samedi 19 octobre 2024

Pfiou !

Il aurait pu (et a bien failli) rester enfermé dans ses rôles de loser attachant, toute sa carrière durant. Michel Blanc est mort le 3 octobre et, passée la stupéfaction, on se souvient quel grand acteur il était. Dans Grosse fatigue, un film qu'il a réalisé, il joue son propre rôle. Franchement, je ne suis pas certain que cela ait été si facile pour lui !

Michel Blanc a des ennuis. Il a été surpris en train de "cachetonner" dans une boîte de nuit pour remettre son prix à Miss Seins Nus. Présent à Cannes à l'occasion du Festival, il apprend que la chambre d'hôtel qu'il était certain d'avoir réservé l'a été pour un autre acteur ! Plus grave encore, il est accusé de viol par son amie Josiane Balasko. Seule Carole Bouquet accepte encore de lui témoigner de la confiance et de l'aider à comprendre l'origine véritable de tous ses tourments. Bon... que dire ? Je crois avoir vu ce film à sa sortie dans les salles et, quelque trente années plus tard, je n'y ai pas pris le même plaisir. Grosse fatigue n'a rien d'antipathique, mais il reste anecdotique. C'est d'ailleurs à partir d'une mésaventure arrivée à Gérard Jugnot que Michel Blanc a écrit le scénario - avec aussi plusieurs complices. L'équipe (avec Bertrand Blier, Josiane Balasko et Jacques Audiard) aura décroché le Prix du scénario à Cannes et fut nommée aux César. Je vous laisse découvrir seuls les tenants et aboutissants de l'intrigue. Et sachez que je n'ai pas fait la liste exhaustive des visages connus...

Grosse fatigue
Film français de Michel Blanc (1994)

J'insiste ici pour vous rappeler que l'acteur-réalisateur-coscénariste pouvait se targuer d'avoir plusieurs cordes à son arc de comédien. Aujourd'hui, le film que je vous ai présenté n'est pas son meilleur. Adeptes des grands écarts, démarrez en revoyant Marche à l'ombre ! Vous pourrez ensuite passer à des choses beaucoup plus sérieuses comme L'exercice de l'État. Une filmo que je continue de parcourir...

mercredi 16 octobre 2024

La cité utopique

Captivant. Extraordinaire. Sidérant. Vertigineux. Unique. Grand. Libre. Inouï. Fou. Il me paraît relativement fréquent qu'un publicitaire s'appuie sur des extraits d'articles de presse pour promouvoir un film. Ma litanie d'adjectifs ? Elle figurait sur une affiche de Megalopolis. Mais sans mention qui précise l'origine de ces qualificatifs flatteurs...

Vous l'aurez constaté: le film avait déjà fait couler beaucoup d'encre lorsqu'il est sorti sur les écrans de France, le 25 septembre dernier. L'explication tient au nom de son réalisateur: une rumeur persistante affirme que Francis Ford Coppola, à 85 ans, a signé son ultime opus. Un projet qu'il voulait concrétiser depuis quatre décennies, paraît-il. Ce ne serait certes pas insulter le maître que de dire que Megalopolis a l'ampleur d'une oeuvre finale, d'un film-somme (ou testamentaire). Son audace et son charisme sont précieux pour réinventer New York en une Nouvelle Rome décadente - patronymes antiques à la clé. Adam Driver est César Catilina, un architecte qui rêve d'une ville tournée vers l'avenir et qui reste accessible à chacun de ses citoyens. Face à lui, plusieurs rivaux: Cicero, le maire, Crassus, son oncle banquier, ou encore Clodio Pulcher, un cousin arriviste et jaloux. Heureusement, notre homme n'est pas seul: la fille du premier élu semble d'abord s'opposer à lui, mais finit par adhérer à sa conception de la cité idéale. Et, d'après Coppola, tout cela ne serait qu'une fable !

