mardi 30 septembre 2025

La guerre, un fleuve et...

Une vie suffit-elle pour voir tous les grands classiques de Hollywood ? Joker ! Plutôt que de chercher une réponse, j'ai préféré me pencher sur un titre à la réputation flatteuse: L'odyssée de l'African Queen. Un film en Technicolor sorti il y aura bientôt trois quarts de siècle. Avec Katharine Hepburn et Humphrey Bogart, je n'ai que peu hésité...

C'est presque sans la moindre info préalable que j'ai donc foulé le sol africain, dans l'actuelle Tanzanie, vers le début de l'automne 1914. Déclarée en Europe, la Première guerre mondiale atteint cette terre lointaine: le révérend britannique Samuel Sayer, tout à fait dépassé par les événements, voit son congrégation ravagée et les hommes valides du village attenant enrôlés (de force) dans l'armée du Kaiser. Le choc est si violent pour lui que le pauvre devient fou et meurt ! Résultat: sa soeur Rose, qui était son assistante, se retrouve seule...

Attendez ! Ne pleurez pas ! Et ne partez pas non plus ! Pas si vite ! L'endeuillée est rejointe par un Canadien, Allnutt, qu'elle connaissait comme employé d'une compagnie minière et facteur occasionnel. L'odyssée de l'African Queen débute véritablement quand le bougre l'embarque sur le canot à moteur qui est son véhicule professionnel. Mieux encore, quand il lui promet de descendre avec elle le fleuve voisin pour retrouver l'ennemi allemand et mener contre lui une action de résistance - non, je ne vous donnerai pas davantage de détails. Soyez sûrs d'une chose: récemment restauré, le film est superbe. Malgré quelques préjugés d'époque, son scénario est surprenant quand on s'attend au sacrifice de héros parfaits contre des méchants sanguinaires. C'est après ma séance que j'ai lu que Hepburn et Bogart avaient adoré collaborer: de fait, leur complicité rejaillit à l'écran. Tourné en partie en Afrique, leur "pas de deux" a quelque chose d'atypique, comparé à d'autres merveilles de l'âge d'or hollywoodien. Cerise sur le gâteau: au final, c'est une oeuvre joyeuse. Et optimiste !

L'odyssée de l'African Queen
Film (anglo-)américain de John Huston (1951)

Bon... j'ai décidé d'arrondir ma note en oubliant les quelques clichés évoqués ci-dessus (ils concernent les Africains et l'armée allemande). Je me suis dit que ce n'était pas tous les jours qu'un film d'aventures commençait en 1914 et prêtait à sourire. La lente descente de fleuve effectuée dans Apocalyse now sera nettement moins réjouissante. Idem pour la pérégrination africaine du Poilu portugais de Mosquito...

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Un dernier conseil...

Si vous ne l'avez pas déjà fait, je vous recommande de fouiller le Web pour dénicher des anecdotes sur l'histoire du film et de son tournage. Première étape possible, "L'oeil sur l'écran" rappelle également le lien à faire avec le Chasseur blanc, coeur noir de Clint Eastwood (1990).

lundi 29 septembre 2025

L'insatiable

Il tourne actuellement un polar - Mystyk - dans le Lot-et-Garonne. Aucune date de sortie n'a encore été annoncée pour ce long-métrage qui fait appel à ses talents d'acteur (principal) et de coréalisateur. Raphaël Quenard n'a visiblement aucune intention de lever le pied ! Aujourd'hui, je voulais dire 2-3 mots de son travail, hors du cinéma...

Vous le savez sûrement: l'ancien chercheur et assistant parlementaire a publié en mai son premier roman, chez Flammarion, un jour à peine après l'ouverture du 78ème Festival de Cannes. Un succès public immédiat, paraît-t-il - je cherche des chiffres récents pour le vérifier. Cela dit, j'ai désormais lu Clamser à Tataouine et je dois même dire qu'il ne m'a fallu que deux jours pour "venir à bout" de ses 193 pages !

Et alors ? Raphaël n'est pas un génie, mais un auteur intéressant. Honnête, il fait mieux que surfer sur la vague de l'indéniable culot auquel il doit une partie de sa notoriété. Oui, le Quenard écrivain vaut bien le Quenard comédien: on retrouve une part de sa faconde légendaire dans ses écrits. Toute ressemblance avec un jeune type réellement existant et doué pour le verbe est officiellement fortuite. C'est rassurant, dans la mesure où il est ici question du parcours fou d'un homme qui rate son suicide et se transforme en tueur en série...

"Mon livre n'est pas noir. Il est plutôt marrant", assurait le trublion dans une interview récente (à lire dans Vraac, mensuel grenoblois). Chacun de nous en jugera selon ses propres critères d'appréciation. Pour ma part, je le trouve au moins aussi barré que celui qui l'a écrit. Ce n'est pas tout dire, certes, mais c'est déjà dire beaucoup, je crois. Nul ne sait si le bon Raphaël a encore l'intention de taquiner sa muse littéraire... et quelle forme cette envie prendrait, le cas échéant. D'après ses déclarations, il a eu besoin de "peut-être sept ou huit ans" pour finaliser son premier opus. "Laborieux" ? Il l'a lui-même admis. Je suppose donc plutôt qu'on le reverra bientôt... sur un écran géant !

Pour mémoire, j'ai déjà présenté huit de ses films sur le blog. L'occasion d'en republier les liens, par année de sortie en salles...

- 2020 : Gagarine,
- 2021 : Fragile - Mandibules,
- 2022 : Coupez !,
- 2023 : Chien de la casse (photo) - Sur la branche - Yannick,
- 2024 : Les trois fantastiques.

Cette liste non exhaustive ne demande bien sûr qu'à être commentée. Elle pourra être complétée par mes soins - et grâce à vos suggestions.

vendredi 26 septembre 2025

Bidonville

Je vais être franc: je n'avais jamais entendu parler de la Cañada Real avant de voir Ciudad sin sueño au cinéma. Ce bidonville espagnol s'étend pourtant sur plusieurs kilomètres, à quelques minutes à peine du centre de Madrid. Y vivent principalement des immigrés marocains et des Roms. Environ 7.000 personnes, selon une estimation de 2017.

