mercredi 19 avril 2023

Sa bataille

On ne va pas se mentir: il fut un temps pas si lointain où chaque film de François Ozon titillait fortement ma curiosité cinématographique. Pourtant, sans l'insistance de deux de mes complices, il est probable que j'aurais laissé passer la sortie du dernier en date: Mon crime. Soyez-en sûrs: c'est un (assez) bon cru du (très) prolifique réalisateur.

Paris, 1935. Madeleine Verdier, comédienne, se languit du beau rôle qui saura enfin la propulser sur le devant de la scène. Un rendez-vous avec un producteur de cinéma la laisse furieuse - et désespérée - après être tombée dans un guet-apens sexuel. Même le soutien réel de son amie Pauline Mauléon, avocate, ne suffit plus à la réconforter. Limite si elle ne se suicide pas ! Il est temps de régler ses comptes avec ceux, "gros cochons" ou pleutres, qui lui pourrissent l'existence. Autant le dire: Mon crime ne dresse pas des hommes un portrait flatteur. Cela ne m'a pas dérangé, bien au contraire. Je dois admettre que je suis allé voir le film avec l'idée de mieux connaître ses actrices principales, Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder. L'une et l'autre semblent avoir le vent en poupe, ce dont je me réjouis: je trouve qu'elles sont les dignes représentantes d'une prometteuse jeune garde du cinéma français. Il est fort possible que je vous en reparle bientôt.

Autour d'elles, François Ozon s'est offert une distribution de prestige. Certains membres de la troupe avaient déjà joué pour lui, à l'image d'Isabelle Huppert ou de Fabrice Luchini. D'autres font leurs débuts devant sa caméra - citons Régis Laspalès et Dany Boon, par exemple. Cet ensemble hétéroclite fait mouche: de fait, même si leurs univers habituels divergent, toutes et tous affichent ici une complémentarité intéressante, guillerets qu'ils sont à l'idée de donner vie à un scénario porté sur la rigolade. Au départ, c'était celui d'une pièce de théâtre signée Georges Berr et Louis Verneuil, créée aux Variétés en 1934. Essentiellement tourné en intérieurs, Mon crime assume sa naissance sur les planches parisiennes, sous les atours d'une grosse production conçue pour l'écran (avec un grand soin pour les décors et costumes). Même si tout cela ne révolutionne rien, c'est donc du cinéma efficace. Assez en tout cas pour offrir à son auteur un box-office très correct...

Mon crime
Film français de François Ozon (2023)

Bon... je doute que les entrées pour cet opus dépassent le total atteint pour 8 femmes ou Potiche, mais il devrait laisser 17 ou 18 des 22 autres films du même cinéaste derrière lui. Pas mal, non ? Vous m'en voyez ravi pour Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder. Côté féminisme, L'une chante, l'autre pas reste une belle référence. La vie invisible d'Euridice Gusmão aussi, plus récente (et au Brésil) !

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Vous souhaitez rester en France ?

Autant le souligner aussi: le film y a été bien reçu, dans l'ensemble. NB: Il a entre autres plu à Pascale, Dasola, Princécranoir et Benjamin.

Attendez ! Un ultime petit détail...

Je voulais finir en saluant la belle bande-originale de Philippe Rombi.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Oui un excellent cru du réalisateur prolifique.
C'est gai, joyeux, profond, très beau, magnifiquement interprété. Du cinéma dont on redemande.

Martin a dit…

Profond ? Ouais... ça explore des sujets d'actu, mais ça ne va pas trop loin.
En tout cas, oui, j'ai passé un bon moment. Et, pour Nadia et Rebecca, ça valait vraiment le coup.

Pascale a dit…

Je ne sais pas où je suis allée chercher ce profond !!! Il est plutôt léger ce film malgré la tirade féministe.

Martin a dit…

Nous sommes donc d'accord. Au-delà de la comédie, le film a des choses à dire et les dit bien.