lundi 8 août 2011

Coeurs noirs

Une chronique de Martin

C'est drôle: il y a quelques jours à peine, j'ignorais encore qui était Karen Blixen. Et voilà qu'en fouillant la bibliothèque du bureau, Valérie, une collègue de travail, déniche des livres de la romancière danoise, juste avant que France 3 ne diffuse Out of Africa, film tiré d'un récit autobiographique. C'est ainsi que j'ai fini par découvrir cette Scandinave atypique, partie au Kenya au début du siècle dernier pour s'y marier avec un aristocrate seulement une heure après son arrivée et y mener ensuite une vie d'exploitante agricole, spécialisée dans le café. Persuadé du plaisir que j'allais prendre devant la télé ce soir-là, je suis resté le savourer dans mon canapé.

Sa longueur de près de deux heures et demie ne m'a pas rebuté, bien au contraire: ainsi que je l'avais espéré, Out of Africa m'a plu. Beaucoup plu. Les sept Oscars qu'il a décrochés en 1986 en font assurément un classique, que je suis donc heureux d'avoir enfin pu découvrir. Je me suis ainsi prouvé que j'avais raison de faire confiance à mon instinct et à mon admiration pour le superbe duo Meryl Streep et Robert Redford, les deux héros de cette fresque hollywoodienne "à l'ancienne". Vous ne serez pas étonnés d'apprendre qu'il est question d'amour et même de passion, tant les sentiments qui viennent unir les êtres sont tourmentés. Les vivre pleinement dans une parfaite harmonie n'a absolument rien d'une évidence.

Out of Africa, c'est aussi, bien sûr, une grande déclaration d'amour lancée à l'Afrique et aux Africains. Bien que l'époque de l'histoire semble s'y prêter, il n'est pas ici question de colonisation ou même d'un quelconque rapport dominant-dominé. Si elle est certes propriétaire terrienne sur un sol "étranger", Karen Blixen traite d'égal à égale avec ses employés. L'intrigue montre aussi l'absurdité cruelle de la guerre, quand, en 1914, les peuples africains sont entraînés dans un conflit qui n'est pas le leur. Sans s'arrêter trop longuement sur ces questions géopolitiques, le long-métrage est aussi un voyage en terre inconnue, là où même l'excellent travail des acteurs s'efface devant la magnificence des paysages. On en revient au générique final, difficilement, le coeur comme rempli d'envies de départ.

Out of Africa
Film américain de Sydney Pollack (1985)
On se tait et on admire ! Juste récipiendaire d'une belle collection d'Oscars, le long-métrage m'a d'abord fait penser à une autre histoire d'amour plantée dans un décor magnifique: Le patient anglais. J'ai toutefois des souvenirs bien trop flous du film d'Anthony Minghella pour vous dire le pourquoi de cette réminiscence spontanée. Beaucoup plus nettes dans ma mémoire, les belles images de Danse avec les loups me sont elles aussi revenues à l'esprit, sans doute portées par... la musique de John Barry, le fil conducteur de chacun des deux longs-métrages. Devant celui de Sydney Pollack, j'ai aussi ressenti une émotion comparable à celle de Sept ans au Tibet. Encore un beau film marqué par la rencontre entre deux cultures...

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