"J'ai voulu me confronter à un mode de vie en voie de disparition". C'est notamment ce qu'a raconté le jeune réalisateur Guillermo Galoe dans Sofilm, pour expliquer ce qui avait pu le pousser à faire ce film. J'insiste d'emblée sur un point important: il s'agit bien d'une fiction. Elle a pour personnage principal un ado de 14-15 ans, Toni, enfant parmi beaucoup d'autres d'une famille de ferrailleurs. Son existence miséreuse tourne beaucoup autour des bons et longs moments passés avec son ami Bilal, qu'il sait devoir bientôt partir vivre à Marseille. Mélancolique, Toni s'accroche aussi à l'amour qu'il porte à une chienne appartenant à son Paï (grand-père), mais ce dernier échange l'animal contre un lopin de terre où, espère-t-il, il pourra installer les siens. Ces situations de grande précarité sont filmées sans misérabilisme aucun. Ciudad sin sueño présente ainsi la réalité de la Cañada Real de manière frontale, tout en respectant toujours ceux qui y habitent. Ils ont largement été associés au tournage et l'écriture du scénario s'est étalée sur six ans. Avec la ferme intention de ne RIEN idéaliser !

Ce souci de grand réalisme n'empêche pas le film d'être d'une beauté plastique étonnante. Sa représentation du monde de son personnage principal passe par une idée originale: le recours régulier à des vues subjectives, saisies au téléphone portable et modifiées par des filtres colorés. Il en émane une poésie remarquable dans ce contexte social. Reste la réalité crue et cet environnement quotidien fait d'objets délabrés, abandonnés sur le sol de rues souvent privées d'électricité et où l'eau, potable ou non, est une ressource à protéger absolument. N'ayant jamais pu apprendre l'espagnol, je ne suis pas capable de dire si cette Ciudad sin sueño est une ville sans rêve ou sans sommeil. C'est en tout cas une ville animée jusque tard dans la nuit, éclairée alors par maints braséros de fortune qui témoignent de sa situation économique. On nous dit cependant que, même relogés, ses habitants ne seraient pas nécessairement plus heureux ailleurs, dans l'anonymat relatif des grands immeubles urbains susceptibles de les "accueillir". Chacun demeure libre de ses conclusions. Oui, cela reste du cinéma...

Ciudad sin sueño
Film espagnol de Guillermo Galoe (2025)

Un voyage dont on revient mieux informé, mais quelque peu groggy. Avec l'impression que certaines choses évoluent, mais que d'autres pourraient ne jamais changer - cf. le sort qui est réservé aux aînés. On est bien loin de l'imagerie spectaculaire des films sud-américains comme La cité de Dieu (au Brésil) ou Elefante blanco (en Argentine). C'est moins glauque, mais j'ai parfois repensé à Toto et ses soeurs...

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Un autre regard artistique ?
Mon titre reprend celui d'une belle chanson de Claude Nougaro (1966). Je vous renvoie donc sans plus attendre à ses paroles. Et aux images.

Objectivement, mon avis ne fait pas l'unanimité...
Je vous recommande à présent de lire celui de Pascale en contrepoint.

mercredi 24 septembre 2025

Vérités voilées

La crise politique, l'Ukraine, Gaza... il me semble que l'Iran est passé au quatrième rang - ou pire ! - de nos "préoccupations" actuelles. Sorti fin août, La femme qui en savait trop le replace sur le devant de la scène en concentrant son propos sur quelques personnages. Parmi eux, Tarlan, une ancienne professeure de danse et syndicaliste.

Le film s'ouvre sur un (très beau) plan-séquence lors d'une répétition. Tarlan apprécie la compagnie de sa fille adoptive et de sa petite-fille. Mais le ton se fait vite plus grave: la plus jeune des deux adultes subit la violence de son mari et, soudain, a des ennuis avec la police parce qu'elle ne porte pas son hijab. Il se passe quelques minutes avant que nous découvrions... qu'elle a été tuée, et peut-être bien par cet époux indigne. C'est sur cette hypothèse que le scénario construit le suspense que nous promettait le titre à la Hitchcock choisi pour la version francophone du long-métrage. Je ne pense pas qu'il faille cependant le qualifier de thriller ou même de film policier. La femme qui en savait trop s'intéresse davantage aux convictions et aux actions de sa principale protagoniste qu'à la stricte vérité. D'ailleurs, si meurtre il y a eu, il n'est que suggéré, jamais montré. Tourné dans la clandestinité, le film évolue de fait sur un fil. Tendu...

Aussitôt son travail terminé, le réalisateur s'est exilé en Allemagne. C'est probablement ce qui explique la nationalité officielle de l'opus débarqué dans nos salles de cinéma le mois dernier, dont la langue demeure toutefois le farsi. Anecdote intéressante: pour le seconder dans l'écriture du script, le cinéaste a aussi fait appel à un confrère prestigieux, lui-même en délicatesse avec le régime: Jafar Panahi. Oui, le lauréat de la Palme d'or cette année - j'en reparlerai bientôt ! Orienté autour de la superbe Maryam Boubani, une actrice militante concrètement engagée sur le terrain, La femme qui en savait trop évoque sobrement le combat du mouvement Femme, Vie, Liberté. Bravo à deux autres comédiennes: Hana Kamkar et Ghazal Shojaei. Les rôles masculins ne sont pas moins intéressants: il est donc juste de relever la contribution de Nader Naderpour et Abbas Imani, interprètes du gendre de Tarlan et de son fils, à la réussite du film. Un propriétaire ambigu ou un policier... d'autres incarnations viriles parsèment le récit. Ce serait regrettable de ne pas vouloir l'entendre !

