mardi 28 septembre 2021

Heavy metal

"Merci au jury de laisser rentrer les monstres": elle n'a rien dévoilé d'important lors de son discours post-Palme d'or, mais Julia Ducournau s'est autorisée à donner le ton du film qui lui a valu la récompense suprême (et dont, par ailleurs, elle a voulu dire les imperfections). Ajoutons-le sans ambages: Titane N'EST PAS fait pour tout le monde !

Aussitôt appâté par sa bande-annonce, j'étais curieux de le découvrir avant même qu'il soit retenu dans la compétition officielle cannoise. Je fais partie de ceux qui avaient apprécié Grave, le précédent opus de la réalisatrice. Sa nouvelle création - la seconde au format long - repose sur une intrigue a priori moins ancrée dans notre quotidien. Encore que... je suis tout à fait convaincu qu'il existe des femmes comme Alexia, danseuse de salons auto, censée attirer l'oeil du mâle sur ses courbes et celles du dernier modèle de chez Qui-Vous-Voudrez. Maintenant, attention: de là à imaginer que, comme dans le film évoqué aujourd'hui, certaines de ces femmes soient tueuses en série et qu'elles puissent décider de se déguiser en garçon pour échapper aux forces de police, il y a un pas ! Il faut très clairement le franchir pour apprécier un objet cinématographique aussi intense que radical. Ne vous en faites pas, hein ? Je n'ai pas tout expliqué, moi non plus...

On a beaucoup dit que Vincent Lindon était l'une des forces du film. Exact: dans un registre inhabituel pour lui, l'acteur se donne à fond. Cela dit, pas de surprise: si je l'admire autant, c'est très précisément parce que je sais qu'il incarne TOUS ses personnages avec intensité. Sans me dédire, je tiens à vous dire cependant que l'atout numéro 1 de Titane n'est autre que son actrice principale, Agathe Rousselle. Incroyable: après coup, j'ai appris... qu'elle était pourtant débutante ! Je veux être clair: je suis bien loin d'avoir aimé tout ce qui se joue dans ce récit. Certaines poussées de violence explicite m'ont mis mal à l'aise comme je le suis vraiment rarement au cinéma. On notera que le film est interdit aux moins de seize ans avant de s'y aventurer et, dès lors, afin de "profiter du spectacle" en connaissance de cause. Julia Ducournau ne nie pas l'influence qu'ont eue sur elle des maîtres tels que Cronenberg ou Lynch, mais, comme eux, elle connaît le job. Seul regret: cette fois, son scénario est un peu light. Je ne doute pas que la Palme lui ouvre de nouvelles portes. Progressera-t-elle encore ?

Titane
Film français de Julia Ducournau (2021)

Une oeuvre coup-de-poing, assez décalée du paysage du septième art français. C'est un atout, bien sûr, mais pas nécessairement suffisant pour que je m'emballe autant que d'autres fidèles des salles obscures. J'ai préféré Grave, pour tout dire, ou des grands classiques de la peur comme Carrie ou Suspiria (qui ne sont pas tout à fait comparables). Mais je reste curieux de ce que Julia Ducournau inventera à l'avenir...

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Une polémique et un chiffre...
Consacré Palme d'or le 17 juillet, Titane était arrivé dans les salles françaises à peine trois jours plus tôt. En colère, le producteur du film a ensuite jugé que le pass sanitaire l'avait "tué", c'est-à-dire coupé d'une part du public. Mercredi dernier, il en était à 286.767 entrées...

Cela dit, je ne suis pas le seul à m'y être intéressé...

Je vous renvoie donc chez Pascale, Princécranoir, Strum et Benjamin.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Bien meilleur et abouti que Grave selon et deux acteurs impressionnants.
Sévère avec tes 3 étoiles.

Martin a dit…

Un peu sévère, oui. C'est vrai que le duo est impressionnant, surtout Agathe, qui donne de sa personne. Mais j'ai vraiment préféré "Grave", dont j'ai trouvé le scénario plus abouti.

"Titane" m'a vraiment mal à l'aise, parfois, et même si c'est le but, je n'ai pas trop aimé cette sensation qu'il m'a procurée.