mardi 30 juin 2020

Le fils idéal

Ai-je vu trop de westerns ? Je n'ai rien trouvé de vraiment étonnant dans L'homme de la plaine, le cinquième et dernier opus du genre tourné par le grand James Stewart sous la direction d'Anthony Mann. Bon... on peut se dire que la quintessence du cinéma américain classique est révélée dans ce type de récits. Ce n'est pas déplaisant...

Will Lockhart convoie des marchandises entre Laramie et Coronado. L'expédition se déroule sans encombre, alors même que l'on prétend que les Apaches représentent une véritable menace dans la région. Lockhart en sait quelque chose, lui qui a vu son jeune frère tomber sous les balles d'Indiens armés de bons fusils, vendus par les Blancs. C'est d'ailleurs peut-être également pour tirer cette histoire au clair qu'il reste un peu en ville, même si le fils du maire local l'attaque sauvagement et lui ordonne de partir. Sans nullement faire offense aux protagonistes de ce film, je connu des scénarios plus originaux ! Anthony Mann disait avoir eu affaire à un producteur un peu frileux...

Entendons-nous bien: L'homme de la plaine reste un film honnête. L'absence de surprise ne m'a pas empêché d'apprécier cette virée dans le Grand Ouest, ainsi que j'avais déjà pu en faire tant de fois auparavant. On ne peut pas dire que James Stewart avait fait le tour de la question, puisqu'il tourna d'autres westerns par la suite - et pas les moindres de sa très riche filmographie. Alors ? C'est donc l'aspect ultra-traditionnel de la chose qui m'aura laissé une petite impression de frustration. Je vais tâcher d'en retenir le meilleur: ce triple lien entre un vieux père, son fils réel, son fils fantasmé et son fils idéal. Dans la distribution, Donald Crisp, Alex Nicol et Arthur Kennedy trouvent ici de beaux rôles pathétiques, finalement assez touchants. Je n'en dirais pas autant de Cathy O'Donnell, un premier rôle féminin en retrait, heureusement sauvé par celui d'Aline MacMahon, parfaite dans le costume de la femme propriétaire à qui on ne la raconte pas. Est-ce à cela que la vie ressemblait, au Far West ? Ce n'est pas sûr. Mais, après guerre, Hollywood a produit moult fantaisies de ce type...

L'homme de la plaine
Film américain d'Anthony Mann (1955)

Je suis un peu sévère avec ma note en demi-teinte: ce western "ordinaire" m'a plu, mais je n'en ferai pas un absolu incontournable. Cela dit, je verrai certainement tôt ou tard les autres longs-métrages du tandem Mann / Stewart (rappel: j'ai déjà évoqué Les affameurs). Au rayon des grandes références, je continue de citer La poursuite infernale ou La prisonnière du désert. Mais il y en a plein d'autres...

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En attendant que je revienne chevaucher...
Je vous suggère d'arpenter les grands espaces avec "L'oeil sur l'écran".

lundi 29 juin 2020

Hayao

Il y a du soleil, chez vous, aujourd'hui ? C'est ce que je vous souhaite. L'été a commencé et, ce lundi midi, j'espère également que chacun peut profiter des grands plaisirs que peut procurer la vie en plein air. Mais je tiens quand même à évoquer le cinéma: ma petite chronique s'intéresse au grand maître de l'animation japonaise, Hayao Miyazaki.

Une fois n'est pas coutume: je voulais vous conseiller la découverte d'un documentaire télé. Son titre ? 10 years with Hayao Miyazaki. D'un clic, mon lien vous conduira droit sur une page de la chaîne publique japonaise NHK, où vous pourrez trouver les quatre épisodes d'un reportage longue durée, en immersion dans les studios Ghibli. Tout commence en fait pendant la production de Ponyo sur la falaise et s'achève peu après les premières projections de Le vent se lève. Le portrait d'un artiste exigeant (avec les autres et avec lui-même), tourmenté et pas toujours sympa, mais aussi très généreux parfois. Gare aux spoilers ! Ces 4 x 49 minutes sont gratuites et disponibles jusqu'en 2026: un vrai bon plan. Elles m'ont donné envie de revenir vers celui qui, à 79 ans, a repris le travail en vue d'un douzième long !

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Et pour les prochains jours, me direz-vous ?

J'ai plusieurs films à vous présenter au cours de la semaine à venir. Est-ce qu'il y en aurait un japonais, dans le lot ? Je n'ai rien tranché...

samedi 27 juin 2020

Possédée ?

Les innocents... François Truffaut le citait comme "le meilleur film anglais depuis qu'Hitchcock est parti aux États-Unis". Je réserverai mon jugement, mais il est certain que j'ai pris beaucoup de plaisir devant cette belle histoire de fantômes. J'y ai retrouvé Deborah Kerr pour la seconde fois en douze jours, avec, là encore, joie et bonheur !

Londres, fin du 19ème siècle. Miss Giddens obtient un premier poste de gouvernante pour s'occuper de Flora et Miles, deux jeunes enfants orphelins que leur oncle, un riche célibataire, avait jusqu'alors confiés aux bons soins de leur vieille nourrice, la souriante Madame Grose. Les deux femmes sont ravies de se rencontrer et sont vite d'accord sur l'idée de donner à leurs protégés une éducation tout aussi stricte que bienveillante. Seulement voilà: en plus de quelques domestiques attachés au domaine, le vieux manoir qui héberge ce petit monde semble également cacher des secrets et peut-être abriter des âmes perdues. Les innocents le sont-ils vraiment ? Rien n'est moins sûr. Porté par une mise en scène de grande qualité, le film a eu tôt fait d'envoûter l'amateur de frissons que je suis, en brouillant les repères qui permettent de distinguer l'illusion de la réalité. Il faut dire aussi que la caméra ne lâche pas l'héroïne d'une semelle, d'où un sentiment de malaise d'autant plus fort que l'ambiguïté paraît s'insinuer partout dans la maison. J'en suis ainsi venu à douter de ce que je percevais...

À ce stade, une précision: je n'ai pas lu Le tour d'écrou, la nouvelle d'Henry James - publiée en 1898 - dont le film est une adaptation. Anecdote amusante: le hasard a voulu que j'ai failli m'offrir le livre juste avant de découvrir cette histoire grâce à la chaîne TCM Cinéma. Partie remise, sans doute, et en attendant, commencer par l'image avant d'apprécier les mots n'aura jamais été frustrant: le noir et blanc du long-métrage est absolument splendide et la réalisation d'ensemble très inspirée. Je tiens à souligner que Les innocents ne joue pas qu'avec nos peurs, mais s'attaque aussi, mezza voce, à des tabous. De fait, la tension qui parcourt le récit a quelque chose... de sexuel. Pour une production du tout début des années 60, c'est audacieux ! Une hardiesse qui a été couronnée de succès, le prix Edgar-Allan-Poe venant notamment souligner les indéniables qualités d'un scénario écrit (entre autres) par l'écrivain américain Truman Capote, alors âgé de 37 ans. Tout cela n'a rien perdu de son pouvoir d’ensorcellement ! Je peux imaginer qu'il serait encore plus fort dans une salle obscure...

