jeudi 24 décembre 2015

Pause d'hiver

Le premier (ou la première) qui saura trouver d'où est issue l'image d'illustration de cette chronique... m'impressionnera favorablement. Aujourd'hui, les ami(e)s, je n'ai pas grand-chose à raconter: je veux simplement vous signaler que Mille et une bobines va s'interrompre quelques jours. Je vous souhaite à toutes et tous de très belles Fêtes.

L'heure du bilan n'a pas encore sonné. Même si je pense m'en tenir là pour mes écrits 2015, j'ai vu quelques autres films déjà qui attendent donc leur tour pour être chroniqués. J'ai prévu d'évoquer le premier vers le 9 janvier prochain, mais je n'exclus pourtant pas de "revenir" avant cette date. Pour tout vous dire, j'ai eu beaucoup de travail toutes ces dernières semaines: je ne suis plutôt content de faire enfin une petite pause. Si cela vous est possible, je ne saurais trop vous encourager à profiter de ce break pour voir du cinéma, sur petit et grand écrans, entre amis ou en famille - je compte le faire aussi. Ce sera mon dernier conseil cette année. Joyeux Noël... et à bientôt !

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PS: le compteur du blog a dépassé la barre des 100.000 visites hier soir, vers 20h02. Merci à toutes et tous ! En quelques jours seulement, j'ai vu aussi l'apparition de trois signatures nouvelles parmi les commentaires. Strum, Eeguab et Alain Souché, bienvenue !

mardi 22 décembre 2015

L'enfant et la brebis

Jamais deux sans trois. Une fois encore, je souhaite vous entraîner aujourd'hui vers un autre pays peu visible au cinéma: l'Éthiopie. L'occasion m'en est offerte par Lamb, un film sorti très discrètement fin septembre et que j'ai découvert il y a tout juste deux semaines. Son scénario vous conduira à la rencontre d'un petit garçon: Ephraïm.

L'enfant vit quelque part au nord de son pays, sur une terre particulièrement aride. La famine a tué sa mère. Son père s'accroche tant bien que mal, mais n'a plus assez d'argent pour s'occuper de lui. Quand il se décide de partir vers la ville pour peut-être y trouver quelque travail, il confie du coup Ephraïm aux bons soins d'un cousin éloigné, dans une région un peu plus fertile, au sud. Comme source de réconfort, le gosse ne peut plus compter que sur Chuni, la brebis qu'il emmène partout avec lui. Lamb, l'agneau, ce serait plutôt lui. Avec une judicieuse économie de dialogues, le long-métrage suscite joliment une émotion sincère. Le petit bonhomme, lui, est très juste.

Si j'ai bien compris, et comme l'ensemble de la distribution retenue pour le film, Rediat Amare - dix ans environ - n'avait jamais tourné auparavant. Son naturel fait merveille et ancre l'histoire racontée dans un certain réalisme. Le récit est partiellement autobiographique pour le réalisateur, paraît-il: lui-même a dû quitter l'Éthiopie et a pu apprendre le cinéma dans une université des États-Unis. Une info importante à mes yeux: Lamb est son tout premier long-métrage. Présenté dans la sélection Un certain regard lors du dernier Festival de Cannes, il permet d'apprécier le travail de quelques professionnels et techniciens français, telles que Josée Deshaies à la direction photo ou Véronique Bruque au montage. Le résultat ressemble à une fable autant qu'à un parcours initiatique: de quoi séduire petits et grands.

Lamb
Film éthiopien de Yared Zeleke (2015)

Un dernier conseil: ne lui demandez pas plus que ce qu'il peut offrir. Si vous ouvrez votre coeur, le film vous récompensera sûrement. Parmi ceux qui ont pour héros un enfant, je pourrais bien lui prêter quelques traits communs avec l'admirable Wadjda. Sans sombrer dans l'outrance et le tapage, ce cinéma-là fait, je crois, oeuvre utile en montrant le monde tel qu'il est. Je conseille aussi de voir Rebelle.

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De la fiction à la réalité...

Le jour qui a suivi celui où j'ai vu Lamb, j'ai appris que l'Éthiopie subissait sa pire sécheresse depuis cinquante ans. Dans un contexte de fortes tensions politiques, le gouvernement estimait à 8,2 millions le nombre des ressortissants en mal d'une aide alimentaire d'urgence.

dimanche 20 décembre 2015

La fille du volcan

Il me semble avoir lu quelque part que Ixcanul était le premier film d'un cinéaste guatémaltèque distribué dans les salles françaises. J'admets volontiers que c'est sa nationalité "exotique" qui m'a attiré vers ce long-métrage. Grâce à lui, j'ai fait un beau voyage et ouvert les yeux sur un pays dont je ne connaissais rien d'autre que le nom...

Premier constat: dans la version originale, la plupart des personnages du film ne parlent pas espagnol, puisqu'ils pratiquent une langue locale, issue de leur peuple dit primitif: les Mayas. Ce détail langagier n'en est pas un: il révèle également une différence de classe sociale. D'un côté, il y a les citadins hispanophones et, de l'autre, les ruraux illettrés. C'est à la seconde catégorie qu'appartient Maria, l'héroïne adolescente de Ixcanul, trop jeune encore pour s'opposer à la volonté de ses parents et à leur désir de la marier bientôt avec un homme déjà veuf, certes, mais quelque peu plus fortuné. Maria qui rêve vaguement d'autre chose, sans tellement savoir ce qui serait mieux...

Vous l'aurez sûrement déjà compris: Ixcanul n'est pas une comédie. Son scénario forme même une boucle désespérante, comme si le sort des pauvres gens était de trimer et de souffrir toujours. J'encourage toutefois ceux d'entre vous qui veulent (mieux) connaître l'Amérique latine d'aujourd'hui à découvrir ce film - si toutefois c'est possible. C'est aussi le premier long de son jeune réalisateur, né en 1977. Présenté lors de la dernière Berlinale, il a été applaudi à la projection de presse, décrochant in fine le prix Alfred-Bauer, censé récompenser les oeuvres qui "ouvrent de nouvelles perspectives dans l'art cinématographique ou offrent une vision esthétique singulière". D'après moi, cette consécration est méritée: d'autres productions déploient bien plus d'effets, mais n'amènent pas un tel dépaysement.

