lundi 1 décembre 2025

Deux filles en fuite

Ruben Amar et Lola Bessis, ça vous dit quelque chose ? Ce couple avait cosigné un premier long-métrage sorti il y a déjà onze ans. Après Swim little fish swim, on le retrouve actuellement en salles avec un tout nouvel opus (du même format): j'ai nommé Silver star. Un film qui compte non pas UNE, mais bien DEUX héroïnes féminines !

Bonnie sort de prison et, pour gagner de quoi vivre, ne peut compter que sur sa participation comme figurante à de vagues reconstitutions de la guerre de Sécession. Franny, enceinte, est l'une des monitrices d'un club d'aquagym pour les seniors, mais se retrouve sans ressource quand elle en est licenciée. Les chemins des deux jeunes femmes restent relativement éloignés jusqu'à ce que la première nommée braque une banque et couvre sa fuite en prenant la seconde en otage. Commence dès lors une cavale, aux conséquences imprévisibles. Enfin... c'est simple, au fond: Silver star n'est pas d'une originalité folle, mais il pourrait vous plaire si vous vous attachez aux filles. L'une est mutique, l'autre volubile, mais sortir de leur vie de galère réclame probablement de la confiance et une solidarité réciproque. Arriveront-elles à s'entendre ? Le scénario repose sur cette question. C'est à vous de le découvrir, désormais. Ou pas, selon vos envies. Grace van Dien et Troy Leigh-Anne Johnson sont les meilleurs atouts de ce petit road movie indé que je n'avais vu venir. Eh oui, ça arrive !

Silver star
Film français de Ruben Amar et Lola Bessis / 2025

Oui... le titre reprend l'intitulé d'une prestigieuse décoration militaire américaine et le tournage (en anglais) a eu lieu dans le New Jersey. Pourtant, il me semble que la production du film est 100% Frenchie. Qu'importe, en fait: c'est le sujet qui compte et il a su m'intéresser. Dans l'évidente lignée de Thelma & Louise, sans atteindre ce niveau. Je rejoins plutôt ceux qui ont fait le parallèle avec American honey...

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Vous devez commencer à en avoir l'habitude...

Je tiens à remercier les amis des Fiches du Cinéma qui m'ont permis de découvrir ce film. Leurs écrits sont à lire "chez eux" et sur Actu.fr.

dimanche 30 novembre 2025

La venue de l'avenir

Que faisiez-vous le 18 octobre dernier ? Moi, je suis allé voir Météors et j'ai ainsi dépassé le nombre total de mes séances projo de 2024. Bon... mon record (78 films vus en salles en 2017) tient toujours. Sera-t-il battu cette année ? C'est jouable, mais rien n'est encore sûr. En décembre, l'an passé, je n'ai vu "que" trois films dans un cinéma...

Conclave
, Vingt dieux et Saint-Ex me semblent déjà loin, désormais. C'est devant ma petite lucarne que j'avais terminé mon millésime d'images en mouvement, avant d'ouvrir 2025 face aux écrans géants d'Un ours dans le Jura et Planète B, jeudi 2 et samedi 4 janvier. Attendez ! Ceci N'EST PAS une chronique rétrospective anticipée ! Simplement, le signe de mon interrogation sur ce que le septième art me et nous réservera pour les 31 jours à venir. Vous avez une idée ? De mon côté, promis: une autre chronique arrive dès demain midi. Quelques semaines avant un probable bilan, j'estime que cette année aura été - et demeure - plutôt bonne pour Mille et une bobines. J'écrirai dès lors encore un peu avant la traditionnelle pause hivernale que la période des Fêtes de fin d'année devrait m'inciter à prendre. Avec, bien sûr, du cinéma au milieu, dont je reparlerai début 2026. Rien que de très habituel, en réalité. Je vous dis donc: "À très vite"...

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PS: un dernier petit détail...

Mes lecteurs les plus avisés auront reconnu ma photo d'illustration d'aujourd'hui, issue du dernier film de Cédric Klapisch, sorti le 22 mai et dont j'ai cru bon de reprendre le beau titre pour ma chronique. L'avenue de l'avenir vaut-il le détour si vous ne l'avez pas vu ? Oui...

vendredi 28 novembre 2025

Le père, le fils

C'est l'histoire d'un homme dont l'opération du coeur a mal tourné. Après une belle carrière de chef opérateur au cinéma, il voit son fils revenir vers lui et, malgré la fatigue de son âge, accepte de réaliser un film à ses côtés. Pierre-William Glenn reçoit ainsi un hommage unique. Il est mort l'an dernier, dans un Ehpad de Nogent-sur-Marne...