La femme qui en savait trop
Film (irano ?-)austro-allemand de Nader Saeivar (2025)
Du bon grain à moudre, en attendant l'arrivée de la Palme mercredi prochain: il me semble nécessaire de soutenir ce cinéma courageux. Souvenez-vous: l'année dernière, Les graines du figuier sauvage s'inscrivait dans le même contexte sociétal. Nous avons de la chance de pouvoir découvrir ces films, comme d'autres avant eux: Les chats persans, Une séparation, Un homme intègre, Leila et ses frères...

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Et parmi les avis sur le film du jour...

Je vous suggère désormais d'aller (re)lire celui de notre amie Dasola. Arrivé un peu plus tard, celui de Pascale mérite aussi votre attention.

lundi 22 septembre 2025

Face au virus

J'avais beaucoup aimé son tout premier long et, bien qu'il soit reparti avec la Palme du Festival de Cannes 2021, un peu moins le second. Après Grave et Titane, Julia Ducournau a fait son retour avec Alpha. Longtemps hésitant, j'ai enfin cédé à l'envie de voir ce troisième film malgré la tendance critique négative qui aura accompagné sa sortie...

Alpha
? Le titre du film est également le prénom de sa jeune héroïne. Âgée de 13 ans, cette adolescente tracasse d'autant plus sa mère qu'elle revient un matin d'une soirée avec un A tatoué sur l'épaule gauche. Or, impossible pour Maman de connaître l'auteur de ce dessin et les circonstances dans lesquelles il a été réalisé. D'où l'inquiétude de cette médecin qui, chaque jour, doit s'occuper de patients touchés par un virus, transmis par le sang et qui les transforme en pierre ! Problème supplémentaire: sa cohabitation avec un frère toxicomane. Bref, autant vous le dire franco: la barque scénaristique est chargée. C'est, je trouve, le défaut majeur de cette création: ses thématiques possibles sont trop nombreuses pour ne pas nous perdre en chemin. Comme si l'abondance de moyens techniques prenait alors le dessus...

D'abord sincère, mon intérêt pour les personnages a trop vite décliné. Les acteurs ? Mélissa Boros, 20 ans, n'est pas vraiment la "révélation incandescente" que le magazine Vogue a cru déceler en elle. Une fois n'est pas coutume, Golshifteh Farahani est moyenne: une déception. Heureusement, Tahar Rahim relève le niveau: la vingtaine de kilos qu'il a accepté de perdre pour le rôle le conduisent à une composition dantesque et donc convaincante, à défaut d'être tout à fait inspirée. Visuellement, Alpha n'est pas de bon goût, mais impressionne fort. C'est un véritable cauchemar, se jouant de nos émotions primaires comme la peur, la colère ou la répulsion. J'ajoute que son cadre réel demeure imprécis - il semble que ce soit la Normandie (Le Havre). Julia Ducournau s'est aussi aventurée à multiplier les temporalités. Résultat: si, au début du film, on peut imaginer être dans le temps présent, on risque de s'égarer ensuite en essayant de suivre le fil illogique de flashbacks impromptus, où les époques se mélangent ! Que faut-il dès lors comprendre ? Je ne suis pas certain de le savoir...

Alpha
Film français de Julia Ducournau (2025)

C'est déjà convaincu que la réalisatrice pourrait devenir une figure importante du cinéma national que j'ai donné sa chance à cet opus. Las ! Les outils mis à sa disposition me paraissent en fait l'enfermer dans un univers borné, où ses seules idées et lubies ont droit de cité. L'aspect horrifique de ses oeuvres n'est pas si moderne, finalement. Je préfère les classiques: Carrie, Suspiria ou Evil dead, par exemple.

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Et je ne suis pas le seul déçu, on dirait...

Vous vérifierez d'ailleurs que l'avis de Pascale est encore plus cinglant.

samedi 20 septembre 2025

À sec

Vous l'aurez constaté... ou pas: le cinéma australien se fait assez rare sous nos latitudes. Pour cette ultime chronique estivale, j'ai envie d'évoquer un film que la crise Covid a privé d'une sortie dans les salles françaises: Canicule (qui, en fait, nous parle plutôt de sécheresse). Ce qui a pu m'attirer ? La présence d'Eric Bana dans le rôle principal...

L'acteur était en fait le seul que je connaissais dans la distribution. Son charisme le rend bon et crédible dans le rôle d'Aaron Falk, un flic de retour dans la ville de son adolescence pour assister aux obsèques d'un vieil ami. Situation sordide: le défunt est supposé s'être suicidé après avoir tué sa femme et son petit garçon. Mais le doute persiste sur ce qui s'est réellement passé, à la fois quelques jours auparavant et vingt ans en arrière, Aaron étant désigné responsable de la noyade d'une fille de son entourage. Une double enquête (re)démarre donc. Que dire ? Le film que j'ai vu s'avère assez efficace dans son genre. Ses presque deux heures passent vite et sans véritable temps mort. D'aucuns l'ont comparé avec ceux que Clint Eastwood a su réaliser dans sa veine intimiste: je dirais que c'est un trop gros compliment pour ce long-métrage de bonne facture, certes, mais qui reste sage. Qu'il se place sur une terre où il n'a pas plu lors des 324 jours écoulés importe assez peu: l'histoire aurait été la même au coeur de l'Alaska. Soyez en tout cas sûrs d'une chose: je n'ai rien de honteux à signaler !

Canicule
Film australien de Robert Connolly (2021)

Ah oui, ce titre... celui de la VO (The dry) me semble plus approprié. Il est regrettable que le scénario n'exploite pas davantage cet espace éminemment cinégénique qu'est le bush, créant cependant une ville imaginaire - Kiewarra - dont j'aurais aimé sentir l'intense chaleur. Pour cela, le mieux aurait été de revoir Tracks, dans un autre genre. Côté polars, je conseille Dans la brume électrique et La isla minima.

jeudi 18 septembre 2025

Faux frères

Pat Garrett et Billy le Kid: le titre est explicite pour évoquer deux des plus fameux hors-la-loi américains, vers la fin du 19ème siècle. Une petite dizaine d'années séparaient ceux qui restent des légendes de l'Ouest et furent peut-être des amis. C'était avant que le premier décide de se ranger. Devenu shérif, il entama une traque du second...

