samedi 5 juillet 2025

Un dernier adieu

Sal refuse toujours de danser s'il n'est pas d'abord un peu éméché. C'est la conviction de Zoe, sa compagne, avec qui il boit un verre avant de sortir faire la fête. Erreur: le couple a un accident, mortel pour la jeune femme. Quelque temps plus tard, le tout dernier recours d'un homme désespéré pourrait venir... de l'innovation technologique.

Another end
s'appuie sur l'idée qu'une opération permet l'implantation complète (et provisoire) du caractère et des souvenirs d'une personne décédée dans le corps d'une autre, volontaire, qu'on appelle l'Hôte. L'objectif est de permettre aux vivants de mieux faire leur deuil quand ils y parviennent mal et/ou quand ils n'y étaient pas préparés. Après examen du demandeur, ce sont les scientifiques eux-mêmes qui déterminent ce qui est possible et combien de temps l'expérience peut durer. Avec Sal et pour Zoe, son Absente, le procédé "marche". Autant vous le dire: ce film de SF que certains critiques de la presse spécialisée jugent trop référencé ou même balourd m'a beaucoup plu. J'ai notamment été très satisfait d'y retrouver Gael Garcia Bernal dans le rôle principal, ainsi que Bérénice Bejo (Ebe, la soeur de Sal). Venu d'Italie, ce film parle anglais et espagnol: ce n'est pas gênant. Les beaux cadres urbains et la musique créent l'atmosphère parfaite !

Et puis, il y a Renate Reinsve, cette remarquable actrice norvégienne que vous connaissez peut-être... et que je viens juste de découvrir. Elle hérite du rôle le plus complexe et s'en tire admirablement. Comprenez bien une chose: Another end ne repose pas sur des effets spéciaux spectaculaires: c'est pour ainsi dire une oeuvre d'ambiance. J'imagine qu'on peut être dérouté par son côté explicite par les mots. C'est vrai que les images, elles, sont essentiellement fonctionnelles. L'ensemble du métrage n'en vient pas moins nous solliciter sur le plan émotionnel: cette histoire est bien, au départ, d'une grande tristesse. Mais derrière le rideau des larmes, une réflexion sur ce qui fait la vie humaine enrichit bien sûr le scénario d'une dimension philosophique que je veux croire universelle. À la portée de toutes et tous, donc. Bien entendu, ce n'est pas forcément pour affronter ce genre de récits que vous aimez aller au cinéma: je peux comprendre cette réserve. Apparemment, le film reste très confidentiel: je ne suis pas surpris. Je l'ai regardé un après-midi de grand soleil et je ne le regrette pas...

Another end
Film (franco-britannico-)italien de Piero Messina (2025)

Je suis vraiment exigeant avec la science-fiction et j'ai été happé. Sans conteste, les trois acteurs principaux y sont pour quelque chose. Tout a fonctionné pour moi dans ce récit situé dans un cadre urbain moderne et que cet opus aura choisi de conjuguer au futur proche. Pour comparer, Bienvenue à Gattaca, A.I. : Intelligence Artificielle et Eternal sunshine of the spotless mind sont des joyaux à (re)voir !

vendredi 4 juillet 2025

Des îles et elles

Blandine, une quadra divorcée, avait perdu de vue Magalie, sa copine des années lycée. C'est par hasard et grâce à l'entremise de son fils qu'elle retrouve cette amie. Un premier resto et les deux adultes s'envolent vers des vacances communes sous le soleil de la Grèce. L'occasion parfaite pour se découvrir des caractères bien différents...

Disons-le: au départ, Les Cyclades est conçu comme une comédie. Laure Calamy impose une fois de plus sa grande pétulance naturelle face à une Olivia Côte plus effacée - ce que son rôle exige, bien sûr. Dans cette opposition de styles, le film n'est pas d'une originalité folle. Il se complexifie un peu avant la fin, quand les rires s'effacent. Vient le temps d'une (courte) réflexion sur les femmes "vieillissantes".

Et apparaît un troisième personnage, Bijou, que Kristin Scott Thomas défend dans un contre-emploi assez savoureux, avec le grand talent qu'on lui connaît. Est-ce qu'à Santorin, Mykonos et Amargos, tout finit toujours par s'arranger ? Ce sera à vous, désormais, de le découvrir. Personnellement, j'ai trouvé le voyage vers les îles plutôt agréable. Ces dames ne sont qu'à peine dérangées par les présences masculines et, même réalisé par un homme, le long-métrage reste très féminin. Vous aurez noté que je ne parle pas de féminisme: rien de militant dans cette histoire, dépaysante mais en réalité tout à fait classique. Pas de crainte: elle ne vaut pas - seulement - pour la beauté du décor.

