Connaissez-vous Walter Kowalski ? En 2008, Clint Eastwood affirmait que le personnage de Gran Torino serait le dernier qu'il incarnerait. Depuis, il est apparu dans quatre autres films et en a réalisé onze. OK, pour Juré n°2, le dernier en date, il est resté derrière la caméra. Mais cet énième "grand retour" s'avère... éminemment eastwoodien !
Comme il avait déjà pu le faire avec Jugé coupable, Clint se penche sur la justice de son pays - qu'il n'a jamais épargné de ses critiques. Cette fois, son personnage principal est un homme d'une trentaine d'années, Justin Kemp, jeune marié et futur papa. Le film commence alors qu'il vient d'être convoqué comme possible juré dans un procès d'assises, lui qui aurait franchement préféré accompagner sa femme dans les dernières semaines d'une grossesse difficile. On l'assure alors qu'il ne sera pas plus sollicité qu'il ne l'aurait été par son employeur. Mais un autre problème survient: Justin se rend rapidement compte qu'il doit trancher dans un dossier criminel dont il pourrait être partie prenante. Une sombre affaire autour d'un accident de la route fatal qu'une procureure ambitieuse envisage plutôt comme un féminicide. Bonne nouvelle: le cinéaste nous présente ici un personnage féminin fort - ce qui n'est pas dans ses habitudes, à de rares exceptions près. D'abord focalisée sur Nicholas Hoult, la caméra accorde donc une place importante (voire décisive) à Toni Collette. C'est un juste équilibre...
Juré n°2 est plus qu'un cours d'instruction civique sur grand écran. Bien évidemment, il nous raconte un peu ce que peut être l'Amérique aujourd'hui, mais, depuis la réélection de Donald Trump, c'est le cas également de chaque journal télévisé (ou presque). Ma connaissance du sujet demeure trop imprécise pour que je tire des conclusions hâtives du fait que Clint situe l'action à Savannah, une modeste ville de Géorgie, swing state "perdu" par Kamala Harris le 5 novembre. Lucide, le film montre et démontre cependant que des situations sociales des plus diverses coexistent aux États-Unis et nous suggère que certains des citoyens de ce pays sont, de fait, irréconciliables. Vous m'objecterez que ce n'est plus un scoop et vous aurez raison. Que cela nous soit à nouveau confirmé par un monsieur de 94 ans passés n'en demeure pas moins franchement préoccupant à mes yeux. Reste l'admirable classicisme de son cinéma, ancré dans la réalité. Est-ce que ce sera la dernière preuve de ce talent ? Pas forcément. Notre cher cowboy penserait encore prématuré de partir à la retraite !
Juré n°2
Film américain de Clint Eastwood (2024)
Ni didactique, ni abscons, ce nouvel opus du maître hollywoodien m'apparaît accessible à tous (à partir de 16-18 ans). La mise en scène évite toute fioriture et, à la différence de tant d'autres, cet opus parvient à ne pas dépasser - de peu, c'est vrai - les deux heures. Beaucoup le comparent à 12 hommes en colère... et c'est logique. N'oubliez pas deux (bons) films français: Le 7ème juré et Le torrent !
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À défaut, d'autres avis vous intéresseront peut-être...
Le film est notamment apprécié par Pascale, Dasola et Princécranoir. Strum, lui, en livre une analyse très détaillée, comme à son habitude. La presse pro est moins emballée, mais il est noté 3,8/5 sur Allociné.