La première chose qui m'a plu ? Le casting. Aux côtés d'Adam Driver déjà cité, on retrouve quelques légendes vivantes du Hollywood éternel tels que Jon Voight, Dustin Hoffman ou Giancarlo Esposito. Talia Shire, la soeur de notre ami Francis, est là aussi, et avec elle d'autres familiers comme son neveau Jason Schwartzman. Des rôles importants ont par ailleurs été confiés à Shia LaBeouf, Aubrey Plaza et Nathalie Emmanuel (la très belle Missandei de Games of Thrones). Mais c'est aussi - et surtout - grâce à sa spectaculaire mise en scène que notre ami Francis a décidé de nous en mettre plein les mirettes ! Megalopolis est un film "chargé"... et peut-être même un peu trop. Quelques magnifiques trouvailles visuelles y côtoient des séquences douteuses sur le plan technique, appuyées sur des effets spéciaux d'une qualité franchement déplorable, compte tenu du réalisateur. Certains ont évoqué un film "boursouflé" ou a minima "prétentieux". Moi ? Je le trouve parfaitement adapté aux grands écrans de cinéma. Et je l'ai aimé, même s'il n'est sûrement pas exempt de tout défaut...

Megalopolis
Film américain de Francis Ford Coppola (2024)

Le cinéaste est allé jusqu'à hypothéquer une partie de ses vignes californiennes pour financer ce projet colossal. C'est une raison supplémentaire pour aller voir le film au cinéma - sa juste place. Apparemment, d'autres envies le titillent: j'attends donc la suite. Avant cela, il me faudrait voir (ou revoir) d'autres de ses créations. En commençant par enfin boucler sa trilogie Le parrain ? Peut-être...

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Les avis sur le film du jour sont (très) constratés...

Je vous laisserai donc désormais consulter ceux de Pascale et Strum.

lundi 14 octobre 2024

Âmes, armes, larmes

J'ai passé vingt ans de ma vie à Nice et je n'ai jamais pris de bateau pour la Corse - malgré un vague projet entre potes vers 1998-2000. C'est donc de nouveau le cinéma qui me (et nous) mène aujourd'hui sur l'Île de Beauté, auprès de l'un de ses enfants: Thierry de Peretti. Natif d'Ajaccio, le cinéaste de 53 ans a une bonne maîtrise du sujet...

Avec À son image, c'est la troisième fois en quatre longs-métrages qu'il s'efforce d'orienter notre regard vers cette partie du territoire. Selon le pitch officiel, son intention est ici d'illustrer des "fragments de la vie d'Antonia, une jeune photographe de Corse-Matin, à Ajaccio. Son engagement, ses amis et ses amours se mêlent aux événements de la vie politique de l'île, des années 1980 à l'aube du 21ème siècle". Pour info, le film adapte à l'écran le roman - éponyme - d'un écrivain connu notamment pour son attachement à la Corse: Jérôme Ferrari. Sincèrement, je ne crois pas indispensable de connaître son histoire pour l'apprécier et je le trouve vraiment digne du plus grand intérêt. Comme l'a dit le réalisateur, c'est aussi "la fresque d'une génération". Une talentueuse troupe de jeunes acteurs locaux lui prête ses traits...

Confrontés à la violence, ces filles et garçons ont tous une vision différente de ce qu'il convient de faire. Je ne suis pas sûr toutefois que le propos soit aussi politique que j'avais pu l'imaginer a priori. Disons que je vois plutôt À son image comme un portrait de femme décidée à vivre la vie qu'elle a décidé de vivre, en Corse ou ailleurs. Pour l'incarner, une débutante: Clara-Maria Laredo, parfois présentée comme une ancienne étudiante en sciences politiques, la fondatrice d'une association d'aide aux sans-abris ou la fille du tout premier élu écologiste à l'Assemblée de Corse. La jeune femme est donc crédible. Autour d'elle, je n'ai reconnu personne, mais cela ne m'a pas dérangé. Au contraire: cela m'a paru renforcer l'authenticité de ce que j'ai vu. Désormais, il me faudrait donc lire le bouquin pour en avoir une idée plus précise - et ce même s'il s'agit d'une fiction, je vous le rappelle. D'ici là, traverser la Méditerranée restera une aventure qui me tente !