Dis pas de bêtises
- c'est le titre du film-souvenir de son fils Vincent - n'est pas un biopic documentaire comme il en existe tant d'autres. Ainsi la carrière de ce grand nom des coulisses du cinéma français n'est-elle évoquée que par bribes, de même d'ailleurs que sa vie familiale, sa passion pour la moto ou ses convictions trotskystes. Glenn fils rend plutôt compte des derniers jours de son "vieux" au fil de plusieurs de leurs discussions sur la manière de bâtir un récit commun qui dise quelque chose de leur relation. C'est une démarche sensible inattendue et ma foi assez émouvante, de la part d'hommes qui, avant que la santé du plus âgé décline, ne se parlaient plus trop. Selon vos propres orientations, vous pourrez en tirer une leçon de vie et/ou un nouveau regard sur le septième art. Tout est bon à prendre !

Dis pas de bêtises
Documentaire de Vincent Glenn (2025)

Personnel ? Ou intime ? Et peut-être un rien confidentiel ? Ce film étonnant correspond sans nul doute à l'ensemble de ces qualificatifs. Je n'y vois cependant pas une raison pour le snober. Je suppose même que les amateurs de cinéma y retrouveront largement leurs petits. Pile: une forme soignée qui fait vraiment honneur au septième art. Face: le portrait d'un grand pro méconnu. Euh... vous hésitez encore ?

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Parmi les noms avec lesquels Pierre-William Glenn a travaillé...
On peut citer ceux de Joseph Losey, André Téchiné, Jacques Rivette, François Truffaut, Alain Corneau, Bertrand Tavernier, José Giovanni, Maurice Pialat, Yves Boisset, Samuel Fuller ou encore Philippe Labro. Sans oublier Jacques Rouffio, Yannick Bellon et Michel Deville, hein ? Vous savez quoi ? Cette longue liste n'est pas exhaustive pour autant !

Et avant de passer à la suite, une toute dernière précision utile...
Le film doit être diffusé dans les salles françaises depuis mercredi. C'est grâce aux Fiches du Cinéma que j'ai pu le voir un peu avant. L'occasion de rappeler que cet éditeur publie aussi sur le site Actu.fr !

mercredi 26 novembre 2025

Fatima (en cinq saisons)

Elle s'appelle Nadia Melliti et, à juste 23 ans, elle a décroché le Prix d'interprétation féminine lors du Festival de Cannes, en mai dernier. Fatima - qu'elle incarne dans La petite dernière - est le premier rôle de la jeune femme, étudiante STAPS à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Depuis six mois, j'étais curieux de la découvrir (sur un écran géant)...

Autant vous l'annoncer tout de suite: je n'ai pas été déçu, loin de là ! Comme vous l'avez peut-être déjà lu, le long-métrage évoque la vie d'une ado de banlieue, originaire d'Algérie et musulmane pratiquante. Dans une famille plutôt ouverte, Fatima est une lycéenne travailleuse et brillante, qui passera bientôt le bac avant d'étudier la philosophie. Elle a un petit ami, mais se trouve soudain attirée par les femmes. Petit à petit, elle va admettre (et comprendre) son homosexualité. Film délicat, La petite dernière est en somme le récit d'une éclosion. Je n'ai pas lu le roman éponyme qu'il adapte, mais c'est partie remise. J'espère que j'y retrouverai une forme de subtilité et une douceur auxquelles je suis sensible. Malgré quelques scènes "banlieusardes" parfois discutables, il est ici davantage question de questionnements intimes que de grandes déclarations enflammées ou de rejets violents d'amours jugées intolérables. Être soi n'est pas si facile pour autant...

