mercredi 31 mai 2023

Le Maure et sa chute

Vous lirez ailleurs le récit chaotique du tournage d'Othello. Trois ans auront été nécessaires à Orson Welles pour parvenir à boucler ce film inspiré de la pièce éponyme de Shakespeare (créée, elle, en 1604). Soyez-en conscients: le réalisateur américain a manqué de moyens financiers pour avancer plus vite. Malgré cela, il n'abandonna jamais !

L'acharnement du cinéaste fut payant: présenté au Festival de Cannes au printemps 1952, Othello fut l'un des deux lauréats du Grand Prix qui y était alors décerné - avant la Palme d'or, apparue, elle, en 1955. J'ai tout lieu de croire qu'ici, Welles est fidèle à l'oeuvre originelle réservée aux planches, même s'il nous en raconte d'abord la fin. Connaissez-vous cette histoire ? Maure à Venise, Othello est un chef de guerre respecté que l'on charge de combattre la puissante armée turque, laquelle menace d'étendre sa zone d'influence jusqu'à Chypre. Quand il arrive sur le terrain des combats, l'ennemi n'y est plus. Comme par miracle, sa flotte, prise dans une forte tempête, a coulé. Sans opposition, le général installe donc sa garnison et, en l'absence d'un péril imminent, retrouve sa jeune épouse, la belle Desdémone. J'ai vu un spectacle autour de cette tragédie classique quelques jours avant d'apprécier le film: je peux donc dire que le cinéma lui va bien. Souvent grandiloquent, mais jamais pompier, Welles est un Othello puissant, en proie à un destin funeste. Tout paraît alors inéluctable...

Je ne veux pas tout vous dévoiler, mais ce qui me semble terrible dans cette fiction, c'est qu'il ne s'agit pas de sanctionner l'ambition démesurée d'un homme qui se croyait l'égal de quelque divinité d'essence supérieure. Non ! C'est même le contraire, il me semble. Othello n'aspire qu'à vivre heureux et dans le respect des règles morales que d'autres ont édictées. Fait notable, il est aussi un Noir parmi les Blancs et, face à la bêtise, il a dû prouver son honorabilité. Oui, mais... à ses côtés, un homme pétri de haine refuse d'accepter qu'il y soit arrivé en s'élevant plus haut que lui, Vénitien "de souche". Pas de doute: cet argument a encore une résonance à notre époque. En noir et blanc, cet Othello de cinéma donne à voir des contrastes saisissants, au coeur même de la cité fortifiée d'Eassouira (Maroc). Quel beau film international ! Les décors du grand Alexandre Trauner et les costumes de l'Italienne Maria De Matteis font des merveilles pour donner corps à ce passé lointain - et réinventé, je le répète. Welles a adapté deux autres Shakespeare. Je compte bien y revenir...

Othello
Film américain d'Orson Welles (1951)

Lyrique au possible, la musique rappelle qu'il existe une version opéra composée par Verdi (et créée à la Scala de Milan en février 1887). Bref, les mythes, eux, ne meurent jamais et cette relecture "wellesienne" n'est pas la moins belle. Je poursuis mon parcours shakespearien au cinéma et, si vous avez du retard, vous conseille deux étapes japonaises: Le château de l'araignée et Ran. À suivre...

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Sans attendre, vous pourrez trouver fortune ailleurs...

Je ne peux que suggérer les écrits d'Eeguab et de "L'oeil sur l'écran". Ideyvonne, quant à elle, nous présente la carrière du chef décorateur.

Et si, à ce stade, vous n'êtes toujours pas repus d'infos...
En cherchant un peu, vous devriez trouver Filming Othello, un film documentaire tourné par Welles en 1978 pour revenir sur le tournage. Faute de l'avoir vu, je ne peux donc pas vous donner un avis éclairé...

lundi 29 mai 2023

Le paradis ?

Il se peut que je me trompe en considérant le Britannique Danny Boyle comme l'un des réalisateurs cultes de ma post-adolescence. Les films anglais de ses débuts, au mitan des années 1990, ont fait parler d'eux quand j'étais étudiant et affichaient un je-ne-sais-quoi de séduisant pour titiller ma cinéphilie (encore en germe). Il faut un début à tout...

J'avais tout juste 25 ans à la sortie de La plage sur les écrans français. Leonardo DiCaprio aurait vendu n'importe quoi, à l'époque. La présence à ses côtés du duo Virginie Ledoyen / Guillaume Canet faisait aussi mousser notre cinéma national et sa jeune génération. Résultat: un relatif flop critique, mais presque 2,3 millions d'entrées !

