lundi 11 août 2025

Exfiltrés

Kaboul, mi-août 2021. De très nombreux hommes, femmes et enfants paniqués courent après les avions qui partent de la capitale afghane. Je ne connais pas beaucoup d'images de cinéma plus forte que ce plan issu du journal télévisé d'il y aura bientôt quatre ans. Le septième art s'empare de cette histoire pour nous proposer la "version française"...

13 jours 13 nuits
, c'est le titre que le réalisateur Martin Bourboulon recycle pour revenir sur une partie de l'opération Apagan (cf. Wiki). Pendant deux courtes semaines d'été, les forces armées françaises ont assuré un pont aérien afin d'exfiltrer au plus vite des personnes confrontées au retour au pouvoir des Talibans et déterminées à fuir. En tout, 2.630 Afghans, 62 ressortissants européens et 142 Français. Le film rend compte de la fin de ce terrible épisode et de l'évacuation complète de l'ambassade de France. Il y restait encore une douzaine de membres chargés de la sécurité, mais également des centaines d'anonymes, venus chercher de l'aide et retranchés derrière ses murs. Cette histoire dans l'histoire, c'est Mohamed Bida, officier de police en mission à l'époque, qui l'a racontée dans un bouquin (re-cf. Wiki). Le scénario s'appuie donc sur une base solide. Il l'édulcore un peu. Mais bon, je ne jouerai pas aujourd'hui au jeu des sept différences...

J'insiste cependant: le film dont je parle N'EST PAS un documentaire. Ce sont avant tout ses deux acteurs-vedettes, à savoir Roschdy Zem et Lyna Khoudri, qui m'ont donné envie d'aller le voir. Bonne pioche ! Lui décroche ici un nouveau rôle fort, à la hauteur de son charisme. Elle est un peu en retrait, mais ce beau personnage de jeune femme engagée comme interprète lui offre une visibilité largement méritée. Je chipoterais si je vous précisais qu'il a été inventé pour le cinéma. Je passe et préfère vous indiquer que le film a été tourné au Maroc. Or, pour le coup et selon ce que je peux savoir de la réalité de la vie afghane d'alors, 13 jours 13 nuits se tient au plus proche des faits. C'est donc à la fois un long-métrage haletant et un rappel important. En fin de projection, vous n'échapperez d'ailleurs pas aux cartons didactiques - qui font entre autres une brève mention de la situation actuelle. Seuls regrets: ils passent sous silence le fait que la France avait initialement laissé derrière elle des centaines de ses supplétifs. Ils ne disent rien non plus de l'action humanitaire demeurée sur place.

13 jours 13 nuits
Film français de Martin Bourboulon (2025)

La grande qualité de cet opus ? C'est sûrement de ne pas user d'effets spectaculaires pour rendre compte d'événements intenses et de miser sur la force de ce qui est vraisemblable. Un copier-coller intelligent ! Maintenant, il existe évidemment d'autres façons de parler du sort tragique de l'Afghanistan: je vous recommande Osama et Parvana. Sur un thème voisin, Zero dark thirty ravira les fans de blockbusters.

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Vous en voulez encore ?

Soit ! Je vous recommande donc un petit tour chez Pascale et Dasola.

samedi 9 août 2025

De sang et de papier

Le crime fait vendre. Ces quatre mots disent ma profonde conviction selon laquelle les réalités les plus scabreuses ont encore ce pouvoir d'intéresser nombre de lecteurs, auditeurs et spectateurs des médias. Sont-ils les Rapaces du film sorti en juillet sous ce titre ? Pas sûr. Mais il sera bien question aujourd'hui de la presse... et d'un meurtre !

Quelque part dans le nord de la France, on a jeté de l'acide au visage d'une jeune femme avant de la tuer. Le grand reporter d'un journal spécialiste des faits divers - l'hebdomadaire Le Nouveau Détective - suppose que l'assassin aurait pu ne pas agir seul. Il reprend l'enquête pour tenter de débusquer la vérité et, bien sûr, en faire ses choux gras. Rapaces aborde simultanément plusieurs sujets: l'investigation de Samuel, le personnage principal, s'accompagne d'une description intelligente de son cadre professionnel et de sa relation compliquée avec Ava, sa fille, engagée comme stagiaire au sein du même canard. C'est plutôt bien senti, souvent intéressant et, vers la fin, haletant comme ces thrillers où tout menace de dériver vers la violence crue. Bon point: le duo que composent Sami Bouajila et Mallory Wanecque est toujours crédible et nous plonge avec talent dans les aspects non-criminels de ce récit (librement inspiré de l'affaire Élodie Kulik). J.-P. Darroussin, Valérie Donzelli, Stefan Crepon et Andréa Bescond sont aussi dans ce deuxième long d'un cinéaste prometteur. À suivre !