D'un printemps à un autre, c'est donc une année entière que la caméra suit Fatima dans son quotidien. Personne n'est alors obligé d'accepter comme une évidence le fait qu'elle puisse être libre d'aller au restau ou de sortir en boîte de nuit, alors même que sa mère est paniquée simplement à l'idée qu'elle fasse un footing matinal dans son quartier. OK, il y a deux ou trois invraisemblances dans La petite dernière. Oui... et alors ? Sincèrement, cela n'a nullement gâché mon plaisir. Aux commandes, Hafsia Herzi parvient bel et bien à traiter d'un sujet intéressant et sensible, sans s'égarer dans une rhétorique politicienne ou militante. Certaines scènes sont explicites, mais je trouve aussi que, dans l'ensemble, elle filme avec pudeur. Une qualité perceptible devant l'usage ponctuel de très beaux fondus au noir, par exemple. Souvent avare de mots, son héroïne ne débite donc aucun discours convenu sur les réelles difficultés d'une vie liée à sa situation sociale. Toute en retenue et non-dits, la fin s'avère suffisamment évocatrice. Pas de doute: l'écoute et l'empathie sont des mots du genre féminin...

La petite dernière
Film français de Hafsia Herzi (2025)

Impossible de ne pas citer le cinéma d'Abdel Kechiche: la réalisatrice était l'actrice du cinéaste niçois dans La graine et le mulet (2007). Son - troisième - film à elle n'est évidemment pas qu'un copier-coller hésitant de La vie d'Adèle (le film palmé d'or à Cannes, en 2013). L'homosexualité féminine n'y est pas abordée de la même façon. Certain(e)s d'entre vous pourraient bien privilégier la classe de Carol.

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Une précision d'ordre littéraire...

Signé Fatima Daas, le roman originel a été traduit... en huit langues !

... et, en guise d'éventuel contrepoint...
Je vous suggère de lire aussi la chronique (très négative) de Pascale.

lundi 24 novembre 2025

Vers d'autres futurs

Il paraît qu'un film de Steven Spielberg sortira en salles en juin l'année prochaine. Or, toute fin octobre, j'ai eu envie de remonter le temps avec deux de ses anciens opus - que je vais donc évoquer aujourd'hui. Avant cela, une précision: j'ai revu le premier et découvert le second. Une nouvelle "escapade" dans le genre anticipation - science-fiction...

Minority report (2002)
L'adaptation d'une nouvelle de l'Américain Philip K. Dick (1928-1982). Dans le Washington de 2054, la police peut se targuer de statistiques flatteuses: six ans se sont écoulés sans le moindre crime de sang. L'incroyable bilan a en fait été rendu possible grâce à un procédé technologique innovant qui, connecté aussi à trois cerveaux humains alimentés par des drogues, permet aux agents de repérer les victimes avec précision. Et surtout avant que les suspects ne passent à l'acte ! Sauf que les choses vont se compliquer du côté des forces de l'ordre...

Un brillant inspecteur se retrouve à son tour pré-accusé de meurtre. La caméra ne lâchera plus Tom Cruise / John Anderton d'une semelle. Elle lui adjoindra juste un pseudo-rival (Colin Farrell) et un protecteur supposé (Max von Sidow), qu'on pensera dépassé par les événements. Minority report joue de faux semblants, mais reste assez prévisible. C'est toutefois un film d'action efficace et très honnêtement réalisé. Bilan: l'un des Spielberg les plus adultes - si ce n'est le plus sombre. J'aurais plutôt tendance à NE PAS le montrer à de très jeunes enfants.

Mais aussi...
3.709.488 entrées en France (dixième du box-office 2002)
► Plans B: Blade runner / Tron l'héritage / Ghost in the shell
► Et sur d'autres blogs de référence: Ideyvonne - Vincent - Elle et Lui.

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La guerre des mondes (2005)
Un autre Spielberg qu'il vaut mieux épargner à vos chers bambins. D'emblée, on sait bien à quoi s'attendre: une voix off - caverneuse - nous explique que l'humanité se trompe en se croyant invulnérable. Depuis l'espace, une autre forme de vie observe la Terre avec l'envie d'en prendre possession, non sans avoir massacré sa population. Après le 11-Septembre, l'allégorie est bien plus qu'évidente: assumée.

Zoom avant sur New York, où un dénommé Ray Ferrier (Tom Cruise) travaille comme docker. Divorcé, il s'occupe mal de ses deux enfants quand son ex a la drôle d'idée de les laisser sous sa surveillance exclusive. Cela devient un vrai gros problème quand un drôle d'orage géant dissimule en fait la toute première attaque des extraterrestres. Tiré d'un roman de H.G. Wells sorti en 1898, La guerre des mondes déploie la grosse artillerie technique dès une première demi-heure placée sous haute tension. Mais ce n'est que le début des hostilités ! La mise en scène joue aussi avec nos nerfs lors d'une longue scène silencieuse, où le héros triomphe... en perdant un peu d'humanité. Moins inventive et très consensuelle, la fin m'a quelque peu déçu. J'avoue que je l'ai même trouvée un peu trop expéditive à mon goût. Elle a cependant un vrai mérite: celui de respecter l'esprit du bouquin.