Le sujet du film y est pour quelque chose, qui dresse le portrait coloré d'un baroudeur sans attache apparente, Richard. Ses pérégrinations l'ont conduit dans un hôtel thaïlandais miteux. Il y rencontre une fille dont il tombe amoureux, Françoise, et... son petit copain, Étienne. Mieux: il croise le chemin de Daffy, hippie visiblement sous l'emprise de quelque substance végétale à caractère fortement hallucinogène. Une nuit agitée plus tard, Richard a récupéré la carte d'une île ignorée des géographes officiels, où est censé se cacher un véritable Éden. C'est une bonne raison de se mettre à nouveau en route, non ? L'ennui étant que, passé la phase de découverte, le scénario patine sévère. J'ai trouvé le propos passé de mode, à vrai dire, et les personnages finalement trop peu attachants pour m'intéresser à ce qui leur arrive. Revoir Tilda Swinton et Robert Carlyle n'y aura donc rien changé. Disons-le: après un petit quart de siècle, La plage m'a paru has been. J'en suis navré pour l'équipe, qui a visiblement tenté des choses nouvelles. Aïe ! Tout le côté technique paraît déjà d'un autre temps...

La plage
Film britannico-américain de Danny Boyle (2000)

Bof ! Pas un bug de cette fameuse année, mais un opus trop moyen. L'idée de se couper du monde ne peut sûrement qu'attirer un bataillon de prétendants au voyage lointain, mais ça ne suffit pas à fabriquer du bon cinéma. Autant peut-être se retourner vers une aventure vécue: celle de Christopher McCandless dans Into the wild est belle. Vous préférez vraiment la fiction ? Soit. Essayez donc La montagne...

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Et avant de revenir sur le sable fin...

Vous aurez noté que Laurent ne se montre pas enthousiaste non plus.

vendredi 26 mai 2023

Temps anciens

Le Moyen Âge reste sans aucun doute l'une des périodes historiques qui exercent le plus de fascination (et suscitent le plus de fantasmes). Je m'y suis replongé en regardant Le frère du guerrier, film oublié sorti au début des années 2000 et qui nous ramène au 13ème siècle. J'aime ses images sobres, tournées sur un causse du sud de la Lozère.

Arnaud, un jeune paysan, a reçu de sa mère la science des plantes médicinales. Il devrait pouvoir exercer à son tour comme guérisseur. Oui, mais voilà... un beau jour, sa ferme est attaquée par un groupe de brigands. Le pauvre homme est roué de coups et laissé pour mort. Il survit, pourtant, mais son épouse constate qu'il a perdu la mémoire et l'usage de la parole. Guillemette confie ses enfants à une voisine charitable et part à la recherche de Thomas, le frère aîné d'Arnaud, disparu depuis des années et qui pourrait revenir protéger les siens...

L'histoire qui s'ensuit est belle, même si prévisible dans son déroulé. Mélanie Doutey, Vincent Lindon et Guillaume Canet sont convaincants grâce à la sincérité avec laquelle ils habitent leurs personnages. L'intelligence du récit est de ne pas multiplier les autres protagonistes jusqu'à l'infini: Le frère du guerrier y gagne l'aura d'un western rural et médiéval, qui évoque finalement la grande dureté de ces temps lointains (mais également l'importance des tous premiers livres). Costumes, décors ou musique: je ne relève aucune réelle fausse note. Ce sera à vous de l'apprécier désormais: il m'a semblé que le film intégrait une dimension féministe - jusqu'à son plan final. C'est bien !

Le frère du guerrier
Film français de Pierre Jolivet (2002)

Ses couleurs sont un peu ternes, mais je dois dire que la retenue relative de cette évocation médiévale m'est apparue séduisante. Inspiré d'une histoire vraie, Le dernier duel s'avère une production intéressante sur bien des points, tout en étant plus spectaculaire. Pour privilégier la sobriété, j'ai aussitôt repensé à Michael Kholhaas. Tout en étant curieux de (re)voir un blockbuster comme Braveheart !

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Envie d'en savoir un peu plus ?

Je vous recommande de lire "La Kinopithèque" (et "L'oeil sur l'écran").

jeudi 25 mai 2023

Chiffres et valeurs

C'est une statistique qui a fait parler: en avril dernier, les cinémas français ont enregistré un peu plus de 19 millions d'entrées, un chiffre supérieur à celui de la moyenne 2017-2019, avant la crise sanitaire. D'autres éléments augurent d'un rebond durable pour 2023, dans le fil de triomphes comme Super Mario Bros. et Les trois mousquetaires !

Fin avril, je n'avais (encore ?) vu aucune de ces deux "locomotives" nationales, zappant également Alibi.com 2, sur le podium provisoire du box-office 2023. Dans le top ten, je n'avais accordé mes faveurs qu'à Astérix & Obélix - L'Empire du milieu, Babylon et Mon crime. Finiront-ils aussi bien classés parmi mes préférences du millésime actuel ? Je l'ignore: il est assurément beaucoup trop tôt pour le dire. Parmi les dix plus grands succès de 2022 en France, je n'avais choisi d'aller voir que deux blockbusters US: Avatar 2 et Le chat potté 2. Aucun film parmi mes dix préférés n'avait pu atteindre le million d'entrées. Le plus "vendeur" ? Goliath (avec 787.100 tickets écoulés).