Je laisse à d'autres le soin de vous dire ce que l'on sait avec certitude de leurs incroyables parcours. Le cinéma vous en donnera une vision particulière sous la caméra du grand Sam Peckinpah. Il faut savoir que le réalisateur n'a pas pu imposer son regard à ses producteurs. Plusieurs versions du film ont dès lors circulé: je crois en avoir vu une assez proche de ce que les spécialistes appellent un "director's cut". Avec James Coburn et Kris Kristofferson en tête d'affiche, ce western tardif m'a beaucoup plu. Prudence ! La violence y occupe une place importante: les bandes naissent - et meurent - à coups de revolver. Les conflits se règlent presque à chaque fois en duel ou en fusillade. Et, si le monde change, ce serait plutôt à l'avantage des propriétaires terriens qu'à celui des ultimes desperados, avides de grands espaces !

Il y a de fait une certaine mélancolie dans Pat Garrett et Billy le Kid. Elle est accentuée par une bande originale écrite par... Bob Dylan ! Surprise: du haut de ses 32 ans, l'acteur figure aussi dans le casting et, même si son rôle n'est pas central, il s'en tire honorablement. L'ironie là-dedans, c'est que son personnage (mutique) s'appelle Alias. Le film, lui, met en avant une photo irréprochable, où les codes esthétiques classiques du Far West sont plus que respectés: sublimés. Le scénario est limpide et un astucieux montage alterné nous permet de suivre les différentes pérégrinations des principaux protagonistes jusqu'à la toute dernière rencontre, décisive. Une forme de suspense s'instaure parfois et, de manière logique, la tension va crescendo. Aujourd'hui réhabilité, cet opus fait donc lui aussi office de standard. Pas de vrais héros, cependant: juste des hommes et leurs destins. Certes, on pourrait trouver à redire, mais j'y ai trouvé mon compte...

Pat Garrett et Billy le Kid
Film américain de Sam Peckinpah (1973)

Pleine satisfaction personnelle pour cette toute première incursion dans le travail du cinéaste californien. J'en ferais volontiers d'autres. Vous pourrez désormais replacer ce bel opus face à une production d'Arthur Penn: Le gaucher - avec Paul Newman (1958). Les années 70 rivalisent avec Little Big Man, Bad company ou Jeremiah Johnson. Et Clint Eastwood dans L'homme des hautes plaines et Josey Wales !

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Mon film du jour titille votre curiosité ?
Princécranoir, Benjamin et Lui ont, eux aussi, témoigné de leur avis. Et Vincent l'a (notamment) cité dans une réponse à un questionnaire !

mercredi 17 septembre 2025

Made in China

Un ami - coucou Carlos ! - venu voir Escape from the 21st century avec moi m'a indiqué que c'était la première fois qu'un film chinois était à son programme. De mon côté, j'avais envie d'aborder la filmo de Bruce Lee, mais je n'y ai plus repensé depuis... le 16 avril 2020. Petit Dragon est toujours le roi du box-office en France pour ce pays !

Bon... le fait est que je n'ai pas non plus revu les deux chefs d'oeuvre classés juste derrière les quatre réalisations majeures du maître éternel du kung-fu: Tigre et dragon (photo) et In the mood for love. Sortis l'un et l'autre en 2000, ces longs-métrages de très haute tenue demeurent les seuls à avoir dépassé le million d'entrées dans les salles françaises au 21ème siècle. Le leader du classement 2025 provisoire s'appelle Black dog et il n'a guère attiré "que" 264.884 spectateurs. Après un Prix à Cannes, c'est à mon humble avis un score décevant...

Les chiffres le prouvent: il est difficile de se faire une place au soleil français quand on est artiste de cinéma et arrivé tout droit de Chine. Il semble que, pareillement, les réalisateurs de France (et d'Europe) aient très peu d'audience dans les cinémas de la République populaire. Les principaux films étrangers à succès sont américains ou japonais. Anecdote au passage: j'ai déjà vu quatre films chinois cette année. L'aurez-vous deviné ? C'est un record personnel. Le porter plus haut n'est pas un objectif, mais si vous avez des conseils, je suis preneur. À dire vrai, je n'ai rien repéré de particulier d'ici à la fin du millésime. L'avantage étant que cela laisse grand ouvert le champ des possibles !

lundi 15 septembre 2025

Tout, partout, etc...

Voir quelque chose d'encore plus dingue en 2025 ? Ce sera difficile. Escape from the 21st century est un film chinois que j'ai découvert un peu par hasard, en commençant par sa bande-annonce déjantée. Ensuite, son pitch et une mini-critique positive des Fiches du cinéma auront suffi à me convaincre de lui donner sa chance. Et c'était parti !

Chengyong, Wang Zha et Paopao sont trois amis, adolescents. Ensemble, ils n'hésitent pas à faire le coup de poing contre tous ceux qui regardent d'un peu trop près la petite copine du premier nommé. Après une bagarre qui tourne mal, ils sont projetés dans une mer polluée et, une fois de retour au sec, développent un super-pouvoir inattendu: celui de débarquer dans le futur... après avoir éternué ! C'est en constatant l'évolution de leur lieu de vie vingt ans plus tard qu'ils pourraient démanteler un réseau criminel et sauver le monde. Tout ceci est censé se dérouler en 1999 et 2019 sur une planète appelée K et dont l'apparence ressemble beaucoup à celle de la Terre. Suffisamment en tout cas pour vous donner 2-3 repères dans ce film agité qui part littéralement dans tous les sens. Vous serez prévenus...

