samedi 30 novembre 2019

Prêtes à tout ?

J'ai vérifié: je ne vous ai plus parlé de films sous forme de diptyque depuis fin juillet. Les deux longs-métrages que je souhaite évoquer aujourd'hui sont très différents l'un de l'autre, mais se rapprochent par ce qu'ils nous racontent d'une certaine forme d'ambition féminine. C'est en cela que je juge plutôt pertinent de les présenter ensemble...

The young lady
Film britannique de William Oldroyd (2017)

Je ne suis pas suffisamment connaisseur de la littérature anglaise classique pour faire un rapprochement avec Les hauts de Hurlevent et/ou tout autre roman de ce type. Ceux qui s'y aventurent noteront que ce long-métrage adapte en réalité une oeuvre écrite d'origine russe: Lady Macbeth du district de Mtsensk. Le fait est que la caméra nous entraîne dans l'Angleterre de 1865, où nous suivons les noces d'une certaine Catherine, mariée (de force ?) à un homme plus âgé. Bientôt laissée seule par son époux, la belle découvre alors les joies de l'amour physique sous les coups de rein d'un amant assez fruste. Seul problème: au cinéma comme dans la chanson, ce type même d'histoire finit mal, en général. Je dois juste reconnaître à ce stade que le scénario, sans être d'une originalité folle, a su me surprendre. L'évolution du personnage est notable... et tout à fait spectaculaire. D'une grande et froide beauté, tout cela s'avère des plus séduisants...

-----
NB: Pascale s'est également exprimée (en bien) sur ce film marquant.

Irréprochable
Film français de Sébastien Marnier (2016)

Changement de décor. De la campagne anglaise, nous passons illico au charme relatif d'une petite bourgade de province, en France. Changement d'époque, également: l'histoire se passe de nos jours. Chômeuse depuis un an, Constance retourne en train dans l'agence immobilière de ses débuts. L'accueil qu'elle reçoit de son ex-patron est assez peu chaleureux (euphémisme !). Même politesse glacée auprès d'un ancien collègue et petit ami éphémère. Bientôt frustrée dans ses espoirs de retour triomphal, Constance est d'autant plus mal qu'un beau jour, une autre fille prend la place qu'elle voulait occuper. Que dire ? Nommé au César pour ce rôle ingrat, l'efficace Marina Foïs compose avec grande justesse ce personnage des plus borderline. Autant en convenir: elle porte ainsi le long-métrage sur ses épaules. Assez peu surprenant, le récit nous garde deux/trois rebondissements pour la fin. C'est peu, mais en fait suffisant pour le plaisir d'un soir...

-----
NB: et là encore, Pascale a un point de vue sur la question. Mitigé...

----------
Je ne voudrais pas négliger les évidences...
Si vous avez des choses à ajouter ou d'autres films du même acabit parmi vos références, je suis évidemment disposé à en (re)parler ici !

jeudi 28 novembre 2019

Toqué(s)

Sa grosse centaine de films fait légitimement de lui l'un des monstres sacrés du cinéma français. C'est vrai que je ne suis pas vraiment fou de son style inimitable, mais je vous rassure: je n'ai nulle intention d'essayer de déboulonner la haute statue érigée pour Louis de Funès. Et c'est sans fausse honte que je vais évoquer Le grand restaurant...

Les historiens du septième art disent que l'ami Louis avait eu l'idée de ce film dès la fin des années 50. L'acteur s'est beaucoup investi dans ce long-métrage: non content d'y jouer, il peut encore être cité comme co-scénariste et responsable du choix des comédiens. Pressenti comme réalisateur, il laisse toutefois la gestion des affaires courantes à un débutant et (quasi-)anonyme: Jacques Besnard, connu auparavant comme assistant-réalisateur auprès d'André Hunnebelle. L'argument est assez simple: M. Septime, le - très - irascible patron d'un grand restaurant parisien, se met en quatre pour offrir un accueil mémorable à un chef d'État sud-américain en visite dans la capitale. Quelques simagrées et une explosion plus tard, l'intéressé a disparu ! Conséquence: Septime doit agir vite et bien pour éviter le scandale...

Je peux vous le dire: le fin mot de l'histoire est assez drôle, en fait. L'ensemble du long-métrage est peut-être simplement un peu longuet pour parler de parfaite réussite comique. Bon... il n'est pas question cependant d'aller jusqu'à bouder son plaisir devant certaines scènes remarquables et bien fichues, au premier rang desquelles je placerai résolument cette burlesque répétition du service du soir, M. Septime et son personnel démontrant alors un certain talent pour la danse synchronisée. Oui, en un mot comme en cent, Le grand restaurant amuse. Un gros demi-siècle après sa sortie, il convient certainement de l'apprécier comme l'honnête représentant d'un certain patrimoine cinématographique français - ni le meilleur, ni le pire, pour résumer. L'année de sa sortie, il avait tout de même terminé au huitième rang du box-office hexagonal, à la faveur de ses 3.878.520 tickets vendus. Nombre de comédies d'aujourd'hui aimeraient pouvoir en dire autant !

Le grand restaurant
Film français de Jacques Besnard (1966)

Un plan B décent pour ne pas revoir La grande vadrouille, le succès considérable de cette année 1966 - et le vrai triomphe de De Funès. Pour ma part, à choisir, je préfère vous (ré)orienter vers des films moins connus (Un grand seigneur) ou "de groupe" (Carambolages). Et quitte à s'intéresser à la gastronomie, je crois malin de se pencher sur d'autres marmites. À tester: Soul Kitchen, #Chef ou Ratatouille !

lundi 25 novembre 2019

Entre frères

Les films politiques sont-ils voués à créer la polémique ? Je me pose cette question après avoir revu Land and freedom, que j'avais aimé en toute innocence lors de sa sortie, il y a bientôt vingt-cinq ans. Figure tutélaire d'un certain cinéma britannique, Ken Loach tournait son regard vers l'Espagne et c'était pour moi un vrai choc émotionnel !

