mercredi 29 mars 2023

Un lourd secret

C'est un samedi matin, seul et avant tout le monde, que je suis allé au cinéma pour découvrir un beau film du Maroc: Le bleu du caftan. Passé dans nombre de festivals, il a finalement atterri dans les salles de France mercredi dernier. J'avais pu profiter d'une avant-première. Mon objectif alors: en préparer une autre - ouverte au "grand public" !

Dans le dictionnaire Littré, le caftan est défini comme "la pelisse d'honneur qu'offrent les souverains turcs aux personnes de distinction et surtout aux ambassadeurs des puissances étrangères". Ma source parle en outre d'un "vêtement de cérémonie ample porté dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb". Dans le film, il est le luxueux habit qu'un artisan expérimenté confectionne à la demande de ses clientes fortunées, particulièrement exigeantes sur les délais de fabrication. L'une d'entre elles imagine qu'elle pourrait obtenir le même résultat avec une machine à coudre. Heureusement, le couturier peut compter sur l'aplomb de son épouse pour tenir à l'écart les râleuses de service. Le couple cache aussi - et c'est le noeud de l'intrigue - un secret inavoué (et inavouable) dans une société régie par des codes moraux traditionnels. De quoi s'agit-il ? Je vous ne le dirai pas aujourd'hui. Vous devriez vite deviner, je pense. Et sans que cela nuise au récit...
 
Le bleu du caftan
ne repose pas sur un quelconque suspense. Finalement, j'ai même envie de parler d'un film de forme minimaliste. Aux deux personnages déjà évoqués, un troisième va venir s'ajouter pour permettre au scénario de se mettre en place vers un propos inattendu. Les images, concentrées sur la boutique et l'appartement des deux principaux protagonistes, nous entraînent à leurs côtés. Sensation assez rare pour moi au cinéma: c'est tout d'abord par le son que je suis parvenu à m'immerger dans cette histoire en terre inconnue. Salé, la ville où elle est supposée se dérouler, étant située sur le rivage de l'océan Atlantique, quelques cris d'oiseaux marins sont perceptibles avec les dialogues, ainsi que d'autres bruits urbains. C'est un vrai atout pour la crédibilité de ce qui nous est montré. Réalisé par une femme, c'est sans ostentation que le long-métrage fait mouche. Il me faut dès lors saluer la prestation des interprètes des premiers rôles - Lubna Azabal, Saleh Bakri et Ayoub Missioui. Lancement idéal pour le cinéma africain sur les Bobines, cette année !

Le bleu du caftan
Film marocain de Maryam Touzani (2023)

Un long-métrage intimiste, beau à regarder et intéressant sur le fond. C'est à peine la quatrième fois que le cinéma marocain est représenté sur ce blog... et Le miracle du saint inconnu paraît déjà bien loin ! Précisons également que le film est produit par Nabil Ayouch, le mari de la réalisatrice, connu pour être l'auteur du saisissant Much loved. Côté algérien et toujours relié à la couture, Papicha vaut le détour...

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je me suis ennuyée mais ENNUYÉE. J'avais hâte que ça s'arrête. Je suis sortie de la salle plus claustrophobe que jamais. J'étouffais.
Le synopsis révèle que le mari est homosexuel et la femme malade.
Les acteurs surtout le mari sont beaux
Oui

Martin a dit…

Ah ouais ? Ennuyée ? Bon... c'est vrai que le rythme du film est assez lent.
Je comprends cette sensation d'oppression liée au quasi-huis clos. C'est voulu...

Tu as raison pour le synopsis, mais j'ai préféré rester évasif sur ces deux points.
Nous sommes d'accord également sur les acteurs. Lubna Azabal m'a fait très forte impression.

Pascale a dit…

Lubna est formidable.
Elle jouait la mère très digne et déterminée dans le recent Pour la France

Martin a dit…

Pas vu. Mais je pense que j'aurai plaisir à découvrir d'autres de ses films !