Les innocents
Film britannique de Jack Clayton (1961)

Un bon moment: cela confirme tout le bien que je pense du cinéma ancien. Les cinéphiles les plus curieux de ce genre de films noteront que l'acteur qui incarne le petit garçon - Martin Stephens, 11 ans - avait affiché quelques prédispositions dans Le village des damnés. J'ajoute que cet opus m'a donné envie de revoir Les autres, le modèle de stress qu'Alejandro Amenábar a offert à Nicole Kidman. À suivre...

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Et pour finir, plusieurs liens à vous suggérer...
Pascale et Dasola évoquent le film, mais n'en parlent pas en détails. Des images sont à voir chez Ideyvonne, tandis que "L'oeil sur l'écran" propose une chronique en bonne et due forme. Bref, plus qu'à choisir !

jeudi 25 juin 2020

Une vie allemande

L'Allemagne est peut-être bien le premier pays étranger où je suis allé sans mes parents. J'ai un vague et bon souvenir des familles d'accueil qui m'y ont reçu, à peu près à l'époque de la chute du Mur de Berlin. Quelque chose de mon intérêt adolescent pour nos "grands voisins" subsiste encore, une petite trentaine d'années plus tard. Nostalgies...

Depuis 2015 et ses dix longs-métrages, le nombre de films allemands que je veux regarder déclinait régulièrement: j'ai inversé la tendance récemment en découvrant L'oeuvre sans auteur, un diptyque filmé inspiré de la vie du peintre Gerhard Richter (né à Dresde en 1932). Autant le mentionner tout de suite: l'artiste a participé à l'élaboration des films, mais il les a ensuite désavoués. Il faut dès lors prendre avec circonspection ce qui peut être vu comme "une histoire vraie". J'ai noté par ailleurs que cette expression n'apparaît jamais à l'image et que le héros s'est même vu attribuer un autre nom: Kurt Barnert. Nous le rencontrons alors qu'il est un petit garçon, en pleine visite d'une exposition de ce que les nazis ont appelé "l'art dégénéré". L'innocent bambin est accompagné par sa tante, qu'un zélé médecin enverra bientôt à l'hôpital soigner une prétendue pathologie mentale. Et l'on sait ce que Hitler et ses sbires ont finalement fait des "fous"...

Sous tension (presque) permanente, L'oeuvre sans auteur va suivre le chemin de Kurt Barnert, de 1937 au milieu des années 60, environ. C'est bien entendu l'occasion de réaliser un tableau intime de l'histoire de l'Allemagne, à partir du portrait d'un homme que seul l'amour sauvera peut-être. Il y a cependant plusieurs autres personnages positifs et lumineux dans cette belle fresque, à commencer par celui d'Elisabeth Seeband, l'amie et bientôt la femme du protagoniste principal. Elle sera également... sa muse: à ses côtés, Kurt Barnert fera ainsi éclore son incroyable talent d'artiste peintre ! Une qualité qu'il développera tout au long de ces décennies des plus tourmentées et sans aucun doute cruciales pour l'avenir de l'Europe toute entière. J'aime quand le cinéma regarde ainsi vers le passé à travers le prisme d'une personnalité unique, à laquelle le spectateur peut s'identifier. Ici, maîtriser l'histoire allemande n'est pas forcément indispensable...

On se souviendra juste qu'après la guerre, une partie des Allemands est tombée sous le joug d'un autre régime totalitaire: celui installé par le "grand frère" soviétique. Je rappelle simplement aux oublieux que deux Allemagne coexistèrent entre 1949 et 1990, avec un rideau de fer (et bien des valeurs politico-économiques) censés les séparer de 1961 à 1989. À partir d'un destin individuel, L'oeuvre sans auteur témoigne aussi du déchirement d'un peuple, tel que je l'ai appréhendé plus tard, en écoutant par exemple le père d'un copain m'expliquer qu'il n'avait pas pu voir sa soeur pendant dix-huit longues années ! C'est sans jamais sombrer dans le pathos que mes films d'aujourd'hui traitent ces sujets sensibles et celui, inévitable, de la dénazification. Je ne vais pas vous en dire plus, mais un personnage sombre s'impose dans ce récit sans complaisance: la terrible figure d'un vrai salaud, odieusement passé "entre les gouttes" ! Il est certain qu'il y en a eu...

Pourquoi diable avoir découpé tout cela en deux parties ? Je l'ignore. J'ai certes joué le jeu et pris deux soirées pour visionner l'ensemble du programme, mais j'aurais aussi bien pu enchaîner ces deux blocs de (bon) cinéma sans difficulté particulière. Une chose étonnante pour qui n'en a pas l'habitude: le premier film démarre sans générique et ce n'est donc qu'à la fin que le titre apparaît pour la première fois. Les crédits intermédiaires s'affichent alors... sans aucune musique. J'enfonce le clou: voir L'oeuvre sans auteur dans sa globalité et donc sans faire de pause au milieu est bien possible, sinon souhaitable. Oui, à vrai dire, ces trois heures et quelques minutes passent vite ! Les acteurs sont tous très bons: le duo Tom Schilling / Paula Beer incarne idéalement le jeune couple amoureux, quand Sebastian Koch se montre très convaincant en ordure intégrale. Résultat: du cinéma populaire (au sens noble du terme). Et je n'en attendais rien d'autre...

L'oeuvre sans auteur (première et seconde parties)
Films allemands de Florian Henckel von Donnersmarck (2018)

Avec en prime une très belle bande originale, voilà du bon travail ! Bon... cette rétrospective n'a tout de même pas l'ampleur d'un 1900. Elle s'inscrit toutefois, à ce que j'ai pu lire, dans un certain renouveau du cinéma allemand, comme La vie des autres, du même réalisateur. Le labyrinthe du silence et La révolution silencieuse ? Des plans B. Je vous avoue que j'ai toujours un gros faible pour Good bye Lenin...

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Vous aimeriez un autre avis sur mon film du jour ?
Il est facile d'en trouver: j'en ai notamment lu chez Pascale et Dasola.

mardi 23 juin 2020

Quelque chose à prouver

Ils ne savaient pas que c'était impossible et donc... ils l'ont fait ! Peut-être l'avez-vous remarqué: de temps à autre, j'aime le cinéma qui donne à voir des personnages embarqués dans une démarche personnelle qui semble folle pour... le "commun des mortels", disons. C'est une bonne façon pour moi de chasser la fatigue ou la morosité...

Avril 1947. Après des années de recherche en Polynésie, l'ethnographe norvégien Thor Heyerdahl est persuadé d'avoir fait une découverte importante: d'après sa théorie, une partie de ces îles du Pacifique sud ont été naguère colonisées par des peuples arrivés du continent américain. À l'époque, la communauté scientifique dans son ensemble croit plutôt en l'unique hypothèse de bons navigateurs venus d'Asie. Déterminé à prouver ses dires, Heyerdahl se décide alors à établir qu'il a raison... en reproduisant ce qu'il croit être la grande expédition des peuplades primitives. En gros, il construit un radeau à la manière des ingénieurs précolombiens et, avec cinq compagnons d'aventure aussi dingues que lui, quitte le Pérou à destination des archipels lointains (5.000 milles marins). Avec un peu de chance, vous pourrez peut-être découvrir la suite en voyant Kon-Tiki, le film dont le titre reprend le nom du très frêle esquif que les six aventuriers ont utilisé !