Rapaces
Film français de Peter Dourountzis (2025)

Un vrai enthousiasme pour cet opus, quelque peu tempéré toutefois par l'impression que le scénario veut raconter trop de choses à la fois. C'est super d'avoir montré le fonctionnement interne d'une rédaction aux moyens limités, mais, pour évoquer un féminicide, La nuit du 12 m'apparaît mieux maîtrisé (et, je dois le dire, plus sombre encore). Le cinéma français n'a rien à envier aux "classiques" comme Zodiac...

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D'autres avis sur la toile ?

Bien sûr... et pour commencer, j'ai repéré celui de notre amie Dasola.

vendredi 8 août 2025

Le coq, l'âne et moi

Vous le savez bien si vous venez régulièrement sur ce blog: au-delà même des époques où ils ont pu être réalisés et de leurs origines géographiques, les films que je regarde appartiennent à des genres très diversifiés. Je ne veux pas découvrir toujours la même histoire ! J'ai quelques préférences, oui. Mais j'essaye de rester ouvert à tout...

Et j'aime passer du coq à l'âne ! Je peux ainsi vous assurer que le film dont je vous parlerai demain n'a rien à voir avec celui d'avant-hier. Un indice chez vous: ce sera un film français, sorti le mois dernier. Avant d'y revenir, je voulais évoquer l'application mobile Letterboxd. Quelqu'un parmi vous l'utilise-t-il déjà ? Un ami que le septième art passionne me l'a présentée comme un réseau social pour cinéphiles. J'hésite encore à la tester, vu le nombre d'heures que je passe déjà devant les écrans, et je serai preneur de vos avis en commentaires. Ma certitude: il y a encore des milliers de films... que je n'ai pas vus !

mercredi 6 août 2025

Sa musique pour horizon

Vous aurez peut-être su le deviner à la lecture des deux chroniques précédentes: le piano est bien mon instrument de musique préféré. J'aimerais savoir en jouer et je reste baba devant Freddie Mercury. Autre grand talent (que j'ai vu et applaudi sur scène): Alain Klingler. Soyez sûrs que le cinéma ne nourrit pas ma vie culturelle... à lui seul !

J'y retourne vite aujourd'hui pour évoquer un film dont j'ignorais tout jusqu'à ce qu'Arte le diffuse: La légende du pianiste sur l'océan. L'histoire commence à l'aube du 20ème siècle quand un machiniste embarqué sur un gigantesque paquebot découvre par hasard un bébé abandonné dans la salle de banquet. Il n'hésite pas et l'adopte. L'enfant grandira à bord, n'osant jamais s'aventurer jusqu'à la terre ferme et naviguant donc constamment entre l'Europe et l'Amérique. C'est dans ces conditions qu'il apprendra le piano en pur autodidacte et deviendra l'ami d'un trompettiste - le narrateur de cette histoire. Que vous dire ? J'ai littéralement été embarqué dans ce beau récit aux allures de conte, inspiré d'un monologue théâtral du dramaturge italien Alessandro Baricco, mais cependant tourné en langue anglaise. L'incroyable Tim Roth y dévoile une facette inattendue de son talent d'acteur. Il sait nous tenir en haleine jusqu'au bout du long-métrage...

C'est bien évidemment plus facile avec la musique d'Ennio Morricone ! En partie tourné à Cinecittà, le film a des airs de grand cinéma italien classique, avec une évidente référence au maestro Federico Fellini. Magie de la création, le décor de La légende du pianiste sur l'océan n’apparaît parfois que comme du carton-pâte: l'émotion et le plaisir n'en sont alors que plus vifs. Pas d'effets spéciaux ultra-spectaculaires dans cet opus, mais un imaginaire poétique et une grande attention portée aux divers personnages. Ce huis-clos flottant n'en est pas un pour chacun d'entre eux, mais il ne faut pas attendre trop de réalisme dans le déroulé de leurs prétendues "aventures" maritimes. Je dirais qu'une nouvelle fois, c'est la mélancolie qui affleure sous les images. C'est aussi la fin d'un monde qui nous est racontée, avec un bateau comme possible refuge pour éviter le chaos ou attendre d'y sombrer. Bon, c'est à vous de voir: je ne vais pas tout vous dévoiler non plus...