Les Cyclades
Film français de Marc Fitoussi (2023)

Un bon moment que cet opus récent, qui s'est d'ailleurs avéré capable d'attirer quelque 380.000 spectatrices/teurs dans les salles de France. Un détail amusant: trois ans plus tard, le duo d'actrices est identique à celui d'Antoinette dans les Cévennes (un film un peu plus réussi). Pour information, Le grand bleu apparaît souvent dans les dialogues en référence. Ce n'est certes pas la Grèce de Canine ou de Blind sun.

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En complément du jour, deux liens...

Cela vous permettra de retrouver aussi les avis de Pascale et de Lui.

mercredi 2 juillet 2025

Magouilles à répétition

Non, Wes Anderson ne fait pas toujours le même film ! C'est Allociné qui l'affirme dans un article récent, afin de dissiper tout malentendu ou cliché persistant à l'égard du plus français des réalisateurs texans. Je ne l'avais pas lu quand je suis allé voir The Phoenician scheme. Resté bredouille à Cannes, cet opus est le douzième long du cinéaste !
 
Anatole Zsa-Zsa Korda est un industriel à l'aise avec les magouilles. C'est de justesse qu'il échappe à une sixième tentative d'assassinat. Remis de ses blessures, il fait de sa fille (une nonne !) son héritière unique "à l'essai" et l'embarque dans une tournée de ses partenaires financiers. Son objectif est double: lancer un tout nouveau projet d'envergure et définir un pacte d'actionnaires suffisamment solide pour répartir les dettes qui surviendraient au cours de son exécution. Sur cette base étonnante, vous aurez droit à une comédie d'aventures assez loufoque, en compagnie de très nombreux acteurs déjà aperçus dans l'univers Anderson et de quelques "petits nouveaux" motivés. Objectivement, sur le plan de la mise en scène, c'est du classique. Pour ce qui est de l'intrigue, en revanche, The Phoenician scheme conserve une originalité de bon aloi, dont, à mon avis, le cinéma américain d'aujourd'hui demeure - un peu - trop souvent dépourvu. Avis aux amateurs et à ceux qui découvriraient ce type d'histoires. Ma mère a vu le film avec moi et l'a trouvé déjanté. À vous de juger !

The Phoenician scheme
Film américain de Wes Anderson (2025)

J'avais laissé passer le précédent film du cinéaste et le retrouve égal à lui-même - ce qui n'est pas véritablement un reproche, sachez-le ! Parmi ses créations en images réelles, je préfère Moonrise Kingdom et The Grand Budapest Hotel (sans parler des films d'animation). Chaque film est différent, c'est vrai, mais il y a une patte Anderson. Et visiblement, les professionnels de la profession l'aiment toujours...

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Et qu'en dit-on ailleurs ?

Pascale serait-elle lassée ? Sa chronique est en tout cas très mitigée. Quant à l'ami Princécranoir, il ne se montre guère convaincu non plus. Au besoin, vous pourriez également vous référer à l'analyse de Strum.

mardi 1 juillet 2025

Quelques chiffres

Comment débuter ce second semestre 2025 ? J'ai beaucoup réfléchi avant de vous proposer un petit bilan chiffré des six mois écoulés. Hier midi, je vous ai présenté le 70ème film que j'ai vu cette année. Pas mal: c'est trois de plus que l'an passé, pile à la même époque ! Mais je reste trèèèès loin du score qu'atteignent d'autres cinéphiles...

Si on découpe ce chiffre, ça donne...

33 films vus au cinéma / 37 films vus sur ma télé
66 films en images réelles / 3 films d'animation / 1 film "hybride"
65 films en couleurs / 5 films en noir et blanc
58 films d'hommes / 12 films de femmes
41 films des années 2020 / 39 films des décennies précédentes

Et du point de vue des nationalités...
25
films français / 14 films américains / 6 films italiens
3 films argentins / 3 films britanniques / 2 films belges
2 films brésiliens / 2 films espagnols / 2 films japonais
1 film allemand / 1 film canadien / 1 film chinois
1 film iranien / 1 film irlandais / 1 film letton
1 film somalien / 1 film sud-coréen / 1 film suisse
1 film tunisien / 1 film uruguayen

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Rien d'aussi passionnant que le cinéma, mais...

J'aime bien faire ce genre de chronique sous forme de récapitulatifs. Si vous avez envie de lire d'autres infos dans le genre... dites-le moi !

lundi 30 juin 2025

Sean et c'est tout ?