Autant vous le dire sans plus attendre: ce film n'est pas parfait. Coproduction internationale (Norvège/Suède/Royaume-Uni), il pâtit parfois d'une imagerie un peu kitsch, certaines des scènes du début ayant visiblement été tournées en studio - ici, je repense notamment à une séquence avec vue sur les toits d'une grande métropole urbaine. Heureusement, dès que l'on met le cap vers l'horizon, Kon-Tiki gagne en intensité émotionnelle. J'en parlerais volontiers comme d'un film d'aventures "à l'ancienne", sans la moindre connotation péjorative. Certains effets spéciaux manquent d'ampleur ? Oui, mais qu'importe. Personnellement, je me suis dès lors concentré sur l'aventure humaine et, oui, je l'ai trouvée belle. Au-delà même de toute sa dimension scientifique, cette vraie confrontation avec la nature a de la valeur dans un monde désormais sensible aux questions environnementales et écologiques. Disons donc qu'elle remet l'homme à sa (juste) place ! Les acteurs, eux, m'ont fait une assez bonne impression d'ensemble. Ce film n'est jamais sorti dans les salles de France. Un peu désolant...

Kon-Tiki
Film norvégien de Joachim Ronning et Espen Sandberg (2012)

Bon... pas vraiment du grand spectacle, mais du cinéma à hauteur d'homme.  La grande aventure m'a rappelé celle de The lost city of Z. Sans le côté scientifique, je conseille d'autres films comme Tracks ou, bien plus sombres, Gabriel et la montagne et Into the wild. L'odyssée de Pi est à considérer pour une drôle d'escapade en mer ! Et Pirates des Caraïbes 5 du duo Ronning / Sandberg ? Mouais, bof...

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Une petite anecdote pour finir...
Ce long-métrage était nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, 61 ans après que Thor Heyerdahl a reçu une statuette dorée pour son propre film documentaire (L'expédition du Kon-Tiki).

lundi 22 juin 2020

Enfin !

Quelle autre image que celle d'un Omar Sy euphorique pour symboliser l'événement de ce jour: la réouverture tant attendue des cinémas ? Cette chronique matinale témoigne en tout cas de mon grand plaisir de pouvoir à nouveau vivre ma cinéphilie ailleurs que sur petit écran. En ce début de semaine, je suis ravi de retrouver les salles obscures !

Ce ne sera sans doute pas dès aujourd'hui: je ne suis pas en congés. Du coup, je planifie AU MOINS une séance "de reprise" ce week-end. Le film ? Je ne l'ai pas encore choisi au moment où j'écris ces lignes. J'imagine d'ailleurs que ce sera aussi vraiment agréable de replonger dans la liste complète des programmations des cinémas de ma ville. Confinement oblige, certains opus sortis en mars n'ont eu qu'une vie très courte: il sera peut-être possible d'en rattraper quelques-uns. D'autres, attendus au cours de ce drôle de printemps, ont eté décalés et ne viendront qu'après l'été. J'aimerais aussi voir certains classiques ressortir des placards pour enrichir l'offre ! Et faire feu de tout bois...

Que nous réserve l'avenir proche ? Bien des satisfactions, j'espère. Ami(e)s cinéphiles, nous verrons: je crois que c'est le cas de le dire. Le septième art vit des heures difficiles, mais je m'efforce de rester optimiste et je compte recommencer à m'intéresser à son actualité. Si tout s'était déroulé normalement, nous aurions eu droit à une Fête du cinéma à partir de dimanche. Je doute fort que les tarifs réduits généralisés soient d'actualité prochainement, mais je n'ai pas d'info particulière sur ce point. Fin mai, je lisais qu'en retirant les films reportés et ceux partis vers les plateformes, 60% des longs-métrages prévus pendant le confinement n'ont pas encore pu être exploités. Malgré le risque évident d'un "embouteillage", cela laisse une marge significative pour croire à un bel été, unique en son genre. À l'affût des bons plans, Mille et une bobines fait durer le plaisir: les vacances attendront. La prochaine chronique est déjà écrite pour demain midi !

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Et vous ? Vous le vivez comment, ce moment ?

Je n'ai qu'un mot à ajouter: toutes vos observations sur la situation actuelle et vos suggestions de films sont évidemment les bienvenues.

vendredi 19 juin 2020

Avant Rome...

Triomphante ou décadente, respectée dans son intégrité historique ou trahie pour les besoins du spectacle, la Rome antique a inspiré d'innombrables films, et ce dès les débuts du cinéma. On se souvient notamment qu'au cours des années 50-60, les studios hollywoodiens produisirent des péplums à la chaîne. Des bons, certes. Et d'autres...

Rares sont ceux - hormis Sergio Corbucci, paraît-il - à s'être penchés sur le mythe originel de la grande cité latine: celui des jumeaux Romulus et Remus, élevés par une louve et que les Dieux ont guidés vers un conflit fratricide pour régler la question du chef véritable. Dans l'étonnant Romulus et Remus - Le premier roi, le cinéaste italien revient sur cette fameuse légende fondatrice. Je vous rappelle que les faits sont censés se dérouler... en 753 avant Jésus Christ ! Oubliez le côté tape-à-l'oeil d'autres films du genre: le long-métrage évoqué aujourd'hui montre un monde encore sauvage, où les hommes et femmes sont très souvent couverts de boue ou de sang. Crédible...

Sorti en Italie au début de l'année dernière, le film y est apparu comme une vraie curiosité au coeur d'une production nationale anémique. Grâce aussi à des producteurs belges, il a pu bénéficier d'un budget de 9 millions d'euros. Il s'avère plutôt intéressant de voir les protagonistes comme de simples éleveurs de moutons, dévastés par une soudaine montée des eaux du Tibre et devenus les esclaves d'une tribu voisine. C'est un peu après cet instant que le scénario dévoile une partie de ses intentions, à l'occasion d'une violente scène d'évasion. On en verra d'autres: je précise que Romulus et Remus... est déconseillé aux moins de seize ans ! Ces très âpres phases d'action sont malheureusement peu lisibles, car la caméra bouge presque constamment. Quand elle se pose enfin, on a le temps d'apprécier le soin apporté aux décors et costumes: un bon point. Autre idée notable: celle des dialogues en proto-latin, avec des mots proches de ceux que certain(e)s d'entre vous ont pu étudier en lettres classiques, au lycée ou à l'université. C'est un atout pour l'immersion !

Romulus et Remus - Le premier roi
Film (belgo-)italien de Matteo Rovere (2019)
Ouais... j'aurais aimé mieux aimer cette drôle de production. Le côté "crasseux" m'est apparu bien justifié et le choix d'une langue morte assez audacieux pour lui donner une note un peu plus que correcte. Maintenant, l'histoire n'est pas haletante et les nombreux passages nocturnes difficiles à suivre. Sur grand écran, ça devait être mieux ! Moins basique que Centurion et moins grandiloquent que Gladiator...

mercredi 17 juin 2020

Un autre enfant gâté

Je ne m'attendais pas à trouver un point commun entre le film présenté lundi et celui que j'évoquerai aujourd'hui: tout est déjà dit dans mon titre. Tout ? Non ! Je vous rassure: Le jouet m'inspire assez pour que j'en tire une chronique sous la forme habituelle. L'approche de l'été titille d'autres envies, mais j'en reparlerai plus tard... ou pas !

