jeudi 12 janvier 2023

Le Caire, nid d'espions ?

Je crois bien vous l'avoir déjà expliqué: je me "méfie" des films polémiques au sujet d'un pays quand leurs réalisateurs sont en exil. Bien sûr, certains artistes n'ont pas le choix s'ils veulent vivre libres. C'est dans cet état d'esprit que j'ai pu voir La conspiration du Caire. Film qui évoque l'Égypte, mais produit en Suède et tourné en Turquie.

Bon... Tarik Saleh, le cinéaste derrière ce projet, a bien des origines égyptiennes, mais il est né à Stockholm et possède la nationalité suédoise. Cela précisé, j'indique qu'il nous plonge ici dans le monde musulman dans ce qu'il a de plus sacré, en poussant les lourdes portes de l'université Al-Azhar, au Caire, prestigieuse institution sunnite. Quand un haut dignitaire religieux y meurt subitement, des intrigues politico-policières démarrent pour désigner son successeur. L'État tient visiblement à conserver une mainmise certaine sur le pouvoir absolu. Rien qui ressemble vraiment à notre très chère démocratie laïque: l'idée est surtout d'éviter qu'il y ait "deux pharaons en Égypte".

La conspiration du Caire
a un étudiant pour personnage principal. Issu d'une famille modeste et un peu dépassé par les événements historiques en cours, Adam est chargé par la police secrète d'enquêter sur les réseaux souterrains de son école. Il apparaît alors nécessaire d'accepter qu'un tel personnage puisse exister pour apprécier le film. Joliment mis en scène, celui-ci se présente comme un huis-clos complexe et étouffant: c'est voulu, je pense, mais cela peut déplaire. En somme, on se retrouve dans la peau du "héros", avec des infos limitées sur ce qui est à l'oeuvre entre les murs d'une institution jalouse de ses secrets. Oui, tout cela est édifiant sur la situation égyptienne, (déjà) douze ans après les Printemps arabes et la chute du président-dictateur Hosni Moubarak. Sans connaissance précise sur la situation du pays désormais, je me suis parfois senti largué. Mais attention ! Cela ne signifie pas que j'ai cru voir un mauvais film.

La conspiration du Caire
Film suédois de Tarik Saleh (2022)

C'est un fait: sa complexité dessert un peu ce long-métrage étranger. Qu'importe: il contient assez de choses intéressantes pour plaire. Chacun jugera, évidemment, en fonction de ses propres critères. Souvent, c'est plutôt en Iran que le cinéma nous entraîne pour parler de la démocratie (cf. Les nuits de Mashhad, Juste une nuit...). Rappel: côté égyptien, j'avais aussi évoqué Ali, la chèvre & Ibrahim.

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Les opinions sur le film s'avèrent contrastées...

Je vous invite donc à présent à découvrir celles de Pascale et Dasola.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Grosse déception pour ce film trop long, TRÈS confus et pas très bien joué. Que le réalisateur ne soit QUE d'origine égyptienne, au contraire il peut prendre du recul mais ce n'est pas très concluant et il faut comme tu l'évoques, avoir un doctorat en islam et égyptologie moderne pour comprendre. Mais le savait jury cannois lui a donné un prix ; quoique... prix de la mise en scène, ça ne veut pas dire qu'ils aient compris.

Pascale a dit…

Tu corriges...
Savant et pas savais...
Et le réalisateur QUE d'origine : ne m'a pas gênée.