Ixcanul
Film guatémaltèque de Jayro Bustamante (2015)

Une précision: le film est en réalité présenté comme une production franco-guatémaltèque, du fait de la participation de la société parisienne Tu vas voir et de quelques techniciens français. J'ose donc une comparaison avec le film hispano-mexicain, Rêves d'or - La jaula de oro. Et parce qu'il est aussi question d'une population pauvre vivant près d'un volcan, je vous renvoie vers le cultissime Stromboli !

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Si vous voulez un autre avis...

Dasola a publié le sien - positif également et un peu plus détaillé.

vendredi 18 décembre 2015

Un crime impuni

Je m'attaque désormais à un gros morceau. Autant en convenir d'emblée: sans mon association cinéma, Norte, la fin de l'histoire serait probablement resté loin de mes radars et tout à fait inaperçu. Je suis finalement allé le voir presque à l'aveuglette, sans information véritable sur le scénario. J'en connaissais juste l'origine et la durée...

Norte... nous vient des Philippines et s'est fait connaître en Europe par sa participation à plusieurs festivals. Avant même sa sortie officielle dans son pays, il a notamment été vu à Cannes, en sélection Un certain regard, il y a deux ans. C'est à un vrai marathon cinéphile que nous convie Lav Diaz, le réalisateur, étant donné que le film s'étend sur un peu plus de quatre heures. Assez simple, l'intrigue tourne autour de deux groupes: une bande d'étudiants en droit visiblement issus de milieux favorisés, adeptes de vives discussions politiques, et une famille de pauvres gens, qu'une usurière opprime. Franchement implacable, le destin des uns et des autres va se croiser quand, en s'appuyant sur une idéologie nihiliste, l'un des étudiants assassine la prêteuse: quelques jours passent et c'est l'autre larron que la police arrête et qui est condamné à la prison. Les personnages seront alors suivis de façon séparée, jusqu'à un autre "croisement"...

Je vais être honnête: ce long-métrage est particulièrement exigeant. Dès les premières minutes, et à moins d'avoir des connaissances précises sur l'histoire des Philippines, il faut s'accrocher pour suivre. Ensuite, et même si on arrive à saisir le sous-texte réaliste, le récit lui-même s'avère vraiment difficile: la violence et l'injustice sociale apparaissent au grand jour, dans ce qui est peut-être aussi le portrait d'un pays. Pour ne pas vous décourager, il me faut ajouter cependant que, bien souvent, Norte... offre au regard de très beaux plans. Rares sont d'ailleurs les mouvements de caméra: certaines scènes peuvent susciter le malaise ou l'impatience, mais la lenteur du rythme invite également à la contemplation. Je précise que l'auteur-cinéaste a signé des films encore plus longs, dont l'un de près de onze heures ! Sans en faire mon pain quotidien, j'aime assez ce type d'expériences cinématographiques extrêmes. Bon, d'accord, je suis un peu dingue...

Norte, la fin de l'histoire
Film philippin de Lav Diaz (2014)

Ami(e)s féru(e)s de littérature, je crois utile de vous dire également que le long-métrage a puisé un peu de son inspiration scénaristique dans un roman du grand Fiodor Dostoïevski: Crime et châtiment. Même si j'ai pu trouver le temps un peu long parfois, je suis content de ma découverte: ça m'a ouvert à une autre culture. Sans repères précis, j'ai repensé alors à un autre film venu d'Asie: Oncle Boonmee.

mercredi 16 décembre 2015

Étoiles oubliées

Je suppose que vous êtes au courant: c'est aujourd'hui que les écrans français accueillent le premier opus de la nouvelle trilogie Star wars. Avant de rejoindre la lointaine, très lointaine galaxie, j'ai cru bon aujourd'hui de revenir aux origines du mythe, autour des épisodes sortis en 1977, 1980 et 1983. J'ai quelques comédiens à présenter...

Je commence avec Anthony Daniels, engoncé dans la carapace dorée du droïde Z-6PO (alias C-3PO en version originale) sur les six épisodes déjà tournés. Il a rempilé pour le septième, histoire de célébrer dignement ses 70 ans le 21 février prochain. Daniels aime comparer sa voix à celle d'un majordome britannique zélé. Il demeure tout près de l'univers Star wars, d'autant qu'il est également le narrateur attitré de concerts dédiés. En septembre dernier, les Inrocks avaient publié certaines de ses critiques à l'égard de Disney et de George Lucas. L'Anglais reste fidèle au poste: "Z-6PO fait partie de moi, affirme-t-il. Je pense que je suis responsable de lui". La mission se poursuit donc.

Pour Kenny Baker, soyez-en assurés: elle n'est pas terminée non plus. Cet acteur britannique a aujourd'hui 81 ans et, pour la septième fois déjà, il a accepté de s'enfermer dans l'habit métallique de R2-D2. Slate.fr affirme que Daniels et lui se détestent depuis très longtemps et qu'ils ne se sont jamais fréquentés hors des plateaux de tournage des épisodes IV, V et VI de la première trilogie Star wars. Il paraît même que leur seul point commun est leur scepticisme de départ quant à la valeur de la saga ! Sur la page d'accueil du site Internet personnel de Baker, elle n'est qu'un élément de CV parmi d'autres. Pour les films attendus en 2017 et 2019, il aurait déjà passé la main.

Ma seule certitude concernant Peter Mayhew, c'est qu'il reprend aujourd'hui son rôle le plus mythique: celui du valeureux Chewbacca. La légende dit que, le jour de son bout d'essai, le comédien se serait levé pour saluer George Lucas, faisant apparaître les 53 centimètres qui les sépare - 2,21 m d'un côté contre 1,68 m de l'autre. Le cinéaste aurait alors demandé à ce que Mayhew soit embauché sans délai ! L'heureux élu fit alors beaucoup d'efforts pour être aussi à la hauteur du rôle: il étudia la démarche des ours et des gorilles pour "inventer" son personnage. Parce qu'Internet a de la mémoire, vous devriez pouvoir trouver quelques photos d'époque qu'il a dévoilées l'an passé.