Un quart de siècle plus tard, désormais nourri de centaines de films internationaux dont quelques autres du vieux lion, j'ai donc saisi l'occasion de revoir Land and freedom avec davantage de recul. Constat premier: en termes d'engagement, tout est resté inchangé. Cette notion même est au coeur du long-métrage, récit du parcours d'un jeune Anglais parti en 1936 rejoindre les rangs des milices républicaines espagnoles engagées contre Franco, futur dictateur. Difficile de ne pas identifier de nouvelles résonances au monde d'aujourd'hui dans cette fresque historique... et c'est ce qui a réveillé mes émotions d'hier ! Au-delà, le scénario met les pieds dans le plat des violents débats qui opposent toujours les chercheurs et historiens quant aux réelles responsabilités des uns et des autres, sur le sol espagnol ou ailleurs, dans l'échec de cette lutte armée pour la liberté et la démocratie. Je ne suis pas convaincu qu'il faille prendre parti dans ce cadre pour apprécier le film, même s'il reste très intéressant de se forger une opinion au vu des faits historiques. À vous de voir...

C'est un fait: à mes yeux, l'important est ailleurs. Land and freedom repose sur un élan, bien plus que sur une exaltation, me semble-t-il. Habile artisan dans sa manière (unique ?) de façonner et de rendre compte de la grande Histoire du monde, Ken Loach dresse un tableau sensible à partir de quelques personnages forts. Si quelques images d'archives introduisent son propos, le principe n'est jamais de citer chaque "grand nom" de cette terrible guerre fratricide, au contraire. Fidèle à ses habitudes, le cinéaste se penche sur le sort des anonymes pour construire un récit plausible, à défaut d'être calqué sur la réalité des événements. C'est ainsi qu'il parvient à m'intéresser franchement au sujet... et à mobiliser mes émotions, sans chercher un réconfort illusoire. Ce récit, si digne soit-il, ne pouvait bien sûr pas déboucher sur un happy end, de toute façon. Il vaut mieux vous laisser découvrir comment - et sur quelle symbolique - s'achève le retour en arrière. Tout est aussi affaire de transmission. Et oui, je trouve cela beau ! Soyez-en assurés: le cinéma a toute sa place dans une telle évocation.

Land and freedom
Film britannique de Ken Loach (1995)

Le long-métrage n'est pas sans défaut, mais je crois qu'il mérite toutefois cette excellente note, étant donné l'importance des valeurs qu'il met en avant. Sa beauté formelle m'a rappelé celle de 1900. Concentré en deux (petites) heures, le récit est d'autant plus fort. Rappel: Ken Loach, cinéaste social, a aussi illustré les guerres civiles d'Irlande, avec Le vent se lève et Jimmy's hall. Deux films à (re)voir.

----------
Sur la grande toile, j'ai trouvé d'autres chroniques...
Mention spéciale pour l'amie Sentinelle: moins assidue sur son blog aujourd'hui, elle avait visiblement aimé le film. Vincent, lui, l'évoque notamment ici, en quelques mots certes, mais pour en dire du bien. "L'oeil sur l'écran" peut également vous proposer deux textes courts. Eeguab, bonjour ! Si tu passes par ici, j'aimerais bien avoir ton avis !

vendredi 22 novembre 2019

La roue tourne...

J'ai fait le calcul: après les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et le Japon, l'Italie est le cinquième pays de cinéma le plus représenté sur Mille et une bobines. Je m'efforce de saisir toutes les occasions d'apprécier ses grands classiques, souvent cités en "incontournables". Aujourd'hui, direction Rome pour une perle: Le voleur de bicyclette !

Ce film est l'un des chefs d'oeuvre les plus illustres du néoréalisme italien. Petit rappel au cas où: ce courant apparu avant même la fin de la seconde guerre mondiale repose sur l'idée d'inscrire la fiction dans un cadre réel - celui des quartiers populaires des grandes villes transalpines, en l'occurrence - pour y développer une vision artistique portée par de fortes convictions sociales. Le voleur de bicyclette tourne autour d'un protagoniste principal, Antonio Ricci, ex-chômeur recruté comme colleur d'affiches. Les premières images démontrent que rien ne sera facile: Maria, l'épouse du héros, est en effet obligée de vendre les draps du foyer conjugal pour permettre à son mari d'acheter le vélo indispensable à l'exercice de sa nouvelle activité professionnelle. Si vous l'ignoriez encore, je suis certain que le titre du film suffit à deviner ce qui arrive ensuite. La vraie force du film tient alors à ce qu'il n'enfonce pas le (bi)clou: il ne sombre jamais dans le misérabilisme bêta et évite tout manichéisme simplificateur. La classe sociale ne détermine pas seule l'attitude des personnages...

On sent au contraire du respect dans le regard que porte le réalisateur sur les petites gens auxquelles il a donné vie. Le comportement pragmatique de certains n'empêche pas la caméra de les montrer aussi comme des êtres superstitieux (ou bigots). Rien n'est tourné cependant dans une logique de dénonciation de cette ambivalence. Bien au contraire: Le voleur de bicyclette témoigne d'une empathie profonde et, tourné peu de temps après l'effondrement du régime fasciste, peut véritablement constituer une édifiante leçon d'histoire. J'ajoute cependant qu'à mes yeux, l'aspect le plus touchant du film réside ailleurs: dans la tendresse qu'il dégage aussi lorsqu'il focalise son propos sur la relation entre Antonio et son jeune fils, Bruno. Impeccable, le bout d'chou imprime la pellicule comme peu d'acteurs adultes savent le faire: il en ressort de très belles séquences révélatrices d'un amour pudique, jusqu'à la toute fin du long-métrage. Cette production indépendante fut honorée de l'Oscar du meilleur film étranger. Les années n'ont en rien affecté sa puissance émotionnelle !

Le voleur de bicyclette
Film italien de Vittorio de Sica (1948)

J'ai aimé ce long-métrage, présenté parfois comme l'un des meilleurs du cinéaste, et qui me donne donc forcément envie d'en voir d'autres. Le néoréalisme naissant s'exprime aussi avec une vigueur certaine chez Roberto Rossellini: cf. Rome, ville ouverte et quelques autres. Si vous voulez croiser un autre Vittorio de Sica, je vous recommande une oeuvre plus tardive (et plus grinçante): Il boom ! J'y reviendrai...

