L'Irlande ? J'y ai passé quelques jours de vacances, en août 2016. Aujourd'hui, il me reste de vagues souvenirs de moments agréables. Depuis, c'est uniquement au cinéma que j'ai pu revoir la verte Érin. La dernière fois, c'était en découvrant Les banshees d'Inisherin, film récompensé à la Mostra de Venise et aux Golden Globes américains...
Je l'avoue: j'ai longtemps hésité à prendre mon ticket, cette fois. Malgré leur assez bonne réputation, aucun des trois précédents films de Martin McDonagh, le scénariste et réalisateur, ne m'avait emballé. En fin de compte, l'insistance de quelques proches et la perspective d'admirer les somptueux paysages irlandais ont fini par me convaincre d'oublier mes réticences. Je me suis donc frotté à la drôle d'histoire de Pádraic, à qui son meilleur ami demande soudain l'impossible. "N'essaye plus de me parler", "Ôte-toi de mon chemin", "Va t'installer à une autre table que celle que nous partagions hier": les consignes de Colm sont d'une grande fermeté - et aussi sèches qu'inexplicables. En essayant de comprendre, Pádraic s'expose de facto à une douleur plus forte encore que le mépris auquel il fait soudainement face. Quant au spectateur, je dirais... qu'il nage dans le même brouillard ! Ce qui peut être drôle, par instants. Mais le rire est plutôt grinçant...
Pour éviter de sombrer dans la déprime, il est conseillé de s'accrocher aux personnages secondaires et, tout particulièrement, au premier d'entre eux: Siobhán, la soeur de Pádraic. Les banshees d'Inisherin en compte quelques autres, comme Dominic, le "vrai" idiot du village, ou Mrs. McCormick, une vieille dame assez flippante, mais ceux-là n'apportent aucun réconfort, bien au contraire. Leur seule présence donne toutefois au film des allures de conte, ce qui est appréciable. Ensuite, à chacun(e) son interprétation de ce que le scénario raconte. Moi, par exemple, j'y ai vu une possible métaphore des conflits civils qui affectaient l'Irlande au siècle dernier - une impression corroborée par le fait que ce qui nous est montré est censé se dérouler en 1923. Il est aussi permis de penser que le film dresse simplement le portrait d'un homme bon que les autres rejettent pour sa prétendue naïveté. Bon, qu'importe le fin mot de l'histoire ! Je veux saluer l'interprétation des acteurs: Colin Farrell, Brendan Gleeson et bien sûr Kerry Condon méritent des éloges. À suivre aux Oscars le mois prochain ? Mais oui !
Les banshees d'Inisherin
Film américano-britannico-irlandais de Martin McDonagh (2022)
Une bonne surprise. Il est clair que je n'irai pas voir ce genre de films tous les jours, mais, malgré sa noirceur, son originalité m'a séduit. Martin McDonagh monte ainsi d'un cran dans mon estime, cinq ans après la déception 3 billboards. Il ne faut donc désespérer de rien. Cela dit, pour l'Irlande, je préfère encore Once et/ou Brooklyn. Amateurs de légendes, Le peuple loup devrait aussi vous convenir...
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Et maintenant, si vous ne les avez pas déjà lues...
Je vous renvoie sans plus tarder aux chroniques de Pascale et Dasola. Et notez que Princécranoir a, lui aussi, fini par se laisser convaincre !
Je l'avoue: j'ai longtemps hésité à prendre mon ticket, cette fois. Malgré leur assez bonne réputation, aucun des trois précédents films de Martin McDonagh, le scénariste et réalisateur, ne m'avait emballé. En fin de compte, l'insistance de quelques proches et la perspective d'admirer les somptueux paysages irlandais ont fini par me convaincre d'oublier mes réticences. Je me suis donc frotté à la drôle d'histoire de Pádraic, à qui son meilleur ami demande soudain l'impossible. "N'essaye plus de me parler", "Ôte-toi de mon chemin", "Va t'installer à une autre table que celle que nous partagions hier": les consignes de Colm sont d'une grande fermeté - et aussi sèches qu'inexplicables. En essayant de comprendre, Pádraic s'expose de facto à une douleur plus forte encore que le mépris auquel il fait soudainement face. Quant au spectateur, je dirais... qu'il nage dans le même brouillard ! Ce qui peut être drôle, par instants. Mais le rire est plutôt grinçant...