Le jouet est le tout premier film écrit et réalisé par Francis Veber. Son producteur est également son acteur principal: Pierre Richard. Celui qui traîne la fâcheuse réputation d'être un gaffeur en série incarne ici un journaliste tout juste sorti d'une lonnnnnnngue période de chômage. Ses premiers reportages le conduisent en service commandé pour des articles destinés... à faire mousser son patron. C'est pendant l'une de ces pseudo-enquêtes, dans un grand magasin de joujoux, que notre homme croise "Monsieur Eric", le fils du boss. Ce dernier, à qui l'on ne refuse rien, célèbre son anniversaire et exige que le reporter soit son cadeau. Personne ne contrariera ce caprice...

Drôle de film, en vérité ! Ce qui pouvait donner lieu à une comédie potache sur l'enfant-roi devient assez vite autre chose. Il est évident que Pierre Richard, qui avait déjà une belle expérience derrière lui avant ce film, sait aussi parfaitement jouer les (grands) enfants. Vous verrez comment il transforme son très jeune bourreau en allié dans sa lutte pour la liberté - et inversement ! Certes, le ton du film n'est jamais corrosif, mais les adultes pourront sûrement y déceler une charge contre les grands propriétaires de journaux, plus habiles dans la défense de leurs intérêts que dans la sauvegarde d'une ligne éditoriale indépendante. Le jouet donne au passage un superbe rôle de très sale type à Michel Bouquet, qui apporte à son personnage l'insoutenable et délicieuse froideur nécessaire pour être crédible. Réaliste ? D'après certaines sources, ce détestable Rambal-Cochet serait entre autres inspiré de Marcel Dassault, qui licencia un jour l'un de ses employés au motif qu'il avait les mains moites. Son fils Serge occupa longtemps les commandes du Figaro ! La boucle est bouclée...

Le jouet
Film français de Francis Veber (1976)

Je le répète: ce film est une bonne occasion de voir Pierre Richard dans un rôle un peu démarqué des Pierrot lunaires qu'il interprète habituellement (cf. Le grand blond..., lui aussi scénarisé par Veber). Cet aspect des choses rend son interprétation des plus intéressantes. Vous aimez l'acteur ? La course à l'échalote reste un classique sympa. Récemment, il y a Paris pieds nus, La ch'tite famille et Mme Mills...

lundi 15 juin 2020

Papa et sa fille

Otto Preminger est l'un des nombreux grands réalisateurs américains dits "classiques" nés en Europe et arrivés à Hollywood dans le courant des années 30. Sa carrière aux États-Unis, lancée en 1935, a duré jusqu'en 1979, sous contrat avec les studios ou en pleine autonomie. Bonjour tristesse y est inscrit comme une production indépendante...

Adaptation fidèle (et rapide) du roman éponyme que Françoise Sagan venait d'écrire à 18 ans seulement, le film s'intéresse à un duo étonnant: Cécile et son père Raymond, Parisiens en vacances d'été dans une villa de la Côte d'Azur. Ces superbes images en couleur correspondent en fait à un flashback: les premières, en noir et blanc et accompagnées de la voix off de Cécile, laissent d'emblée supposer que tout va mal finir. On découvre alors que Raymond est un papa d'une grande gentillesse à l'égard de sa fille adolescente, mais aussi un homme si insouciant qu'il séduit facilement... et néglige parfois ses conquêtes récentes au profit de nouvelles venues. Son hédonisme aura des conséquences très violentes, mais je ne veux pas en révéler davantage ! En son temps, le film a pu faire scandale: pas illogique...

Est-ce que Bonjour tristesse m'a plu, me demanderez-vous ? Oui ! D'abord parce que Jean Seberg, qui joue Cécile, est d'un naturel confondant, du haut de ses presque vingt ans et alors qu'elle débutait juste - c'était son deuxième film, après qu'elle a joué Jeanne d'Arc pour Otto Preminger, déjà. Les personnages adultes, eux, assurent également de très belles compositions, qu'il s'agisse de David Niven, Deborah Kerr ou Mylène Demongeot. Leurs interactions multiples nourrissent un beau scénario mélodramatique - que je vous laisse découvrir. En prime, j'ai également apprécié le film d'un point de vue esthétique, même si je l'ai trouvé un peu "statique": le cadre naturel de la Riviera française m'a en fait semblé quelque peu sous-exploité. J'ai lu après coup que le tournage n'avait pas été des plus agréables pour les acteurs, mais n'ai pas l'impression que le long-métrage monté porte les stigmates de véritables dissensions avec le réalisateur. Bref, j'ai aimé ce que j'ai vu, sans vraiment me soucier du reste. L'aspect sulfureux de cette histoire s'est, de fait, largement éventé...

Bonjour tristesse
Film américain d'Otto Preminger (1958)

Le propos n'est plus vraiment moderne, mais le long-métrage conserve assez de qualités pour convaincre les cinéphiles exigeants. Pour décrire la fin d'un monde d'insouciance, Les désaxés (1961) demeure sans équivalent. Le pont que je faisais entre ce film et ceux du Nouvel Hollywood ne m'apparaît pas facilement transposable ici. Que cela ne vous prive pas de ce sommet qu'est La dernière séance !

dimanche 14 juin 2020

La brebis galeuse

1962. Quand Le 7ème juré sort sur les écrans français, Bernard Blier n'est pas encore devenu un tonton - un peu crétin - devant la caméra de son ami Georges Lautner. Il a tout de même 26 ans d'expérience au cinéma (et au théâtre). Cette fois, il a revêtu l'habit d'un criminel. Je vous dirai sans attendre qu'aujourd'hui encore, le film est mordant.

Adapté d'un roman, le scénario dessine petit à petit le portrait glacial d'un notable de province: Grégoire Duval, pharmacien "respectable". Après un pique-nique dominical allégrement arrosé, ce bon Français très ordinaire, marié et père de deux enfants, se promène sur la rive d'un lac et commet l'irréparable: sous le coup d'une pulsion sexuelle incontrôlable, il agresse une jeune femme endormie et l'étrangle. D'abord scabreuse, l'histoire devient folle dès lors que, quelques jours plus tard, il est appelé comme juré de cour d'assises pour le procès d'un autre homme, accusé de son crime ! Je ne veux rien dévoiler d'essentiel. Pour le dire vite, il s'applique alors à poser des questions susceptibles de remettre en cause la théorie du procureur, convaincu d'avoir d'ores et déjà trouvé l'assassin et pressé de lui trancher le cou.

