samedi 8 août 2009

L'intégrité incarnée

Je n'avais pas vraiment prévu ça. En invitant l'autre soir mon ami Sylvain à une fin d'après-midi vidéoludique, je ne m'attendais pas franchement à ce qu'il désire regarder un film après quelques parties. Il a pourtant fait une petite sélection parmi les DVDs que je dois encore visionner, sélection dans laquelle j'ai pioché Le président, film d'Henri Verneuil sorti en 1961, porté par d'excellents dialogues signés Michel Audiard. Une petite perle de fiction politique, adaptée d'un roman de Georges Simenon (le papa du commissaire Maigret), et avec Jean Gabin dans le rôle titre. Une oeuvre fort intéressante qui, malgré son âge certain, m'a beaucoup plu: bien qu'évoquant plutôt la troisième ou la quatrième République, cette histoire-là paraît assez facilement transposable dans notre France d'aujourd'hui.

L'intrigue ? Un ancien président (du Conseil), Emile Beaufort, écrit ses mémoires. Le pays traverse une crise politique: aucun parti n'arrive à dégager une majorité et personne n'a suffisamment d'alliés pour former un gouvernement. Se présente alors un dénommé Philippe Chalamont (Bernard Blier, parfait), ex-directeur de cabinet de Beaufort. Le président (de la République, cette fois) semble avoir trouvé l'homme de la situation. Sauf que l'intéressé a également quelques casseroles, ce que son ancien mentor va vite lui rappeler. Le président, c'est donc aussi un peu, sur fond d'intrigue politique, l'histoire d'un règlement de comptes. Joute(s) verbale(s) à l'appui.

Encore une fois, l'un des grands intérêts de ce film serait d'après moi sa possible transposition dans le monde actuel. On pourrait bien dire sans risquer de se tromper que Le président - le long métrage comme le personnage ainsi désigné - défend ce qui serait au fond une certaine idée de la France. L'intelligence de cette oeuvre serait alors de ne pas surligner son propos par des effets trop faciles, mais surtout de l'exprimer par une sobre mise en scène et des textes parfaitement écrits, et qui plus est non dénués d'humour. Il y a quelque chose de Cyrano dans ce personnage joué par Gabin, capable de s'imposer dans l'adversité et de faire triompher la justice à coups de discours de haut vol. Il faut souligner ici que le comédien s'offre notamment une scène d'un bon quart d'heure de monologue, discours devant l'Assemblée tout à fait stupéfiant et remarquable ! Il paraît d'ailleurs que, peu habitué aux longues tirades, il en a bavé et appris son texte par coeur. Le résultat parle de lui-même: une prestation parfaitement maîtrisée. Ne manquez pas ce grand numéro !

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