Bon... et si j'en revenais enfin au grand cinéma italien ? Je suis ravi de le faire avec un immense classique, La strada, découvert en copie restaurée dans l'une de mes salles de prédilection. Du pur bonheur ! Non que le film soit drôle, mais il y a là beaucoup de choses de nature à emporter mon plaisir de cinéphile. Et, mieux, à l'alimenter encore...
Gesolmina est la plus âgée des filles survivantes d'une famille pauvre. Pour garder de quoi nourrir les autres, sa mère la vend à un artiste forain qui avait déjà "recruté" sa grande soeur: Zampanò, un rustre. Ensemble, le duo mal assorti va dès lors arpenter les routes de l'Italie d'après-guerre pour gagner sa pitance et, peut-être, quelques lires supplémentaires. Mais cette vie itinérante accable vite Gesolmina ! Seule sa rencontre avec Il Matto, un funambule solitaire, la réconforte et, un temps, la transporte, mais cette "trêve" est de courte durée. Récompensé à la Mostra et aux Oscars, La strada est un drame véritable, qui connut en son temps un beau succès critique et public. Aujourd'hui encore, il reste le dixième plus grand succès du cinéma italien en France (et le premier de tous les films de Federico Fellini). D'après ce que j'ai pu lire, le maestro abordait avec lui un virage créatif et s'éloignait ainsi du néoréalisme. D'aucuns lui ont reproché...
Entendons-nous bien: j'admire la manière dont nos voisins transalpins ont, dès le milieu des années 40, raconté leur pays et les ravages subis après deux décennies d'un fascisme triomphant. Il me semble que La strada s'inscrit dans cette veine, même si les personnages charrient avec eux une part de rêve, préservée de la sombre réalité. L'équilibre est subtil et, à mon humble avis, bâti sur les contraires. Face à une héroïne fragile, la brutalité des hommes paraît inéluctable et s'avérera fatale. La paix est revenue, mais le destin frappe encore. C'est pathétique, oui, et c'est beau, grâce aussi à trois comédiens inspirés et d'abord à Giulietta Masina, d'une ampleur chaplinesque. Anthony Quinn et Richard Basehart lui offrent de fait une réplique parfaite, chacun dans son registre, l'un brute épaisse, l'autre clown désespéré. La mise en scène, elle aussi, est absolument impeccable. Certains ont parlé de road movie... et je ne leur donnerai pas tort. Avec, en prime, la partition de Nino Rota, on touche alors au génie. 69 ans plus tard, je vous dirais qu'il est encore temps de s'en réjouir !
Gesolmina est la plus âgée des filles survivantes d'une famille pauvre. Pour garder de quoi nourrir les autres, sa mère la vend à un artiste forain qui avait déjà "recruté" sa grande soeur: Zampanò, un rustre. Ensemble, le duo mal assorti va dès lors arpenter les routes de l'Italie d'après-guerre pour gagner sa pitance et, peut-être, quelques lires supplémentaires. Mais cette vie itinérante accable vite Gesolmina ! Seule sa rencontre avec Il Matto, un funambule solitaire, la réconforte et, un temps, la transporte, mais cette "trêve" est de courte durée. Récompensé à la Mostra et aux Oscars, La strada est un drame véritable, qui connut en son temps un beau succès critique et public. Aujourd'hui encore, il reste le dixième plus grand succès du cinéma italien en France (et le premier de tous les films de Federico Fellini). D'après ce que j'ai pu lire, le maestro abordait avec lui un virage créatif et s'éloignait ainsi du néoréalisme. D'aucuns lui ont reproché...
Entendons-nous bien: j'admire la manière dont nos voisins transalpins ont, dès le milieu des années 40, raconté leur pays et les ravages subis après deux décennies d'un fascisme triomphant. Il me semble que La strada s'inscrit dans cette veine, même si les personnages charrient avec eux une part de rêve, préservée de la sombre réalité. L'équilibre est subtil et, à mon humble avis, bâti sur les contraires. Face à une héroïne fragile, la brutalité des hommes paraît inéluctable et s'avérera fatale. La paix est revenue, mais le destin frappe encore. C'est pathétique, oui, et c'est beau, grâce aussi à trois comédiens inspirés et d'abord à Giulietta Masina, d'une ampleur chaplinesque. Anthony Quinn et Richard Basehart lui offrent de fait une réplique parfaite, chacun dans son registre, l'un brute épaisse, l'autre clown désespéré. La mise en scène, elle aussi, est absolument impeccable. Certains ont parlé de road movie... et je ne leur donnerai pas tort. Avec, en prime, la partition de Nino Rota, on touche alors au génie. 69 ans plus tard, je vous dirais qu'il est encore temps de s'en réjouir !