À son image
Film français de Thierry de Peretti (2024)

Si ce n'est la Corse, ce long-métrage n'a strictement aucun point commun avec celui que je vous ai présenté jeudi dernier. C'est dit ! Pour comparaison, autant (re)voir un autre Peretti: Une vie violente. J'ai failli réutiliser le titre, mais je préfère Les Apaches, à vrai dire. Ce que je constate, c'est qu'il est relativement rare que des caméras tournent sur l'île pour nous présenter sa réalité. Et je suis intéressé...

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Ce n'est pas forcément le cas de tout le monde...

Il apparaît ainsi très clair que Pascale aurait volontiers fait l'impasse.

samedi 12 octobre 2024

Au prix du sang

Le saviez-vous ? Les navigateurs portugais du début du 16ème siècle furent les premiers à découvrir l'Île Maurice, où des colons hollandais s'installèrent à partir de 1598. Virent ensuite les Français (1715-1810) et les Britanniques, jusqu'à l'indépendance proclamée en mars 1968. Là-bas, à ce jour, on compte 1,26 million d'habitants - sur 1.865 km2.

Cette introduction pour parler à présent de Ni chaînes ni maîtres. Projeté en ouverture mondiale au Festival de Deauville 2024, ce film sorti le 18 septembre est la toute première réalisation du scénariste franco-béninois Simon Moutaïrou (Burn out, Boîte noire, Goliath...). Il se passe sur l'Isle de France - l'ancien nom de Maurice - en 1759. Eugène Larcenet y dirige une exploitation sucrière dont les terres appartiennent au roi. Il est à ce titre le maître de dizaines d'esclaves. Originaires de Madagascar ou du continent africain, ces derniers tentent parfois de s'échapper... et payent parfois le prix du sang lorsqu'ils sont repris: marquage au fer, mutilation ou exécution. Massamba, lui, est jugé plutôt loyal, mais décide finalement de fuir pour retrouver sa fille, partie avant lui en quête d'un improbable asile épargné par les Blancs - je vous laisse découvrir cela vous-mêmes. Une histoire vraie ? Non, mais toutefois proche des faits historiques !

Le film nous fait le plaisir de s'appuyer sur d'excellents acteurs. Mention spéciale pour Ibrahima Mbaye et Thiandoum Anna Diakhere que j'ai découverts dans des rôles complexes, interprétés sobrement. J'ai aussi été ravi de retrouver Benoît Magimel, mais surtout heureux d'avoir pu apprécier Camille Cottin dans un rôle il me semble inédit pour elle: celui d'une "méchante", qu'elle incarne avec un brio certain. Autre aspect intéressant de Ni chaînes ni maîtres: certaines scènes sont empreintes d'un mysticisme dont j'ignore l'origine et la nature. Bref... en dépit de quelques anachronismes, le film est fascinant. J'ajoute qu'il est aussi très beau, porté par la superbe photographie d'Antoine Sanier, qui disposait déjà de références dans ce domaine. Loin de l'austérité d'un vieux livre poussiéreux, cette leçon de cinéma donne évidemment de notre pays une image pour le moins piteuse. Assumons: en France, l'abolition définitive de l'esclavage ne remonte qu'à l'année 1848, premier millésime d'une très éphémère République. Il serait désormais bien regrettable de l'oublier. Vous ne trouvez pas ?

Ni chaînes ni maîtres
Film français de Simon Moutaïrou (2024)

Je venais de finir un livre sur l'esclavage (Aminata, de Lawrence Hill) quand je suis allé voir ce long-métrage d'une puissance incroyable. J'en ai quelques autres dans ma besace - dont je reparlerai un jour. L'homme blanc dominant peut aussi être le sujet au centre d'opus largement méconnus comme Le chemin de la liberté ou Robe Noire. Le sujet est inépuisable, me semble-t-il ! Et si vous avez des pistes...

