Je doute que vous ayez pu y échapper. Avec le recul, la déferlante médiatique qui a accompagné la sortie en salles du très attendu L'étrange histoire de Benjamin Button me paraît tout à fait justifiée. D'occasions ratées en reports, j'ai patienté un moment avant d'aller voir le film, mais je tenais à découvrir cette histoire dans un cinéma. Je crois qu'il est encore à l'affiche, d'ailleurs. Ainsi aurait-il pu être envisagé de retarder l'échéance du "Je l'ai vu", et ce malgré mon impatience croissante. Ce qui est sûr, c'est que c'est l'un des films que j'ai préférés dans tous ceux que j'ai chroniqués jusqu'ici cette année. Peut-être même le numéro 1 de la liste. Maintenant, le restera-t-il jusqu'à la toute fin du mois de décembre ? Je vous invite cordialement à revenir régulièrement ici le constater par vous-même. Disons en tout cas que la barre a été placée très haute à mes yeux, que David Fincher a signé là une oeuvre qui m'a profondément marqué. Une oeuvre qui parle tout à la fois d'amour et de vie, de mort et de chagrin, de désarroi et d'espoir. Énumération assez triviale, d'ailleurs, par rapport à tout ce bouquet de sentiments que véhiculent ces presque trois heures de grand cinéma...
Comme vous le savez sûrement, le point de départ de cette histoire est la naissance d'un bébé au visage de vieillard. Orphelin de mère, abandonné par son père à la naissance un soir de 1918, le nourrisson est recueilli par une Mamma afro-américaine. Et alors que le médecin ne lui donne que peu de temps à vivre, il va grandir en sens inverse. En clair, L'étrange histoire de Benjamin Button, c'est donc bien celle d'un enfant qui vieillit en rajeunissant. A mesure que les années passent, lui qui devient vieux paraît de plus en plus jeune. Surtout, ne cherchez pas d'explication rationnelle - ou même fantaisiste - dans le film: il n'y en a pas. Très franchement, d'ailleurs, c'est aussi ce qui donne sa force à cette idée. Il faut bien sûr accepter l'impossible dès le départ mais, une fois ce postulat admis, on oublie totalement sa complète invraisemblance. Et, très vite, on se fascine pour le destin incroyable de cet être différent. Surtout bien sûr lorsque se constitue enfin le duo qu'il crée avec Daisy, qu'on peut évidemment appeler la femme de sa vie...
Si je reconnais que j'aime beaucoup Brad Pitt, je dois aussi admettre que je me sens de plus en plus ébloui par Cate Blanchett, femme d'une incroyable beauté et de talents multiples. Sans doute lui suis-je redevable d'une bonne partie du plaisir que j'ai pris à voir ce film. Même si elle n'est pas forcément crédible au départ, dans la peau d'un personnage de 23 ans, son jeu suffit à faire oublier qu'elle en a déjà presque 40. Je crois tenir là une des preuves de la réussite formelle de L'étrange histoire de Benjamin Button. Brad Pitt joue sur du velours: à mesure qu'il perd ses rides, il devient ce qu'il est, c'est-à-dire un très bel homme, que David Fincher a même su rajeunir ! Cate Blanchett, elle, voit sa peau se faner et a sans doute pris un certain risque avec ce personnage. Or, ce genre de risques, c'est pour moi la quintessence même du cinéma ! Jouer, je pense, c'est se transformer en s'oubliant, créer autrui à partir de soi-même. Et sur cette seule définition, je dirais que le film est magnifiquement réussi. Ajoutez-y une bonne dose d'émotions et une très belle galerie de rôles secondaires: j'insiste, voilà l'un des films les plus marquants de ceux que j'ai eu l'occasion de voir dernièrement. Il ne me reste plus qu'à attendre le DVD, en lisant - pourquoi pas ? - la nouvelle signée Francis Scott Fitzgerald, dont il est, d'après ce que j'ai pu apprendre à droite à gauche, une adaptation assez lointaine...
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