C'est là que le film ne recule devant rien: plutôt qu'un banal récit judiciaire, il dresse le sombre tableau d'un pays peu attrayant, replié sur une vague morale et dont la prétendue élite s'avère détestable et/ou mesquine, à force de toujours préférer l'injustice au désordre. Pas de demi-mesure: il est possible d'ailleurs que certains effets appuyés, en images, musiques et sons, vous déplaisent. Le scénario est malin, mais il peut arriver qu'il se répète un peu. Un autre aspect étonnant: au milieu de sa noirceur, Le 7ème juré a aussi conservé une (petite) place pour un humour proche des codes du burlesque. J'insiste sur le fait que cela reste franchement ténu: le long-métrage tient plutôt du défilé d'abrutis dangereux, la belle France gaullienne étant dès lors passée au vitriol - et ce, six années avant Mai-68. Choisir un meurtrier comme possible rédempteur, c'est un comble ! Surtout, ne comptez pas sur moi pour révéler ce qu'il advient de lui...

Le 7ème juré
Film français de Georges Lautner (1962)

Au centre de tout, Bernard Blier est ici génial ! Il offre trois facettes de son grand talent: dialogues, postures et voix off. La distribution autour de lui - Francis Blanche, Danièle Delorme, Albert Rémy, etc. - est elle aussi excellente. Ce long-métrage est souvent comparé à ceux de Claude Chabrol. Oups: je suis en panne de repères avant L'enfer ! Et à ce stade, c'est plutôt avec Le corbeau que je ferai un parallèle...

samedi 13 juin 2020

Avec lui

C'est étrange: j'aime le cinéma spectaculaire, mais aussi les scénarios minimalistes. En fait, je n'ai pas (toujours) besoin qu'un film donné suive un rythme échevelé et/ou offre des rebondissements nombreux. Le point de départ insolite d'une histoire simple peut suffire, parfois. Et, dans cette optique, Orage, découvert par hasard, m'a plutôt plu...

Vague adaptation d'un roman de Marguerite Duras, ce film méconnu propose une sorte de portrait de femme. La surprenante Marina Foïs prête ses traits à Maria, une quadra à la dérive. La caméra l'attrape sur la route des vacances, prévues en Espagne avec son mari, sa fille et sa soeur. Problème: la météo fait des siennes et bloque la troupe en chemin, dans l'hôtel - réquisitionné - d'un petit village français. C'est là qu'au bout milieu de la nuit, Maria, qui se révèle alcoolique, croise Nabil, un homme qui vient de tuer sa femme et son amant. Surprise: elle décide alors... de fuir avec lui ! Je crois nécessaire d'éviter de réfléchir en termes de vraisemblance devant ledit Orage...

C'est également grâce à Sami Bouajila que j'ai réussi à l'apprécier. Pour être tout à fait honnête avec vous, je dois relever que le film m'a d'abord attiré pour sa courte durée (une heure vingt à peine). Malheureusement, cela ne le rend pas spécialement intense: l'idée originelle semble assez peu exploitée, faute d'une densité suffisante dans le traitement des personnages. Je vais toutefois rester indulgent à l'égard d'un réalisateur qui, après deux courts-métrages personnels et une belle carrière d'assistant, faisait ses débuts au format long. J'insiste, du coup: je n'ai vraiment pas passé un mauvais moment. Orage n'est pas calibré pour demeurer dans les annales du cinéma français, même en se concentrant sur les thrillers, mais il y a aussi d'assez bonnes choses dans cet opus discret d'un metteur en scène débutant. Oui, ça vaut bien un épisode lambda de série américaine ! Et, aussi prévisible soit-elle, la fin m'a plutôt séduit. À vous de voir...

Orage
Film français de Fabrice Camoin (2015)

Bon... ma note est "boostée" par le duo Marina Foïs / Sami Bouajila. Avec d'autres, je suis presque sûr que le film me serait passé à côté. Si le thème de la cavale vous intéresse, je suis également convaincu que le cinéma a produit maints trésors en mesure de vous satisfaire. Je recommande notamment L'astragale, une vraie belle découverte. Classe tous risques et À bout de course sont mieux que des plans B !

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Une précision littéraire...
Dix heures et demie du soir en été: c'est le titre du livre de Duras. Comme vous pourrez l'imaginer, j'ai désormais très envie de le lire...

vendredi 12 juin 2020

Paniers gagnants

Certains films partent dans tous les sens. D'autres ont une trajectoire linéaire... et celui d'aujourd'hui entre dans cette seconde catégorie. Faut-il le déplorer ? Pas sûr. Champions est un feel good movie comme il en existe désormais des dizaines, mais il m'a paru sincère. Attachez vos ceintures: je vous embarque désormais vers l'Espagne...

Marco Montes est entraîneur de basket. Compétent, mais arrogant. Après une vive altercation avec un collègue, il est viré de son club. Pire: il ressasse sa rancune en buvant beaucoup d'alcool et, en route vers chez lui, a la mauvaise idée de percuter une voiture de flics. Résultat: le voilà condamné à deux mois de travail d'intérêt général auprès d'une équipe exclusivement constituée d'handicapés mentaux ! Vous imaginez la suite, n'est-ce pas ? Marco commencera évidemment par rechigner et, petit à petit, deviendra finalement un mec bien. Vous avez le droit de trouver tout cela naïf ou pire: cul-cul la praline. Oui, c'est vrai: ce type de récit est, à tout le moins, assez convenu...

Avec son humour "bon enfant", Champions a au moins le mérite d'évoquer franchement l'une des anecdotes les plus folles de l'histoire olympique: la participation aux Jeux paralympiques de Sydney 2000 d'une FAUSSE sélection handi - dix des douze joueurs étaient valides ! Ce grand scandale a notamment conduit à priver les athlètes atteints d'une déficience mentale d'une participation aux Jeux d'Athènes 2004. Quitte à simuler un trouble de cet ordre, autant être au cinéma, non ? Notons que, dans le cas qui nous occupe, les acteurs ne trichent pas et sont bel et bien à l'écran comme ils sont dans la vie quotidienne. Avec ce film, la plupart ont fait leur premier pas devant une caméra. Leur enthousiasme est joliment communicatif et convient sans doute à un public varié, dit "familial". Et même, oui, aux sportifs en herbe !

Champions
Film espagnol de Javier Fesser (2018)

Rien d'exceptionnel, mais une histoire sympa et dignement racontée. Même s'il s'agissait plus d'un groupe de cas sociaux que de personnes souffrant d'un handicap mental, j'ai vu Le grand bain comme un film comparable. Plus fin, on peut aussi penser à Gabrielle, l'un des films qui fait exception dans un cinéma peu habitué à aborder ce sujet. Pour les handicaps moteurs... et le basket, je recommande Patients !

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Si le clic vous démange encore...

Vous pourrez retrouver une chronique du film sur "Le blog de Dasola".

jeudi 11 juin 2020

Sous la glace

Elle s'est mariée pour se couper de l'emprise d'une mère tyrannique. Lui craint que son possible divorce ait des conséquences désastreuses sur son image... auprès de son patron. Genia et Boris ont-ils connu d'autres sentiments que la haine réciproque ? L'idée paraît douteuse. Faute d'amour: un titre tel un avertissement. Vous serez prévenus...