Je savais avant même de le regarder que La ligue des gentlemen extraordinaires avait mauvaise réputation. Cette adaptation cinéma d'une série de comics d'Alan Moore et Kevin O'Neill (lancée en 2001) réunit plusieurs héros charismatiques: Allan Quatermain, Dorian Gray, Tom Sawyer, le docteur Jekyll, le capitaine Nemo et d'autres encore...

1899. De violentes attaques successives laissent craindre une guerre prochaine entre l'Allemagne et l'Angleterre. Un groupe d'aventuriers est constitué pour identifier le véritable coupable de ces crimes. Rapidement, l'équipe découvre qu'ils sont le fait d'un "Fantôme" déterminé, avec son armée, à déclencher une apocalypse planétaire. Avouons-le: si j'ai daigné me frotter au film, c'est parce que le rôle principal a été confié à Sean Connery. L'Écossais avait alors 73 ans. Impeccable, il affiche une santé de jeune homme derrière sa barbe blanche et sa vitalité fait de lui le leader naturel de toute la bande. Sans vraie surprise, le générique le crédite aussi comme producteur. La ligue des gentlemen extraordinaires est sa dernière apparition au cinéma, 48 ans après ses débuts, et lui valut quelques critiques salées. Ses effets spéciaux paraissent un peu old school aujourd'hui. Rien de scandaleux, mais rien de follement enthousiasmant non plus !

La ligue des gentlemen extraordinaires
Film britannique de Stephen Norrington (2003)

Coproduction internationale, cet opus affiche aussi les nationalités américaine, tchèque et allemande: un gloubi-boulga un peu frelaté. Peut-être est-il arrivé un peu tôt: la série dessinée s'est développée sur plusieurs tomes jusqu'en 2020 (USA, Delcourt et Panini Comics). Dans un genre assez proche, je préfère Les aventures de Rocketeer. Et si vous voulez vous marrer, vous pouvez le faire avec Guardians...

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Peu de chroniques sur le film du jour...

Je souligne toutefois que Laurent lui avait donné une seconde chance.

dimanche 29 juin 2025

Tarifs réduits

Je n'ai pas grand-chose à dire aujourd'hui, si ce n'est que ce dimanche marque l'ouverture de la Fête du cinéma. De nombreux exploitants nous proposeront donc, jusqu'à mercredi inclus, des places à 5 euros. C'est une aubaine pour rattraper certains films négligés jusqu'alors. Parmi les sorties récentes, je vise F1 - Le film et 13 jours 13 nuits !

C'est la quarantième fois que l'opération est organisée dans les salles françaises. L'édition de l'année dernière avait établi un record historique en attirant 4,65 millions de spectateurs, soit deux fois plus que sa devancière. Un "exploit" qu'il faut nuancer: ce millésime 2024 pouvait en effet compter sur l'apport de grands succès populaires confirmés tels Un p'tit truc en plus ou Le comte de Monte Cristo. Principal bénéficiaire: Vice-versa 2, avec une fréquentation repartie à la hausse après un plafonnement constaté en deuxième semaine. Mais oubliez les chiffres: la Fête du cinéma, c'est avant tout une fête. Chacun(e) reste libre de ses choix sur le(s) film(s) à ne pas manquer !

jeudi 26 juin 2025

La vie (et l'héritage) d'Adèle

1895 n'est pas seulement l'année de la première projection publique du cinématographe, mais aussi celle qui a vu naître ma grand-mère paternelle. Cédric Klapisch, que je considère comme l'un des cinéastes emblématiques de ma génération, a choisi d'y situer toute une partie de l'action de son dernier film. Son beau titre ? La venue de l'avenir.

Résumons. 2025: tous les membres encore en vie d'une même famille héritent d'une bicoque oubliée au fin fond de la campagne normande. Sachant qu'ils ne se connaissent pas tous entre eux, le notaire chargé de leur dossier mandatent quatre cousins pour découvrir la masure. Après l'avoir visitée, ils pourront la conserver ou choisir de la vendre à un promoteur qui envisage de la détruire pour implanter un centre commercial et un parking sur le terrain. Une décision lourde de sens pour des parents - Guy, Abdelkrim, Séb et Céline - qui ignoraient tout d'Adèle, leur aïeule, et n'ont pas forcément les mêmes valeurs de vie. Apiculteur, prof, créateur de contenus ou femme d'affaires, leurs jobs divergent, eux aussi, et leur donnent donc des regards très différents sur ce qu'il convient de faire de la manne d'une succession inattendue.