Comme il avait déjà pu le faire avec Jugé coupable, Clint se penche sur la justice de son pays - qu'il n'a jamais épargné de ses critiques. Cette fois, son personnage principal est un homme d'une trentaine d'années, Justin Kemp, jeune marié et futur papa. Le film commence alors qu'il vient d'être convoqué comme possible juré dans un procès d'assises, lui qui aurait franchement préféré accompagner sa femme dans les dernières semaines d'une grossesse difficile. On l'assure alors qu'il ne sera pas plus sollicité qu'il ne l'aurait été par son employeur. Mais un autre problème survient: Justin se rend rapidement compte qu'il doit trancher dans un dossier criminel dont il pourrait être partie prenante. Une sombre affaire autour d'un accident de la route fatal qu'une procureure ambitieuse envisage plutôt comme un féminicide. Bonne nouvelle: le cinéaste nous présente ici un personnage féminin fort - ce qui n'est pas dans ses habitudes, à de rares exceptions près. D'abord focalisée sur Nicholas Hoult, la caméra accorde donc une place importante (voire décisive) à Toni Collette. C'est un juste équilibre...
Juré n°2 est plus qu'un cours d'instruction civique sur grand écran. Bien évidemment, il nous raconte un peu ce que peut être l'Amérique aujourd'hui, mais, depuis la réélection de Donald Trump, c'est le cas également de chaque journal télévisé (ou presque). Ma connaissance du sujet demeure trop imprécise pour que je tire des conclusions hâtives du fait que Clint situe l'action à Savannah, une modeste ville de Géorgie, swing state "perdu" par Kamala Harris le 5 novembre. Lucide, le film montre et démontre cependant que des situations sociales des plus diverses coexistent aux États-Unis et nous suggère que certains des citoyens de ce pays sont, de fait, irréconciliables. Vous m'objecterez que ce n'est plus un scoop et vous aurez raison. Que cela nous soit à nouveau confirmé par un monsieur de 94 ans passés n'en demeure pas moins franchement préoccupant à mes yeux. Reste l'admirable classicisme de son cinéma, ancré dans la réalité. Est-ce que ce sera la dernière preuve de ce talent ? Pas forcément. Notre cher cowboy penserait encore prématuré de partir à la retraite !
Juré n°2
Film américain de Clint Eastwood (2024)
Ni didactique, ni abscons, ce nouvel opus du maître hollywoodien m'apparaît accessible à tous (à partir de 16-18 ans). La mise en scène évite toute fioriture et, à la différence de tant d'autres, cet opus parvient à ne pas dépasser - de peu, c'est vrai - les deux heures. Beaucoup le comparent à 12 hommes en colère... et c'est logique. N'oubliez pas deux (bons) films français: Le 7ème juré et Le torrent !
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À défaut, d'autres avis vous intéresseront peut-être...
Le film est notamment apprécié par Pascale, Dasola et Princécranoir. Strum, lui, en livre une analyse très détaillée, comme à son habitude. La presse pro est moins emballée, mais il est noté 3,8/5 sur Allociné.
3 commentaires:
Tu as raison d'évoquer cet aspect du caractère irréconciliable de plusieurs Amériques très marqué dans le pannel représenté par les jurés (phrase tordue mais tu as compris).
On ne peut qu'être ravis de constater l'incroyable vitalité qui émane d'un film réalisé par un vieux monsieur de 94 ans.
Ce film est captivant et retourne le cerveau par ses interrogations je trouve.
Je trouve qu'il est très intéressant de nous mettre ainsi dans la peau d'un possible juré, avec toutes les difficultés et cas de conscience que cette situation peut supposer. A fortiori quand il faut que le jury se prononce à l'unanimité.
En sortant de la projection, je me suis aussi interrogé sur les notions françaises d'homicide volontaire et d'homicide involontaire. Parfois, on est choqué de voir que certains s'en sortent avec "seulement" dix ans de prison, alors qu'ils ont tué quelqu'un et brisé la vie d'une famille. Mais, à froid, je me dis que faire des différences en fonction des situations précises et de la volonté réelle des accusés, c'est cela aussi, la justice.
Bref, Clint est grand et le restera. Au moins jusqu'à son prochain film.
Bonjour Martin, un film passionnant qui m'a donné envie de revoir 12 hommes en colère de Sidney Lumet, ce que j'ai fait il y a peu de temps. Bonne fin d'après-midi.
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