Au coeur de cet éprouvant long-métrage, il y a Aliocha, un garçon d'une douzaine d'années que ses parents ignorent avec une constance glaçante. Quand ils se déchirent et s'insultent sans jamais se soucier de sa présence, le gamin reste silencieux et prostré derrière la porte de sa chambre, dans le noir, à pleurer toutes les larmes de son corps. Jusqu'au jour où, sans préavis, il laisse son téléphone portable sonner dans le vide et ne revient pas de l'école. On peut bien sûr s'interroger sur les raisons - intimes ou non - qui poussent un cinéaste à aborder un tel sujet et, qui plus est, à le faire avec une si grande froideur. Lauréat du Prix du jury à Cannes en 2017, Andreï Zviaguintsev parle d'un cas extrême, d'une hyperbole, mais assure qu'il faut écarter l'idée d'une dimension autobiographique (et ce bien qu'il ait aussi un fils). De la même manière, même si l'action de Faute d'amour se situe clairement à Moscou, il faut d'après lui se garder d'interpréter le film comme un "simple" pamphlet contre la situation actuelle de la Russie. Difficile, toutefois, de ne pas tenir compte de ce cadre plus général...

Dès les premières images, l'hiver est là et les couleurs sont ternes. Tout au long du récit, les plans s'accompagnent d'éléments sonores explicites, sur la guerre du Donbass, notamment. On tourne en rond autour d'un constat de complète dislocation du tissu socio-familial traditionnel, ce qui laisse tout de même apparaître les larges failles du régime politique post-soviétique, quoi que l'on puisse en penser. Loin d'être un divertissement, Faute d'amour est bien une oeuvre marquante: un tableau, au sens pictural du mot. Il est incontestable qu'un soin tout particulier a été apporté à la photo, qu'il s'agisse d'enfermer quelques images de la nature ou de fouiller un immeuble délabré à la recherche de l'enfant disparu. C'est d'ailleurs justement parce qu'il témoigne aussi qu'il existe encore des personnes solidaires dans ce monde décadent que le film laisse passer un peu de lumière. Par ailleurs, on est vite happé par l'impression d'une implacable boucle temporelle: le mal se reproduit sans cesse et cloue l'homme au pilori. Âmes sensibles, s'abstenir. À moins que le côté sombre vous attire...

Faute d'amour
Film russe d'Andreï Zviaguintsev (2017)

Ce dernier opus en date du réalisateur de Léviathan laisse pantelant. Sans possibilité de s'échapper, le spectateur endure (presque) le pire sous la forme d'une violence psychologique manifeste et exacerbée. Serait-ce pour se construire une sorte de virginité ? La censure russe épargne parfois ce type de films coup-de-poing. J'ai déjà évoqué ceux de Yuri Bykov: The major, L'idiot ! et Factory. Et d'autres suivront...

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Après Cannes, le film a largement fait parler de lui...

Vous pourrez lire d'autres avis chez Pascale, Dasola, Strum et Eeguab.

mercredi 10 juin 2020

Digression

Mercredi, jour habituellement associé aux sorties de nouveaux films. 2000 sont chroniqués ici, et après ? Mon intention est de continuer. J'envisage de faire une pause cet été, mais l'heure n'est pas venue. J'attendrai au moins juillet, peut-être août. Il est possible également que je ralentisse le rythme, sans stopper totalement. On verra bien...
 
J'avais pensé à un bilan chiffré, mais je n'ai pas fait de statistiques précises sur les longs-métrages que j'ai déjà présentés. Mes calculs m'ont juste démontré que, depuis le début de l'année, ma "sélection" pouvait être découpée en trois parties égales: un tiers de productions françaises, un tiers d'américaines et un tiers d'autres nationalités. 23+23+22 (et 23 dès demain, avec un film russe): le compte est bon. Tiendrai-je cette cadence jusqu'en 2021 ? Ma curiosité rend l'idée crédible, mais tout repose aussi sur le hasard des programmations. J'attends surtout le moment où je vous reparlerai d'un film découvert dans une salle de cinéma ! J'espère que ce sera dans pas longtemps...

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Pour finir, je trinque à votre santé...
Chères lectrices, chers lecteurs, sans vous, ce blog n'a pas de sens. Un grand merci, à toutes et tous, de votre intérêt pour ce que j'écris. Et une bise à celles et ceux... qui m'honorent de leurs commentaires !

lundi 8 juin 2020

Amour sans paroles

Producteur, scénariste, réalisateur, compositeur de la bande originale et bien sûr acteur: fidèle à lui-même, Charlie Chaplin travailla dur pour créer Les lumières de la ville. 1929: la crise était encore à venir quand il donna ses premiers tours de manivelle. Le tournage démarra sans accroc. Il allait durer 179 jours, étalés sur presque deux années !

Le très auguste clown l'avait décidé: il resterait muet et sourd encore aux nouvelles sirènes d'un cinéma qui ne parlait que depuis peu. A-t-il toutefois remanié quelques passages "en cours de route" ? Possible. L'une des scènes décisives a en tout cas fait l'objet de 342 prises (!) avant que l'artiste soit satisfait du résultat obtenu. Ce haut niveau d'exigence a été, j'ose le croire, imposé à chacun(e) sur le plateau. Naturellement, il a servi un scénario en or: dans son éternel costume troué et sous son chapeau mou, Chaplin est Charlot, clochard céleste en admiration devant une jeune fleuriste aveugle. C'est avec surprise que j'ai appris récemment qu'il ne s'entendait guère avec son actrice principale, la jolie Virginia Cherrill, jugée trop peu consciencieuse. Ai-je besoin de le dire ? Devant et derrière la caméra, le grand Charlie n'avait pas son pareil pour croquer les petites gens. Il faut souligner qu'il n'y a jamais aucun misérabilisme dans son regard. Son empathie  témoigne d'une âme, d'une noblesse de coeur tout à fait intemporelle. C'est pourquoi l'émotion reste vive, près de neuf décennies plus tard !

Cela pourrait suffire, mais il y a autre chose: si l'art de la pantomime est ici porté au plus haut, la comédie n'est certainement pas oubliée. D'emblée, Les lumières de la ville amuse: la toute première scène réunit une foule pour l'inauguration d'une statue et, tandis que le voile se lève sur la sculpture, on surprend Charlot en train de se réveiller dans les bras de l'imposant personnage de marbre. Les contorsions désordonnées qu'effectue alors le pauvre bougre pour se tirer d'affaire sont d'une drôlerie indémodable, mais aussi porteuse d'un message politique fort. Dès cet instant, au fil du récit, l'étonnant protagoniste cherchera sa place dans un monde dont il paraît ignorer les enjeux pragmatiques, ne vivant en fait qu'à l'écoute de ses seuls sentiments. Cela lui conférera de facto une candeur touchante dans ses relations avec les autres, ainsi qu'on le remarquera lors d'un homérique combat de boxe - et, bien sûr, dans les belles séquences où l'amour domine. Les gestes les plus infimes sont éloquents. Certains disent aujourd'hui qu'au tout départ, le script indiquait que l'histoire se passe... à Paris !

Les lumières de la ville
Film américain de Charlie Chaplin (1931)
Une merveille. Un sommet que j'ai vraiment bien du mal à rapprocher des travaux d'autres cinéastes de légende. Charlot est unique, point. Faut-il absolument tout trier ? Pour l'heure, parmi ceux de ses films que je connais, ma préférence va à La ruée vers l'or. Il est évident que ceux qui viennent ensuite (Les temps modernes et Le dictateur) sont également d'immenses chefs d'oeuvre. Conseil: les (re)voir tous !

