Présentée comme un événement, une récente rétrospective des films de Hayao Miyazaki sur Arte m'a permis de découvrir Mon voisin Totoro. Sorti en 1988, ce long métrage d'animation est souvent désigné comme le chef d'oeuvre de son créateur, son personnage principal étant d'ailleurs repris en emblème du studio Ghibli qui l'a vu naître. Après, comme très souvent au cinéma quand le travail relève d'une certaine originalité formelle, c'est une question de conviction. En clair, pour apprécier ce genre, il faut parvenir à pénétrer l'univers ainsi proposé, pas si éloigné du nôtre, d'ailleurs, mais malgré tout foncièrement différent. Au début de l'aventure, cette fois-ci, un père et ses deux petites filles déménagent pour s'installer à la campagne. La maman, elle, soigne une sérieuse maladie lors d'un séjour hospitalier. Tout semble pour ainsi dire normal et même naturel lorsque l'une des gamines rencontre une vieille dame que la tribu adopte et baptise rapidement... Grand-mère. Une petite exploration du grenier, suivie d'une escapade dans le jardin, donne au scénario une tournure nettement plus onirique, avec la découverte successive des Noiraudes, petites boules de suie aux grands yeux, et de Totoro. Le voisin est une gigantesque créature poilue, volante et pacifique.
Et il ne surprend personne ! Présenté comme une sorte de divinité sylvestre, ce qui signe de fait le travail de Miyazaki, je l'ai d'abord perçu comme le rêve... de la plus jeune des deux héroïnes du film. Mais non ! Mon voisin Totoro existe bien, et au moins dans l'esprit des enfants, puisque la plus grande des deux soeurs le rencontre aussi. En somme, il s'occupe des plus jeunes comme le ferait notamment une baby-sitter au format XXL ! S'il ne parle pas la langue des humains, il les comprend toutefois parfaitement et devance généralement leur désir quand ils font face à une adversité quelconque. En ce sens, il est donc tout à fait rassurant et attire indéniablement une confiance immédiate chez ceux qui ont la chance de croiser sa route. Je lisais dernièrement une analyse du film soulignant qu'à aucun moment, le spectateur n'a à subir une violence quelconque, que ce soit en images ou dans le propos. Je le confirme ! La seule (petite) ombre vient de la mère des petites filles, mais, quand on la découvre dans sa chambre d'hôpital, l'intéressée paraît sereine et a le sourire. Comme si, dans le fond, rien ne pouvait jamais aller vraiment mal. Un discours doux et positif qui est aussi, dans une moindre mesure, la marque du réalisateur nippon.
On a le droit de trouver ça nunuche ! C'est à vrai dire un peu iconoclaste de le penser, mais ce ne serait pas tout à fait injustifiable. Wikipedia explique d'ailleurs que la comptine qui ouvre le film est aujourd'hui encore un classique... des écoles maternelles japonaises. De ce que je connais de l'oeuvre de Miyazaki, je crois pouvoir dire que Mon voisin Totoro s'adresse plutôt à un public jeune. Sauf erreur, le gentil personnage lui-même est issu d'un livre pour enfants. Pour autant, ce film pourrait très bien ne pas exister. Surprise: son scénario a été refusé (deux fois !) par les producteurs du pays du soleil levant, pas forcément plus conciliants que d'autres. Qu'il soit finalement parvenu jusqu'à nous est donc une chance aussi. Anecdote amusante: en français, c'est Mélanie Laurent qui double Satsuki, l'une des jeunes héroïnes de cette fiction étonnante. Notez que sept autres oeuvres du même cinéaste sont sorties depuis. Comme j'ai déjà eu l'opportunité de le dire ici, certaines se tournent vers une audience un peu plus adulte. Cécile, une collègue de boulot, me disait hier qu'elle avait vaguement entendu parler d'une huitième, mais je n'ai pas trouvé de confirmation particulière. Une chose semble avérée: alors qu'il aura 70 ans en janvier prochain, on n'a probablement pas fini d'entendre parler - en bien - du vieux senseï.
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