La légende du pianiste sur l'océan
Film italien de Giuseppe Tornatore (1998)
Je suis également venu vers cette histoire pour retrouver un cinéaste décidément méconnu et injustement malaimé. Il est certes évident qu'il lorgne vers Et vogue le navire... et je ne lui reprocherai pas. J'aime autant croire - et dire - que les deux films peuvent coexister. Un "bonus" appréciable ici: la première apparition de Mélanie Thierry. Un certain émoi pourrait alors refaire briller Les lumières de la ville !

lundi 4 août 2025

Un monde virtuel ?

Jusqu'où ira-t-il ? Le réalisateur Quentin Dupieux peut-il être stoppé ? L'accident de piano, sorti en juillet, est son septième long-métrage depuis 2020 (et déjà le quatorzième de sa carrière, débutée en 2007). Parmi ses partenaires nommés au générique: Netflix et Arte France. J'appelle cela faire un grand écart, mais il n'y a aucune honte à avoir !

Quentin Dupieux s'est presque toujours fait remarquer par son sens de l'absurde et sa capacité à faire des films relativement courts. L'accident de piano atteint presque l'heure et demie: on peut dire que c'est l'un des plus longs à ce jour. Reste à en apprécier le fond. Habitué à la dérision du cinéaste, je trouve que son humour grinçant s'habille cette fois (et peut-être même huit) d'un profond pessimisme.

Blague à part, QD a choisi d'aborder le petit monde des influenceurs. Magalie, son "héroïne", s'est fait connaître via le Web, en se filmant dans des situations extrêmement dangereuses. La médecine a établi que la jeune femme était insensible à la douleur: elle a donc choisi d'en profiter pour se mutiler face à la caméra et publier des vidéos sur Internet, extrêmement lucratives. Nous la découvrons flanquée d'un assistant, Patrick, dans un luxueux chalet de haute montagne choisi par lui pour qu'elle échappe un temps à la cohorte de ses fans. Misanthropes et vénaux, Magalie et lui ont du mépris l'un pour l'autre. Ils vont alors devoir le dissimuler. A minima devant une journaliste...

Pour pointer du doigt cet univers d'apparences, il est tout à fait clair que Quentin Dupieux n'y va pas par quatre chemins. Son talent avéré lui permet de construire des scènes trash, on ne peut plus explicites. Ce style peut donc choquer ou, à tout le moins, mettre mal à l'aise. C'est, à mon avis, l'effet recherché, a fortiori lorsqu'une séquence s'étire et, de ce fait, ne laisse finalement aucun répit au spectateur ébahi. Je trouve d'ailleurs fort déroutante l'une de mes impressions durables: le type derrière la caméra ne prend probablement pas parti. Hypothèse: il a de l'empathie pour ses personnages les plus abjects. Comme s'il se moquait à la fois d'eux, mais aussi de nous... et de lui !

L'une de mes amies (Aurelia !) le dit justement: L'accident de piano déboussole et pourrait bien mériter au moins un second visionnage. Vous prétendre que c'est devenu ma priorité serait mentir, toutefois. J'aime tout autant rester sur ma première sensation et l'impression favorable que m'a laissé l'incroyable prestation d'Adèle Exarchopoulos. Face à elle, Jérôme Commandeur, Sandrine Kiberlain et Karim Leklou sont plus discrets, mais ils font leur boulot, de manière honorable. Générations et familles de cinéma se croisent: de quoi se réjouir. Qu'en restera-t-il dans cinq ou dix ans ? Je ne m'en soucie qu'à moitié. Un film vient chasser l'autre ? En réalité, c'est sans doute aussi bien...

L'accident de piano
Film français de Quentin Dupieux (2025)

Dans la multitude de ses délires passés et futurs, un assez bon cru pour le cinéaste le plus dingo de France... en attendant le prochain. Aurait-il pris la relève du duo Kervern-Delépine ? Le monde tourne mal dans d'autres films comme Le grand soir ou Effacer l'historique. Encore me faut-il préciser qu'une part de tendresse y est préservée. La "noirceur sociale" n'est pas toujours aussi intense au cinéma. Ouf !

