mercredi 4 décembre 2024

Charles, sa vie, son oeuvre

Il se voyait déjà en haut de l'affiche et a vécu des années de bohème. Et pourtant, formidable, il est devenu l'une des plus grandes vedettes de la chanson française, comme ils disent. Je ne trouve pas étonnant que Charles Aznavour soit le sujet d'un biopic, six ans après sa mort. Une précision: sa carrière d'acteur y est presque totalement oubliée...

N'empêche: Monsieur Aznavour - le titre du film sorti le 23 octobre - dit beaucoup de l'admiration que lui portent les deux coréalisateurs associés, Grand Corps Malade et son complice en cinéma, Mehdi Idir. "On entend la grandeur du personnage", indique le premier nommé. "Ce titre s'imposait", témoigne le second. Les deux hommes reconnaissent volontiers que leur projet de film avait été "adoubé" par le principal intéressé, présenté comme un "consultant de luxe". Seul le tournage avait pris du retard, le hasard voulant qu'Aznavour disparaisse exactement le jour... où la production devait démarrer. Rien à regretter, dirais-je: le film est fort académique, mais réussi. Très investi, Tahar Rahim sait faire oublier ses origines algériennes pour nous offrir une vision crédible du plus français des Arméniens. Cette performance majuscule pourrait lui valoir un (troisième) César en février prochain, quinze ans après son doublé pour Un prophète...

L'important n'est pas là: ce que je trouve intéressant, c'est que le film revienne sur le long parcours du chanteur, en quasi-exhaustivité. Personnellement, j'ai appris beaucoup de choses, au sujet notamment de son duo avec Pierre Roche, quand il n'était qu'un jeune débutant. J'ignorais également qu'il avait "galéré" un certain nombre d'années avant de percer et qu'Edith Piaf l'avait d'abord pris sous son aile. Tiens ! J'ai parlé ici de deux des principaux personnages secondaires du film: le talentueux Bastien Bouillon et l'épatante Marie-Julie Baup les incarnent admirablement et méritent donc tous les éloges ! Monsieur Aznavour est aussi un film de troupe, qui nous replonge dans un certain cadre social d'après-guerre et le destin d'une famille réfugiée. La musique et le chant y apparaissent comme des besoins vitaux, ni plus, ni moins - ce qui devrait doper les ventes d'albums. J'ai aimé le plan discret où on découvre le nombre de petits carnets remplis par le grand Charles pour libérer sa miraculeuse inspiration. On occulte ainsi ses engagements et ses déboires fiscaux ? Tant pis...

Monsieur Aznavour
Film français de Grand Corps Malade et Mehdi Idir (2024)

Certains biopics se concentrent sur un épisode de la vie de leur sujet. Celui-là est donc très complet: c'est sa force et, je crois, sa limite. Autant le dire: vous avez vraiment intérêt... à aimer les chansons. Bon, si ce n'est pas le cas, d'autres biographies filmées et musicales pourraient mieux convenir, comme Barbara ou Cloclo, par exemple. L'amie Joss vous avait présenté Dalida, que je n'ai toujours pas vu...

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On peut aimer Aznavour et juger le film décevant...

C'est visiblement le cas de Pascale, qui le juge "appliqué et scolaire".

2 commentaires:

Pascale a dit…

Je suis d'accord sur le fait que la 1ère partie est intéressante et je l'ai trouvée bien meilleure que la seconde où le grand Charles est surtout montré comme un ambitieux qui claque le pognon et séduit des filles.
L'émotion est totalement absente et cinématographiquement ce n'est pas fameux.
J'espère que malgré son implication Tahar n'aura pas le César. J'ai trouvé son incarnation, ses maquillages souvent gênants.

Martin a dit…

Ambitieux et séducteur, je pense qu'il l'était, en fait. Peut-être que le film en rajoute.
Je ne sais pas si Tahar aura le César, mais j'ai apprécié son travail sur la gestuelle et la voix.