Autant insister: Escape from the 21st century ne laisse aucun répit. Constamment en mouvement, avec de nombreuses touches de cinéma d'animation au milieu des images réelles, il fonce à 2.000 km/h ! Parvenir à le suivre dans ses innombrables virages est un exploit d'autant plus remarquable qu'il ose allégrement mélanger les genres. Au tout premier abord, j'ai cru avoir affaire à une comédie futuriste complètement folle, mais quelques séquences vraiment mélancoliques ou dramatiques sont venues tempérer cette impression de pur délire. Bien que foutraque, il semble que le film ait aussi des choses à dire sur notre monde à nous, choses que vous entendrez donc peut-être dans l'hypothèse où vous vous y montrerez attentifs et sensibles. Sinon ? Rien ne vous interdit de prendre cet OFNI au premier degré. L'expérience a de quoi réjouir tout cinéphile un tant soit peu curieux. De là à la dire incontournable, il y a un pas - que je ne franchirai pas !

Escape from the 21st century
Film chinois de Li Yang (2024)

Ce maelström d'images et de sons m'a laissé "vidé" sur mon fauteuil ! J'aurais presque envie de le revoir, mais... je vais attendre un peu. Certains l'estiment réussi là où Everything everything all at once leur apparaît finalement comme une tentative ratée de cinéma total. D'autres le comparent avec Scott Pilgrim et/ou Ready player one. Côté cinéma chinois, j'avais aimé parcourir Le royaume des abysses.

samedi 13 septembre 2025

Le temps d'un été

Incroyable mais vrai: j'ai bien failli passer à côté de mon film du jour simplement parce qu'à sa sortie, je trouvais son titre très moche. Sandrine Kiberlain l'a réalisé et dit avoir voulu "s'exprimer autrement" que comme actrice, exauçant un rêve longtemps jugé inaccessible. Elle parle de légitimité. D'une histoire "valant le coup". Voyons cela...

Une jeune fille qui va bien
: de quoi camper un personnage singulier. Difficile d'ailleurs de ne pas s'y attacher, voire même de s'y identifier. Irène, 19 ans, arpente les rues de Paris avec l'enthousiasme naturel de sa jeunesse et les mille envies qui lui sont associées. Son groupe d'amis et elle ne rêvent que d'une chose: entrer au Conservatoire. Chaque jour, inlassablement, ces adolescents et jeunes adultes répètent donc L'Épreuve, comédie en un acte de Marivaux (1740). Cela se passe pour le mieux, en apparence, mais c'est l'été 1942 ! Toute à son insouciance, Irène en a  presque oublié qu'elle est juive...

Moche ou pas ? Vous jugerez. Une jeune fille qui va bien: un titre conçu en trompe-l'oeil. Je veux ici saluer l'audace d'une mise en scène fondée sur ce qu'elle ne montre pas: cette menace à peine perceptible et pourtant constante pour l'héroïne du récit. Pas de croix gammée visible à l'écran, pas de cris, pas de rafle... juste une génération remplie d'espoirs et qui vit (presque) normalement en ces heures sombres. Le contraste avec ce qu'on imagine de la réalité quotidienne de la vie à cette époque est évidemment un fort vecteur d'émotions. J'ai envie de retenir le meilleur: en dépit de quelques maladresses largement pardonnables à une cinéaste débutante, Sandrine Kiberlain fait mouche. Certaines idées sont très belles - je pense aux lunettes pour voir flou et à un premier baiser donné dans le noir, notamment. J'ai vu un beau film et des acteurs convaincants: Rebecca Marder, André Marcon, Françoise Widhoff, Anthony Bajon... merci ! Et bravo !

Une jeune fille qui va bien
Film français de Sandrine Kiberlain (2022)

Rebecca Marder a finalement été nommée au César du meilleur espoir féminin, mais il me semble que l'accueil réservé à ce long-métrage est resté plutôt froid (à peine 161.303 entrées dans toute la France). Il est vrai, comme je l'ai lu, que le récit est ténu. Je vous renvoie vers un chef d'oeuvre - Le jardin des Finzi Contini - pour le sujet. Autre option: La chambre de Mariana, une merveille de cette année.

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Et pour vérifier que mon film du jour ne fait pas l'unanimité...

Vous pouvez lire la chronique de Pascale et celle de "L'oeil sur l'écran".

jeudi 11 septembre 2025

Un autre Robin ?

Né de la tradition orale, il ne serait devenu un personnage d'oeuvres écrites qu'au 14ème siècle. Robin des Bois n'a jamais existé, dit-on. Nul n'ignore pourtant le nom de cet Anglais, chef d'un petit groupe bataillant contre les puissants pour restituer aux pauvres l'argent qu'on leur aurait volé. Une belle âme et un vrai modèle chevaleresque.

Dans La rose et la flèche, Robin a déjà passé vingt ans de sa vie derrière Richard Coeur de Lion, son roi, en croisade. Le monarque étant devenu sanguinaire, il refuse de lui obéir et est alors condamné pour cela à la mort par pendaison. Contre toute attente, le souverain accorde finalement son pardon - je passe allégrement sur les détails - et c'est ainsi que Robin peut ENFIN rentrer en Angleterre, accompagné par Petit Jean, le plus fidèle de ses anciens compagnons de jeunesse. L'important pour lui ? Reconquérir Marianne, son amoureuse de jadis !

Oups ! Ce ne sera pas facile, vu que la belle est devenue... abbesse. L'intérêt du récit tient justement à ce que le principal protagoniste, qu'on imagine invulnérable, est loin d'avoir la partie gagnée d'avance. Il se débat dans un monde dont les codes semblent lui échapper. Même lui juge bien naïfs ceux qui croient aux chansons à sa gloire. D'autres veulent sa peau, à commencer par le shérif de Nottingham. J'avoue: au début du film, j'ai eu peur, car le ton comique adopté m'apparaissait peu en adéquation avec ce que j'attendais du film. Heureusement, petit à petit, Robin change de visage: son altruisme s'efface et laisse place à une forme d'orgueil plutôt dévastatrice. Marianne, elle, ne supporte que très difficilement cette évolution. Conséquence: plutôt léger au début, le long-métrage adopte un ton bien plus grave par la suite. Le résultat ? Imparfait, mais intéressant. Le must ? Retrouver Audrey Hepburn et Sean Connery, im-pec-cables !