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Pour conclure et sans plus attendre...

Je vous laisse désormais lire (ou relire) l'avis enthousiaste de Pascale. Princécranoir, quant à lui, se montre intéressé et un peu plus nuancé.

samedi 2 août 2025

La vie par obstination

Je ne savais pas grand-chose du jazzman américain Keith Jarrett avant de le voir incarné par John Magaro dans un film sorti le mois dernier. J'ai ainsi découvert qu'en 1975, il n'avait encore que 29 ans quand une très jeune Allemande l'a aidé à organiser un concert unique à l'Opéra de Cologne. En venant alors à bout de nombreux obstacles...

Totalement improvisé, the Köln Concert a même pu être enregistré et, grande référence du jazz, l'album est le plus vendu dans le monde pour le piano solo, tous styles de musique confondus. Quelle histoire ! Or, comme son titre (français) l'indique, le film qui nous est proposé l'aborde par le côté: Au rythme de Vera s'intéresse au génie musical de Keith Jarrett, bien sûr, mais aussi et surtout à l'adolescente passionnée qui fut en quelque sorte sa productrice de circonstance. Vera Brandes, à peine 18 ans, s'était alors lancée dans une carrière désapprouvée par son père - ce que le film nous montre dès le début. Son incroyable audace lui a permis de vite dépasser ses limites professionnelles. Le bon scénario qui reconstitue les faits historiques s'inspire de ses explications et la montre en vraie meneuse, capable d'offrir toute son énergie à un projet et d'y embarquer une équipe. Mala Emde, que je découvre à peine, l'incarne avec vigueur et talent !

Et la musique ? Elle a évidemment une place importante dans le film. Cela dit, je préfère vous laisser l'écouter: les airs et morceaux choisis pourraient vous surprendre agréablement. Je ne suis pas féru de jazz et je m'y suis retrouvé, d'autant plus facilement qu'une scène du film consiste à nous expliquer comment cette musique a su évoluer au gré des inspirations. Et le montage rend ces explications fascinantes ! J'insiste: experts, curieux et néophytes, une bonne compréhension des enjeux du récit est à la portée de tous... et un feel good movie aussi intelligent et affirmé fait vraiment plaisir à voir, de nos jours. Au rythme de Vera, film allemand, a aussi pu compter sur le soutien de partenaires belges et polonais. Seuls 114.200 spectateurs l'ont vu dans son pays d'origine: je trouve cela étonnant (et un peu triste). J'admets qu'en France, les critiques sont restées plutôt mitigées. Projeté hors-compétition au Festival de Berlin, il mérite meilleur sort.

Au rythme de Vera
Film (belgo-polono-)allemand d'Ido Fluk (2025)

Il est bien entendu que la réalité n'est pas forcément aussi positive que ce long-métrage a bien voulu la reconstruire, mais qu'importe ! Sincèrement, je me suis régalé en découvrant cette histoire dingue ! Traitée avec intelligence, la musique est par nature un fabuleux sujet pour le cinéma (cf. Music of my life ou Yesterday, par exemple). J'enfonce des portes ouvertes ? Oui, peut-être. Et j'attends la suite...

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Peu de spectateurs pour le film, peut-être...

J'ai toutefois repéré une autre chronique (très) positive chez Pascale.

jeudi 31 juillet 2025

L'histoire du père

Allez ! Ce jeudi, un film que j'avais vu ado: Music box. Cette fiction raconte l'histoire d'un Hongrois réfugié aux États-Unis, soudain accusé d'avoir persécuté et causé la mort de civils juifs présents à Budapest à la fin de 1944. Mais les juges de son pays d'origine devront prouver qu'il a menti aux autorités américaines pour obtenir son extradition...

