Ciel ! J'ai eu la chance de faire un petit séjour à Vienne (en Autriche) et je viens de réaliser que c'était il y a bientôt... quatorze ans. J'aurais aimé en revenir avec trois-quatre DVD, mais je me souviens de mon incapacité à en trouver - on m'avait proposé un Spiderman ! Tout cela pour dire qu'en janvier, j'ai ENFIN revu un film autrichien...
Je ne suis certes pas le dernier à penser d'abord à Michael Haneke quand on évoque l'Autriche, mais j'en ai été content de me pencher sur le travail d'un autre réalisateur: Stefan Ruzowitzky (né en 1961). Son tout dernier film, Hinterland, a des producteurs dans son pays d'origine, de même qu'en Allemagne, au Luxembourg et en Belgique. Précision, si besoin: dans la version originale, les protagonistes s'expriment en allemand. Le scénario nous invite à nous intéresser d'abord à un groupe de soldats - vaincus - de la Première guerre mondiale. Nous sommes au début des années 20: ces pauvres bougres viennent d'en terminer avec de longs mois de captivité en Russie. Personne ne les attend en héros: l'empire dont ils étaient les gardiens n'est plus. Il a cédé sa place à une République fragile, où anarchistes, communistes et proto-nazis battent le pavé. Cet "arrière" que le titre évoque est presque plus difficile à vivre que le front ! En tout cas pour le personnage principal, Peter Berg, qu'une série de meurtres vient vite impliquer. Les victimes ? Ses anciens compagnons d'armes.
Je n'ai pas envie de vous raconter par le menu cette histoire criminelle. Pas envie non plus d'explorer la noirceur du film, en partie compensée par un beau personnage féminin (de médecin légiste !). Hinterland m'a fait forte impression avec ces deux éléments, oui. Pourtant, je veux souligner que c'est pour ce qu'il dit de l'après-guerre qu'il m'a le plus intéressé. Mon histoire familiale fait que j'ai une idée du sentiment d'incompréhension qui pouvait animer les rescapés français lorsque, après 1918, ils ont pu revenir chez eux. Dans le film d'aujourd'hui, les survivants m'apparaissent encore plus déphasés. Leurs défaites militaires les ont éloignés de leurs compatriotes restés à couvert. Et l'Histoire, désormais, semble devoir s'écrire sans eux ! Pour symboliser leur mal-être ou leur névrose, Stefan Ruzowitzky réinvente une Vienne expressionniste, dont chaque mur est déformé. L'effet est saisissant et, bien évidemment, décuplé sur grand écran. Le comble, c'est que le film semble être passé relativement inaperçu. De quoi m'inciter à regarder les réseaux de distribution de plus près...
Hinterland
Film autrichien de Stefan Ruzowitzky (2021)
Mon premier film vu au cinéma en 2023 aura donc mis plus d'un an pour arriver jusqu'en France, dans des conditions sûrement difficiles. J'imagine qu'il n'est plus en salles, désormais, mais c'est un titre digne d'être retenu pour son exploitation future télé / DVD / VOD. L'aspect "serial killer" est commun, mais son arrière-plan historique vaut le coup d'oeil. Comme pour Frantz. Ou encore Les gardiennes...
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Un mot pour finir...
Je dédie ce texte à Pascale, qui a parlé du film deux fois, ici et là. Sans son "insistance", il est probable que je serais passé à côté. Salutations aussi à Dasola, qui a également apprécié ce long-métrage.
Je ne suis certes pas le dernier à penser d'abord à Michael Haneke quand on évoque l'Autriche, mais j'en ai été content de me pencher sur le travail d'un autre réalisateur: Stefan Ruzowitzky (né en 1961). Son tout dernier film, Hinterland, a des producteurs dans son pays d'origine, de même qu'en Allemagne, au Luxembourg et en Belgique. Précision, si besoin: dans la version originale, les protagonistes s'expriment en allemand. Le scénario nous invite à nous intéresser d'abord à un groupe de soldats - vaincus - de la Première guerre mondiale. Nous sommes au début des années 20: ces pauvres bougres viennent d'en terminer avec de longs mois de captivité en Russie. Personne ne les attend en héros: l'empire dont ils étaient les gardiens n'est plus. Il a cédé sa place à une République fragile, où anarchistes, communistes et proto-nazis battent le pavé. Cet "arrière" que le titre évoque est presque plus difficile à vivre que le front ! En tout cas pour le personnage principal, Peter Berg, qu'une série de meurtres vient vite impliquer. Les victimes ? Ses anciens compagnons d'armes.
Je n'ai pas envie de vous raconter par le menu cette histoire criminelle. Pas envie non plus d'explorer la noirceur du film, en partie compensée par un beau personnage féminin (de médecin légiste !). Hinterland m'a fait forte impression avec ces deux éléments, oui. Pourtant, je veux souligner que c'est pour ce qu'il dit de l'après-guerre qu'il m'a le plus intéressé. Mon histoire familiale fait que j'ai une idée du sentiment d'incompréhension qui pouvait animer les rescapés français lorsque, après 1918, ils ont pu revenir chez eux. Dans le film d'aujourd'hui, les survivants m'apparaissent encore plus déphasés. Leurs défaites militaires les ont éloignés de leurs compatriotes restés à couvert. Et l'Histoire, désormais, semble devoir s'écrire sans eux ! Pour symboliser leur mal-être ou leur névrose, Stefan Ruzowitzky réinvente une Vienne expressionniste, dont chaque mur est déformé. L'effet est saisissant et, bien évidemment, décuplé sur grand écran. Le comble, c'est que le film semble être passé relativement inaperçu. De quoi m'inciter à regarder les réseaux de distribution de plus près...
Hinterland
Film autrichien de Stefan Ruzowitzky (2021)
Mon premier film vu au cinéma en 2023 aura donc mis plus d'un an pour arriver jusqu'en France, dans des conditions sûrement difficiles. J'imagine qu'il n'est plus en salles, désormais, mais c'est un titre digne d'être retenu pour son exploitation future télé / DVD / VOD. L'aspect "serial killer" est commun, mais son arrière-plan historique vaut le coup d'oeil. Comme pour Frantz. Ou encore Les gardiennes...
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Un mot pour finir...
Je dédie ce texte à Pascale, qui a parlé du film deux fois, ici et là. Sans son "insistance", il est probable que je serais passé à côté. Salutations aussi à Dasola, qui a également apprécié ce long-métrage.