Brothers, histoire d'un destin qui bascule. Sam Cahill est militaire. Entre deux missions, il rentre chez lui pour y retrouver sa femme Grace et ses deux petites filles, Isabelle et Maggie. Sa permission autorise la famille, grands-parents compris, à revoir également Tommy, le frère cadet, tout juste... sorti de prison. Les retrouvailles ne sont pas des plus chaleureuses, mais les frangins parviennent quand même à laisser de côté leurs différences pour donner l'impression que tout va bien ou, au moins, que tout peut très vite aller mieux. Et voilà ce que raconte et illustre l'introduction du film, jusqu'à ce que Sam soit appelé pour un nouveau départ au front. Direction l'Afghanistan, cette fois: malgré les inévitables souffrances nées d'une énième séparation, pas question pour ce bon Américain de se soustraire à son devoir de soldat. Le capitaine Cahill fait donc son baluchon et quitte les siens à peine rassemblés. Quelques jours plus tard, alors qu'il survole les montagnes de l'ex-République soviétique, son hélicoptère est attaqué et abattu. L'équipage complet est laissé pour mort. Fondu au noir très provisoire, car on découvre vite que deux hommes ont survécu, parmi lesquels le drôle de héros de ce film poignant. Et c'est alors qu'éclot l'argument du scénario...
Brothers n'est pas un film de guerre. C'est un film sur la guerre. Disons plutôt sur ses conséquences. L'intrigue veut que Sam disparu et considéré comme décédé, Grace pleure évidemment son époux tombé au combat et, petit à petit, se rapproche de son frère Tommy qu'elle considérait pourtant auparavant comme un moins que rien. Doucement mais sûrement, ce sont les enfants qui lient les adultes, au travers des bons soins que leur oncle leur prodigue, un peu comme le juste complément de l'amour de leur mère. Très vite, la question qui se pose est de savoir jusqu'où se rapprocheront le beau-frère retrouvé et la belle-soeur meurtrie. Où en seront-ils de leur relation quand le mari, dévasté par ce qu'il a vécu, reviendra au foyer ? L'évidence qu'on devine paraît paradoxalement lourde de menaces pour l'harmonie renaissante. Dès lors, si les scènes qui se déroulent aux Etats-Unis paraissent d'une crédibilité touchante, celles qui ont pour théâtre l'Afghanistan peuvent aisément, elles aussi, bouleverser nos sentiments. Au final, on ne distingue plus très bien ce qui est bien de ce qui est mal, le moral de l'immoral, le juste de l'insensé. Oui, d'une certaine façon, je crois résolument que ce film interroge nos consciences à plusieurs niveaux, sur une seule question essentielle: à la place de tel ou tel personnage, que ferions-nous ? Chacun a finalement toutes sortes de raisons d'agir comme il le fait. Du coup, pour peu qu'on soit rentré dans l'histoire, la déflagration émotionnelle générée par le retour de Sam touche en plein coeur.
Si le propos de Brothers résonne avec autant de puissance, je crois que c'est d'abord aux comédiens qui interprètent les personnages principaux qu'on le doit. Femme aimante, solitaire et blessée, Natalie Portman campe très justement une Grace un peu perdue dans son besoin d'amour et parmi ses nombreux visages contradictoires. Beau gosse mi-charmeur mi-sensible, Jake Gyllenhaal est lui aussi tout à fait inspiré dans son rôle de loulou un peu paumé, en quête d'une rédemption par la famille. Et que dire alors de Tobey Maguire ? Loin du rôle d'homme-araignée qui a fait sa célébrité, le jeune acteur s'est investi dans son personnage de la plus belle des façons. Je crois qu'on peut même dire qu'il a payé de sa personne, avec un visage visiblement marqué par l'amaigrissement, ce qui le rend d'ailleurs d'autant plus conforme avec ce qu'il doit représenter. Un grand coup de chapeau pour ce trio, mais on notera aussi les jolies prestations du couple de parents - Mare Winningham et Sam Sheppard - et enfin l'excellence du jeu des deux enfants, Bailee Madison et Taylor Geare. Les cinéphiles parmi vous apprécieront aussi sûrement la réalisation de Jim Sheridan, en notant que le cinéaste signe ici le remake rapide d'un film danois, proposé par Susanne Bier en 2004. Film original que, désormais, j'aimerais découvrir. Une occasion d'y revenir ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire