffre d'une voiture, il est alors emmené dans ce qu'on peut imaginer être une cave, sans qu'on sache vraiment situer les lieux. Une certitude minime: ses ravisseurs l'ont conduit hors de la ville, loin des regards. Leur motivation reste mystérieuse mais pourrait bien être l'argent, tout simplement, hypothèse d'autant plus crédible que Graff semble en avoir beaucoup et qu'il lui est donc réclamé d'écrire à sa famille pour exiger une rançon de 50 millions d'euros. Les criminels n'hésitent pas non plus à amputer leur victime en lui coupant aussitôt un doigt. De quoi terroriser les proches un peu plus encore.

Rapt démarre très fort, en fait sitôt son personnage principal introduit. Dans les scènes inaugurales, l'homme apparaît d'ailleurs dans toute sa complexité ou même sa duplicité. Graff - et c'est bien ce qui fait l'intérêt même du scénario qui s'articule autour de lui - mène une double vie: capitaine d'industrie, bourgeois marié et père de deux enfants, il a aussi une maîtresse et une passion dévorante pour le jeu. De quoi le rendre un peu moins sympa que le quidam moyen victime d'un mauvais coup. Sans trop vous dévoiler la manière dont tout ça va se développer en argument de scénario, je peux souligner qu'il est assez facile d'imaginer un mobile de crime à tous ceux qui tournent autour du "héros" du film. Pas forcément au point de créer un doute sur tous, mais bien assez pour brouiller les pistes. Oui, c'est un fait: après quelques minutes saisissantes, le thriller initial se fait plus psychologique et l'idée s'impose que la victime, finalement, ne manque pas forcément à grand-monde. Et ce d'autant que personne n'a réellement les moyens de payer le prix de sa liberté. Hasard malheureux ? Complot de plus grande envergure ? Bluff terrible des ravisseurs ? Je ne répondrai pas, car il me faut préserver le suspense. Honnêtement, il y a en tout cas largement de quoi nourrir deux petites heures de (bon) cinéma. Même sur petit écran.

J'insiste sur ce point: sans être extraordinaire et inoubliable, Rapt est un très honnête film de genre et d'auteur. Lucas Belvaux prouve qu'il n'est nul besoin d'être américain et/ou d'envoyer du lourd niveau effets spéciaux pour signer un polar réussi. Bonne, sa mise en scène est à la fois sobre et inspirée, avec de petits détails qui peuvent faire la différence pour faire monter la tension - je pense notamment à une scène où la vie de l'otage se joue pratiquement à pile ou face et où, l'espace d'un instant, on le croit condamné par une crapule évoluant à visage découvert. Pour dire la vérité, le réalisateur doit aussi beaucoup à son acteur principal, Yvan Attal, tout à fait crédible dans ce personnage aux multiples facettes. Celui qui est aussi l'ami de Charlotte Gainsbourg est parfaitement à l'aise dans le costume impeccable de l'homme d'affaires qu'il est censé incarner. Plus maigre d'une bonne quinzaine de kilos, il l'est aussi dans le jogging minable du prisonnier forcé. De manière juste indubitable, il est réellement entré dans le rôle. J'apprécie toujours ces comédiens qui se donnent à fond pour le jeu. Le reste de la distribution s'en sort également avec les honneurs, sans coup d'éclat, certes, mais sans fausse note. Le plus intéressant arrive sans doute à la fin, avec une ouverture dramatique sur ce que pourrait être le retour à la vie d'un homme ayant connu l'enfer de la captivité. Un fil conducteur qui aurait pu être celui d'un film entier, mais qui est assez intelligemment réduit pour un dernier rebondissement. La cerise d'un bien curieux gâteau.

samedi 7 août 2010

Dernière rotation

Qui cette chronique pourra-t-elle intéresser ? Ma "p'tite soeur" Stéphanie sans doute, Pascal sûrement et probablement mes copines et copains liés au hockey. Aujourd'hui, plaisir particulier, j'évoquerai Les boys 4, dernier épisode d'une série de films sur les péripéties d'une équipe amateur de quadragénaires un peu idiots, mais franchement sympas. Si vous revenez en arrière, vous constaterez en fait que j'ai déjà écrit un petit laïus sur les deux premiers opus. C'était le... 17 janvier 2008 ! Sautant un cran, j'arrive donc directement sur cette conclusion et ce film que j'ai eu du mal à voir. J'admets volontiers qu'il n'a rien d'exceptionnel, mais je m'étais attaché à ces personnages. Je voulais suivre leurs ultimes aventures. Notez bien qu'au Québec, ils assurent la promotion... en jouant !