----------
Et pour faire le tour de la question...
J'aurais volontiers publié un lien vers le blog d'Eeguab, mais mon ami et comparse, grand amoureux du cinéma italien, a évoqué le film plusieurs fois... sans écrire de texte dédié. Plan B: "L'oeil sur l'écran".

mercredi 20 novembre 2019

Par ici la sortie

Je ne vais pas m'étendre sur La mutinerie. Au hasard d'un après-midi passé avec un ami et sa mère, j'ai découvert ce film de série B américain, avec Gene Hackman pour seul visage connu (de moi). L'argument tient en quelques mots: les prisonniers d'un pénitencier déclenchent une émeute pour "couvrir" leur tentative d'évasion. OK...

D'aucuns relèvent qu'en l'occurrence, les Blancs et les Noirs s'associent dans l'espoir d'une réussite commune, ce qui n'était pas... commun dans le cinéma américain de l'époque, à ce qu'il paraît. Le simple fait que le scénario s'inspire d'événements réels met à mal l'idée d'un film innovant et/ou audacieux. Bien que quelques gardiens professionnels et vrais détenus apparaissent à l'image, je n'ai rien vu d'épatant. Concrètement, La mutinerie reste un film de genre lambda, apprécié comme tel, mais qui, à mes yeux, n'est certainement pas un classique incontournable (comme le sont d'autres films consacrés à la prison). Détail amusant, même si logique: il n'y a pas le moindre rôle féminin !

Les personnages sont même un peu caricaturaux, dans l'ensemble. J'imagine que certains peuvent apprécier ce type de productions d'ambiance vintage, mais celle-ci manque quand même de tonus. Ouais... sous le soleil d'été de l'Arizona, j'en suis venu à me demander ce que le réalisateur - ou le producteur - souhaitait nous raconter. Admettons toujours que la faune ici réunie derrière les barreaux puisse inquiéter l'Américain ordinaire: tout cela reste d'un enjeu limité, d'autant que le résultat s'avère moyennement convaincant. Inédit en France, La mutinerie aurait tout aussi bien pu le rester. Vous pouvez penser le contraire et me trouver sévère, pour le coup...

La mutinerie
Film américain de Buzz Kulik (1969)

Deux étoiles, ça pique, mais ça ne me semble pas vraiment immérité. J'étais fatigué, ce jour-là, mais je n'ai pas vu grand-chose à l'écran qui m'aide à me sortir de cette douce torpeur. On peut se dire aussi que c'est en fait le genre du film lui-même qui ne me convient pas. Papillon, L'évadé d'Alcatraz, La grande évasion... il faudra (re)voir. Une chose est sûre à ce stade: je recommande vivement Les évadés !

lundi 18 novembre 2019

Un père incertain

Il cite Antonioni, Bergman et Tarkovski au nombre de ses références. Andreï Zviaguintsev n'avait pas encore 40 ans quand son premier film obtint le Lion d'or de la Mostra de Venise. J'avais le vague souvenir d'avoir vu Le retour avec mes parents, mais où et quand ? Mystère ! J'ai donc été ravi de pouvoir le redécouvrir d'un oeil (presque) neuf...

Andreï et Ivan sont deux frères, 15 et 13 ans, quelque part en Russie. L'aîné fait partie d'une bande que le cadet peine à intégrer vraiment. Motif: les grands le considèrent comme un poltron, puisqu'il a refusé de sauter dans un lac depuis un plongeoir placé à une hauteur vertigineuse. Les frangins s'opposent très fréquemment l'un à l'autre. Ils partagent leur misérable vie de pré-ados ordinaires avec leur mère et leur grand-mère, jusqu'au jour où, surprise soudaine, un homme supposé être leur père réapparaît après douze années d'absence ! Soyons clairs: nimbé de mystère, Le retour n'est pas un film souriant. Si vous aviez un doute, les couleurs tout à fait délavées des images devraient achever de vous convaincre de l'austérité du long-métrage. Attention: je ne présente pas cette caractéristique comme un défaut. Bien au contraire: le fond et la forme s'accordent si efficacement ici qu'une fois accepté ce constat de froideur, on pourra s'en satisfaire...

Je ne suis pas sûr de vouloir conseiller ce "spectacle" à tout le monde. Pourtant, à défaut d'être plaisant, Le retour est très recommandable. Tout premier argument: à mes yeux, sa nationalité russe doit jouer en faveur du film, les oeuvres de cinéma qui nous arrivent de ce pays étant somme toute bien rares. Deuxième point: malgré des dialogues objectivement réduits au strict nécessaire, le peu qui est exprimé suffit largement à comprendre les enjeux du récit. Il faut dire aussi que l'essentiel repose sur trois acteurs, ce qui limite "naturellement" le risque d'un scénario partant dans de trop nombreuses directions. Bon... je n'ai rien à reprocher à Konstantin Lavronenko, le comédien qui joue le père, mais ce sont avant tout les gamins, Vladimir Garine et Ivan Dobronravov, qui m'ont fait forte impression. Une anecdote douloureuse: le premier nommé s'est noyé la veille du jour où le film est sorti en Russie. Son premier - et unique - rôle est mis en valeur par une réalisation au cordeau, dans un cadre fait d'eau et de brume. La conséquence ? Je n'en sors ni indifférent... ni tout à fait indemne !

Le retour
Film russe d'Andreï Zviaguintsev (2003)

La direction artistique de ce film froid comme un glaçon contribue nettement à en faire une réussite formelle indéniable. Les enfants font le reste: on tient un long-métrage inconfortable, mais sensible. Dans un autre genre, vous verrez d'autres mômes livrés à eux-mêmes dans le formidable Les géants. Sur un autre ton également, difficile pour moi d'oublier l'Amérique de Mud - Sur les rives du Mississippi...

----------
Si ma chronique ne vous suffit pas...