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Avant de conclure moi-même...

Je vous propose de lire - ou de relire - la chronique de l'amie Pascale.

jeudi 10 octobre 2024

Elle de beauté

Pourquoi vous prétendre le contraire ? J'aurais "zappé" Itinéraire bis si Leïla Bekhti n'y tenait pas le premier rôle féminin. Cette bluette sélectionnée en 2011 au Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez met en scène celle que je vois comme l'une des plus jolies actrices françaises. Fred Testot, l'ex-complice d'Omar Sy, me fascine moins...

Jean, la trentaine bien entamée, habite toujours seul avec Maman. Pas dans un très vieil appartement rue Sarasate, non: à proximité d'un restaurant dont elle espère qu'il deviendra le chef, en Corse. Situation enviable, sauf que Jean ne se sent pas bien dans cette vie. Quand le hasard lui permet de rencontrer Nora, il utilise une voiture de luxe confiée par un client pour prendre la poudre d'escampette. Problème: la belle ne partage pas forcément son coup de foudre. Bon... si vous êtes venus pour voir l'île de Beauté, vous serez déçus ! Itinéraire bis la parcourt en tous sens sans guère s'y arrêter. "Préférez l'édition du Routard Haute-Corse", dixit l'Annuel du cinéma. C'est (un peu) sévère: road movie et comédie romantique, le film joue sur deux tableaux, prévisible sans doute, mais pas antipathique. Disons qu'avec un niveau d'exigence moyen, c'est un programme honorable et sans prétention. Et on a bien le droit de s'en contenter...

Itinéraire bis
Film français de Jean-Luc Perreard (2011)

Le nom du réalisateur ne me disait rien, mais vous pourrez remarquer que Pierre Salvadori a participé à l'écriture du scénario. Un argument suffisant pour vous convaincre d'y prêter attention ? Vous me le direz. À noter que certains comparent ce long-métrage à Hors de prix. Toujours dans le même registre, Quatre étoiles est un plan B décent. Si vous en connaissez d'autres, je suis preneur de vos (bons) conseils.

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Un contrepoint, maintenant ?

Je dois bien admettre que Laurent est beaucoup plus sévère que moi.

mardi 8 octobre 2024

Au service des animaux

"Un film sur la servitude volontaire et la soumission à l'ordre" ? Blague ou erreur, Le grand magasin est bien évoqué en ces termes sur Wikipédia. Je n'ai pourtant rien vu de tel dans ce japanimé présenté - en avant-première mondiale - au festival d'Annecy 2023. Cette adaptation d'un manga reproduit logiquement son style original.

Akino est concierge chez Hokkyoku, l'équivalent nippon du Printemps ou de la Samaritaine. Ne cherchez pas: c'est une complète invention. Avec une véritable spécificité: ses clients sont tous... des animaux issus d'espèces en voie de disparition ou bien même déjà éteintes ! Tout cela est certes très gentil, mais pas forcément aussi intéressant et touchant que je n'avais pu l'espérer de prime abord. Je suppose que je suis un peu vieux pour ce type de programmes, désormais. Pour des enfants ou des pré-ados, cela reste tout à fait acceptable. Un bon point: Le grand magasin ne dure qu'un peu plus d'une heure. Pas le temps de s'ennuyer, donc, avant de passer à une autre activité d'automne (ou de s'offrir une deuxième séance consécutive, tiens !). Au rayon animation japonaise, vous n'aurez que l'embarras du choix...

Le grand magasin
Film japonais de Yoshimi Itazu (2023)

Un bilan équilibré: rien de formidable, mais rien non plus de mauvais dans ce long-métrage arrivé en droite ligne du Pays du soleil levant. Malheureusement pour lui, il est resté confidentiel: 59.003 Français sont allés le voir en salles l'année dernière - un total très faible. Comparaison: Le garçon et le héron a fait vendre 1.599.925 tickets. Un simple indicateur que vous pouvez évidemment choisir d'ignorer...

lundi 7 octobre 2024

Toutes salles ouvertes

Je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui, mais je lisais récemment que le Covid faisait un retour notable. Les salles de cinéma françaises n'ont plus refermé depuis mai 2021 et, cette année, trois films dépassent les huit millions d'entrées - un résultat inédit depuis 1998 ! Ce qui m'a donné envie de jeter un p'tit coup d'oeil sur le box-office...