En avril toujours, je me suis plongé avec bonheur dans la lecture épisodique d'une de mes références habituelles: l'Annuel du cinéma. Voici, de leur côté, les trente films qu'ils mettent en avant pour 2022:
- Les Amandiers / Valeria Bruni-Tedeschi,
- Armageddon time / James Gray,
- Aucun ours / Jafar Panahi,
- Les banshees d'Inisherin / Martin McDonagh,
- The Batman / Matt Reeves,
- As bestas / Rodrigo Sorogoyen,
- Bruno Reidal / Vincent Le Port,
- Cahiers noirs / Shlomi Elkabetz,
- La conspiration du Caire / Tarik Saleh,
- Contes du hasard / Ryûsuke Hamaguchi,
- Elvis / Baz Luhrmann,
- Les enfants des autres / Rebecca Zlotowski,
- Eo / Jerzy Skolimowski,
- Godland / Hlynur Pálmason,
- Hit the road / Jafar Panahi,
- Incroyable mais vrai / Quentin Dupieux,
- Leila et ses frères / Saeed Roustaee,
- Licorice Pizza / Paul Thomas Anderson,
- Nope / Jordan Peele,
- La nuit du 12 / Dominik Moll,
- Pacifiction / Albert Serra,
- Retour à Reims / Jean-Gabriel Périot,
- Rien à foutre / Emmanuel Marre et Julie Lecoustre,
- Saint Omer / Alice Diop,
- Sans filtre / Ruben Östlund,
- Sous le ciel de Koutaïssi / Alexandre Korebidze,
- The souvenir : parts I & II / Joanna Hogg,
- Top Gun : Maverick / Joseph Kosinski,
- Les travaux et les jours / C.W. Winter et Anders Edström,
- Un autre monde / Stéphane Brizé.

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Et pour conclure...
Vous êtes encore là ? Bien ! J'en profite pour vous dire que 659 films sont sortis en France l'an dernier, à plus ou moins grande échelle. Avant la crise sanitaire, les salles françaises en avaient accueilli 681 en 2017, 670 en 2018 et 685 en 2019 - des chiffres certes positifs pour la diversité, mais qui tendent à noyer les petites productions dans une grande masse. Nous étions descendus à 366 en 2020 et 456 en 2021. Quel serait le point d'équilibre idéal ? Je n'ai pas d'opinion tranchée sur cette question (importante). Et votre avis m'intéresse...

lundi 22 mai 2023

La vie qui lui arrive

J'ai revu passer le nom de Benoît Mariage sur mes sources d'info ciné. Je gardais un bon souvenir des films de ce cinéaste et d'un échange téléphonique avec lui. J'ai fini par passer le cap des critiques mitigées sur son tout nouvel opus pour - enfin - le découvrir par moi-même. Habib, la grande aventure n'a été que peu diffusé. C'est dommage...

Pour ma part, j'ai aimé cette histoire d'un jeune Belge d'ascendance marocaine, bien déterminé à interpréter François d'Assise au théâtre. Pour se fondre dans ce rôle difficile, Habib tend à effacer la culture héritée de ses parents et jusqu'à son prénom. Mais ça ne suffit pas face à un metteur en scène qui le renvoie en fait à son "arabitude" ! Dans le sens inverse, quand le jeune homme passe alors une audition pour un petit rôle au cinéma, il l'obtient parce qu'il se montre capable de prétendre qu'il s'appelle Philippe... sur différents tons. Et le fait qu'il puisse jouer aux côtés d'une très grande comédienne lui cause soudain bien des ennuis ! J'espère que vous pourrez découvrir la suite douce-amère des pérégrinations de ce jeune homme effacé, Pierrot des temps dits modernes incarné par Bastien Ughetto (avec justesse). Le personnage ressemble un peu au petit frère des attachants losers des frères Coen ! J'ai eu envie de le secouer, mais de l'aimer, aussi...

De fait centrée sur son drôle d'anti-héros, cette "grande aventure" déploie aussi toute une galerie de beaux protagonistes secondaires. Dans leurs brefs échanges, quelques répliques bien senties me parlent tout particulièrement. L'une vient me rappeler la sensible différence entre envisager et dévisager, par exemple. Une autre m'aura soufflé le titre de ma chronique, au sujet de cette "vie qui arrive" et heurte parfois celle dont nous rêvons. Il y a de la mélancolie, évidemment. Habib, la grande aventure apporte aussi une vraie dose d'espoir autour de l'acceptation des différences (et, donc, de nos singularités). N'ayez pas peur: le film n'est nullement replié sur une communauté unique. Au contraire: il montre qu'il est possible de vivre heureux avec une identité multiple et, avant tout, que l'essentiel n'est visible que du coeur. Est-ce que cela donne du grand cinéma ? Peut-être pas. Mais oui, je suis sensible à la petite musique du film. Elle me semble d'une humanité proche de celle que je sentais déjà en Benoît Mariage. Une impression qui, en prime, conforte ma francophonie de partage. Une info aux Belges qui me liraient: le film arrivera chez vous en juin.