Mais aussi...
3.910.795 entrées en France (sixième du box-office 2005)
► Plans B: La version sortie en 1953 / Cloverfield / Underwater
► Et sur d'autres blogs de référence: Vincent - Benjamin - Lui (seul)

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Parce que j'espère un jour boucler mon intégrale Spielberg...

Il faut que je revoie trois de ses films: La liste de Schindler (1993) en premier, puis Arrête-moi si tu peux (2002) et Le terminal (2004). En plus de Firelight, son premier long disparu, j'en ai compté cinq encore jamais visionnés: Empire du soleil (1987) est le plus ancien d'entre eux, devant Always (1989), Amistad (1997), Munich (2005) et Le bon gros géant (2016). Bref, il me reste donc un peu de boulot !

J'ai encore une info, tombée (presque) à la dernière minute...
Lundi dernier, cette longue double chronique me paraissait bouclée depuis déjà quelques jours lorsque j'ai appris qu'un Oscar d'honneur avait été remis à Tom Cruise. Et pourquoi pas ? On le cite souvent comme une référence: le numéro 1 des acteurs américains de films d'action. Les voir tous ne me tente guère. Mais c'est un autre débat...

dimanche 23 novembre 2025

Deux enfants, un espoir

Je commence avec une citation: "Il nous faut croire que le meilleur est possible. Il nous faut l'imaginer pour qu'il advienne". Son auteur s'appelle Ugo Bienvenu et il est l'auteur d'un beau film d'animation sorti en octobre dernier: Arco. Un film qui regarde l'avenir: l'histoire est en effet supposée se dérouler dans juste cinquante ans, en 2075 !

Iris, une fillette d'une dizaine d'années, voit un garçon de son âge tomber du ciel. Elle le soigne, aidée par Mikki, son robot domestique. Quand l'enfant reprend enfin connaissance, sa jeune bienfaitrice apprend qu'il vient du futur et qu'il a donc osé voyager dans le temps pour atterrir sur une planète où il espérait observer des dinosaures. Pour cela, il a bravé un interdit parental. Son seul souhait et objectif est donc de rentrer chez lui au plus vite, mais cela s'annonce difficile. Vous l'aurez compris: Arco - c'est aussi, bien sûr, le prénom du môme égaré - mise sur l'idée de la solidarité enfantine pour nous charmer. Une bonne nouvelle: oui, cela fonctionne plutôt bien, dans l'ensemble. J'ai vu des animés plus jolis, mais dès l'instant où le récit est entré dans le vif du sujet, je n'ai plus focalisé mon attention sur l'aspect graphique. Je me suis attaché aux personnages et les ai alors suivis dans leurs aventures avec un grand plaisir ! Émerveillé, c'est le mot...

C'est tellement vrai que je n'ai pas envie de détailler les techniques employées pour arriver à un tel résultat. Il me paraît plus judicieux d'en rester au tout premier degré émotionnel. On peut aussi parler d'Arco comme d'un film écologique, proche donc de la ligne artistique d'un Hayao Miyazaki. C'est une référence assumée d'Ugo Bienvenu. Parmi les oeuvres qui l'ont marqué "au fer rouge", le jeune réalisateur français en a en effet cité quelques-unes du vieux maître japonais. "Sous des allures légères, elles nous arment pour le réel", juge-t-il. J'apprécie beaucoup cette approche, d'autant qu'elle semble s'appuyer sur un relatif optimisme que je partage (au moins en partie, disons). Je me dis dès lors que le film s'adresse aux enfants ET aux adultes. Le voir et en rediscuter entre générations est une très bonne idée. Après tout, notre avenir commence dès aujourd'hui et il se construit. Mon grand-père le disait aussi: "Il n'est pas interdit de rêver un peu" !

