Ils rêvent qu'un beau jour, ils seront célèbres grâce à leur musique. Afin de le devenir, Seydou et Moussa se voient quitter leur Sénégal natal pour rallier une terre qu'ils pensent plus hospitalière: l'Europe. Depuis plusieurs mois, ils économisent de quoi s'offrir le "voyage". Mais leurs jeunes illusions pourraient se fracasser sur la rude réalité !
Ce sujet, c'est celui de Moi capitaine, le nouveau film du réalisateur italien Matteo Garrone. Son idée: "Montrer ce qu'on ne voit jamais". Dans son pays, l'île de Lampedusa est connue pour avoir reçu des flux continus de populations migrantes, au point de devenir le symbole premier de ce phénomène plus que prégnant ces dernières années. Intelligent, le cinéaste choisit bel et bien de l'aborder en se tenant aux côtés de ceux qui s'embarquent vers l'inconnu, sans montrer ceux qui veulent s'organiser pour les accueillir au mieux... ou les chasser. Et puisque nous parlons de deux garçons, le film est très poignant ! Depuis les faubourgs de Dakar, il témoigne de l'incroyable expédition de deux cousins, partis pour traverser le Sahara et la Méditerranée. Évacuons tout de suite une question: oui, les images sont belles. Personnellement, je n'en fais pas un problème, car je suis convaincu d'une chose: si elles ne l'étaient pas, elles n'auraient pas cette force...
Lors d'une interview, Matteo Garrone a rappelé que 27.000 personnes étaient mortes ces quinze dernières années, dans une démarche comparable à celle de Seydou et Moussa. Il a osé introduire un peu d'onirisme dans sa fiction - ce que d'aucuns jugent vraiment malvenu. Je crois dès lors qu'il est important de rappeler que Moi capitaine illustre des circonstances réelles et que, pour une fois, il est judicieux de montrer les exilés comme les indéniables victimes de passeurs dépourvus du moindre scrupule. Tout cela, nous l'oublions (trop) vite. Je tiens néanmoins à le souligner: le ton du film n'est pas accusateur. Est-il positif pour autant ? Euh... je n'irai pas jusqu'à le prétendre. Disons qu'il trouve un équilibre et souligne alors combien les migrants restent inaudibles dans nos sociétés occidentales dites développées. À leurs appels au secours, nous opposons souvent une force inefficace et, de ce fait même, tout à fait inappropriée. Il peut s'avérer étrange d'y réfléchir en étant assis dans un fauteuil de cinéma confortable. Rien ne nous force pourtant à garder cette posture. À bon entendeur !
Moi capitaine
Film italien de Matteo Garrone (2023)
Avec près de 805.000 entrées, ce long-métrage a achevé son parcours au 18ème rang box-office transalpin l'an passé: un succès mérité. C'est évidemment sur grand écran qu'il est le plus convaincant. D'autres films sur les migrants méritent un détour ! Le plus "ancien" dans mes souvenirs doit être Eden à l'ouest, de Costa-Gavras (2009). Autres plans: Harragas, L'autre côté de l'espoir, La traversée, etc...
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Une info en guise de conclusion...
Ce sont les quatre étoiles chez Pascale qui m'ont décidé à voir le film.
Ce sujet, c'est celui de Moi capitaine, le nouveau film du réalisateur italien Matteo Garrone. Son idée: "Montrer ce qu'on ne voit jamais". Dans son pays, l'île de Lampedusa est connue pour avoir reçu des flux continus de populations migrantes, au point de devenir le symbole premier de ce phénomène plus que prégnant ces dernières années. Intelligent, le cinéaste choisit bel et bien de l'aborder en se tenant aux côtés de ceux qui s'embarquent vers l'inconnu, sans montrer ceux qui veulent s'organiser pour les accueillir au mieux... ou les chasser. Et puisque nous parlons de deux garçons, le film est très poignant ! Depuis les faubourgs de Dakar, il témoigne de l'incroyable expédition de deux cousins, partis pour traverser le Sahara et la Méditerranée. Évacuons tout de suite une question: oui, les images sont belles. Personnellement, je n'en fais pas un problème, car je suis convaincu d'une chose: si elles ne l'étaient pas, elles n'auraient pas cette force...