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Cette chronique marque une belle étape pour moi...
Depuis l'ouverture du blog, je vous ai désormais parlé de 2000 films ! J'en conserve un tableau détaillé, mais je n'ai pas fait de calculs précis sur leurs origines et époques. Je peux bien attendre les 3000...

Pour patienter, vous pouvez aussi lire d'autres avis...
J'en ai vu deux sur le film du jour: l'un chez Strum et l'autre chez Lui

samedi 6 juin 2020

Jeune fille en fleur

Des vélos et des canaux: c'est le souvenir que je garde d'Amsterdam. Je n'ai pas vu les tableaux du Rijksmuseum, faute de temps suffisant pour faire tout ce dont j'avais envie lors d'un séjour assez bref. Dernièrement, c'est bien sûr le cinéma qui m'a permis de retourner dans la capitale des Pays-Bas. Avec un ticket... pour le 17ème siècle !

1634. Un riche commerçant, Cornelis Sandvoort, n'a pas d'héritier. Sachant que sa grande fortune le lui permet, il sort une jeune femme du couvent où elle était recluse et l'épouse sans plus de cérémonie. Reconnaissante, la belle Sophia peine pourtant à satisfaire son devoir conjugal, d'autant plus qu'elle tombe bien vite amoureuse du peintre auquel son mari a commandé un portrait. Bon... voilà pour le pitch. Avec Alicia Vikander, Christoph Waltz et Dane DeHaan dans les rôles principaux, Tulip fever réinvente avec talent une époque révolue. L'histoire elle-même reste assez ordinaire et plutôt invraisemblable. Je l'ai cependant suivie sans déplaisir aucun. De très jolis costumes...

Son titre ne ment pas: cette reconstitution soignée vous permettra d'en savoir davantage sur le commerce spéculatif autour de la tulipe. Attention toutefois: cet arrière-plan historique est tout à fait décisif pour l'avenir des divers personnages, mais le droit fil du scénario s'intéresse plus aux aléas de la romance qu'aux variations incontrôlées du cours des plantes à bulbe. Dès lors, si vous attendez que ce film respecte la réalité des faits, vous pourriez être déçus du résultat. Conseil d'ami: n'en attendez pas rien d'autre que les plaisirs simples d'un divertissement haut en couleurs. Au tout départ, John Madden devait le réaliser, avec Keira Knightley et Jude Law devant la caméra. Après le désengagement (forcé ?) de ce trio pour de vagues raisons fiscales, mon seul regret véritable est que le script de Tulip fever n'ait pas été confié à une équipe néerlandaise, dans un simple souci d'authenticité. J'admets volontiers qu'il était déjà bien assez fragile...

Tulip fever
Film américano-britannique de Justin Chadwick (2017)
Trois étoiles et demie qui me paraissent fort généreuses, à vrai dire. Je dois tout de même préciser que le film adapte un roman éponyme édité en 1999 et signé Deborah Moggach, une auteure... britannique. N'ayant pas eu l'occasion de le lire, je suppose que cette oeuvre originelle est respectée, mais je ne peux nullement vous le certifier. Pour Amsterdam toujours, je vous conseille La jeune fille à la perle !

mercredi 3 juin 2020

La révélation Lyna

Vous l'aurez compris lundi: Papicha m'a fait une très belle impression. Aujourd'hui, je suis ravi de vous proposer une seconde chronique autour du film, à partir des mots de Lyna Khoudri, l'actrice principale. Bien qu'elle vive désormais à Paris, elle est bel et bien née en Algérie. J'ai trouvé très intéressant de l'entendre parler d'elle et de son pays...

Lyna, comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle ?
J'ai travaillé avec Mounia (Meddour, la réalisatrice) pour apprendre à coudre. Il a fallu me familiariser avec son système de débrouille, parce qu'elle n'a pas les moyens de s'acheter des tissus. Je suis allée en chercher dans les poubelles du Sentier. Pendant le tournage, on vivait tous dans la même maison: cela a permis de créer de vrais liens. C'était sur la côte, une villa avec une superbe vue. Il y avait même une piscine, mais vide ! On nous a fait croire qu'elle serait remplie, mais, en réalité, la peinture a juste été refaite en bleu...

Avez-vous eu l'occasion de recueillir des témoignages d'Algériennes pour composer votre personnage ?
Je suis née en 1992. Ma famille a quitté l'Algérie en 1994, notamment à cause de la décennie noire. L'histoire de Papicha, c'est un peu celle de mes parents. Ils se sont en effet rencontrés à la cité universitaire de Ben Aknoun - c'est celle où Mounia a étudié, elle aussi, et que l'on peut imaginer dans les scènes d'amphithéâtre du film. On nous a toujours parlé de cette époque: personne ne nie ce qui s'est passé. Quant à Mounia, elle nous a également fait part de son expérience. Avec ça, nous les actrices, on a essayé d'être vraies. Sur le tournage, on a eu une belle complicité avec les garçons. Pour jouer les couples du film, avec Shirine Boutella, Marwan Zeghbib et Yasin Houicha, on a pensé à organiser quelques soirées à quatre pour créer une alchimie. Enfin, au moins jusqu'à les autres filles ramènent leurs fraises...

Dans quelle mesure Papicha est-il inspiré de faits réels ?
Toute la partie de la cité universitaire, c'est ce que Mounia a vécu. Après, les événement scénaristiques, ce sont plusieurs faits dont elle a entendu parler par certains de ses amis. Disons que c'est un peu comme un condensé de la situation en Algérie à cette époque.

Y a-t-il des films algériens qui vous ont servi de référence ?
Oui. Le repenti de Merzak Allouache, par exemple. Au-delà même de ce film, tout au long de sa filmographie, sa vision de la jeunesse algérienne est intéressante: il y a quand même une identité. Le voir m'a aussi permis d'entrer dans ce parler, cette attitude, cette vision du monde. Mounia s'est inspirée de films algériens, mais aussi beaucoup d'autres, étrangers. Ce qui est assez fou, en fait, c'est qu'on n'a pas eu besoin d'inspirations en termes de témoignages: on avait toutes des histoires personnelles liées à cette décennie. C'était plus intéressant de chercher de vraies choses à l'intérieur de nous...

Comment le tournage s'est-il passé ?
Sans aucun souci. Je ne dis pas ça parce que c'est Papicha ou même parce que je suis algérienne, mais les tournages en Algérie sont vraiment extraordinaires, pleins de vie, de générosité et de partage ! Il y a simplement des problèmes habituels, comme on en rencontre sur tous les tournages, d'autorisation ou de figuration manquantes.

Comment le film a-t-il été perçu en Algérie ?
La sortie a été annulée au dernier moment. On n'a pas de nouvelles depuis. Cela dit, je connais beaucoup de gens qui vivent là-bas et qui ont vu le film. Ils sont très touchés, forcément: ça fait partie de leur histoire. Il y a des cinéphiles aussi, qui ont aimé le film pour d'autres raisons. D'autres ne l'ont pas totalement apprécié. En Algérie, tout reste à faire: ce n'est pas un problème, mais la production de films chaque année n'est pas très élevée. Du coup, quand un film algérien sort, tout le monde l'attend et le voit. C'est un événement ! 