Les vingt films qui ont le mieux marché après la crise sanitaire:

1. Avatar - La voie de l'eau
/ 2022 / 14 000 357 entrées
2. Un p'tit truc en plus / 2024 / 10 699 862
3. Le comte de Monte Cristo / 2024 / 8 693 527
4. Vice-versa 2 / 2024 / 8 396 411
5. Super Mario Bros, le film / 2023 / 7 359 395
6. Spider-Man - No way home / 2021 / 7 319 651
7. Top Gun - Maverick / 2022 / 6 676 071
8. Barbie / 2023 / 5 846 809
9. Astérix & Obélix - L'Empire du milieu / 2023 / 4 598 637
10. Oppenheimer / 2023 / 4 446 424
11. Moi, moche et méchant 4 / 2024 / 4 384 189
12. Alibi.com 2 / 2023 / 4 277 971
13. Dune - Deuxième partie / 2024 / 4 109 034
14. Mourir peut attendre / 2021 / 4 007 352
15. Les Minions 2 - Il était une fois Gru / 2022 / 3 962 359
16. Wonka / 2023 / 3 744 133
17. Black Panther - Wakanda forever / 2022 / 3 743 149
18. Deadpool & Wolverine / 2024 / 3 701 596
19. Jurassic World - Le monde d'après / 2020 / 3 552 448
20. Les gardiens de la galaxie vol. 3 / 2023 / 3 436 824

Une précision: j'ai effectué ce "relevé des compteurs" vendredi soir. Un p'tit truc en plus vient d'entrer dans le top 20 des longs-métrages les plus vus en France (NB: Avatar - La voie de l'eau est dixième). C'est un classement que je publierai peut-être un jour ou l'autre. Avant cela, je vous retrouve demain midi avec une surprise... d'Asie !

samedi 5 octobre 2024

Romulus ultimus

Les péplums d'aujourd'hui sont souvent critiqués pour le caractère invraisemblable de leur scénario. Le genre a de fait beaucoup évolué depuis son invention, au temps du cinéma muet, et irrigue des films très différents les uns des autres. Je termine cette semaine avec l'un d'entre eux: La dernière légion ! Pas de quoi se vriller les neurones...

Au 5ème siècle de notre ère, l'empire romain approche de sa chute. L'ultime héritier des César est encore un enfant, Romulus Augustus. Oreste, son père, l'a certes fait couronner, mais a négligé la menace militaire de son prétendu allié, Odoacre, roi des Goths. Une guerre s'engage alors et le jeune souverain est capturé par ses vassaux barbares. Le titre du film annonce d'emblée la suite: un petit groupe de fidèles soldats va entreprendre de les sauver, lui et son trône. Engagez-vous, qu'ils disaient: vous verrez du pays. À grands renforts d'effets spéciaux pas toujours réussis, La dernière légion se balade dans le monde antique et s'autorise à prendre un pont vers les mythes arthuriens. Rien de honteux, mais... rien d'incontournable non plus. J'ai passé un bon moment, sans me soucier de la vérité historique. Confidence pour confidence, je suis même persuadé que je verrai d'autres films comme celui-là - tout  en les oubliant vite par la suite. Vous êtes bien entendu en droit de préférer les grands classiques. Hollywood et Cinecittà en ont produit à pelle ! J'y reviendrai un jour...

La dernière légion
Film britannique de Doug Lefler (2007)

Un détail encore: ce long-métrage a aussi des producteurs français, italiens, slovaques et tunisiens. Et parmi eux, Dino de Laurentiis ! J'avoue que je le préfère à 300, sorti exactement la même année. Tout cela n'a pas l'ampleur de Ben-Hur ou de La chute de l'empire romain, références - aux mille figurants - des décennies 1950 et 60. J'insiste, néanmoins: c'est bien suffisant pour une soirée plateau-télé.

