Une chronique de Martin
Marlon Brando m'excusera d'emprunter à son seul film de réalisateur le titre de ma chronique d'aujourd'hui. Quant aux plus cinéphiles d'entre vous, j'espère qu'ils me pardonneront d'user de cet artifice grossier pour évoquer L'arnaque, oeuvre culte de George Roy Hill. Les beaux yeux bleus de Paul Newman ne sont certes pas pour rien dans le charme de ce classique du cinéma hollywoodien. Suivez-moi donc: je vous emmène aujourd'hui dans le Chicago des années 30.
Puisque j'ai donc parlé d'une vengeance, je précise que, d'après l'un de ses protagonistes, interprété par Paul Newman, donc, il n'est ici question que de jeu. Le risque encouru ne serait alors que le piment nécessaire à toute mise un tant soi peu excitante. C'est en tout cas ce que tâche d'expliquer Henry Gondorff, le premier des deux héros du film, à son acolyte Johnny Hooker (Robert Redford), soucieux, lui, de rendre à un troisième larron la monnaie de sa pièce. Ce dont il est question exactement ? J'y viens. L'arnaque décrit, en deux heures bien tassées, le piège tendu par les susnommés Gondorff et Hooker au mafieux baptisé Lonnegan, lequel a froidement fait assassiner un de leurs amis communs. Ce qu'il y a d'intéressant, de prime abord, c'est que les deux "gentils" de cette histoire ne sont eux-mêmes pas franchement recommandables, mais aussi et surtout qu'au tout début de l'aventure, ils ne se connaissent même pas. Pour dire les choses rapidement, l'un prendra l'autre sous son aile pour créer un vol colossal et malin, à partir d'une salle de jeux clandestine totalement fictive. Pas sûr que vous compreniez ce dont je parle, mais j'aime autant vous laisser regarder le film: c'est plus clair en images.
L'éclat de l'oeuvre de George Roy Hill tient à plusieurs facteurs. Première explication: le réalisateur a - une nouvelle fois - réuni quelques excellents acteurs, au premier rang desquels, bien entendu, le duo Newman-Redford. Je les associe tellement dans mon esprit que j'oublie souvent que les comédiens affichaient tout de même plus de 11 ans d'écart à l'état civil. Sans être aussi tout à fait flagrante sur leurs beaux visages, cette différence d'âge renforce la crédibilité du film, Paul étant un peu le mentor de Robert dans cette intrigue rudement futée. L'arnaque, c'est le "vieux" qui la monte, pour aider le "jeune" et aussi largement pour la beauté du geste. Et oui ! D'ailleurs, à ce titre, la toute dernière scène du film montre bien plus qu'une simple passation de témoin entre monstres sacrés du cinéma américain. Elle illustre parfaitement la complicité de ces deux-là, ouvrant grand la porte à la légende. Mais chut ! Inutile d'en dire plus. Sur le plan formel, vous noterez toutefois que le film est une réussite incontestable. Même bientôt quarante ans plus tard, la classe éternelle de ses costumes, décors, accessoires et situations marche encore à pleins tubes. Et il ne suffit alors plus que de quelques notes d'un certain air de piano pour être tout de suite dans l'ambiance...
Le vrai paradoxe de ce bel extrait de la longue histoire du cinéma mondial, c'est peut-être en fait qu'au fil des années, le "méchant" (joué par Robert Shaw) est, en fait, un peu tombé dans l'oubli. Moi aussi qui écris cette chronique, je constate que, si j'avais un jour déjà vu L'arnaque, j'avais complètement oublié ce qu'était le fil conducteur du film, signe que l'essentiel n'est pas tant le contenu exact de l'intrigue, mais sûrement bien davantage la distinction incontestable avec laquelle il nous est présenté. Film de gangsters, l'oeuvre de George Roy Hill arrive à nous faire sentir la nostalgie d'une époque révolue et pourtant pas forcément la plus exaltante pour ceux qui l'ont réellement vécue. Brillant résultat ! Si je dois avouer que j'ai imaginé le tout dernier rebondissement une seconde avant qu'il survienne, je souligne volontiers que le découpage du film en courts chapitres parvient également à faire efficacement monter la mayonnaise. Sans être trépidant, le rythme est soutenu et, au fur et à mesure que le plan Gondorff-Hooker se monte, on se demande sur quoi il va déboucher exactement. Saura-t-il vous surprendre ? Peut-être. Je l'espère. Mais ce que j'ose attendre de ce film, c'est avant tout que, en dépit de son côté gentiment suranné, ou bien alors grâce à cela même, justement... il sache encore vous séduire.
L'arnaque
Film américain de George Roy Hill (1973)
Newman-Redford-Hill: les cinéphiles n'auront pas manqué d'identifier le trio mythique d'un de mes films de chevet, je veux bien sûr parler de Butch Cassidy et le Kid. Il me faut ici vous avouer humblement que je préfère ce western à l'oeuvre évoquée aujourd'hui. Que cela ne vous décourage pas de donner sa chance à ce second film, si toutefois ce n'est déjà fait. En s'intéressant à une bande de copains un peu filous et qui travaillent de concert à la ruine d'un truand, ceux qui aiment aussi le cinéma d'aujourd'hui ne devraient pas manquer de penser à Ocean's 11 et à ses suites. Une comparaison que je juge pertinente, mais qui ne doit pas nuire au long-métrage le plus ancien.
3 commentaires:
J'adore l'Arnaque. Je le mentionne rapidement dans un récent billet sur ma relation cinéphile avec Paul Newman et Robert Redford ^_^
MON Paulot ❤❤❤ quel acteur et quel film !
Je me souviens qu'il est très soul au début, dans la baignoire, ou avec son Marcel à réparer le Carrousel et de Robert qui court tout le temps.
Je me souviens de la tête de Robert quand Paul laisse échapper les cartes dans le train.
Une classe ces 2 là !
Avantage Paul quand même...
@Pascale:
Il faudrait que je le revoie, ce film. Je l'ai presque oublié !
Bob et TON Paulot, c'est effectivement du lourd. Moi, je les mets à égalité. Sundance et Butch forever.
@David:
Bonjour, au passage ! C'est là qu'on se rend compte que ça fait longtemps...
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