Une chronique de Martin
Le boulot, elles le feraient avec plaisir si elles ne devaient pas subir les cadences infernales. Même si elles veulent bien pondre, Ginger, Bernadette, Mac et les autres ne supportent plus d'être enfermées et, faute de représentants syndicaux, elles ont tout simplement décidé de... s'évader ! Pour percer la clôture et goûter l'herbe qui pousse plus verte de l'autre côté, ces poules se rebellent et organisent des "opérations collectives" contre les Tweedy, idiots de fermiers. Ainsi débute un sympathique petit film: le bien nommé Chicken run.
Pour s'en sortir, Ginger et ses copines placent aussi leurs espoirs libertaires en Rocky Rhodes, coq tombé du ciel, au sens propre comme au sens figuré. Fanfaron, le brave volatile ne les dément pas quand elles le croient capable de leur apprendre à voler. C'est donc sur cette énorme supercherie - et le gentil suspense qui en découle - que repose l'essentiel du scénario de Chicken run. Tout droit sorti de l'imaginaire débridé de deux Anglais évidemment foldingues, cette petite merveille de film animé doit se regarder avec les yeux d'un enfant. Rien n'est surprenant, tout est épatant. Les plus grands, eux, pourront s'émerveiller de la précision des techniques employées et, même sans parcourir le making of, comprendront qu'il aura fallu des prouesses pour donner vie aux gallinacés de pâte à modeler.
Concrètement, Chicken run s'appuie sur la technique stop motion. Pour reproduire l'impression de mouvement, les animateurs jouent sur la souplesse de leurs créatures et, en déplaçant très légèrement leurs membres, multiplient les photos en chaîne jusqu'à laisser croire à une mobilité naturelle. Onze ans après la sortie du film, c'est juste un peu moins convaincant, mais ça reste de l'artisanat de pointe. Faites le calcul: pour un film de 80 minutes, à raison de 24 images par seconde, c'est plus de 115.000 prises de vue qui auront été nécessaires pour ce premier long-métrage des studios Aardman. Rythme affiché: une semaine de tournage pour une minute de film ! Après que les doubleurs ont enregistré leur texte, plusieurs équipes ont été mobilisées, chacune tournant sa petite scène de son côté avant que toutes soient réunies pour obtenir le "produit" final. Franchement, les poules ne sont pas les seules à avoir bien bossé...
Film britannique de Nick Park et Peter Lord (2000)
Avec le nom des réalisateurs, les connaisseurs auront reconnu celui des papas de Wallace et Gromit, autres bestioles dont il faudrait bien que je reparle ici un jour prochain. En attendant, laissez-moi vous dire pour sa défense que le film du jour ne ressemble véritablement à aucun autre. J'exagère un peu: si vous voulez voir une oeuvre d'animation comparable, vous pouvez vous tourner également vers Fantastic Mr. Fox. Hasard ou pas, il y est aussi question du délicat rapport entre les animaux et les hommes.
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