Ce n'est pas systématique, mais c'est très fréquent: les fins d'année m'incitent à me pencher sur tel ou tel "grand classique" du cinéma. Aujourd'hui, celui que certains ont présenté comme le meilleur film français de tous les temps: La règle du jeu, de Jean Renoir (1939). NB: il est bien sorti moins de deux mois avant le début de la guerre...
Il ne sera toutefois nullement question aujourd'hui du moindre fait militaire. L'idée de Jean Renoir était plutôt d'observer un milieu particulier: celui de la grande bourgeoisie française, en se penchant aussi bien sur ses représentants que sur les personnels à leur service. Pour résumer, l'essentiel du film se déroule dans une grande demeure en Sologne: son propriétaire a invité des amis à une partie de chasse. Il a aussi convié un pilote d'avion qui vient juste de battre un record de vitesse pour la traversée de l'Atlantique, sans avoir réalisé encore que ce dernier rêve de repartir avec son épouse ! Les faux semblants amoureux et amicaux sont précisément au coeur de La règle du jeu. Ils sont ici présentés avec finesse et sans véritable manichéisme. Ainsi, quelques personnages apparaissent tout d'abord sous un jour favorable et, ensuite, peuvent évoluer vers une forme d'hypocrisie. D'autres, cyniques, laissent aussi entrevoir de vraies failles intimes...
Bon... le scénario est une chose, la réalisation en est une autre. Miroir d'une époque, La règle du jeu ne m'a pas vraiment passionné pour ce qu'il raconte. Mais je tiens à souligner sa mise en scène virtuose, tellement réussie, en réalité, qu'on ne la remarque guère ! Tout paraît remarquablement fluide et, même si les copies originelles du film ont pour partie disparu, sa restauration est une splendeur. Fils du peintre Pierre-Auguste Renoir, Jean sait composer des cadres d'une grande richesse: alors, quand un dialogue s'engage, le cinéphile attentif pourra remarquer qu'il se passe assez souvent quelque chose d'important à l'arrière plan. Le montage, lui aussi, est très réussi. Honni à l'époque de sa sortie et pour partie censuré, ce classique mérite nettement la reconnaissance dont il a fait l'objet a posteriori. François Truffaut y voyait "le credo des cinéphiles, le film des films". Il n'est visible en intégralité que depuis 1965. À voir et revoir, donc...
La règle du jeu
Film français de Jean Renoir (1939)
J'aurais sans doute arrondi à quatre étoiles avec un récit différent. Tout à fait digne d'intérêt, il me "parle" un peu moins que d'autres. Dans la filmo du réalisateur, j'ai préféré La grande illusion (1937). Les connaisseurs me corrigeront peut-être, mais j'ose un parallèle avec le cinéma de Jean Grémillon (exemple: Pattes blanches / 1949). Ce cinéma-là traverse le temps sans - trop - perdre de sa pertinence !
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Vous hésitez ?
Je vous propose de lire également la chronique de "L'oeil sur l'écran".
Bon... le scénario est une chose, la réalisation en est une autre. Miroir d'une époque, La règle du jeu ne m'a pas vraiment passionné pour ce qu'il raconte. Mais je tiens à souligner sa mise en scène virtuose, tellement réussie, en réalité, qu'on ne la remarque guère ! Tout paraît remarquablement fluide et, même si les copies originelles du film ont pour partie disparu, sa restauration est une splendeur. Fils du peintre Pierre-Auguste Renoir, Jean sait composer des cadres d'une grande richesse: alors, quand un dialogue s'engage, le cinéphile attentif pourra remarquer qu'il se passe assez souvent quelque chose d'important à l'arrière plan. Le montage, lui aussi, est très réussi. Honni à l'époque de sa sortie et pour partie censuré, ce classique mérite nettement la reconnaissance dont il a fait l'objet a posteriori. François Truffaut y voyait "le credo des cinéphiles, le film des films". Il n'est visible en intégralité que depuis 1965. À voir et revoir, donc...
La règle du jeu
Film français de Jean Renoir (1939)
J'aurais sans doute arrondi à quatre étoiles avec un récit différent. Tout à fait digne d'intérêt, il me "parle" un peu moins que d'autres. Dans la filmo du réalisateur, j'ai préféré La grande illusion (1937). Les connaisseurs me corrigeront peut-être, mais j'ose un parallèle avec le cinéma de Jean Grémillon (exemple: Pattes blanches / 1949). Ce cinéma-là traverse le temps sans - trop - perdre de sa pertinence !
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Vous hésitez ?
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2 commentaires:
Il faudra(it) que je le revois car je n'en garde pas un souvenir mémorable. Plus jeune jamais j'aurais osé dire que ce qui est considéré comme un chef d'œuvre m'a ennuyée. Aujourd'hui je m'en contrefiche. D'ailleurs mon film de l'année risque de surprendre...
Pour celui-ci, j'ai le souvenir d'un film agité, fatigant... où ça court partout tout le temps.
Il y a une scène très agitée où un mari trompé court après l'amant de sa femme, avec un fusil. Je pense qu'à l'époque, ce genre de scènes était rarissime dans le cinéma français. Aujourd'hui, c'est vrai qu'elle peut paraître éreintante. Moi, dans le contexte, j'ai trouvé ça amusant.
Le film dans son ensemble est plutôt posé et la mise en scène d'une belle densité. Je ne dis pas que c'est un chef d'oeuvre, mais c'est un grand film ("en avance sur son temps"). Pas sûr que tu changerais d'avis en le revoyant, cela dit. À toi de décider.
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