La rose et la flèche
Film américano-britannique de Richard Lester (1976)

Il y a quelque chose d'assez magique dans ce film, qui paraît capable de renforcer le mythe de Robin des Bois en commençant par l'affaiblir. Résultat: je le trouve modeste et plus beau que le Robin des Bois revisité par ce bon vieux Ridley Scott (un peu trop lisse à mon goût). Bon... il est vrai que je n'ai pas revu cette version depuis quinze ans. Prochaines étapes: Errol Flynn et Disney. Mais non, pas tout de suite !

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Envie de lire d'autres avis sur le film du jour ?

Parfait ! Je vous suggère de faire un petit tour chez Benjamin et Lui.

lundi 8 septembre 2025

Vers sa liberté

Alors, vous avez deviné ? Pour fêter dignement le 18ème anniversaire de Mille et une bobines, j'ai tenu à voir - et chroniquer - un autre film du premier grand réalisateur évoqué ici: le maestro Federico Fellini. Parmi plusieurs choix possibles, j'ai fini par retenir son premier opus en couleurs: Juliette des esprits ! Fraichement accueilli à sa sortie...

Dans la version originale et à l'état civil, Juliette s'appelle Giulietta. Giulietta degli spiriti est en fait le cadeau d'un nouveau rôle principal de Fellini à sa muse, la géniale Giulietta Masina. La comédienne incarne cette fois une femme au foyer de la bourgeoisie romaine. Quand le film démarre, elle prépare une surprise à son mari Giorgio pour leur 15ème anniversaire de mariage: un dîner aux chandelles entre amoureux. Oui, mais... l'époux débarque avec tous leurs amis. Après la fête, la pauvre Giulietta comprend soudain qu'il la trompe ! Déterminée à tout savoir et à comprendre, elle s'oriente rapidement dans une étrange aventure intérieure, avec l'aide de psys, médiums et autres détectives privés. Ce qui permet alors au divin Federico d'entrer dans le vif du sujet et un imaginaire sans équivalent connu pour le cinéma italien (et même non-italien, en fait) de cette époque. Faut-il s'accrocher pour suivre ? Moi, je dirais plutôt se laisser aller...

Porté et enrichi par la musique de Nino Rota, cet univers baroque impressionne par sa diversité aux couleurs vives. Arriver à distinguer ce qui relève de la réalité quotidienne de Giulietta de la fantaisie débridée de son créateur n'est pas évident, a fortiori quand le récit évoque le passé et nous y renvoie par le biais de flashbacks rêveurs. Ainsi que je le suggérais, le mieux est peut-être de s'abandonner. Juliette des esprits n'est pas un film facile, non, mais c'est un film formidable, qui raconte une histoire banale en utilisant le cinéma comme un très vaste champ d'expérimentation poétique et sensible. Guilietta Masina a un petit air d'Alice au pays des merveilles, entrée dans un monde qu'elle ne connaît pas, mais qui était en fait dissimulé derrière son existence très ordinaire. Ce monde, nous y pénétrons avec elle et c'est un bonheur: il nous invite à être totalement libres. Mieux encore: à constater qu'il suffit parfois de pousser les battants d'un portail pour sortir du carcan que d'autres voudraient imposer. Une "leçon de vie"... que je crois toujours valable, au temps présent !

Juliette des esprits
Film italien de Federico Fellini (1965)
Quatre étoiles d'enthousiasme, même si je suis un peu moins emballé qu'avec d'autres longs-métrages dans la très riche filmo du maeastro. Certains voient cet opus comme un 8 1/2 au féminin: cela se tient. Pour ma part, j'ai également pensé à une comparaison admirative possible avec l'Alice de Woody Allen (1990). L'émancipation féminine était passée par la case Emmanuelle, disent certains esthètes. Euh...

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Je préfère rester avec Fellini et Masina...

Ce sera l'occasion de vous renvoyer illico vers deux de leurs films précédemment chroniqués: La strada, vrai chef d'oeuvre et référence absolue, et le non moins sublime Les nuits de Cabiria. Oui, à revoir !

Et pour le film du jour, une dernière info...

Il est aussi (brièvement) présenté du côté de "L'oeil sur l'écran". Eeguab, si tu viens par ici... j'espère lire un commentaire de ta part !

samedi 6 septembre 2025

Deux fois neuf...

567.993.600 secondes. Soit 9.466.560 minutes. Ou 157.776 heures. 6.574 jours. 936 semaines. 216 mois. 18 années, dont 4 bissextiles. "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans", écrivait Rimbaud en 1870. J'avais oublié de le relever l'année dernière, mais je réagis à temps cette fois pour fêter avec vous l'anniversaire de Mille et une bobines. Étonné - et ravi - que ce bon vieux blog atteigne l'âge de la majorité !

S'il n'en a pas l'air, c'est peut-être parce que ma chronique inaugurale du 6 septembre 2007 n'avait été publiée qu'à 23h17. Allez savoir ! Est-il sérieux de continuer ? Je le pense et j'y prends du plaisir. Malicieusement, je note que le poète lui-même a vécu deux décennies après ses 17 ans. C'est court pour un homme, mais long pour un site Internet, et il est donc tout à fait possible que j'arrête avant 2045. J'ignore bien évidemment ce que nous réserve l'avenir technologique et, de toute façon, à la retraite, j'aurais sans doute d'autres envies. Allez, d'ici là, je vous propose de nous retrouver ici même lundi midi autour d'un film ! Et je vais vous laisser deviner celui que j'ai choisi...