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Tout le monde ne sera pas d'accord, cela dit...

Je l'admets volontiers et vous encourage donc à lire l'avis de Laurent.

mercredi 2 octobre 2024

Être une femme

Il révèle (je cite) que l'idée de mettre en scène un opéra l'a "effleuré" lorsqu'il tournait son deuxième film. C'était il y a presque trente ans. Jacques Audiard en est désormais à dix longs-métrages, une oeuvre assez riche pour ne plus être comparée à celle de son père Michel. Heureusement ! Je crois bien qu'un tel parallèle n'est guère possible...

C'est un fait: je n'étais pas vraiment décidé à aller voir Emilia Pérez. Je savais qu'en mai, le Festival de Cannes avait réservé un accueil favorable à ce dixième long "jacques-audiardien", reparti avec le Prix du jury et un Prix d'interprétation pour chacune des quatre actrices. Mais, malgré cela, cette histoire de transidentité sur fond de cartel m'inspirait plutôt une méfiance... que j'ai finalement laissée de côté !
 
Bien m'en a pris: j'ai vu un film incroyable. Je ne sais encore s'il finira parmi mes tops de l'année, mais je peux dire que la pleine puissance du cinéma s'exprime dans ce fascinant spectacle, au lyrisme certain. Quelques mots du sujet: Rita, une jeune avocate mexicaine, s'en veut d'avoir fait acquitter un assassin et, sitôt le procès fini, est contactée par le chef d'un groupe de narcotrafiquants pour une nouvelle mission. Son double objectif est désormais de permettre à Manitas Del Monte d'émigrer et, au préalable, de rencontrer un spécialiste de la chirurgie esthétique qui lui garantira de devenir ce qu'il veut être: une femme. C'est invraisemblable, sans doute. Et pourtant, j'ai accepté d'y croire !

Film d'un homme orienté vers les femmes, Emilia Pérez livre un récit de rédemption comme je n'en avais encore jamais connu jusqu'alors. Citer toutes ses influences, en plus de ses qualités, serait fastidieux et, au surplus, risquerait de vous gâcher le plaisir de la découverte. Bravo aux comédiennes et d'abord à la fabuleuse Karla Sofia Gascón. Avec (et grâce à) elle, Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz forment un quatuor mémorable. Il est vrai aussi qu'une mise en scène remarquable met en lumière leur formidable travail à toutes. Waouh !

Résultat: on n'est effectivement pas loin d'un opéra sur grand écran. Et ce d'autant que le film est en grande partie mis en musique, chanté et dansé. Que dire ? Ce choix est à la fois surprenant et épatant d'efficacité. C'est un moyen de transport idéal pour les émotions. Attention: je ne saurais vous garantir que vous en vivrez de belles. Soyez simplement sûrs que ce n'est pas tous les jours que le cinéma français se montre aussi ambitieux - et que cela vaut donc le détour. Je pressens une moisson de César et note que cet opus a été choisi pour représenter la France aux Oscars: à suivre, le moment venu. D'ici là, la fin de l'année pourra sûrement nous offrir d'autres pépites !

Emilia Pérez
Film français de Jacques Audiard (2024)

Au rayon des comédies musicales, je place le film à côté d'Annette. C'est une vraie leçon de cinéma administrée par un cinéaste virtuose que je n'avais plus senti aussi bien inspiré depuis un bon moment. Jacques Audiard a 72 ans et la douce folie d'un cinéaste débutant. Vous ne le connaissez pas encore ? Je vous conseille Sur mes lèvres. Et peut-être, dans la foulée, Les frères Sisters ! Vous serez surpris...

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Pour conclure, je laisse la parole à d'autres...

Vous verrez: Pascale et Princécranoir ont (beaucoup) aimé le film. Dasola, elle, s'est ennuyée et parle de déception. Goûts et couleurs...