La strada
Film italien de Federico Fellini (1954)
Comme quelques autres, ce film semble devoir traverser le temps sans vieillir dans son propos, ni perdre de sa puissance émotionnelle. Autant l'écrire sans hésiter: sa restauration est une vraie bénédiction pour les amoureux du cinéma populaire, dans sa vision la plus noble. L'Italie recèle bien entendu d'autres pépites, de Rome, ville ouverte aux "paumés" de Larmes de joie. Il me reste des trésors à découvrir !
----------
Et pour finir...
J'avoue que j'attends mon ami Eeguab au détour de cette chronique. D'ici là, vous aurez peut-être (re)lu les avis de Dasola, Strum et Lui...
Film italien de Federico Fellini (1954)
Comme quelques autres, ce film semble devoir traverser le temps sans vieillir dans son propos, ni perdre de sa puissance émotionnelle. Autant l'écrire sans hésiter: sa restauration est une vraie bénédiction pour les amoureux du cinéma populaire, dans sa vision la plus noble. L'Italie recèle bien entendu d'autres pépites, de Rome, ville ouverte aux "paumés" de Larmes de joie. Il me reste des trésors à découvrir !
----------
Et pour finir...
J'avoue que j'attends mon ami Eeguab au détour de cette chronique. D'ici là, vous aurez peut-être (re)lu les avis de Dasola, Strum et Lui...
10 commentaires:
Je viens de me rendre compte que je n'ai jamais fait ce film sur mon blog alors que je trouve que c'est un incontournable ! Il me faudra y remédier :)
Giuletta Masina réussit à faire transparaître cet espoir enfoui d'être aimée, comprise et reconnue, une quête toujours remise à l'ouvrage tout au long du film. Seul un incident tragique (que je ne vais pas divulgâcher...) fera basculer cette femme-enfant si fragile.
Anthony Queen, lui, est assez novateur dans son rôle, ce qui lui a peut-être permis de continuer dans ce registre avec son personnage de Vincent Van Gogh, un homme bien tourmenté.
Bonne journée à toi ;)
Si je t'ai donné envie de t'y (re)mettre, c'est vraiment chouette !
Tu parles bien du jeu de Giulietta Masina et Anthony Quinn: un bon début.
Et bonne journée à toi aussi, Ideyvonne !
Une merveille dure, cruelle, déchirante.
La petite bouille de Giulietta, la grosse voix d'Anthony et la musique de Nino... inoubliables.
Une merveille comme dit Pascale à juste titre. Historique et rarissime ce film a eu une telle identité qu'on n'a jamais vraiment traduit le titre. Exceptionnel en ces annnées 40-50, je ne vois guère que Citizen Kane. Effectivement Federico s'éloigne du NR. Déjà Les Vitelloni (non traduit non plus)... Influence du monde du cirque. Mais je n'en finirais pas de parler du génial montreur qui avait fini par être lui-même une partie du titre de ces films. Je ne vais pas raser tout le monde avec le NR, une époque, un cinéma, un peuple, l'accord parfait. A ma connaissance, unique exemple dans l'histoire. Il n'y a que peu de films vraiment rattachés au NR. Ca ne pouvait être autrement. L'état de grace ne dure jamais. Federico, Luchino, Michelangelo et Vittorio se sont éloignés et même le parrain Roberto. Tu sais bien que je les appelle par leur prénoms. A bientôt.
@Pascale:
Tu as tout à fait raison. Et au milieu de toute cette dureté, il y a une vraie beauté !
J'adore Fellini pour sa formidable capacité à amener de l'imaginaire dans le réel le plus cru.
@Eeguab:
Merci d'être fidèle au rendez-vous, mon ami italophile.
Est-ce que ça se dit, ça ? Passons...
Que je suis content d'avoir pu découvrir ce classique sur grand écran ! Je pensais à toi en me rendant à cette séance et te sais gré de détailler d'autres aspects de l'histoire du film. Cela enrichit ma connaissance de ce cinéma et me donne envie de découvrir d'autres chefs d'oeuvre. Le prochain pourrait être un Luchino, loin, très loin du néoréalisme. Aspettare e vedere...
Sûr que sur ce cinéma-là...je m'emballe...Buona settimana et bonjour à tes parents. 😉
Et tu as bien raison !
Je n'ai qu'un mot à ajouter... continue !
Je transmettrai très prochainement ton message aux parents.
Merci pour eux ! J'en profite pour dire mes amitiés à Madame !
D'autres pensent que le road movie ne peut puiser son essence (sans jeu de mots) que la ou il est né à savoir les états-unis...
"La strada"? chef d'oeuvre absolu !
Moi, qu'il y ait des road movies non américains, ça ne me choque pas.
Et je vois que, quelle que soit la case retenue, nous sommes d'accord sur "La strada" !
Enregistrer un commentaire