Votre personnage s'inspire-t-il d'une femme réellement existante ?
Oui, d'une couturière qui s'appelle Yasmina (Chelali), qui a travaillé avec les grands couturiers français et du monde entier, et qui est retournée en Algérie pour lancer sa ligne. C'est l'une des seules couturières connues du monde de la mode. Les couturiers sont souvent des hommes. Nous, on n'en a qu'une... et c'est une femme !

Comment celles qui ont vécu à cette époque réagissent-elles devant le film ?
Avec beaucoup, beaucoup d'émotion ! Les hommes aussi, d'ailleurs. Pour tous ceux qui ont vécu en Algérie à l'époque, il n'y aucun doute possible: tout ce qui est dit est vrai. Cela les ramène vingt ans en arrière et les replonge dans des souvenirs qui sont très durs, parfois. Des choses qui n'ont pas encore été réglées. Ce film, c'est aussi une thérapie pour beaucoup. Ma mère, elle, n'a pas arrêté de parler après l'avoir vu: elle était bouleversée. Elle m'a dit qu'elle en avait pleuré toute la nuit, en laissant sortir tout ce qu'elle avait gardé en elle.

Pourquoi n'y a-t-il pas de figure paternelle dans Papicha ?
Je n'ai jamais vraiment posé la question à Mounia. En fait, elle a perdu son papa quand elle avait l'âge de mon personnage. Je pense que c'est un peu tabou. Effectivement, la figure du père est absente en tant que personnage, mais le film entier est dédié à son père.

Le film nous parle du haïk, un vêtement traditionnel algérien. Qu'est-ce que Mounia Meddour a voulu transmettre par ce biais ?
C'est important: c'est un lien entre toutes les générations de femmes qui ont résisté et se sont battues pour leur liberté, leurs droits, leur vie. Un lien aussi entre celles qui le portaient pendant la guerre d'Algérie, en y cachant des armes, comme cela est expliqué par le personnage de la mère, dans le film. C'était un objet de résistance ! Le choix de ce tissu est clairement symbolique. Mounia a également cette force de simplicité des choses de la vie. Cela pouvait être n'importe quel objet, un bijou transmis de grand-mère à petite-fille...

Quel décalage existe-t-il entre le film et l'Algérie "en révolte" d'aujourd'hui ?
La situation a changé: le pays n'est plus en guerre. Oui, il reste encore des barrages de l'armée: les vieilles habitudes ! On en trouve de semblables dans plein d'autres pays. L'Algérie, ce n'est plus du tout la situation décrite dans le film. Heureusement ! 

Papicha a obtenu le César du meilleur premier film. Et vous, celui du meilleur espoir féminin. Qu'est-ce que cela change ?
Pas grand-chose: cela change la vie du film et c'est ce qui est beau. C'était un beau point final à sa carrière en festivals et à la liste des prix reçus. Ma vie à moi n'a pas tellement changé pour l'instant. Aujourd'hui, il est trop tôt pour dire si cela va changer quelque chose à ma carrière. J'ai deux films qui vont sortir, Gagarine et La beauté du geste, mais ces deux-là, je les avais tournés avant les César...

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Avant de conclure, une petite précision...
J'ai recueilli ces propos de Lina Khoudri après une projection virtuelle de Papicha, à laquelle j'ai assisté le 6 mai dernier... en confinement. L'échange (à distance) était animé par Sarah Chazelle, la présidente et directrice générale de Jour2Fête, la société de distribution du film.

Les conditions de vie à Alger ont été le sujet de quelques questions. Présentes dans le casting, Amira Hilda Douaouda et Zahra Doumandji ont également pris part à ce mini-débat - avec le sourire - et évoqué la soif de liberté du peuple algérien. Sympa, ce bonus d'après-séance !

lundi 1 juin 2020

Insoumise(s)

J'espère pouvoir un jour aller en Algérie. Notre voisin méditerranéen est déjà le pays africain le plus représenté sur Mille et une bobines. J'ajoute aujourd'hui un sixième film à la liste de mes chroniques algériennes: le récent Papicha, que j'ai vu sur une plateforme VOD mise en place à l'occasion du confinement. C'est toujours ça de pris...

Il paraît qu'à Alger spécifiquement, on appelle "papicha" une femme jeune, drôle et libérée. Ce n'est apparemment pas un terme péjoratif. Le film, lui, nous ramène au début des années 90. Un contexte historique important: à cette époque, alors que le gouvernement officiel vient d'annuler des élections donnant la victoire à des partis radicaux islamistes, le pays s'enfonce rapidement dans la violence. Les Algériens parlent d'une décennie noire: sans merci, la guerre civile qui commence causera la mort - ou la disparition ! - de dizaines de milliers de personnes. D'autres seront déplacées ou s'exileront. L'héroïne de Papicha, Nedjma, vit à la cité universitaire et travaille dur pour devenir styliste. Un drame soudain qui endeuille sa famille l'incite à se révolter: elle convainc ses copines d'organiser... un défilé de mode sur le campus ! Je vous laisse découvrir seuls ce qu'il advient de ce projet. Il est évident que sa mise en oeuvre n'a rien d'évident...

Autant le dire: même s'il donne à voir le fruit d'une belle solidarité entre filles, Papicha est bien un film dur, qui s'inspire de faits réels survenus en différents endroits et sans doute à plusieurs moments pour composer un récit unique. Souvent, ce récit prend aux tripes ! Deux des César 2020 l'ont récompensé: celui du meilleur premier film et celui (mérité) du meilleur espoir féminin, décerné à Lyna Khoudri. Cela dit, pour moi, c'est vraiment une réussite collective: l'actrice principale attire naturellement la lumière, mais ses partenaires de jeu font montre de talent aussi, dès lors que la caméra s'intéresse à elles. Il peut d'ailleurs arriver que tout s'emballe: la prise de vue "à l'épaule" vient amplifier le sentiment d'urgence et renforcer notre impression d'immersion dans le groupe - même si l'image est alors moins nette. Après la projection, j'ai vu que certains regrettaient que cette oeuvre puissante ne montre que des hommes brutaux et peu fréquentables. C'est ma foi vrai, mais cela ne m'a pas choqué, et j'ai noté que le film était dédié au père de la réalisatrice, mort en 2000. Un ex-cinéaste...

Papicha
Film algérien de Mounia Meddour (2019)

Il s'agit en fait d'une coproduction, avec également des financements français, belges et qataris. Mais qu'importe... ou plutôt tant mieux ! Sur la décennie noire, je conseille aussi Le repenti, mon premier film algérien. Si la condition féminine vous intéresse, Much loved (Maroc) ou La belle et la meute (Tunisie) peuvent vous reparler du Maghreb. N'oubliez pas Mustang pour la Turquie et Wadjda en Arabie saoudite !

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Ah ! J'ai oublié de parler du son...

Un beau travail a été réalisé sur ce point, avec des scènes "bruyantes" et d'autres plus calmes, tout aussi marquantes. Je n'en dis pas plus...

Mais si vous voulez aller plus loin...
Je ne peux que vous suggérer la lecture des avis de Pascale et Dasola.