Cette fois, pas question pour eux de disputer un tournoi en France. Pas non plus de match-couperet contre l'équipe nationale canadienne féminine: leur ambition est de gagner une dernière partie et du coup le droit d'affronter une sélection de stars - passées et actuelles - issues de la LNH, la grande ligue professionnelle nord-américaine. Précision: je n'ai jamais aimé comparer le hockey au foot, mais, pour ceux qui auraient davantage de repères côté ballon rond, imaginez donc une formation de pieds carrés invités à rencontrer Zidane, Ronaldo et autres Iniesta (par exemple). L'ennui, c'est que, pour mériter cette chance, il faut donc vaincre une autre formation, point d'autant plus crucial que les gars d'en face sont... anglophones. Or, il s'avère que Les boys 4 nous montrent une équipe moins soudée que jamais et dont l'un des meilleurs éléments, le dénommé Ti-Guy, est à l'hôpital après un mauvais coup et une fracture de la tête...

Comédie potache, le long-métrage n'est donc pas vraiment un film sportif à proprement parler. Si vous souhaitez voir à quoi ressemble le hockey, dites-le moi et je vous accompagne dans une patinoire aussitôt qu'une occasion se présentera ! Non, là, le propos tourne essentiellement autour de la mise au vert qu'effectue une équipe censée préparer sa "grosse game", comme on dit là-bas, au Québec. Soyez d'ailleurs prévenus d'une chose importante: pour pouvoir apprécier Les boys 4 à leur juste valeur, il vaut mieux avoir l'accent québécois dans les oreilles. Oh non, ne riez pas ! Ce n'est pas évident du tout. J'en veux pour preuve qu'alors que je connais et apprécie généralement ces sonorités, j'ai eu du mal à suivre. Pas sûr en fait que la plupart d'entre vous soient assez curieux pour voir un tel film plusieurs fois et s'habituer. Je n'en blâmerai personne, et ce d'autant que je ne vous parle pas du meilleur extrait de la série - qui restera toujours pour moi la première des trois suites. Disons pour conclure que l'ensemble donne une image assez juste de l'ambiance qui peut régner au sein d'une équipe amateur, mélange plus ou moins bien dosé d'esprit de compétition et de dérision à tous les étages. Honnêtement, c'est pour ça que j'apprécie le spectacle, sur la glace et sur écran. Devant le côté un peu décalé de la proposition, à vous maintenant de décider si mon enthousiasme sera communicatif.

mercredi 4 août 2010

Polar suédé

Un mot sur ce titre. Dans Soyez sympas, rembobinez, long-métrage américain du Français Michel Gondry que je n'ai pas vu, les héros tournent des films suédés, c'est-à-dire qu'ils réalisent des remakes avec les moyens du bord, nettement plus modestes que ceux qui ont été investis dans les originaux. Il en sort visiblement des oeuvres aussi sympathiques que fauchées. C'est un peu ce que j'ai ressenti devant le premier épisode de la trilogie Millenium, découvert en DVD après en avoir terminé avec le livre du Scandinave Stieg Larsson. Pardonnez ce jeu de mot un peu douteux: à mes yeux, nous avons donc là un film suédois et suédé. Je vous dois bien une explication.

Il y a encore quelques semaines, j'étais passé à côté du phénomène Millenium. Ce n'était pas une démarche délibérée: je me disais simplement que rien ne me pressait véritablement à découvrir enfin ce succès de librairie venu du Nord. Deux amies prénommées Cécile m'ont remis dans le droit chemin, l'une en me prêtant le bouquin, l'autre en me proposant de me passer le DVD. J'ai donc lu le premier et regardé le second. Et, oui, moi aussi, j'ai apprécié cette histoire de journaliste condamné pour diffamation et qui, face à ce qui peut sembler être une erreur judiciaire, décide de prendre du recul. Ensuite, j'ai également trouvé intéressant l'argument dramatique numéro 1, cette idée originale qui le fait sortir de son isolement forcé: la perspective d'une enquête privée sur la disparition mystérieuse, trente ans plus tôt, de l'héritière d'un grand groupe industriel. Chut ! Le reste, je vous laisse le découvrir vous-mêmes.

