mercredi 7 décembre 2022

Son dernier voyage

Je sais la peine causée par la mort de Gaspard Ulliel aux admirateurs de la jeune garde du cinéma français. Il me reste objectivement beaucoup de ses films à découvrir. Je commence aujourd'hui par la fin en évoquant le dernier: Plus que jamais, que j'ai très vite eu envie d'aller voir. Et même si cela s'annonçait plutôt du genre dramatique...

Hélène souffre d'une fibrose pulmonaire idiopathique. Son système respiratoire fonctionne de plus en plus mal. Son espoir de survie repose uniquement sur la vague perspective d'une double greffe. Lasse de rester enfermée chez elle, la jeune femme se lie d'amitié avec un blogueur norvégien, lui aussi atteint d'une grave maladie. Une relation platonique qui l'incite à entreprendre un dernier périple vers les fjords et la nature, au grand désarroi de Mathieu, son mari. Que dire ? Plus que jamais n'est bien évidemment pas un film rigolo. Par la grâce du duo Vicky Krieps / Gaspard Ulliel, c'est un beau film triste que j'ai aimé pour cela, pour sa pudeur, oui, et sa délicatesse. C'est aussi un film d'amour, évidemment, que ses deux interprètes principaux rendent crédible et bouleversant. Bien qu'omniprésente sous ces latitudes nordiques, la lumière est d'une douceur apaisante. Face aux images, j'ai adopté sans peine une posture contemplative...

La réalisatrice dit avoir conçu "un film sur une femme qui s'émancipe en acceptant de mourir comme elle le veut". Au-delà de son réalisme cru, Plus que jamais s'autorise parfois de brèves incises poétiques bienvenues: la caméra saisit des oiseaux marins survolant les vagues. Ces pauses dans la narration, très belles, permettent de souffler entre deux scènes difficiles. Il y a en outre quelques petites touches d'humour dans ce récit tendu, principalement liées au léger décalage entre ce qu'Hélène imaginait de la Norvège et la réalité de l'existence dans ce pays si différent du nôtre. Il serait plus que tentant ensuite d'embarquer sur un bateau - ou de faire un très long voyage en train - pour aller y voir de plus près, sans attendre qu'il ne soit trop tard. Avant de céder à cette tentation, je voulais ajouter que la fin de vie n'est pas abordée ici sous un angle macabre. Je ne sais pas dire comment je percevrai les choses une fois que tout cela aura "infusé" dans mon esprit, mais je veux croire que je serai ravi d'en reparler. Auparavant et quitte à me répéter, j'insiste sur le talent des acteurs !

Plus que jamais
Film franco-germano-luxembourgo-norvégien d'Emily Atef (2022)

Une longue liste de nationalités, mais tout se tient dans cet opus international, tourné en français et en anglais. Même si le contexte peut expliquer ce ressenti, je dirais que j'y ai aimé Gaspard Ulliel comme jamais auparavant. Vicky Krieps, elle, confirme l'impression favorable qu'elle m'avait laissée avec le très beau Serre moi fort. Autour du deuil, je conseille aussi Mia madre et/ou Vers l'autre rive.

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Et si jamais vous vouliez rester encore un peu...

Je vous encourage à revenir sur la chronique de Pascale, citée lundi.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Oui un beau film triste. Et Gaspard si beau. Et on découvrait ici à quel point la maturité lui allait bien et qu'il allait enfin se diriger vers des rôles d'homme mûr. Quel dommage !
Vicky est parfaite comme toujours. J'ai hâte de la voir en Sissi.

P.S. : petit coup de gueule perso, j'en ai ASSEZ des gens qui parlent d'émancipation des personnages au cinéma (je ne parle pas de toi mais de la réalisatrice que tu cites). Voilà, c'est fait. ça soulage.

P.S. 2 : non seulement je dois retaper toute mon identité mais je dois aussi prouver que je ne suis pas un robot en cliquant sur des images de passages piétons, de ponts ou de feux rouges...
Je crois que j'aurais droit à une médaille ou au machin des arts et des lettres, tellement crédible depuis que Frankie Vincent l'a obtenu.

Martin a dit…

Oui, ce film est porté par ses deux acteurs principaux, à égalité je dirais. Je chipote sur ton commentaire en soulignant qu'à mes yeux, ne plus voir Gaspard n'est pas "dommage". C'est un vrai drame... et pas pour le cinéma. Enfin, je pense que tu es d'accord...

PS1: est-ce que, si tu repasses, tu veux expliciter pourquoi le mot "émancipation" te déplaît ? Il est peut-être hors-sujet dans le cas présent, mais, au début du film, je trouve qu'on voit bien que personne ne comprend la logique d'Hélène, ni ne fait vraiment attention à elle.

PS2: désolé pour toutes ces contraintes, as-tu changer quelque chose à ta configuration ? En refusant les cookies ou autre ???

Pascale a dit…

Ce n'est pas un drame, c'est une catastrophe thermo nucléaire.

Ce n'est pas le mot qui me déplaît mais l'idée qu'un personnage qui change, évolue, modifie son parcours s'émancipe. Comme un enfant qui passe de l'adolescence à l'âge adulte : il s'émancipe ! Ben non, il grandit. Je trouve que la vie est faite d'évènements qui font qu'on est jamais le même pendant plusieurs décennies. De là à parler d'émancipation... Mais bon, il y a tant d'expressions répétées à qui mieux mieux qui me tapent sur le haricot qu'il est inutile d'en parler.

Refuser les cookies ??? Jamais je ne m'autoriserais une telle hérésie. Ce serait faire preuve de pas mal d'émancipation. Le fait de décliner mon nom, mon adresse etc... ne date pas d'aujourd'hui mais de toujours, depuis que je viens sur ce blog. Et en plus quand on clique sur mon lien, ça ne dirige même pas vers mon blog.
En tout cas merci pour tes liens à toi qui fonctionnent même si je n'ai pas l'impression d'attirer plus de lecteurs. En tout cas de commentateurs. Les commentaires se réduisent comme peau de chagrin.

Martin a dit…

Va pour la cata thermo-nucléaire !

OK, je comprends mieux ton explication sur cette histoire d'émancipation. C'est vrai que le mot est devenu un peu galvaudé à force d'être utilisé pour tout et son contraire. Cela dit, dans le film, il ne me paraît pas absurde. Mais bon, ce n'est pas le plus important et certainement pas ce que je garderai de cette histoire dans quelques semaines ou mois...

Pour les cookies, les catchpas et le reste, je ne sais pas ce qui se passe et ce qui fait que tu n'es plus reconnue. Merci de t'acharner et de rien pour mes liens. J'ai parfois l'impression, moi aussi, que les commentaires se raréfient sur les Bobines. Je n'en ai jamais eu beaucoup, à vrai dire. Là, c'est peut-être la saison ou peut-être la révélation du déclin des blogs. De toute façon, il y a toujours une part d'aléa en fonction des films dont tu parles.