Merci à vous toutes et tous qui contribuez, en venant lire ce blog et en commentant mes chroniques, à tout mon bonheur de cinéma !

vendredi 5 septembre 2025

Déterminée

Je le dis assez régulièrement à mes proches: il y a biopic... et biopic. Cela veut dire qu'à mon humble avis, la sinistre réputation des films biographiques n'est pas toujours justifiée. Celui qu'une réalisatrice suédoise vient de consacrer à sa compatriote Sally Bauer (1908-2001) mérite le détour. Même s'il prend de grandes libertés avec la vérité...

Soulignons-le: la véritable Sally Bauer est un personnage fascinant. Cette mère célibataire s'était fait connaître dans les années 30 comme nageuse en eau libre. Elle reste notamment dans les livres d'histoire pour avoir traversé la Manche quelques jours seulement avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Le film récemment sorti en France - Sally Bauer, à contre-courant - s'autorise à ajouter un contexte fictif, suggérant que la jeune héroïne n'agit pas que pour assouvir une lubie, mais pour sortir de la misère. Dans le même temps, sa famille lui reproche de négliger son fils. Enfant qu'elle aurait eu hors-mariage avec un journaliste sportif danois, qu'elle ne parvient pas à "arracher" à son épouse légitime. Vous l'aurez compris: le film est subtilement féministe. Et pertinent...

Je ne crois pas nécessaire de vous faire la liste de tout ce qui pèse sur les épaules de cette pauvre Sally - beaucoup de choses, en effet. Le scénario a le grand mérite de nous dire qu'une détermination forte n'écarte pas toujours les obstacles à un accomplissement personnel. Sans caricaturer: il dit aussi qu'on en surmonte parfois quelques-uns quand on fait tout à la fois preuve de patience et de confiance en soi. L'idée de la cinéaste: "Montrer une femme vivante, pas une légende figée". D'après moi, le côté positif l'emporte (de justesse, parfois). Petit bémol: certaines passages sont un peu étirés et/ou répétitifs. Rien de tout à fait maladroit, cela dit, la mise en scène témoignant objectivement d'une certaine ambition - lors d'incroyables séquences tournées en mer, par exemple, qui nous rapprochent des faits réels. Après tout, ce destin atypique méritait aussi d'être remis en valeur. Bien interprété, et notamment par une impeccable Josefin Neldén dans le rôle-titre, le film est passé en festivals (Toronto et Les Arcs). Je vous le recommande vivement s'il passe encore près de chez vous !

Sally Bauer, à contre-courant
Film suédois de Frida Kempff (2024)
Un coup de coeur pour ce film imparfait, mais dont le personnage principal est vraiment aussi complexe qu'attachant: l'équilibre trouvé au fil du récit fait que j'occulte volontiers les quelques petits défauts. On est un cran au-dessus d'un (bon) film comme Eddie the Eagle. Loin des sports, vous pouvez vous tourner vers Au rythme de Vera. Ou bien aussitôt, pour le féminisme, vers L'une chante, l'autre pas !

jeudi 4 septembre 2025

La reine des steppes

C'était au début du printemps, l'année dernière: en visitant le Musée dauphinois de Grenoble, je découvrais la toute nouvelle scénographie de sa riche exposition permanente, Alpins - 7.000 ans d'histoires. Fasciné, j'ai toutefois vite renoncé à faire le compte des guerres. Hommes et femmes n'ont jamais fini de combattre pour le territoire !

J'y repensais l'autre jour en regardant Tomiris, un film kazakh inédit dans les salles de France, mais sorti en VOD. Un blockbuster asiatique qui évoque le destin d'une princesse des steppes, tel que l'historien grec Hérodote a bien voulu le raconter au cinquième siècle avant l'ère chrétienne. Avec un décalage possible de plusieurs décennies, voilà...

Cette femme serait devenue un mythe à la tête de plusieurs peuples vainqueurs des armées du roi et conquérant perse Cyrus II le Grand. Un exploit militaire jugé retentissant du fait de l'asymétrie supposée des forces en présence. Bilan: au cinéma, c'est du pain béni et du spectacle garanti pour les amateurs de grandes batailles antiques. Le film dure deux heures et demeure largement prévisible dans son déroulé. Cela dit, ce n'est pas un problème: la flamboyance et la grande lisibilité de sa mise en scène le rendent très efficace. L'idéal est encore de le regarder comme un simple divertissement costumé et sans trop d'exigences de vraisemblance: je ne suis pas sûr qu'à l'époque, tout ce petit monde parlait une seule et même langue. Qu'importe, en fait: en VO, on oublie vite ce détail et on y croit. Enfin, vous m'avez compris: à condition d'aimer ce genre de fresques. C'est mon cas et j'ai passé un chouette moment. Bref, coup de coeur !

Tomiris
Film kazakh d'Akan Satayev (2019)
Je suppose qu'il y a dans ce film quelques échos du patriotisme kazazh, mais bon... rien de bien méchant vu d'Europe occidentale. Vous avez vu Braveheart, de et avec Mel Gibson ? Même tonneau ! Alexandre d'Oliver Stone ? Gladiator de Ridley Scott ? Presque pareil. Parcourir les steppes a un avantage supérieur: le dépaysement. Après, pour être honnête, je n'ai AUCUN souvenir précis de Mongol...

mercredi 3 septembre 2025

Juste une nuit...

J'ai au fond de ma mémoire quelques notes éparses d'I got you babe et de The Shoop Shoop song, mais je ne prétends pas connaître Cher aussi bien que sa longue carrière d'actrice et chanteuse l'autorise. C'est néanmoins avec grand plaisir que j'ai pu la retrouver dans Éclair de lune, une comédie romantique des années 80 rediffusée sur Arte !