Arco
Film français d'Ugo Bienvenu (2025)

Un ravissement, vraiment ! Je l'ai vu dans une salle remplie d'enfants venus avec leur famille, mais aussi d'adultes, seuls ou en groupe. Vous savez quoi ? Cela m'a fait du bien, vraiment, parmi les films complexes - et/ou dramatiques - que j'ai l'habitude de privilégier. Notons la participation de Natalie Portman en qualité de productrice. Et (re)voyons d'autres perles comme Nausicaä, Patéma ou Sauvages !

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Le long-métrage du jour ? Une promesse...

Certains se risquent même à en faire leur favori pour le César 2026 du meilleur film d'animation. Il a déjà remporté le Cristal du Festival d'Annecy et la Cigogne d'or du Festival européen du film fantastique de Strasbourg. Il est attendu dans les salles allemandes et espagnoles.

samedi 22 novembre 2025

Une belle complicité

Les quelques jolis Prix qu'il a reçus n'ont guère convaincu le public français de s'intéresser à son sort: les 146 copies de Mon ami robot n'auront attiré qu'un peu plus de 57.500 spectateurs dans les salles. Dommage ! Sorti peu après Noël l'an passé, ce petit film d'animation méritait mieux. Même si, a priori, il visait d'abord les jeunes enfants.

Imaginez une ville de New York vidée de tous ses habitants humains. Dog y réside et, parce qu'il vit seul, s'y ennuie, la plupart du temps. La solution ? Le brave toutou va la dénicher auprès d'un fabricant professionnel de robots en kit. Quelques heures d'un montage efficace lui suffiront pour avoir enfin un nouveau compagnon et un bon pote. La machine humanoïde serait-elle à l'avenir le meilleur ami du chien ? C'est la première hypothèse du scénario, jusqu'à ce Dog et Robot passent un après-m' à la plage, si doux qu'ils s'endorment sur le sable. Oups ! Au réveil, le quadrupède est obligé d'abandonner son compère mécanique, tombé en panne sèche sur un site... bientôt inaccessible !

Comment l'un et l'autre s'en sortiront-ils ? C'est à vous de le voir ! Pour cela, l'idéal est d'ouvrir grand vos yeux, ainsi que votre coeur. Vos oreilles, elles, devraient se réjouir de la très chouette bande musicale qui accompagne les images ultra-colorées de cette histoire d'amitié pas-comme-les-autres. "Détail" intéressant: Mon ami robot dure environ une heure quarante et ne repose sur aucun dialogue. C'était aussi le cas, semble-t-il, de la BD dont il est l'adaptation. Logique, à vrai dire: parue aux éditions Dargaud et signée de l'autrice américaine Susan Varon, l'oeuvre originelle est en réalité un roman graphique (que je n'ai pas - ou pas encore ? - eu l'occasion de lire). Vous êtes intéressés ? D'accord. Pour info, il s'appelle Robot dreams. Le film, mignon mais "pas que", donne presque envie d'approfondir...

Mon ami robot
Film franco-espagnol de Pablo Berger (2023)

Le grand enfant que je suis assume cette note très haute, révélatrice d'un plaisir né du caractère "muet" de ce bel ouvrage en couleurs. Notez également que le sujet est un peu plus profond et même adulte qu'on ne peut l'imaginer de prime abord. Parfait pour les familles. Bon... on n'est certes pas au niveau de La tortue rouge ou de Flow. Mais c'est avec joie que j'ai identifié l'homme derrière Blancanieves !

jeudi 20 novembre 2025

Le combat d'une vie

Enfant, j'ai pu effectuer plusieurs séjours à l'étranger, en Allemagne et en Angleterre, principalement, dans le cadre d'échanges scolaires ou d'accueils dans des familles. Je n'ai cependant pas le souvenir d'avoir reçu beaucoup d'enseignements sur nos voisins européens. Pourtant, je les perçois plus comme des amis que comme des rivaux !

Sorti en octobre 2024 en Italie, Berlinguer - La grande ambition n'est arrivé qu'une année plus tard dans les salles obscures françaises. Cet excellent film politique m'a permis d'en apprendre énormément sur la vie publique dans la Péninsule au long de la période 1973-1984. Le récit suit longuement les pas d'Enrico Berlinguer, alors secrétaire général du Parti communiste italien. Un homme qui tenait clairement à ce que son équipe garde ses distances avec Moscou et les pays satellites de l'URSS, tout en étant un adversaire farouche du fascisme et le défenseur constant des classes dites populaires et travailleuses. Sans jamais avoir obtenu de majorité absolue, il constatait justement qu'un Italien sur trois votait alors pour le PC... et pensait que ce poids électoral pouvait favoriser des alliances avec d'autres partis modérés pour obtenir un "compromis historique" établi sur la base d'avancées économiques et sociales. Sa stratégie ne lui valait pas que des amis. Et fut mise à mal par l'action de groupuscules terroristes "politiques" !