Habib, la grande aventure
Film (franco-suisso-)belge de Benoît Mariage (2023)

Un regard sur toutes les altérités qui recèle d'une grande empathie pour son personnage principal... et pour ceux qui l'entourent, croqués avec leurs forces, leurs faiblesses et une bonne dose de bienveillance amusée. J'aime vraiment que le cinéma non-spectaculaire soit ainsi. De Benoît Mariage, je conseille aussi Cowboy (et tous les autres) ! D'aucuns parlent d'une "belgitude". Et il me plairait d'en (re)discuter...

vendredi 19 mai 2023

Sous pression

Nous l'avons sans doute oublié: en 2016, d'importantes manifestations agitèrent la Corée du Sud jusqu'au vote d'une motion de destitution contre Park Geun-hye, la présidente, vivement accusée de corruption. Mais que savons-nous au fond de ce pays ? Ce n'est que par le cinéma que j'en ai une vague représentation. Bon. Après tout, c'est déjà ça...

About Kim Sohee
est le dernier film sud-coréen à avoir fait le buzz. C'est à Cannes, l'an passé et en clôture de la Semaine de la critique, qu'il a été projeté en France pour la première fois. Je dois admettre qu'avant de le découvrir, j'ignorais tout de July Jung (Jeong Joon-ri). Scénariste et réalisatrice, elle signe ici son premier long-métrage depuis huit ans. Au départ, il y a un fait divers - je n'en dirai rien. Nous faisons la connaissance de Sohee, une adolescente embauchée pour un stage, officiellement très convoité, dans un centre d'appels. Accueillie sans chaleur, la jeune femme déchante vite en s'apercevant qu'au-delà des discours rassurants de son chef, un système pyramidal fait d'elle un simple pion sur l'échiquier, constamment sous pression. Pas le droit de flancher: si la base tremble, c'est toute la construction qui risque de s'effondrer, ce que les responsables de l'entreprise veulent à tout prix éviter, quitte à accuser leurs salariés des fautes qu'ils ont commises. Se prévaloir de la justice sociale dans ce cadre ultra-capitaliste ? C'est perçu comme un acte de sédition. Dangereux !

Tout cela nous est expliqué en détail dans la première partie du film. La seconde, d'une durée quasi-équivalente, dévoile les conséquences funestes que cette logique a pu avoir dans la réalité. On suit l'affaire dans le sillage d'une enquête policière - dont je ne dirai rien non plus. About Kim Sohee s'appuie alors sur un second personnage féminin important, qui vient progressivement révéler la profonde inhumanité d'un système économico-politique basé sur la recherche du seul profit. Je ne suis pas dupe de ce qui se passe chez nous, mais il est certain que le film ne m'a pas donné envie d'aller voir ce qu'il en est en Corée. Cette vision cinématographie est-elle lucide ? Oui, c'est fort possible. J'ose imaginer que le Pays du matin calme ne l'est pas tous les jours. Quoi qu'il en soit, que le récit prenne ou non des libertés importantes avec les sacro-saints faits "réels" m'importe peu, pour tout vous dire. Il vaut surtout pour son aspect universel (et peut-être intemporel). Quelque chose me dit que tout cela pourrait s'être passé en France. Sauf qu'aucune de nos casseroles n'a conduit au départ du président...

About Kim Sohee
Film sud-coréen de July Jung (2022)

Je crois que c'est la première fois que je vois un film de ce pays réalisé par une femme... et, ma foi, il vaut vraiment le détour ! Difficile, cependant, de le comparer avec un autre opus équivalent. Pour le regard porté sur la jeunesse, Burning est je crois une option intéressante. Memories of murder ? Pour les méthodes discutables d'une partie de la police ? À la limite. Mais c'est un peu capillotracté...

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Autant aller voir ce qu'on en pense ailleurs...

D'autres avis positifs sont à lire chez Pascale, Dasola et Princécranoir.

mercredi 17 mai 2023

Une petite vadrouille

Leslie et Renard croient avoir trouvé un talisman de l'Égypte ancienne sur le site... d'un chantier d'une nouvelle ligne du métro parisien. Après tout, quand on vit en banlieue, on a bien le droit de rêver ! Mais vendre une pièce archéologique est-il véritablement plus simple que de refourguer du shit à la sauvette ? La suite nous dira que non...

Je suis allé voir Grand Paris après avoir été attiré par sa modestie. Combien aura-t-il coûté ? Je l'ignore, mais sans doute pas très cher. J'imagine qu'il ne déchaînera pas les foules, mais je dois admettre qu'après avoir vu sa bande-annonce, je l'ai trouvé sympathique. Porteur en tout cas d'un humour décalé auquel je suis assez sensible. Voir William Lebghil livrer ses potes en burgers Mpabbé ou Neymar suffit à m'amuser, a fortiori quand il les laisse choisir entre sauce algérienne, mayo, samouraï ou bien encore Valéry Giscard d'Estaing ! L'errance nocturne des deux zonards a quelque chose de rafraîchissant dans un paysage cinématographique français (souvent) trop sérieux...

