La nuit du 12 restera, je crois, comme l'un des grands films français du millésime actuel. Je vous avoue que je fondais de grands espoirs sur ce polar. Et au final, je le constate: il les a parfaitement comblés. Cela ne veut toutefois pas dire que je le conseillerais à tout le monde. La justice peut être une lumière. Cet opus, lui, s'avère très sombre...
D'emblée, nous sommes plongés dans la réalité la plus crue: un carton préalable nous indique qu'en France, un meurtre sur cinq demeure sans coupable identifié. Et nous voilà embarqués dans une brigade criminelle, qui, de nuit, fête le départ à la retraite d'un de ses chefs. Seulement des hommes dans ce groupe. Pas forcément les plus fins. Aussitôt après, le cadavre partiellement calciné d'une jeune femme est découvert dans une rue d'une ville moyenne des Alpes. Deux flics venus de la grande ville fouillent aussitôt dans la vie de la victime pour identifier un suspect (ou au moins un mobile). L'image proprette de Clara en prend un coup, mais de fait sans que l'enquête avance pour autant. Et le film nous montre très bien le côté ingrat et futile de l'investigation policière. C'est tout à la fois sobre et passionnant...
Si ce n'est face à la mort primitive, La nuit du 12 n'est pas un film spectaculaire. Disons plutôt qu'il ne joue pas sur des effets tapageurs. Il montre au contraire ce que l'être humain peut être - ou devenir - devant la violence et, a fortiori, dès lors qu'il se heurte à des murs malgré ses envies de comprendre. L'énigme qui est (pro)posée compte moins que la profonde étude de moeurs, d'une subtilité rare. En ce sens, le long-métrage vient nous bousculer tant il sait s'ancrer dans notre époque - et notamment au sujet de la condition féminine. Chacun à leur place, les actrices et les acteurs jouent parfaitement sur toutes les nuances du scénario, dont les belles qualités d'écriture paraissent renforcées par la "plastique" du film, ses images, ses sons et même ce à quoi il fait allusion, ce qu'il suggère... c'est très solide !
Autre aspect très intéressant: le récit nous montre progressivement que, même en groupe, on peut se retrouver tout à fait seul, soudain. C'est pour cela que tout paraît si noir, finalement, les faits criminels eux-mêmes ne servant alors que de révélateurs - terribles symptômes d'une société individualiste, de plus en plus à la dérive. L'empathie existe, mais elle a le plus souvent tendance à s'effacer avec le temps. Dès lors, les ellipses que s'autorise le film lui apportent un sens incroyablement puissant: elles montrent que l'oubli peut parfois faire des ravages, mais aussi, heureusement, que les années qui passent et le courage de certains sont susceptibles d'apporter de l'apaisement. Le tout en deux heures de cinéma, cela fait beaucoup, me direz-vous. C'est vrai ! Mais nul n'est obligé d'y voir autre chose qu'un bon polar...
Je dirais que le crime nous place face aux tréfonds de l'âme humaine. Pour ma part, j'ai également aimé La nuit du 12 car il se déroule dans des montagnes proches de chez moi. J'irai les voir de plus près d'ici quelque temps, sans doute, non par fétichisme, mais par envie d'apprécier leurs beautés indéniables d'un peu plus près. Avec un oeil passionné et donc attentif, je pense surveiller également le palmarès des César 2023, où j'espère voir certains comédiens et/ou techniciens de ce grand moment de cinéma (qui paraît faire l'unanimité critique). Entre les deux, je verrai peut-être d'autres films du même cinéaste. Je crois qu'il serait intéressant aussi de lire le texte qui l'a inspiré dans 18.3 - une année à la PJ, un livre de Pauline Guéna paru en 2020 aux éditions Denoël. Votre avis m'intéresse, si vous m'avez précédé...
La nuit du 12
Film français de Dominik Moll (2022)
Ma conclusion est tout à fait positive. Ce qui est ici montré des flics n'est peut-être pas conforme à la réalité, ni même juste "proche de". N'empêche: la complexité, le non-manichéisme et les nuances du film ont permis que je m'intéresse de près à cette enquête (non-aboutie). Pour la facette immersion policière, Scènes de crimes et BAC Nord me semblent un peu moins justes. Et j'aimerais aussi revoir L. 627...
