vendredi 25 mars 2011

Jeunes et condamnés

Une chronique de Martin

Un aveu, d'abord: j'ai longtemps considéré La guerre des étoiles comme le premier projet cinéma important côté science-fiction. C'est faux, bien sûr: d'autres films avaient exploré le genre bien avant celui-là. Et c'est non sans amusement qu'après l'avoir visionné, j'ai constaté que la sortie de celui dont je vous parlerai aujourd'hui précédait d'un an les débuts de la première trilogie de George Lucas.

L'âge de cristal assume à l'évidence le poids des ans. Dans le look même des personnages, il est d'emblée visible que le film commence à dater. Le titre de ma chronique s'appuie sur l'argument scénaristique qui y est développé: en 2274, après diverses guerres mondiales et autres catastrophes, la société humaine parvient enfin à vivre dans une certaine harmonie. La contrepartie de ce bonheur apparent est qu'il n'y a plus ni parents, ni enfants: les bébés viennent au monde dans d'étranges couveuses et il est interdit d'évoquer l'idée d'une quelconque maternité pour les femmes. Une autre contrainte pèse sur cette société idéalisée, encore plus lourde: les gens sont condamnés à ne vivre que trente ans. Passé cet anniversaire, ils sont envoyés dans le Carrousel au terme d'une cérémonie liturgique censée garantir leur renaissance. Un grand événement très attendu.

Ce destin hasardeux, quelques-uns le refusent. Ces "rebelles" sont traqués par un corps policier, les limiers. Logan - le héros du film - en fait partie. C'est justement ce qui peut rendre L'âge de cristal intéressant au premier chef: plutôt que de concentrer son propos vers ceux qui essayent d'échapper au système, le film s'intéresse d'abord à l'une de ses composantes, celle qui semble même finalement la moins apte à la remise en question. Logan n'a de fait pas d'état d'âme: il est un chasseur méthodique et plus efficace encore que ses "meilleurs" collègues de travail. Il ne bronche guère quand il s'agit d'abattre un homme de sang froid, quand bien même cela conduirait ce dernier à l'oubli éternel. Est-ce là le message iconoclaste du métrage ? On ne pleure pas un mort quand on lui a promis une résurrection qu'il refuse. Il y a des limites, quand même...

Mais évidemment, rien n'est si simple: quand l'une des trentenaires vouées au Carrousel parvient à passer entre les mailles du filet, Logan est lui-même contraint à devenir un fuyard. Il partira donc et, avec une femme, découvrira qu'un autre monde est possible et, comme le montre la photo ci-dessus, que les hommes peuvent vivre... et vieillir. Pourquoi ? Comment ? Je pense que j'en ai suffisamment dit jusqu'ici pour ne pas en dévoiler davantage. J'ajoute simplement que le film m'a plu, en dépit même de son côté tout à fait suranné. Pour l'apprécier, un conseil: ne lui demandez pas ce qu'il ne peut vous offrir. Du point de vue des décors et effets spéciaux, L'âge de cristal sent souvent la naphtaline. Quelques plans larges prêtent particulièrement à sourire: on y distingue clairement les maquettes qui tiennent lieu de paysages. Moi, j'ai su faire avec. Au fond, c'est un peu comme dans La guerre des étoiles, finalement.

L'âge de cristal
Film anglo-américain de Michael Anderson (1976)
Dans la construction de cette société en marge de la civilisation humaine d'aujourd'hui, le film m'a assez vite rappelé Dark City, vu très récemment, ou The Truman show, dans un autre genre. Matrix paraît également une comparaison valable. Parce qu'une statue d'Abraham Lincoln y fait écho de manière particulièrement frappante, j'ai aussi pensé à La planète des singes. On notera au passage qu'une parenté unit ces deux classiques de la science-fiction: ils sont tous deux adaptés d'un roman et ont également chacun fait l'objet d'une adaptation en série télévisée. Question de mode, j'imagine.

2 commentaires:

Pascale a dit…

J'en garde un super souvenir. j'espère que je ne serais pas déçue même si c'est évident que ça doit avoir énormément (mal) vieilli.
J'aimais beaucoup Michael (impossible de retrouver son nom) et Jenny Aguster (je dis ça, sans vérifier...).

Martin a dit…

Merci d'avoir remonté le film de mes chroniques jusqu'ici !

Le film est dépassé techniquement, c'est certain, mais c'est resté une belle découverte pour moi.
Jenny Agutter et Michael York… ta mémoire n'est pas parfaite, mais je suis quand même assez bluffé !