Admettons-le: les personnages de Cédric Klapisch nous ressemblent. Le cinéaste reste un observateur avisé de la France contemporaine. Oui, mais... cette fois, il nous offre aussi un voyage dans le passé. Une bonne moitié de La venue de l'avenir a ainsi pour décor le Paris de la fin du 19ème siècle (après un voyage en bateau sur la Seine). J'aime particulièrement la façon dont le film est monté: le monde d'hier et celui d'aujourd'hui s'entremêlent naturellement, de manière fluide. Les scènes se font ainsi joliment écho les unes aux autres. Cela permet notamment au spectateur de découvrir toute une galerie de protagonistes attachants, confiés à des comédien(ne)s de talent. Certains membres de la joyeuse troupe émergent tout juste, à l'image de Suzanne Lindon, Paul Kircher ou Abraham Wapler, quand d'autres affichent davantage d'expérience - Julia Piaton et Vincent Macaigne. Avec eux, quelques habitués - Cécile de France, Zinedine Soualem - et/ou de vieux briscards du cinéma que je vous laisserai découvrir. Bonus pour les amateurs: La Nuit, une (nouvelle) chanson de Pomme !

La venue de l'avenir
Film français de Cédric Klapisch (2025)

Une pleine réussite ? Non, mais un long-métrage très honorable. Étrangement, je l'ai trouvé quelque peu en décalage avec les autres du réalisateur. Mes préférés ? Le péril jeune et Les poupées russes. Une mention spéciale pour la très bonne idée d'alterner les époques. Bon... ce n'est pas aussi trépidant que dans Retour vers le futur. N'empêche: j'ai passé un chouette moment avec un cinéaste familier !

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Et vous verrez que je ne suis pas le seul...

Il me semble que Pascale est encore plus enthousiaste que moi. Dasola, elle, se montre plus mesurée, mais reste clairement positive.

MAJ (samedi 27, 10h48)
: sous l'insistance de Pascale, j'augmente ma note et l'arrondis donc à quatre étoiles pleines - et bien méritées !

lundi 23 juin 2025

Come-back en cuisine

Il ne reste que peu de temps avant l'ouverture de son restaurant gastronomique. Boule de stress, Cécile se sent obligée de retourner auprès des siens quand elle apprend que son père a eu un infarctus. Elle se donne quelques jours pour le convaincre de fermer son relais routier. Et, à nouveau, partir à Paris pour enfin vivre sa propre vie...

Je vous l'avoue: je fais partie de ceux qui s'étonnent que ce petit film qu'est Partir un jour ait pu ouvrir le dernier Festival de Cannes. Aucun(e) cinéaste dans le monde n'avait eu cette chance auparavant pour son premier long-métrage ! Une explication possible: cet opus arrive après un court-métrage éponyme, sorti en 2022 et couronné d'un César. Amélie Bonnin, la réalisatrice, a donc fait "coup double". Certains acteurs, Juliette Armanet et Bastien Bouillon en tête, aussi. Personnellement, je m'en réjouis plutôt: ce que j'ai vu au cinéma correspond assez à mes attentes en matière de divertissement. Conseil d'ami: ne pas attendre de l'histoire qu'elle soit très originale. Elle est celle de gens ordinaires dans un milieu ordinaire. S'identifier à l'un - ou l'autre - des protagonistes n'est dès lors pas très difficile...

Outre les deux comédiens déjà cités, j'ai aussi apprécié le jeu du duo parental (Dominique Blanc et François Rollin) et l'interprétation subtile d'un acteur que je n'avais pas identifié jusqu'alors (Tewfik Wallab). L'intérêt de Partir à jour ne se limite toutefois pas à la présence d'une troupe bien inspirée. Comme vous l'aurez peut-être remarqué avant que j'en fasse écho, le film porte le même titre... que l'hymne d'un boys band des années 1990, les fameux 2Be3 - dispo sur Youtube. Cet improbable tube et d'autres classiques de la chanson populaire rythment le long-métrage et sont même, je crois, sa raison d'être. Détail intéressant: ils sont tous chantés, non pas par leurs interprètes premiers, mais par les personnages eux-mêmes. Et ça fonctionne ! Certes, d'autres réalisateurs ont eu cette idée avant Amélie Bonnin. Soyez-en assurés: cela ne m'a pas empêché de trouver sa création plaisante. Bon, de là à en faire une nouvelle référence, il y a un pas...

Partir un jour
Film français d'Amélie Bonnin (2025)

J'ai aimé la simplicité de ce projet et la modestie du film terminé. Bien accueilli par la presse, il n'a cependant pas fait de vrai "carton" auprès du public au cours de ses premières semaines d'exploitation. On est loin, très loin de l'envergure et du résultat d'un La La Land. Tout cela pourrait me motiver à revoir On connaît la chanson, l'opus musical d'Alain Resnais, César 1998 du meilleur film ! J'y reviendrai...

