Le principe que j'ai retenu pour ce blog, c'est de chroniquer les films dans l'ordre où je les vois. Cette précision explique la date "choisie" pour la critique du jour. C'est en effet seulement longtemps après avoir d'abord lu le livre, et dès le lendemain du jour où je suis allé voir le sixième épisode au cinéma, que j'ai finalement (re)découvert la cinquième des aventures du sorcier made in England: Harry Potter et l'ordre du phénix. L'une des premières choses à signaler, c'est que c'est le premier des quatre films qu'aura réalisés le Britannique David Yates, qui clôturera donc la saga sur grand écran, privilège probablement envié. En toute première analyse également, je dois dire que cet opus m'a paru plus rythmé que celui qui le suit, peut-être simplement parce que le scénario s'y prête davantage. L'aventure démarre d'ailleurs assez mal pour le jeune sorcier, jugé pour avoir fait un usage inconsidéré de ses pouvoirs magiques. Ce qui, de fait, est un délit pour l'adolescent mineur qu'il est encore, a fortiori commis en dehors de tout cadre scolaire. Le problème, dans tout ça, c'est que l'ami Harry a surtout utilisé sa baguette pour se protéger, ainsi que pour sauver la peau de son cousin Dudley. Il sait que Lord Voldemort est de retour, ce dont beaucoup autour de lui doutent encore. Mais je ne vais pas vous en dire davantage...
Harry Potter et l'ordre du phénix marque sans doute une rupture. Les problèmes du garçon se font de plus en plus sérieux et l'espace préservé de l'école Poudlard ne l'est plus vraiment, d'autant moins que le vieux directeur, Albus Dumbledore, a tôt fait d'être remplacé au profit d'une dénommée Dolores Ombrage, dont la tenue rose bonbon et le goût pour les petits chats cachent fort mal une cruauté pour le moins acharnée. Le film illustre la manière dont l'intéressée tente de mettre la communauté des jeunes sorciers sous sa coupe, dans une allégeance au ministère de la Magie qui ne manquera pas d'interroger les néophytes. Encore une fois, je ne veux point en dire trop. La rupture dont je parlais tout à l'heure s'opère évidemment autour du personnage négatif de la série, Lord Voldemort himself. Jusqu'à présent menace diffuse et encore contenue, ledit Seigneur des Ténèbres est de plus en plus présent et, si je me souviens bien du quatrième épisode, dans une très juste continuité des choses. Bref, le scénario s'assombrit donc selon la même logique et je crois que c'est là toute la force de la saga de J.K. Rowling: à mesure même que le héros grandit, elle sait accompagner aussi les jeunes amateurs vers des idées plus profondes, des enjeux dramatiques, en somme une intrigue plus mâture.
Au cinéma, tout cela tient plutôt très bien la route. Le méchant s'incarne presque logiquement dans une galerie de personnages hauts en couleurs que l'on prend plaisir à retrouver et/ou à découvrir au fur et à mesure des épisodes. Il est aussi parfois question de nostalgie d'une vie de famille dans Harry Potter et l'ordre du phénix, en fait de manière d'autant plus sensible et touchante que le jeune sorcier serait finalement un solitaire face à son destin, s'il n'avait ses amis avec lui. Orphelin de père et mère, on sait toutefois que Harry a également un parrain, lequel va d'ailleurs jouer un rôle assez central dans cet épisode particulier. Ceux qui seront allés au cinéma récemment et seront restés frustrés d'une action un tantinet plus trépidante en reprendront volontiers une dose cette fois-ci. Scènes particulièrement appréciables: celles où, avec quelques camarades, notre héros se prépare à riposter à l'attaque des forces du mal, préparation qui, là encore, aura une importance tout à fait décisive dans le déroulement du scénario. L'une des réussites de la saga reste de tenir la distance, ce que je trouve d'autant plus remarquable qu'elle s'écoule au final sur plusieurs milliers de pages. Sur pellicule maintenant, il est clair que les histoires se font plus elliptiques. Jusqu'à présent, ça n'a toutefois pas franchement gâché mon plaisir. Ce n'est pas du grand cinéma, mais toujours du bon divertissement.