Vous pourrez aller en lire d'autres, chez Strum et Eeguab notamment. J'en ai encore repéré une autre, publiée du côté de "L'oeil sur l'écran".

dimanche 17 novembre 2019

Triomphes animés

On chante ? Libérée... délivrée... je ne mentirai plus jamais ! Libérée... délivrée... c'est décidé, je m'en vais ! Cette ritournelle obsédante est un cauchemar pour bien des parents (mais pas que). Issue de La reine des neiges, elle est le premier symbole de ce dessin animé made in Disney. Oui, pour ma part, je le trouve plutôt réussi...

Tout cela pour dire qu'après six années d'attente, Mickey et consorts nous offrent une suite, visible dans les salles françaises dès mercredi prochain. Alors que des rumeurs courent sur l'homosexualité possible de l'un des personnages, d'aucuns envisagent déjà un succès colossal. Disney ose anticiper sur sa campagne d'hiver, tandis que l'ultime volet de la saga Star Wars débarque le 18 décembre ! Du "costaud" à venir !

D'ici là, vous préféreriez vous tourner vers des Disney plus anciens ? Et après tout, pourquoi pas ? Je pensais que La reine des neiges figurait parmi les plus grands succès du studio, mais en fait... non. Connaitriez-vous JP's Box Office ? Ce site Internet de référence constitue un outil de choix pour qui s'intéresse aux résultats chiffrés du cinéma. L'occasion de noter que, parmi les 250 plus gros triomphes du septième art en France, mon Disney du jour n'apparaît finalement qu'au 227ème rang (5.151.855 tickets vendus). Et ce n'est pas si mal !

Voici, pour info, le top des films d'animation pour le public français...
1. Blanche Neige et les sept nains - 4ème (18.290.843 tickets),
2. Le livre de la jungle (version 1968) - 9ème (14.695.741 tickets),
3. Les 101 dalmatiens (version 1961) - 10ème (14.660.594 tickets),
4. Cendrillon (version 1950) - 16ème (13.226.772 tickets),
5. Les Aristochats - 19ème (12.481.726 tickets),
6. La belle et le clochard - 23ème (11.175.716 tickets),
7. Le roi lion (version 1994) - 24ème (10.718.727 tickets),
8. Bambi - 25ème (10.679.106 tickets),
9. Le monde de Nemo - 37ème (9.528.033 tickets),
10. Tarzan (version 1999) - 59ème (7.859.751 tickets).

NB 1: unique film non-Disney de la liste, Le monde de Nemo est issu des studios Pixar et date de 2003. Mickey en est... le coproducteur. Disney a ensuite racheté Pixar en 2006, pour 7,4 milliards de dollars !

NB 2: quand c'était pertinent, j'ai mentionné les années pour éviter toute confusion possible avec d'autres films, dits en images "réelles".

----------
Une toute dernière précision...
Ce classement tient compte des sorties, mais également des reprises. Maintenant, un aveu: je reste assez curieux de votre avis là-dessus...

vendredi 15 novembre 2019

Comme des bêtes

C'est, dit-on, parce que son précédent film avait été un succès public que Shôhei Imamura put mettre en chantier Cochons et cuirassés. Dans le Japon occupé de l'après-guerre, ce long-métrage très explicite nous montre les expédients dont une partie de la population se sert pour survivre. Nous voilà de nouveau parmi les putes et les truands...

Résumé de manière aussi triviale, le film n'apparaît pas franchement sous son jour le plus flatteur. Quiconque s'intéresse au Pays du soleil levant à l'heure de la reconstruction devrait pourtant trouver ici suffisamment de choses intéressantes pour assouvir sa curiosité. Même si elle embrasse une communauté importante, la caméra finit par se calmer un peu et par se focaliser sur deux des personnages principaux: Kinta, un petit voyou qui a du mal à être pris au sérieux par son clan, et Haruko, la fille qu'il aime, bien accrochée à son rêve de jours meilleurs. D'emblée, un carton nous prévient que ce récit n'est qu'une fiction. Je ne saurais donc dire si le complexe scénario est pessimiste ou simplement réaliste. Cochons et cuirassés parvient à rester à l'écart du misérabilisme, mais c'est véritablement un film dur, sans concession sur le sujet traité. Les représentations lyriques de la mafia, à l'européenne, n'auront pas voix au chapitre cette fois...

Shôhei Imamura est souvent cité comme l'un des cinéastes détenteurs de deux Palmes d'or. Il les obtint bien plus tard, en 1983 et 1997. Dans la vingtaine d'oeuvres de sa filmographie, Cochons et cuirassés passe presque pour un film de jeunesse: son cinquième long-métrage "seulement", qu'il tourna à l'âge de 35 ans. Il est parfois présenté comme sa toute première réalisation indépendante (dans l'esprit). Malgré sa virtuosité formelle, elle fut l'objet de violentes critiques l'année de sa sortie, au point que la Nikkatsu, la société de production qui accompagnait le projet, interdit ensuite au réalisateur de tourner pendant deux ans ! La réhabilitation - tardive - dont le film bénéficie est loin d'être imméritée: même si j'ai eu du mal à tout comprendre des interactions entre les gangs, j'ai vraiment apprécié le spectacle. Les situations et dialogues ne sont pas dépourvus d'un humour noir caractéristique, bienvenu pour tempérer les scènes les plus glauques !

Cochons et cuirassés
Film japonais de Shôhei Imamura (1961)

Pas évident d'entrer dans le film, mais au final, j'ai bien apprécié. Désormais, je me sens habitué au style hardcore de Shôhei Imamura. Une comparaison me vient naturellement avec le Masaki Kobayashi dont je vous ai parlé récemment: sur un sujet proche, Rivière noire est (un peu) plus light. J'ai encore beaucoup à apprendre du cinéma nippon ! Je vais tâcher d'attraper le Chien enragé d'Akira Kurosawa...

----------
Une petite précision sur le titre...
Cochons et cuirassés
est une traduction littérale du titre japonais. En France, il arrive qu'un autre intitulé s'impose: Filles et gangsters.

Et pour en savoir encore davantage...

Vous pouvez également compter sur une très belle analyse de Strum.

mardi 12 novembre 2019

Cuba en liberté

83 jours: une fois arrivé aux commandes de son pays, c'est le temps pris par Fidel Castro, en 1959, pour fonder un Institut cubain des arts et de l'industrie cinématographique. J'ai découvert récemment un film d'un cinéaste français parti tourner sur l'île au début des années 60. Une oeuvre étonnante et le fruit d'un engagement vraiment original...