Accusé du pire et formel sur son innocence, Mike Laszlo a un atout important dans sa manche: sa fille Ann, une très brillante avocate. Même si ses confrères lui déconseillent, cette dernière accepte vite d'assurer la défense de son père devant le tribunal. Bon... je suppose qu'il est préférable que je vous épargne le cours de procédure pénale. Music box est en fait plus qu'un film de procès: c'est aussi un thriller haletant qui nous place - efficacement - dans la peau de son héroïne. A-t-elle raison de faire confiance à son père ? C'est l'un des enjeux d'un scénario absolument limpide et aux rebondissements multiples. Attention: si documenté soit-il, le film n'est pas... un documentaire. Inspiré, il pourrait toutefois vous inciter à ouvrir un livre d'histoire. Côté acteurs, Jessica Lange et Armin Mueller-Stahl sont convaincants. Et, disons-le: le reste du casting se montre tout à fait à la hauteur. Pas sûr que la mémoire de l'Holocauste demeure si vive de nos jours !

Music box
Film américain de Konstantinos Costa-Gavras (1989)

Vérité, erreur, mensonge et preuve sont au coeur de cette oeuvre puissante, moins cérébrale qu'il n'y paraît de prime abord et cruciale dans ce qu'elle peut nous dire des heures les plus sombres de l'Europe. Sur la Shoah elle-même, Le pianiste demeure une grande référence cinématographique. Sur le déni qui a pu suivre, je conseille aussi deux films allemands (récents): Phoenix et Le labyrinthe du silence.

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Et maintenant, un lien ?
Oui: il vous permettra de lire aussi la chronique de "L'oeil sur l'écran".

Pour conclure, un mot de mémoire...

Le film fait référence aux Croix fléchées, un parti d'extrême-droite hongrois, arrivé au pouvoir à l'automne 1944. Son abominable milice traqua et assassina de nombreux Juifs à partir du mois d'octobre. Aujourd'hui, plusieurs chaussures de bronze symbolisent les personnes abattues sur les quais ou jetées vivantes dans le Danube, à Budapest. On estime à 569.000 le nombre de victimes de la Shoah en Hongrie. Cela correspond à 69% de la population juive locale recensée en 1939.

mercredi 30 juillet 2025

Dans sa genèse

J'étais au courant que l'écrivaine Amélie Nothomb avait vécu au Japon lorsqu'elle était toute petite. J'avais aussi lu un ou deux de ses livres. Et... c'est à peu près tout ce que je savais d'elle avant de découvrir l'adaptation du roman Métaphysique des tubes (2000) en animation. Une adaptation fidèle, d'après plusieurs connaisseurs du bouquin. Go !

1969: Amélie N. n'a que deux ans et demi. Elle est la deuxième fille de ses parents et leur troisième enfant, née après Juliette et André. Son père est un diplomate belge, en poste au Pays du soleil levant. Dans le film, sa maison est un peu tapageuse avec les deux aînés. Amélie, elle, ne parle ni ne marche encore. Une voix off féminine prend la place qu'elle n'occupe pas et nous explique qu'en son for intérieur, le bébé se prend pour Dieu. On découvre alors un monde extérieur dans toute sa beauté, auprès de celle qui imagine le créer. C'est un enchantement que mobilité et parole viendront complexifier. Suis-je clair ? Pas sûr. Le film l'est davantage, très sincèrement. Visuellement irréprochable, il nous offre aussi une animation soignée. Mais attention: ce n'est pas une production Ghibli et le style choisi diffère donc profondément de celui de Hayao Miyazaki, par exemple. L'accompagnement musical est spécifique et très chouette, cela dit. Bilan: j'ai passé un bon moment, même si tout ne m'a pas intéressé avec la même intensité. Ce n'est de fait qu'une toute petite réserve...

Amélie et la métaphysique des tubes
Film français de Maïlys Vallade et Lian-Cho Han (2025)

Un duo homme-femme à la réalisation de cet opus: c'est un bel atout supplémentaire pour vous assurer qu'il mérite toute votre attention. Parfois, j'y ai retrouvé la patte de Calamity et j'ai relevé la présence de son auteur (Rémi Chayé) au générique de fin. Et du côté du cinéma japonais, je tiens à citer deux de mes préférences "miyazakesques" sur l'enfance: Ponyo sur la falaise avant Mon voisin Totoro. Arigato !

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Et pour aller plus loin...

Je vous invite à lire la chronique de Pascale, grande connaisseuse d'Amélie Nothomb et très enthousiaste à l'égard du film d'aujourd'hui.

mardi 29 juillet 2025

Des multitudes

Constater que nous sommes riches de souvenirs et profiter de la vie selon nos choix: tel est le message de Life of Chuck, un joli film salué par la critique et plutôt bien noté par ceux qui ont pu le voir. Ferai-je exception ? Non. C'est un pote qui m'a proposé cette sortie au cinéma et je ne le regrette pas. Je vais tenter de vous expliquer...