"Il me semble que mon incapacité à me faire accepter dans une école de cinéma m’a directement poussé à faire des films, avec l'énergie décuplée par la frustration et la honte", dit Martin Jauvat, réalisateur de 28 ans et, depuis toujours, habitant de Chelles, Seine-et-Marne. C'est un vrai atout pour le film: après avoir arpenté la périphérie parisienne avec plusieurs types de transports en commun, son auteur maîtrisait parfaitement la dimension topographique de son projet. Pour faire bonne mesure, il s'est également attribué l'un des rôles principaux, aux côtés de Mahamadou Sangaré et d'autres acteurs pro comme Sébastien Chassagne. Et le résultat s'avère plutôt probant. Des clichés subsistent, mais le film tend à les détourner / retourner. Voyez par exemple ce qu'il dit et montre du Brésil, Eldorado supposé de l'un des deux loustics en vadrouille. On est loin de la logique foot ! Loin aussi de l'Égypte ancienne et ça, ce sera à vous de le découvrir...

Grand Paris
Film français de Martin Jauvat (2023)

L'un de ces longs-métrages inattendus qui font aussi le charme éternel du cinéma made in France - sans dépasser l'heure et demie. Bon... je n'irai pas jusqu'à prétendre qu'il s'adresse à tous les publics. Cela admis, je note que d'autres films portent un regard bienveillant sur la banlieue et y introduisent même un soupçon de poésie, parfois. Gagarine en est un exemple. Mercuriales, lui, reste assez "pointu"...

mardi 16 mai 2023

Cannes !

L'heure de la retraite n'a pas encore sonné pour Thierry Frémaux. L'emblématique délégué général du Festival de Cannes aura 63 ans dans deux petites semaines et demeure fidèle à cet engagement fort. Ce mardi, avec lui, une femme ouvre le bal: l'Allemande Iris Knobloch remplace Pierre Lescure à la présidence. Un nouveau cycle commence.

Est-ce que cela changera beaucoup de choses ? Je n'en ai aucune idée. J'ai tout juste envie de croire que le septième art en sortira gagnant. Les chroniqueurs les plus attentifs l'ont déjà souligné: la compétition officielle pour la Palme n'avait jamais accueilli autant de réalisatrices qu'en cette année. Et ? Après les triomphes de Jane Campion en 1993 et Julia Ducornau en 2021, ce n'est certes pas dès ce jour d'ouverture que l'on pourra juger des chances de chaque nouvelle prétendante. Honnêtement, je ne vous promets même pas d'y revenir après coup...

Le Festival de Cannes n'est pas - totalement - sorti de mes centres d'intérêt, mais, ce millésime 2023, je ne le suivrai pas au quotidien. Je n'ai guère vu que quatre des (21) films en lice pour la récompense suprême l'an dernier. J'en suis à 6/24 pour 2021 et 8/21 pour 2019. L'occasion de vous rappeler que la crise Covid avait causé l'annulation de l'édition 2020 et que le cinéma, en règle générale, reste fragile. Autant donc, pour le défendre, l'apprécier dans les salles obscures. C'est ce que j'ai fait avant d'écrire ce billet. Plus d'infos dès demain...

samedi 13 mai 2023

Face à l'oubli

Il ne sera pas mon film de référence sur la Première Guerre mondiale. N'empêche: j'ai plutôt bien aimé C'est mon homme. Je l'avais repéré grâce à son casting (Leïla Bekhti, Karim Leklou et Louise Bourgoin). Joliment filmé, il ne lui manquerait finalement qu'un peu d'émotion pour, peut-être, s'ériger en classique du genre. Cela dit sans regret...

Début des années 1920. Un probable ancien poilu est retrouvé, errant sur un quai de gare. Il a totalement oublié qui il était. Julie Delaunay croit reconnaître en lui Julien, son époux disparu. Son souvenir précis de détails physiques, ainsi que quelques clichés sortis d'un album familial, convainquent le médecin qui s'est occupé de l'amnésique qu'elle dit la vérité. Le "malade" lui est confié pour trois semaines. Tout se passe au mieux, mais une dénommée Rose-Marie Brunet revendique à son tour le revenant comme son mari. Si ce que j'ai lu est exact, plusieurs situations de ce type ont eu lieu à partir de 1918. Comme dans le film, il aura alors parfois fallu que la justice s'empare de dossiers sensibles et tranche pour redonner à chacun son identité. Une précision: le cinéma nous épargne le déroulé de ces procédures...

C'est mon homme
se concentre principalement sur ses deux héroïnes. Elles ne se ressemblent guère, en fait. Julie Delaunay est une femme simple, mais disposant d'un niveau social assez élevé. Elle travaille tout de même, comme portraitiste photo dans l'atelier de Julien. Rose-Marie Brunet, elle, est chanteuse. Elle soutient que l'individu soudain réapparu s'appelle Victor et qu'il est serveur dans le cabaret où elle exerce ses talents. À vous de voir ce qu'il en est réellement. L'important ne réside peut-être pas tant dans la résolution de l'énigme que dans le portrait croisé d'êtres blessés en quête d'apaisement. Pour ce que je peux en savoir, les soldats de 1914 revenus du front avaient du mal à parler de leurs traumatismes à ceux de leurs proches qui n'avaient pas eu à vivre, comme eux, l'horreur des combats. J'imagine qu'on peut voir le film sous ce prisme: la mémoire envolée n'apporte pas (disons... pas toujours) les conditions d'une nouvelle vie heureuse, une fois la paix revenue. Encore faut-il (se) reconstruire. Et cela peut passer par la nécessité de faire des choix déterminants...

