vendredi 5 août 2011

Une question de confiance

Une chronique de Martin

Quel est exactement le mal qui ronge Walter Black ? Difficile à dire. Ce quinquagénaire américain semble avoir tout pour mener une vie heureuse: une femme aimante depuis vingt ans, deux garçons, l'un ado, l'autre petit enfant, et un boulot plutôt sympa comme directeur d'une fabrique de jouets. Tout ça n'a pas su empêcher notre homme de sombrer dans la dépression. Quand débute vraiment Le complexe du castor, Walter Black est mis à la porte de chez lui par une épouse finalement épuisée par les efforts qu'elle accomplit pour le ramener en surface. Quelque temps plus tard, elle accepte qu'il revienne malgré une copieuse gueule de bois et après une tentative de suicide.

Ce qui a changé ? L'attitude de Walter, dont la confiance en lui a fait un prodigieux bond en avant depuis qu'il a... placé une marionnette de rongeur au bout de son bras gauche. C'est par ce truchement incroyable que le névrosé d'hier s'exprime désormais pour redevenir un chef d'entreprise conquérant, un mari souriant et un père attentionné. Sous couvert de thérapie, Le complexe du castor adopte alors un humour noir ravageur. Quelques-unes de ses scènes inaugurales sont même très drôles, avant que le trouble mental affectant Black ne reprenne le dessus. Une relation de dépendance s'instaure rapidement entre l'homme et la bestiole qu'il a positionnée comme médiateur de sa vie sociale. Ce film-là n'est pas une comédie.

C'est fou: Jodie Foster n'avait plus réalisé de film depuis quinze ans. Comme pour se rattraper, elle fait ici coup double, présente devant et derrière la caméra. Meredith, la femme de Walter, est fascinée par les montagnes russes: c'est en réalité à leur constant changement de rythme, un coup en haut, un coup en bas, qu'avance Le complexe du castor. Jamais ridicule même si pas toujours aboutie, notamment dans l'évocation de la complexité d'un rapport père-fils, cette étonnante production m'a séduit grâce à ses personnages principaux: Meredith/Jodie Foster, donc, remarquable de justesse, mais aussi et surtout Walter/Mel Gibson. L'Australien se livre entier dans une prestation magistrale, habitée, d'une certaine façon séduisante en même temps que troublante. C'est peut-être bien parce qu'après avoir vu sa cote décliner du fait de quelques frasques médiatico-judiciaires, il en a puisé la force au fond de lui-même.

Le complexe du castor
Film américain de Jodie Foster (2011)
Sur le plan émotionnel, seule la toute fin du long-métrage m'a paru un peu en deçà du reste. Paradoxalement, dirais-je, c'est son côté relativement convenu qui me laisse songer que le film aurait pu être encore meilleur. Cela dit, tel quel, il est à la fois original, bien joué et plutôt bien réalisé également. Sur un thème, je dois l'admettre, sensiblement différent, je le comparerais à Brothers, autre oeuvre récente où un homme traumatisé peine à reprendre le cours ordinaire de sa vie, "comme avant". Ce que j'ai aimé ici, c'est aussi de revoir Mel Gibson au sommet de son art. Vivement la prochaine occasion !

3 commentaires:

Tam a dit…

J'ai beaucoup aimé ce film :)

Pascale a dit…

J'aimerais le revoir.
J'aime beaucoup Mel Gibson.

Martin a dit…

@Pascale:

Je ne l'ai pas souvent vu passer à la télé...
Et bonjour à Tam en passant, avec qui je l'avais vu au ciné !