Une chronique de Moko-B
Si l'on pouvait refaire certains choix, que ferions-nous ? Si l'on nous offrait de connaître à l'avance notre destinée, cela nous éviterait-il de commettre les erreurs à venir ? Voilà qui est plus qu'incertain.

Ainsi, le spectateur tente-t-il de se frayer un chemin dans les souvenirs - vrais ou supposés - de Némo Nobody, un vieil homme de 118 ans, qui accepte de laisser à la postérité la mémoire de sa vie humaine en racontant à un jeune journaliste son histoire. Ceci est une part de la réalité et l'équation est loin d'être aussi simple. Némo retrace, mélange, disperse et reconstruit son existence à l'infini. Il nous lance sur une voie, que nous suivons assidûment, puis un élément vient brouiller les pistes. La contradiction s'installe et le doute aussi. Et alors que l'on voudrait se remémorer des détails, chercher des indices et discerner le vrai du faux, Némo - et donc Jaco - nous entraîne déjà vers une autre piste. Faire et défaire, voilà le leitmotiv de ce film décalé qui se sert en guise de base, de 3 filles/femmes mises en parallèle aux parents séparés de Némo et représentant tous les chemins possibles.



Mr. Nobody
Film franco-saxo-belge de Jaco Van Dormael (2010)
Boudé par le Festival de Cannes en 2009, Mr. Nobody fait partie de ces longs-métrages insolites qui prouvent que le cinéma peut encore et toujours étonner. Autour d'une histoire improbable et désarticulée s'entrelacent 1001 perspectives différentes. Jaco Van Dormael a créé un monde, des mondes, uniques et tour à tour drôles et effrayants. Nous observons alors toutes les difficultés à gérer le savoir et la vérité. Comme une thèse offerte au public avec des acteurs pour illustrer chaque argument, le réalisateur répond à ceux qui aiment à penser que tout irait mieux s'ils pouvaient prévoir ce qui va leur arriver. Mr. Nobody nous rappelle que plus qu'on ne le croit, il est difficile de choisir. Certains diront que ce film est élitiste, d'autres qu'il est trop long (2h30 pour la version director's cut). Pour ma part, je pense que Mr. Nobody, servi par une délicieuse bande-son, est un chef-d'oeuvre discret. Comme une matière vivante, le film évolue constamment, change de forme, de style. Laissons le mot de la fin à Jaco Van Dormael qui le dit lui-même: "C'est un film sur le doute. Enfin, je peux me tromper".
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