C'est mon homme
Film français de Guillaume Bureau (2023)

La relative modestie de cet opus joue légèrement en sa défaveur. J'avais imaginé qu'il serait plus lyrique qu'il ne l'est effectivement. Bon... ce n'est pas très grave. De nombreux autres films permettent d'aborder la Grande Guerre avec davantage d'emphase. Ma référence numéro 1 reste le superbe La vie et rien d'autre. Avec des mentions spéciales pour Les fragments d'Antonin et L'odeur de la mandarine.

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Tout le monde ne partage pas mon avis...

Vous verrez: Pascale, de son côté, n'a que (très) peu accroché au film.

jeudi 11 mai 2023

Au bluff

Question: peut-on décemment réinventer la Shoah ? Je le crois, oui. S'emparer des faits historiques et les tordre pour créer de la fiction autour de la barbarie nazie me semble admissible quand cela est fait avec respect à l'égard des millions de martyrs des camps de la mort. C'est bien sûr un sujet sensible, que je veux aborder avec prudence...

Vadim Perelman explique que son film Les leçons persanes s'inspire d'une nouvelle et de plusieurs éléments factuels qu'il a agrégés au sein d'un seul et même récit. France, 1942. Gilles, un jeune Juif, échappe à une exécution sommaire en prétendant qu'il est de nationalité persane (de nos jours, on dit "iranienne"). Ceux qui devaient l'abattre l'épargnent finalement, parce qu'ils savent leur chef à la recherche d'un professeur de farsi, lui qui a l'intention de s'installer à Téhéran après la guerre. Commence alors une incroyable duperie: sous le nom de Reza, Gilles invente tout un vocabulaire et mystifie ainsi l'officier. Je vous laisse découvrir la suite. Honnêtement, j'ai quelques réserves sur ce long-métrage. Illustrer ce qu'a pu être le quotidien du système concentrationnaire ne me choque pas, mais redonner de l'humanité aux bourreaux reste à mes yeux une démarche tout à fait discutable. L'équilibre est fragile, parfois, et le propos de l'auteur un peu dilué. J'aimerais au moins en retenir la litanie finale autour des identités. Car les victimes d'un crime indicible ne sauraient être innommables...

Les leçons persanes
Film russo-allemand de Vadim Perelman (2020)

Je n'ai pas parlé des acteurs. Le duo principal, Nahuel Pérez Biscayart et Lars Eidinger, nous propose une prestation très correcte. Les rôles secondaires sont eux aussi bien incarnés, non sans un certain courage pour les acteurs allemands - malgré des maladresses scénaristiques. J'ai tout naturellement pensé à La vie est belle pour une comparaison possible. Le pianiste reste également une référence incontournable...

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Le film a-t-il marché en France ?

Non: 64.272 entrées... dont celle de Pascale, qui nous donne son avis.

lundi 8 mai 2023

Le choix de se taire

Autant que je vous le dise tout de suite: je considère Rebecca Marder comme l'une des actrices de France les plus intéressantes du moment. Une révélation ? Peut-être pas, car, sur son CV, il est mentionné qu'elle fut, à 20 ans, la plus jeune pensionnaire admise à la Comédie française depuis Isabelle Adjani courant 1972. C'était hier. En 2015...

Huit années ont passé. Sans avoir négligé le théâtre, la jeune femme fréquente à présent les plateaux de cinéma. C'est d'abord pour elle que j'ai souhaité voir De grandes espérances, un thriller politique dont les premières images m'avaient semblé (très) prometteuses. Rebecca Marder incarne Madeleine Pastor, une brillante étudiante issue de ce qu'on appelle "un milieu modeste". La voilà sur une plage corse pour quelques jours de repos estival, puis accueillie à un dîner organisé dans une maison appartenant au père de son compagnon. Sans s'inquiéter de ce qu'on pensera d'elle, Madeleine ose répondre aux questions d'une ex-ministre et témoigne alors d'idées orientées très à gauche. On la sent bien déterminée à s'engager dans l'arène politique, mais quelque chose de grave survient... et tout bascule. Placée en première ligne, Madeleine devra renoncer à ses ambitions ou alors ne jamais révéler ce qu'elle a fait - au risque du scandale. C'est d'abord un peu forcée qu'elle s'oriente vers la seconde solution. Dans quel engrenage a-t-elle mis le doigt ? C'est tout le sujet du film !