Pour ma part, je souhaite vous conduire désormais vers le côté obscur de la Force, pour y parler d'abord de David Prowse. Je crois qu'il peut prétendre être le plus malchanceux de tous les acteurs méconnus de la trilogie originelle. Au tout départ, ça se présentait assez bien: l'actuel octogénaire devait jouer le rôle de Dark Vador. C'est après coup que ça s'est compliqué: au montage sonore, sa voix fut remplacée par celle, bien plus caverneuse, de James Earl Jones. Pire, quand le méchant des méchants se voit enfin retirer son masque au terme de l'épisode VI, c'est un certain Sebastian Shaw qui apparaît. Prowse n'aura donc été qu'un corps inconnu, caché sous un habit noir.

J'en viens maintenant à Greedo, le chasseur de primes que Han Solo abat au bar de la Cantina, sur Tatooine, au début de l'épisode IV. C'est bon ? Vous situez ? Sinon, révisez vos classiques, les enfants ! Pour ceux qui suivent, j'indique que l'acteur retenu pour ce rôle éphémère s'appelait - et s'appelle toujours - Paul Blake. J'imagine qu'aujourd'hui, ce nom est largement oublié. Ce qui ne l'est pas cependant, depuis que George Lucas s'est amusé à tripatouiller numériquement les images de 1977, c'est la vive polémique sur celui qui a tiré le premier: Han ou Greedo ? Je n'exclus pas d'y revenir. Blake, lui, jure ses grands dieux qu'il est 100% innocent. Admettons...

Avant, donc, de peut-être reprendre cet épineux dossier, je voulais terminer cette chronique en évoquant Elaine Baker. Une précision liminaire s'impose: a priori, elle n'est pas de la famille du Kenny précité. C'est lors de l'épisode V, et sous la forme d'un hologramme assez bien fichu, que la dame apparaissait quelques secondes. Malheureusement, je parle au passé: une autre retouche numérique postérieure a eu raison de son tout petit rôle. En 1980, Mrs. Baker était la femme du maquilleur en chef. Son vrai visage bien dissimulé sous d'imposantes prothèses, elle aurait alors dû figurer au générique final comme... la toute première interprète de l'empereur Palpatine !

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Cette liste n'est pas forcément exhaustive...
Si vous le souhaitez, je vous invite donc cordialement à la compléter. Deux solutions: écrire un commentaire et/ou votre propre chronique.

lundi 14 décembre 2015

L'obsédé

Vous connaissez l'acteur Joseph Gordon-Levitt ? Je vous propose aujourd'hui de découvrir Joseph Gordon-Levitt comme réalisateur. Présenté au Festival de Sundance 2013 et sorti dans les salles françaises le jour de Noël, Don Jon est son premier long-métrage. J'attendais un peu mieux de cette pseudo-comédie, pour être franc...

Jonny Martello évalue les femmes sur leur physique et les note alors de 0 à 10. Chaque semaine ou presque, l'une d'elles termine la soirée dans son lit, à condition d'avoir au moins obtenu un 8 à l'examen visuel du mateur impénitent. Le tombeur de ces dames, lui, dissimule un lourd secret: à la relation sexuelle réelle, il préfère le visionnage d'un film X. En réalité, il est même tellement accro à l'excitation virtuelle qu'après avoir culbuté une énième conquête éphémère, il file sy-sté-ma-ti-que-ment se tripoter devant son ordinateur portable. Soyons honnête, chers lecteurs: de ce pitch, je ne crois pas qu'il soit possible de tirer un grand film. Don Jon réussit malgré tout à racoler grâce à l'exploitation sans vergogne d'un casting plutôt intéressant. Exemples: il y a Scarlett Johansson, Julianne Moore et... Tony Danza !

Est-ce que ça suffit à faire monter la sauce ? Non, clairement pas. Très vite, le film tourne en rond: on doit voir au moins cinq fois Martello rejoindre sa famille à l'église, faire contrition et repartir aussitôt dans le cycle infernal métro-boulot-porno. L'image donnée des classes populaires américaines est effroyable: entre un père libidineux, une mère qui ne cherche qu'à le marier et une soeur rivée à son smartphone, le brave Jonny n'a rien à envier aux Simpson. Conclusion: la nature du message délivré par Don Jon est douteuse. Et je ne vous parle pas de la manière dont le héros, lui, "progresse". Si c'est une comédie romantique, je dois vous dire que je n'ai pas ri. C'est quand même enquiquinant, non ? Tout reste vraiment plat. Brassens avait vu juste: la bandaison, papa, ça ne se commande pas.

Don Jon
Film américain de Joseph Gordon-Levitt (2013)

Je sais désormais ne pas avoir à regretter de l'avoir loupé au cinéma. Pas grand-chose de plus à ajouter: c'est un petit film et une image pathétique de la sexualité contemporaine. Considérer les rapports homme/femme sous le seul prisme des galipettes, pourquoi pas ? L'ennui, c'est qu'il y a un déséquilibre que le scénario ne questionne jamais. Bref... je préfère Shame ou le côté potache d'American pie !

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Et ailleurs, ça donne quoi, au niveau des notations ?

Surprise: Pascale m'a l'air un peu plus indulgente. Chonchon aussi.

samedi 12 décembre 2015

Hier les dinos

Ce millésime restera dans les annales de Pixar. Le studio à la lampe nous a gratifiés cette année non pas d'un, mais de deux films d'animation. Ce n'était encore jamais arrivé au cours de son histoire bientôt trentenaire ! Le voyage d'Arlo est donc un petit événement. Est-ce aussi une vraie réussite ? Je m'en vais vous le dire de ce pas...

Un mot sur le pitch, tout d'abord: Arlo est un apatosaure, l'un de ceux qui peuplaient la Terre il y a des dizaines de millions d'années. Chance inouïe pour l'espèce: la météorite qui menaçait de percuter la planète est finalement passée au large. La vie prospère donc normalement pour les créatures préhistoriques en tout genre. Arlo et sa famille sont fermiers: ils élèvent des poules géantes et cultivent du maïs. Tout se complique quand leurs réserves font l'objet de pillages répétés: la créature qui ose ainsi dérober ce qui ne lui appartient pas est... un petit homme, du genre agressif ! Le voyage d'Arlo démarre donc comme une chasse inversée, quand un dinosaure craintif part soudain sur la trace de la créature nuisible qui l'empêche de vivre paisiblement. Oui, c'est un récit d'apprivoisement mutuel, bien sûr...