Armand Gatti n'est pas le seul à avoir ainsi dirigé son regard d'artiste vers La Havane à ce moment de l'histoire du monde. Agnès Varda, Chris Marker, Joris Ivens ou Mikhail Kalatozov peuvent être cités parmi les curieux à avoir suivi la même démarche. Il semble toutefois que le film dont je souhaite parler aujourd'hui puisse être distingué d'autres longs-métrages. En fait, El otro Cristóbal a d'abord été conçu comme un film cubain, commandé par Castro himself sur les conseils d'un ami argentin, médecin de son état: j'ai nommé Ernesto Guevara. L'histoire retient que le Che avait rencontré le réalisateur français quelques années auparavant, alors qu'il préparait un documentaire consacré à la guerre civile au Guatemala. Chose assez surprenante compte tenu de ce contexte: l'oeuvre que j'ai vue n'est pas militante. En tout cas, elle ne fait pas directement l'apologie du régime castriste. Elle parle cependant de la mort (incertaine) d'un dictateur et d'une révolution portée par le petit peuple. Sa manière de le faire surprend à chaque plan ! Le jeu d'influences surréalistes et vaudous...

Je vous mentirais si je vous disais que j'ai tout compris au scénario et aux symboles qu'il met en avant. Il est tout de même question d'une Vierge noire descendue du ciel et qui attrape la tuberculose ! Autre élément à moitié dingue: un despote qui retrouve des partisans au Purgatoire et se décide à envahir le Paradis, quitte à déclencher quelques catastrophes supplémentaires sur le dos des pauvres gens. Si j'en crois ce que j'ai pu ressentir, le message d'El otro Cristóbal pourrait bien être qu'il n'existe aucun lieu plus agréable que la Terre des hommes. Est-ce vraiment ce qu'Armand Gatti, auteur de théâtre et poète, a voulu dire ? Je note que son film a fait l'objet de critiques véhémentes à Cuba, pays qu'il représentait pourtant lors du Festival de Cannes 1963. Reparti bredouille de la Croisette, le long-métrage est tombé dans l'oubli: il n'en est ressorti que récemment, à la faveur d'une restauration tout juste finalisée. Qu'en retenir ? Des images superbes, très inventives et qui m'ont rappelé l'univers du carnaval. Ce n'est pas tous les jours que le cinéma nous propose un tel voyage !

El otro Cristóbal
Film franco-cubain d'Armand Gatti (1963)

Vous l'aurez compris: je suis ravi d'avoir découvert ce long-métrage atypique, même si ce n'est pas de ce genre de film que je veux faire mon quotidien cinéphile. Ponctuellement, c'est toujours bien de sortir des sentiers battus. Mais maintenant, quelle comparaison hasardeuse pourrait-on faire ? Je n'en ai aucune idée ! Si vous vouliez revoir Cuba dans un autre contexte, il vous resterait Yuli ou Fraise et chocolat...

lundi 11 novembre 2019

In memoriam

2014-2018: pendant plus de quatre ans, plusieurs grands événements français et européens ont été organisés pour commémorer dignement le centième anniversaire de la première guerre mondiale. Ce rappel aujourd'hui, 101 ans jour pour jour après l'armistice, pour affirmer qu'à mon sens, le sujet n'est pas épuisé. Le sera-t-il jamais ? À voir...

Dernièrement, c'est par hasard que j'ai découvert la bande-annonce d'un film dont je n'avais pas entendu parler jusqu'alors: 1917. Prévu pour une sortie dans les salles françaises au début de l'année prochaine, il pourrait être spectaculaire, dans la lignée du Dunkerque de Christopher Nolan. Je suis relativement impatient de l'apprécier sur un écran digne de ce nom. Je relève déjà qu'il sera mis en scène par Sam Mendes, l'efficace artificier des deux derniers James Bond. Je compte bien sûr vous en reparler le moment venu. Wait and see...

Pour l'heure, j'attire votre attention sur le fait que j'ai déjà chroniqué de nombreux films autour du premier conflit mondial. Il m'en reste quelques autres à voir, également, et je n'y ai surement pas renoncé !

Voici déjà quelques suggestions, classées par ordre chronologique. Une précision: je ne suis pas persuadé que ma liste soit exhaustive...
- La grande illusion / Jean Renoir / 1937,
- Les sentiers de la gloire / Stanley Kubrick / 1957,
- Gallipoli / Peter Weir / 1981,
- La vie et rien d'autre / Bertrand Tavernier / 1989,
- Capitaine Conan / Bertrand Tavernier / 1996,
- La chambre des officiers / François Dupeyron / 2001,
- Un long dimanche de fiançailles / Jean-Pierre Jeunet / 2004,
- Joyeux Noël / Christian Carion / 2005,
- Cheval de guerre / Steven Spielberg / 2011,
- L'odeur de la mandarine / Gilles Legrand / 2015,
- Frantz / François Ozon / 2016,
- Au revoir là-haut / Albert Dupontel / 2017.

----------
Chères toutes, chers tous, la parole vous est rendue...

N'hésitez pas à reparler ici de toutes vos (p)références en la matière !

samedi 9 novembre 2019

Le clown noir

Il habite seul avec maman et ce n'est pas rue Sarasate. Arthur Fleck tente de percer comme humoriste, mais vivote plutôt comme clown. Posté sur un trottoir, il doit attirer le regard vers un banal magasin. Ses vannes, qu'il a consignées dans un carnet, ne font rire que lui. Vous vous dites que ce n'est pas une vie ? Je suis tout à fait d'accord !