L'actrice avait 41 ans à la sortie officielle dans les salles américaines. C'était lors des fêtes de Noël 1987, millésime où le film fut cinquième de son box-office national, avec 80,64 millions de dollars de recettes. Cette bluette repose sur la rencontre entre Loretta, jeune femme issue de la communauté italienne, et Ronny, le frère de son fiancé. Ces deux-là auraient pu ne jamais se connaître: c'est le futur mari qui, fâché avec son cadet, demande à sa promise de prendre contact avec lui pour l'inviter aux noces. Il est alors bien loin de se douter qu'un amour va soudain naître entre les deux ! Il y a d'autres adultères envisageables ou bien réels dans Éclair de lune, un feel good movie gentiment vintage. On y croise un Nicolas Cage tout jeunot (23 ans) dans un film classé à la neuvième place de ses 72 longs-métrages personnels. Tout cela n'est pas folichon, mais mignon comme tout. Une occasion de faire un tour à New York, quartier de Brooklyn, aussi. Et, pour tout dire, je ne vois aucune raison pour bouder son plaisir. Ne pas confondre avec Clair de lune, une série télé avec Bruce Willis !

Éclair de lune
Film américain de Norman Jewison (1987)

Un opus assez caractéristique du cinéma hollywoodien de son temps. Considéré comme tel, il est parfait pour une petite soirée tranquille emplie de nostalgie (comme Flashdance et Splash à leurs manières). Juste auparavant, Cher s'était illustrée dans Les sorcières d'Eastwick avec Jack Nicholson et Nick Cage dans Arizona Junior des Coen Bros. Toute une époque... et assurément, je n'ai pas fini de la redécouvrir !

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Pour conclure, une anecdote savoureuse...

Dans une scène de boulangerie, j'ai cru reconnaître Martin Scorsese parmi les clients. Erreur: ce n'était pas lui, mais... son père, Charles. Avec lui et par la suite créditée au générique: Catherine, son épouse !

mardi 2 septembre 2025

En eaux troubles

Il se peut que je revienne vous parler d'Érick Zonca, cinéaste méconnu que certains présentent comme un tyran sur un plateau de tournage. Cela pourrait expliquer qu'après un premier long couronné d'un César suivi d'un autre film dès l'année suivante, il ait dû attendre neuf ans pour en sortir un autre... et dix de plus avant de signer le quatrième !

Fleuve noir
m'inspirait toutefois confiance avec sa distribution XXL. Vincent Cassel, Romain Duris, Sandrine Kiberlain, Élodie Bouchez, Charles Berling, Hafsia Herzi, Jérôme Pouly passé par la Comédie française: vous admettrez sans nul doute que ce casting a belle allure. Tout ce petit monde est réuni autour d'un fait divers - imaginaire - lié à la disparition d'un adolescent. Le flic en charge de l'enquête (Cassel) rassure la mère (Kiberlain) et, entre deux verres d'alcool, a des ennuis avec sa propre progéniture, auxquels s'ajoutent ceux de son boulot. Petit à petit, il se dit qu'un ancien prof (Duris) du possible fugueur pourrait bien être responsable des malheurs des uns et des autres. Bref... le film a un souci: plus il avance, moins il est vraisemblable. Correctement joué, il chemine à tous petits pas vers une double fin plutôt bâclée et que je juge - aïe ! - tout à fait abracadabrantesque. Dommage: il y avait mieux à faire. On verra peut-être dans dix ans...

Fleuve noir
Film français d'Érick Zonca (2018)

Des long-métrages glauques, j'en ai vu. Et de bien meilleurs, aussi. Sans être franchement honteux, celui-là ne peut nullement rivaliser avec des perles noires comme Zodiac, Prisoners ou Les Ardennes. Devant mon écran, j'ai parfois pensé à un - excellent - film français consacré à la disparition d'un jeune enfant: Trois jours et une vie. Amateur du genre, j'en verrai sûrement d'autres. Et j'en reparlerai...

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Vous n'avez pas envie d'attendre ?

OK. Prenez au moins un temps pour lire les avis de Pascale et Dasola !

lundi 1 septembre 2025

Une sacrée tuile

Un drôle de paradoxe: j'entame cette semaine importante pour le blog en vous parlant d'un film tout à fait dispensable. Au cours d'une soirée passée chez mes parents le mois dernier, c'est à vrai dire par hasard que j'ai découvert Le médecin imaginaire. Molière n'y est pour rien ! Et d'ailleurs, pas sûr qu'il aurait trouvé cette histoire très amusante...

Alex connaît un succès international grâce à la musique électronique qu'il joue sous le pseudonyme DJ Wethu. Son tout premier album devrait sortir après une tournée XXL, dont l'ultime étape est prévue sur l'Arc de Triomphe. Sauf qu'Alex, fatigué, fait une mauvaise chute lors d'un concert au Maroc et risque de ne pas être rétabli à temps. Inquiets et fâchés, son agent et son promoteur ont déjà un plan B ! Rocambolesque ? Pas forcément: j'imagine bien que certains artistes populaires ont pu connaître pareille mésaventure. Elle est le prétexte d'une comédie de cinéma assez peu originale, dont certains critiques jugent l'humour "nauséabond" et "très poussiéreux" (cf. Télérama). Bon... c'est un fait: Le médecin imaginaire n'est pas d'une subtilité folle. J'ai déjà vu Alban Ivanov plus à son avantage et je suis d'accord pour dire que l'abattage de Fatsah Bouyahmed n'est qu'un pis-aller quand on entretient l'espoir d'exciter ses zygomatiques durablement. Meilleure chance la prochaine fois, alors ? Peut-être. Reste le charme naturel des décors autour d'Agadir et deux-trois situations rigolotes...

Le médecin imaginaire
Film français d'Ahmed Hamidi (2022)

Je suis généreux avec ma note et vous confirme que ce long-métrage devrait sortir de ma mémoire presque aussi vite qu'il a su y entrer. Dans le genre, j'ai préféré La vache de... Mohamed Hamidi, le frère d'Ahmed (également connu en tant que fondateur du Bondy Blog). C'est le Maroc qui vous attire ? Je vous conseille plutôt d'autres films comme Much loved, Animalia ou Le bleu du caftan. Et pas pour rire.