C'est un fait: le film n'est pas la plus inventive des créations Pixar. D'aucuns pourraient même juger que le studio est assez "paresseux". Personnellement, si j'ai tenu à laisser des guillemets à ce qualificatif dépréciateur, c'est que je garde à l'esprit qu'il s'agit d'un scénario original, à défaut d'une histoire tout à fait inédite. Le voyage d'Arlo demeure une très honnête oeuvre d'animation, un astucieux mélange d'humour et d'émotion qui m'a embarqué ailleurs, une heure et demie durant. Je pense qu'il suffit de retrouver un peu de son âme d'enfant pour l'apprécier vraiment - les plus jeunes, eux, devraient l'adorer ! Ai-je besoin de dire que le travail technique est irréprochable ? J'aime autant évoquer le frisson ressenti en fin de métrage, quand l'action devient muette. J'ai rêvé alors d'un grand dessin animé sans parole...

Le voyage d'Arlo
Film américain de Peter Sohn (2015)

Tiens ! Au passage, je note que Pixar envoie un nouveau réalisateur dans le grand bain du cinéma d'animation. Il m'importe peu de situer ce second opus 2015 sur l'échelle des valeurs, face aux autres oeuvres issues du studio - même si j'ai (légèrement) préféré Vice-versa. L'école américaine des images de synthèse a fait ses preuves, non ? C'est vrai que, pour la magie, Le voyage de Chihiro reste au-dessus.

jeudi 10 décembre 2015

Dans la nuit russe

Le film d'aujourd'hui, je pensais vous le présenter à la mi-novembre. Finalement, la dramatique actualité des attentats à Paris m'a laissé penser que je devais réagir. L'idiot apparaît donc après que je l'ai vu une seconde fois, lors d'une soirée où je le présentais aux membres de mon association cinéma. Il est sorti en France le 18 novembre dernier. Je n'ai qu'une très vague idée de l'ampleur de sa diffusion...

L'idiot, film russe, porte le titre d'un roman de Fedor Dostoïevski. Pourtant, en dépit de quelques traits communs, je ne suis pas sûr qu'on puisse parler d'adaptation ou même de transposition. Le cadre historique ressemble à celui d'aujourd'hui, pas aux années 1860-1870. Je précise toutefois qu'aucun lieu n'est cité explicitement et je reste incertain quant à la ville de tournage. Bref... l'important est d'abord de donner quelques éléments de scénario, non ? Je vais me contenter d'évoquer le point de départ pour préserver un certain suspense. Dmitri, un jeune plombier, poursuit des études avec le vague espoir de grimper dans l'ascenseur social. Une nuit, il est appelé en urgence pour intervenir sur les canalisations d'un immeuble des quartiers populaires. Ce qu'il y découvre est bien plus catastrophique encore...

Ainsi, avec l'efficacité de l'action en temps quasi-réel, un portrait glacial de la Russie se dessine sous nos yeux. J'ai toute conscience que celui que l'actualité dresse quotidiennement n'est pas très flatteur non plus. Cela dit, surprise: L'idiot est soutenu par le ministère russe de la Culture, comme un symbole de la profonde ambigüité du régime de Vladimir Poutine. Chacun se fera sa propre opinion sur le pourquoi du comment. Sur le plan non plus politique, mais cinématographique cette fois, j'ai vu un film très honnête, bien joué et assez haletant. Quelque chose nous fait comprendre assez vite que le brave Dmitri court tout droit vers les ennuis. Ce qui lui arrive en quelques heures montre à quel point la dictature repose d'abord sur une soumission. Ce n'est pas une surprise, c'est vrai, mais le rappeler n'est pas inutile.

L'idiot
Film russe de Yuri Bykov (2014)

Le réalisateur explique avoir voulu faire le portrait d'un homme honnête et juge que "de tels personnages sont rares de nos jours". Vous aurez compris que le titre est un clin d'oeil à la société contemporaine, celle (je cite à nouveau) "d'une époque où le cynisme, la peur et l'indifférence sont devenus la norme". Je vous renvoie alors vers un autre film russe récent, Léviathan, pour - mieux ? - en juger.

mardi 8 décembre 2015

Derrière le rideau

Le monde du cinéma nous réserve parfois de bien étranges surprises. Peut-être le savez-vous déjà: l'année dernière, Yves Saint Laurent était le premier sorti de deux films consacrés au grand couturier. J'espérais le découvrir à la télé après avoir vu l'autre sur grand écran. Et mon voeu a été exaucé il y a maintenant deux semaines à peine...

Une petite précision liminaire: même si, ado, la beauté parfaite (?) des top models me faisait un drôle d'effet, je ne peux pas prétendre que la mode m'ait jamais réellement fasciné. J'ai un respect sincère pour les créateurs, mais je ne connais pas grand-chose de l'histoire des maisons parisiennes. Yves Saint Laurent - le film - vous servira de piqûre de rappel si, comme moi, vous aviez déjà oublié les débuts chez Dior du personnage éponyme. Le choix de démarrer le scénario sur cette fin des années 50 vraiment décisive pour YSL est judicieux. Voir le jeune homme devenir un styliste et un directeur artistique influent à seulement 21 ans a une grande importance pour la suite...

Cette suite, le film la tricote jusqu'en 1976 et même au-delà, gardant une très belle scène pour la fin. Il n'est pas interdit de regretter toutefois qu'en dehors de cette conclusion, la trame ait été tissée avec des mailles si rapprochées. Sitôt admise l'idée qu'un dessinateur de génie peut aussi cacher un être tourmenté, la pelote se déroule sans prendre vraiment le temps de faire le portrait des personnages secondaires - à l'exception de l'incontournable Pierre Bergé, bien sûr. Yves Saint Laurent n'est pas du tout un mauvais film: c'est un film sage, trop poli sans doute pour tirer quelque chose de plus puissant des névroses du "héros". Ce n'est pas honteux, mais c'est dommage.