Je ne savais pas exactement à quoi m'attendre en allant voir Joker. Généralement peu emballé par les films de super-héros, j'ai eu envie d'apprécier les qualités de celui-là en faisant confiance à l'acteur principal: Joaquin Phoenix. Je m'aperçois après coup que je n'ai raté qu'un seul de ses neuf films précédents ! Le voir dans le costume multicolore du célèbre ennemi de Batman me tentait sérieusement. Autant le dire tout de suite: il signe ici une performance mémorable, qui pourrait bien lui valoir une nomination à l'Oscar en fin d'année. Assez dingue pour accepter de perdre une petite trentaine de kilos pour mieux se fondre dans le personnage, l'acteur plonge allégrement dans toute sa schizophrénie. Gare ! Si vous aimez les blockbusters musclés et riches en action, vous pourriez être déroutés, voire déçus. Le film nous offre ce que l'on appelle désormais un "origin story". L'idée est de partir d'une figure assez bien connue de la culture populaire pour expliquer comment il est devenu le héros (ou le salaud) qu'il est dans l'esprit des gens. On utilise aussi le terme "préquelle"...

En fait, peu importe la sémantique: l'essentiel, c'est le film, bien sûr ! Découvert sur un écran XXL le jour même de sa sortie, il m'a scotché dans mon fauteuil. Car, au-delà même du magistral numéro d'acteur évoqué plus haut, Joker offre une illustration extrêmement soignée de ce que pourrait être une grande mégapole américaine par temps de crise. D'ailleurs, une petite anecdote personnelle: avant la séance au cinéma, je m'étais longuement interrogé sur la pertinence d'ajouter ce long-métrage à ma liste de références new-yorkaises. Ouais... ce n'est qu'en arrivant dans la salle que je me suis souvenu qu'il était ici question d'une ville imaginaire: Gotham City. Le décor rappelle la Grosse Pomme ? C'est sa voisine: Newark (New Jersey). D'aucuns pourraient ainsi reprocher à Joker son manque d'originalité et le considérer un peu trop tape-à-l'oeil pour être honnête. J'enfonce donc le clou: ce n'est pas mon cas. Le récit de la dérive émotionnelle de cet homme m'a happé... et même, par moments, coupé le souffle. Âmes sensibles, attention: tout cela est quand même assez hardcore !

Joker
Film américain de Todd Phillips (2019)

Il est tentant de comparer ce portrait de super-vilain avec ceux réalisés avant lui: par Jack Nicholson dans le Batman de Tim Burton ou par Heath Ledger dans The dark knight de Christopher Nolan. Conclusion personnelle: le film du jour est dans le haut du panier. Comme à d'autres, le rôle de Robert de Niro m'a rappelé les classiques des années 70-80 et en premier lieu La valse des pantins. Du solide !

----------
Et en guise de récompense...

Le film a déjà obtenu le prestigieux Lion d'or de la Mostra de Venise. Après la projo, il a même reçu une standing ovation de huit minutes !

Et sur mes blogs de référence...
C'est cette fois Dasola qui a été la toute première à reparler du film. Pascale et Princécranoir l'ont présenté aussi, quelques jours plus tard. Et, finalement, Strum est à son tour entré dans cette danse macabre.

jeudi 7 novembre 2019

Le goût des autres

Le nom nous est certes familier, mais nous autres Français ne savons finalement qu'assez peu de choses sur Singapour. La petite république d'Asie du Sud-Est fut longtemps l'une des possessions de la couronne britannique. Son territoire a aussi été occupé par l'armée japonaise pendant la seconde guerre mondiale. Mon film du jour s'en souvient...

Cela dit, La saveur des ramen est bien tout sauf un film de guerre. Son personnage principal, Masato, est un garçon d'aujourd'hui. Il vit au Japon et, pour gagner sa vie, travaille aux côtés d'un père cuistot comme assistant-chef d'un petit restaurant de spécialités culinaires nippones. Bientôt, il se retrouve seul et endeuillé, puisque le papa décède subitement. Masato décide alors d'entreprendre un voyage culinaire à Singapour, le pays d'origine de sa maman, disparue, elle, quelques années auparavant. Il découvrira que certaines rivalités demeurent entre ses deux pays de coeur, ce qui viendra compliquer son espoir de rapprochement avec les membres de sa famille maternelle. Bon... je ne souhaite pas tout vous raconter non plus ! Avec ce pitch allongé, vous avez déjà une bonne notion du scénario...

On dit parfois que les bons sentiments ne font pas les bons films. C'est exact: si nobles puissent-elles être, les idées qui s'expriment dans un film ne suffisent pas à le rendre vraiment agréable à suivre. En l'espèce, il y a un risque indéniable que La saveur des ramen paraisse un tantinet trop sucré à certain(e)s d'entre vous - un comble pour un plat typique à base de nouilles, de viande et de bouillon. Blague à part, il est clair qu'on est ici en face de ce qu'on pourrait appeler une histoire de bisounours: il n'y a pas de personnage négatif et toute situation mal embarquée semble toujours devoir s'arranger. Plutôt qu'en Asie, le film pourrait aussi bien se passer sur le continent américain ou en Europe. D'où une déception: même si Masato décide de consacrer une partie de son temps à une espèce de pèlerinage photo sur les traces de ses parents, on ne voit qu'assez peu de choses de Singapour... et encore moins du Japon, pour tout vous dire. Conclusion: le film se laisse regarder, mais n'a rien d'incontournable. Sa double nationalité en fait toutefois une curiosité. À vous de juger !

La saveur des ramen
Film japono-singapourien d'Eric Khoo (2018)

Je vous ai parlé d'assez nombreux films asiatiques ces derniers temps et j'insiste: celui d'aujourd'hui n'est certes pas désagréable à suivre. J'ajoute d'ailleurs que, souvent, il pourrait même vous donner faim ! Côté cinéma, il me donne envie de découvrir enfin un long-métrage de Naomi Kawase, Les saveurs de Tokyo, que je garde pour les jours de disette. Encore un peu d'appétit ? Essayez donc l'étrange Tampopo.

----------
Pour finir, un petit tour dans d'autres cuisines...
C'est l'occasion de constater que Dasola a vraiment apprécié le film. Et Strum et le chroniqueur de "L'oeil sur l'écran" ne sont pas en reste !

mardi 5 novembre 2019

Chacun cherche

Qui est François Civil ? Peut-être bien le jeune acteur incontournable du moment, parmi les Français en tout cas. Après avoir tergiversé quelque temps, sans raison d'ailleurs, j'ai finalement vu le quatrième des films qui l'ont mis en vedette cette année: Deux moi. Il s'agissait pour moi de ne pas oublier (non plus) le réalisateur: Cédric Klapisch...