Sur le fond, une petite précision: dès l'ouverture du film, un carton souligne que son scénario a été écrit à partir de nombreuses sources véritables tout en admettant que certaines des séquences historiques ont été retravaillées dans une logique dramaturgique. Je tiens à dire que j'ai vraiment apprécié le résultat: les scènes 100% politiques alternent avec d'autres qui permettent de découvrir un Berlinguer intime, marié et père de quatre enfants (trois filles et un garçon). Remarquable, le montage s'enrichit également de nombreuses images d'archives - sans voix off - pour mieux montrer le peuple italien d'alors. Il ne reste donc plus qu'à bien se concentrer sur les dialogues pour comprendre une décennie en seulement deux heures de métrage. Ce que j'ai l'impression d'être relativement bien parvenu à faire. Berlinguer - La grande ambition m'apparaît comme une réussite cinématographique, apte à donner espoir à qui connaît des heures difficiles. C'est aussi une oeuvre empreinte d'une certaine mélancolie. L'intégrité de son "héros" n'a pas toujours suffi pour que ses valeurs triomphent. Il faudra s'en souvenir dès aujourd'hui... et pour demain !

Berlinguer - La grande ambition
Film italien d'Andrea Segre (2024)

Quatre étoiles fort enthousiastes pour un film à la fois mélancolique et porteur d'espoirs: je souhaite bien entendu en retenir le meilleur. Et, décidément, j'ai vu de beaux films italiens, cette année ! D'autres suivront, sans aucun doute. Celui-là me semble un héritier du cinéma social italien, porté aussi par des comédies comme Il boom (1963). Que nos frontières soient ouvertes à ce type d'imports est salutaire...

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Un plaisir très personnel...

J'avais vu et aimé le premier film de Segre: La petite Venise (2011). Et mon chouette souvenir, c'est d'avoir même pu en discuter avec lui !

Un autre point de vue pour conclure ?

Vous pourrez aller lire celui de Pascale. Elle a (beaucoup) aimé le film.

mercredi 19 novembre 2025

Cachez ce film !

Un simple accident, film clandestin, est donc un opus remarquable. Loin de moi l'idée de vouloir relativiser les très nombreuses entraves que le pouvoir, à Téhéran, place dans les pas de "ses" cinéastes ! Simplement, en cherchant à illustrer la censure, j'ai d'abord trouvé beaucoup de photos du sieur Sébastien L. (Premier ministre français).

Faut-il en déduire que "notre" cinéma est libre ? C'est allé un peu vite. N'exagérons rien: je dirais que les diverses contraintes susceptibles d'être imposées aux artistes restent très légères si on les compare avec celles qui existent dans d'autres pays - dont l'Iran, évidemment. Cela dit, je pense qu'il est important de se souvenir des périodes sombres de notre histoire. Et de rester vigilants quant à nos libertés.

Wikipédia explique par exemple qu'après l'armistice de Compiègne signé le 22 juin 1940, Vichy fit interdire les films avec des acteurs juifs, les productions jugées hostiles au Reich allemand, puis celles qui venaient d'Angleterre ou des États-Unis. Des bobines de films d'avant-guerre étaient censées ne plus circuler ou alors simplement pour en extraire des matériaux et contribuer à l'effort de guerre nazi. Est-ce que c'est vraiment arrivé ? Possible. Je dois encore le vérifier !

Chaque époque et chaque pays a ses limites et interdits, je suppose. Je ne vais pas m'étendre sur tout cela aujourd'hui, mais j'y reviendrai sans doute quand une autre occasion se présentera. Je veux rappeler dès aujourd'hui qu'à la Libération, certaines personnalités du cinéma français eurent des ennuis en lien avec leur travail sous l'Occupation. C'était vraiment normal pour quelques-unes - et injuste pour d'autres.