Le tout premier des atouts du film, en réalité, s'appelle Pierre Niney. Impeccable, l'acteur livre, sans effort apparent, une solide prestation. Hormis en de rares instants, il a toujours le dessus sur son comparse et ami Guillaume Gallienne, qui s'en tire toutefois honorablement. Finalement et très logiquement, c'est le plus jeune des deux garçons qui a cueilli les lauriers les plus beaux, avec un César en février dernier et un prix Patrick-Dewaere quelques mois plus tôt. Je répète ce que j'ai dit: il me semble regrettable que les autres comédiens n'aient été utilisés que comme des faire-valoir. Yves Saint Laurent passe trop vite sur le rapport du maître avec ses égéries et amants...

Ni pure hagiographie, ni vrai film d'auteur, cet opus tient du biopic lambda et sera, je pense, plus vite oublié que l'homme qui l'a inspiré. J'ai tout de même pu passer un agréable moment en le regardant. C'est toujours bien de se souvenir de l'importance de la griffe YSL dans la France des années 60-70, mue par cette volonté de magnifier enfin la femme, telle qu'elle le mérite. Yves Saint Laurent parvient également à démontrer, par instants, combien ce travail de création peut être exigeant, si ce n'est destructeur. Quand un bonheur fragile et fugace se révèle enfin, l'émotion n'est plus très loin, j'en conviens volontiers. J'aurais simplement aimé qu'elle soit un peu plus profonde.

Yves Saint Laurent
Film français de Jalil Lespert (2014)

Vous l'aurez remarqué: je n'ai pas joué au jeu des sept différences. Cela étant dit, j'ai préféré le Saint Laurent de Bertrand Bonello. Comparaison n'est pas raison, dit-on: je crois bien inutile de regarder l'un des deux films dans le simple but de l'évaluer à l'aune de l'autre. La démarche de Jalil Lespert se respecte: plus classique, sa vision reste peut-être un peu plus accessible, aussi. Je ne l'en blâmerai pas.

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Vous êtes curieux d'autres avis que le mien ?

Si oui, cliquez: vous en trouverez chez Pascale, Dasola et Chonchon.

dimanche 6 décembre 2015

Un type réglo

Je l'avais quitté sain et sauf, de retour d'une périlleuse mission spatiale sur la planète rouge. Je l'ai retrouvé dans le costume propret d'un avocat débutant. Matt Damon parvient vite à me faire oublier que, parfois, il lui est arrivé de jouer les crapules. S'il diffère du titre anglais original, L'idéaliste est un nom qui lui correspond plutôt bien dans le film homonyme de Francis Ford Coppola - que j'ai bien aimé...

Résumons: Rudy Baylor est un jeune homme pétri de principes généreux. Pour percer comme homme de loi à Memphis, il décroche un stage chez un étrange confrère, visiblement un peu magouilleur. En même temps qu'on lui apprend comment faire taire ses scrupules devant certaines victimes potentiellement lucratives, le brave garçon s'entiche d'une femme battue et décide même d'assurer sa défense. Simultanément, il accepte le dossier d'une famille pauvre dont le fils agonise, sa compagnie d'assurances lui refusant de prendre en charge son traitement. Francis Ford Coppola n'étant pas réputé pour jouer sur les cordes sensibles, je m'attendais à ce que le scénario prenne finalement un virage cynique, une fois posé cet état de la situation. Chut ! Je vous laisserai découvrir seuls comment évolue L'idéaliste...

Le grand atout de ce long-métrage assez classique, c'est son casting. Outre Matt Damon, déjà cité, j'ai aimé John Voight et Roy Scheider en fieffés salauds, Danny DeVito et Mickey Rourke en filous attachants et Claire Danes en brave fille innocente. Les Américains sont tout de même très forts pour nous faire croire à un monde meilleur, peuplé de gens altruistes et où les méchants sont punis. Venant de Francis Ford Coppola, j'avais imaginé une morale renversée, mais non: notre vieil ami est très sage ici et nous livre une partition sans fausse note, même si elle aurait pu être un poil plus inventive. J'imagine que c'est le bon moment pour rappeler aussi que L'idéaliste adapte un roman de John Grisham, publié deux ans plus tôt, alors que l'auteur avait juste 40 ans. Un bon divertissement.

L'idéaliste
Film américain de Francis Ford Coppola (1997)

Entendons-nous bien: ce n'est pas avec ce genre de longs-métrage que l'Amérique révolutionne le cinéma. Reste que, sous une banalité apparente, le scénario cache tout de même quelques surprises sympa. Le talent des acteurs fait le reste et suffit largement à mon bonheur cinéphile. Libre à vous de préférer Le parrain ou Apocalypse now ! Avec Matt Damon, moi, j'aime beaucoup Le talentueux Mr. Ripley...

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Et si vous alliez cliquer ailleurs ?
Vous constaterez que Chonchon n'a pas été très emballée par le film. Autre regard: j'aime assez la façon dont David en parle (brièvement).

vendredi 4 décembre 2015

Des infos, des conseils

Je dois à l'amie Pascale le suprême honneur d'avoir été "taggé". L'idée est que j'entre dans une chaîne pour répondre à quelques questions simples sur le fonctionnement de mon blog. Je ne suis pas certain d'apprendre grand-chose à celles et ceux qui viennent me lire régulièrement, mais j'ai accepté de me prêter au jeu. Allons-y, donc !

Je suis d'abord censé évoquer l'histoire de Mille et une bobines. Quand je me suis lancé en septembre 2007, le petit monde des blogs m'était déjà un peu familier. J'en avais ouvert un autre, abandonné depuis. Si je me suis mis à parler cinéma sur Internet, c'est d'abord parce que je voulais garder une trace de tout ce que je voyais. J'avais alors l'opportunité d'écrire de petites chroniques culturelles, publiées ensuite dans un magazine: en 650 signes espaces compris, je devais donner mon avis sur un roman, une BD, un album musical ou un film disponible en DVD. Sur la base d'un simple partenariat non-marchand conclu avec ma rédaction, une grande enseigne culturelle m'autorisait chaque mois à emprunter ce que je voulais parmi ses rayonnages. Très rapidement, j'ai développé une cinéphilie galopante. Le virus reste actif aujourd'hui, même si je n'écris plus pour le même support. Ma maladie même-pas-honteuse est visiblement assez contagieuse...