Lors d'une interview, Matteo Garrone a rappelé que 27.000 personnes étaient mortes ces quinze dernières années, dans une démarche comparable à celle de Seydou et Moussa. Il a osé introduire un peu d'onirisme dans sa fiction - ce que d'aucuns jugent vraiment malvenu. Je crois dès lors qu'il est important de rappeler que Moi capitaine illustre des circonstances réelles et que, pour une fois, il est judicieux de montrer les exilés comme les indéniables victimes de passeurs dépourvus du moindre scrupule. Tout cela, nous l'oublions (trop) vite. Je tiens néanmoins à le souligner: le ton du film n'est pas accusateur. Est-il positif pour autant ? Euh... je n'irai pas jusqu'à le prétendre. Disons qu'il trouve un équilibre et souligne alors combien les migrants restent inaudibles dans nos sociétés occidentales dites développées. À leurs appels au secours, nous opposons souvent une force inefficace et, de ce fait même, tout à fait inappropriée. Il peut s'avérer étrange d'y réfléchir en étant assis dans un fauteuil de cinéma confortable. Rien ne nous force pourtant à garder cette posture. À bon entendeur !
Moi capitaine
Film italien de Matteo Garrone (2023)
Avec près de 805.000 entrées, ce long-métrage a achevé son parcours au 18ème rang box-office transalpin l'an passé: un succès mérité. C'est évidemment sur grand écran qu'il est le plus convaincant. D'autres films sur les migrants méritent un détour ! Le plus "ancien" dans mes souvenirs doit être Eden à l'ouest, de Costa-Gavras (2009). Autres plans: Harragas, L'autre côté de l'espoir, La traversée, etc...
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Une info en guise de conclusion...
Ce sont les quatre étoiles chez Pascale qui m'ont décidé à voir le film.
6 commentaires:
Ah je suis contente de t'avoir incité.
Et moi à force de ne pas trouver de séance pour ce film depuis octobre j'ai bien cru ne jamais le voir.
C'est un film magnifique visuellement oui et j'ai particulièrement apprécié que le réalisateur propose ce réalisme ou plutôt cette réalité qui a tant déplu. Quelle bêtise de penser que parce que la situation est épouvantable, l'environnement l'est aussi. Les migrants traversent des pays et des endroits absolument sublimes. Ce serait vraiment débile de prétendre qu'il pleut, que tout est gris et qu'ils traversent des bidonvilles.
Ce film est beau, puissant et bouleversant.
T'es tu intéressé à l'histoire du vrai garçon dont le film s'inspire ? Sidérant. A l'arrivée du bateau il a été considéré comme le passeur et incarcéré...
Dans le film, la partie où il prend en charge le bateau est remarquable de tension. Et la maturité nouvelle de Seydou est bouleversante. "Personne ne va mourir ici" dit-il (ou à peu près). Un héros.
Et moi, je suis content que tu m'aies incité. C'était... sympa !
Le reproche de la beauté sur un sujet qui se prêtait pas avait déjà été formulé à l'encontre d'Abderrahmane Sissako pour "Timbuktu". Lequel avait rétorqué à ses contradicteurs un truc du genre: "Oui, mais si j'avais fait un film moche, vous le n'auriez pas regardé".
Effectivement, l'histoire vraie derrière "Moi captaine" est sidérante. J'ai vraiment aimé la toute fin du film quand la voix de Seydou est couverte par le bruit. Un vrai héros, en effet, malgré lui. Je me demande ce qu'il devient aujourd'hui. Tu as des infos là-dessus ?
Je crois qu'Amara Fofana va bien. Il est refugié à Liège.
J'attends le Black tea de Sissako avec impatience. Ça a l'air une nouvelle fois très beau.
Je vois que tu as compris, l'emploi de sympa pour ce film est le parfait exemple. Parfaitement adapté 😂
Merci pour les infos. Et oui, moi aussi, j'attends le Sissako !
Je pense que je n'utiliserai plus le mot sympa pour ce type de films. Sauf si ça m'échappe...
La véritable avancée pour la science et l'humanité serait que tu penses à notre "conversation" chaque fois que tu utilises ce mot car cela ne s'applique pas qu'au cinéma. Ex. : un restau est sympa, une soirée est sympa, une ambiance est sympa...
Je crois que tu as compris. Cela ne veut rien dire.
La même démonstration (et le même agacement de ma part) s'applique au mot "poésie" qui souvent fait référence à quelque chose de mignon, joli, vaporeux, évanescent, romantique...Demande à Léo Ferré si la poésie c'est joli mignon tiens ?
Bref, sympa et poésie (je n'en vois pas d'autres... ya cool aussi mais ça va, ça passe) sont employés à tort et à travers.
J'arrête sinon je vais embrayer sur "un" espèce, incessamment sous peu, au jour d'aujourd'hui et tutti chianti !
😂
Je suppose qu'on dit sympa par analogie avec ce qui est agréable et plaisant.
Mais oui, bref... j'ai compris ton propos et je le partage largement.
Effectivement, c'est la même chose quand on dit "poésie" à tort et à travers.
Attention toutefois à ne pas réduire un genre littéraire à un seul interprète,si talentueux soit-il.
Je passe sur les autres écarts de langage (oraux ou écrits).
Au final, je me dis que le mieux, c'est encore de parler de cinéma, non ?
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