Ce soir, un autre des films dont la critique a beaucoup parlé au cours de ce premier trimestre 2009: The Wrestler, de Darren Aronofsky. Une oeuvre qui mérite incontestablement le détour, la première que je découvre parmi les quatre du réalisateur et scénariste américain. Je suis presque certain que vous en aurez au moins entendu parler grâce au retour à l'écran de Mickey Rourke, acteur principal candidat à l'Oscar pour ce rôle de catcheur en fin de carrière. Il faut dire d'emblée que, de ce personnage très intéressant, l'acteur a su livrer une interprétation exceptionnelle. Sauf à considérer bien entendu que c'est le contraire: ce serait alors parce que le personnage est déjà une merveille que Rourke a pu revenir du diable vauvert pour lui donner corps de manière particulièrement réussie. Mais peu importe dans le fond la manière dont on le tourne: je considère avoir pu découvrir un grand comédien dans un magnifique film. Avant, j'avais déjà un bon feeling pour ce long métrage. Vous aurez donc compris que je ne n'ai pas été déçu.
Cela étant dit, quelques mots de plus sur le scénario: Randy Robinson est donc un catcheur à la dérive. Sa légende n'a pas franchement faibli, sa notoriété non plus, mais notre héros n'est plus que l'ombre de lui-même, une espèce de mort-vivant "shooté" aux médicaments et vivant seul dans une vague caravane. Le Bélier catche encore parce qu'il ne sait faire que ça. Dans cette vie, sa seule distraction est d'aller boire des coups dans un bar à filles et d'y faire mollement du gringue à Cassidy, une gogo danceuse (Marisa Tomei, parfaite !). Bref: n'y allez pas un soir de déprime, The Wrestler est vraiment tout sauf un film drôle, même s'il arrive - rarement - que l'on sourit de certaines situations, comme celle où Robinson et un ami font leurs courses pour préparer les prises de leur prochain combat. Darren Aronofsky signe bien un film dur, noir et je dirais même violent. Sur le ring, ça triche, certes, mais ça saigne pour de vrai. Et en dehors, la société assène des coups encore plus rudes, du genre de ceux dont on ne se relève pas toujours...
On a pu dire, ici et là, que Mickey Rourke joue en fait un personnage qui lui ressemble, qui pourrait être lui. Possible, en effet: il est vrai qu'il n'avait plus attiré les projecteurs depuis bien longtemps, et c'est d'ailleurs ce qui rend son jeu encore plus remarquable. Physiquement au moins, l'acteur a changé, lui aussi: le sex symbol qu'il était a pris un sacré coup de vieux. Choquant, certes, mais diablement efficace pour endosser le costume de Randy Robinson ! Autre réussite formelle de The Wrestler: la prise de vue. C'est quelque peu déroutant au départ, mais Darren Aronofsky a choisi d'alterner plans tournés à l'épaule et images plus "classiques". Une fois qu'on a pris l'habitude, cela donne, je crois, une force assez singulière au film, car cela rapproche le spectateur du héros, de ses émotions, espoirs et souffrances. En un mot comme en cent, une oeuvre très poignante est sortie de ce scénario difficile. Sa conclusion m'est apparue franchement désespérée même si, pour être honnête, la porte reste ouverte à l'imagination, et, dès lors, à une autre interprétation. Raison de plus, si toutefois vous vous sentez prêts à affronter certaines scènes, pour découvrir ce long métrage atypique, doté d'une grande puissance émotionnelle et artistique.
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