Devant sa caméra pour la seconde fois, François Civil devient Rémy, un Parisien stressé, simple employé d'un entrepôt de logistique bientôt remplacé par un robot et qui se retrouve un job en centre d'appel. Les fidèles de l'homme qui tient le caméra seront en terrain familier: cette chronique de la vie dans la capitale d'un trentenaire encore célibataire n'a pas des airs de déjà vu, mais une parenté indéniable avec le reste d'une filmographie que je juge cohérente. Encore me faut-il préciser, à l'instar d'autres habitués, que ce film d'aujourd'hui, déjà la treizième fiction de son auteur, a une facette un peu plus sombre que d'autres. Tout est relatif, bien évidemment...

En gros, vous pouvez retenir qu'il sera question d'interrogations existentielles et de séances chez le psy pour le protagoniste masculin principal, comme pour son alter ego féminin, Mélanie (Ana Girardot). Cédric Klapisch construit donc un récit en miroir, avec une justesse certaine et une bonne dose de tendresse pour ses personnages. D'aucuns diront sans doute que Deux moi repose sur une formule cinématographique rodée, sans surprise véritable. Bon... il y a du vrai dans ce constat. Cette impression est d'autant plus forte qu'une fois encore, on retrouve quelques-uns des grands habitués de l'univers klapischien - Zinedine Soualem ou Simon Abkarian, en l'occurrence. Interprètes des deux thérapeutes, Camille Cottin et François Berléand semblent, eux aussi, tout à fait à leur place dans cette représentation enjolivée de notre quotidien. Et Pierre Niney a une scène drolatique ! Bref, j'ai passé un bon moment, même si je peux bien comprendre qu'au goût de certain(e)s, ce cinéma-là soit un peu light. Je réponds qu'il n'a pas la prétention d'être autre chose. Une touchante modestie.

Deux moi
Film français de Cédric Klapisch (2019)
L'ami Cédric est resté fidèle à ses idées et inspirations anciennes. Bilan: il nous offre un nouvel opus sensible et finalement souriant. Revenu à Paris, j'espère que l'avenir nous permettra de le retrouver également en province, Ce qui nous lie restant dans ma mémoire comme un bon cru. Ceux qui n'aiment que la capitale se tourneront plutôt vers le bien nommé Paris. Et voir les deux ? C'est un bon plan !

----------
Et, histoire d'apporter un contrepoint...

Je vous recommande d'aller lire également la chronique de Pascale.

lundi 4 novembre 2019

Au féminin pluriel

Pas de film aujourd'hui. Pour ouvrir cette semaine et justifier le choix de retenir Le transporteur pour illustrer mon texte, je veux rebondir sur ma chronique dominicale... et la place des femmes au cinéma. Une évidence: les mouvements #MeToo et Time's up ont fait bouger les lignes, mais, pour l'égalité, il reste encore beaucoup à accomplir...

Ce n'est pas tous les jours qu'une femme occupe la position centrale dans un scénario de cinéma. Pour rouvrir le débat, deux organisations anglo-saxonnes, le Plan International britannique et, aux États-Unis, le Geena Davis Institute on Gender in Media, ont publié début octobre les résultats d'une enquête réalisée sur les 56 films les plus rentables de 2018 dans vingt pays d'Amérique du Nord, Amérique latine, Scandinavie, Afrique, Asie et Europe. Bilan: les hommes à l'écran occuperaient plus fréquemment des postes de direction. Les femmes demeurent loin du compte, mais seraient quatre fois plus nombreuses à apparaître entièrement nues ou dans une pose suggestive. Le poids de ces représentations est tout sauf négligeable, bien évidemment. Et d'après les signataires du rapport, le cinéma a une nette influence !

L'idée est que, si une petite fille peut s'identifier à une femme forte parmi ses héroïnes de fiction, elle aura plus de chances d'en être une dans sa vie d'adulte, quitte à rejoindre les rangs toujours clairsemés des professionnELLES du septième art. Cette approche du sujet m'amène à m'intéresser aussi à un autre concept: celui de male gaze. Défendue par Laura Mulvey, une réalisatrice et critique de cinéma britannique, dès 1975, cette notion revient sur le devant de la scène depuis quelque temps. Son postulat ? La culture visuelle dominante impose au public d'adopter une perspective d'homme hétérosexuel. Elle témoignerait ainsi d'une répartition asymétrique des pouvoirs. Nos regards sont-ils biaisés à ce point ? C'est tout à fait possible. Apparemment, pour exposer sa théorie, il semble que Laura Mulvey n'ait toutefois étudié que le comportement d'hommes, attendant 1981 pour se pencher également sur les ressentis féminins. Ses travaux sont parfois jugés moralisateurs, éloignés de la rigueur scientifique. Reste qu'à tout le moins, ils posent de très intéressantes questions...

Au mois de mars dernier, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) publiait, lui aussi, une étude sur la place des femmes dans l'industrie cinématographique et audiovisuelle. Une statistique parmi d'autres, pour nourrir la réflexion: en 2017, parmi les films français recensés et agréés par l'institution, 27% avaient été réalisés ou co-réalisés par des femmes. C'est peu, oui, mais le chiffre brut masque la forte progression sur la décennie (+ 62,8% de 2008 à 2017). Autre constat: en tournage, les femmes s'avèrent moins dépensières que les hommes. Et distribuer leurs films n'est pas aussi coûteux ! Objectif et transparent, le CNC relevait en outre que ses effectifs étaient majoritairement féminins (soit 191 agents et 287 agentes). Vous trouverez tous les chiffres sur le site Internet de l'institution. Quant à moi, je ne peux guère réunir que huit "films de femmes" parmi ceux dont je vous ai parlé, vus depuis le début de ce millésime. L'an dernier, parmi mes 196 séances, j'ai pointé dix-neuf signatures féminines. Moins de 10% ! Il n'y a pas franchement de quoi pavoiser...