Le petit jeu de Pascale a une autre facette: il me faut donner quelques conseils de vieux (?) sage (???) à celles et ceux d'entre vous qui auraient choisi de rejoindre la blogosphère. Ce n'est pas évident ! Personnellement, ce qui me plaît quand je lis un blog, c'est d'imaginer la personnalité de l'auteur(e) à partir de ce qu'il ou elle raconte. L'essentiel n'est pas d'être consensuel, mais plutôt d'être cohérent. J'admets que je prête plutôt attention à la forme: je décroche vite quand la syntaxe et l'orthographe sont martyrisées à chaque ligne. Pouvoir aussi compter sur des paragraphes ou quelques illustrations pour relancer la lecture ajoute au plaisir que j'ai à parcourir une page donnée. Une fois fidélisé, j'apprécie qu'un blog soit alimenté régulièrement de nouvelles chroniques. Je suis aussi toujours content qu'on apporte une réponse aux commentaires que je laisse ici et là. Quand le fil des publications s'interrompt, je crois utile d'expliquer pourquoi et de donner une date de reprise. L'essentiel à mes yeux reste de favoriser le débat, tout en respectant les opinions de chacun.

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Bon... une dernière règle régit les tags Internet...

Elle consiste à inviter d'autres bloggeurs à entrer dans la chaîne. Théoriquement, pour respecter les consignes, je devrais en nommer quinze ! N'en connaissant pas autant, je citerais mes fidèles lectrices et lecteurs: Dasola, Chonchon, Tina, Sentinelle, Ideyvonne, Laurent, 2flics et Princécranoir. Il n'y a - bien sûr - aucune forme d'obligation...

mercredi 2 décembre 2015

Un village français

Puisque nous sommes entre nous, je crois pouvoir vous le confier sans détour: j'ai un intérêt particulier pour les (bons !) films français tournés pendant la seconde guerre mondiale. Deuxième long-métrage du mythique Henri-Georges Clouzot, Le corbeau en fait partie. Maintenant, c'est surtout la promesse d'un bon thriller qui m'a donné envie de le regarder. J'aime également le suspense en noir et blanc...

Dans ce dernier domaine, j'ai été servi: avec une belle efficacité aujourd'hui encore, Le corbeau revisite un faits divers de la France rurale des années 20 - l'affaire de Tulle. Un médecin de campagne commence à recevoir des lettres anonymes calomnieuses, mais refuse de prendre cette mésaventure au sérieux. Le climat social s'envenime rapidement quand, d'abord épargnés, d'autres notables du village subissent le même étrange désagrément. De simples plaisanteries douteuse, les missives deviennent le piquant aiguillon d'une paranoïa généralisée. Il est alors de bon ton, chez les braves gens, de vouloir débusquer celui ou celle qui ose les écrire. Et gare à qui trouvera l'affaire anodine: il ou elle fera alors un coupable idéal. Vous aurez compris que le film tricote donc une étude de moeurs assez féroce...

C'est précisément ce qui l'a longtemps rendu très... impopulaire. L'histoire du tournage prend ici toute son importance: il est intéressant de savoir que ce long-métrage a été produit par le studio Continental Films, une compagnie française financée par l'Allemagne nazie, créée en 1940 par Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Troisième Reich. Après la Libération, Le corbeau sera censuré. Henri-Georges Clouzot - 38 ans fin 1945 - affrontera une interdiction à vie de toute activité cinéma, réduite... à deux ans en appel. Deux de ses comédiens principaux auront également des ennuis judiciaires assez sérieux, Pierre Fresnay étant vite blanchi, mais Ginette Leclerc passant près d'un an en prison (sans jugement !). La réputation sulfureuse du film n'a plus lieu d'être aujourd'hui: les historiens cinéphiles l'ont même largement réhabilité, comme le grand film noir français qu'il est, en réalité. Si la misanthropie ne vous effraie pas tout à fait, son charme vénéneux pourrait fort bien vous convenir. Personnellement, je me suis pris à son jeu - et l'ai vraiment apprécié.

Le corbeau
Film français d'Henri-Georges Clouzot (1943)

La tension qui traverse tout le film aurait pu inspirer Alfred Hitchcock (Psychose) ou Otto Preminger (Bunny Lake a disparu). Noir miroir tendu au spectateur, je ne suis pas très étonné que le long-métrage ait pu être dénoncé comme "anti-français" après guerre. Il n'y a guère de personnage positif, dans cette histoire. Sa construction d'ensemble et de saisissantes images lui valent toujours une vigueur implacable !

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Un autre regard sur le film ?
"L'oeil sur l'écran" a un avis. Et "Le blog de Dasola" l'évoque aussi.

lundi 30 novembre 2015

Destin d'étoile

Le lendemain des attentats parisiens, j'avais commencé la journée avec Humphrey Bogart. Quelques heures plus tard, privé de la sortie que j'avais imaginé faire dans la soirée, je suis resté fidèle à l'acteur américain et j'ai regardé La comtesse aux pieds nus. Bogey y joue avec une autre grande star hollywoodienne: la sublime Ava Gardner...

Dans le rôle-titre, la belle interprète une danseuse de cabaret espagnole, qu'un gros producteur vient rencontrer en vue de l'attirer vers le joli (?) monde du cinéma, de l'autre côté de l'Atlantique. L'artiste n'ayant pas envie d'abandonner son quotidien et son pays natal, ledit producteur prend ce qu'il est aujourd'hui convenu d'appeler un "rateau". C'est à cet instant que le bel Humphrey entre en scène. Parce qu'il a une attitude bien plus respectueuse envers la vedette hispanique, il parvient à la convaincre de venir passer un bout d'essai. Ce qui devait arriver arrive: la jeune et séduisante ballerine européenne devient aussitôt une actrice que toute l'Amérique adule. Si, à ce stade, vous vous demandez encore pourquoi au juste le film s'appelle La comtesse aux pieds nus, il me faut vous conseiller simplement... de le regarder. Le duo Gardner / Bogart peut suffire ! Ce serait dommage toutefois de passer à côté d'un très bon scénario.