D'emblée, nous sommes plongés dans la réalité la plus crue: un carton préalable nous indique qu'en France, un meurtre sur cinq demeure sans coupable identifié. Et nous voilà embarqués dans une brigade criminelle, qui, de nuit, fête le départ à la retraite d'un de ses chefs. Seulement des hommes dans ce groupe. Pas forcément les plus fins. Aussitôt après, le cadavre partiellement calciné d'une jeune femme est découvert dans une rue d'une ville moyenne des Alpes. Deux flics venus de la grande ville fouillent aussitôt dans la vie de la victime pour identifier un suspect (ou au moins un mobile). L'image proprette de Clara en prend un coup, mais de fait sans que l'enquête avance pour autant. Et le film nous montre très bien le côté ingrat et futile de l'investigation policière. C'est tout à la fois sobre et passionnant...
Si ce n'est face à la mort primitive, La nuit du 12 n'est pas un film spectaculaire. Disons plutôt qu'il ne joue pas sur des effets tapageurs. Il montre au contraire ce que l'être humain peut être - ou devenir - devant la violence et, a fortiori, dès lors qu'il se heurte à des murs malgré ses envies de comprendre. L'énigme qui est (pro)posée compte moins que la profonde étude de moeurs, d'une subtilité rare. En ce sens, le long-métrage vient nous bousculer tant il sait s'ancrer dans notre époque - et notamment au sujet de la condition féminine. Chacun à leur place, les actrices et les acteurs jouent parfaitement sur toutes les nuances du scénario, dont les belles qualités d'écriture paraissent renforcées par la "plastique" du film, ses images, ses sons et même ce à quoi il fait allusion, ce qu'il suggère... c'est très solide !
Autre aspect très intéressant: le récit nous montre progressivement que, même en groupe, on peut se retrouver tout à fait seul, soudain. C'est pour cela que tout paraît si noir, finalement, les faits criminels eux-mêmes ne servant alors que de révélateurs - terribles symptômes d'une société individualiste, de plus en plus à la dérive. L'empathie existe, mais elle a le plus souvent tendance à s'effacer avec le temps. Dès lors, les ellipses que s'autorise le film lui apportent un sens incroyablement puissant: elles montrent que l'oubli peut parfois faire des ravages, mais aussi, heureusement, que les années qui passent et le courage de certains sont susceptibles d'apporter de l'apaisement. Le tout en deux heures de cinéma, cela fait beaucoup, me direz-vous. C'est vrai ! Mais nul n'est obligé d'y voir autre chose qu'un bon polar...
Je dirais que le crime nous place face aux tréfonds de l'âme humaine. Pour ma part, j'ai également aimé La nuit du 12 car il se déroule dans des montagnes proches de chez moi. J'irai les voir de plus près d'ici quelque temps, sans doute, non par fétichisme, mais par envie d'apprécier leurs beautés indéniables d'un peu plus près. Avec un oeil passionné et donc attentif, je pense surveiller également le palmarès des César 2023, où j'espère voir certains comédiens et/ou techniciens de ce grand moment de cinéma (qui paraît faire l'unanimité critique). Entre les deux, je verrai peut-être d'autres films du même cinéaste. Je crois qu'il serait intéressant aussi de lire le texte qui l'a inspiré dans 18.3 - une année à la PJ, un livre de Pauline Guéna paru en 2020 aux éditions Denoël. Votre avis m'intéresse, si vous m'avez précédé...
La nuit du 12
Film français de Dominik Moll (2022)
Ma conclusion est tout à fait positive. Ce qui est ici montré des flics n'est peut-être pas conforme à la réalité, ni même juste "proche de". N'empêche: la complexité, le non-manichéisme et les nuances du film ont permis que je m'intéresse de près à cette enquête (non-aboutie). Pour la facette immersion policière, Scènes de crimes et BAC Nord me semblent un peu moins justes. Et j'aimerais aussi revoir L. 627...
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Pour aller plus loin avec ce film...
Vous pourriez lire les avis de Pascale, Dasola, Princécranoir et Strum.
Pour aller plus loin avec ce film...
Vous pourriez lire les avis de Pascale, Dasola, Princécranoir et Strum.
4 commentaires:
Bonjour Martin, merci pour le lien sur un film qui sera en tête de mon palmarès ciné de cette année. Bonne fin d'après-midi.
Salut du matin, Dasola ! Je pense qu'il finira également très haut dans le mien.
Un des grands films de cet été.
Il a de très bonnes chances de finir haut dans mon futur top de 2022. À voir maintenant ce que la "rentrée" va nous réserver.
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