----------
Et vous, chères lectrices et chers lecteurs...
Êtes-vous sensibles à la présence (ou non) des femmes au cinéma ? Le sujet vous intéresse-t-il au point que vous l'étudiez régulièrement en quête de nouvelles infos ? Je serais ravi de continuer à débattre...

dimanche 3 novembre 2019

Coup pour coup

Elle n'est pas la première à avoir agi de la sorte, mais la Commission européenne est si avide de normes qu'elle s'est penchée un beau jour sur... la courbure des bananes ! Je veux croire que de gros enjeux économiques en dépendent ! Et, dans ces cas-là, je suis convaincu que les lobbies entrent en piste pour orienter le ou les législateur(s)...

Leurs actions para-démocratiques sont placées au centre de mon film d'aujourd'hui. Après, franchement, c'est surtout pour Jessica Chastain que j'ai eu envie de regarder Miss Sloane à la télé, début octobre. Dans de très chics tailleurs, la belle interprète donc une lobbyiste particulièrement retorse, à qui un homme politique tout aussi matois propose de prendre fait et cause pour la liberté des ventes d'armes aux particuliers. Surprise: l'intéressée refuse, quitte son entreprise sans l'ombre d'un regret apparent... et s'engage illico pour la partie adverse ! Tout cela nous est raconté sous la forme de flashbacks consécutifs, entrecoupés de scènes de procès, la très digne militante des causes a priori désespérées répondant devant le Sénat américain d'accusations de corruption de parlementaires, dans un autre dossier !

Que dire ? Tout cela est cousu de fil blanc, mais oui, ça "fonctionne". Quelques acteurs inspirés - dont Mark Strong ci-dessus - font le job avec talent et on se laisse volontiers embarquer dans cette histoire. Bon... le suspense est tout relatif et, de fait, il ne s'agit finalement que d'une énième représentation de la lutte entre le bien et le mal. Tout cela est très américain, en somme, et je le dis en ayant noté que le film a aussi des producteurs français... et un réalisateur britannique ! Certes, si vous n'adhérez pas, cette partie d'échecs pourrait vous sembler longue: Miss Sloane dure plus de deux heures. Pour ma part, malgré une conclusion que j'ai trouvée vraiment tirée par les cheveux, j'ai en réalité trouvé ici le popcorn movie intelligent que j'étais venu chercher: c'est largement assez pour me satisfaire. Or, correctement accueilli par la critique, le film a fait flop, en France comme aux États-Unis. Il n'aurait donc pas volé une seconde chance...

Miss Sloane
Film américain de John Madden (2016)

Cet honorable divertissement aura suffi à mon bonheur d'un soir. C'est bavard, mais sincèrement très facile à suivre, sans avoir besoin d'être familier avec les plus sombres rouages du pouvoir politique. Toujours en coulisses, mais dans l'univers des banques, j'ai trouvé une atmosphère assez comparable dans le saisissant Margin call. Vous devez choisir un seul des deux films ? Je vous suggère le second.

----------
Les opinions sont finalement partagées...
Pascale n'a pas aimé le film, contrairement à Dasola, par exemple. Vous les mettrez peut-être d'accord en lisant aussi "L'oeil sur l'écran".

samedi 2 novembre 2019

Très fort, mais...

C'est un fait: je ne cours pas vraiment après les films de super-héros. Quand je décide d'en voir un, c'est généralement parce que j'imagine qu'il pourra sortir du lot. Avec son titre calqué sur celui d'un western spaghetti, On l'appelle Jeeg Robot m'avait plutôt mis en confiance. Las ! Je n'ai rien vu de folichon. Et je suis un peu déçu, finalement...

L'affaire était pourtant partie sur des bases intéressantes en termes d'action. Dès le début du film, on court à cent à l'heure dans les rues de Rome derrière Enzo, un petit voleur local, d'ores et déjà poursuivi par la police. Pour échapper à l'arrestation, notre ami comprend vite qu'il n'a plus qu'une solution: se jeter dans le Tibre sans plus attendre. C'est une fois ressorti des eaux polluées du fleuve qu'il se découvre soudain... une force herculéenne. Une bien belle aubaine pour lui sachant que, même si les flics ont perdu sa trace, le garçon va devoir affronter un danger plus grand, après avoir eu le malheur de porter préjudice aux affaires d'un petit caïd local. Et le rapport avec un film de super-héros ? Ma foi, j'aime autant vous laisser le découvrir seuls. On l'appelle Jeeg Robot a davantage un statut "hybride", je trouve...

Ouais... plusieurs genres se croisent dans ce drôle de long-métrage. Autant vous le dire: je l'ai plus apprécié comme un film de gangsters qu'autre chose. Il y a aussi un soupçon de romantisme, pour info. Franchement, si c'est votre came, je ne vois rien à redire là-dessus. Ce n'est pas la mienne. Pas tout à fait, disons: les aspects "décalés" et la nationalité italienne de cet OVNI de cinéma me le rendent sympathique, mais sans aller plus loin. J'ai trouvé tout cela gentillet et, pour être tout à fait honnête, assez peu intéressant sur la durée. Dommage: On l'appelle Jeeg Robot me semblait avoir du potentiel. La fin pourrait laisser croire à une suite, mais rien n'a été confirmé. Les blockbusters américains ont sans doute encore de beaux jours devant eux. Du côté Europe, tout (ou presque) reste donc à inventer !

On l'appelle Jeeg Robot
Film italien de Gabriele Mainetti (2015)
Soyons honnêtes: j'ai moins accroché que je l'avais espéré. Ma note s'en ressent logiquement et s'avère peut-être un tantinet sévère. J'assume: l'idée super-héroïque est anecdotique (ou sous-exploitée). Pour rester au rayon des polars, je préfère les petits films italiens nerveux, mais qui se tiennent d'un bloc, comme par exemple Alaska. Pas obligé de revenir au réalisme glacial d'un Gomorra. Encore que... 

----------
Ne partez pas ! J'ai trouvé un contrepoint...
Comme cela arrive parfois, Pascale et moi sommes d'un avis opposé. Sachez-le: j'ai grand plaisir à relayer aussi cette chronique po-si-tive !