Pour éviter de sombrer dans la déprime, il est conseillé de s'accrocher aux personnages secondaires et, tout particulièrement, au premier d'entre eux: Siobhán, la soeur de Pádraic. Les banshees d'Inisherin en compte quelques autres, comme Dominic, le "vrai" idiot du village, ou Mrs. McCormick, une vieille dame assez flippante, mais ceux-là n'apportent aucun réconfort, bien au contraire. Leur seule présence donne toutefois au film des allures de conte, ce qui est appréciable. Ensuite, à chacun(e) son interprétation de ce que le scénario raconte. Moi, par exemple, j'y ai vu une possible métaphore des conflits civils qui affectaient l'Irlande au siècle dernier - une impression corroborée par le fait que ce qui nous est montré est censé se dérouler en 1923. Il est aussi permis de penser que le film dresse simplement le portrait d'un homme bon que les autres rejettent pour sa prétendue naïveté. Bon, qu'importe le fin mot de l'histoire ! Je veux saluer l'interprétation des acteurs: Colin Farrell, Brendan Gleeson et bien sûr Kerry Condon méritent des éloges. À suivre aux Oscars le mois prochain ? Mais oui !
Les banshees d'Inisherin
Film américano-britannico-irlandais de Martin McDonagh (2022)
Une bonne surprise. Il est clair que je n'irai pas voir ce genre de films tous les jours, mais, malgré sa noirceur, son originalité m'a séduit. Martin McDonagh monte ainsi d'un cran dans mon estime, cinq ans après la déception 3 billboards. Il ne faut donc désespérer de rien. Cela dit, pour l'Irlande, je préfère encore Once et/ou Brooklyn. Amateurs de légendes, Le peuple loup devrait aussi vous convenir...
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Et maintenant, si vous ne les avez pas déjà lues...
Je vous renvoie sans plus tarder aux chroniques de Pascale et Dasola. Et notez que Princécranoir a, lui aussi, fini par se laisser convaincre !
6 commentaires:
Oulala quelle froideur !
Manifestement tu n'as pas été emballé par ce film que j'ai trouvé GRAND à tout point de vue. Moi j'y ai vu à la fois un conte, la vieille dame est la sorcière banshee, et une métaphore du conflit évoqué deux fois je crois.
L'interprétation est de haute volée particulièrement celle de Colin Farrell exceptionnelle et aussi celle de Barry Keoghan et Kerry.
Je n'ai jamais mis les pieds en Irlande mais j'en rêve.
Il faut dire que, à l'instar du climat et des paysages, le film est froid et austère tout de même, et ce malgré les tentatives pour nous dérider. Et McDonagh n'est pas le plus joyeux des metteurs en scène (apôtre de Pinter faut dire).
En tout cas, belle critique, quoi qu'on en dise. (et merci pour le lien).
@Pascale:
Tu auras compris, depuis le temps, que j'ai du mal à être chaud pour ce qui est froid. Et je sais que tu es beaucoup plus enthousiaste que moi, sur ce coup-là. J'ai aimé l'exercice de style, mais je me demande toujours un peu ce que Martin McDonagh a voulu dire. Parfois, un peu de "non-montré" me convient mieux. Cette histoire de doigts, je pense qu'on avait compris sans avoir toutes les images...
Tu as raison pour la prestation de Barry Keoghan. J'aurais pu citer l'acteur et pas seulement le personnage. Mais les explications de son traumatisme m'ont paru de trop !
L'Irlande ? Le peu que j'ai vu me fait dire que c'est un pays magnifique. Avec (aussi) des gens magnifiques. Y retournerai-je un jour ? Je ne sais pas, mais ça serait sympa.
@Prince:
Froid et austère dans l'ensemble, oui. Mais les quelques tentatives pour nous dérider m'ont bien plu. Mais je ne sais pas: je me dis qu'elles sont là aussi pour édulcorer un propos un peu trop pessimiste pour moi. Et, dans ce que j'imagine du destin des personnages, je crois que la fâcherie des deux hommes va durer, même si elle ne s'amplifie pas davantage.
Pinter en référence ? Je ne connais rien de cet auteur. Mon manque d'enthousiasme affiché s'explique peut-être.
Merci, en tout cas, de ton compliment sur ma chronique. Et pas de quoi pour le lien !
Bonsoir Martin, à par les doigts coupés, j'ai aimé ce film avec un Colin Farrell exceptionnel et Kerry Condon est en effet bien jolie et elle a beaucoup de talent. L'histoire m'a beaucoup fait penser à du Samuel Beckett. Bonne soirée.
Je ne connais pas mieux Beckett que Pinter. Il faut que je regarde de plus près ses références littéraires, donc. J'avoue que ce n'est pas ma priorité, mais ça pourrait m'intéresser quand même.
Pour ce qui est des doigts coupés, pour le dire vite, je trouve que c'est ajouter pour rien une touche spectaculaire à un absurde qui aurait bien pu se passer d'être aussi explicite...
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