Quatre-vingts ans plus tard, ouf ! Nous ne vivons plus dans un cadre aussi tendu, nos lois ne nous sont plus dictées par un ennemi étranger installé sur notre territoire, et nos élans créatifs ne sont plus bridés. Il reste des bornes, cela dit, et pour le septième art une classification des films qui peut limiter leur budget ou le nombre des écrans auxquels ils auront accès. Oui, c'est un vaste, un très vaste sujet ! Vous intéresse-t-il ? Nous pourrions le développer en commentaires. Demain, c'est avec un film italien que je vous reparlerai de politique. Petite confidence: cela fera aussi un écho à la question de la liberté...

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Et l'image que j'ai choisie, alors ?

Vous aurez peut-être reconnu le petit Danny Lloyd, l'enfant tourmenté des Torrance dans l'implacable Shining (Stanley Kubrick / 1980). Notons au passage que le film demeure interdit aux moins de 12 ans !

lundi 17 novembre 2025

Obtenir justice

Il a effectué plusieurs séjours en prison et mené une grève de la faim pour obtenir sa libération (conditionnelle). Au moment où le cinéaste iranien Jafar Panahi a reçu la Palme d'or en mai, j'ai soudain réalisé que je n'avais vu aucun de ses films et donc mis Un simple accident sur la liste de mes envies. Je confirme: cela valait le coup d'attendre !

Je crois que l'on peut se sentir fier et heureux que des producteurs européens - français et luxembourgeois - aient pris part à ce projet. Cependant, je considère que nous avons d'abord affaire à un film iranien, car tourné sur place, dans la clandestinité. Il raconte l'histoire de Vahid qui, un matin, croit reconnaître celui qui fut son bourreau. On comprend petit à petit que ce type avait en réalité été considéré comme un agitateur par la terrifiante police secrète de son pays. Pourquoi ? Juste pour avoir revendiqué... le versement de son salaire.

L'important n'est pas là: le scénario nous parle avant tout d'une envie de revanche. Vahid, qui souffre de très importants troubles rénaux depuis son incarcération, enlève celui qu'il voit comme le responsable de ses malheurs. Il est absolument déterminé à l'enterrer vivant. Mais, bientôt, sa conviction s'effrite: il n'est plus certain à 100% d'être face au vrai coupable des diverses ignominies qu'il a subies. C'est pourquoi il va faire appel à d'autres victimes pour témoigner. Avec elles, il pourrait déterminer le sort de leur supposé oppresseur...

Certains critiques présentent Un simple accident comme un thriller. Cela se tient: on se demande longtemps ce qui va arriver au final. Évidemment, c'est un film "de débat": l'ensemble des personnages n'affronte pas la situation de la même façon et la réelle pertinence d'une vengeance exécutive pose question - pour le dire sobrement. Jafar Panahi, lui, savait où il allait: il a indiqué avoir écrit son film après en avoir imaginé la fin. En interview, il a d'ailleurs bien précisé que c'est ainsi qu'il procède généralement: il pense d'abord à un début et à une conclusion, avant donc de combler le vide entre les deux. Rappel: il a déjà réalisé douze longs-métrages. Non sans difficultés...

Je ne crois pas que, pour plaire, son travail ait été "occidentalisé". Toutefois, soyez assurés d'une chose: le récit du film est limpide. Franchement, il est inutile de tout savoir des (indéniables) exactions du régime iranien: le propos a, à mes yeux, une valeur universelle. Vous noterez d'ailleurs qu'aucune indication réelle ne nous est donnée sur le lieu de l'action ou même l'époque à laquelle elle se produit. J'imagine que c'est aussi un moyen de contourner la censure officielle. Quoi qu'il en soit, le long-métrage s'avère toujours d'une intelligence remarquable et a le très grand mérite de solliciter celle du spectateur. C'est pour sûr l'une des grandes oeuvres cinéma de cette année 2025 !

Un simple accident
Film (franco-luxo-)iranien de Jafar Panahi (2025)

Je n'ai pas expliqué le titre, mais vous saurez vite de quoi il retourne. Bien des choses dans cet excellent film reposent sur le plus pur hasard et les conséquences des choix que les personnages vont lui opposer. En exil ou pas, le cinéma iranien regorge décidément de pépites ! Parmi mes préférences personnelles, je citerais volontiers Les chats persans, Une séparation ou Un homme intègre - à titre d'exemples.

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Et, avant de passer à autre chose...

Vous trouverez d'autres films iraniens en index "Cinéma du monde". Autre option: lire les avis de Dasola, Pascale, Princécranoir et Strum.