Ce n'est pas si facile, je trouve, et je n'avais que très peu d'infos concrètes sur le film avant de le découvrir sur grand écran. Il démarre avec d'autres vies que celles de Chuck, sur une planète Terre proche de l'apocalypse. Les hommes et les femmes qui sont toujours en vie voient leur situation s'aggraver de jour en jour et se demandent quand la fin va advenir. Et, aux États-Unis, ils voient des signaux apparaître là où il n'y a plus rien qui fonctionne, à propos d'un Chuck inconnu et célébrant 39 ans d'une belle vie. Nous découvrirons alors qui est cet homme et à quel stade il est arrivé sa propre existence. Originalité du dispositif: on va en fait remonter le temps à ses côtés. Adapté d'un court roman du grand Stephen King, Life of Chuck invente un avenir et introduit un peu de fantastique dans le passé. Sincèrement, sur ce point et sur la mise en scène, c'est une réussite incontestable, supérieure au tout-venant de la production américaine contemporaine. Un bémol: quelques scènes où les bons sentiments sont appuyés par une voix off un peu "bavarde". Rien de rédhibitoire !

Life of Chuck
Film américain de Mike Flanagan (2025)

Une jolie histoire - joliment racontée - et un film qui n'a rien à voir avec l'énième épisode d'une franchise: je dis donc bravo... et merci ! En précisant que les voyages dans le temps qui nous sont proposés n'équivalent pas à ceux de L'étrange histoire de Benjamin Button. Pour être complet, je les préfère ludiques (cf. Retour vers le futur) ou ésotériques (Voyage of time). Et je serai ravi d'en faire d'autres...

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Tiens, une anecdote troublante...
Dans le film, il y a notamment un (beau) personnage de grand-mère. J'ai appris après coup qu'il était interprété par l'Américaine Mia Sara. Je ne l'ai pas reconnue et pourtant... j'ai vu ses deux premiers films au cinéma: Legend (1985) et La folle journée de Ferris Bueller (86).

J'en termine avec un coup de chapeau...
L'amie Pascale est parvenue à écrire une très belle chronique du film sans presque rien dévoiler de ce qu'il raconte ! Enthousiasme garanti !

lundi 28 juillet 2025

Un réconfort spatial ?

"Toutes mes condoléances"... je ne m'attendais pas à entendre cela dans les dialogues d'un film Disney. Elio, un garçon de 11 ans, héros du film du même nom, a perdu ses parents et vit avec sa tante Olga. La jeune femme a donc renoncé à ses espoirs de devenir astronaute pour s'occuper de lui. Et la cohabitation connaît quelques difficultés...

Dernière création de l'équipe Pixar, Elio aurait subi une production chaotique avant des débuts d'exploitation très difficiles dans les salles américaines. J'avoue que je n'ai pas regardé si cela s'était amélioré ensuite ou comment cela s'était passé chez nous. Je me suis contenté de voir le film sans trop me poser de questions. Et j'ai donc constaté qu'Elio rêvait lui aussi de l'espace: persuadé que la vie extra-terrestre existe, il tente d'envoyer des signaux radio aux petits hommes verts pour les convaincre de le conduire illico vers leurs propres univers lointains. Et, surprise, c'est pile ce qui va se passer ! J'en ai assez dit sur le scénario, je crois: vous saurez si cela vous intéresse (ou pas). Étourdissant de couleurs, le long-métrage est une grande réussite formelle, même si ce qu'il raconte peut parfois manquer d'originalité. Ce n'est pas le meilleur Pixar, mais il ne mérite pas de faire un flop. Bon, je reviendrai un autre jour sur les politiques marketing Disney...

Elio
Film américain de Domee Shi et Madeline Sharafian (2025)

Précision: au nom des deux femmes ci-dessus, on ajoute parfois celui d'Adrian Molina, le coréalisateur de Coco, présent au départ du projet et peut-être un peu plus audacieux du point de vue scénaristique. Quoi qu'il en soit, j'ai passé un bon moment avec cet opus 2025. Comme devant un E.T. revisité ou un Premier contact moins adulte. La preuve que l'espace attire toujours les petits (et grands) enfants...