lundi 4 septembre 2023

Un certain mystère

Je ne sais plus ce qui a créé le déclic pour m'intéresser à Animalia. Que le film soit le premier d'une femme franco-marocaine a dû jouer. Et l'impression qu'il est moins "vendeur" que d'autres ? Aussi, oui. Bref... je l'ai découvert en salles le 15 août et je ne le regrette pas. J'oserai vous dire que l'on ne peut pas voir un tel film tous les jours...

Jeune femme d'origine modeste, Itto est mariée au fils d'une famille riche et attend un enfant. Le couple devrait bientôt pouvoir s'installer dans sa propre maison, mais vit encore chez les parents d'Amine. Réservée, Itto n'attire qu'assez peu la sympathie de sa belle-mère. Elle saisit donc une occasion de rester seule une journée entière quand Amine et ses parents vont rendre une visite à des amis. Problème: un phénomène inexplicable nécessite alors une intervention de l'armée et, de facto, Itto se retrouve aussitôt coupée de tous ! Après dix minutes de projection, la tension monte déjà d'un cran. Inquiète, la future maman décide de partir rejoindre son conjoint. Animalia nous invite alors à essayer de comprendre ce qui se passe en suivant ses pas et, donc, à travers son regard. Le film insiste régulièrement sur la présence d'animaux - chiens, oiseaux, fourmis - au comportement étrange, comme pour prévenir de quelque chose. J'ajoute qu'il est plutôt ésotérique et ne donne que peu de réponses...

Autant dire que, pour l'apprécier, il faut aussi accepter de se perdre au coeur d'un Maroc mystérieux, avec très peu de repères tangibles. Direction le sud du pays et les montagnes du Haut Atlas ! Ce territoire m'étant inconnu, je crois m'y être égaré d'autant plus facilement. J'insiste: Animalia ne donne pas de réponses précises aux questions qu'il soulève. Il fait appel à notre imagination et à notre ressenti. Comme divers autres films avant lui, il laissera ainsi chacun(e) interpréter les choses à sa manière, selon sa propre sensibilité. J'aime autant ne pas vous livrer mes propres pistes et conclusions. Franchement, c'est cette relative originalité qui pousse ma notation vers le haut: il existe plein de longs-métrages bien plus "accessibles". J'ai su après ma séance que celui-là reprenait les motifs d'un court. D'aucuns diront qu'il est un peu trop étiré: ce n'est pas mon avis. Pouvoir encore sortir de ma zone de confort cinéma, c'est chouette. Je suis heureux de l'avoir fait devant des images du nord du continent africain - à la beauté envoûtante. Cela m'a aussi permis de voyager...

Animalia
Film franco-marocain de Sofia Alaoui (2023)

Né en 1990 d'une mère française et d'un père marocain, la réalisatrice porte en elle plusieurs cultures, d'autant qu'elle a aussi vécu en Chine. Son film a reçu un Prix spécial du jury au Festival de Sundance 2023. Ses mystères m'ont tout d'abord rappelé ceux de Signes (de loin). Quelque chose ici pourrait également venir s'inscrire dans le sillage d'un Tree of life - mais avec sa personnalité propre. Artiste à suivre !

2 commentaires:

Jourdan a dit…

J’essaierai de le voir.
Une pensée particulière pour le Maroc qui vit une tragédie actuellement,plus particulièrement dans le Haut Atlas.

Martin a dit…

Merci pour cette pensée, Jourdan.

Je n'aurais jamais pu imaginer qu'une telle catastrophe survienne aussi peu de temps après que j'ai parlé de la beauté des paysages de l'Atlas vus dans ce film...