Madeleine Pastor n'est certes pas seule: elle n'est "que" le personnage principal. D'autres protagonistes gravitent autour d'elle, portés aussi par de très bons comédiens. Je cite par l'image un autre visage familier du jeune cinéma français: l'impeccable Benjamin Lavernhe. C'est la toute première fois, je crois, que je l'observe dans un rôle relativement ambigu et, pour tout dire, un peu effrayant pour cela. Pas question toutefois d'oublier Emmanuelle Bercot: j'ai été sévère dans mon opinion à son égard plusieurs fois, mais ici, je l'ai trouvée excellente en femme politique rompue à presque toutes les batailles. De grandes espérances profite encore du talent d'autres acteurs discrets, comme par exemple le très juste Marc Barbé. Bravo, donc. Vous dire encore que, sur le plan formel, le film est également réussi. Le premier plan - la mer Méditerranée vue depuis les profondeurs - donne d'emblée l'idée de secrets enfouis et d'une sorte de tragédie classique dévoilée à nos yeux de spectateurs, bien incapables d'agir pour l'empêcher. À vrai dire, il n'est pas certain que cela soit possible.

De grandes espérances
Film français de Sylvain Desclous (2023)

Le secret est bien un ingrédient intéressant pour le septième art ! Grâce à ce film, j'ai par ailleurs eu le plaisir de découvrir un cinéaste que je ne connaissais pas. Affaire à suivre à plus d'un titre, donc. Avant cela, je vous conseille à nouveau de porter un regard attentif sur El reino, un autre grand film lié à la politique (espagnol, celui-là). Côté français, L'exercice de l'État et Président méritent un détour...

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Une anecdote étonnante...

Il apparaît peu dans le film, mais y joue (bien) le rôle d'un homme politique d'une sincérité discutable... et, de fait, largement discutée. Thomas Thévenoud, ex-député de 2012 à 2017, est devenu acteur. Rappel: un temps, il s'était dit atteint d'une "phobie administrative" pour expliquer ses non-déclarations de revenus auprès du fisc. Aujourd'hui, il paraît qu'il a déposé l'expression - comme une marque !

Et pour en revenir au film...
Je vous signale qu'il a également été chroniqué par Pascale et Dasola.

samedi 6 mai 2023

Mystères

Allez, pour (bien ?) finir la semaine, une chronique avec deux films ! Vous me pardonnerez cette facilité: je n'ai pas envie de m'étendre. J'admets que le rapprochement est hasardeux, même si ces deux opus sont bizarroïdes et - au moins pour partie - de culture hispanique. Avant que vous ne partiez, je vais quand même vous expliquer cela...

Memoria
Film colombien d'Apichatpong Weerasetakhul (2021)

Mes retrouvailles avec l'auteur de la si controversée Palme d'or 2010 ! Avec Tilda Swinton, le cinéaste thaïlandais nous propose une histoire qu'il situe loin de son pays: en Colombie, donc. Le pitch minimaliste n'éclaire guère sur ce qu'il veut dire. On fait aussitôt connaissance avec Jessica, venue au chevet de sa soeur, hospitalisée à Bogotá. Pourquoi ? On ne le sait pas. Mais ce que l'on remarque dès le début du métrage, c'est que Jessica dort mal, puisqu'elle est réveillée régulièrement par un bruit étrange d'origine inconnue. À un ingénieur du son qu'elle rencontre alors, elle le décrit comme celui d'une boule de béton tombé dans un saut métallique entouré d'eau de mer. Accrochez-vous: vous voilà partis pour deux heures d'un mystère comme on en voit peu - c'est-à-dire sans véritable résolution. La note moyenne que le film m'inspire reflète, je crois, ma circonspection. Par ses longs plans fixes, le film a aussi quelque chose de fascinant. Ses producteurs sont colombiens et thaïlandais, mais aussi allemands, chinois, français, mexicains, britanniques, suisses et qataris. Eh oui !

Creaturas (ou Manticore)
Film espagnol de Carlos Vermut (2022)

J'hésite sur le titre pour une raison simple: en Espagne, le film circule sous le titre Mantícora, mais un autre mot de la langue de Cervantès a été utilisé pour son exploitation dans divers festivals de France. Reviendra-t-on ensuite à une traduction littérale lors de la sortie officielle dans les salles, prévue le 9 août ? Je l'ignore. On verra bien. Le plus important reste évidemment de s'intéresser au scénario. Julián, jeune Madrilène plutôt introverti, travaille comme designer graphique dans un studio de jeux vidéo. Sa spécialité: les monstres. Un jour, un peu par hasard, il rencontre Diana, une jeune femme déterminée à vivre sa vie, même si elle doit s'occuper de son père. Entre ses deux êtres plus ou moins abîmés, le courant passe bien. Toute la mise en scène nous suggère cependant qu'un non-dit persiste entre eux, qui pourrait être destructeur pour leur idylle. Les crises d'angoisse de Julián révèlent que quelque chose ne tourne pas rond. Et la vérité ? Effroyable, elle se cache sous les oripeaux de la banalité. Un film vraiment éprouvant et pourtant, je suis content de l'avoir vu !

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Ailleurs, les mystères planent aussi...