Moi qui ai une passion illimitée pour les longs-métrages de l'âge d'or hollywoodien, je me suis régalé de cette histoire, racontée en voix off par plusieurs narrateurs différents.Vous pourriez bien sûr m'objecter que quelques autres films ont utilisé cette technique de multiplication des points de vue pour éclairer leur propos sous divers angles complémentaires (ou contradictoires). C'est vrai. Je voudrais ajouter cependant que La comtesse aux pieds nus le fait avec grand talent. Ce n'est assurément pas un écran de fumée pour masquer la vacuité d'un récit: tout ce qui arrive à Ava à l'écran est bien assez poignant pour que l'émotion naisse naturellement et se maintienne tout au long du métrage. Ce qui m'a très agréablement surpris, c'est le ton d'ensemble, franchement critique à l'égard du petit monde du cinéma. S'agit-il d'un règlement de comptes par pellicule interposée ? Je suis incapable de l'affirmer - et, pour être honnête, je m'en fiche un peu. Il est certains films dont la beauté suffit à ce que je les aime. Décortiquer et remettre dans le contexte, je le ferai une autre fois...

La comtesse aux pieds nus
Film américain de Joseph L. Mankiewicz (1954)

Vérifiez dans mon index: ce n'est que la seconde fois que je découvre une oeuvre de ce réalisateur ! D'autres suivront très certainement. Quand ? That is the question. Je n'ose pas trop m'avancer et implore donc votre patience, chères lectrices et chers lecteurs. Si vous tenez néanmoins à voir un autre grand film sur une actrice, je vous renvoie vers le Fedora de Billy Wilder, sorti un petit quart de siècle plus tard.

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Et si jamais ma chronique ne vous suffit pas...

Vous pouvez en lire une autre du côté de "L'oeil sur l'écran".

samedi 28 novembre 2015

Coulisses

In the loop n'était pas dans mes radars. Hôte d'une soirée pizza + télé chez un ami, je me voyais toutefois mal refuser de le découvrir. Inspiré d'une série et conçu pour le cinéma, ce film tient la route. C'est loin d'être un chef d'oeuvre, mais ça reste un programme divertissant quand on n'a pas tellement envie de se prendre la tête...

Dans un contexte qui ressemble fort à celui de la Grande-Bretagne d'avant la seconde guerre du Golfe (2003), le scénario nous embarque dans les coulisses du pouvoir. Un dénommé Simon Foster, ministre chargé du Développement international, assure que le conflit s'avère "imprévisible". Il cause du coup la stupeur et éveille une grosse colère du directeur de la communication du Premier ministre ! Notre homme n'a pourtant aucune intention de rétro-pédaler et d'adopter un ton formaté lors de ses futures déclarations à la presse. Nous le suivrons alors jusque dans ses rendez-vous officiels avec ses homologues américains, autour d'enjeux décisifs pour l'avenir de notre planète...

L'une des qualités de ce long-métrage tient à ce que ses personnages semblent toujours en mouvement. Sans aucun doute portée à l'épaule lors de quelques séquences clés, la caméra virevolte et saisit du coup sur le vif des événements certes fictifs, mais à l'allure presque réelle. Cela étant dit, j'admets que In the loop ne m'a pas convaincu à 100%. Objectivement, malgré des dialogues jubilatoires, l'intrigue finit aussi par tourner un peu en rond - ou plus exactement en vase clos. L'idée d'infiltrer les plus hauts cénacles était bonne, mais elle rebondit insuffisamment à mes yeux pour générer une excitation durable. Prendre le temps de sortir du camp anglo-saxon aurait pu apporter autre chose. Reste le plaisir un peu coupable d'assister de près au jeu de massacre qui peut naître de la diplomatie entre deux pays amis...

In the loop
Film britannique d'Armando Iannucci (2009)

Précision: malgré son nom, le réalisateur est lui aussi britannique. Wikipédia indique même qu'il est né dans un quartier de Glasgow. Armando Iannucci a fait ses débuts à la télé il y a plus de vingt ans. Moins assidu au cinéma, il me laisse avec un petit goût d'inachevé. Les coulisses du pouvoir vous intéressent ? Je vous conseille de relire ce que j'avais pu écrire à propos de La guerre selon Charlie Wilson.

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Un mini-cours d'anglais, ça peut servir...
To be in the loop, ça veut dire "être au courant, être dans le coup". Une référence évidente aux imbroglios de communication du film.

Ultime info: d'autres blogs en parlent aussi...
J'en cite quelques-uns: ceux de Pascale, Dasola, David, Elle et Lui.

vendredi 27 novembre 2015

Ces bons vilains

"Meilleur est le méchant, meilleur sera le film": cette petite phrase est attribuée à Alfred Hichcock. D'avoir évoqué deux des héros archétypaux de la littérature et du cinéma m'a donné envie de rallier le côté obscur pour parler brièvement de ma conception des vilains. Franchement, sans eux, nos lectures et séances seraient fades, non ? J'ai un goût prononcé pour les bad boys et autres pervers de la fiction.

Je ferai peut-être un jour une liste (et/ou un classement provisoire) de mes méchants de cinéma préférés. S'il me fallait citer aujourd'hui l'une des caractéristiques susceptibles de me satisfaire, j'évoquerais probablement un côté insaisissable. En clair, j'aime être surpris: voir arriver la catastrophe avec de gros sabots, ça m'intéresse assez peu. J'ai constaté que j'appréciais surtout de ressentir une tension croissante vis-à-vis d'un personnage qui semble capable d'exploser dans la seconde... sans nécessairement passer à l'acte, d'ailleurs. J'aime aussi que tout arrive tout à coup et qu'il n'y ait pas eu de signe avant-coureur. Tant qu'on n'est pas dans la vraie vie, bien entendu...

Il me semble que le septième art ne compte que peu de psychopathes vainqueurs. Généralement, au contraire, les criminels de pellicule sont punis ou se repentent de leurs mauvaises actions passées. Quelques autres échappent à la justice ou sont mangés par un poisson plus gros qu'eux. Sans parler de ceux auxquels une série de films permet d'effectuer plusieurs tours de piste, je trouve intéressant d'imaginer un cinéma un peu moins consensuel, qui fasse la part belle aux ordures récidivistes. En fait, ce sont parfois les prétendus héros qui, pour venir à bout de leurs ennemis les plus tenaces, ont tendance à s'inspirer de leurs méthodes. Friand d'ambiguïté comportementale chez les gentils, je jubile quand ils s'écartent peu ou prou des règles. Un peu d'immoralité à l'écran, je juge ça tout à fait acceptable. Non ? 

