lundi 15 août 2011

Harry, c'est fini

Une chronique de Martin

Tout connaître à l'avance de l'histoire racontée est une sensation étrange à l'heure d'entrer dans une salle de cinéma. Je l'ai expérimentée il y a peu, en choisissant d'aller voir la deuxième partie de Harry Potter et les reliques de la mort, adaptation du livre éponyme, que j'avais terminé depuis de longs mois. À contre-courant d'une majorité de "cinévores", avec deux amies, nous avions retenu la version 2D et VO. Contents même d'avoir pu le faire, à vrai dire.

Comme d'habitude avec chacun des sept bouquins ou des huit films sortis ensuite, il est assez difficile de déterminer par où commencer. A fortiori dans sa seconde partie écran, Harry Potter et les reliques de la mort repose sur un univers bien connu de tous les lecteurs fidèles et spectateurs assidus, mais à côté duquel le reste du public potentiel peut très bien être passé. Je résumerais le propos général en rappelant simplement que le héros de cette histoire est un ado doté de pouvoirs magiques, orphelin de père et mère, élevé au coeur d'une famille lambda et admis dans une grande et très secrète école de sorcellerie. Là-bas, le jeune homme se fera des amis pour la vie et affrontera son destin, dans un combat à mort avec le plus cruel des sorciers. C'est bien dans ce tout dernier opus que l'on saura qui des deux l'emportera et dans quelles conditions. Je le savais donc déjà, mais il me faut dire que cette absence de suspense n'a pas nui au plaisir pris devant le film. Ceux qui connaissent également le fin mot de l'histoire ne seront pas surpris de constater que cet épisode est le plus sombre de la série. Ce n'est pas un défaut ! D'avoir simplifié l'intrigue comme le suppose l'adaptation cinéma n'a pas joué au détriment du ton de l'oeuvre originale, de plus en plus glaçant. C'était un pari difficile, que je suis très heureux de voir ainsi relevé.

Du fait du choix de découper le livre en deux parties, cette version cinéma de Harry Potter et les reliques de la mort était, je crois, attendue au tournant: hors de question de bâcler le grand final ! Si, sur l'avant-scène, les familiers de la saga ne découvriront plus rien de franchement original, ils devraient toutefois apprécier le travail de David Yates derrière la caméra. Le réalisateur a bien travaillé, sans fausse note visuelle ou temps mort. Il est toujours possible d'émettre quelques critiques sur ses choix: quelques scènes marquantes du roman ont été copieusement élaguées avant la mise en images, d'autres semblant même avoir tout à fait disparu. Reste que, dans l'ensemble, tout se tient plutôt bien. Je ne suis pas sûr qu'il soit possible d'apprécier le film en lui-même, "à froid", car c'est ostensiblement une suite: sa première scène reprend à vrai dire exactement la dernière de l'opus précédent. C'est une caractéristique de la série, d'ailleurs, et l'une de ses qualités à l'écran: les génériques apparaissent toujours à la fin, seul le titre venant clore la séquence d'ouverture pour mieux plonger le public directement dans l'histoire. Cela dit, je pense donc qu'il est difficile de raccrocher les wagons quand on ne connaît rien de cet univers avant de vouloir le découvrir au cinéma. Il vaut peut-être alors mieux revenir un peu en arrière pour choisir de se tourner vers l'un des premiers épisodes.

Pour les connaisseurs, Harry Potter et les reliques de la mort deuxième partie vibre aussi de l'émotion des adieux. Ceux qui, comme moi, auront lu le livre avant de découvrir le film sauront certes à quoi s'en tenir, mais si j'en juge d'après mon voisinage immédiat lors de la projection, ça n'empêche pas de ressentir quelque nostalgie à l'idée que tout soit à présent terminé. Reste qu'encore une fois, le cahier des charges est respecté, les scènes d'action suffisamment nombreuses et les moments plus calmes judicieusement répartis. Celui qui visite ici un monde familier trouvera aussi amusant de se souvenir des acteurs aux heures premières de la série et de voir comment ils ont évolué, au-delà même de leurs personnages. Il sera intéressant d'observer la manière dont tous ces comédiens, principaux ou secondaires, poursuivront leur carrière: tous n'auront pas forcément la même aisance à sortir de leurs habits de sorcier. Sur le plan du scénario, et sachant aussi que J.K. Rowling a toujours assuré qu'elle n'avait pas l'intention d'écrire une suite à sa saga, il faut bel et bien admettre qu'il y a ici une fin. Évidemment, cette conclusion ne va pas sans retournement de situation, même si, au fond, la plupart de ce qui arrive pouvait s'envisager. J'ai moi-même eu beaucoup de joie avec cette histoire, à l'écran comme sur papier. Il est probable qu'un jour, je veuille revoir les huit films l'un après l'autre. L'occasion d'en reparler.

Harry Potter et les reliques de la mort - partie 2
Film américain de David Yates (2011)
Je ne saurai être formel, mais je doute fort que le cinéma ait accouché d'une autre saga de pareille ampleur. Et même si la moitié a été confiée à quatre réalisateurs différents, il y a là, antériorité des romans oblige, une continuité intéressante. L'incroyable longueur de l'histoire complique singulièrement ma tâche au moment d'avancer une possible comparaison: à mes yeux, le travail ici accompli reste sans égal. Pas de rapport avec Indiana Jones, La guerre des étoiles ou Le seigneur des anneaux, par exemple. Maintenant, il pourrait être intéressant de se tourner vers d'autres films où la magie joue aussi un rôle déterminant. En plus de revoir Fantasia, j'ai l'intention découvrir Le prestige, de Christopher Nolan, entre autres. J'en suis toutefois presque sûr: rien ne remplacera Harry. Il était une fin...

2 commentaires:

L u X a dit…

Dur dur de conclure dix ans de fantastique ^^

David Tredler a dit…

La saga Harry Potter est sans égal de par sa longueur et sa régularité temporelle, c'est ainsi que tu l'entends j'espère Martin, car si tu l'entends dans le sens qualitatif, en balayant de la main Indiana Jones et Le Seigneur des Anneaux, là je serais abasourdi ;)
La saga est sans égal par la densité cinématographique qu'elle a tenu ces dix dernières années.