Au terme de ma lecture, je vous avoue que j'ai tout de même été quelque peu frustré: je n'ai jamais trouvé ça nul, mais je dois dire que je m'attendais à un peu mieux compte tenu des nombreux éloges que j'avais entendus sur cette intrigue. En un mot: je n'ai pas été emballé. Restait à découvrir l'adaptation cinéma. Souci: Millenium sur écran est très elliptique, comme s'il n'était qu'une version simplifiée du roman. Beaucoup de personnages charismatiques disparaissent ou voient leur rôle réduit à celui de simples figurants. Parfois, leurs traits de caractère semblent lissés. Demeure heureusement l'inoubliable Lisbeth Salander, jeune femme au look punk et enquêtrice de choc grâce à la piraterie informatique. Bilan difficile, avec tout ça. J'ai cette impression persistante qui dit que, sans elle et Noomi Rapace, l'actrice qui l'incarne, toute cette histoire paraîtrait sans doute assez banale. J'ai lu ici et là qu'un remake américain était envisagé, avec Daniel Craig. Je ne suis pas persuadé que ça finisse par faire prendre la mayonnaise. Notons pour conclure que, tournés pour la télé, les deux autres épisodes de la série scandinave sont actuellement à l'affiche des cinémas. Le réalisateur a changé: Daniel Alfredson (pas celui de Morse, un homonyme) a pris la place du Danois Niels Arden Oplev. Son travail reçoit, si j'en crois les dernières critiques, le même accueil, assez frais. Décidément !

lundi 2 août 2010

Le retour de l'ogre

Shrek 4 - Il était une fin, film nécessaire ? Dès que la verte créature a de nouveau déboulé sur les écrans de cinéma, je me suis posé cette question. Pas longtemps, cela dit: la bande annonce a vite suffi à me convaincre de lui donner une dernière chance. C'est vrai qu'après un départ en fanfare et une suite sympa, le troisième opus m'avait semblé un poil moins séduisant. Sachant donc qu'il s'agirait cette fois de refermer le livre d'histoires, je me suis dit que j'irai tout de même voir ce dernier épisode annoncé. Je ne le regrette pas. Sans établir une nouvelle référence incontournable au rayon oeuvres d'animation, le long-métrage des studios Dreamworks se laisse regarder sans aucun déplaisir. S'il tient lieu de point final, disons donc qu'il ponctue la série d'assez belle manière. Avis aux amateurs.

L'histoire ? Pour la comprendre, il s'avère préférable d'être familier avec les personnages. J'informe ceux qui l'ignorent encore qu'il est donc ici question d'un ogre, devenu père de famille après avoir épousé une princesse ogresse. Je vous passe les détails, sources d'arguments "dramatiques" des films précédents. Le fait est qu'hier fléau des villageois, l'intéressé n'est plus aujourd'hui qu'un coeur tendre, qu'un monstre... de gentillesse. Il a des amis, une femme aimante, des enfants et pour ainsi dire ce qui ressemble à un statut social. Toutes choses improbables qui finissent par le rendre nostalgique de la sérénité solitaire de son marais. Shrek 4 - Il était une fin s'ouvre pratiquement au moment où son drôle de héros, déphasé, pète les plombs: en pleine fête d'anniversaire, il s'en va brusquement en claquant la porte. Un dénommé Tracassin, vil nain de son état, lui propose alors de troquer une journée de sa vie ordinaire contre une autre d'un ogre à l'ancienne, terrifiant et fruste.

Les habitués parmi vous seront en terrain connu. Ce scénario laisse apparaître de nouveaux personnages, mais ne développe aucune idée 100% originale. Ce n'est pas très grave: pour peu que l'on soit justement attaché à la série, c'est agréable de faire un dernier tour de piste avec ce bestiaire fantastique, de l'Âne qui parle au Chat Potté, en passant bien sûr par la princesse Fiona ou la Dragonne amoureuse. La bonne surprise vient du fait qu'après donc s'être quelque peu essoufflé, tout ce petit monde retrouve de la vigueur pour finir en beauté. Côtés images, c'est très propre, et côté musique, presque aussi emballant qu'auparavant. Pas de déception du point de vue technique, donc. Quand le générique défile, on revoit aussi quelques scènes des numéros 1, 2 et 3. Oui, Shrek 4 - Il était une fin en est une bonne conclusion. Un cinquième épisode-surprise sera-t-il envisagé ? Mon avis, c'est que ça ne s'impose pas vraiment.