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Un mot sur les photogrammes du jour...
Le premier sort de L'empire contre-attaque, l'épisode V de la Guerre des étoiles, réalisé par Irvin Kerschner et apparu au cinéma en 1980. Le second date de 1995 et vient d'un thriller de David Fincher: Seven.

Bien ! Le débat est désormais ouvert...
Je suis à vrai dire très curieux de connaître votre vision sur le sujet. J'ajoute que, bien sûr, vous êtes libres de la manière de la présenter.

mercredi 25 novembre 2015

Faux détective

Je ne me suis pas amusé à les compter, mais je suppose que le ciné propose de très nombreuses variations autour du célèbre personnage d'Arthur Conan Doyle: Sherlock Holmes. La dernière que j'ai vue porte un titre français assez bête: Élémentaire, mon cher... Lock Holmes. C'est toutefois un (petit) film sympathique - et gentiment iconoclaste.

Dans cette version, on retrouve toute la mythologie du détective londonien: sa complicité avec le docteur John Watson, sa relation tumultueuse avec sa logeuse, sa pipe, son Stradivarius et bien sûr son combat contre les criminels en général et Moriarty en particulier. Vous avez remarqué ? Je n'ai pas parlé de cette grande intelligence qui lui permet de déjouer les machinations les plus perverses. Soyez-en certains: ce n'est pas un oubli. L'originalité d'Élémentaire... tient justement au fait que son scénario transforme Sherlock Holmes en crétin, buveur, joueur et coureur ! C'est donc ce bon vieux Watson qui est ici le vrai génie des enquêtes. Pour ne pas compromettre cependant son image de médecin, il paye un acteur, Reginald Kincaid, pour jouer aux brillants enquêteurs à sa place et tromper la presse...

Vous l'aurez compris: à partir d'une jolie reconstitution de l'Angleterre victorienne, ce long-métrage britannique propose une grosse blague. Les acteurs s'amusent: si vous reconnaissez peut-être Jeffrey Jones sous le chapeau melon de l'ineffable inspecteur Lestrade sur la photo ci-dessus, vous apprécierez sans doute Michael Caine et Ben Kingsley dans les deux rôles principaux. Il ne faudrait surtout pas négliger l'idée qu'Élémentaire... est aussi un authentique film d'investigation policière. D'ailleurs, la fin pourrait bien vous surprendre ! Il est permis, c'est vrai, de préférer les trames de polar plus consistantes. J'admets que le divertissement prend le dessus: c'est ce qui m'a plu. Inconditionnels du Sherlock Holmes écrit, soyez rassurés: votre héros s'en tire avec les honneurs. Et ça donne envie de relire les bouquins...

Élémentaire, mon cher... Lock Holmes
Film britannique de Thom Eberhardt (1988)

Le titre anglais - Without a clue - est quand même bien plus subtil ! J'ai préféré ce regard sur le détective au Sherlock Holmes surexcité concocté par Guy Ritchie. Désormais, j'aimerais revoir une madeleine d'enfance: Le secret de la pyramide, sur la jeunesse du garçon. J'imagine qu'un jour, je vous toucherai également un mot de La vie privée de Sherlock Holmes, vue par Billy Wilder. To be continued...

lundi 23 novembre 2015

Bond, d'accord...

Je comptais bien vous en parler, mais il se trouve que je l'ai vu quelques jours plus tôt que prévu: c'est donc sans attendre davantage que je vais évoquer le nouveau James Bond. Une vraie déception ! J'attendais du grand spectacle et j'ai trouvé Spectre plutôt fade. Résultat, mon intérêt pour la franchise repart vraiment à la baisse...

C'est peut-être derrière le mot "franchise" que se cache le problème. James Bond, pour moi, ne peut pas se réduire à un produit de série. Certes, après 23 épisodes, je veux bien admettre que ce soit difficile de trouver un ton original et une histoire qui puisse offrir autre chose que la panoplie habituelle. Sur ce point, les inconditionnels de 007 seront comblés: paysages, voitures à gadgets, cocktails vodka Martini et jolies filles, tout y est, jusqu'à la machination infernale du bad boy. L'ennui, c'est que, la caméra ne daignant jamais lâcher Daniel Craig d'une seule semelle, les autres personnages ont du mal à prendre corps. Défaut plus grave à mes yeux, Spectre s'inscrit dans la suite directe des trois (!) opus précédents, ce qui fait que le scénario ressuscite quelques grands disparus et n'invente rien de passionnant. L'espionnage en pantoufles et des sommes folles dépensées en vain. À en croire Wikipédia, la facture voisine les 250 millions de dollars...

Mon pote Jean-Mi, qui a vu le film avec moi, est encore plus sévère. Pour lui, c'est (je cite): "Triple zéro et double cliché". Je sauve personnellement quelques détails et notamment une belle scène d'introduction du méchant, plongée dans la pénombre pour un soupçon de tension. Mais patatras ! 007 n'a même pas eu à mener l'enquête pour retrouver la trace de l'organisation criminelle et il déjouera quelques projets d'attentats avec plus de facilité que pour la conquête des coeurs des premières girls venues. J'en profite pour vous rappeler que cette fois, la production a choisi Monica Bellucci et Léa Seydoux comme compagnes de son héros. Le rôle de l'Italienne est... minimal ! La Française s'en sort un peu mieux, mais son attitude bravache initiale, pourtant prometteuse, fait long feu - dommage ! Je passe sur quelques incohérences et un humour qui tombe souvent à plat. Mais où est donc l'émotion ? Spectre n'est pas nul: il est juste moyen.

Spectre
Film britannique de Sam Mendes (2015)

Je crois en fait que c'est le côté "compilation" qui m'a le plus déplu. Rendre hommage au mythe, c'est bien, mais faire du célèbre espion un personnage digne d'un feuilleton télé, je trouve ça regrettable. Maintenant, il est probable que j'irai voir le 25ème opus de la saga ! Après deux épisodes, Mendes doit passer la main et Craig, qui en est à quatre, pourrait l'imiter. Sinon, il reste Casino Royale et Skyfall...

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D'autres avis divers et variés sont à lire...

Vous en trouverez chez Pascale, Dasola, Princécranoir et 2flics.