Vous pourrez retrouver Memoria chez Pascale, Strum et Benjamin. Pour Creaturas, vous devriez trouver quelques autres chroniques publiées sur le Net, mais pas sur les blogs que j'ai l'habitude de citer. Pas encore, disons: cela changera peut-être au cours du prochain été.

jeudi 4 mai 2023

Éloge de la fugue

Allez, aujourd'hui, encore un film d'animation ! Je dois reconnaître que je n'avais pas entendu parler de 7 jours avant de tomber dessus par hasard. Je ne connaissais pas non plus son réalisateur. J'ai appris depuis qu'il a 38 ans et s'est fait connaître au festival d'Annecy 2020 en adaptant ici un grand succès de la littérature jeunesse japonaise...

Un bond dans le temps a été nécessaire: en effet, le roman originel date de 1985, si mes sources sont exactes (bien que très imprécises). Un point indiscutable: il est ici question d'un ado prénommé Mamoru. Un jour d'été, le jeune garçon apprend que Aya, la fille qu'il aime secrètement depuis l'enfance, va devoir suivre son père et déménager dans une autre ville, sans qu'il ait pu lui souhaiter "bon anniversaire" !

Bon... le duo choisit alors de fuguer, mais Aya invite sa bande d'amis au grand complet pour filer loin des adultes. Cachée dans une mine désaffectée, la fine équipe découvre soudain un enfant thaïlandais séparé de ses parents et, pour cela, pourchassé par la police nippone. Stop ! J'en ai assez dit sur le scénario, qui brasse des thématiques inattendues - et peut-être un peu trop nombreuses - dans un tel film. 7 jours est si généreux que je trouve plutôt difficile de lui reprocher d'être souvent invraisemblable. Pardi... c'est du cinéma, voilà tout ! L'aspect saccadé de l'animation rebute, mais j'ai pris un certain plaisir devant ces images naïves. À conseiller aux 12-14 ans, à vue de nez...

7 jours
Film japonais de Yuta Murano (2019)

Je n'avais pas revu de "japanimé" depuis Junk Head l'année dernière et je vous assure: mis à part pour leur nationalité, ces deux films paraissent presque à l'opposé l'un de l'autre tant ils sont différents. Bon... la candeur de celui que j'ai évoqué aujourd'hui ne rivalise pas avec celle des Miyazaki (Mon voisin Totoro ou Ponyo sur la falaise). Reste le plaisir d'avoir pu découvrir un cinéaste... et plus si affinités !

mardi 2 mai 2023

Aller plus loin ?

Cela remonte aux années 1980. Mon plus ancien souvenir de dessin animé découvert au cinéma ? Je pense au Robin des Bois de Disney. D'ailleurs, je constate que le film fêtera ses 50 ans en novembre ! Bref... depuis, l'empire de Mickey a encore grandi et se déploie aussi sur sa plateforme numérique: Disney +. Eh oui, les temps changent...

C'est sur cette plateforme que j'ai vu Avalonia, l'étrange voyage. Attention à la polémique: le film n'est jamais sorti dans les salles françaises, les textes réglementaires obligeant en fait ses créateurs américains à attendre dix-sept mois après cette possible diffusion avant d'être autorisés à enchaîner sur leur propre outil SVOD. Résultat: Disney a réservé cette création 2022 à ses seuls abonnés. Franchement, sans être naïf, je trouve cela dommage d'en arriver là et que la magie du grand écran s'oublie à nouveau, derrière la norme !

Bon... et j'ai donc vu un dessin animé plutôt sympa. La paradoxe étant que, dans les pays où il est sorti en salles, il a peu marché. Avalonia... raconte l'histoire d'un explorateur, décidé à aller voir enfin ce qui se passe derrière les montagnes qui bornent son pays. Lors d'une expédition, il tourne le dos à son fils, qui reculerait volontiers face au danger, ayant déjà découvert une plante inconnue. 25 ans plus tard, le père n'est pas réapparu et la forme de vie végétale ramenée par le fiston est devenue la principale source d'énergie du monde connu ! S'ensuit un récit d'aventures inattendues plutôt classique, mais d'une très belle richesse esthétique et porteur de valeurs contemporaines comme l'écologie ou la non-discrimination des sexes - des thématiques pas si courantes chez Disney, de fait. L'un des personnages est même gay, sans que ce soit un motif d'incompréhension pour les autres (et/ou de souffrance) pour lui. J'insiste: franchement, j'ai passé un chouette moment devant ce film d'animation. Et j'espère que le prochain sera visible sur grand écran...
 
Avalonia, l'étrange voyage
Film américain de Don Hall et Qui Nguyen (2022)
Surprise possible pour les fans de Disney: il n'y a pas de méchant incarné dans ce long-métrage destiné aux enfants et aux familles. Dans le ton, il reste somme toute très américain, avec des clins d'oeil amusants vers la culture pop du récit d'aventures. Avant la sortie prochaine du tout nouvel Indiana Jones, d'autres bons plans animés s'offrent à vous. Je vous propose un exemple (français): Terra Willy.