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En attendant, pour un contrepoint...

Je vous recommande de lire la chronique - très négative - de Pascale. En n'oubliant pas de jeter un oeil aux commentaires qui s'y attachent !

samedi 21 juin 2025

À mains armées

L'anecdote est plutôt cocasse: née au Moyen-Âge, la pratique du duel aurait perduré en France jusqu'en avril 1967 et l'opposition à l'épée entre deux députés, René Ribière et Gaston Deferre. Mon film d'aujourd'hui, quant à lui, se passe peu avant la fin du 19ème siècle. Inspiré de quelques personnages réels, il s'agit pourtant d'une fiction !

Conçu par Vincent Perez, alias Christian dans le Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, ce beau film en costumes qu'est Une affaire d'honneur a pour héros un maître d'armes réputé, que le Tout-Paris admire également en sa qualité de vétéran de la guerre de 1870-71. Napoléon III mort et enterré, cette toute jeune Troisième République pousse certaines femmes à revendiquer la stricte égalité des droits avec les hommes - le film ressuscite Marie-Rose Astié de Valsayre. Stop ! Désormais, c'est à vous de découvrir comment le cinéma permet la rencontre entre cette (authentique) pionnière des combats féministes et l'ancien soldat (imaginaire) que j'ai précédemment cité. Est-ce que cela vaut le coup ? Si vous appréciez les acteurs, oui ! Doria Tillier et Roschdy Zem forment assurément un duo convaincant. Et ils sont bien entourés, par Vincent Perez lui-même, et un casting intéressant, avec notamment Guillaume Gallienne et Damien Bonnard. La reconstitution soignée peut compenser les petites failles du récit. Je crois tout de même avoir vu ce qu'on appelle un film d'homme(s)...

Une affaire d'honneur
Film français de Vincent Perez (2023)

Mention... honorable pour ce quatrième long de l'acteur-réalisateur suisse. Je n'ai rien vu de superbe, mais j'ai passé un bon moment devant ma téloche (un support "suffisant" pour ce long-métrage). L'époque vous intéresse ? J'accuse mérite toute votre attention. Toujours au 19ème, mais au début, j'avais bien aimé Vincent Cassel dans L'empereur de Paris. Des recommandations ? Je reste preneur !

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Il faut reconnaître que le film ne fait pas l'unanimité...

Je vous propose donc de lire d'autres avis chez Pascale, Dasola et Lui.

jeudi 19 juin 2025

Un père et manque

Le célibat est-il plus facile à vivre... quand on est avec son enfant ? C'est la question que pose le réalisateur et scénariste Erwan Le Duc dans son second long-métrage: le bien nommé La fille de son père. Céleste Brunnquell - 22 ans - et Nahuel Pérez Biscayart - 39 ans - tiennent les rôles principaux de cette petite comédie au coeur tendre.

Tout débute par un coup de foudre réciproque entre Étienne, joueur de football, et Valérie, étudiante, qui se retrouvent dans une manif' dispersée par la police. C'est en échappant ensemble à un contrôle que nos deux protagonistes se découvrent amoureux l'un de l'autre. Patatras ! Pile-poil neuf mois plus tard, Rosa déboule dans leurs vies empressées. Un bébé qui conduit sa maman à fuir, laissant le papa tout triste et bien seul face aux obligations parentales. Fondu au noir et avance rapide: nous retrouvons Rosa adolescente, à quelques jours d'un déménagement à Metz, la ville de son école d'art. Un événement qu'Étienne voit arriver avec une bonne dose d'angoisse existentielle. Bon... je suppose que vous aurez compris l'idée générale du scénario. Le film fait mouche notamment grâce à une galerie de personnages secondaires, des dialogues ciselés et des situations amusantes. Souvent crédible, il se fait parfois loufoque - ce qui ne gâche rien. C'est avec un certain brio qu'il évite tout ce que son point de départ pouvait avoir de trop sucré. Résultat: un feel good movie très réussi !

La fille de son père
Film français d'Erwan Le Duc (2023)

Une preuve parmi d'autres que le cinéma français recèle de talents comiques plus intéressants que ceux de certaines têtes d'affiches. Vous en doutez encore ? Je vous conseille humblement de jeter un oeil du côté de Perdrix, le premier film du même (jeune) réalisateur. Après avoir tourné une série policière, j'ignore si Le Duc conservera ce cap. Mais j'aimerais le suivre, si j'arrive à avoir de ses nouvelles...

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Et en attendant d'en savoir plus...

Je vous suggère de lire également la chronique de Pascale sur le film.